Résumé Gargantua

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 15

GARGANTUA

L’ouvrage de Rabelais se compose de cinq livres. Le premier a pour titre Gargantua, et les
quatre autres Pantagruel. Le titre complet est : La vie très horrifique du grand Gargantua,
père de Pantagruel. Jadis composée par M. Alcofribas abstracteur de quinte essence. Livre
plein de Pantagruélisme, ou plus simplement Gargantua. Gargantua a été écrit après
Pantagruel mais placé en premier par Rabelais.

Grandgousier, Gargantua, Pantagruel sont des rois et des géants qui règnent en
Utopie, près de Chinon, en Touraine. Tel est le lieu de la scène. Quant à l’action, elle est
impossible à suivre ; l’auteur introduit ses personnages dans la vie, raconte leur enfance, fait
le procès à l’éducation qu’on donnait de son temps ; puis il sème au gré de sa fantaisie les
épisodes les plus divers, les digressions et les plus burlesques. Nous ne suivrons pas
Grandgousier dans toutes ses pérégrinations ; nous ne relèverons dans cette histoire que ce
qui est de nature à nous faire apprécier en Rabelais le penseur sérieux qui est en avance sur
son siècle.

Célèbre pour avoir donné naissance à l’adjectif « gargantuesque », qui qualifie quelque
chose de démesuré, le roman de François Rabelais, Gargantua, est une œuvre unique par
bien des aspects. Humour, satire sociale, politique, etc. Autant de caractéristiques qui font
de Gargantua un classique à lire absolument !

Qui a écrit Gargantua ?


Gargantua est le deuxième ouvrage de François Rabelais, qui propose au lecteur de suivre
l’éducation du personnage éponyme (se dit d’un ouvrage qui prend le nom de son
personnage principal), ses aventures et son développement. Gargantua, publié pour la
première fois en 1535, raconte ainsi l’histoire du père de Pantagruel, en décrivant la
naissance extraordinaire du géant, sorti par l’oreille gauche de sa mère après onze mois de
grossesse. Il s’agit du deuxième livre de la série que Rabelais a écrite « La vie très horrifique
du grand Gargantua, père de Pantagruel », après Pantagruel, publié en 1532.

Rabelais a publié Gargantua sous le même pseudonyme que Pantagruel : Alcofribas Nasier
(anagramme de François Rabelais), « abstracteur de quinte essence ».

François Rabelais (1494-1553) est un des auteurs majeurs de la littérature d’idées et de


l’humanisme du XVIe siècle. Rabelais avant d’être écrivaine est d’abord moine. Il fréquente
des écrivains et humanistes qui incarnent ce courant de pensée apparu à la Renaissance.
Sa principale caractéristique ? Il fait la synthèse de l’héritage gréco-romain et chrétien en
insistant sur les capacités intellectuelles humaines et non plus sur l’observation du monde
compris comme création divine. En effet, cette époque se traduit par la redécouverte de la
culture antique, notamment par le biais de l’imprimerie qui permet de diffuser plus facilement
des textes.

Rabelais commence des études de médecine à l’université de Montpellier. Vieille de 800


ans, elle est déjà très renommée à l’époque où Rabelais la fréquente, en 1530. Il est nommé
médecin à Lyon deux ans après, avant de suivre l’évêque de Paris, Jean du Bellay (grand-
oncle du poète Joachim du Bellay) auprès du pape à Rome. C’est à cette époque qu’il
entame la rédaction de son autre œuvre phare, Pantagruel, avant de se lancer dans la
rédaction de Gargantua.

Les personnages dans Gargantua


Avant de rentrer dans le vif du sujet, un petit tour d’horizon des personnages principaux de
Gargantua s’impose ! Nous avons donc listé ci-dessous les personnages récurrents du
roman, histoire de ne pas être trop perdu(e) pour le reste de ta lecture et tes révisions.

