Cours Dhistoire de Lart Moderne
Cours Dhistoire de Lart Moderne
Cours Dhistoire de Lart Moderne
DE TUNIS
DEPARTEMENT ARCHITECTURE
COURS
D’HISTOIRE DE L’ART MODERNE :
ARCHITECTURE ET PEINTURE
1
Sommaire
Introduction 3
2
Introduction
1
Ibid.
2
C’est Filippo Brunelleschi (1377-1446) qui a le mérite d’offrir « à l’architecture un système stable et
scientifiquement construit de conventions, invente et asseoit l’image moderne de l’architecte ; voir : Manfredo
Tafuri, Architecture et humanisme de la renaissance aux réformes, Dumond, 1981, p.7 .
3
Séance 1 :
INTRODUCTION A LA RENAISSANCE
Introduction
La renaissance est une véritable révolution intellectuelle. Elle est le reflet des évolutions
dans tous les domaines du savoir, notamment, le domaine technique, économique, social, et
politique de l’Europe du XV et XVIe siècles. Il s’agit de présenter le contexte général de ce
nouveau mouvement et étudier par la suite, les premiers signes de la renaissance à Florence :
le chantier de la coupole de la Cathédrale de Sainte Marie de la Fleur.
1- La périodisation de l’histoire
L’histoire a commencé avec l’invention de l’écriture… (Inventé en 3 000 av. J-C). Les
historiens ont divisé tous le temps depuis 3 000 av. J-C en Périodes…qui sont de larges
tranches de temps.
On dénombre cinq périodes connues comme les Périodes Traditionnelles. Pour chaque
période traditionnelle, il y a un événement qui correspond avec le début et la fin de cette
période.
4
2- Les Temps Modernes
L’époque moderne : couvre la période historique commençant à la fin du Moyen Age,
généralement placée en 1492 et elle s'arrête avec la Révolution française en 1789. C’est
l’époque contemporaine qui lui succède.
Dans cette perspective, l'Époque moderne est celle où triomphent les valeurs de la
modernité (le progrès, la communication, la raison). À l'inverse, la période précédente,
le Moyen Age qui est traditionnellement considérée comme un âge obscur. L'esprit de
l'Époque moderne cherche à se référer à un passé plus lointain, l’Antiquité, vu comme
l'Époque classique. Les temps modernes commencent avec la Renaissance.
La discipline historiographique étudiant cette période se nomme Histoire moderne, et ses
historiens « modernistes ». Il ne faut pas confondre alors l’époque moderne ou
« modernité » avec le Mouvement Moderne ou modernisme qui est un courant de
l’architecture apparu dans la moitié du XXe siècle avec le mouvement du Bauhaus.
3- Définition de la Renaissance
La Renaissance est un vaste mouvement culturel qui commença en Italie dès le début du
XVe siècle puis se répandit en France et dans toute l’Europe. C’est un terme qui désigne un
courant artistique et idéologique qui a trait à la redécouverte du savoir antique. Elle fut
renforcée par la fin de l'Empire romain d'Orient (prise de Constantinople par les ottomans) et
l'arrivée qui s'ensuivit de savants orientaux exilés en Italie.
La Renaissance, née en Italie, gagne l'ensemble des pays d'Europe et dure près d'un
siècle. L'invention de l'imprimerie et les grandes découvertes marquent les débuts de cette
nouvelle époque.
1 Ŕ Humanisme et Renaissance
Les acteurs de la renaissance sont des lettrés appelés humanistes, du mot latin humanus
qui veut dire instruit et cultivé. Les humanistes apprennent le grec et le latin, les artistes
réadaptent les formes de l’antiquité romaine. La diffusion de la culture grecque et latine était
favorisée aussi par l’intermédiaire des savants grecs qui ont fui Constantinople menacée puis
prise par les turcs (1453). Ces humanistes avaient aussi une grande admiration pour la
pensée platonicienne et aristotélicienne.
Le courant platonicien avait enseigné la réalité positive et avait appris à l’aborder avec les
seuls armés humaines : le sens pour l’observer et la raison pour le comprendre. L’homme
apprend à raisonner par lui-même, à poser les problèmes et à les résoudre. L’humanisme
devient alors une position philosophique qui met l’homme et les valeurs humaines au-dessus
des autres valeurs. Ils développent un nouvel esprit moins dogmatique et plus observateur.
Le savoir est alors basé sur : l’observation et l’expérience. Cette vie intellectuelle fut
favorisée par l’invention de l’imprimerie qui permet la diffusion du savoir.
5
Ainsi les humanistes répandent un esprit nouveau différent de celui du Moyen Age,
dominé par la foi. Les universités de Bologne (créée en 1158) et de Padoue (créée en 1228)
se libéraient de l’Eglise.
Jusqu’au début du XXe siècle, les historiens ont considéré que la Renaissance est un
phénomène occidental car au cours de cette période, les humanistes occidentaux se sont
consacrés à la traduction, l’analyse et l’interprétation des textes anciens. Selon cette
approche eurocentrée, l’apport des savants et traducteurs arabes est ignoré.
La renaissance est un phénomène universel. Les musulmans sont considérés comme les
premiers interprètes et traducteurs des textes anciens. Citons à titre d’exemple la première
école de traduction Bit al-hikma, fondée à Bagdad au IXe siècle par le calife al-Ma’mûn
(813-833)3. Ce calife a encouragé la science ce qui a contribué à renforcer le rôle prestigieux
dévoué à la ville de Bagdad. Dans cette école, plusieurs savants arabes se sont penchés à
traduire les écrits anciens du latin, grec, etc. à l’arabe. « On rapporte que ce Calife paye les
traducteurs d’une quantité d’or égale en poids à celui des ouvrages traduits en arabe ».
Au cours de la Renaissance, les humanistes se sont alors penchés à traduire les textes des
Anciens, traduits déjà du latin ou grec à l’arabe. Les humanistes avaient aussi à leur
disposition plusieurs livres se rapportant aux nouvelles sciences développés par les savants
musulmans. Citons à titre d’exemples certains savants arabes :
3
Marc Bergé, Les Arabes : histoire et civilisation des Arabes et du monde musulman des origines à la chute
de royaume de Grenade, Paris, Lidis, 1978, p.323-324
6
de rédiger en 1154, un ouvrage de géographie comportant des cartes. Pour établir la carte mondiale,
Al-Idrisi utilise les règles mathématiques de projection (la projection conique).
5- Al-Zahrawi (Réalise des progrès en médecine) : La chirurgie appelée Ilm al-yad « travail de
la main » a connu un grand développement. Al-Zahrawi Abû Al-Qasim, appelé Abulcasis a réalisé
un ouvrage de trente volumes sur la chirurgie et la dissection anatomique. Ces études ont été reprises
par Ibn Sîna : Avicenne.
La dissection anatomique humaine et animale n’étant pas approuvée par la loi religieuse, c’est
indirectement par la chirurgie que les connaissances ont pu se développer dans le domaine de la
médecine.
6- Ibn Ruchd : (la philosophie): Dans le domaine de la philosophie, les arabes ont pu assimiler
activement l’héritage grec et l’enrichir de faits nouveaux. C’est la logique d’Aristote (condamné par
le christianisme) qui a servi de base pour les Arabes surtout par le philosophe Ibn Ruchd : Averroès
(1126-1198).
Averroès a fondé l’averroïsme, doctrine caractérisée par la théorie de l’éternité de la matière et
celle de « l’intellect actif » intermédiaire entre les hommes et Dieu. (L’usage du raisonnement
rationnel permettra de découvrir les secrets du monde sensible et de l’au-delà). L’averroïsme a été
condamné par l’Eglise en 1240.
L’Occident chrétien a été influencé par l’œuvre d’Averroès et les XIIe et XIVe siècles connaîtront
les débats de l’averroïsme latin qui se poursuit jusqu’à la Renaissance.
7-Al Jaziri (La mécanique expérimentale) : les Musulmans se sont appliqués à confronter les
concepts grecs avec l’expérience. Dès le IXe siècle, les musulmans ont développé la mécanique
expérimentale : Ilm al-hiyal. Le premier ouvrage de mécanique, le kiatb al-hiyal, fut composé en
860. Cet ouvrage présente une centaine d’inventions qui vont des appareils pour eau chaude, des
élévateurs de charge à toute une série de jouets automatiques 4.
Dans ce domaine, l’œuvre la plus célèbre est réalisé par d’al Jazari : Kitâb al-jâmi‘ bayn al-‘ilm wa
l-‘amal al-nâfi‘ fî sinâ‘at al-hiyal (Recueil utile de la théorie et de la pratique dans les procédés
ingénieux. C’est à la demande du sultan Nasîr al-Dîn Mahmûd (1200-1222), al-Jazarî, ingénieur
personnel du sultan, rédigea son Recueil utile de la théorie et de la pratique dans les procédés
ingénieux.
Son traité est à mettre en lien avec les découvertes scientifiques de la Grèce antique, diffusées dans
le monde musulman par le biais de compilations traduites en arabe, comme celles de Philon de
Byzance qui rédige le premier traité sur les mécanismes ingénieux (IIIe siècle avant J.-C.) et de
Héron d’Alexandrie (Ier siècle avant J.-C.). Ces traités étaient généralement accompagnés
d’illustrations représentant les machines : celui d’al-Jazarî est considéré comme l’un des plus
complets, apportant des indications tant sur la réalisation que sur le fonctionnement des mécanismes
complexes qu’il décrit.
Tolède est un lieu de rencontre entre les savants musulmans, juifs et chrétiens.
Alfonso X dirigeait l'influence culturelle de l'école du fait de son amour pour la sagesse. Les
4
Marc Bergé, Les Arabes : histoire et civilisation des Arabes et du monde musulman des
origines à la chute de royaume de Grenade, Paris, Lidis, 1978, pp. 323, 324.
7
livres traduits étaient des œuvres de savants musulmans, des traductions de livres grecs déjà
traduits en arabe. Ils sont traduits de l'arabe au latin ou à l'espagnol.
Les livres traduits étaient des livres scientifiques, c'est à dire de mathématiques, de
botanique, de pharmacologie, de médecine et de chimie. Les traités des savants grecs
Archimède, Aristote et Euclide furent également traduits. L'école enseignait également
l'arabe, l'espagnol et le latin.
Figure 2 : La Méditerranée au XII e siècle, avec les espaces majeurs d’échanges culturels.
Roger II est un monarque éclairé qui s’est intéressé aussi à la science arabe. Sous son
règne, s’épanouit à la cour de Sicile une synthèse culturelle volontaire sur le modèle de la
cour abbaside d’al Mamûn. La cour de Roger II est alors un foyer de traduction de l’arabe au
grec et au latin.
Dans ce mouvement de traduction, il ne faut pas oublier Byzance car il y a un énorme
travail à Byzance5.
5
Roshdi Rashed, « Repenser la science arabe », in : Quantara, Institut du Monde arabe, n° 57, 2005, p.
20-30
8
4- Les mécènes de la Renaissance
Les humanistes sont protégés par des mécènes. En Italie, on peut citer la famille des
Médicis, banquiers à Florence ; à Rome, les papes (Nicolas V, Sixte IV et Alexandre VI,
Jules II, Léon X) ; à Urbino, le duc Frédéric de Montefeltre ; à Milan, François Sforza et
Ludovic Le More ; à Mantoue, François II et Frédéric II de Gonzague.
5- L’art de la Renaissance
C’est un art nouveau remplaçant le style gothique qui avait été de règle pendant les
derniers siècles du Moyen-âge.
L’art devient individualiste. Les artistes signent leurs œuvres et expriment leurs
sentiments personnels. La production artistique et architecturale n’est plus un travail
collectif et anonyme. L’art s’intéresse à l’homme, il est à l’échelle humaine.
9
Le plan pratique : Gestion et direction des chantiers.
7- La réforme
En 1545 et 1563, aura lieu le Concile de Trente, lancé par les catholiques et ayant pour
objectif de contrer la montée du protestantisme. Sur le plan artistique, on réaffirmera le luxe
dans les édifices religieux dans un objectif de faire de Rome le centre du monde catholique.
10
III- LA RENAISSANCE EN ITALIE
Les premiers architectes florentins, pionniers de la Renaissance ont étudié d’abord les
monuments de l’art roman dans lesquels ils percevaient un dernier écho des principes et des
formes de l’art antique : l’église San Miniato, avec son harmonieuse façade et surtout le
baptistère San Giovanni, que son plan centré, son décor géométrique et ses mosaïques firent
passer jusqu’au XVIIIe siècle pour un édifice antique.
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Figure 4 : Édifices de l’art Roman qui ont influencé les architectes de la Renaissance : A droite : Baptistère
Saint-Giovanni à Gauche l’église Saint Miniato al Monte à Florence, « c’est une fondation carolingienne
restaurée en 1018 avec le concours de l’empereur Henri II, Elle fut reprise vers 1140 -1150, et la façade fut
dressé vers 1170, Elle témoigne des recherches très neuves sur le décor d’une façade plate mettant en jeux des
effets de polychromie et de dessins géométriques », in : Le Grand Atlas de l’architecture mondiale, Paris,
Maury-Eurolivres, 1994, p. 205.
Rome conservait encore un bon nombre de monuments qui allaient devenir des modèles
décisifs de la nouvelle architecture :
- Le premier de tous était sans doute le Panthéon, le seul qui ne fut pas en état de ruine
puisqu’il avait été converti en église Sancta
Maria ad Martyres ; il offrait le parfait exemple
d’un plan centré idéal couvert d’une coupole et
précédé d’un pronaos antique et un portique de
colonnes colossales supportant un fronton
triangulaire.
-
Figure 5 : Le Panthéon de Rome : Fondé en 25 av. J.-
C., et deux fois détruit par les incendies, ce temple fut
entièrement reconstruit sous Hadrien, entre 118 et 128
apr. J.-C., Il est consacré à tous les dieux vénérés par les
Romains. La coupole de 43 m de diamètre fût réalisée en
mortier romain. La poussée de la coupole est
contrebalancée par le poids d’un mur d’appui qui atteint
7m d’épaisseur, in : Le Grand Atlas de l’architecture
mondiale, Op. Cit., p. 162.
12
Figure 6 : Le Colisée de Rome, construit entre 70 et 80 apr. J.-C., c’est le plus grand des amphithéâtres
romains, avec une ellipse de 188m sur 156m, permettant de
recevoir 50.000 et 70.000 Spectateurs. Il est réalisé grâce à
l’ingéniosité du système des voûtes, in : Le Grand Atlas de
l’architecture mondiale, Paris, Maury-Eurolivres, 1994, p.
165.
1- l’Apodyterium= vestiaire
2- le Frigidarium= bain froid
3- le Tépidarium= étuve sèche à température
modérée
4- le Caldarium = étuve humide chaude
5- le Sudatorium = bain de vapeur, in : Wilfried Koch,
Comment reconnaître les styles en architecture, Paris, Solar,
1989, p. 183.
Le premier centre de l’art de la renaissance était Florence, mais par la suite, cet art s’est
développé dans plusieurs villes italiennes. Le cadre général de Florence la prédestinait de
trouver dans l’art antique son expression la plus ancienne.
Figure 8 : Panorama de Florence au XVe siècle, in : Le Renaissance en Italie, Encyclopédie : Découvertes Junior,
Paris, Larousse, Gallimard, n° 50, 1992, p. 794-795.
13
L’idéal de la florissante république marchande est plus tourné vers le matériel que vers le
transcendantal, vers l’action, plus que vers la méditation. C’est dans ce contexte libéral, et
malgré son opposition avec la foi chrétienne, que le paganisme romain a pu se développer et
que la conception de la beauté physique dans les domaines des arts trouvait un écho.
Florence fonde sa puissance sur le succès de ses étoffes de laine, exportées dans toute
l'Europe. En Italie au XVe siècle, c’est le textile qui emploi, après l’agriculture, le plus
grand nombre de personnes. Florence est alors la capitale du drap. La puissante corporation
Arte della Lana fait vivre trente mille des quelques cents milles habitants de la Ville.
Florence qui était gouvernée par Les Médicis a acquis une grande autonomie politique,
administrative et culturelle. L'activité des familles de banquiers qui mettent en place un
système bancaire international a donné à Florence une puissance financière et commerciale
remarquables.
14
Les édifices construits par les Médicis sont en gras :
1- Cathédrale de Sainte-Marie
de la Fleur (13e -14e Siècles)
2- Eglise du Carmine
3- Santa Maria Novella (13e Ŕ 15e
s)
4- Baptistère San Giovanni (11 e-
12e S)
5- Hôpital des innocents (15e S)
6- Place de l’Anunziata
7- Eglise San Lorenzo et
bibliothèque (13e-15e s)
8- Santo Spirito
9- Chapelle des Pazzi
10- Rotonde de Sainte-Marie des
Anges
11- Eglise Santissima de
e
l’Annunziata (15 s)
12- Palais Rucellai
13- Palais Médicis (15e s)
14- Palais Pitti (achevé par les
Médicis au 16 e)
15- Palais Strozzi
16- Eglise Santa Croce (13e 15e s)
Figure 10 : Plan de Florence au XVe siècle, avec les principales créations de la Renaissance.
1- Présentation
A Florence le Chantier
d’extension de Cathédrale de
Sainte-Marie-de-la Fleur, n’a
pas cessé de poser des
problèmes techniques. La
réalisation de la coupole
paraissait une œuvre utopique
avec les techniques de l’époque.
Celle-ci a été réalisé garce à
l’intervention de Filippo
Brunelleschi.
Figure 11 : Florence, place Saint-Giovanni : la cathédrale de Sainte Marie-de-la fleur avec le baptistère Saint -
Giovanni
15
Chronologie
La cathédrale est le résultat de 170 années de travail.
- 1296 : débute sa construction d’après un projet d’Arnolfo di Cambio.
- 1357 : agrandissement de l’édifice par Francesco Talenti.
- 1418 -1434 : construction de la coupole projetée par Filippo Brunelleschi, (16 ans)
- 1871 -1887 : réalisation de la façade principale, exécutée d’après un projet d’Emilio
De Fabris.
La cathédrale a été agrandie au XIVe siècle. On a décidé de couvrir l’octogone du chevet par
une énorme coupole de 43 m de diamètre. Les
problèmes techniques avaient retardé l’exécution
jusqu’en 1418. En effet il fallait construire la plus
grande coupole jamais élevée depuis l’antiquité :
- 42 m de diamètre
- 91 m de hauteur
- Poids : environ 29. 000t
- Longueur total de la cathédrale: 153 m
Personne ne savait comment réaliser une coupole aussi
énorme. En 1418, un concours a été ouvert pour la
réalisation de cette coupole et c’est la proposition de
Brunelleschi qui a été retenue.
- Quels sont les anciens procédés de construction
des coupoles? Et quels sont les solutions apportées par
Brunelleschi?
Des éléments de réponse ont été formule dans
l’article : Karel Vereycken, « Les secrets du Dôme de
Florence », in : Fusion n° 96, mai, juin 2003, Voir
aussi : http.//www.solidariteetprogres.org
Figure 12 : Plan de la Cathédrale de Sainte-Marie de la Fleur à Florence, in : Rolf Wirtz et Clémente Manenti,
Florence : art et architecture, Paris, Copyright, 2000, p. 52.
Le procédé le plus courant pour construire les arcs, voûtes et coupoles est l’usage des
cintres en bois qui servent d’appui aux pierres des arcs. Les voûtes et les coupoles sont
construit selon le même principe qu’un arc : les claveaux couverts de mortier prennent appui
sur des cintres qui seront démontés une fois l’ouvrage est terminé.
16
Figure 13 : Schéma du chantier de
construction de l’Aqueduc et le pont du
Gard, Construit en l’an 14 av. J.-C., il
conduisait de l’eau potable à la ville de
Nîmes depuis les collines environnantes.
Sur une longueur de plus de 40 kilomètres,
l’aqueduc était souterrain, in : Alessandro
Vignozzi, Petites et grandes constructions,
PML éditions, 1997, p. 16-17.
b- Les inconvénients
17
Il s’agit d’un système du maçonnage à emboîtement, dit en épi. Il permet de transmettre
les efforts vers le sol.
b- Des contreforts invisibles (les
nervures) : Brunelleschi a remplacé les
contreforts par des nervures.
- Il place des nervures construites en
pierre de taille plus résistante que la brique.
- Ils vont transmettre les efforts vers le sol
Pour Brunelleschi, sa coupole est comparable à
un corps humain, fait « d’os et de chair ». Les
os sont ici les nervures (comme les côtes du
thorax), les briques sont le muscle qui tient le
tout.
d- Gestion du chantier :
Avec la perspective le bâtiment est déterminé dès la conception avec tous ses détails : les
matériaux, les caractéristiques constructives, les technologies, le temps d'exécution et les
contrôles sont décidés auparavant. A partir de la Renaissance, l'artiste devient un
professionnel.
18
Les machines de chantier de la coupole de la cathédrale de Sainte-Marie
de la Fleur
Figure 16 : la « stella della cupola », machine de levage des matériaux avec, en haut, sa poulie élevé sur un
échafaudage et, au sol, le treuil actionné par des bœufs
On a calculé que 10 à 25t de matériaux étaient nécessaires chaque jour pour l’édification
d’un dôme de 2 500 t sans la lanterne.
En 1420-1421 était construite la « stella della cupola », ainsi nommé pour sa forme en
étoile : un énorme échafaudage destiné à supporter une machinerie élévatrice. Cette nouvelle
organisation du chantier centralisée par l’architecte n’a pas été acceptée par les maîtres-
maçons (grève des maîtres-maçons en 1430)
19
Figure 17 : Le treuil relié à
la « Stella della
Cupola »actionné par des
bœufs
Il restait encore de positionner avec précision chacune de ces charges. On avait recours
alors à des « positionneurs de charges » à trois vis, sorte de grues dont tous les mouvements
étaient assurés par des vis sans fin, pour pouvoir être exactement contrôlés. Une vis verticale
donnait les hauteurs. Une vis horizontale donnait les éloignements horizontaux. Une
troisième vis, elle aussi horizontale permettait de régler le contrepoids. »6
L’art de la renaissance n’est plus exaltation de la foi, mais il devient individualiste, sorte
d’expression humaine :
1- Les artistes de la renaissance travaillent beaucoup pour les princes et pour les familles
bourgeoises que pour l’Église.
2- L’art n’aura plus l’unique fonction religieuse, mais il se mêle à la vie quotidienne
(mobiliers, palais, portails, etc.).
3- Les artistes signent leurs œuvres et expriment leurs sentiments.
4- L’art s’intéresse à l’homme, il est à l’échelle humaine.
5- L’art de la renaissance s’inspire de l’antique et devient un art laïc: l’art est alors pensé
comme philosophie et il se prête à rechercher les réglés du beau : on recherche alors l’ordre,
la régularité, la symétrie, les lignes droites.
6
Jean Castex, Renaissance, baroque et classicisme, Op. Cit. p. 37
20
Chap. 1 :
Le nouvel espace du Quattrocento (1400-1480) : Conception unitaire et références
classiques
Séance 2
L’ESPACE ARCHITECTURAL DE BRUNELLESCHI
Introduction
L‘architecture de la Renaissance fût portée par l’esprit humaniste. Elle conjugue la
connaissance des modèles architecturaux théoriques et construits de l’Antiquité avec des
procédures de représentation et de composition de l’espace issues des travaux sur la
perspective et sur les proportions. Dans ce Domaine, Filippo Brunelleschi (1377-1446) peut
être considéré comme le précurseur. A travers sa nouvelle vision de l’espace, il a pu asseoir
les nouveaux principes de l’architecture moderne. Quels sont ces nouveaux principes ? Et
comment ils étaient appliqués au sein de l’espace architectural projeté par Brunelleschi ?
Tels sont les éléments du cours.
I- Présentation
Brunelleschi fut le fils d’un notaire de Florence. Doué dès son enfance pour le dessin, son
père lui assura une carrière d’orfèvre. Passionné d’horlogerie et de machines, Brunelleschi
eut la chance d’être initié à la géométrie par Paolo Toscanelli del Pozzo (1397-1482), avec
lequel il entretint une amitié pendant toute sa vie adulte.
En 1404 il est enregistré dans la corporation des artisans «l’art de la soie » et participa au
concours pour la décoration de la porte du baptistère San Giovanni à Florence. En 1418, il
gagne le concours pour l’édification de la coupole de la cathédrale de Santa Maria Del Fiore.
