Introduction À La Science Politique: Xavier Crettiez Jacques de Maillard Patrick Hassenteufel
Introduction À La Science Politique: Xavier Crettiez Jacques de Maillard Patrick Hassenteufel
Introduction À La Science Politique: Xavier Crettiez Jacques de Maillard Patrick Hassenteufel
Introduction à
la science politique
cours
exercices corrigés
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Ont également apporté leur contribution à ce manuel,
Céline Braconnier, professeur de science politique et directrice de Sciences-Po
Saint-Germain-en-Laye, spécialiste de sociologie électorale, et, Julien Boyadjian,
maître de conférences à Sciences-Po Lille et membre du CERAPS,
spécialiste de la sociologie des opinions. Qu’ils en soient vivement remerciés.
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Introduction à la science politique
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INTRODUCTION
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Introduction
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Introduction
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© Sandra Montanez – Getty Images.
p
Au cours de cette Marche pour la science organisée à Berlin en avril 2017,
des manifestants défendent, en détournant le slogan du président améri-
cain D. Trump (Make America Great Again), l’absolue nécessité des savoirs
scientifiques dans les sociétés contemporaines. C’est précisément ce à quoi
se sont attachés de nombreux chercheurs à propos des activités politiques.
C’est l’objet de la science politique.
Chapitre
Politique
1 et science
politique
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Max Weber
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c’est « l’ensemble des efforts que l’on fait en vue de participer au pouvoir
ou influencer la répartition du pouvoir, soit entre les États, soit entre
divers groupes au sein d’un même État ».
« Le » politique, moins fréquent dans le langage courant, désigne
une réalité plus abstraite, que l’on pourrait définir comme un espace de
régulation des conflits dans les sociétés contemporaines. Selon Philippe
Braud , « le politique renvoie à ce champ social dominé par des conflits Sociologie politique,
d’intérêts régulés par un pouvoir lui-même monopolisateur de la coer- LGDJ, 2014, p. 18.
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Politistes et politologues
En France, les enseignants et chercheurs en science politique en poste dans les
universités ou dans les institutions de recherche tendent à préférer le substantif
de « politiste » plutôt que celui de « politologue ». Le premier correspond au cher-
cheur authentique effectuant de la recherche fondamentale, neutre et plus rigou-
reuse du point de vue scientifique, tandis que les seconds correspondent plus aux
commentateurs politiques ou aux conseillers du prince, à proximité des médias Le saviez-vous ?
et des acteurs politiques. Il est à noter que cette distinction est proprement fran- Une approche déductive
des phénomènes
çaise ; la Belgique francophone, la Suisse romande, l’Afrique francophone ou le
sociaux se fonde d’abord
Québec n’ayant pas retenu une telle distinction. sur une construction
Source : Balzacq T. et al., Fondements de la science politique, Bruxelles, de Boeck, 2014, p. 19. théorique cohérente, que
l’on teste sur la réalité
empirique. L’activité de
Une conceptualisation pour rendre compte du politique est ensuite modélisation précède
l’observation du réel.
nécessaire. La science, c’est une langue, avec des notions, des concepts, des Au contraire, une
théories. On le verra, les notions d’État, de nation, de crise ou encore de approche inductive
régimes méritent d’être définies précisément, tant elles recouvrent poten- consiste à construire
la théorisation
tiellement de multiples significations. La tâche est d’autant plus nécessaire sur l’accumulation
que ces notions sont parfois utilisées de façon stratégique par les acteurs d’observations
politiques. Staline, n’avait-il pas sa propre définition de la nation ? empiriques.
La généralisation s’opère
Enfin sera privilégiée une recherche de modélisation en identifiant à partir de l’observation
des cas singuliers.
des mécanismes causaux (si A fait cela, alors B…) et l’établissement de
régularités. La démarche suppose ici de produire des énoncés explica-
tifs, articulés logiquement, dans des raisonnements déductifs (partant de
modèles) et/ou inductifs (partant des faits), contrôlés par des données.
Tableau politique
Significatif de cette ambition, A. Siegfried n’écrivait-il pas : « D’après de la France de l’Ouest,
une opinion courante, les élections ne sont qu’un domaine d’incohérence 1913 (1964)
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sens subjectivement visé par les acteurs. Une large partie des travaux aujourd’hui
vise à dépasser ces oppositions entre collectif et individuel, interdépendances et
marges de liberté, structures objectives et choix subjectifs : « Contre tout à la fois
le holisme et l’individualisme, les nouvelles sociologies tendent alors à appré-
hender des individus pluriels produits et producteurs de rapports sociaux variés.»
Source : Corcuff P., Les nouvelles sociologies, Nathan, 1995, p. 16.
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III. À
quoi s’intéresse la science
politique ? La question de l’objet
Pour toute science, se pose la question de l’objet : quelle est la réalité
que l’on se propose d’analyser ? Contrairement à une idée reçue, les
méthodes et objets d’une science ne sont jamais fixés une fois pour
toutes, même dans les sciences dites « dures ». « La physique […] comme
toute autre science d’ailleurs, ne peut être définie une fois pour toutes,
de façon abstraite et définitive, par référence par exemple, à sa méthode,
Lévy-Leblond J.-M., et encore moins aux objets de son étude ». On notera d’ailleurs avec
« Mais ta physique ? »,
in Rose H., Rose S.
intérêt qu’une partie des physiciens travaillent sur le monde social,
et Enzensberger H., L’idéologie s’attachant par exemple à prédire les émeutes ou encore à anticiper les
de/dans la science, Paris, résultats d’élections à partir de modèles de socio-physique déduisant les
Seuil, 1977, p. 145.
résultats électoraux des interactions entre les individus.
■■ Plus que l’État, moins que le pouvoir
Au début des années 1980, dans un article fondateur, P. Favre concluait
que la question de l’objet de la science politique n’avait pas nécessaire-
ment de sens : ses objets évoluent en fonction des époques. Essayons
Le saviez-vous ? cependant d’avancer sur la question, en commençant par dissiper les
Max Weber, disait
dans Le savant
fausses évidences. D’abord, l’objet de la science politique ce n’est pas
et le politique, « nous seulement l’État, c’est-à-dire cette organisation politique et administra-
entendrons uniquement tive différenciée du reste de la société et ayant une capacité de direc-
par politique la direction
d’un groupement
tion. Réduire la science politique à l’État, aux institutions politiques
politique que nous et administratives, peut se comprendre historiquement : la science
appelons aujourd’hui politique est apparue et s’est consolidée en lien avec la formation des
“État”, ou l’influence
que nous exerçons
États contemporains. Elle s’intéresse au gouvernement des sociétés, et
sur sa direction ». l’État est aujourd’hui l’instance chargée de la régulation des sociétés. La
science politique s’attache à comprendre en effet la conquête du pouvoir
de l’État et la conduite des politiques publiques.
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