Gargantua : le personnage principal du roman, Gargantua est un géant incroyablement


grand et fort, fils de Grandgousier et de Gargamelle. Il est éduqué par Ponocrates et devient
un sage et un chef juste.
Grandgousier : le père de Gargantua, Grandgousier est un seigneur de la région de
Touraine. Il est connu pour sa générosité, sa bonté et sa sagesse
Gargamelle : la mère de Gargantua, Gargamelle est une femme très grande qui meurt en
accouchant de son fils notamment à cause de sa taille.
Pantagruel : le fils de Gargantua, Pantagruel est également un géant. Il est éduqué par son
père et devient un héros et un leader militaire.
Panurge : l’un des amis les plus proches de Pantagruel, Panurge est un personnage
comique et rusé qui est souvent impliqué dans des intrigues et des aventures loufoques.
Frère Jean des Entommeures : un moine franciscain, Frère Jean est connu pour son appétit
insatiable et sa force physique incroyable.
Epistémon : l’un des conseillers de Gargantua, Epistémon est un sage et un philosophe.
Ponocrates : l’éducateur de Gargantua, Ponocrates est un humaniste qui enseigne à
Gargantua les arts et les sciences.
Hélène de Tournon : la femme de Pantagruel, Hélène est une belle et vertueuse dame.
Xenomanes : un voyageur grec, Xenomanes est un personnage comique qui raconte des
histoires étranges et exotiques.
King Anarchus : un roi tyrannique, Anarchus est un ennemi de Pantagruel qui est finalement
vaincu par le héros géant.
À savoir : Rabelais a réalisé un grand travail autour des noms pour son roman (ce qu’on
appelle l’onomastique). Ils n’ont pas été choisis au hasard ! Chacun a sa petite signification,
bien souvent comique. Notons par exemple celui de Grandgousier, qui évoque un Grand
Gosier, soit l’appétit de la vie au sens large, du personnage.

Le résumé de Gargantua
Le livre suit les aventures du géant Gargantua, de son fils Pantagruel et de leurs amis alors
qu’ils naviguent à travers un monde fantastique rempli d’humour, de satire et de critique
sociale.

Le livre commence par le récit de la naissance de Gargantua, fils du seigneur Grandgousier


et de sa femme Gargamelle. Il naît dans des conditions exceptionnelles puisqu’il sort de
l’oreille de sa mère, après neuf mois de grossesse. Gargantua vient au monde en réclamant
à boire, ce qui lui vaut son prénom (quel (gosier) grand tu as).

Gargantua est un géant qui grandit rapidement et développe une grande soif de
connaissances. Il est confié à l’éducateur humaniste Ponocrates, qui lui enseigne les arts et
les sciences.

Après avoir terminé son éducation, Gargantua retourne chez son père et règne sur le pays
avec sagesse et justice. Cependant, il est bientôt impliqué dans des guerres avec les
ennemis de son père et est capturé par les ennemis de son pays.

Gargantua parvient à s’échapper et rencontre son fils, Pantagruel, qui est également un
géant. Ensemble, ils naviguent à travers des mers dangereuses, combattent des ennemis
féroces et rencontrent des personnages étranges et comiques.

Au cours de leurs aventures, ils rencontrent des philosophes, des moines, des voyageurs,
des rois tyranniques et des gens ordinaires qui ont tous quelque chose à dire sur la vie, la
mort, la religion, la politique et la société.

Le livre se termine par une série de conseils et de maximes sages qui résument les idées
principales de l’auteur sur la nature humaine et la société.
Quelles sont les caractéristiques de Gargantua ?
L’éducation de Gargantua
Le roman retrace trois étapes de la construction de Gargantua. Tout d’abord, celui-ci reçoit
dans son enfance plusieurs formations qui ont pour objectif de l’éduquer, de l’élever. Cela
commence par une éducation au sens physique du terme, c’est-à-dire l’apprentissage de la
manière dont on se nourrit, dont on se vêt, etc. Puis ce dernier reçoit une instruction plus
large, notamment pendant l’adolescence. Enfin, Gargantua suit une formation guerrière, qui
le présente tout à la fois comme un prince défenseur et protecteur.