Auparavant, il a fait de fréquents séjours à Rome où il a étudié, à travers le relevé des ruines
antiques les techniques constructives et l’architecture antique.
21
II- Le portique de l’hôpital des innocents à Florence (1419-1427)
1- Présentation
Avec cet édifice, Brunelleschi élabora un type architectural qui fut pris comme modèle,
caractérisé par:
1- La régularité du Parti
2- Rythme régulier des arcades en plein-cintre, (non pas l’usage de l’arc brisé gothique)
3- Colonnes corinthiennes
4- Voûtes sur pendentifs (contrairement aux voûtes d’arête)
5- Pilastres cannelés
6-Architrave continue
7- Rigueur géométrique du dessin
8- Ornement à base de motifs géométriques.
Figure 22 : Andréa della Robia, Tondo représentant un enfant trouvé (vers 1463) par Andréa Della Robia. Terre
cuite vernissée, diam, 146 cm, in : Rolf Wirtz et Clémente Manenti, Florence : art et architecture, Op. Cit. p. 335.
22
2- Conception de la façade
La façade est plate et lisse contenant 13 fenêtres à fronton
triangulaire.
3- Volumétrie :
En partant des formes simples (Cube + sphère), Brunelleschi
a projeté son œuvre. Il s’agit de neuf cubes, coiffées de 9
petites coupoles en demi-sphère qui forment les travées du
portique.
4- Vocabulaire architectural
Conçue à la fin des années 1420 et le début des années 1430, la construction de l’église
Sainto Spirto à Florence, ne fut commencée qu’en 1444 (2 ans avant la mort de Brunelleschi
en 1446). Les travaux ont été suivis par d’autres architectes. La façade et la coupole ont été
terminées en 1481. Brunelleschi projette un nouveau type d’édifices complètement différent
des modèles gothiques. L’espace est conçu d’une façon rationnelle, géré par un système
modulaire.
1- Description
23
2- Le plan
Toutes les mesures sont réduites à un seul module « r » : profondeur des niches.
24
3- Principes constructifs
3-a Caractéristiques de
l’architecture gothique
L’architecture gothique permet de mieux répartir le poids grâce à une série de techniques
ingénieuses dont la voûte à croisée d'ogive et l'arc-boutant sont les principales.
2- L'élan vertical
Les voûtes et les flèches peuvent donc s’élever. La cathédrale
gothique est autant une invitation à l'élévation spirituelle qu'une
manifestation du pouvoir et de la grandeur de Dieu et de l'Église.
L’arc brisé et la croisée d'ogives permettent de rassembler les forces et de les concentrer
sur des piliers. Les murs n’ont donc plus à supporter le poids de la structure et peuvent alors
être ouverts vers l'extérieur. La lumière devient donc si abondante qu'on peut jouer à la
colorer par des vitraux.
25
Ces derniers sont édifiants pour les fidèles et représentent bien souvent des scènes
bibliques, la vie des saints. Ils étaient de véritables supports imagés pour le catéchisme des
fidèles qui n'avaient alors qu'à lever les yeux.
4- Le vocabulaire architectural
Au-dessus des arcades, Brunelleschi a placé des bandeaux. Elles constituent des lignes de
force en affirmant l’horizontalité de l’édifice, introduisant ainsi une perspective linéaire
différente de la verticalité gothique.
Contrairement aux procédés gothiques caractérisés par l’usage des voutes quadripartites
et sexpartites, Brunelleschi utilise les voutes en calottes sur pendentifs pour les bas-côtés,
alors que la nef centrale est couverte par un plafond plat à caissons.
26
théologique, naturel et historique » 7 . Les façades des églises gothiques sont similaires à
des écrans qui supportent les images. Les sculptures et les bas-reliefs qui ornent les façades
représentent la vie des saints et les scènes bibliques.
Commencée en 1419, c’est la première des deux églises de Brunelleschi (avec Santo
Spirito). Elle a été terminée en 1470 par d’autres architectes surtout Antonio Manetti.
L’église San Lorenzo est intégrée dans un complexe architectural. On y trouve par exemple
la bibliothèque Laurentine conçu par Michel-Ange à partir de 1520
1- Présentation
2- Le plan
27
- un transept aux bras assez courts,
- des chapelles latérales,
- deux sacristies : annexe de l’église où on dépose les
vêtements et objets de culte (A : ancienne sacristie, B :
Sacristie neuve)
4- Le vocabulaire architectural
Usage d’un vocabulaire architectural antique (déjà
introduit dans le portique de l’hospice des innocents à Florence) caractérisé par la régularité
du Parti ; rythme régulier des arcades en plein-cintre ; colonnes corinthiennes ; voûtes sur
pendentifs (contrairement aux voûtes d’arête) et l’usage de l’architrave continue.
5- Traitement de la lumière
A Saint-Lorenzo, la lumière est répartie d’une façon équivalente dans tout l’espace. Les
bas-côtés sont bien éclairés puisque l’architecte a ouvert des oculi pour l’éclairage. A Santo
Spirito, la recherche des effets lumineux est plus élaborée : la lumière est réduite dans les
bas-côtés.
28
6- Conception de la
Façade
Brunelleschi a repris le
même principe au niveau de
traitement de la façade de
l’église Sainto Spirito. Celle-
ci devait exprimer le volume
intérieur. Cependant la
façade de Saint-Lorenzo est
restée inachevée.
7- La Vielle Sacristie
Réalisé entre (1429-1461), le plan est inspiré de la vielle sacristie de San Lorenzo. La
chapelle des Pazzi est caractérisée par un plan centré, dont les berceaux latéraux préfigurent
une croix grecque.
Les effets de la modénature sont réalisés en pietra serena (pierre foncée sur le crépi clair,
attestant de la référence à l’Antiquité. Le décor n'est pas dû à Brunelleschi lui-même, mais il
n'aurait jamais pu être conçu sans son enseignement et doit donc être considéré comme le
prolongement naturel de son art.
29
Figure 37 : F. Brunelleschi, chapelle des Pazzi, Axonométrie, in :
Manfredo Tafuri, Architecture et humanisme de la Renaissance
aux réformes, Op. Cit., p. 12.
Eléments de référence
L’architecture religieuse projetée par Brunelleschi est caractérisée par : la centralité des plans. Même
en adoptant une forme longitudinale, les églises de Brunelleschi sont considéré comme des édifices
à plan central allongé car :
1- la croisée n’est pas bien affirmée,
2- la croisée est couverte d’une coupole,
3- La symétrie parfaite et l’usage du système modulaire renforcent l’unité et la centralité du plan.
- L’espace intérieur de l’église est caractérisé par une esthétique horizontale qui s’oppose à la
verticalité de l’espace gothique.
- Le plafond n’est plus ogival mais plat avec des décorations en bois appelées à caissons.
- L’arc ogival est remplacé par l’arc en plein- cintre.
- Les colonnes gothiques sont remplacées par des colonnes classiques ou souvent par des
pilastres du style classique.
- La conception de la façade a pour objectif de faire correspondre la forme extérieure avec le
volume intérieur de l’édifice. Elle est divisée en une partie inférieure où se trouvent l’entrée et une
partie supérieure où se trouvent des fenêtres ; les deux parties sont raccordées par un élément en S.
30
Séance 3
L’ESPACE PICTURAL DU QUATTROCENTO
L'Italie au début du XVéme siècle, comme les autres pays d'Europe occidentale, suivait la
mode du style courtois qu'on appelle le gothique international. C'est encore Florence qui
devait ouvrir à la peinture la voie de la Renaissance.
Dès le début du XIVéme siècle, Giotto avait orienté la peinture florentine vers le
naturalisme, et c'est cette impulsion qui devait finalement décider de son évolution. La
statuaire antique lui a fourni une nouvelle conception de la forme : avant même de dessiner
d'après la nature, on a étudié les marbres. Grâce à la découverte de la perspective linéaire par
Brunelleschi dans les premières années du XV ème siècle, la représentation du monde est
devenue plus naturelle.
I- Introduction
1- Fonction de l’image
La peinture est faite pour instruire en rappelant les grands faits du passé. Elle sert aussi à
embellir et procurer la joie esthétique.
Dans une église, on peint dans les endroits privilégiés: surtout l’abside et le chœur car ils
sont près de l’autel.
31
2- L’Église : Support des images
1- Chœur
2- Déambulatoire
3- Absidioles
1
3 2
Figure 40 : Vue d’un chœur gothique, in : Wilfried Roch, Comment
reconnaitre les styles en architecture, Op. Cit. p.25.
Dans certaines églises, surtout ceux de l’époque romane, l’autel est accompagné d’un
retable : un panneau en bois peint portant un couronnement. Il s’agit ici d’un support
d’images privilégié. Le retable est constitué par :
a- Couronnement
b- Panneau central
c- Volet
d- prédelle
e- Table d’autel
f- Soubassement
Figure 43 : Christ Pantocrator, chapelle palatine, Palerme, in : Jacek Debcki, Jean-François Favre, Dietrich
Grunewald, et Antonio Philippe Pimentel, Histoire de l’Art : peinture, sculpture et architecture, Op. Cit. p. 63,
32
a- Christ Pantocrator
Le christ Pantocrator vient du grec qui signifie : tout puissant. Le christ Pantocrator est
généralement assis sur le globe terrestre, avec une main les doigts croisés (signe de
puissance et de royauté), et de l’autre un livre
(représentant la bible).
b- Vierge en majesté
Description
La vierge est assise sur le trône et tient l’enfant
Jésus. Jésus bénit de la main droite, tien dans la
main gauche un rouleau représentant la bible.
Parfois il tient une sphère représentant le monde.
La vierge est entourée par les anges avec des
ailes et des auréoles. En bas, on a peint les
prophètes.
Caractéristiques
1- Espace bidimensionnel
2- Echelle symbolique : les dimensions des
personnes résultent de leur hiérarchie religieuse : la
vierge est plus grande que les autres.
3- Les saints et les anges ont des auréoles.
4- Fond doré : à travers l’effet chromatique, on ne
cherchent pas de reproduire la réalité, l’objectif est
de dissoudre la matérialité du corps dans un monde
sacré.
- Sujets représentés en face, regardant le spectateur,
sans ombre, sans relief : monde extra temporel.
Figure 44 : Vierge en majesté
1- L’expérience de Brunelleschi
33
a- La représentation de l’espace
34
Alberti explique que l‘œil constitue le
point de vue à partir duquel se construit
une pyramide visuelle, l'œil étant le
sommet et la surface plane du tableau où
se forme l'image constituant la base.
Tomasso Di Ser Giovanni (1401-1428), dit Massacio est le premier peintre a avoir
appliqué l’enseignement de Brunelleschi. L’œuvre picturale de Masaccio se présente sous
forme de fresques peint dans la Chapelle Brancacci, située dans l’église de Santa Maria Del
Carmine à Florence. Elle se situe à l'extrémité du transept droit de l'église Santa Maria Del
Carmine de Florence.
La Chapelle Brancacci a
été fondée, en 1386, par le
riche drapier Piero di
Piuvichese Brancacci. Entre
1424 et 1427, les peintres
Masolino da Pinacle et
Masaccio se sont chargé de
la décoration de la chapelle.
En 1428 ils ont arrêtés les
travaux. Tous deux partirent
à Rome pour une commande
du Pape, mais Masaccio y
mourut mystérieusement.
Filippo Lippi a achevé la
décoration de la chapelle.
Les fresques concernent la vie de Saint Pierre et celle du péché originel. Elles ont été
restaurées en 1990 sous la direction conjointe d’Umberto Baldini et d'Ornella Casazza et
grâce au mécénat de la firme Olivetti.
35
II- Etude analytique
1- L’expulsion du Paradis
a- Présentation
Fresque de la chapelle Brancacci, Dim : 214X90 cm
b- Sujet
Cette fresque traduit le drame de l’exclusion du paradis,
une œuvre qui rappelle aux hommes le péché originel
c- Description
Le peintre a représenté le couple biblique au moment de
l’exclusion, chassée par l’ange représenté au dessus.
e- Caractéristiques
Bien que l’artiste a utilisé les principes de la représentation
en perspective, mais il a conservé des éléments
graphiques qui appartiennent à un monde pictural
symbolique.
Quels sont les éléments symboliques et quel est le nouvel
apport technique dans l’œuvre de Masaccio?
36
a- Étude du Mouvement
- Les personnages sont représentés en mouvement, ne sont pas figés.
- Souplesse du mouvement due à une étude de l’anatomie.
b- Sensibilité à la lumière
Le peintre utilise les ombres pour suggérer la profondeur (Tc du modelé) : la lumière
enveloppe les corps en suggérant la profondeur.
Le dessin traduit l’effet d’une source lumineuse
naturelle projetée sur les corps. Elle crée des zones
d’ombre et des zones éclairés.
Les personnages projettent leur ombre propre.
i- Apport de l’imagination
Pour accentuer le drame, le couple biblique a été inséré dans un paysage désertique. Adam et
Ève sont représenté nus ; Ils sont confrontés à un destin hostile.
Il s’agit d’une œuvre dramatique, très violente, qui tend à secouer le spectateur en lui
rappelant qu’il est fautif.
2- Le paiement du tribut
a- Présentation
Fresque de la chapelle Brancacci,
Dimensions : 247X597cm
b- Sujet : Représentation des miracles de Saint-Pierre.
Figure 51 : Masaccio, Le paiement du tribut, vers 1425, fresque de la chapelle Brancacci, 247X597cm, in : Rolf C.
Wirtz et Clémente Manenti, Florence : art et architecture, Op. Cit. p. 492.
37
c- Description
La fresque est divisée en 3 scènes
1- La première scène (au milieu) : Jésus et les apôtres à Jérusalem, arrêtés par le percepteur
des impôts car ils doivent payer un droit d’entrée.
2- deuxième scène : Saint-Pierre s’est retiré pour pêcher, il a trouvé de l’or dans le ventre
du poisson.
3- Troisième scène : Saint-Pierre a donné l’or qu’il a trouvé au percepteur des impôts pour
entrer avec les apôtres (c’est le miracle de Saint-Pierre).
e-1- Composition
Composition sculpturale: similitude entre personnages et statuaires.
Les arbres rythment l’espace et suggèrent la profondeur.
e-2- réalisme du dessin
e-3- Étude du Mouvement
Les personnages sont représentés en mouvement, ne sont pas figés.
e-4- Sensibilité à la lumière :
Le peintre utilise les ombres pour suggérer la profondeur, la lumière enveloppe les corps en
suggérant la profondeur.
Malgré qu’il a représenté 3 scènes
différentes, mais ils sont éclairés par
uns seule source lumineuse, ce qui
donne de l’unité à la scène. Les
personnages sont situés dans un espace
réel : existence du relief et de l’ombre
projeté.
e-5- Les expressions de l’état d’âme.
Chaque apôtre est représenté par une
attitude psychologique propre :
- Inquiétude des apôtres devant le
percepteur des impôts
- Jésus et Saint-Pierre ont attitude plus
sereine.
- Les saints sont représentés d’après
des modèles vivants.
38
3- La distribution des aumônes
a- Présentation
Fresque de la chapelle Brancacci, Dim :
232X157cm.
b- Sujet
Les miracles de Saint-Pierre
c- Description
Saint-Pierre est accompagné de Saint-Jeans
pour aider les pauvres en distribuant les biens
de la communauté.
d- Caractéristiques
1-Réalisme du dessin
2- Maîtrise de la représentation de l’anatomie.
La scène se déroule dans espace urbain fermé
: Le peintre détaille bien l’espace architectural
(palais florentin à bossage et baies géminés).
a- Présentation
Fresque de la chapelle Brancacci, Dim :
232X162 cm.
b- Sujet : Les miracles de Saint-Pierre
c- Description
Saint-Pierre est accompagné de saint Jeans.
L’ombre de Saint-Pierre fait guérir les
malades.
Cadre architectural de la Renaissance: Palais
urbain à bossage.
Au fond Masaccio représente une église : le
chapiteau corinthien est représenté avec
précision.
e- Caractéristiques :
Pour la représentation des sujets, l’artiste a
suivi une attitude sélective : les pauvres sont
représentés avec une grande précision dans un
objectif de suggéré la réalité alors que les
saints ont été situés dans un monde
extratemporel :
Sujets représentés en face, regardant le
spectateur, sans ombre, sans relief.
39
5- La trinité (vers 1427)
a- Présentation
Fresque, 667x317 cm, Florence, Eglise Santa Maria Novella, vers 1427
b- Sujet : sujet religieux
c- Description
Au premier plan, Masaccio représente deux donateurs. Au second plan, on voit le Christ en
croix entouré de Marie et de Saint-Jean est soutenu par Dieu le Père.
d- Caractéristiques
Il s’agit d’une scène religieuse inséré dans un espace de la Renaissance. Il représente une
structure architecturale en trompe-l’œil.
C’est l’une des premières images d’architecture qui est
rigoureusement conforme aux principes de la perspective
Cadre architectural de la renaissance : représentation du
même vocabulaire architectural choisi par Filippo
Brunelleschi : arc en plein cintre, voute en berceau,
pilastres, caissons, etc.
Remarque : A travers cette œuvre, le peintre s’interroge sur
la représentation de la divinité dans un espace réel géré par
la perspective.
Le peintre situe le Dieu Père au fond ainsi que Jésus au fond
du tableau : Dieu Père est au troisième plan et Jésus au
second plans. En appliquant les règles de la perspective, ces
deux personnages devaient être représentés plus petits que
les autres, situés au premier plan.
Cependant, ils sont représentés plus grands que les autres et
dans une vue frontale, malgré qu’il sont vus d’en bas.
A travers ce parti pris, Masaccio voyait que la figure divine
échappe à la perspective
Conclusion
Contemporains de Massaccio
L’'exemple de Masaccio était décisif pour les Florentins, par le fait qu'il a pu secouer la
tradition et d'éveiller de nouvelles consciences. On assiste dès le deuxième quart du siècle, à
une floraison de peintres qui s'engagent dans des voies nouvelles. Il est d'usage de les
classer, suivant une vielle distinction rhétorique, en coloristes et en dessinateurs.
40
Les maîtres qu'on pouvait caractériser par l'emploi de la lumière claire ne doivent pas grand-
chose à Masaccio, et ils semblent à première vue plus fidèles à la tradition, parmi ces
peintres, on retrouve Fra Angelico et Piero Della Francesca.
a- Présentation
Piero Della Francesca est le premier peintre de la Renaissance à exercer hors de Florence,
mais son art le rattache à l'école florentine. C’est un géomètre qui a apporté une nouvelle
vision de la peinture. Il est influencé par la peinture flamande (Europe du Nord) Il n’a pas la
même sensibilité à la lumière que celle de Masaccio, il s’attache plus aux détails qu’il
produit avec un rigueur du dessin. Il théorisa ses recherches sur la peinture, et la perspective
dans un traité qui s’intitule De prospe ctiva pingendi. Son style représente la synthèse la
plus élaborée des recherches sur l’espace et la couleur. L’art de Piero Della Francesca avait
le sens de la composition, la clarté de la conception spatiale et la distribution égale de la
lumière.
41
bénéficie pas, l'architecture et les figures reçoivent un modelé mais ne projettent pas
d'ombre. En adoptant le principe de la lumière claire et en rejetant le clair-obscur, et même
la perspective aérienne, Piero créait un monde irréel.
b- Analyse d’œuvres
e- Techniques :
Il ne représente pas les attitudes psychologiques expressions du visage car les visages
expriment le calme et la sérénité.
Il n’utilise pas le contraste clair-obscur comme Masaccio, les personnages sont construits
géométriquement.
Couleur et Lumière : Absence de la Technique du modelé ou contraste clair-obscur, et
malgré qu’il y a la présence de l’ombre projeté par les éléments d’architecture, les
personnages ne projettent presque pas d’ombre
42
Ce peintre n’utilise pas la perspective aérienne (dégradé de la lumière), la profondeur est
est mise en évidence par utilise le contraste des tons.
Le cadre architectural : les éléments architectoniques sont détaillés d’une façon minutieuse :
pilastre cannelé, caissons, arc en plein cintre, etc.
Rendu détaillé des matériaux et de la texture des vêtements (dentelles, satin, bijoux etc.)
e- Composition
Composition géométrique
rigoureuse et une structure
architecturale parfaite qui
préside aux proportions du
tableau qui est divisée en
deux parties.
Le Christ est attaché à une
colonne et le bourreau qui
tient le fouet se situe au
centre du tableau.
Figure 57 : Piero Della Francesca,
La Flagellation du Christ, 1450,
Galerie Nationale, Urbino
f- Caractéristiques :
A travers la géométrie rigoureuse, le peintre n’avait pas pour objectif de reproduire la réalité
ou de traduire le drame et les émotions mais l’œuvre nous rend sensible, pas à un spectacle,
mais à la grandeur du drame.
Ici l’architecture participe au drame : le bourreau est au milieu, l’espace ou se situe le christ
est fermé comme un piège.
1- A gauche du Christ, les colonnes se succèdent sans intervalle comme une cloison
2- Au fond, il n y a pas d’ouverture, il n y a pas d’issu, pas d’espoir un fond sombre.
3- Le plafond s’abaisse et l’espace se ferme, on sent que le christ est piégé
43
4- Le dallage s’imbrique avec une grande rigueur géométrique, comme s’il y a eu un piège
qui s’est fermé sous les pieds du Christ.
g- Attitudes et expression : Le drame n’est pas exprimé émotionnellement a travers les
attitudes, les gestes et les regards, mais intellectuellement. Absence d’émotions, absence
d’ombre, ce qui crée un espace irréel et mystique. Piero est le précurseur du Surréalisme
44
IV- Les techniques matérielles de la peinture
1- Les supports :
On distingue souvent deux catégories : les supports autonomes et les supports non
autonomes (le mur, le vase, le livre ou le meuble, etc.)
On s’intéresse aux supports les plus utilisés en occident et appelés :
Supports autonomes
Peinture de chevalet, qui peut être :
- Sur bois, imperméable, rigide
- Sur toile, dès la fin du XVe siècle, chez les peintres vénitiens ;
- Sur papier pour le dessinateur
Le papier a été utilisé en Occident au cours du XVe siècle avec l’imprimerie, remplaçant le
parchemin (peau de mouton)
2- La pâte
Elle est formée de 3 éléments de base :
Le pigment : Il donne la couleur, est d’origine animale, végétale, minérale ou chimique à
partir de la fin du XVIIIe siècle. Broyé, il doit être fixé par un agglutinant.
L’agglutinant : Il peut être à base d’eau (gomme, arabique, œuf) ou à base d’huile.
Le diluant : Il permet de diluer la pâte.
La pâte doit être protégée par en dessous grâce à un enduit posé sur le support, et par en
dessus grâce à un vernis
Les peintures à tempéra : Elles ont pour agglutinant l’œuf, et donne donc un effet de
brillance. On réalisait ainsi les tableaux du Moyen-âge, avant d’avoir découvert la peinture à
l’huile ; l’effet est le même, seule une analyse chimique permet de déterminer s’il s’agit d’une
tempéra ou d’une peinture à l’huile.
Les Fresques (de l’italien fresco, frais) :Il s’agit d’une peinture à l’eau appliquée sur un
enduit frais, couvrant un mur ; la qualité de l’enduit est primordiale pour la bonne
conservation de la fresque.
L’eau séchant très vite, cette technique permet un travail rapide, très minutieux, mais le
nombre de retouches est limité, et les dégradés sont difficiles à avoir.
4- La technique à l’huile :
Elle est apparue à la fin du XVe siècle sur les tableaux d’un peintre flamand, van Eyk.
S’étendant facilement, la peinture à l’huile permet de couvrir de grandes surfaces, d’obtenir
facilement de dégradés et de glacis, c'est-à-dire des effets de transparence.
45
Séance 4 :
Spécificités de l’œuvre de Léon Batista Alberti et diffusion de la
renaissance en Italie du Nord
Introduction
Contexte général :
L’architecture de la première
Renaissance est caractérisée par :
- La redécouverte d’un usage
réfléchi du vocabulaire antique
- La rupture de style mais
également des pratiques du Moyen-
âge.
I- Présentation
Né à Gênes en 1404 et mort à Rome en 1472, Alberti est considéré comme un humaniste
de la Renaissance. C’est un théoricien de l’architecture qui s’investie dans la seule
conception du projet au détriment de la direction du chantier. Il a écrit des traités théoriques :
sur la peinture De Pictura (1452); sur la sculpture De Statua (1464) et sur l’architecture De
re Aedificatoria (1447- 1452).