Le roman se développe en suivant un dynamisme ascensionnel : au début, les descriptions


partent du bas (du vulgaire, du cru) pour s’élever progressivement jusqu’à l’affirmation du
libre arbitre du personnage principal qui se matérialise par la phrase « fais ce que tu voudras
» à la fin du livre.

Les jeux de mots


La première remarque que l’on peut émettre à propos de Gargantua, en lien avec la
thématique du rire, est que Rabelais est aussi connu pour son goût pour la langue française.
Il a ainsi inventé de nombreux mots qui permettent d’illustrer sa pensée, dont certains
participent de l’humour rabelaisien.

Dans cette perspective, on peut évoquer une technique employée dans Gargantua qui
illustre cet appétit des mots : il s’agit de l’onomastique, qui se penche sur l’étude des noms
propres. La construction des noms propres dans le roman est en effet essentielle, car elle
constitue une étape capitale dans la construction du personnage, premier facteur
d’identification grâce auquel le lecteur va pouvoir reconnaître le personnage.

La richesse littéraire de l’œuvre


Le roman de Rabelais est connu autant pour le fond que pour la forme.
En effet, Rabelais a écrit tout son roman dans un style très particulier. Écriture flamboyante,
langage inventif, jeux de mots, néologismes, etc. La multiplication des procédés littéraires
utilisés fait la caractéristique de l’œuvre. Rabelais fait également appel à différents genres
littéraires : poésie, éloge, pamphlet, parodie ou encore dialogue philosophique.

Les procédés qui suscitent le rire


Dans cette perspective, tout lecteur aura remarqué que le texte de Rabelais est empreint de
procédés divers qui déclenchent le rire. Ainsi, le prologue de cet ouvrage regorge
d’illustrations de motifs qui entraînent le rire ; parmi eux, on peut noter le lexique ordurier, qui
consiste à énoncer un grand nombre de mots vulgaires et scatologiques (qui ont rapport aux
excréments). De la même manière, on peut évoquer le processus par lequel Rabelais
ramène sans cesse l’homme à ses envies primaires et réduit le corps à ses fonctions
physiologiques (manger, boire, dormir et se soulager).

Le thème de l’ivresse, de la boisson, du vin ainsi que les nombreuses images régressives et
parodies font également partie des éléments qui invitent le lecteur à rire. En outre, les
premiers mots que prononce Gargantua sont « À boire ! », ce qui ne manque pas de faire
sourire le lecteur. Ces registres sont à mettre en relation avec toutes les formes d’excès qui
sont mentionnées, souvent traduites par des hyperboles (figure de style qui consiste à
exagérer, grossir les traits de quelque chose).

Par ailleurs, Rabelais entend se moquer de la scolastique, une école médiévale au service
du religieux uniquement, en se moquant des discours dogmatiques prononcés par l’Église,
interprétations souvent hasardeuses et bancales dont la vérité reste discutable. Il se moque
ainsi des « glossateurs », ceux qui utilisent par exemple des expressions latines inventées
qui ne veulent rien dire (comme dans le chapitre XIX). Il y caricature ainsi ceux qui
proclament détenir le savoir, incarnés par Janotus, un faux savant.

La transmission du savoir par le rire : « Rire est le propre de l’homme »


Dans cette œuvre très imagée, Rabelais utilise le rire afin d’éduquer le lecteur. Les
personnages du livre eux-mêmes sont joyeux : Grandgousier est décrit comme « bon raillard
», c’est-à-dire grand rieur. L’auteur tourne en dérision les pseudo-savants, qui utilisent
souvent leur savoir pour avoir de l’autorité et ainsi obtenir ce qu’ils veulent. Rabelais
présente ici une éducation princière, mais qui vaut pour tout le monde, en proposant de bâtir
une société vertueuse.

Rabelais tourne en dérision ses héros en les mettant dans des situations risibles (qui
provoquent le rire) et burlesques par leur caractère comique. Dès lors, on peut évoquer dans
le chapitre XXI le moment où il lui est demandé de faire du sport dans son lit, ce qui apparaît
comme complètement contre-productif et inutile, ainsi que l’absence de réflexion à propos de
l’adaptation des vêtements à la saison.

Néanmoins, un tournant s’opère au chapitre XXIII, dans lequel Gargantua prend


progressivement connaissance de la notion de pudeur, d’une certaine hygiène de vie, avec
la mise en place d’une diète et d’activités physiques qui contrebalancent la première partie
du roman dans laquelle tous les excès semblaient être permis. Ce changement de cap peut
se traduire par la locution grecque « meden agan » qui signifie : « rien de trop », et valorise
dès lors le sens de la mesure.
De plus, il occupe désormais son temps d’une façon rationalisée avec l’aménagement d’un
emploi du temps dévolu à certaines activités de l’esprit notamment. Rabelais couche ici sur
papier les principes issus des observations médicales de l’époque, qui associent la santé du
corps à celle de l’esprit et dont il se réclame.

Quelle est la morale de Gargantua ?

On l’a dit, Rabelais utilise le rire pour faire passer des messages à ceux qui lisent le roman. Celui que
l’on peut retenir avant tout est bien de chercher à comprendre le monde qui nous entoure, respecter
certains principes afin que celui-ci ne verse pas dans le chaos. L’auteur mêle dans son écriture
plusieurs registres de lecture, qui oscillent entre plaisant et sérieux.

À l’issue du chapitre XXI par exemple, le roi est représenté de façon burlesque transporté par une
charrette à bœufs, afin de rappeler que les rois sont des organismes parasites qui ne sont au pouvoir
que parce qu’ils sont nés et non parce qu’ils ont les compétences pour gouverner. Par cette image,
Rabelais alerte le lecteur sur la nécessité de réformer à la fois l’éducation ainsi que le système
politique.

Enfin, les nombreuses hyperboles, employées en particulier dans l’évocation de l’éducation, invitent
le lecteur à réfléchir sur l’enseignement du vide, c’est-à-dire la présentation d’un inventaire de
connaissances qui fait de la conception de l’éducation une mesure quantitative, une accumulation
sans sens de savoirs. Cette idée est formulée par la formule « science sans conscience n’est que ruine
de l’âme » dans Pantagruel.

La portée de Gargantua

En plus de son style littéraire unique, Rabelais a fait de Gargantua une œuvre majeure,
profondément critique de la société et du pouvoir politique du XVIe siècle. Le personnage de
Gargantua est utilisé pour se moquer autant des travers de la noblesse, que ceux du clergé, de
l’éducation non humaniste ou encore de la bêtise de la guerre. Excès, corruption, abus de pouvoir
font face à la vision alternative et utopiste de la société que dresse Rabelais.

Par sa spécificité, cette œuvre a eu une influence durable sur la littérature occidentale. Que ce soit
sur le fond, grâce à une satire sociale audacieuse, ou sur la forme, grâce à un mélange des genres
littéraires surprenant, l’œuvre de Rabelais a inspiré de nombreux intellectuels et écrivains.

Roman audacieux à la fois humoristique et satirique, Gargantua met en avant l’aventure d’un
personnage rocambolesque au service de la critique de l’époque. Il s’agit d’un plaidoyer pour le
développement de la culture humaniste en réponse à l’enseignement religieux figé en vigueur.
Influence littéraire, artistique et populaire.

L’œuvre de Rabelais peut être considérée comme un modèle littéraire. Cependant il faut distinguer
ici son influence intellectuelle et littéraire de l’imagerie populaire.

En effet la figure du géant Gargantua est celle qui perdure, de nos jours et de manière évidente, dans
l’imaginaire populaire ; cette influence se remarque dans certaines expressions comme « un festin
gargantuesque » ou « des repas pantagruéliques », dans l’adjectif « rabelaisien », notamment. Les
récits de Rabelais ont popularisé la figure du géant débonnaire, correspondant parfaitement au goût
français pour la bonne chère et le vin ; c’est le parc d’attractions «Mirapolis», les restaurants au nom
de «Gargantua», les festivités de Carnaval… C’est ce que Guy Demerson désigne comme «le mythe
de la jouissance béate et anarchique» (1).