Pour Alberti, l’architecture est un système qui se divise en trois niveaux : Solidité,
Commodité et Beauté.
46
Solidité : la connaissance des matériaux et de leur mise en œuvre, (livre 1à 3) ;
Commodité : la satisfaction des programmes répondant aux demandes de la société, (livre
5à6) ;
La beauté issue de l’harmonie, comme finalité supérieure.
Elle ne doit pas être surajoutée à l’édifice, elle doit découler de l’harmonie, (livre 6 à 10).
Ce qui caractérise l’architecture de la Renaissance, c’est l’usage des formes pures aux
proportions rigoureuses de l’art antique :
2- Conception et volumétrie
La croix grecque, le carré, le cercle sont les composantes du plan des églises de la
renaissance :
La forme idéale de l’église : Au cours de la Renaissance les architectes ont opté pour le
plan centré coiffé d’une coupole, cependant le plan basilical longitudinal est mieux
approprié au culte. De la synthèse de ces deux exigences naîtront deux formules :
- la nef rectangulaire couverte d’une voûte en berceau se prolongeant par un sanctuaire
demi-circulaire couvert par une coupole
- Une succession de pièces à coupole.
La façade devait :
a- exprimer la structure intérieure (même principe que Brunelleschi),
b- s’intégrer parfaitement dans le tissu urbain,
c- manifester la puissance de l’église.
47
II-Analyse d’œuvres
a- Présentation
L'église Commencée en 1279, elle ne fut
achevée qu'en 1360. Vers 1456, Giovani
Rucellai a chargé Alberti de rénover la
façade de l’église.
L’architecte n’a pas modifié le plan de
l’église qui reste un plan basilical roman.
De même, l’intérieur de l’église garde des
influences de l’art roman.
Figure 60 : Façade de l’église S. Maria Novella à Florence : les proportions modulaires
b- Conception de la façade
48
Les volutes en marqueterie (placage de morceaux) de marbres de couleur, dont il eut
l'idée pour combler le décrochement entre la nef principale et les bas-côtés, furent adoptées
dans maintes églises de la Renaissance et dans les façades de style baroque.
L’ouvrage d’Alberti atteint une telle réputation que l’église San Francesco devint un des
temples religieux les plus célèbres d’Italie.
b- Le plan
c- Façades latérales
Pour la conception des façades latérales, Alberti s’est inspiré des grandes arcades des
aqueducs romains (même formes et même matériaux : en pierre).
Cette arcade percée de grandes arches orientée vers le Sud contient les sépultures des
hommes illustres de cette ville.
.
49
Figure 65 : Façade latérale du
temple Malatesta, on voit
apparaître l’ancienne paroi
murale sous la façade
d’Alberti
d- Façade principale
e- Critères du choix :
Pour la conception de la façade, Alberti a choisi l’arc de triomphe qui permet de répondre
aux objectifs d’Alberti, puisque la façade de l’église devait manifester la puissance du
monument.
Cette fonction peut être accomplie par l’arc de triomphe qui a pour fonction la
propagande : c’est un édifice purement monumental, érigé en l’honneur des empereurs
romains. L’arc de triomphe est un édifice qui marie la sculpture à la peinture dans l’objectif
de relater les exploits de l’empereur. Il a l’aspect d’une sculpture urbaine appréhensible de
tout angle de vue. Cependant en le plaquant sur la façade d’une église, Alberti a réduit son
importance symbolique.
La façade d’une église est constituée de deux niveaux dont le premier correspond à la
hauteur des bas-côtés et le deuxième correspond à celui de la nef centrale. Pour résoudre ce
problème Alberti a rajouté un deuxième niveau et a utilisé des demi-frontons pour
raccorder les bas-côtés au corps de la nef. Ce choix a réduit l’importance de l’arc de
triomphe.
f- Volumétrie
Le plan original prévoyait au niveau du chevet une grande rotonde couverte par une
énorme coupole faisant référence au Panthéon d’Hadrien (qui n’a pas été réalisée). Alberti a
procédé à la confrontation polémique de deux espaces : l’espace longitudinal médiéval et
l’espace central (classique) : manque de cohérence.
50
Figure 67 : L. B. Alberti, Temple Malatesta à
Rimini, axonométrie du projet supposé de L.B.
Alberti, selon la reconstitution de Ragghianti
(dessin de P. Donati), in : Manfredo Tafuri,
Architecture et humanisme de la Renaissance aux
réformes, Op. Cit. p. 15
f- La démarche d’Alberti
Ayant l’attitude d’un théoricien, il a assimilé l’édifice à une œuvre littéraire (Selon Jean
Castex) : Alberti procède par « citations », chaque citation est basée sur un document
antique objectif :
- La façade est un arc de triomphe
- Les côtés : des arcades d’aqueducs
- La rotonde celle du Panthéon. Cependant la pureté
de la référence rend impossible la coordination de
l’ensemble : manque d’unité
b- Plan
c- Façade principale
d- Volumétrie
La nef centrale est couverte d’une voûte en berceau. Sur ce point Alberti se sépare de
Brunelleschi qui couvre la nef centrale en plafond. Une énorme coupole à tambour coiffe la
croisée du transept et une lanterne a été projetée au somment de la coupole. La nef voûtée
en berceau à caissons se présente comme un grand volume telles les basiliques romaines de
Maxence et de Constantin.
Le volume spatial est homogène car il n’est pas rompu par des bas-côtés. C’est cette
ampleur qui fait la grande qualité spatiale de Sant’ Andréa.
A Sant’Andréa, la coupole et
l’ampleur des différents espaces qui
l’entourent affirment le concept de
centralité. La qualité spatiale est
différente de celle de Brunelleschi qui
est plus linéaire avec les lignes de
force horizontales. L’autre différence
est l’absence des bas-côtés, créant ainsi
un espace plus homogène.
52
Figure 73 : Basilique romaine de Maxence, restitution axonométrique, in : Ernesto D’Alfonso et Danilo
Samsa, L’architectue : les formes et les styles de l’antiquité à nos jours, Paris, Solar, 1996, p. 69.
C’est la première église de la Renaissance à être élaboré selon un plan centré qui utilisait
les proportions idéales proposés dans le traité De re aédificatoria : «divise la largeur du
temple en quatre partie et consacre en deux la largeur des chapelles ».
a- Le plan
Plan centré. Alberti a projeté une énorme coupole de 17m de diamètre, mais elle n’a pas
été réalisée. Alberti a pensé donner avec la forme centrale plus d’importance à l’édifice et un
caractère bien défini et absolu à l’image du Panthéon.
Figure 74 : L. B. Alberti, Plan de l’église Saint Sébastien à Mantoue. Jean Castex, Renaissance, baroque et
classicisme : Histoire de l’architecture (1420-1720), Op. Cit., p. 66
c- La façade
Conclusion
53
I Ŕ Plan Basilical
Figure 76 : Plan d’églises du quattrocento : a- Plan de Santo Spirito par Brunelleschi, b- Plan de San
Lorenzo par Brunelleschi, c- Plan de Sant’ Andréa par Alberti.
Points communs :
Le XVè siècle florentin s’achève avec les frères Sangallo qui ont été influencé par
l’architecture d’Alberti :
1- Giuliano Sangallo (1445-1516) construit la
façade de la Madona dei Carceri de Prato.
2- Antonio Sangallo (1455-1515) travaille à
San Biagio de Montepulciano
54
II- Diffusion de la première renaissance en Italie du Nord
1- Contexte général
A partir de 1492, le fils de Laurent de Médicis, Pietro rompt avec la tradition familiale et
gouverne en despote méprisant.
Il est chassé de la ville avec sa
famille par les Florentins.
En 1511 les Médicis se retrouvent
au pouvoir.
Ils s’y comporteront comme des
monarques, considérant la ville comme
leur bien personnel.
Dès lors, Florence a perdu son
prestige pour être succédée par Milan,
où les Sforza ont pratiqué une politique
artistique très active.
55
Grande influence de l’art gothique :
- Les motifs décoratifs prennent une
grande importance plus qu’à
Florence
- Décoration végétale et guirlandes
sont mêlés avec des motifs
géométriques
- Bi-chromatisme de la façade
- Présence d’éléments antiques ( arc
en plein cintre, pilastres, ect.)
56
a- La Façade de Saint Michèle
Mauro Codussi a adopté les formules
d’Alberti : « la façade de l’église
devait exprimer le volume intérieur »
La façade est constituée par deux
niveaux :
- le premier correspond à la hauteur
des bas-côtés
- Le deuxième correspond à la hauteur
de la nef centrale
- Usage des demi-frontons pour
raccorder entre les deux niveaux
Texture : 1er niveau : bossage (saillie
de pierre ornementale sur un mur)
2ème niveau : Marbre
Figure 81 : Façade de Saint Michèle, 1469 par Mauro Codussi
57
Concepts de base et terminologie
1ère remarque
Certains mots utilisés dans le cours d’histoire (église, Cathédrale) ne désignent pas à
l’origine des modèles architecturaux précis, mais concernent surtout les groupes religieux,
ou le siège d’une autorité religieuse. Par extension du sens, certains mots ont été associés à
des édifices. C’est pour cette raison, on va donner certains définitions
2ème Remarque
La forme d’une église chrétienne a connu une évolution considérable, allant de la forme
simple d’une basilique antique jusqu’à l’adoption de nouvelles configuration spatiales à
l’époque gothique. On va présenter brièvement la configuration spatiale d’une basilique et
une église paléochrétienne.
1- Église (n.f) : au début le nom a concerné non pas un édifice mais il désigne un groupe
religieux précis. Le mot désigne une communion de personnes unies par un même foie
chrétien : Églises catholiques (Italie), Églises protestantes (Europe du nord).
On distingue les églises n’ont pas par leur forme et leurs dimensions, mais en tant que
siège d’une autorité religieuse.
Autorité épiscopale : pouvoir exercé par un corps d’évêques (épiscopat : corps des
évêques)
Évêque : Dans l’église catholique, les évêques successeurs des apôtres ont des pouvoirs
très étendues. L’évêque des évêques est le pape de Rome.
Les églises n’ont pas toutes la même conception, certaines églises ont à leur tête des
dignitaires qui ne sont pas toujours nommés évêques et qui ont peu de pouvoirs.
Sur le plan architectural, l’église reste un terme très vaste qui désigne en général un
édifice consacré, chez les chrétiens, au culte divin. Aller à l’Eglise. L’église chrétienne, des
premiers siècles était construite
d’abord sur les plans des basiliques.
58
Le temple antique ne pouvait pas remplir les fonctions accomplies par une église. Car le
temple a pour fonction d’abriter la statue de Dieu et il n’est en aucun cas un lieu de réunion.
Seuls les prêtres peuvent y accéder.
L’espace intérieur n’est pas aménagé pour accueillir les fidèles. Les cérémonies
religieuses se font à l’extérieur c’est pour cette raison que les façades extérieures bénéficient
d’un traitement particulier : ordre, fresques, frises, etc. Dans ce cas, le temple est équivalent
à une sculpture perceptible de l’extérieur.
A l’origine la basilique chez les Grecs est un palais de justice (où on rendait justice sur
la place de marché à Athènes). Chez les Romains, c’est un hall servant de tribunal ou de
marché, lieu de négoce.
Figure 86 : Basilique romaine de Trajan, in : Bruno Zévi, Apprendre à voir l’architecture. Zévi Bruno, Paris,
Editions du Minuit, 1959
Figure 87 : Plan d’une basilique paléochrétienne, Sainte sabine, in : Ibid.
8
Pour plus de détail, voir : Bruno Zèvi, Apprendre à voir l’architecture, Paris, Editions du Minuit,
1959
59
L’espace paléochrétien : il a un caractère dynamique. Que font les premiers bâtisseurs
chrétiens pour affirmer ceci ?
- suppression d’une abside
- déplacement de l’entrée sur le petit côté.
5- Chapelle : Lieu de culte privé, la chapelle d’un château, le terme désigne aussi une
petite église qui n’a pas le rang d’une église paroissiale (lieu dans lequel le curé exerce son
autorité). La chapelle est aussi une partie d’une église comprenant
un autel secondaire, exemple la chapelle des Pazzi
Figure 88 : Les principales formes d’églises, in : Wilfried Koch, Comment reconnaître les styles en
architecture, Paris, Solar, 1967, p. 81.
60
Séance 5
Les palais urbains de la Renaissance
Introduction
Les mutations advenues au cours de la renaissance ont modifié les modes de pensée,
l’espace résidentiel et l’espace urbain. Le passage d’une société féodale vers une société
commerçante (ancêtre de la société capitaliste) a eu un impact sur l’organisation de l’espace
résidentiel et sur les palais et sièges de pouvoir. L’apparition d’une classe bourgeoise qui se
substitue aux seigneurs va modifier le type leur demeures. Ainsi le château va être remplacé
par le palais.
I- Définition
1- Le Château
C'est une résidence permanente seigneuriale. C’est une forteresse entourée de fossés et
défendue par de gros murs flanqués de tours.
a- Fonction
Ce type de résidence joue une double fonction :
- fonction résidentielle (logement seigneurial) et fonction défensive à travers la
succession de barrières.
61
b- Le Donjon : élément fondamental d’un château fort
Le Château fort naît avec l’apparition du Donjon d’habitation. Le Donjon a une double
fonction, puisqu’il est à la fois ouvrage défensif et résidence. La plupart des Donjons
primitifs sont de plan carré : le rez-de-chaussée et sous-sol servent de resserres (dépôt) et
l’étage sert à l’habitation qu’on ne peut l’atteindre qu’au moyen d’une échelle mobile ou un
pont-levis.
Le type primitif des châteaux tour a connu une évolution : Il va épouser une forme plus
éclatée. Le Donjon ne va plus servir de résidence royale, il va abriter le trésor royal et il va
s’entourer d’habitation. Le tout sera protégé par les fortifications. On passe progressivement
de la tour isolée au château proprement dit.
2- Le palais
C’est une vaste et somptueuse résidence d’un chef d’État, d’un haut personnage ou d’un
riche particulier. Le terme désigne aussi un édifice public situé en milieu urbain (palais de
justice). Contrairement à l’aspect défensif attribué au château, le palais est identifiée par
aspect luxueux (Palazzo : demeure richement décorée).
Le palais florentin est un palais semi fortifié. A Florence, les grandes familles
rencontraient souvent l’opposition de la population, dont leur mécontentement s’exprimait
par des émeutes.
Pour éviter les excès de violence, les riches familles (les Médicis, les Strozzi, les Pitti),
demeurent dans des palais semi- fortifiées.
62
3- Étude d’exemples
1- Le palais Médicis
a- Présentation
Ce palais fut commencé en 1444 sur l’ordre du Cosme de Médicis (1389-1464) par
l’architecte Michelozzo (1396-1472). Cosme l’ancien a voulu une demeure digne de sa
fortune. Ainsi cet édifice a été considéré comme le prototype des demeures aristocratiques
de la renaissance florentine.
d- Distribution
63
2- Appartement de Laurent le Magnifique
3- Chapelle
4- appartements de Cosme
5- escaliers
6- appartement de Julien de Médicis
Les dépendances et communs (chambre de domestiques)
sont situés au deuxième étage.
Figure 93 : Michelozzo, palais Médicis, façade sur cour intérieur, in : Rolf C. Wirtz et Clémente Manenti,
Florence : art et architecture, Op. Cit. p. 295.
Du rez-de-chaussée au second, la
hauteur des étages va en diminuant.
L’esthétique horizontale est soulignée
par les bandeaux.
Figure 94 : Michelozzo, palais Médicis-
Riccardi, façade principale, in : Rolf C. Wirtz
et Clémente Manenti, Florence : art et architecture, Op. Cit. p. 554.
64
La façade sur cour a un aspect plus moderne que la façade sur rue
grâce à usage d’un vocabulaire architectural antique. La façade sur
rue a un aspect plus traditionnel puisque l’architecte s’est servi des
éléments architectoniques qui renforcent le caractère traditionnel
comme le bossage, et des baies géminées florentin.
a- Présentation
Alberti a conçu les plans du palais
Rucellai pour Cosimo Rucellai (riche
marchand Florentin).
L’architecte Bernardo Rossellino s’est
chargé de la direction du chantier
Situation : Florence
Fonction :
- résidence privée
- siège administratif
b-Volumétrie
La volumétrie est identique à celle du palais Médicis : bloc cubique à deux composantes
fondamentales :
1- la cour à portiques
2- la façade sur rue.
c- Distribution
La distribution de l’espace en trois entités dictes est identique
au palais Médicis, caractérisée par :
- un rez-de-chaussée publique et commercial
- un étage résidentiel
- le deuxième étage abrite les communs et dépendances.
65
Ouvertures
Au Rez-de-chaussée, les bais sont étroites et grillagées (caractère défensif)
Au 1er et second étage: les baies sont géminées
Détails
L’esthétique horizontale qui caractérise le palais Médicis de Michelozzo, obtenue par
l’usage des bandeaux n’est plus affirmée dans le Palais Rucellai car les lignes directrices
verticales crées par les entablements ont été neutralisé par les pilastres qui soulignent la
verticalité.
d- Présentation
Commencé en 1489 pour la grande famille rivale des Médicis. Trois architectes ont
participé à la conception et a la
réalisation du palais :
- Benedetto da Miano (jusqu’à sa
mort en 1497) ; Simone del Pollaiolo (le
Cronaca) et Guiliano da Sangallo.
Situation : Florence
Fonction
- résidence privée
- siège administratif.
e- Volumétrie
f- Distribution
La distribution de l’espace en trois entités distinctes est identique au palais Médicis,
caractérisée par :
- un rez-de-chaussée public et commercial,
66
- un étage résidentiel
- le deuxième étage abrite les communs et
dépendances.
Points communs
67
- Même composantes : palais articulé autour d’une cour et donnant sur l’espace public
(façade sur rue),
- Même distribution de l’espace, établie en 3 niveaux :
- Le rez-de-chaussée est public et commercial,
- L’étage est résidentiel,
- Le deuxième étage abrite les communs et dépendances
Le palais Strozzi :
La monumentalité est plus affirmée :
- L’entrée est bien marquée (hiérarchisation de la travée centrale)
- Le couronnement est plus spectaculaire (la corniche est plus grande)
1- A Florence
Le milieu siècle (vers 1450), est caractérisé par
une rage de bâtir. Ainsi, outres les familles
régnantes, les riches familles vont bâtir des palais
à l’image du palais Médicis. Ainsi entre 1450 et
1478, on construit plus de 30 palais à Florence.
L’architecte Guiliano da Miano, le frère de
Bernadetto da Miano (qui a dessiné les plans du
palais Strozzi) a réalisé des palais pour les
Antinori (1461-1469), les Gondi (vers 1490) et les
Pazzi (1462-1472).
Figure 101 : Florence, le Palais Antionori (1461-1469), par
Guiliano da Miano, in : Rolf C. Wirtz et Clémente Manenti,
Florence : art et architecture, Op. Cit. p. 251.
68
a- Le palais Pitti
Situation : Florence
Date de réalisation : à partir de 1470
Architecte : Brunelleschi (dessiné les plans
du palais)
Description :
Le palais a été constitué à l’origine d’un seul
corps de façade; les autres ailes du bâtiment ont
été rajoutées au XVIe siècle.
Caractéristiques :
Vocabulaire antique sur structure gothique
vénitien (fenêtres, colonnades omniprésents
Figure 104 : Mauro Cudussi, palazzo Corner Spinelli (1490), façade et détails
Dans ce palais on remarque l’important rythme et l’équilibre existant entre les styles des
fenêtres, les raccords des étages et la corniche du toit.
69
Séance 5
Introduction
En Italie, la réflexion des architectes sur la ville se systématise à partir de la deuxième
moitié du XVe siècle. La production théorique écrite ou figurée conçoit l’architecture de la
manière moderne au sein d’un espace urbain réglé par la géométrie. La production
théorique affirme les théories d’Alberti, qui voyait que la ville idéale de la Renaissance,
« doit avoir un plan rationnel avec des édifices régulièrement disposés le long des voies
larges et rectilignes ». Le centre de la cité devait être occupé par la cathédrale et par les
palais urbains, aménagés autour de places publics. Au centre de la cité « se situent les
monuments publics, organisés autour de places publics arrêtant la vue avant le point de
fuite dans des avenues se prêtant à la perspective ».
Figure 105 : Planche attribuée à Piero Della Francesca, Ville idéale, vers 1475, peinture à la tempéra sur bois,
60X200cm, Gallerie Nationale della Marche, Urbino, in : Rolf C. Wirtz et Clémente Manenti, Florence : art et
architecture, Op. Cit. p. 210.
L’idée d’une réforme radicale de la ville venait d’être énoncée. Le nouvel espace
coordonné par la perspective est incompatible avec celui de la ville gothique. Malgré
l’existence de certains traités sur la ville idéale, la Renaissance ne connaît que quelques
essais et projets urbains.
1- La Sforzinda
9
Guilbert Luigi, L’architecture en Europe du Moyen Age au XXe siècle, Op. Cit., p. 29.
10
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architecture : les formes et les styles de l’antiquité à nos jours, Op.
Cit., p. 141
70
Spécificités de la Sforzinda
11
Guilbert Luigi, L’architecture en Europe du Moyen Age au XXe siècle, Op. Cit., p. 29.
12
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architecture : les formes et les styles de l’antiquité à nos jours, Op.
Cit., p.139
71
Les quatre angles de sa cité étant orientés selon les points cardinaux, La ville de Dürer
est un quadrilatère, dont le centre réservé au palais du souverain est un carré. Entre le
château et l’enceinte, l’espace est divisé en une quarantaine de blocs rectangulaires dont les
longs côtés sont parallèles aux murailles.
Dürer réserve l’angle à l’église, autour de laquelle, « on établit les gens que leurs
affaires conduisent à une vie tranquille ». Il place, au contraire, « les fonderies de bronze et
de cuivre » à l’angle sud, c’est-à-dire « du côté où le vent entraîne en dehors leurs fumées
empestées ». Autour de ces usines, on logera tous les ouvriers en métaux.
Dürer, qui prévoit aussi un quartier administratif, réserve en outre des espaces verts par
absence de construction de certains îlots délimités par son quadrillage. Nous sommes bien
ici devant une ébauche de zoning.
Les 3 interventions :
1- Réforme du centre Symbolique et fonctionnel : lieu du pouvoir (Palais du gouverneur)
2- Aménagement de la périphérie : églises et places publics
3- Reconstruction des remparts : limites infranchissables.
Innovations :
- Système de conception rationnel (concept du projet)
- Perspective comme outil de conception architecturale
Retour de l’antiquité :
- Esthétique du nombre (nombre entier et nombre d’or)
- Esthétique de la géométrie (carré, cercle sphère, cube)
- Recherche d’une unité harmonieuse
La ville idéale reste une utopie, la Renaissance ne connaît que quelques essais et
interventions urbaines. Les historiens 13 distinguent souvent trois modèles d’intervention :
1- La mise en place de groupe d’édifices autour d’une place : à Florence, la place de la
Seignoria ; Pienza ; à Rome, la place du Capitole
2- L’implantation d’un édifice capable de régénérer le tissu voisin ou la ville : le palais
Ducal d’Urbino
3- L’extension ordonnée : la Strada Nouva de Gênes, les extensions de Ferrare.
13
A ce sujet Jeans Castex se réfère à C.G. Argan, The Renaissance City, N.Y Braziller, 1969, voir Jeans
Castex, Renaissance, Baroque et Classicisme, Op. Cit. p71.
72
1- Ville de Pienza
Ensa Silvio Piccolomini qui en accédant au siège pontifical sous le nom de Pie II, conçut
le projet d’en faire une cité et transforma Corsignano en Pienza. Pie II chargea en 1459,
Bernardo Rossellino (1409-1464) d’aménager une place sur la rue principale et de
construire un palais.
a- La place Pie II
La place Pie II constitue le centre de la ville de Pienza, tous les principaux monuments
donnent sur cette place. On y trouve surtout:
- La cathédrale réalisée en 1462
- Le Palais Piccolomini,
- l'Hôtel de Ville ou palais public,
73
b- Le palais Piccolomini
Présentation
c- La Cathédrale de la Pienza
14
Ibid. p143.
74
2- Urbino : le palais qui engendre l’extension de la ville.
A Urbino, c’est autour du palais que se réforme la Cité. La ville d’Urbino a profité de la
construction du palais-château pour réformer sa structure et son image
Figure 114 : Piero Della Francesca, Portraits du duc d’Urbino, Frédéric III de Montefeltro et sa femme
Battista Sforza, 1460-1470 (Florence, Galerie des Offices)
.
a-Présentation : Conçu à partir de 1474 par
Francesco Di Giorgio Martini. C’est un palais
Ducal : résidence du Duc d’Urbino
Figure 115 : La ville et le palais Ducal d’Urbino. Le palais se structure comme une ville autour du noyau
formé par la cour à portiques, in : Jean Castex, Renaissance, baroque et classicisme, Op. Cit., p.77.
75
b-Caractéristiques.
Le palais incarne divers fonctions : forteresse, édifice public et demeure princière. Ces
trois visages se montrent tour à tour au bon
endroit : l’aspect noble et militaire s’impose
à la vallée, traité par des remparts, casernes
et tours d’angles ; l’aspect bourgeois s’offre
côté ville, articulant autour d’une place
publique les édifices de l’administration ;
la résidence princière est constituée en un
unique corps de bâtiment abritant les
appartements du prince et servant d’angle à
la place et de mur à la vallée. A ses côté, la
cour carrée et le jardin suspendu accusent
les différences de rythme de vie 15.
Figure 117 : Le palais Ducal d’Urbin, vue sur la
cour, in : Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architectue : les formes et les styles de l’antiquité à nos
jours, Paris, Solar, 1996, p. 140.
Figure 118 : palais ducal d’Urbin, vue de
la façade sur la place publique, in :
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa,
L’architectue : les formes et les styles de
l’antiquité à nos jours, Op. Cit., p. 141.
3- Ferrare (1492-1515)
En 1492, Biagio Rossetti donne
le dessin d’un nouveau quartier de
Ferrare, pour Ercole Ier d’Este. Il
n’a pas choisi de forme « idéale »
pour sa ville ni même pas un plan
en damier.
15
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architectue : les formes et les styles de l’antiquité à nos jours, Op. Cit.,
p. 141
76
- Il a enveloppé le centre ancien d’une enceinte polygonale
- Il a divisé l’espace en quartier inégaux articules autour de deux axes principaux de 16
et 18mètres :
- La première voie traverse la ville en direction de la mer (c’est une voie de transit)
- L’autre rejoint le
château d’Este à la villa
Belfiore (c’est une voie de
prestige)
- Un quadrillage souple
occupe les quartiers
progressivement. L’angle
droit n’est pas nécessaire à
l’impression de régularité.
Dans ce cas, l’extension
est indissociable de la ville
ancienne, les nouvelles rues
débouchent face aux vielles,
c’est pour cette raison que
l’architecte ne s’est pas plié
aux plans rigoureux des villes
idéales.
77
4- Cas de Florence :
- Aménagement- ponctuel de places public :
Place San Giovanni
Place Signoria
78
Chap.2 : Héritage classique et maniérisme en Italie (1480-1600)
Séance 7
Spécificités de l’œuvre de Bramante et celle de Léonard de Vinci
Introduction
La période allant du 1480 jusqu'à 1525 environ, a été considérée comme l'âge d'or de la
Renaissance. L’événement du XVIe siècle est la codification de l’architecture. On cherche
« une nouvelle systématisation théorique »16. L’œuvre produite à cette époque met en
évidence la volonté d’adapter le vocabulaire architectural pour fournir aux constructeurs un
fond de modèles à reproduire ou à mémoriser au titre d’exemples type, par l’acquisition d’un
langage architectural et d’une pratique du dessin.
- Eléments de réference :
- Le Colisée de Rome
- Le Panthéon
16
Selon l’expression de Manfredo Tafuri, Architecture et humanisme de la Renaissance aux réformes,
Paris, Dunod, 1981, p. 72.
79
Figure 123 : Panthéon de
Rome, Plan et coupe
longitudinale
Architectes :
Un initiateur : Donato Bramante (1444-1515)
Des continuateurs
- Raphaël (1483-1520)
- Antonio Da Sangallo le Jeune (1484-1546)
80
II- L’œuvre architecturale de
Bramante
1- L’œuvre théorique
La démarche de Serlio
Pour chaque style, il prend un
ornement significatif qui signale son
appartenance à un ordre particulier :
- Triglyphe pour le dorique
- Volute pour l’ionique
-
La manière dorique : Réservée aux
églises consacrées aux saints virils : Saint-
Pierre, Saint-Paul, etc.
- Elle est utilisée pour les édifices ayant un aspect robuste, sobre et dépouillé : Porte
d’une ville, prison, caserne.
17
Issu de la Dynastie des Sforza qui règne sur Milan de 1450 à 1535.
81
La manière corinthienne : Aux proportions rappelant la silhouette d’une jeune fille,
convient aux sanctuaires de la vierge.
- Il peut aussi apparaître dans tout programme triomphal (arc de triomphe)
La manière ionique : Style de juste milieu, intermédiaire entre le dorique et le corinthien. Il
est réservé aux villas suburbaines car ce type de résidence est réservé aux loisirs cultivés.
A Milan
1482: L’église Santa Maria Presso-San Satiro
1490 : transept de l’église Santa Maria Della Grazie
A Rome :
1500 : Cloitre de Santa maria Della Pace
1503 : Le Tempietto, de Saint-Pierre
1506: La nouvelle Basilique de Saint-Pierre.
-L’escalier hélicoïdal de la cour du belvédère
-La cour du Belvédère et la loge du Vatican
1510 : Palais Caprini
3- Etude d’exemples
82
Figure 127 : Santa Maria
Della Grazie à Milan.
Coupe.
Figure 128 : Milan, L’église Santa Maria Presso San Satiro, Plan et vue sur l’abside, arch. Donato Bramante.
83
3-3- Cloître de Santa Maria Della Pace à Rome
Figure 130 : Cloitre de Santa Maria della Pace, Rome, in : Le Grand Atlas de l’architecture mondiale, Op. Cit.
p. 275
3- 4 Le Tempietto de San-Pietro in
Montorio
84
a-Présentation
c-Caractéristiques
Présentation :
Figure 135 : Donato Bramante, Santa Maria Della Consolazione à Todi , plan et façade.
86
III- La contribution de Léonard de Vinci (1425-1519)
1- Présenation
Léonard di Ser Piero da Vinci dit Léonard de Vinci naquit en Toscane, dans le petit bourg
dont il porte le nom, non loin de Florence. Il était le fils d’un notaire ser Piero, et d’une
paysanne, Caterna.
La jeunesse a Florence : A 17 ans, il entre comme apprentis dans l’atelier d’Andréa del
Verrocchio, à Florence, qui fut émerveillé par ses débuts si prometteurs. Il acquit une
formation pluridisciplinaire : peinture, sculpture et travaux de décoration. C’est à cette époque
que datent ses premières toiles comme par exemple, comme l’adoration des Mages. Ses
références étaient parmi les peintres aux conceptions révolutionnaires comme Masaccio.
Le séjour à Milan (1481-1499) : A 39 ans, Léonard de Vinci quitta Florence pour Milan, où il
proposa ses services au duc Ludovic Sforza, come architecte, peintre et ingénieur du Duc.
A Milan, il a rencontré Bramante, qui était le peintre du Duc et sur laquel il a exercé une
grande influence. Léonard de Vinci n’a rie construit, mais il a réalisé plusieurs études, dessins
esquissess et des tableaux qui ont marque toute l’époque. Il a produit surtout deux peintures
capitales pour l’histoire de l’art : La Vierge aux Rochers et la Cène, fresque d’un couvent à
Milan. Il a fait des études qui touches a plusieurs domaines : divers projets architecturaux
pour la cathédrale de Milan et celle de Pavie, etudes d’urbanisme, d’hydraulique pour les
canaux de Milan. Il a mis en place les prémices d’un Traité de peinture
De Florence à Rome puis Amboise : A partir de 1506, il partagea son temps entre Milan et
Florence, c’est a cette période ou il peignit la Mona Lisa et la Bataille d’Anghiari, fresque
située au Palazzio Vecchio à Florence, jamais achevée. Il quitta définitivement Milan en
1513, alors qu’il avait 61 ans. En 1516 il accepta l’invitation de François 1 er et résida
définitivement à Amboise, où il fut nommé
« premier peintre, ingénieur et architecte du
Roi ».
1- La recherche architecturale
Leonard de Vinci a donné à la recherche architecturale des propositions et des projets non
seulement théoriques et utopiques comme les traités du Quattrocento, mais des projets
pratiques, concrets et réalisables.
87
- L’invention raisonnée. (investigations systématiques)
- Juxtaposition d’un plan à une représentation à trois dimensions (perspective,
axonométrie).
- But: montrer comment se constitue une structure organique. Exploration de la forme.
88
1- Les études urbaines pour Milan
89
Conclusion : Caractéristiques de l’architecture renaissante au XVIe siècle .
Les œuvres du XVIe siècle s’inspirent des monuments antiques ayant le caractère grandiose
et impérial de la Rome Antique.
Au niveau de la volumétrie :
- Unité et centralisation de l’espace, qui devait être appréhendé sous tous ses angles visuels.
(Comme une sculpture).
La création architecturale est posée comme un problème de composition non pas comme un
problème de construction.
Au niveau de la modénature :
- Le profil des corniches et les moulures sont plus saillants et plus forts qu’au quattrocento
- Les ordres sont plus colossaux
- Les colonnes sont utilisés plus souvent que
les pilastres
Bramante a été chargé par le pape Jules II de l’élaboration de la nouvelle église Saint-
Pierre, cette église construite au-dessus de la tombe de Saint Pierre, peut être considérée
comme un martyrium. La nouvelle église de Saint-Pierre, construite à la gloire de Jules II,
devait jouer le rôle de symbole de la chrétienté.
Figure 141 : Graphique du plan de la basilique paléochrétienne. Dessin de Dehio et Von Bezold.
La première basilique a été édifiée au IVe siècle sous le règne de l’empereur Constantin 1 er
(306-377) 18.
La Basilique paléochrétienne est composé par :
-5 nefs, dont la nef centrale est plus large et plus haute.
-Décoration en mosaïques dans plusieurs parties.
-Les colonnes de la nef centrales sont surmontées par un entablement décoré.
18
Constantin 1er le Grand (306-377) : empereur romain. Il a autorisé le libre exercice du christianisme qui
devient l’un des religions officielles de l’Epire. En 330, il a fondé Constantinople à l’emplacement de
l’ancienne colonie grecque de Byzance et il y avait transporté son siège.
91
-Les colonnes des nefs latérales sont plus petites et sont surmontées par des arcs.
-Le plafond est à chevron en bois.
Chronologie
92
Figure 144 : Plan de Bramante, d’après le dessin original de l’architecte. En blanc : plan de la basilique de
Constantin au IV e siècle. En noir : plan de Bramante. A gauche dessin de Bramante pour de la coupole de la
basilique
1515 : Plan en croix latine de Raphael : il est plus fonctionnel et apte à célébrer la messe.
93
1546 : Projet de Michel-Ange, à droite dessin de la coupole.
Le projet de la basilique de Saint-Pierre de Bramante peut être considéré comme une
étape avancée dans les recherches de Bramante sur la codification de l’architecture
caractérisée, par la recherche de la grammaire de l’ordre et des types dans leur rapport avec
l’image. Si le Tempietto est le Canon, Saint-Pierre de Rome est le monument, elle constitue
l’application de cette recherche au grand temple 19
Bramante avait plus de soixante ans quand fut posé la première pierre de la nouvelle
église. Raphaël (1483-1520) a succédé Bramante dans le chantier de Saint-Pierre. En 1515,
il a proposé un plan en croix latine car il est plus fonctionnel et apte à célébrer la messe.
Cependant Raphaël est mort en 1520 avant de réaliser le projet. Après Raphaël, c’est Peruzzi
qui a projeté un plan en croix grecque, mais sa proposition n’a pas dépassé la phase
d’études. Antonio Da Sangallo Le Jeune a établit en 1536 une autre proposition qui s’est
présenté comme un compromis et résout les différents problèmes grâce à l’utilisation
conjointe du plan central et du plan basilical. Le chantier de la basilique a été enfin dirigé
par Michel-Ange en 1546. Il reprend l’espace central original de Bramante, mais surpasse
ce dernier en clarté et en simplicité.
La façade :
19
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architecture : les formes et les styles de l’antiquité à nos jours,
Op. Cit., p. 148.
94
Figure 145 : Restitution du projet de la façade de la basilique de Saint-Pierre par Bramante.
- Les deux architectes ont projetés un édifice à plan centré. Michel-Ange a repris la
proposition de Bramante en surpassant le projet de Bramante en Simplicité et clarté.
- L’élément nouveau, dans le projet de Michel-Ange est sans doute, la façon dont sont
traités les murs et surtout les piliers supportant la coupole centrale. Les murs et les piliers
sont de gigantesques masses de maçonnerie hardiment creusés comme par la main du
sculpteur. Cette conception des possibilités plastiques de la paroi devait être de la plus
grande importance pour le développement futur de l’architecture Européenne.
- Le plan de Michel-Ange pose un problème fonctionnel: le plan centré n’est pas apte de
rassembler un nombre important de fidèles pour la célébration de la messe.
- Le projet de Michel Ange a été modifié au XVIIe siècle par Le Bernin et Carlo
Maderno.
95
Figure 148 : Bramante
Restitution par Letarouilly du
projet pour Saint-Pierre et de
la cour du Belvédère, in :
Jean Castex, Renaissance,
baroque et classicisme, Op.
Cit. p. 98.
96
Figure 151 : Dessin montrant la cour du Belvédère avant les altérations du Sixte-Quint : Resitution
d’après Letarouilly P., 1953.
97
Séance 8
Le maniérisme en architecture : l’œuvre de Michel-Ange
Introduction
I- Contexte général
A partir de 1520, le style mis au point par Bramante et Raphaël va se diffuser en Italie.
Raphaël était l’élève de Bramante. Il était réputé pour sa sociabilité : vit et travaille
accompagné d’un groupe solidaire.
L’atelier de Bramante a Rome, dirigé par la suite par Raphaël (1483-1520) était considéré
comme la première grosse agence de l’histoire de l’architecture.
Travail sur le vocabulaire antique pour étonner, obtenir des effets d’une grande plasticité
La forme prime sur la fonction
Jeux formels : rupture d’équilibre solécismes (fautes de syntaxe) par rapport au vocabulaire
antique
Deux architectes célèbres :
Michel-Ange (1475-1564): grande inventivité toujours maîtrisée.
Jules Romain (1499-1546): jeux audacieux sur le déséquilibre.
Un continuateur
Vignole (1507-1575): transition avec le baroque italien (style Jésuite)
98
2- L’œuvre de Michel-Ange : expression de la souffrance morale
Michel Ange développe un art personnel à travers lequel il exprime son état d’âme et
traduit les émotions d’une personnalité souffrante, troublée et angoissée. En le comparant
avec les artistes du XVIe siècle André Chastel ajoute « La beauté pour Raphaël était la
promesse même du bonheur, pour Léonard de Vinci l’instance d’un mystère; elle devient
pour Michel-Ange, principe de tourment et de souffrance morale ».
Le hanchement
Parmi les attitudes les plus célèbres : elle consiste à faire
camper une figure sur une jambe et d’abaisser son épaule du
même côté.
99
Figure 156 : Vénus de Milo, (vers 130-100 av. J.-C.) qui pourrait représenter la déesse
Aphrodite. Découverte en 1820 sur l'île de Milo, d'où son nom, elle est actuellement
conservée au musée du Louvre
Pour donner plus de vie à ses œuvres, Michel Ange a travaillé sur
l’attitude du contrapposto : c’est un mouvement de torsion du corps
qui consiste à aligner une épaule sur la jambe opposée et de tourner
la tête en sens inverse.
c- Méthode de travail
100
Dans la Piété de Saint-Pierre de Rome et dans la Piété de la Cathédrale de Florence, on
trouve synthétisé tout l’idéal de la renaissance, de la beauté, de la sublimation de la matière,
de l’organisation spatiale et de la spiritualité profonde de l’artiste.
a- Présentation
101
b- Description
Le Projet contient 3 unités spatiales:
1- Le vestibule : de forme carré
2- La salle de lecture : forme rectangulaire.
3- Une bibliothèque pour les livres rares : de forme triangulaire. Elle devait se situer à
l’étage, mais elle n’a pas été réalisée.
Figure 160 :
Michel-Ange,
coupe et plan de
la bibliothèque
Laurentienne à
Florence, in :
Ernesto
D’Alfonso et
Danilo Samsa,
L’architecture :
les formes et les
styles de
l’antiquité à nos jours, Op. Cit., p. 150.
1- La salle de lecture
L’espace est harmonieux, caractérisé
par :
-Rythme régulier des pilastres qui
entourent des fenêtres à architraves et
corniches.
- Régularité du Parti, ce qui rappelle la
géométrie spatiale du quattrocento.
Figure 161 : Michel-Ange, salle de lecture de la
bibliothèque Laurentienne à Florence, in : Rolf C.
Wirtz et Clémente Manenti, Florence art et
architecture, Op. Cit, p. 293.
2 La vestibule
De forme carrée de (9m de coté.)
L’architecte souligne le contraste
avec la forme allongée de la salle de
lecture.
Le vestibule ressemble à une cour à
ciel ouvert, dont il accentue la
verticalité
3- L’escalier
Presque la totalité du sol est
occupée par un escalier
gigantesque. Ayant un aspect
imposant, cet escalier envahit de sa
masse le vestibule.
102
Les dernières marches semblent se répandre sur le
pavement, ce qui rend l’espace animé et dynamique.
4- L’ornementation insolite
103
Aménagement de la place du Capitole
La place du Capitole est l’une des opérations majeures de l’urbanisme au XVIe siècle.
Située sur l’une des 7 collines de Rome, la place du Capitole a été le cœur religieux et
politique de la Rome antique. En 1536, le Pape Paul III charge Michel-Ange d’aménager le
Capitole dans un objectif de
redonner un aspect convenable
à Rome. Michel Ange réalise
donc cette place monumentale
qui avait pour principal but
d’exprimer une rupture avec
l’ancienne Rome des
Empereurs et une ouverture
sur la nouvelle Rome : celle
des Papes. Michel-Ange ouvre
la place vers la ville moderne
et non vers le Forum qui se
situe derrière la place.
a- Présentation
104
Figure 168 : Rome, projet de Michel-Ange pour la
place du Capitole.
a- Principes esthétiques
105
b- Partie architectural : L’intervention a pour objectif d’affirmer l’aspect politique de
l’espace au détriment de l’aspect religieux. L’architecte a masqué l’église Santa Maria
Dell Aracoeli par le palais neuf
Michel-Ange a opté pour une rénovation des anciens palais dans un objectif de les
apparenter avec le style des palais de la Renaissance. La recherche de l’unité est la
caractéristique du traitement des façades des palais, dont la monumentalité est obtenue par
l’exploit des contrastes entre matériaux et par l’exaspération de l’ordre.
Sénat : assemblées politiques les plus importants. Palais des Sénateurs est un édifice dans
lequel siège cette assemblée.
C’est un palais construit sous la tradition médiévale, il avait un plan compact précédé par
deux avant-corps. Les avant-corps se sont substitués aux tours d’angle de la période
médiévale
20
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architectue : les formes et les styles de l’antiquité à nos jours, Op.
Cit., p. 150.
106
Nature de l’intervention
- Michel-Ange a modifié l’aspect du palais pour l’apparenter avec le type de Palais à
Socle. (palais Caprini de Bramante)
- L’architecte créé un contraste saisissant entre le rez-de-chaussée traité en bossage et
l’étage établie en ordre de colonnes corinthiennes.
C’est le bâtiment qui constitue le siège des partisans des institutions traditionalistes. Il est
construit sous la tradition des palais publics italiens avec un portique en arcades au rez-de-
chaussée.
107
Séance 9
L’ESPACE PICTURAL DU XVe siècle
Introduction
Au cours du XVI e siècle, on note une variété dans l’expression plastique. Chaque artiste
élabore une valeur spécifique pour l’art. Ce qui préoccupe Léonard de Vinci est le rapport
entre art et science. Pour cet artiste, l’art est une cause mentale, alors que Michel-Ange
élabore une valeur idéale pour l’art en soi. L’objectif du cours est d’étudier les spécificités
de l’espace plastique du Cinquecento à travers la comparaison de l’œuvre de Michel-Ange et
celle de léonard de Vinci.
- Il voyait que la peinture est la meilleure forme d’art, il disait que «la sculpture est un
travail purement mécanique».
L’objet de la peinture
109
Principes de l’œuvre de léonard de Vinci
Cette période pour Leonard est celle de l’expérience du Dernier dîner ou la Cène en S.
Marie des Gracies à Milan où l’artiste expérimente de nouvelles couleurs et de nouveaux
effets lumineux latéraux pour augmenter les effets de relevé des personnages et la
perspective. La technique picturale utilisée par Leonard (différente de la fresque) a créé
beaucoup de problèmes de maintenance.
Dans les portraits l’artiste a utilisé un « atmosphère » mystérieux, voilée par la lumière
des profondes perspectives où s’évanouit le rapport entre la nature et l’humanité.
II-Analyse d’œuvres
110
L’œuvre de Michel-Ange, jeune
rival de Léonard de Vinci : la
bataille de Cascina, devait prendre
place dans la salle du grand conseil,
du palais Vecchio, en face de
l’œuvre de Léonard de Vinci.
On a souvent mentionné que Léonard de Vinci a utilisé la cire d'abeille dans ses enduits.
Cette nouvelle technique, inventée par l’artiste, a empêché les couleurs de sécher. Dans les
parties hautes de la fresque, les couleurs ont coulé et se sont dilués.
Après cet échec, Léonard abandonne La Bataille d'Anghiari sans l'achever et quitte Florence
en 1506. Incomplète, de dimensions réduites : 6 mètres par 4 par rapport au projet initial
(17X7m). Elle représente un groupe de cavaliers au combat.
Pour les artistes de la Renaissance, la bataille d’Anghiari est la plus importante œuvre de
Léonard de Vinci.
On garde des copies de l’œuvre : une de ces études, aujourd'hui au Louvre, fut attribuée à
Rubens. Dans le Palazzio Vecchio, cette œuvre a été remplacée par "La bataille de
Marciano" de Vasari
Actuellement, l’ingénieur italien Maurizio Seracini qui applique des techniques de la
physique à l’analyse des œuvres d’arts, pense que la bataille d’Anghiari, fresque de Léonard
de Vinci, réputée perdue se cache derrière l’un des murs du Palazzo Vecchio de Florence
Analyse de l’œuvre
Attitude de Léonard de Vinci : Attitude
analytique (excès d’analyse)
Objet de l’œuvre:
Traduite l’émotion qui se dégage de la
scène de guerre.
Selon Léonard de Vinci : la guerre est
« une folie hautement bestiale »
Composition :
En spirale, un espace serré qui dégage
une grande tension
Description :
Les corps de combattants et de leurs chevaux sont coincés les uns dans les autres.
111
Techniques de représentation :
Peinture picturale et non linéaire.
La profondeur est rendue par l’opposition des tâches sombres et clairs non pas par le dessin
linéaire. Il « dissout » les corps dans le fond : absence de cerne.
Expression de l’état d’âme: L’angoisse et la terreur sont rendues:
- par les gestes et les mouvements (les corps sont tordus)
- Par l’expression du visage
Anatomie: Travail poussé sur l’anatomie.
Rendu du mouvement : Composition en spirale, corps en mouvement.
Conclusion : Léonard de Vinci a voulu transmettre sa vision de la guerre.
En décrivant ce tableau, Léonard de Vinci disait « La poussière doit être teintée de sang et
devenir une boue rouge…d’autre doivent mourir en serrant les dents, en roulant les yeux, en
pressant leurs points sur leurs corps, les jambes tordues… et la terre retournée, porte les
traces des pas des hommes et des chevaux »
2- La bataille de Cascina
Description : Michel-Ange est allé vers l’abstraction du sujet de la bataille. Il a représenté
les soldats florentins, au moments où ils étaient entrain de se baigner, avertis de l’approche
de l’ennemi, ils se sont précipités pour s’habiller et saisir leurs armes.
Composition :
Composition sculpturale:
Les corps sont situés dans l’espace comme des statues.
Il représente les soldats dans un mouvement ascendant entrain de quitter la rivière pour
s’habiller.