Mais, de manière plus profonde, Rabelais a été imité par nos plus grands auteurs – par ceux qui l’ont
compris – en tant que propagateur de la pensée humaniste, proposant une réflexion sur l’éducation,
la bonne gouvernance, etc. C’est le Rabelais pédagogue, celui de l’« abîme de science. » Parmi les
grands écrivains français qui utilisèrent comme Rabelais, le premier d’entre eux, la forme du récit
allégorique, nous pouvons signaler plus particulièrement Cyrano de Bergerac et ses Histoires
comiques, le Fénelon des Aventures de Télémaque, le Voltaire des contes, mais aussi les auteurs des
Aventures du baron de Münchhausen. Si ces auteurs ont retenu la leçon rabelaisienne, ils n’en
revendiquent pas pour autant la gaudriole. Et c’est plus une influence « dans l’esprit » qu’une
véritable imitation du modèle.

Par ailleurs certains penseurs de l’occultisme, tels Louis-Claude de Saint-Martin et Eliphas Levi, ont
reconnu en Rabelais l’un de leurs maîtres, « la personne sacrée du joyeux curé de Meudon, l’un de
[leurs] plus grands maîtres dans la science cachée des mages» (2). C’est le Rabelais ésotérique qu’ils
invoquent, celui du « plus haut sens» (3).

Enfin l’œuvre rabelaisienne a été suivie par des auteurs (pas seulement français) qui en ont compris
la modernité. Rabelais est un auteur exigeant, qui remet perpétuellement en question la notion de
genre littéraire, qui est à l’origine de ce que d’aucuns appellent « roman moderne » : à sa suite ont
œuvré Sterne, Diderot, Umberto Eco…)

Ce catalogue non exhaustif permet de mettre en relief l’importance de Rabelais et de son œuvre
plurielle, quel que soit le domaine qui y est associé, l’hédonisme, la pédagogie, l’ésotérisme, la
modernité esthétique.

1/ Littérature

Traductions, adaptations

Johann FISCHART, Geschichtsklitterung, première traduction – ou plutôt adaptation – du cycle en


langue allemande (1582)

Th. FRAGONARD et Jules de LAMARQUE, Les Héros de Rabelais, ou Aventures drôlatiques de


Gargantua, Panurge, et Pantagruel, mis en vers libres, Paul Permain et Cie, Paris, 1850
Réécritures et œuvres inspirées par Rabelais

François HABERT, Le Songe de Pantagruel, poème inspiré par le Pantagruel de Rabelais, mais qui a
sans doute influencé celui-ci dans Le Tiers Livre, 1542 (4).

Nicolas HORRY, Rabelais ressuscité, récitant les faicts et comportements admirables du très-
valeureux Grandgosier roy de place-vuide, Rouen, 1611

Laurence STERNE, Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme, traduction de C. Mauron, G-F,
1982 (première publication en 1759-1767)

Louis-Claude de SAINT-MARTIN, Le Crocodile, ou la guerre du bien et du mal arrivée sous le règne de


Louis XV. Poème épico-magique en 102 chants, Triades-Editions, 1979 (première publication en 1799)

Honoré de BALZAC, Contes drolatiques, Préface et notes de Rolland Chollet, tomes 25 et 26 de


l’édition complète de La Comédie humaine, Cercle du Bibliophile, Rencontres, 1967 (première
publication en 1832-1837)

Eliphas LEVI, Le Sorcier de Meudon, récit mettant en scène Rabelais et ses personnages, composé de
trois parties « Les Ensorcelés de la Basmette », « Les Diables de la Devinière » et « le Ménétrier de
Meudon », 1847 (publications séparées), 1861 (publication des trois parties regroupées)

Léon DAUDET, Les Dicts et pronostiquations d’Alcofribas Deuxième pour le bel an 1923, Paris, Valoys,
1922 (pastiche dont l’objectif est pamphlétaire)

René DAUMAL, La Grande Beuverie, coll. « L’Imaginaire », Gallimard, 1966 (première publication en
1938)

2/ Théâtre

Nombreuses adaptations théâtrales, dont les principales sont citées ici :

Jean-Louis BARRAULT, Rabelais, « jeu dramatique » en deux parties tiré des cinq livres de François
Rabelais, Paris, Gallimard, coll. « Le Manteau d’Arlequin », 1969 (parties musicales de Michel
Polnareff)

Pantagruel, texte d'Alain Enjary, mise en scène de Mehmet Ulusoy, musique de Christian Maire, 1981

Antonine MAILLET, Les Drolatiques, Horrifiques Et Epouvantables Aventures de Panurge, ami de


Pantagruel Leméac Éditeur, 1983

3/ Musique et spectacles musicaux

Ballets et mascarades de cour : en 1622, à Blois, est représentée une « mascarade» intitulée
Naissance de Pantagruel (5) ; en 1628 le Ballet des andouilles (inspiré de l’épisode du Quart Livre) est
donné au Louvre.

Claude TERRASSE, Pantagruel, opéra-bouffe sur un livret d’Alfred JARRY, en collaboration avec
Eugène Demolder (création en 1911 à Lyon)
Jules MASSENET, Panurge, opéra en trois actes (« haulte farce musicale »), sur un livret de Georges
Spitzmuller et de Maurice Boukay (1913)

Erik SATIE, Trois petites pièces montées pour piano à quatre mains, L'Enfance de Pantagruel
(Rêverie), Marche de Cocagne (Démarche), Jeux de Gargantua (Coin de polka), 1920

Jean FRANÇAIX, Les Inestimables Chroniques du bon géant Gargantua, Fantaisie musicale pour
récitant et orchestre à cordes, 1971

Mario LAVISTA, Gargantua, œuvre franco-mexicaine pour narrateur, chœur et orchestre, 2002

4/ Œuvres plastiques

François DESPREZ, Les Songes drolatiques de Pantagruel, ou sont contenues plusieurs figures de
l’invention de maistre François Rabelais : & derniere œuvre d’iceluy, pour la recreation des bons
esprits, 1565

Gustave Doré, L'enfance de Gargantua,

aquarelle, plume et encre noire sur papier, vers 1873

Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg

Gustave DORE, illustrations pour l’œuvre de Rabelais, nombreuses éditions et rééditions depuis 1854

Albert ROBIDA, illustrations pour la totalité de l'œuvre de Rabelais, 1885-1886

Albert DUBOUT, illustrations de Gargantua - Kra, 1931

Dino BATTAGLIA, Gargantua et Pantagruel, Mosquito, 2002 (bande dessinée d’après l’œuvre de
Rabelais, publiée d’abord en Italie en 1979)

Jean-Yves MITTON et Michel RODRIGUE, Les truculentes aventures de Rabelais (deux tomes, Salade
de spadassins à la Léonard , 2001, et Fricassée de fripouilles à la Gargantua, 2002), édition Hors
collection

Gérard GAROUSTE, La Dive Bacbuc, « Installation drolatique sur la lecture de Rabelais », 1998

Fabian CERREDO, série d’œuvres peintes entre 2000 et 2002

Fabian Cerredo, Gargamelle mangeant des tripes le soir, technique mixte sur toile

2002, 195 x 130 cm.

Fabian Cerredo, Gargantua pissant...,


technique mixte sur toile

2002, 300 x 200 cm.

5/ Œuvres cinématographiques

Gargantua, film de Pierre Badel, réalisé pour la télévision française en 1962

La Très Excellente Et Divertissante Histoire de François Rabelais, biographie de Rabelais réalisée par
Hervé Baslé pour la télévision française en 2011

6/ Autres

Aleister CROWLEY développa dans Le Livre de la Loi (1904) un système religieux et philosophique
appelé «Thelema», faisant particulièrement référence à la Thélème du Gargantua.