Le tableau est divisé en 3 registres:
1- Ceux qui sont encore dans la rivière
2- ceux qui ont quitté la rivière et ne se sont pas encore habillés
3- Ceux qui se sont habillé
Techniques de représentation : Peinture linéaire et non picturale.
- La profondeur est rendue par le dessin non pas par la couleur
- La couleur à un rôle secondaire;
- Le fond est neutre.
- Similitude avec la sculpture.
Rendu du mouvement :
- Les corps sont représentés dans des attitudes violentes de torsion.
- Un grande souplesse du corps
- Maîtrise de l’anatomie
3- La chapelle Sixtine
À l'heure actuelle, la chapelle Sixtine fait partie des musées du Vatican.
C'est dans la chapelle Sixtine que les cardinaux, réunis en conclave, élisent chaque nouveau
pape.
-La chapelle doit son nom de « Sixtine » au pape Sixte IV, qui la fit bâtir de 1477 à 1483.
112
L’architecte de la chapelle Sixtine est Giovanni dei Dolci.
- Son plan : une salle rectangulaire de 40 m de long, 13 m de large et 21 m de haut (on
remarquera que 21/13=1,61 qui est le nombre d'or,
- Elle est couverte par une voûte en berceau, éclairée par 12 fenêtres cintrées.
- Le sol est couvert de marbre
Les Fresques
Situation de la chapelle : Palais
du Vatican à Rome
Artiste : Michel-Ange
Date de réalisation :
1508 - 1512 : Il a décoré la
voûte en fresque, Dim : 13x36m
1536 -1541 : Il a décoré le mur
en fresque
Œuvre : « le jugement dernier »
Dim : 12,20x13, 70m
Figure 177 : Michel-Ange, Le
Jugement dernier, détails des peintures
de la chapelle Sixtine, Vatican, Rome,
in ; Jacek Debiki, Jean-François Favre,
Dietrich Grunewald, et Antonio
Philippe Pimentel, Histoire de l’Art : peinture, sculpture et architecture, Op. Cit. p. 116,
Lecture de la fresque :
La fresque est divisée en 3 zones symbolisant les 3 états de l’existence :
1- Au milieu, il représente le monde de l’au-delà (dieu et les anges)
3- En bas, les ancêtres du Christ, exclu du monde de l’au-delà (dans les tentures et les
pendentifs)
2- Les prophètes et les sibylles: la zone intermédiaire
113
a- Techniques de représentation
La hiérarchisation entre les divers états d’existence se fait graphiquement et non pas
symboliquement. L’artiste a supprimé les auréoles qui distinguaient autrefois les saints.
Il a procédé ainsi :
Les prophètes, les
anges et les saints
sont représentés avec
des corps d’athlètes.
Pour la
représentation des
ancêtres du christ et
des diables, il a
diminué le relief :
corps aplatis.
Figure 179 ; Michel-
Ange, détails des
peintures de la voûte de la chapelle Sixtine, Vatican, Rome. A Gauche, Le prophète Daniel (corps parfait), au
milieu les diables enchaînés (absence de relief) et en bas : Ancêtre du Christ (peuple Juif).
C’est un genre pictural destiné à jouer sur la confusion de la perception : devant l’œuvre le
spectateur est trompé sur les moyens d'obtenir cette illusion.
Les œuvres ressemblent à des sculptures ou des bas-reliefs alors qu’ils sont dessinés à la
fresque.
La séparation se fait par l’usage des éléments architectoniques (pilastres) dessinés en trompe
l’œil. Les pilastres sont couronnés de putti cariatides
114
Pour imiter la sculpture, il accentue le relief par :
- La technique du modelé (la lumière qui suggère la profondeur)
- Les angles aigus
- Le fond est neutre (absence de la végétation
- Jonas est représenté dans une attitude de torsion, encadré par deux pilastres.
- Les pilastres, sont couronnés par des putti- cariatides.
- A côté de Jonas, Michel-Ange a représenté le poisson qui a avalé le prophète. Anatomie :
Corps parfait
115
Figure 182 : Michel-Ange, détails des peintures de la
voûte de la chapelle Sixtine :Jonas , Vatican, Rome.
b- Le prophète Joël
c- La Sybille de Delphes
Figure 184 : Michel-Ange, détails des peintures de la voute de la chapelle Sixtine : La Sybille de Delphes,
Vatican, Rome.
116
Technique de représentation:
Le dessin des corps des ancêtres du christ
manque de relief. Michel-Ange a procédé
ainsi pour les distinguer des prophètes et
des saints.
1- Le jugement Dernier
Description : Après avoir trouvé la vie, les morts s’envolent vers le Christ, situé au milieu et
s’entassent autour de lui:
-Les bienheureux sont à droite
-Les malheureux chutent à l’enfer
Au-dessous du christ, on voit les anges avec la trompette et le livre des élus annoncant la fin
des temps.
Souvent, le Christ est représenté assis sur le trône, barbu entouré par les apôtres et il lève
le doigt pour condamner. Michel-Ange a fait une composition mouvementée:
- Il représente un jeune athlète, sans barbe, le bras levé pour annoncer la fin du temps.
La vierge se serre contre lui, elle tourne la tête pour ne pas voir le spectacle.
117
Figure 187 : Michel-Ange, Le Jugement dernier, détails des
peintures de la chapelle Sixtine : « Le Christ, la vierge et les
martyres » Vatican, Rome.
Les élus
-Sont représentés heureux en train de s’embrasser
-Les corps sont très entassés
-Ils n’ont pas l’impression d’être au paradis.
-Au premier plan : Saint André
-Au fond on reconnaît Job, avec sa barbe blanche.
Les damnés
Au-dessous du christ, les anges et les damnés luttent à coup de poings, en une mêlée
sauvage.
118
Représentation : 3 acteurs différents :
-Les anges qui empêchent les damnés de
remonter au paradis
-Les damnés
-Les diables qui tirent les damnés vers l’enfer.
-Les damnés sont représentés en état de chute:
leurs péchés ainsi que les diables les tirent
vers l’enfer.
Figure 190 : Michel-Ange, Le Jugement dernier, détails des peintures de la chapelle Sixtine, La barque de
Charon, Vatican, Rome
119
Raphaël , le peintre de la Beauté
Raphaël(1483-1520) est l’une des figures les plus
emblématiques avec Michel Ange et Leonard de Vinci de
la Haute Renaissance Italienne. Les biographes, critiques
et artistes s’accordent à dire qu’il a réussi à montrer
mieux que quiconque la beauté suprême, la Grâce.
Figure 191 : Raphël, La Vierge dans la prairie » (1506)
120
Séance 10
Palais, projets urbains et villes de la Renaissance
Une grande contribution donnée par la renaissance à l’urbanisme est constituée par les
premières études « scientifiques » sur la forme et sur l’organisation de la ville; Etudes
déterminées par des raisons théoriques et par des motifs d’ordre pratique, surtout la
découverte des armes à feu, qui a révolutionné les œuvres défensives des villes fortifiées.
Les nouvelles formes, de dessin géométrique, avec la prédilection de la forme radiale sont
déterminées par des principes défensifs et symboliques.
I- Le palais urbain
Le modèle du palais Florentin caractérisé par un plan compacte articulé autour d’une
cour et desservie par un vestibule a été
conservé. Au cours du XVIe siècle, on
note une évolution relative au
traitement de la façade sur rue qui
demeure un champ d’expérience du
langage classique permettant la création
de nouveaux modèles de palais urbains.
Figure 194 Palais Caprini, Bramante (1510)
1- Le palais Caprini
121
Le palais Caprini a connu une grande diffusion. Sur ce modèle, sont construits le palais
Caflarelli-Vidoni, par Raphaël, le palais Ossoli (1550) et le palais Spada : dessins de
Raphael (réalisé en 1550 env.)
2- Le palais Farnèse
Caractéristiques :
Figure 198 : Palais Farnèse ; à droite : le plan et à gauche : façade sur cour
La différence des niveaux est marquée aussi par un traitement particulier des ouvertures :
- rez-de-chaussée : les fenêtres rectangulaires ;
122
- premier étage : l’alternance des fenêtres à fronton triangulaires et curvilignes ;
- deuxième étage : fenêtres à fronton triangulaire.
- Le tout est couronné par une corniche.
Marquage des limites, qui a pour but l’affirmation de la monumentalité : usage d’un
pourtour en pierre de taille.
1- Etudes urbaines
Au cours de cette période, plusieurs architectes européens ont rédigé des traités pour la
réalisation des villes idéales. Deux facteurs ont contribué à la transformation et à la diffusion
de l’urbanisme en Italie et en Europe:
c- L’affirmation définitive des grandes monarchies qui ont bâti des palais royaux,
Châteaux, centres politiques et administratifs.
En Espagne Charles V° a bâti plusieurs résidences : Toledo, Granada, Burgos, Valladolid et
a révolutionné les villes avec la construction des palais, écoles, hôpitaux et églises avec des
interventions dans les tissus urbains existants.
Philippe II° a fixé son capital à Madrid et dans les années 1561 a fait bâtir l’Escurial.
d- Le développement économique, financier et commercial de quelques villes comme
Augusta en Allemagne, Anvers, Lisbonne, Cadix et Séville, ports commerciaux pour les
trafics avec les nouvelles Amériques ; Lyon, Rouen et Le Havre importants pour le
développement industriel et Genova et Messine villes - ports commerciaux dépendants de
l’Empire espagnol.
Hors de l’Europe en Amériques, l’Espagne et le Portugal vont bâtir les premières villes
coloniales comme : la Havane et Santiago de Cuba, Oaxaca, Vera Cruz à Mexico ou encore
Lima, Buenos Aires, Bogotà, Conception,
Caracas et Manille.
Les premières villes en Amériques sont
semblables et prennent comme schéma de
projet la conception orthogonale des villes
romaines nées dans des campements militaires.
123
2- Baldassare Peruzzi - schéma d’une ville à
plan décagonal.
6- P
lan
im
étri
e de la ville de Sabbioneta Ŕ édifié par Vespasiano
Gonzaga en1560 :
La ville a deux portes ; les murs d’enceintes sont en
forme d’hexagone, le plan comporte trente îlots de
forme carrée ou rectangulaire, une maille orthogonale
des routes, deux places, au tour de celle principale se
trouvent les bâtiments civils et religieux les plus
important.
124
7- Daniel Spekle Ŕ dessin
d’une ville idéal -1589.
125
Principe de la fortification bastionnée :
Pour masquer la forteresse à l'assaillant, l'accès se fait par une légère pente montante, le
glacis. Ce dernier permet également aux défenseurs de tirer plus facilement, alors que les
attaquants sont gênés. Pour éviter les angles morts, les bastions remplacent les tours
féodales, ils assurent le même rôle de flanquement des courtines. Ces dernières sont
accompagnées d'épais remparts qui servent de chemin de ronde et de mise en batterie de
l'artillerie.
126
Séance 11 :
Villas maniéristes et architecture civile
127
Caractéristiques
stylistiques du maniérisme
Introduction
Pendant la seconde moitié du XVIe siècle se déploie une intense activité de production
théorique sous forme de traités. En se référant à De Architectura de Vitruve, ces ouvrages
visent à fournir, à travers la définition du véritable ordre, un paradigme grammatical de
composition pour chaque partie de la figure et un modèle21. Le traité qui est entrain de se
rapprocher de la forme qui sera celle du manuel, permet une comparaison visuelle
immédiate, une analyse et une identification « des unités stylistiques » des édifices. Les
ouvrages les plus célèbres : les Sept Livres d’architecture de Sébastiano Serlio (à partir de
1537) et la règle des cinq ordres de Vignole, évoquent une architecture universelle, valable
pour tous.
Ces traités accordent un intérêt particulier aux villas suburbaines qui ont connu une
évolution considérable. Ceux-ci ont évolué en incarnant la notion du confort visuel qui
devait être atteint à travers l’aménagement de jardins, en impliquant un nouveau rapport
avec le site. Il s’agit de suivre cette évolution.
21
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architecture : les formes et les styles de l’antiquité à nos
jours, Op. Cit., p. 152.
128
Caractéristiques des villas romaines
La grande originalité de la villa romaine, c’est d’avoir été façonnée par les hauts
représentants de l’Église Catholique. Les papes ainsi que les membres de leurs familles
veulent se retirer de la ville et résider dans les
collines de la campagne romaine
En s’inspirant des modèles antiques, deux types d’édifices se fixent au XVIe siècle : la
villa rustique et la villa suburbaine.
a- La villa rustique : ce type de villas est caractérisé par un espace ouvert, les pièces
d’habitat s’articulent autour du jardin, exemple: la
villa Madame et villa Giulia.
c- Points communs :
Les façades extérieures des villas romaines sont
d’une grande simplicité (dépouillé), par contre, les
intérieurs : jardins et salons (dissimulés aux regards
extérieurs) sont fastueux.
129
2- Caractéristiques de jardins à l’italienne
Le jardin à l'italienne naît sur les collines qui bordent l’Arno à Rome, ou dans la région de
Florence.
Raisons : Volonté de se retirer de la ville : un espace qui permet la méditation.
- Inspirés des jardins romains, ils reflètent l’esprit humaniste.
La Villa Médicis,
Date de réalisation : 1485-1519
Propriétaire : Laurent de Médicis
Architecte : Giliano da Sangallo
Situation : Poggio à Caiano, entre Florence et Pistoria
Plan : Compact
130
Le jardin est une articulation entre l’architecture et le paysage
A Giardino Segreto
B Loggias
C Terrasse
D Jardin de citronniers
E Pergola
F Jardin inférieur
Hortus Conclusus: jardin secret (giardino segreto) jardin subdivisé en 4 parties autour
d’une fontaine
Pergola: n.f. Petite construction de jardin composée de poutres horizontales reposant sur des
piliers légers et destinés à servir de support à des plantes grimpantes.
Loggia, n.f. Pièce à l’étage d’un bâtiment, entièrement ouvert sur l’extérieur et sans
menuiserie
131
II- Analyse de villas romaines
1. 1- La Villa Madame
Parti architectural
L’espace est divisé en deux parties:
- Les appartements d’hiver sont situés au sud (pour se réchauffer au soleil).
- Les appartements d’été sont orientés vers le nord. Ceux-ci s’ouvrent sur un jardin pour se
rafraîchir aux heures chaudes d’été.
1- Vestibule
2- Loggia servant de salle à manger
3- Jardins
4- Appartements construits
5- Appartements d’hiver (non réalisés)
6- Loggia ouvrant sur la campagne
7- nymphée (grotte souterraine : abrite le culte des nymphes : divinités des eaux).
8- Théâtre à l’antique
132
Figure 207 : Rome, plan de la villa Madame
F
igure 208 :
Partie
réalisée de
la villa
Madame.
Figure 209 : Rome, la villa madame, façade sur cour et détail des
ouvertures
133
Le jardin :
134
Le parti architectural le plan masse comporte deux éléments distincts :
- Une maison ayant une façade sur la rue et une face postérieure donnant sur la cour
- Au fond, existe un jardin ayant un axe qui constitue le prolongement de l’axe central
de la Villa.
Caractéristiques : Le principe de
l’organisation est basé sur la surprise et
le paradoxe. A chaque fois qu’on
évolue dans l’espace, on découvre de
nouveaux éléments : A la rigueur de la
façade sur rue, s’oppose la façade
concave donnant sur la cour. Au second
plan, se situe une loggia servant de
salle à manger et ouvrant sur le jardin.
Cet espace offre différents points de
vue.
Figure 214 : Rome, la villa Giulia, façade sur
cour
135
- La référence à l’architecture antique se manifeste dans le portail de la villa qui rappelle
les arcs de triomphe.
- Usage du bossage (ce qui donne une impression de puissance).
Espace intérieur : La cour qui est de forme semi-circulaire donne sur deux loggias qui se
font face. Au centre du 1er jardin se trouve le nymphée (grotte souterraine), auquel donne
accès deux rampes courbes. La cour, le nymphée et le jardin clos sont les séquences
spectaculaires d’une scénographie conjuguant nature, mythologie et architecture.
Figure 216 : La villa Giulia, La loggia de la cour offre une vue sur le nymphée dont le pavement en mosaïque
célèbre les divinités marines
Figure 217 : Rome, la villa Médicis, façade donnant sur le jardin et vue sur la loggia
136
2.1- La Villa Médicis
2-2 : La Farnèsie
137
IV- Contemporains à la Renaissance :
Palais de L’Alhambra, Grenade 1390
138
Le palais des Lions (deuxième moitié
du XIVème siècle) abrite cette
magnifique cour des lions avec une
fontaine centrale.
139
Un système hydraulique ingénieux
140
Séance 12
LES VILLAS PALLADIENNES ET EGLISES DE LA CONTRE
REFORME
Introduction
Les villas rustiques dont la réalisation était limitée au début du siècle, trouvent une
amplification considérable dans la seconde moitié du XVIe siècle, en Vénétie ou Andréa
Palladio (1508-1580) a pu imposer un nouveau modèle.
S’appuyant sur une connaissance parfaite de l’antiquité étudiée et analysée dans son
traité : Les quatre livres d’architecture, en 1570, il a pu constituer des indices relatifs à la
façon de penser l’édifice architectural. Il s’agit d’étudier les spécificités de l’œuvre de
Palladio.
Architecture religieuse :
- Contre-réforme et style jésuite.
a- Académisme
Traités : Vocabulaire codifiant l’utilisation des ordres:
Giacomo Barozzi, dit Vignole, Règles des cinq ordres d’architecture, 1562
Andréa Palladio : Quatre livres de l’architecture, 1570
Dans son traité : Les quatre livres d’architecture, il reprend l’opération albertienne : la
gestion de l’objet par le trio : forme-figure-image. Son traité se présente comme une série
de planches, dans lesquelles il concile trois rôles possibles du dessin : le projet, le relevé et
enfin la reconstitution idéale de l’Antiquité. Tous ces types de dessin constituent des façons
de penser l’édifice.
22
Manfredo Tafuri, Architecture et humanisme de la Renaissance aux réformes, Op. Cit. p.110.
141
Palladio reconstruit et étudie analytiquement à l’aide du dessin, les monuments antiques.
Leur reconstitution s’effectue à partir de principes de hiérarchie, de symétrie et de division.
Et, pour chaque édifice, il reproduit systématiquement le plan, l’élévation, la coupe et les
détails.
Les édifices projetés par Palladio sont constitués à partir de fragments de l’antiquité qui,
replacé au sein d’un nouvel ordonnancement syntaxique (succession des parties) acquiert
une nouvelle unité de sens. Il détermine ainsi un nouveau rapport de dimensions dans la
suite des propriétés d’usage : pièces plus grandes au centre, avec des locaux plus vastes aux
extrémités. Par ailleurs, en élévation, l’image permet d’articuler les grandeurs des parties
visibles sur le plan en fonction de l’organisation des éléments de la construction. L’usage de
fragments de l’antiquité joue le rôle d’éléments signalétiques permettant de hiérarchiser les
espaces selon leur fonction. Pour ennoblir la résidence par exemple, il suffira de recourir à
une façade de temple.
- Les œuvres de Palladio n’ont pas l’aspect singulier (villa Giulia ou la villa Madame).
- Palladio ne fait pas d’œuvres singulières mais il fait de séries d’œuvres reliés entre
elles.
- Les Villas de Palladio sont des villas sises en Vénétie, surtout dans la Province de
Vicence
- On dénombre 24 villas qui ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO en 1994.
142
1- La démarche de Palladio
Les villas palladiennes répondent à une demande des grandes familles vénitiennes qui
investissent dans l’agriculture. Ils avaient besoin des maisons confortables et fonctionnelles.
Les villas palladiennes sont dictées par une double fonction : résidentiel et agricole, afin de
stoker la récolte et loger les animaux. :
-Palladio place la maison seigneuriale au milieu (1).
Il distribue autour de la maison centrale, les dépendances agricoles (2) : les barchesses.
Figure 227 : Schéma du 1er type des façades palladiennes constituées par
une loggia percée par trois ouvertures
143
Le 2ème type empreinte le fronton et les colonnes d’un temple antique. (Villa Barbaro)
Enfin, le troisième type, qui est le plus innovant et moderne présente deux loggias, l'une
au-dessus de l'autre à l’exemple la villa Cornaro (1553-1556).
1- La Villa Godi
Situation : Vicence
Date de réalisation : 1537-1542
Description : Composée d’un
volume central (maison
seigneuriale) et de deux volumes
latéraux disposés en ailes (les
barchesses).
Principes de conception
1- Le Plan :
Recherche de l’unité
- Symétrie parfaite
- Système modulaire : usage du carré et du rectangle
- Alignement des baies
- Le plan de la maison seigneuriale est symétrique selon deux axes.
144
Remarque : cet ensemble manque d’unité, l’espace n’est pas compacte, c’est un groupement
de volumes.
Façade principale
Principes : distinction entre
l’espace résidentiel et les
dépendances.
Elle appartient au 1er type des
façades palladiennes.
- L’entrée est soulignée par une
arcade triple.
- La façade est caractérisée par
la verticalité, elle est accentuée par
les deux avant-corps corniers.
- La verticalité du corps central
s’oppose à l’horizontalité des
dépendances agricoles.
Figure 231 : Plan de situation des villas Palladiennes.
2- La Villa Barbaro
Situation : Maser
Propriétaire : Daniel Barbaro
Date de réalisation : 1560-1568
Description : La maison seigneuriale se situe au
centre, alors que les dépendances agricoles sont
situées de part et d’autre.
Figure 234 : Villa Barbaro, plan masse
145
Les barchesses sont abrités par des galeries qui permettent aussi de camoufler les
dépendances (Il s’agit d’un espace moins agréable que la maison).
1- Le Plan
- Symétrie
- Système modulaire : le carré et
le rectangle.
- Centralité du logis seigneurial :
- Le salon (S) forme de croix est
situé au milieu, autour duquel se
développent toutes les pièces.
2- La façade
Remarque
- Le modèle de la villa Barbaro se rapproche des villas romaines (villa Giulia) ;
- Palladio a intégré un nymphée (grottes sous terraines abritant le culte des nymphe :
divinité des eaux)
- A partir du nymphée, Palladio a crée un système hydraulique permettant
l'approvisionnement en eau de la villa, des dépendances, des jardins et des cultures alentours.
3- La villa Cornaro
146
Caractéristiques du Plan
- Symétrie
- Système modulaire
- centralité du logis seigneurial : le salon
central (S) forme un carré autour duquel
Palladio distribue les autres pièces de la
maison.
- La maison est accessible par deux
entrées symétriques, précédés par un
portique et deux grands volets de
marches.
Figure 237 : Plan de la villa Cornaro par
Palladio.
La façade
C’est le dernier type des villas
vers lequel Palladio a évolué.
Elle est caractérisée par :
- La superposition de deux
loggias au niveau de la façade
-Fusion du domaine seigneurial
et du domaine des communes.
Caractéristiques
C’est la plus grande réussite de Palladio car :
- Elle constitue l’aboutissement des recherches de Palladio sur le plan centré.
- C’est la manifestation des principes classiques.
- Elle est adaptée au territoire qui l’entoure : paysage des collines qui l’entourent.
Le Plan
Plan centré en croix latine constitué par :
- un salon circulaire, couvert par une coupole.
147
- la salle centrale est entourée par 4
loggias ouvrant sur le pronaos.
- la maison est accessible par
4 entrées.
- Les entrées sont précédées de
grands volets de marches.
- Le plan est symétrique selon 2
axes.
- Les services sont regroupés dans le
soubassement.
La façade :
Façade est identique à celle d’un temple ionique : usage de l’ordre ionique. Le tout est
couronné par un fronton triangulaire.
Références théoriques
Dans la villa la Rotonda, c’est le plan de
tempietto de San Pietro in Montorio de
Bramante (déjà cité dans le Livre IV de son
traité au même titre et au même niveau que
les modèles antiques) qui, devient l’élément
organisateur : une salle centrale ronde dont
la coupole ne couvre plus un autel mais une
pièce noble d’une demeure privée.
Remarque :
La villa Capra était considérée comme
un chef-d’œuvre et un modèle à imiter.
Son importance n’est pas due
uniquement à ses valeurs esthétiques, mais
aussi a sa valeur théorique. Elle figure dans
le traité de l’architecture : Quatre livres de
l’architecture de Palladio.
Le bâtiment est considéré comme un
manuel technique de construction
classique : toutes les principales
composantes d’un édifice, des fondations
au toit, y étaient explicités. La villa a servi
de modèle pour près de trois siècles.
148
Conclusion :
Les villas palladiennes sont caractérisées par un même parti architectural dicté par la
double fonction :
Ainsi on trouve toujours le logis seigneurial au centre, et les dépendances agricoles sont
toujours disposées en ailes symétriques abrités par des galeries. (Palladio fait l’analogie
entre la maison et le corps humain).
Malgré leur aspect fonctionnel, ces œuvres gardent un aspect maniériste.
Chez Palladio, l’attitude maniériste se manifeste par le changement de sens de certains
éléments de l’architecture religieuse et leur emploi dans l’architecture profane :
- plan en croix
- la coupole centrale
- les frontons et les colonnes des temples antiques.
Si les villas projetées par Palladio ont des caractéristiques en commun : une symétrie
planimétrique des chambres organisées autour d’une salle centrale et une façade avec un
fronton classique qui n’est pas seulement une invention esthétique mais un symbole de
valorisation pour une maison privée. Dans les projets des palais à Vicence, Palladio a trouvé
plusieurs variété de solutions stylistiques comme dans le Palais de la Région, la Basilique,
le Palais Chiericati et dans le Palais Thiene (manifeste du maniérisme) et l’extraordinaire
solution scénographique pour l’intérieur du Théâtre Olympique où il a trouvé des
articulations et une flexibilité des normes mathématiques et géométriques qu'il a lui-même
élaboré.
Dans l’architecture des églises : San Francesco de la Vigne (1562), San Giorgio (1566) et
le Rédempteur ( 1576) réalisées à Venise, on trouve des métaphores des temples anciens
comme les façades qui deviennent un jeu scénographique où l’intérieur a un nouveau sens
de spatialité avec des solutions formelles importantes qui seront souvent imitées.
149
Figure 241 : à droite, façade de la basilique de Vicence, à
gauche : motif « serlienne »
150
II- Les églises de la contre-réforme
Divers bouleversements historiques survenus à la fin du XVIe siècle entraînent, dans tous
les arts plastiques, la recherche d’une nouvelle interprétation de l’Antiquité. L’architecture
religieuse a fait l’objet d’un développement
considérable.
Le plan de l’église de Gésu rappelle celui de Sant’ Andréa à Mantoue par Alberti :
- Plan longitudinal, apte d’accueillir un nombre important de fidèles.
151
2- L’église du Rédempteur
La Façade
- Dans cette façade, l’architecte combine 3 frontons qui soulignent les divisions de la
haute nef et des bas-côtés.
Le plan
Le plan est longitudinal, (model de la contre- réforme), mais la centralité de l’édifice est
soulignée par :
- L’usage de la coupole
- La forme du transept (circulaire)
- La croisée n’est pas affirmée
152
Séance 13
DIFFUSION DE LA RENAISSANCE
PREMIERE
PARTIE : LA
RENAISSANCE EN
EUROPE
1- LA FRANCE
Les rois de la fin du XVe siècle, en guerre contre l’Italie, découvrent dans ce pays des
formes nouvelles et ramènent des artistes en France.
Le premier souverain à s’épandre de la Renaissance était Charles VIII, suivi de Louis XII et
de François Ier. Les premières réalisations artistiques de la Renaissance française étaient
réalisées dans les années 1495.
Figure 245 : Château de Blois, Vers 1520. Tour d’escalier. Celui-ci est à vis et
s’ouvre comme un balcon sur la cour. Très riche ornementation renaissance.
153
François 1er avait choisi de faire de Fontainebleau sa résidence officielle, il y crée un foyer
d’italianisme. Il confie l’aménagement intérieur aux artistes italiens : Le Primatice (1504-
1570), Rosso (1494-1540) et Nicolo dell Abbate (v.1509-v.1574).
-Pierre Lescot (v. 1515-1578) réalise les transformations de Louvre
-Philibert Delorme (v.1510-1570) construit le château d’Anet et des Tuiliers.
-
2- ESPAGNE
décoré
Herrera (1530-1597) réalise pour Philippe II l’Escorial dans les environs de Madrid, vaste
complexe architectural
regroupant un monastère, un
palais, un séminaire, une
université, une bibliothèque,
un musée, un hôpital, et
abritant de tombeaux de
souverains.
154
EPAGNE
Style décoratif
Renaissance
3- ANGLETERRE
•Religion anglicane (HenriVIII) :
résistance à l’influence Romaine
jusque 1600
• Symétrie, éléments antiques mais
style général issu du gothique
perpendiculaire
Introduction
155
I- Contexte général
On sait que le monde ottoman était considéré comme l’un des grands empires de l’Islam
moderne. L’empire ottoman bénéficie d’un immense domaine : il s’est constitué sur les
terres que la puissance des mamelouks ne défendait plus, par delà la Syrie et l’Egypte
jusqu’à l’actuel Algérie. De Bagdad à l’Afrique du Nord et aux Balkans, un colossal empire
donnait à l’architecture toutes les ressources d’une fiscalité que garantissaient la science de
l’organisation et l’administration qui étaient celles des Ottomans.
Leurs monuments semblent être le reflet de leur méthode aussi bien que de leur grandeur.
Figure 249 : Carte d’extension de l’empire Ottoman, in : Robert Mantran (Direction de), Histoire de l’empire
Ottoman, Paris. Fayard, 1989, p.1-2.
-L’architecture ottomane est une architecture impériale : les mosquées ottomans, édifiés
dans les provinces de l’empire ont un objectif symbolique par le fait qu’ils expriment la
présence ottomane. On peut parler dans ce cas d’une architecture impériale.
-L’élément nouveau est l’usage de la grande coupole qui coiffe la salle de prières.
156
Problèmes posés : Comment adopter cette nouvelle volumétrie, issue de l’art byzantin aux
exigences rituels de l’islam : création d’un espace Barlong.
Tel est l’objet des recherches architecturales tout au long du siècle.
Traitement de la lumière :
Une répartition équivalente de la lumière, pour ne pas marquer une hiérarchie spatiale.
(Contrairement aux églises chrétiennes)
-Il en résulte : un espace plus transparent et plus élégant.
157
2- La Shézadé Djami [mosquée des Princes] à Istanbul
Esthétique architecturale:
-l’édifice possède une élégance et une légèreté remarquable
-Les minarets (81m) ont une forme aérodynamique
158
-Une architecture légère (contrairement à l’architecture antique)
Problèmes structuraux
-Comment pourrait-on supporter d’énormes coupoles en utilisant des murs aussi légers ?
-Diamètre de la coupole de Sainte Sophie = 32m env.
-Diamètre de la coupole de la Souleymania = 27m env.
Architecture byzantine : La coupole centrale décharge ses poussées sur les demi-coupoles
qui l’entourent.
3- La mosquée Suleymanié :
Une autre formule de composition apparaît dès 1484-1488 sous le règne de Bayazid II dans
l’œuvre élevé par Khayr al-Din : ce sont des complexes.
Les kulliyé s’articulent souvent autour des medersas auquel sont associé d’autres édifices
d’utilité publique : la bibliothèque, le restaurant, le hammam, etc.
Ces complexes traduisent la politique culturelle suivie par les sultans ottomans : diffusion du
savoir.
159
1- La Kulliyé de Bayazid II a Istanbul
Figure 254 : Kulliyé de Bayazid II à Edirne plan et coupe sur l’hôpital et l’asile des aliénés
Organisation :
C’est un complexe architectural qui s’articule autour de la faculté de médecine. on y trouve :
1- La moquée
2- Hôpital et asile des aliénés
3- Ecole de médecine
4- Cuisine et boulangerie
5- Madrasa et bibliothèque
Figure 255 : Vue sur la cour de mosquée de la Kulliyé construite par Bayazid II à Edirné.
On ne peut pas dire que l’art de la Renaissance a exercé une influence directe sur les
architectes ottomans, mais on sait qu’il existe des échanges culturels entre l’Occident
Chrétien et l’empire Ottoman.
Les premiers sultans ottomans s’intéressent à la culture occidentale. On sait que Mhemed
II, le conquérant (1451-1481) s’est entouré de savants, d’artistes et de techniciens grecs,
italiens et d’Europe centrale. Il s’intéresse à la religion chrétienne qui était celle de sa mère.
Il apprécie les arts occidentaux et la fin de sa vie, il a fait venir à sa cour le peintre Vénitien
Gentile Bellini.
Son fils, Bayazid II est comme son père, s’intéresse au monde occidental :
-Vers 1501, il a demandé à Léonard de Vinci de construire un pont sur le corne d’Or
-L’opération n’a pas dépassé les études et esquisses. Avec une vérification des calculs, on
prouve la possibilité de l’exécution de l’œuvre.
161
Chap. 3 : L’âge Baroque (XVIIe siècle)
Séance 14 :
CARACTERISTIQUES DE L’ESPACE URBAIN BAROQUE
Introduction
162
3- Rivalités religieuses en Europe au XVIIe siècle (voir carte)
Sur le plan politique, l’Europe du XVIIe siècle est divisée en Quatre principales dynasties :
a- La dynastie des Habsbourg règne sur :
- 1- l’Espagne
- 2- Les pays Ŕbas
- 3- Le sud de l’Italie (royaume
de Naples)
- 4- L’Autriche (Vienne).
La dynastie des Habsbourg est
la dynastie des rois hérités de
Charles-Quint. Elle est divisée
en deux branches : les
Habsbourg d’Espagne et les
Habsbourg d’Autriche.
b- Les rois de France, et
c- Les rois d’Angleterre et
d- Les rois des provinces unis
(sainte empire) sont les
principaux rivaux des rois
d’Espagne.
Figure 258 : Carte de l’Europe au XVIIe Siècle. Les principales dynasties en Europe.
163
5- Réforme et Contre-réforme
Amorcée dès le XVe siècle et culminante au XVIe siècle, la Réforme protestante est
animée par la volonté d'un retour aux sources du christianisme. Commencée par Martin
Luther en Allemagne et poursuivie, plus tard Jean Calvin à Paris et Genève, la Réforme
protestante touche la majeure partie de l'Europe du Nord-Ouest.
A cette époque, l’art n’a pas pour objectif de reproduire la réalité (pour Brunelleschi : la
réalité et son image sont identiques et superposables), il n’est plus considéré comme un
moyen de connaissance (pour Léonard de Vinci : le dessin est une cause mentale ». Ce qui
préoccupe les artistes de cette époque c’est surtout le rapport entre art et rhétorique : c’est la
communication visuelle et ses effets psychologico-émotionnels.
164
II- INTERVENTIONS URBAINES A ROME AU XVIIe SIECLE
1- Le projet d’aménagement de
Rome
Principes de l’intervention:
a - Faciliter l’accès aux stations de
pèlerinage,
b-Alimentation en eau potable,
c- Edification de nouveaux édifices
symboliques : Palais Gouvernementaux
et églises.
Figure 259 : Plan d’aménagement de Rome à la fin du XVIe siècle : les églises célèbres sont marquées par des
obélisques.
Remarque : Pour répondre à l’objectif fixé par le pape en faisant de Rome une cité Sainte
(un lieu de pèlerinage), l’architecte devait faciliter l’accès aux stations de pèlerinage.
165
Principes de l’intervention
Le Pape a voulu donc faciliter la route pour tous ceux qui veulent visiter les lieux
Saints de Rome. Le plan réalisé a servi de moyen de propagande dans la mesure où il facilite
la visite des lieux saints. De ce fait, la ville a acquis une valeur idéologique, elle devient
effectivement une Citta Santa, alors que les villes du Moyen-âge et de la Renaissance étaient
des mondes relativement statiques et fermés, la nouvelle capitale devient le centre des forces
qui rayonnent pour tout un univers.
166
c- Edification de nouveaux monuments symboliques
Le pontife affirme alors son autorité en se faisant construire un nouveau palais d'été, le
Quirinal, devenu palais royal, puis résidence du président de la République, qu'en donnant
leur aspect actuel aux vénérables hauts lieux du christianisme le palais de Saint-Jean-de-
Latran et église Sainte-Marie-Majeure, dont toute la façade postérieure est édifiée dans des
formes que l'on peut qualifier de triomphales.
Palais du Quirinal : Commencé par Grégoire XII en 1573 pour en faire la résidence
estivale des papes, la construction du palais s’est poursuite plus tard et plusieurs grands
architectes et artistes apportèrent leur contribution à l'ouvrage avent qu'il ne prenne sa forme
actuelle vers 1730. Domenico Fontana dessina la façade principale, le Bernin l'aile étroite
qui borde la via del Quirinale, et Carlo Maderno la chapelle Pauline et le grand portail
d'entrée surplombé des saints Pierre et Paul sculpté par Maderno et Berthelot. Résidence des
rois à partir de 1870, puis du président de la République en 1946.
167
III- ETUDE D’ENTERVENTIONS URBAINES.
Plusieurs places publiques ont été réaménagées dans l’objectif de mettre en valeurs les
lieux sacrés. Conçus avec une conscience
scénographique, certaines places publiques
baroques ont été conçues dans l’objectif de
faire de l’église un point focal de l’espace
urbain.
168
Dans l’objectif de toucher les foules, le
baroque se sert de la théâtralité. L’église devient
le point focal de l’espace. La composition est
dominée par la façade de l’église. Devant
l’église partent les courbes concaves et
convexes de l’escalier, créant ainsi un espace
dynamique et vibrant.
Figure 268 : Rome, plan des escaliers de la place d’Espagne.
La composition est dominée par la façade de l’église qui devient un point focal de
l’espace. Devant cet espace partent les courbes concaves et convexes des escaliers, créant
ainsi un espace vibrant et dynamique.
169
Aménagée à la demande des Papes Pie VI et Pie VII au XVIII ème siècle, la place del
Popolo est caractérisée par sa géométrie dynamique résultant de l’usage de la forme ovale.
Le centre a été marqué par un obélisque.
L'obélisque qui se trouve sur la Piazza del Popolo date de l'époque de Ramsès II. Il a
été rapporté d'Égypte par l'empereur Auguste en 10 av. J.C. C'est l'un des premiers
obélisques à avoir été transporté à Rome. Il a été au début, dressé au centre du Cirque
Maxime. Cet obélisque a été déplacé au centre de la place par le Pape Sixte Quint.
Présentation :
A l’échelle urbaine : L’église devient un point focal de l’espace, elle vit en perpétuelle
interaction avec les éléments qui la bordent. Sa coupole constitue la seule grande masse de
cet ensemble urbain. Dans ce cas, l’église et la place se trouvent placés dans un rapport de
dépendance, par lequel, l’espace extérieur semble pénétrer dans le volume de l’édifice.
170
naissance à une légende. On racontait que les statues du Nil et du Rio de la Plata, le bras
levé dans un geste de défense, voulaient se protéger de la façade près de s'écrouler.
La question de l’espace devient centrale dans l’art baroque : les innovations à l’échelle
de la ville s’opèrent au nom d’une conception fondée sur la continuité du bâti, sur
l’intégration entre espace externe et espace interne à la construction et sur la valeur
scénographique de l’espace.
Les thèmes présents dans le programme de réaménagement de Rome confié par Sixte
Quint à Doménico Fontana avaient pour objectif de toucher les fidèle, en possédant le goût
du spectaculaire. Il s’agit de l’usage des :
- Compositions complexes pour toucher
- Espace dynamique et vibrant
- Effets de surprise,
- Jeux de courbes et de contre-courbes : escalier monumentaux
- Usage de grandes masses.
Figure 273 : Les artères principales de Rome selon le projet de Sixte-Quint, repértoire des voies rectilignes,
d’après (L. bénevolo), in : Jeans Castex, Renaissance, baroque et classicisme, Histoire de l’architecture, Op.
Cit., p. 214.
171
CHRONOLOGIE DU BAROQUE ROMAIN
172
Séance 15
SPECIFICITES DE L’ŒUVRE DU BERNIN
Introduction
Ce qui préoccupe les architectes baroques c’est le rapport entre art et rhétorique : le
rapport entre la communication visuelle et ses effets psychologico-émotionnels. L’œuvre
d’art n’a pas pour objectif de reproduire le réel, mais elle devait être capable de toucher le
spectateur. Dans le domaine architectural, Gian Lorenzo Bernin, dit Le Bernin (1598-1680)
s’est trouvé en exacte concordance avec les nouveaux programmes pontificaux. Artiste
précoce, il se fait connaître comme peintre et surtout comme sculpteur. L’étude de son
œuvre constitue le meilleur exemple d’un art de propagande.
a- le David du Bernin
173
Les diverses attitudes choisie
1- David victorieux de Donatello 1430- 1440 : il représente
David après avoir décapité Goliath
2- David de Michel-Ange, (1501 et 1504) : il a représenté
David qui va à la rencontre de Goliath ( se prépare)
3- David du Bernin (1623-1624) Représente David qui (se
prépare à lancer) est entrain de lancer la pierre qui frappa
mortellement Goliath.
Figure 275 : Le David de Donatello (vers 1430-1440)
2- David de Michel-Ange :
Attitude et expressions :
- sentiment mêlé de peur et de confiance
- Le visage traduit : l’inquiétude, la peur et la concentration.
3- David du Bernin :
174
b- L’extase de Sainte Thérèse. (1645-1652)
Date : 1645-1652
Situation : Église Sainte Marie de la victoire à
Rome, Chapelle Cornaro.
Thème : Se rapporte à la vie de Sainte-Thérèse
(1515-1582), Sainte de la contre-réforme. Il
s’agit d’un nouveau thème de l’art. Avec la
contre-réforme, se concrétise le culte de la vierge
et les saints. On illustre les actions des saints de
la Contre-réforme à l’exemple de Charles
Borromée, Thérèse d’Avilia etc.
Caractéristiques :
1- Composition théâtrale : espace élevé et encadré. La statue est située au dessus de
l’autel, il conçoit un encadrement inspiré d’une façade d’église. De chaque coté, deux
colonnes corinthiennes qui servent de cadre et soutiennent un puissant fronton brisé.
2- L’éclairage théâtral (contraste clair/obscur) accentue le drame. L’espace est éclairé par
une fenêtre située au dessus de l’autel. Derrière la sculpture, des rayons en bronze
accentuent l’effet de lumière qui tombe en zénith de la fenêtre. Les rayons dorés, situées au
fond de la scène reflètent la lumière naturelle, ils servent en même temps de fond à la scène.
3- Sur les côtes de la chapelle, des bas-reliefs de marbre évoquent les loges de théâtre où
apparaissent les membres de la famille Cornaro. Ces spectateurs observent l’extase de
Sainte-Thérése.
4- Attitudes contrastées : l’attitude sereine de l’ange s’oppose à celle de Sainte Thérèse
en extase (perte de connaissance). Elle est représentée dans une attitude instable : perte
d’équilibre. L’artiste traduit l’émotion à travers l’expression du visage et l’attitude du corps.
Grande souplesse du corps et délicatesse de la composition.
23
Jacek Debiki, Jean-François Favre, Dietrich Grunewald, et Antonio Philippe Pimentel, Histoire de l’Art :
peinture, sculpture et architecture, Op. Cit. p. 168,
175
c- L’enlèvement de Proserpine
176
ovale. Au milieu de laquelle se dresse un obélisque
encadré par deux fontaines. La deuxième place est de
forme trapézoïdale.
La basilique de Saint-Pierre
177
Contrairement à la géométrie statique du
cercle qui commande les réalisations de la
Renaissance, et surtout le tempietto de San Pietro
in Montorio de Bramante, Le Bernin préfère la
géométrie dynamique de l’ovale.
A l’extérieur, l’église est encadrée de deux
écrans concaves. Les formes dynamiques concaves
créent une interaction entre l’intérieur et
l’extérieur, l’espace urbain semble pénétrer dans le
volume de l’édifice.
Figure 282 : Le Bernin, façade de la chapelle Saint-André du
Quirinal à Rome, in : Le Grand Atlas de l’architecture mondiale,
Op. Cit. , p. 303.
Conclusion
178
Séance 16
Introduction :
1- Présentation
Avec moins de goût que le Bernin pour le grandiose, utilisant des matériaux plus
simples, Borromini a cependant renouvelé le vocabulaire architectural. D’une grande culture
antique, revendiquant volontiers l’influence de Michel-Ange, il a cherché à travers la
perfection technique à atteindre la plus grande liberté de style. Rejetant la géométrie
orthogonale de la première renaissance, il construit ses édifices sur des tracés complexes,
construits sur plusieurs centres.
3- Analyse d’œuvre :
3-1 : L’église Sainte Agnès
179
Succédant à l'oratoire construit dès le VIIIe siècle, l'église a été reconstruite dans le style
baroque à la demande du pape Innocent X.
Commencée par d’autres architectes, l'église fut achevée de 1653 à 1657 par Francesco
Borromini.
a- Le plan
Le plan en croix grecque est du a
Girolamo et Carlo Rainaldi en 1652.
180
Elévation :
- Ordres colossaux
- arcs et entablements circulaires,
- une coupole ovale à caissons.
La taille imposante des colonnes par rapport à
la surface réduite de l’église contribue a unifier
sa forme compliquée.
La coupole ovale au contour curviligne,
appuyé sur des pendentifs, se couvre d’une
décoration interne complexe faite de caissons
décroissants à mesure qu’ils convergent vers la
lanterne.
La taille imposante des colonnes par rapport à
la surface réduite de l’église contribue à unifier
sa forme compliquée.
181
3-3 La chapelle Saint Yves
Objectifs : création d’un espace qui facilite la propagation du son car Saint Yves est la
chapelle de la future université de Rome.
- Il projette une coquille homogène.
- Saint-Yves est la chapelle de la future université de Rome,
- Borromini utilise la forme de l’étoile de David
qui symbolise la sagesse.
182
De l’extérieur, les faisceaux des pilastres
apparaissent dans les six coins structuraux (six
angles de l’hexagone).
La lanterne est traitée comme une sculpture. Elle
est de forme spirale. « Tout le bâtiment illustre avec
vigueur un mouvement vers l’espace »
24
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architectue : les formes et les styles de l’antiquité à nos
jours, Op. Cit. p. 169.
183
Figure 293 : Borromini, plan et
axonométrie de l’oratoire de Saint-
Philippe de Néri, in : Jeans Castex,
Renaissance, baroque et classicisme,
Histoire de l’architecture, Op. Cit.,
p. 289.
L’œuvre de Borromini
témoigne d’une connaissance
très large de l’Antiquité et
d’une capacité à détourner les
modèles esthétiques et
architecturaux existants. Ses
bâtiments définissent une
conception baroque moins
monumentale que celle du
Bernin.
184
1- San Lorenzo
185
Hypothèse III : Le modèle de la coupole à nervures a exercé une grande influence sur les
architectes musulmans et chrétiens.
Description :
La coupole est soutenue par 16 nervures qui s’entrecoupent hors du centre formant une
étoile à 8 pointes.
Le centre laissé libre configure un octogone sans ornement
Dans le monde musulman : On dénombre au moins cinq édifices contenant une coupole à
nervures (influencés par la mosquée de Cordoue ; Il s’agit :
1- 1086 : Mosquée à Tolède, mosquée de Bâb al-Mardoum, reconvertie en église del Cristo
de la Luz
2- XIe siècle, à Saragosse, coupole sur nervures dans l’oratoire du palais d’Aljaferia à
saragosse.
3- A Partir de 1136 à Tlemcen : une coupole à nervures dans la grande mosquée de
Tlemcen
4- 1135 : Mosquée d’Al Quarawiyin à Fès
1- Burgos, Monastère de
Santa Maria de la Real
186
On sait que Guarini a voyagé en France, il a enseigné à
Paris entre 1647-1666. Guiarino est aussi un moine, il a
certainement empreinté le chemin de pèlerinage à
Saint-Jacques de la Compostelle, ce qui lui a permis
d’examiner ce modèle de coupole.
25
Ernesto D’Alfonso et Danilo Samsa, L’architectue : les formes et les styles de l’antiquité à nos jours,
Op. Cit. p. 172.
187
3- L’église des pères Somasques
4-L’église Sainte-Marie-de-la-Divine-
Providence à Lisbonne
Date : 1658-1659
Plan : C’est un plan en croix latine : rappelle les églises de la contre-réforme
Caractéristiques :
1- Décomposition de l’espace en cellules de bases : cellules organisées selon le principe de la
juxtaposition pulsatoire
2- Souci de détacher la structure de la couverture : une ossature porteuse couverte par une
fine membrane ;
Façade : Relation de complémentarité entre l’intérieur et l’extérieur (interaction)
188
Figure 301 L’église Sainte-Marie-de-la-Divine-Providence,
coupe
Présentation :
Cette église présente une étape avancée dans la
succession verticale des espaces : système des
coupoles superposées.
Date : 1662-1665
Situation : Paris
189
6- L’église San Filippo de Casale à Vicence 1671
190
La façade principale est basée sur
l’usage des parois ondulées,
rappelant la façade de l’église de
saint-Charles aux quatre fontaines
Comme Borromini, la liberté que prend Guarini avec la tradition s’appuie sur des
connaissances mathématiques poussées et sur le souci de faire une architecture parlante.
Tandis que Borromini regarde vers les modèles de l’antiquité tardive, et s’intéresse
surtout aux surfaces murales, Guarini concentre son intérêt sur les voûtes et compare les
systèmes romain, musulman et gothique. Ses chefs-d’œuvre de Turin réussissent à concilier
la majesté de l’architecture romaine, la légèreté des voûtes gothiques et les effets d’infini des
voûtes musulmanes. Les recherches de Guarini ont joué un rôle capital dans la formation de
l’architecture « baroque » d’Allemagne du sud et de l’Europe centrale.
191
II- L’art baroque en Europe Germanique
L’art baroque qui est né à Rome (berceau de la contre-réforme) a connu une grande
diffusion en Espagne, dans les pays bas et dans les pays germaniques.
En Autriche, la puissance des Habsbourg devient autonome, surtout vers la fin du XVIIe
siècle et après la défaite des
turcs (qui ont assiégé Vienne en
deux reprises : 1529 et 1683)
L’architecture baroque en
Autriche et en Allemagne est
l’art de l’absolutisme des cours
fascinées par l’exemple
politique et artistique de Louis
XIV et de Versailles.
1- L’œuvre architecturale de
Johann Bernhard Fischer
Von Erlach (1658-1723)
192
Façade : Pour la conception de la façade,
l’architecte utilise le principe de parois
ondulées : même principes suivis par
Borromini.
Remarque :
Au niveau de traitement l’entrée et par
manque d’espace, Borromini n’a pas crée à
Sainte Agnès des arcs concaves, il a
seulement arrondi les extrémités de la façade. Fischer Von Erlach va aller plus loin dans ses
recherches en dessinant sa façade avec un seul arc concave.
Figure 310 : A droite : façade de l’église Sainte Agnès à Rome et détail de l’entrée et à gauche façade de l’église de la
Trinité
193
Plan : On retrouve ici la forme ovale combinée avec une croix grecque. Il crée une nef ovale
surmontée d’une coupole ovale.
Façade : la façade est inscrite dans un
triangle.
- Les deux tours rappellent ceux utilisés dans
la façade de Sainte Agnès de Borromini
- Les deux colonnes sont utilisées comme des
minarets chrétiens : elles symbolisent la
victoire de la foi sur la maladie.
Cette œuvre est considérée comme un chef-
d’œuvre de l’architecture baroque. Elle est
caractérisée par la pureté géométrique et
l’équilibre harmonique des formes.
Il est né à Gêne fils d’un capitaine allemand. Il était l’élève de Carlo Fontana à Rome. Il
était ingénieur à l’armée impériale italienne entre 1695 et 1696 avant de se fixer à Vienne.
Les exemples rencontrés en Italie du Nord, semblent l’avoir beaucoup impressionné ; et il
apporte en Autriche une manière bien différente du grand style monumental de Fischer.
C’est un palais aristocratique à Vienne. Le traitement de la façade nous rappelle les palais
baroques italiens.
Façade : constituée par une base, corps, et couronnement.
L’architecte utilise l’ordre colossal : ce qui permet de souligner la verticalité de l’édifice.
Comparés avec les palais de la Renaissance, on remarque que les palais baroques sont
caractérisés par un excès d’ornementation.
Ouvertures : On souligne l’importance de la taille des fenêtres qui se rapprochent des
portes fenêtres.
La porte fenêtre a fait son
apparition dans les palais
français au cours du XVIIe
siècle. Elle met l’accent sur le
contact entre l’espace intérieur
et extérieur.
Ici le mur a été réduit à sa
simple expression, il devient un
squelette transparent. On
retrouve déjà chez Guiarini des
recherches sur le même thème.
194
Intérieur : Derrière la façade monumentale,
on retrouve un intérieur baroque plus intime
et plein de détails expressifs. Le palais
possède un escalier célèbre par sa majesté et
son décor.
Le Belvédère est l’une des résidences du prince Eugene, situé en dehors du Vienne. C’est un
ensemble imposant de palais et jardins.
Le Belvédère inférieur :
Entre 1714 et 1716, on a commencé par la construction du Belvédère inférieur. C’est un
bâtiment allongé et bas.
Seuls la partie centrale est
pourvue d’un étage.
Le Belvédère Supérieur :
Il a été construit entre 1721
et 1722, il est plus
majestueux et plus
mouvementé que le
précédent.
Du côté des jardins, il
assemble des pavillons de
volume différents et de
hauteur inégale mais liés par
l’étage noble.
195
Intérieur : Dans le vestibule d’entrée, les poteaux ont
été remplacés par des Atlas Baroques.
Figure 318 : Eglise et couvent Neresheim par Neumann, plan et coupe (1747-1792)
En Allemagne, l’architecture
religieuse connait aussi un essor
remarquable. Johann Baltazar
Neumann a édifiés plusieurs
églises représentatives de cette
nouvelle tendance.
196
Séance 17
L’EXPRESSION PICTURALE BAROQUE
Introduction
Le trompe l’œil
À la fin du XVIIe siècle Battista Gaulli fut chargé de décorer les voûtes, la coupole et
l’abside de l’église de Gesù avec un mélange de peintures et de statues en stuc dont le décor
197
permettait d’ouvrir le sanctuaire sur le ciel.
Le triomphe du nom de Jésus, est l’œuvre majeure de cet artiste.
L’artiste donne à son œuvre un souffle baroque dont témoigne le mouvement des
figures animées par un éclairage oblique valorisé par des effets de clair-obscur.
Figure 321 : Andréa Pozzo, Entrée de Saint Ignace au Paradis, église Saint Ignance, Rome.
Cette fresque exalte l'esprit missionnaire des frères jésuites partis aux quatre coins du
monde.
- A chaque angle, des divinités majestueuses symbolisent les quatre continents.
- Au centre, Saint-Ignace soutenu par des anges, monte au ciel vers Jésus.
Par cette technique, la voûte de l’église paraît plus élevée, (il a donné l’illusion de deux
niveaux supplémentaires).
La maîtrise parfaite de la perspective crée une illusion totale : l'architecture de l'église se
prolonge jusqu'au ciel et la multitude de personnages surgie naturellement du décor.
198
Il s’agit d’une toile horizontale tendue à 34m de hauteur, à l’emplacement d’une coupole
initialement prévue et qui n’a pas
été réalisée.
Annibal Carrache, son frère Augustin et leur cousin Ludovic, sont les principaux
représentants de l'école de Bologne. Des 1595, Annibal s'installe à Rome. Déjà célèbre pour
ses fresques réalisées à Bologne, il est chargé de peindre les plafonds de la galerie du palais
Farnèse à Rome (1597-1602). Cette œuvre très significative, marque une étape décisive dans
l'évolution de ce qui deviendra le « Classicisme ».
199
III- Caractéristiques de l’école Napolitaine
- Fondée par Michel Angelo Mérisi dit le Caravage (1573-1610). C’est le peintre le plus
mystérieux et le plus révolutionnaire de l’histoire de l’art.
- Caravage a fait une réaction violente contre les règles établis par le concile de trente
(contre-réforme)
- Il impose un nouveau langage très réaliste, théâtral, choisissant dans ses sujets l’instant le
plus dramatique.
Le caravagisme :
Le caravagisme n’est pas réellement un mouvement pictural à part entière.
C’est plutôt une inspiration du style de Caravage, retrouvé chez divers artistes classiques
et baroques, parmi lesquels on peut citer :
Peintres Hollandais
- Rembrandt
- Jeans Vermeer
Peintres Français
- Nicolas Poussin,
- Claude Lorraine
Peintres Espagnols
- José de Ribera
- Francesco de Zurbaran
- Francesco Ribalta
- Diègo Velasquez
Peintres Flamands
- Peter Paul Rubens,
- Antonio Van Dyck
Michel Angelo Mérisi dit le Caravage (1571-1610) est le peintre le plus mystérieux et le
plus révolutionnaire de l’histoire de l’art. Il a commencé ses premières œuvres à l’âge de 18
ans, pris en charge par Pandolfo Pucci. Par la suite, Caravage l’a quitté en menant une vie
désordonnée. Ses fréquentations douteuses l’on entraîné dans de louches affaires, voire des
crimes. Il mourut en 1610 à trente-sept ans.
200
b- Petit Bacchus malade
Présentation
Il s’agit d’un autoportrait. Caravage s’est
représenté en Dieu du vin chez les grecs.
A cette époque, le peintre avait 20 ans, il a été
atteint par la peste. Il a été abandonné dans
l’hôpital des pauvres à Rome.
Son séjour à l’hôpital lui a inspiré cet autoportrait
réalisé à l’aide d’un miroir.
Caractéristiques
Le peintre illustre la maladie :
-La chair gonflée
-La couleur bleuâtre
-Les yeux cernés
L’artiste introduit un nouveau thème :
l’esthétique de la laideur.
L’objet de l’art n’est plus la représentation du
Beau (Renaissance) ou de toucher le spectateur
(Baroque). Mais l’art s’attache à représenter la
réalité sans modification.
Figure 324 : Le Caravage, Petit Bacchus malade, v.1593-1594, Huile sur toile, 67x53 cm, Rome, Galerie Borghèse,
in : Gilles Lambert, Caravage, Taschen, Paris, 2001, p. 17.
c- Les tricheurs
Description : Une scène qui se déroule dans un café. Caravage représente 3 joueurs de
carte. Les deux hommes (1 et 2) se sont associés pour tricher dans le jeu. Le dos du
deuxième tricheur dissimule des cartes, tandis que l’enfant innocent regarde ses cartes sans
ne se douter de rien.
Le tricheur indiqué par le
repère (2) est aidé par un
complice qui lui fait des
signes de la main pour lui
dévoiler le jeu. Le premier
regarde la main de
l’adversaire et
communique, avec les
doigts, le numéro de la
carte.
Caractéristiques :
Une nouvelle iconographie caractérisée par :
- Des scènes qui se rapportent à la vie quotidienne.
201
- Les personnages sont coupés à mi-corps, disposés autour d’une table et éclairés par une
lumière contrastées.
- Fond neutre
Cette nouvelle technique permet de faire ressortir les expressions des visages et les attitudes
des personnages qui communiquent avec les gestes et les regards.
Cette mise en scène, la façon dont elle est peinte joue en même temps la comédie, mais elle
remplie une fonction moraliste dénonçant la duperie, la complicité et l'enfant que l'on
entraîne vers la perte.
Description : La jeune femme ne se contente pas de lire l’avenir dans la main du jeune
homme, mais des deux doigts, elle fait glisser l’anneau qu’il porte.
Commentaire sur les œuvres du Caravage :
Nouvelle composition :
Personnages coupés à mi Ŕ
corps avec un éclairage
théâtral (contrasté)
Objectif : faire ressortir les
expressions des visages et les
attitudes des personnages.
Cette mise en scène joue en
même temps la comédie et
s’interroge sur les illusions de
la vie.
202
Le Caravage illustre le mystère de la vocation par une scène contemporaine de la vie de
Rome. Il fait preuve que le
miracle divin peut
s’accommoder de la vie
quotidienne et que le Christ
peut être peint dans un espace
ordinaire.
Caractéristiques
On reproche souvent à
l’artiste de ne pas savoir
composer.
Caravage a dessiné une scène
religieuse dans un espace
ordinaire :
-bureau d’impôts.
-Éclairage théâtral
(contrasté).
-Christ n’est pas représenté
au milieu du tableau, il est
situé à droite dans l’ombre.
Figure 327 : Le Caravage, La Vocation de saint Matthieu, 1599-1600, Huile sur toile, 322x340 cm, Rome, chapelle
Contarelli de l’église Saint-LouisŔdes-Français, in : Gilles Lambert, Caravage, Op. Cit., p.53.
203
-Mise en scène théâtrale : la sainte monte sur une
estrade.
-Les limites du tableau ne sont pas précises : on a
l’impression que le tableau envahit l’espace réel.
-La chaise est dans une position instable. (comme s’il
fait basculer les sujets vers le spectateur afin de lui faire
participer).
Cette même technique a été reprise dans le tableau La
Mise au tombeau, 1613-1615 :
-Les limites du tableau ne sont pas précises, le tableau
envahit l’espace réel.
-Les sujets sont représentés dans une attitude instable
(L’artiste fait basculer le sujet vers le spectateur).
Figure 329 : Le Caravage, Saint Matthieu et l’ange, 1602, Huile sur toile,
295x195 cm, (Seconde version), Rome, chapelle Contarelli de l’église
Saint-LouisŔdes-Français, in : Gilles Lambert, Caravage, Op. Cit., p.71
c- La sacrifice d’Isaac
-Caravage choisit pour ses sujets des situations dramatiques, peu représentés auxquels la
mise en scène, les contrastes d’ombre et la lumière vont donner un sens dramatique.
-On voit un ange
aborder Ibrahim qui va
égorger son fils Isaac.
-C’est une scène très
réaliste, le père est
représenté par les traits
d’un paysan, chauve et
barbu. Les mains
esquintées par le travail.
-Le fils est terrorisé. Il
n’est pas représenté
comme un prophète qui
se soumet à la volonté
divine, mais c’est un
humain qui s’attache à la
vie. L’éclairage
contrasté accentue le
drame.
Figure 330 : Le Caravage, Le
sacrifice d’Isaac, 1603, Huile sur toile, 104x135 cm, Florence, Galerie des Offices, in : Gilles Lambert, Caravage, Op. Cit.,
p.7
Caractéristiques :
204
4- Eclairage : très contrasté
5- Sentiments très forts (douleurs ravissements extase, etc.)
A la suite d’un meurtre, le peintre a été incarcéré à la prison de Rome, puis il s’est enfui
en 1606 pour Naples. Au cours de cette période, il a peint les œuvres les plus dramatiques à
l’exemple de la décollation de saint Jeans Batiste ou la flagellation du Christ où Caravage se
réfère à son expérience de la torture en représentant le Christ qui subit silencieusement la
torture.
Description
Au premier plan, le peintre représente Saint Jeans- Batiste, les mains attachées, il vient
de subir le martyre. Le bourreau qui l’a égorgé avec l’épée se prépare à lui détacher la tête
avec le couteau. Une jeune fille tend le bassin pour récupérer la tête du martyre. A côté, la
vielle femme est terrorisée. Au fond deux prisonniers assistent à la scène.
Caractéristiques
-C’est une œuvre très
réaliste : Le peintre dessine
la prison avec une grande
précision, ce qui témoigne
d’une connaissance de cet
espace.
-C’est le seul tableau signé
par l’artiste.
-Son nom est tracé par le
sang qui jailli du cou du
martyre.
-Le peintre s’identifie à la victime.
b- David Tenant la tété de Goliath
205
Figure 332 : David tenant la tête de Goliath, vers 1609-1610. Huile
sur toile 125x100cm
Conclusion
206
Chap. 4 :
Art classique et Néo-classique
Séance 18
L'ART CLASSIQUE (XVIIe siècle)
L'art classique s'est également développé aux XVIIe et XVIIIe siècles. Lui aussi est né
des formes de la Renaissance, mais au contraire du baroque, il va développer les lignes
droites, les compositions rigoureuses et symétriques. Cet art qui a pour objectif d’exprimer
la grandeur du pouvoir royal, est né en France puis s’est propagé en Angleterre en raison de
leur stabilité politique.
I- Contexte général
207
2- Caractéristiques de l’architecture classique
Entre 1620 et 1660, l’architecture de prestige est dominée par François Mansart (1598-
1666), Jacques Le Mercier (1585-1654) et Louis Le Vau (1612-1670), travaillant pour la
Couronne et pour une clientèle privée fortunée. Ces architectes adaptent les modèles italiens
dans leurs projets d’églises qui participent
de la vague de construction de couvents et
collèges suscitée en France par les ordres
réformés : Jésuites, Oratoriens,
Ursulines…
208
L’église du Val- de-Grâce à Paris, par François Mansart ou encore le collège des
Quatre-Nations, aujourd’hui Institut de France, de Le Vau dénote une influence Baroque.
Cependant les architectes évoluent en très peu de temps vers le Classicisme, dont les
règles sont élaborées par les académies d’art que le Premier Ministre Colbert développe à
partir de 1661. A Paris les monuments les plus représentatifs de cette tendance classique
sont l’hôtel des Invalides par L. Bruant, gigantesque construction au plan quadrillé prolongé
par une église imposante. La façade du Louvre : l’aile de la colonnade est aussi
représentative de ce style classique.
Les commandes royales (Louis XIV) sont importantes, mais émanent aussi la
bourgeoisie naissante réclame des types architecturaux mieux adaptés à ses activités et
adopte le modèle de l’hôtel particulier, formé d’un corps de bâtiment principal et d’une cour
d’honneur, délimité par des ailes qui se disposent en relation avec l’espace extérieur.
A l'intérieur du château, l'accent est mis sur la galerie en longueur, sur les salons
lambrissés. On recherche le confort au niveau des lieux d'aisance, des salles de bains. A côté
des fenêtres à meneaux, on trouve surtout au niveau des combles, des fenêtres circulaires
appelées Oculi, ou ovales appelées œils-de-bœuf.
1- Le Château de Maisons
Laffitte (1642-651)
209
Ce
château, situé en bord de Seine, et tourné vers la forêt permettait d'accueillir le Roi qui
venait chasser dans la forêt non loin du domaine de Maisons.
Caractéristiques :
Cette œuvre est l’exemple typique de
l’architecture classique française
Fonction actuelle : Musée.
Le plan : Plan massé, presque
parallélépipédique.
Les anciens tours d’angles du
moyen-âge disparaissent,
Remplacés par :
- des avant-corps (central et
latéraux) formant une légère saillie.
Les avants corps sont couronnés de
frontons triangulaires.
Figure 336 : Château de Maisons Laffitte, par
François Mansart, Façade sur parc
Distribution
Rez-de-chaussée
Au centre : Vestibule et escalier
d'honneur
A gauche : Appartement de René de
Longueil (propriètaire)
A droite : Appartement du Comte
d'Artois.
Premier étage
A gauche : Appartement à l'italienne ou appartement du Roi
A droite : Appartement du Maréchal Lannes réaménager après son acquisition du château
en 1804.
Façades : Les façades gardent un aspect classique à travers l’usage du système des ordres,
le traitement des baies ainsi que l’esthétique horizontale sans pour autant supprimer un
vocabulaire architectural qui rappelle l’architecture française traditionnelle à savoir les
lucarnes et les combles.
1- Tradition française :
- toitures élevés (lucarnes et cheminée)
- corps central encadré de pavillons
- Accent vertical (centre, angles)
2- Art Antique :
- Composition tripartite (base, corps, couronnement)
- Esthétique horizontale (bandeaux)
- Ordres superposés (palais Rucellai Alberti)
3- Esthétique baroque
- Salons ovales, situés aux niveaux des ailes (annonce le rococo)
210
A l’intérieur du château, les quatre volées de l’escalier, développées dans une cage
grandiose surmontée d’une coupole, témoignent d’une virtuosité technique et d’une
conception spatiale neuve qui fondent l’escalier dit « à la française ». Le château prolongé
par des jardins encore dans l’esprit de la Renaissance, est alors relié au domaine royal du
foret de Saint-Germain par une allée bordée d’arbres, tracée vers l’ouest sur plusieurs
kilomètres.
L’appartement à l’Italienne
L’appartement à l’italienne comporte :
1- La Grande Galerie (salle des fêtes),
2- La chambre du Roi
3- Cabinet aux miroirs
1- La Grande Galerie: est une salle des fêtes ou de concert.
Les murs sont recouverts de boiseries et ornés de la tapisserie du XVIIIe siècle.
Les murs sont recouverts de boiseries et ornés de tapisseries du XVIII ème siècle
Une arcade allongée et deux pilastres délimitent la partie alcôve de la chambre avec le lit
royal de parade.
Le cabinet aux miroirs :
- C’est une pièce destinée au Roi
- De forme circulaire, il est orné de glaces séparées par des pilastres ioniques, qui reflètent la
lumière du jour venant d’une seule fenêtre.
- Le cabinet aux miroirs possède également une coupole décorée selon le style rococo.
211
1, 2, 3 : Appartement du Roi
4: salle à manger
A gauche :
7 : Grande chambre carré
6: antichambre du salon
d’Hercule
8: chambre des Muses
9: Cabinet de Jeux
Façades
Aspect traditionnel
- Accent vertical
- Toitures élevés
Aspect classique :
- Composition tripartite,
- Ordre colossal (les pavillons),
- Ordres superposés (au centre),
Tendance baroque :
- Formes concaves et convexes
(plan),
- Salon ovale (coupole ovale),
- La coupole devient une grande
masse (monumentalité des églises
baroques).
Le grand Salon : les meilleurs points
de vue sur le jardin sont dans le salon.
Le jardin à la Française
- Le jardin du château de vaux le Vicomte est le premier jardin à la française, crée par Le
Nôtre.
- Le jardin s'ordonne autour
d'une perspective de plus 3
km.
- Inspiré par une géométrie
stricte, le jardin à la
française offre une large
perspective, avec ses
miroirs, ses broderies,
depuis la terrasse du
château.
- Cette conception nouvelle
traduit l'ordre, la rigueur et
la noblesse de cette époque.
212
Inspiré par une géométrie stricte, le jardin à la française offre une large perspective,
constitué par :
- des rinceaux de buis imitant les motifs de tapis turcs,
- bosquets (petit groupe d’arbres)
- grottes,
- pelouses,
- eaux dormantes ou jaillissantes,
- plantations d'encadrement.
Miroirs et broderies : Les broderies et les miroirs constituent les caractéristiques
principales du jardin à la française.
Les miroirs : sont de grandes pièces d’eau dans lesquelles se réfléchissent la demeure et la
lumière du ciel.
Quant aux broderies : il s’agit de parterres de fleurs et d’arbustes bien agencés.
Effets de surprise : Le parc de Vaux-le-Vicomte se dévoile au fur et à mesure. En avançant,
le promeneur découvre des recoins insoupçonnés, des grottes, des bosquets.
Au fond, le jardin cache un gigantesque canal, invisible depuis le château. Dans ce canal
sont aménagés des grottes.
3- Le château de Versailles
Fonction : Résidence des rois de France : Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI.
Situation : à l'ouest de Paris, dans la ville de Versailles,
Date de réalisation : construit en 1631 par Louis XIII.
Travaux de modification : 1661 sous le règne de Louis XIV
Architectes :
1- Louis Le Vau.
2- Jules Hardouin-Mansart à partir de 1681
Paysagiste : André Le Nôtre
Caractéristiques: Ce château est devenu un
symbole de l'apogée de la royauté française
Caractéristiques
Le château est le point focal d’une composition
perspective.
Du palais royal, partent les artères de parcours
principales, vers Paris
Le château classique français devient l’équivalent
des églises baroques qui constituent le point focal
de l’espace urbain.
213
Plan : L’organisation de l’espace est identique à celle des palais Français :
- Plan compact, avec des ailes latérales
- Avants corps, central et latéraux
- Le palais contient deux façades : une façade sur parc et l’autre donnant sur la ville.
214
La Galerie des glaces
La galerie mesure 73 m de long, 10,5 m de large et 12,30 m de haut.
Elle est complétée au nord par le salon de la Guerre, et au sud par le salon de la Paix.
La chapelle royale
La chapelle de Versailles est consacrée à
saint Louis, le roi des Croisades, le saint
patron de la monarchie française.
C'est de là que Louis XIV, Louis XV et
Louis XVI assistaient à la messe
quotidienne.
Figure 345 : château de Versailles, la chapelle royale.
215
Tout le jardin est, répartie en étages sur plusieurs niveaux.
Les arbres sont rigoureusement taillés, composant une véritable architecture végétale.
Louis XIV aimait beaucoup ses jardins : il s'y promenait et les faisait visiter à ses invités.
Le parc, d'une
superficie de près
de 100 ha, est
doté de parterres,
de haies bien
taillées et de
bosquets.
A ceci s’associe
les bassins
(bassin
d'Apollon) les
jeux d'eau et les
nombreuses
statues.
Figure 346 : Château de Versailles, le char d'Apollon
Origine des décorations du jardin : L’histoire d'apollon dicte les thèmes des statues et des
fontaines du grand axe.
Le grand bassin de l'extrémité occidentale est orné du char d'Apollon : le dieu solaire.
L'Orangerie : En
contrebas du château,
l‘orangerie est enfouie
sous la terre. Flanquée
des escaliers, elle a
pour rôle d’assurer la
stabilité des terrains,
On y trouve des
oranges du Portugal,
d’Espagne ou d’Italie,
des citronniers, des
grenadines et des
palmiers.
Le grand canal :
Le parc se déploie autour du Grand Canal, pièce d'eau de 23 ha et de 5,5 km de périphérie.
Son grand axe prolonge la perspective du jardin vers l'infini.
De part et d'autre du Grand Canal se trouvent des parcelles forestières composées de variétés
arboricoles
216
A Versailles, l’architecture à pour objectif de servir le regard en lui offrant les meilleures
scènes qui s’ouvrent en perspective, lui en permettent aussi de dominer le territoire. Le
regard est aussi flatté par les scènes mythologiques peintes en fresques dans les parois des
galeries. Ainsi le plaisir visuel constitue le pole de recherche des architectes de l’époque. A
partir du XVIIe siècle, commence la recherche d’un confort corporel offert au niveau des
lieux d'aisance, des salles de bains qui va se développer considérablement au XXe siècle
avec l’évolution des matériaux de construction.
217
Séance 19
Introduction
Le XVIIIe siècle est caractérisé par une stabilité politique et baisse de pouvoirs absolus.
Ce climat politique stable a favorisé l’ouverture de la philosophie à la science. La royauté de
droit divin vivait ses derniers jours, tandis que la notion d'égalité entre les hommes
commençait à être suffisamment partagée pour qu'un Etat l'inclût dans sa constitution. Bien
que le christianisme soit resté incontesté dans toute l’Europe et que les philosophes des
lumières qui ont remis en question les enseignements chrétiens n'étaient qu'une minorité,
l'éclat de leurs écrits et la force de leur pensée ont fait tels que le XVIII e siècle est
couramment appelé: Siècle des Lumières.
I- Le style Rococo
Le climat politique stable du XVIIIe siècle a eu pour conséquences une baisse de pouvoirs
absolus qui a eu pour conséquences :
- Apparition d’une petite bourgeoisie
- Les réalisations de l’époque ont pour objectif la recherche du confort
- Réduction des œuvres officielles à caractère monumental ayant pour objectif de
glorifier le Roi.
Réalisations : Le style rococo se
développe sous le règne de Louis XV qui
est connu pour son amour pour les
divertissements et le plaisir. Avec ce roi
arriva un sens de la liberté et une joie de
vivre qui se reflétaient bien dans la mode
de l’époque.
Les réalisations de l’époque n’ont pas un
caractère monumental symbolisant le
pouvoir absolu, la petite bourgeoisie va
édifier de petits d’hôtels particuliers
(immeubles) reflétant ce nouveau style
rococo : élégant, doux, et féminin.
Figure 348 : Meuble, style Louis XV dans le château de Versailles
218
Le Rococo (ou le style rocaille) est un mouvement artistique français qui se développe de
1730 à 1770, surtout sous le règne de Louis XV.
Le terme rococo est aussi, dérivé du mot rocaille, pour désigner une ornementation imitant
les rochers et les pierres naturelles. Dérivé du baroque, il est caractérise par un
enrichissement décoratif particulièrement chargé.
Caractéristiques
Le style rococo est caractérisé par :
- Les lignes courbes et asymétriques rappelant les volutes de coquillages,
- L’utilisation des teintes claires (blanc, ivoire, or),
- Les motifs mêlant fleurs, feuilles, rubans, etc,
- Usage de miroirs et de peintures insérés dans les boiseries, entre les fenêtres et au-dessus
des portes pour la décoration
A Paris, c’est dans l’agence de l’architecte Jules Hardouin Mansart que s’élabore le style
rococo à travers la réalisation des appartements de la petite bourgeoisie naissante.
Il a travaillé à Versailles à partir de 1681
Figure 349 : Deux salons de Versailles traités dans le style rococo : teintes claires (blanc, ivoire, or) ; les motifs mêlant
fleurs, feuilles, rubans, etc
II- Le Néoclassicisme
219
III- Contexte socio-culturel du siècle des lumières.
Caractéristiques
220
une systématique de la composition qui permettant d’explorer toutes les combinaisons
associatives possibles des figures géométriques élémentaires sur une trame
orthogonale. Sur le plan constructif, J.-R. Perronet (1704-1794), directeur de l’école
des ponts et chaussées, est connu pour ses innovations pour la construction des ponts
en pierre (pont de Neuilly 1770-1774) et pour l’aide apportée a Soufflot en imaginant
une structure très élancée pour l’église Sainte-Geneviève (1756-1790). A cette fin, il
conduit des expériences sur la résistance des pierres qu’il systématise par le calcul afin
de les appliquer au chantier.
- Ce courant est à l’origine d’une nouvelle production architecturale :
- On édifie des temples et des panthéons qui devaient honorer l’esprit des grands
hommes.
- On édifie des bibliothèques des musées, des théâtres et d’une façon générale de
temples du savoir, de l’art et de la culture.
Style : néo-classique
Fonction : Eglise et panthéon
Architectes : Jacques-germains Soufflot
Jean-Baptiste Rondelet
Date : 1756-1790
Dimensions : Longueur : 110 m
Largeur : 84 m.
Présentation :
En 1744 Louis XV a voulu édifier une église
dédiée à sainte Geneviève, édifié en lieu et
place de l’ancienne abbaye Sainte-Geneviève
en ruines.
1755, le projet a été confié à l’architecte
Jacques-Germain Soufflot.
Après la mort de Soufflot en 1780 les travaux
ont été achevé en 1790 par : Jean-Baptiste
Rondelet.
Figure 350 : Jacques Germain Soufflot, le panthéon de Paris
221
De l'église catholique au temple
républicain
À partir de 1791, le bâtiment est devenu un
panthéon, c'est-à-dire un monument laïque
consacré dans lequel sera enterré les grands
hommes de la patrie.
Au fronton, est placée l’inscription « Aux
grands hommes, la patrie reconnaissante ».
Il est nommé « Panthéon français ».
Caractéristiques
- Plan en croix grecque
- Il est couronné par une coupole haute de
83 mètres, coiffé d’une lanterne
- Pour le réaliser, l’architecte a été influencé
par différents styles architecturaux, Soufflot a
réuni la légèreté de la construction des
édifices gothiques avec la magnificence de
l'architecture grecque.
Parti architectural :
Soufflot s’est inspiré de différents registres :
1- classique : la coupole à tambour, avec son péristyle extérieur, est une référence au
tempietto de Bramante.
2- grec antique : péristyle à six colonnes et à fronton triangulaire, colonnes corinthiennes
portant un entablement
3- Gothique : la légèreté de l’architecture gothique
Le style
Le style néo-classique est caractérisé par :
La recherche de la simplicité en utilisant:
-la ligne droite (la ligne droite n’est rompue que par le cercle de la coupole)
- la surface nue de la pierre
-- Les formes compactes : le corps de
bâtiment est une masse compacte qui
s’oppose aux formes éclatés baroques.
-Suppression du mur baroque orné de
pilastres et de niches et son remplacement
par la colonne libre et le portique.
222
dans la maçonnerie et ne fasse rouiller le fer des armatures qui risquent à leur tour de faire
éclater la pierre.
La façade se compose
d’un péristyle avec des
colonnes corinthiennes
supportant un fronton
triangulaire où David
d’Angers sculpte en 1831
La Patrie distribuant aux
grands hommes les
couronnes que lui tend la
liberté.
Pendant le
développement de ces
grands chantiers royaux, la
spéculation immobilière et
la commande privée
engendrent, à Paris, des
nouveaux quartiers : les
abords de Montmartre, le
faubourg Saint-Germain et la Chaussée d’Antin. La place de la Concorde (1753) est le chef
d’œuvre de Gabriel : contentons-nous de rappeler ses larges dispositions, ses échappées sur
une avenue et sur un fleuve, ses fossés actuellement comblées et ses palais à grandes lignes
dont les silhouettes se dessinent si nettement de touts les points du vaste espace qu’ils
animent.
Outre les théâtres, les architectes de la génération de 1730 traitent avec originalité les
équipements publics, par exemple à Paris, l’Ecole de chirurgie (1769-1775) par Gondoin,
l’hôtel des Monnaies (1767) par Antoine et la halle aux blés (1763-1769), en forme
d’anneau, par Lecamus de Mézières.
223
Paestum. L’impact de ces œuvres est considérable puisqu’ils ont exercé une grande
influence sur les artistes néo-classiques et romantiques.
L’architecture romantique veut faire rêver sur le passé. Pour certains artistes, Rome
était une cité idéale perdue, d’où on assiste à travers leurs œuvres à une reconstruction
imaginaire de ce monde. Les dessins d’architecture de Jeans Baptiste Piranèse quelque fois
fantastiques mais gardent l’aspect de reconstitutions de l’Antiquité Romaine ont annoncé ce
courant.
Caractéristiques :
-Echelle et compositions fantastiques
-Echelle monumentale : l’homme est écrasé dans cet espace grandiose,
-Visions irréalistes reflétant le rêve d’une cité perdue.
Deuxième série : Différentes vues de quelques restes… de l’ancienne ville de Pesto (1778)
224
-Sentiments de frustration
Conséquences :
-Volonté de retour à la nature
-Recherche d’un monde perdu : Rome était considéré comme une cité idéale perdue (une
reconstruction imaginaire).
Le style de Boulée
Boulée développe un style inspiré par les formes classiques, et caractérisé par :
- l’intérêt pour les compositions monumentales
- la suppression de toute ornementation superflue,
- Usage de formes stylisées,
- l'agrandissement des formes géométriques sur une échelle gigantesque
225
- la répétition en très grand nombre d'éléments tels que les colonnes.
Objectifs: Produire une impression de majesté et de solennité propre à inspirer le respect
aux citoyens.
Un cénotaphe est un monument élevé à la mémoire d'une personne et dont la forme rappelle
celle d'un tombeau bien qu'il ne
contienne pas le corps.
- Il s’agit d'une sphère de 150
mètres de diamètre, posée sur
une base circulaire,
- Ce projet qui n’a pas été réalisé
représente l'univers exploré
par le savant.
- Il utilise la sphère parfaite,
comme symbole de la terre au
sein de l'univers.
226
Exemple 4- Projet d’un Musée 1782
Caractéristiques :
- Suppression de toute ornementation superflue,
- Agrandissement des formes géométriques : une échelle gigantesque
- Répétition en très grand nombre d'éléments tels que les colonnes.
Nouveaux concepts
Etienne Louis Boullée lança une doctrine appelé architecture parlante : c’est une
architecture exprimant sa fonction. Elle devient une composante essentielle de
l'enseignement à l'École des Beaux-arts vers la fin du XIXe siècle.
Il forma des architectes importants tels que Jean Nicolas Louis Durand.
Figure 353 : Les premières œuvres de Claude Nicolas Ledoux. A droite : Hôtel d’Halwil à Paris, et à gauche, pavillon de
Mme du Barry, Paris.
227
Figure 354 : Claude Nicolas Ledoux, théâtre de Besançon (1776-1784)
2- La saline royale
La saline royale : C’est une ancienne fondation qui existe depuis l’époque romaine.
On fabriquait le sel selon un procédé d’évaporation en utilisant les sources salés qui
coulaient sous le Jura et les Alpes.
A l’époque de Louis XV, le sel représentait 6% de la richesse royale : sa production a
bénéficié d’une attention particulière.
En 1774, Louis XV a chargé Ledoux de construire les salines : autour desquels, Ledoux crée
un village industriel.
Plan masse : Le village est organisé autour d’un plan circulaire, articulée autour de deux
axes :
1- Axe est-ouest : axe de
fabrication ou axe de
production industrielle :
- les ateliers d'extraction du sel
(ou bernes)
- Le sel est ramené par les
saumoducs vers fourneaux
d’évaporation
- Puis il sera transmis vers les
hangars pour séchage et
stockage.
228
2- Axe de pouvoir ou axe de surveillance:
- Maisons de garde, maisons de directeur
3- Autour, du centre gravite la vie ouvrière composée de petites unités.
Constitué par :
- Pavillon d’entrée,
- Maison de directeur
- Maison de garde,
1- Axe est-ouest ; axe de fabrication :
Les ateliers d’extraction du sel (ou bernes).
-le sel est ramené par les saumoducs vers fourneaux d’évaporation
- Puis il sera transmis vers les hangars pour séchage et stockage.
Pour les ateliers d'extraction du sel (ou bernes), Ledoux met en accord :
- L’architecture rurale régionale
- et l’architecture savante
Figure 356 : Claude Nicolas Ledoux, Les salines, détail du pavillon d’entrée. A gauche : le portique d’entrée et à droite la
voûte d’entrée sous forme de grotte.
229
Noble édifice arborant tous les
signes du pouvoir temporel et
spirituel, son fronton était percé d'un
oculus symbolisant l'œil du maître.
Il s'agissait de veiller aux bonnes
mœurs, mais surtout de prévenir la
contrebande du sel, cet "or blanc" à
la fois précieux et lourdement taxé.
230
Séance 20
L’EXPRESSION PLASTIQUE ENTRE NEO-CLASSICISME ET
ROMANTISME
La peinture néo-classique
C’est un acteur passionné des événements sanglants qui ont agité la France à partir de 1789
: date de la révolution Française
Le moment le plus marquent de la Révolution française est le le coup d'État du (9-10
novembre1799) de Napoléon Bonaparte.
Elle a mis fin à la royauté et Elle nous a légué la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen,
231
REPERES CHRONOLOGIQUES: LES TEMPS MODERNES ET LE DEBUT
DE L’EPOQUE CONTEMPORAINE
1661
LOUIS XIV
Règne personnel de
MONARCHIE
Louis XIV
-Apogée de la monarchie
absolue
-Construction du château
de Versailles
Portrait de Louis XIV
1715
L’Encyclopédie
LOUIS XV
Milieu D’Alembert
du
XVIIIe - Moyen de diffusion des
siècle idées des Lumières Détail d’une planche de l’Encyclopédie :
laboratoire de chimie
2ème 1774
moitié
LOUIS XVI
Portrait de
Napoléon 1er en
1812 par David
1er Empire Proclamation de
1804
Napoléon 1er l’Empire
232
III- Analyse d’œuvres :
1- Le serment des Horaces
d- Lignes de composition.
1- Pour les hommes dominent les lignes droites, bras et jambes tendus, épées, lance.
2- Dans le groupe des femmes
dominent les lignes courbes.
Ligne droite :
-force
-dureté
-virilité
-résistance, etc.
Ligne courbe :
-douceur
-féminité
- fantaisie
- souplesse
- tendresse, etc.
e- Couleurs et lumière
La Lumière : Le peintre a utilisé une lumière caravagesque : un éclairage latéral et violent.
Le père fait face à la source de lumière,
Les Couleurs : Les hommes sont vêtus de couleurs éclatantes, contrairement aux femmes.
Objectif : concentrer la regard sur le groupe des hommes
233
f- Composition au service du sujet : La composition est une transposition géométrique
de ces idées :
1- Le point de fuite se situe dans la main du père, serrée sur les épées.
2- La ligne horizontale que suit le regard des frères le poing du père est la ligne d'horizon.
Cette horizontale est calculée selon la section d'or.
2- Marat Assassiné
a- Contexte général : A partir de 1799, Jacques Louis David s’est consacré à représenter son
nouvel "héros", Bonaparte en devenant le peintre officiel de l’Empire napoléonien.
Napoléon Bonaparte dirige la France à partir de 1799 :
234
- 1799-1804 : Consul de France
- 1804 : Empereur des Français
Figure 364 : Jacques Louis David , Sacre de l'Empereur Napoléon Ier, Paris, musée du Louvre, 6mX6m
a- Présentation
Définition : Sacre désigne une cérémonie religieuse par laquelle l’église couronne un roi ou
un empereur. En 1804, Napoléon est devenu Empereur des Français
Napoléon a été couronnement le 2 décembre 1804 dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
David a peint ce tableau entre 1805 et 1808.
235
b- Description : Le peintre représente le
couronnement de Joséphine, femme de Napoléon,
et non celui de Napoléon, qui est choisi comme
sujet du tableau. Il s’agit d’une mise en scène par
David
Figure 365 : 1er esquisse du peintre représentant la réalité, corrigée par la suite
d- Description du tableau
Le peintre a fait une mise en scène en représentant des personnages absents le jour du sacre
(sa mère) et il a modifié le décor de l’église
1- La mère de l'empereur :
Elle était en réalité absente lors de la cérémonie, suite à une brouille avec son fils Napoléon.
2- Le décor : Le décor gothique de la cathédrale est dissimulé derrière un placage en
marbre.
3- La famille de Bonaparte : Ses frères Joseph, Lucien, Louis et Jérôme, et ses sœurs Elisa,
Pauline et Caroline. Tous présents, ils ont tous été faits princes, rois ou reines par Napoléon.
236
4- Napoléon : Napoléon est représenté en train de poser la couronne impériale sur la tête de
sa femme, Joséphine.
- Il porte lui-même une couronne de laurier, faisant référence ainsi aux empereurs romains.
- Il s'est auparavant couronné seul, signe qu'il ne doit son rang qu'à son mérite personnel.
5- Le pape : Le pape Pie VII, invité pour le couronnement de l'empereur, joue ici un rôle
passif.
- Il est représenté sans tiare
- Napoléon lui tourne le dos lors du couronnement.
c- Composition
Napoléon constitue le centre du tableau :
- Liaison entre monde laïc et monde sacré
- Tous les regards convergent vers lui
- L’éclairage converge vers lui
Question : Comment ce tableau illustre-il la vision politique et
sociale de Napoléon?
Réponse
1- Par les symboles religieux
- la croix
- l’emblème papal
2- Symboles politiques
- Couronne de charlemagne
- Couronne de Laurier : symbole du pouvoir impérial de Rome
- Le spectre
- main de Justice,
- Le globe surmonté par une croix.
26
Nikaulaus Pevsner, Génie de l’architecture Européenne, Op. Cit. p. 328.
27
Jacek Deibicki, Jean-François Favre, Dietrich Grünewald, Antonio Filipe Pimetel, Histoire de l’art, peinture,
sculpture et architecture, Paris, Hachette, 1995.
237
- L’exaltation de la nature,
- Les romantiques s’appuient sur l’imagination en
prônant l’irrationnel,
- Ils illustrent les thèmes de la vie moderne et
l’histoire moderne,
- L’art romantique est caractérisé par le culte
du Moyen Âge et des mythologies de l’Europe du
Nord,
- Ils sont aussi très attirés par l’exotisme, surtout les
civilisations de l’Orient.
Figure 366 : Antoine-Jean Gros, gravure de Massart d'après le
portrait du baron Gérard.
Baron Antoine-Jean Gros (1771 -1835) : Connu sous le nom de Jean-Antoine Gros
- Né à Paris, Gros a appris le dessin de son père, qui était un peintre en miniature.
- Vers la fin de 1785, il entra dans l'atelier de Jacques-Louis David,
- Le 15 Novembre 1796, Gros est présent avec l'armée de Bonaparte.
- Il lui a accompagné dans sa campagne d’Egypte, d’où la découverte de l’Orient et la
consécration de son style romantique.
La Campagne d’Egypte : Désigne l'expédition militaire en Égypte, menée
par Bonaparte et ses successeurs de 1798 à 1801, afin de s'emparer de l'Égypte et de
l'Orient, dans le cadre de la lutte contre la Grande-Bretagne.
- Elle se double d'une expédition scientifique, de nombreux historiens, botanistes,
dessinateurs accompagnant l'armée afin de redécouvrir les richesses de l'Égypte.
Figure 367 : Antoine-Jean Gros, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa, le 11 mars 1799, huile sur toile
75x59cm, 1804, musée du Louvre, Paris
238
a- Description : C’est un tableau imaginaire,
- Le tableau représente Napoléon à Jaffa qui tente de remonter le moral de ses troupes en
approchant et en touchant les malades d'une épidémie de peste qui sévit dans l'armée
française.
- Ceci fait partie de la propagande orchestrée par Napoléon, mais en réalité Napoléon n'a
jamais touché ni même approché un homme atteint de cette maladie de peur de l'attraper.
- De plus, ce tableau a été peinte six ans après les faits, en 1804, année du couronnement
de Napoléon Ier.
b- Composition : La scène se déroule dans un espace restreint ce qui donne une atmosphère
étouffante.
- L'arrière-plan est occupé par les galeries et par les murailles de Jaffa, plus loin on voit le
minaret d’une mosquée.
- La scène est divisée en deux parties :
- à droite : le peintre représente Napoléon accompagné de quelques officiers qui touche un
pestiféré.
- à gauche, une arcade bicolore ouvre sur une galerie pleine de malades.
- Au premier plan, un médecin arabe donnant des soins à un malade.
- La lumière du tableau et le jeu des couleurs mettent en valeur le geste de Napoléon
Bonaparte.
c- Les Nouvelles techniques : Gros représente les soldats dans leurs costumes
contemporains sans avoir recours à l’antique.
- Les costumes sont un moyen de caractériser une époque.
- Il veut être aussi exact dans le dessin des costumes orientaux que dans celui des costumes
européens.
- Il s’agit d’une fidélité de la représentation.
2- La bataille d’Aboukir
Figure 368 : Antoine-Jean Gros, Bataille d'Aboukir, 25 juillet 1799, Peinte en 1806
Description : Gros illustre une victoire française (1799) contre les troupes de Mustapha
Pacha aidées par la flotte anglaise
239
3- La bataille des pyramides
Description : Le peintre illustre une bataille qui s’est déroulée en 1878. Il dessine un
événement après 12 ans
5- Présentation de l’œuvre
- Époque Ŕ date: XIXe siècle - 1819
- Style : Œuvre Romantique
- Type : Huile sur toile
- Dimensions : 491 cm x 716 cm
- Genre : Peinture d'histoire, événement contemporain
- Lieu d’exposition : Musée du Louvre, Paris.
240
Figure 371 : Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1819, huile sur toile, 491x716 cm, Musée du
Louvre, Paris.
1- L’histoire du tableau
- Il s'agit d'un naufrage. En 1816 "La Méduse" quitte le port de Rochefort et ayant à son
bord, le futur gouverneur du Sénégal et sa famille.
- Après un échouage au large des côtes de la Mauritanie, le commandant monte dans une
chaloupe pour rejoindre le rivage. Ses troupes prennent alors place sur un radeau de
vingt mètres sur sept. Le plan d’évacuation prévoyait son remorquage par la chaloupe,
mais très vite les occupants de cette dernière coupent les cordes et abandonnent le
radeau.
- Après treize jours de dérive, seule une dizaine de marins survit après avoir affronté la
peur, la faim et la mort autour d’eux.
- Deux officiers survivants, racontent toute l’histoire dans un livre publié en 1817.
Géricault a illustré cette scène
241
- Il ne fait pas beau
- D'après l'état des habits des naufragés : Le radeau a été fait avec des morceaux du
bateau qui a coulé.
- cela doit faire longtemps qu'ils sont sur le radeau.
- Certains hommes couchés sont endormis ou peut-être même morts. (notamment celui
de droite qui a la tête dans l'eau).
- Ceux qui tendent la main ont peut-être vu un navire et font des signes pour que l'on
vienne les sauver.
-
4- ANALYSE PLASTIQUE : Caractéristiques de l'œuvre
Exemples de points particuliers à observer
242
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES
SPIESS Dominique, Encyclopédie de la peinture. Des origines aux impressionnistes,
Edita, Paris 1993.
De Martino Pierre, Encyclopédie de l'Art (Tomes III à VI), Ed. Lidis, Paris 1968.
Le Grand Atlas de l’architecture mondiale, Paris, Maury-Eurolivres, 1994,
Le grand Atlas de l'art, (Tome II), Encyclopaedia Universalis, Paris 1993.
243