Le « GROUPE DE L’ABBAYE » ou « l’Abbaye de Créteil » est un phalanstère créé en 1906 par certains
amis écrivains, poètes et artistes français du début du XXe siècle (René Arcos, Albert Doyen, Georges
Duhamel, Albert Gleizes, Charles Vildrac, Jules Romain, Pierre-Jean Jouve…) en référence à l’abbaye
de Thélème, mythe dont il faudrait plus largement parler.

© Emmanuel Daubert

(1) Guy Demerson, « Rabelais est-il actuel ? », Notes pour une conférence prononcée en 1998, en
ligne sur http://www.ecole-alsacienne.org/CDI/pdf/1301/130211_DEM.pdf ; lire cet article me
semble tout à fait éclairant pour qui veut étudier l’œuvre de Rabelais comme modèle.

(2) Eliphas Levi, Le Sorcier de Meudon, Préface, 1861.

(3) Lire l’article de Léo Mérigot, « Rabelais et l’alchimie », publié dans Les Cahiers d’Hermès, n° 2,
1947 et disponible en ligne sur http://litteratura.free.fr/spip/article.php?id_article=14 .

(4) Voir l’article de Claire Bottineau-Sicard, « (15)42, année fantastique. Imaginaire et politique dans
Les Visions d’Oger le Dannoys au royaulme de Fairie, Le Livre des visions fantastiques et Le Songe de
Pantagruel de François Habert », Camenae n°8 – décembre 2010, en ligne sur http://www.paris-
sorbonne.fr/IMG/pdf/12-_Bottineau-Siccard.pdf
(5) Saint-Amant a écrit une pièce poétique intitulée Naissance de Pantagruel, pour une mascarade ;
est-ce pour celle-ci ?

Rire et savoir dans Gargantua : exemple

Introduction

Accroche

• D’abord, description de la mauvaise éducation.


• Rire dirigé contre les précepteurs sophistes.
Il gambadait, sautillait, se vautrait sur la paillasse un bon moment pour mieux ragaillardir ses esprits
animaux.

• Rabelais dénonce les mauvaises pratiques avant de nous présenter la bonne éducation humaniste
de Ponocrates.

Problématique

Comment le rire nous éduque-t-il dans Gargantua de Rabelais ?

Annonce du plan

1) Un rire généreux et créatif


2) Un rire dénonciateur et révélateur
3) Un rire philosophique et spirituel

I. Un rire généreux et créatif

1. Un rire démesuré
• Le rire démesuré nous donne une idée de la générosité du savoir qui se multiplie sans limites.
• Le savoir comme « plaisir dionysiaque » (comme le dieu antique du vin et des excès).
• La naissance de Gargantua rappelle celle d’Athéna, (déesse de l’intelligence et de la stratégie
militaire).
• Naissance d’un nouveau héros qui nous invite « à boire » pour étancher une soif de connaissances.

2. Un rire de grande valeur

• Rire chez Rabelais = contenant qui recèle un savoir précieux.


• Expliquer la métaphore des Silène dans le Prologue.
• Le torche-cul est aussi une métaphore humoristique pour une question profonde : Comment se
débarrasser de la merde du monde (le péché, le mal).

3. Un rire créatif

• Le rire gargantuesque nous invite à sortir des sentiers battus. Il libère notre imagination.
• Par exemple, l’énumération des jeux de Gargantua enfant : foisonnement et fantaisie.
• Plaisir de l’invention de mots nouveaux :
Une guerre picrocholine, un repas pantagruélique, un appétit gargantuesque, quand viendront les
coquecigrues, etc.

4. Les richesses du rire parodique

• Le rire créatif permet la parodie et valorise l’intelligence.


• Exemple : références médicales lors des moments les plus épiques « il déboitait des fémurs,
débezillait des fauciles ».
• Les acrobaties de Gymnaste représentent aussi la souplesse de l’esprit.

Transition vers la deuxième partie

• Le rire de Gargantua transmet un savoir précieux


• Il nous invite même à utiliser notre imagination.
• Imagination et créativité nous affranchissent un temps de certaines règles pour mieux nous
montrer leur absurdité.

II. Un rire dénonciateur et révélateur

1. Rire contre les arguments d’autorité

• Rire corrosif : dénonce sans avoir besoin de démontrer.


• Argument d’autorité : faire référence à un auteur comme preuve de vérité.
• Alcofribas Nasier s’indigne contre la symbolique des couleurs, imposées par un livre unique.
• Métaphore : Gargantua enfant offre, non pas de vrais chevaux, mais des chevaux de bois :
— Tu nous as bien bernés, mon mignon. Je te verrais bien pape un jour ou l'autre.

2. Le cas du rire satirique

• Rire pour briser les préjugés, la méchanceté et la bêtise.


• Laisser deviner en creux les valeurs défendues par l’auteur.
• Exemple du discours des conseillers de Pircochole.
• Exemple de l’instruction scolastique :
Maître Thubal Holoferne [...] lui apprit si bien son abécédaire qu'il le récitait par cœur à l'envers, ce
qui lui prit cinq ans et trois mois.

3. Un décalage révélateur

• Le rire est produit par une surprise, un effet de contraste.


• Exemple : les moines se lamentent alors que frère Jean se bat.
• Exemple : Eudémon s’exprime bien, Gargantua meugle.
Tout autre fut la contenance de Gargantua, qui [...] se mit à pleurer comme une vache.
Transition vers la troisième partie

• Chaque situation triviale cache un message symbolique élevé.


• Exemple : Alcofribas parle d’un texte mangé par les nuisibles (ce ne sont pas les insectes, mais la
censure).

III. Un rire philosophique et spirituel

1. Farce et mystère

• À la Renaissance, sur le parvis des églises, on alterne des représentations de la vie des Saints
(Mystère) et des blagues scatologiques (Farces).
• Rabelais entremêle les deux genres dans le roman.
• Exemple : Gargantua urine sur Paris, qui cache en fait un véritable baptême par le rire (Paris = par
ris).
• Exemple : la jument de Gargantua promène les cloches de Notre-Dame… Elle répand la bonne
parole.
• Références au mouvement évangéliste de l’époque.

2. Un rire qui élève l’âme

• Si « le rire est le propre de l’homme » c’est une manifestation de l’âme. Il ne remet pas en cause
son existence.
• Le corps de Gargantua est le reflet d’une âme, qui s’avachit ou grandit selon l’éducation qu’elle
reçoit.
• Le nom de Gargantua « quel grand tu as » : le gosier ou encore, l’appétit de savoir.
• Couleurs symboliques de ses vêtements : le blanc (la joie) le bleu (les choses célestes).
3. Un rire civilisateur humaniste

• Les débats théologiques de l’époque cachent des réflexions philosophiques.


• Défendre un idéal humaniste civilisateur.
• Exemple : Frère Jean fait passer le travail et la sociabilité devant la prière. Les autres moines n’ont
plus rien d’humain.
• Mais le rire de Rabelais n’a rien de stigmatisant : même les sophistes sont invités à boire :
Ponocrates fut d'avis que l'on fit reboire ce bel orateur et, vu qu'il [...] les avait fait rire plus que ne
l'eût fait Songecreux, qu'on lui offrît les dix empans de saucisses mentionnés dans sa joyeuse
harangue, [et toutes les] choses qu'il disait nécessaires à sa vieillesse.

Conclusion

• Un rire outil d’éducation, porte un savoir précieux.


• Mais il défend aussi l’imagination et la créativité.
• Il permet donc d’abord de mettre à bas les règles absurdes.
• Il nous invite alors à réfléchir par nous-mêmes.
• Rire à l’intersection de l’âme et du corps.
• Rire qui manifeste les qualités humanistes : élévation de l’âme, soif de savoir, sociabilité,
enthousiasme créatif.

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy