deforestation congo

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B A

S E Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2016 20(2), 183-194 Le Point sur :

Quelles sont les causes de la déforestation dans le bassin


du Congo ? Synthèse bibliographique et études de cas
Pauline Gillet (1), Cédric Vermeulen (1), Laurène Feintrenie (2), Hélène Dessard (3),
Claude Garcia (4)
(1)
Université de Liège - Gembloux Agro-Bio Tech. Biosystems Engineering. Passage des Déportés, 2. BE-5030 Gembloux
(Belgique). E-mail : pgillet@ulg.ac.be
(2)
CIRAD. Direction Régionale d’Afrique Centrale. Unité de Recherche Biens et Services des Écosystèmes Forestiers
tropicaux (UR B&SEF). Département Environnement et Sociétés. BP 2572. Rue Joseph Essono Balla. Yaoundé (Cameroun).
(3)
CIRAD. Unité de Recherche Biens et Services des Écosystèmes Forestiers tropicaux (UR B&SEF). Département
Environnement et Sociétés. Campus international de Baillarguet. TA C-105/D. Montpellier cedex 5 (France).
(4)
ETH Zurich. Unité de Recherche Biens et Services des Écosystèmes Forestiers tropicaux (UR B&SEF). FORDEV.
Department of Environmental Systems Science. Département Environnement et Sociétés. Zurich 8092 (Switzerland).

Reçu le 20 mai 2015, accepté le 11 avril 2016.

Description du sujet. Les forêts du Bassin du Congo font partie des zones forestières les mieux préservées de la planète.
Néanmoins, les facteurs qui entrainent la déforestation ailleurs dans le monde se manifestent également dans cette sous-région
du globe. Cet article propose une revue de la littérature des causes directes et des facteurs sous-jacents de la destruction du
couvert forestier des régions tropicales, afin de mettre en exergue les moteurs de la déforestation dans le bassin du Congo, et
plus particulièrement au Cameroun et au Gabon.
Littérature. Les causes directes de déforestation, définies comme ayant un lien cause-conséquence immédiat avec la
destruction du couvert forestier, sont renforcées par des facteurs sous-jacents tels que les facteurs économiques, les avancées
technologiques, les mesures politiques ainsi que les pressions démographiques. Toutes ces causes interagissent de façons
distinctes dans les différentes régions tropicales de par le monde et expliquent les divergences et similitudes entre les
dynamiques de déforestation régionales. En plus de l’expansion de l’infrastructure, du développement du secteur minier et
de l’extraction du bois, l’agriculture représente la cause directe de déforestation la plus importante dans le bassin du Congo.
Au Cameroun, la déforestation actuelle est principalement liée à l’agriculture. Le plan d’émergence de ce pays prévoit le
développement des infrastructures, la modernisation de l’appareil de production national ainsi que l’exploitation minière. Au
Gabon, le taux de déforestation plus faible s’explique par la dynamique agricole et l’ouverture des routes. Le plan d’émergence
ambitieux y prévoit la modernisation de l’infrastructure ainsi que le développement de l’agriculture agro-industrielle.
Conclusions. Une mutation des socio-écosystèmes liée à la déforestation est attendue en différents points du bassin du Congo.
Les recherches futures devraient maintenant aborder la description de socio-écosystèmes types représentant les différents
stades de la transition forestière ainsi que l’identification des facteurs du changement à différentes échelles.
Mots-clés. Déforestation, causes directes, facteurs sous-jacents, Afrique centrale, Cameroun, Gabon.

Drivers of deforestation in the Congo basin tropical forest. A review


Description of the subject. The forests of the Congo Basin are among the best preserved areas on Earth. Nevertheless, the
factors causing deforestation around the world are also present in this subregion. This document presents a literature review of
the direct causes and underlying factors of deforestation in the tropical areas and highlights the drivers of deforestation in the
Congo Basin and particularly in Cameroon and Gabon.
Literature. Direct causes of deforestation, defined as having a direct cause-and-consequence connection with the destruction
of forest cover, are underpinned by economic factors, technological developments, pro-deforestation policy measures and
demographic pressures. These factors interact in different ways in the various tropical regions worldwide, which explains
the differences and similarities of regional deforestation dynamics. Beside the expansion of infrastructure, the development
of mining and timber extraction, agriculture is the main direct cause of deforestation in the Congo Basin. In Cameroon, the
current deforestation is primarily driven by agriculture. The State emergency plan includes the development of infrastructure,
the modernization of production, equipment and mining. The lack of strategy for rapidly changing demographics might be the
most important underlying cause of deforestation. In Gabon, although the deforestation rate is low, agriculture and the opening
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of roads are main drivers. The emergency plan includes modernization of infrastructure and the development of agro-industrial
agriculture.
Conclusions. A mutation of socio-ecosystems is expected in different parts of the Congo Basin. Future research should now
turn to the analysis of socio-ecosystems representative of the various stages of the forest transition and identify drivers of
change at different scales.
Keywords. Deforestation, direct causes, underlying factors, Central Africa, Cameroon, Gabon.

1. INTRODUCTION entre le taux de natalité, de mortalité mais aussi des


phénomènes de migrations (Mather et al., 1998). La
La déforestation est définie par Kanninen et al. plupart des cas d’étude portent sur l’identification des
(2007) comme la conversion d’une forêt en une autre facteurs responsables de la déforestation à échelle
forme d’occupation spatiale ou comme la réduction locale. Toutefois, il existe des études comparatives qui
à long terme du couvert forestier sous un seuil de tentent de générer une compréhension commune des
dix pourcents. Un des effets environnementaux les causes directes et des facteurs sous-jacents à partir de
plus importants de la déforestation est l’érosion de plusieurs études locales (Lambin et al., 2001 ; Geist
la biodiversité. En effet, les forêts tropicales recèlent et al., 2002), ainsi que des études identifiant les causes
la plus large diversité spécifique connue (Puig, 2001 socio-économiques à l’échelle globale (macro) et leurs
ou Teyssèdre, 2004). Ces derniers déclarent que répercutions indirectes dans les prises de décisions
la diminution de la superficie des forêts tropicales (Rudel et al., 1997 ; Scrieciu, 2007). Par ailleurs,
ainsi que leur fragmentation seraient responsables d’après les projections des impacts des changements
de la disparition de 7 % des espèces non exploitées globaux sur la biodiversité proposées par Leadley et al.
inféodées à ces habitats. Les forêts du bassin du (2010), la conversion de grandes étendues de forêts en
Congo font aujourd’hui partie des zones aux taux de une affectation du sol différente (telles que les mines
déforestation les plus faibles du globe (de Wasseige ou des plantations agricoles à grandes échelles) est à
et al., 2014). D’après Bellassen et al. (2008), la prévoir.
déforestation représente 0,15 % de la surface forestière La conversion du couvert forestier en un couvert
du Bassin du Congo contre 0,51 % en Amérique alternatif (agriculture, plantation à grande échelle
tropicale ou 0,58 % en Asie tropicale. Actuellement, ou urbanisation) peut être liée à l’augmentation de
la perte de la biodiversité est faible dans les forêts la pression démographique. La courbe de transition
du bassin du Congo par rapport aux autres grands forestière décrite par Mather (1992) montre la relation
massifs forestiers tropicaux (de Wasseige et al., 2014). entre le couvert forestier et le temps. Ce dernier peut
Pourtant, les processus qui entrainent la destruction être également remplacé par l’augmentation de la
du couvert forestier ailleurs dans le monde sont aussi densité de population ou un indice du développement
à l’œuvre dans la sous-région. Ces « moteurs de la économique national (Barbier et al., 2010). Angelsen
déforestation » ont été définis comme des éléments (2008) divise la courbe de transition forestière en
ayant un lien cause-conséquence explicite et direct quatre phases :
avec la destruction du couvert forestier (Pfaff et al., – le couvert forestier est dense avec un taux de
2007). On peut citer comme exemples l’ouverture déforestation très faible lié à une densité de population
de champs sur la forêt (Kissinger et al., 2012) ou la faible ayant un faible impact sur la ressource ;
construction d’infrastructures (Megevand et al., 2013). – la déforestation nette augmente sous l’effet de
Bien souvent, les descriptions de ces liens causaux l’augmentation de la population et de la conversion
reposent sur l’utilisation de modèles généralistes et pour d’autres utilisations de l’espace ;
procèdent par simplification de la réalité (Lambin et – la croissance démographique diminue et les
al., 2001). Ces narrations ont pourtant gagné l’aval révolutions techniques changent la manière de
du public et influencent les prises de décisions envi- produire, les pressions pour augmenter les surfaces
ronnementales et l’élaboration de lois (Lambin et al., agricoles faiblissent, la courbe atteint son point le
2001 ; Geist et al., 2002). Les études antérieures aux plus bas ;
années 2000 considèrent souvent des facteurs directs, – l’augmentation de la population urbaine change la
réputés uniques responsables de la destruction du cou- vision sur la forêt d’une source de bois et de terres
vert forestier, comme l’agriculture itinérante (Myers, agricoles potentielles à une ressource esthétique et
1994), l’exploitation minière (Edwards et al., 2014) récréative. De plus, des plantations d’arbres utiles
ou l’ouverture des routes (Théry, 1997). La déforesta- sur les terres déboisées entrainent l’augmentation
tion peut cependant aussi être corrélée à des facteurs nette du couvert forestier. La composition de la
sous-jacents relevant de plusieurs causes comme la forêt nouvellement obtenue est cependant fortement
pression démographique issue de la combinaison éloignée de la forêt originale.
Causes de la déforestation dans le bassin du Congo 185

Le présent document propose une revue de la Expansion de l’agriculture. Plusieurs auteurs ont
littérature des causes directes et des facteurs sous- identifié l’agriculture comme étant de loin la principale
jacents de la déforestation dans les zones tropicales, cause de déforestation dans le monde tropical (Geist
pour se focaliser ensuite sur les facteurs à l’œuvre dans et al., 2002 ; Rudel et al., 2009 ; Kissinger et al., 2012).
le bassin du Congo et particulièrement ceux actifs dans Elle peut être subdivisée en plusieurs types d’activités
deux pays de cette région pris comme exemples afin pouvant toutes entrainer la conversion de forêts :
de déterminer leur situation théorique sur la courbe – l’agriculture familiale à vocation vivrière telle que
de transition forestière : le Cameroun et le Gabon. Le l’agriculture itinérante sur brûlis,
Gabon a été choisi pour son couvert forestier important – les cultures permanentes ou semi-permanentes,
couvrant plus de 88 % du territoire ainsi que pour sa qu’elles soient familiales ou agro-industrielles, et
densité de population très faible et majoritairement l’élevage à grande échelle.
urbaine (de Wasseige et al., 2014). Des mesures
politiques importantes y ont été prises en matière de Des différences régionales s’expriment par
gestion des forêts obligeant à la rédaction de plans l’importance relative de ces différents types
d’aménagement en cas d’exploitation forestière ainsi d’agriculture : l’Amazonie est plus sujette à l’élevage
qu’à la création de 13 parcs nationaux couvrant 11 % à grande échelle (Tsayem Demaze, 2008 ; Rudel et al.,
du territoire (République du Gabon, 2012 ; Desclée 2009) ; la forêt tropicale humide africaine serait peu
et al., 2014). Par contraste, le Cameroun a été choisi à peu rongée par l’agriculture familiale vivrière et de
car il présente la densité de population la plus élevée du rente (Hosonuma et al., 2012) ; enfin, dans le sud-est
bassin du Congo entrainant une demande plus élevée asiatique, la conversion de la forêt en terres arables a
en terres agricoles, en bois d’œuvre et en bois-énergie d’abord été induite par l’ouverture de routes en forêt
(Schure et al., 2012) et parce qu’il présente la plus et l’allocation de subsides pour la colonisation des
faible proportion de couverture forestière du bassin du forêts denses par les agriculteurs familiaux (Rudel
Congo (Desclée et al., 2014). et al., 2009), puis par une politique de promotion des
La recherche bibliographique s’est appuyée sur plantations industrielles (De Koninck, 2005).
les moteurs de recherche Google Scholar, Scopus et L’agriculture itinérante sur brûlis constitue un
ScienceDirect avec les équations de recherche ainsi que mode de production agricole familiale de subsistance
les résultats énoncés dans le tableau 1. L’élimination qui répond aux besoins primaires des populations.
des articles redondant et s’écartant du sujet ainsi que Après l’abattage et la défriche, des parcelles sont
le choix des articles rassemblant le plus de références mises en culture pendant quelques années. Le terrain
bibliographiques ont permis de sélectionner les est ensuite laissé en jachère pendant plusieurs années
références figurant dans cette synthèse. voire plusieurs décennies en fonction de la fertilité de
la terre, de la pression des adventices, de la pression
foncière et de la disponibilité en force de travail.
2. CAUSES DE DÉFORESTATION EN ZONE De Wachter (1997) estime ce système agricole durable
TROPICALE tant que la densité de population ne dépasse pas les
30 à 40 habitants.km-2 dans le contexte des essarteurs
2.1. Causes directes de déforestation d’Afrique centrale. Au-delà de ce seuil démographique,
les terres et les ressources viennent à manquer, ce qui
Plusieurs causes directes ont été identifiées dans la engendre un raccourcissement des temps de jachère
littérature, elles sont rassemblées par Geist et al. (2002) entravant le retour de la forêt ainsi que la restauration
en trois grands groupes : de la fertilité du milieu biophysique. Sans innovations
– l’expansion de l’agriculture,
– l’extraction du bois,
– l’expansion des infrastructures et de l’ex- Tableau 1. Équations de recherche et nombre d’articles
ploitation minière. correspondant par moteur de recherche consulté — Research query
and corresponding number of articles for each search engine used.
À ces groupes peuvent être ajoutés des ScienceDirect Google Scopus
facteurs prédisposant tels que la qualité des Scholar
sols et les problèmes sociaux. L’expansion Drivers of deforestation 4 832 44 700 472
de l’agriculture constitue le facteur
préponderant, qu’il s’agisse de l’agriculture « Drivers of deforestation » 328 2 700 85
de rente et de l’élevage en forêt amazonienne « drivers of deforestation 163 1 470 4
ou en Asie du Sud-Est ou de l’agriculture central Africa »
itinérante dans le bassin du Congo (Rudel et « causes de la déforestation » 6 279 1
al., 2009).
186 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2016 20(2), 183-194 Gillet P., Vermeulen C., Feintrenie L. et al.

agricoles (apport de fertilisation exogène, lutte l’éventail des espèces est plus faible, la forêt est plus
contre les adventices améliorée), seule l’ouverture homogène et donc plus facile à exploiter. En Amérique
de nouveaux champs sur la forêt garantit alors la latine, l’éventail spécifique semble plus proche de la
production des denrées agricoles (Myers, 1994). forêt asiatique mais les forêts sont plus hétérogènes. »
L’agriculture permanente ou semi-permanente, (Fleury, 2000).
qu’il s’agisse de cultures de rente à échelle familiale Le bois de feu est un combustible ligneux brûlé
ou d’agro-industries, a été principalement mise en sous forme de bois ou de charbon et fournissant
place en Amazonie et en Asie du Sud-Est dans les l’énergie nécessaire à la cuisson des aliments et la
années 1960 à 1970 (Tsayem Demaze, 2008 ; Rudel transformation des produits agricoles (Ozer, 2004).
et al., 2009). À cette époque, la forêt a fait l’objet de D’après la FAO (2005), 80 à 90 % du bois prélevé en
projets d’infrastructures. L’ouverture de routes ainsi Afrique et en Asie du Sud-Est servirait de combustible
que l’incitation à la colonisation pionnière ont permis pour la préparation des repas ou serait utilisé comme
la pénétration du massif forestier, le défrichement de la bois de chauffe. D’après Ozer (2004), jusqu’à la
forêt et l’installation de parcelles agricoles permanentes grande période de sècheresse des années 1960, le
et cultivées selon des pratiques extensives (Déry, bois de feu était généralement considéré comme une
1996). La production familiale vivrière et de rente ainsi ressource infinie en Afrique sahélienne, l’offre étant
que les pâturages pour l’élevage bovin ont chassé les bien plus élevée que la demande. Le bois était au Sahel
populations autochtones vers l’intérieur des massifs. pratiquement la seule source d’énergie utilisée en
En Amazonie brésilienne, les agriculteurs pionniers milieu rural et urbain. La sècheresse des années 1960 a
ont été encouragés par l’État à vendre leurs terres à entre autres provoqué un exode rural massif entrainant
des propriétaires de ranchs développant des élevages une concentration de la population dans les milieux
à grande échelle, et à déplacer leurs cultures plus urbains ainsi qu’une forte demande en bois-énergie
avant dans le massif forestier (Déry, 1996). Ces grands (Benjaminsen, 1996). À l’heure actuelle, le bois et le
domaines deviennent alors des freins à la pratique de charbon répondent encore à plus de 90 % des besoins
l’agriculture itinérante des agriculteurs familiaux en en énergie des populations rurales et urbaines des
limitant les espaces disponibles (Cochet, 1993 ; Rudel pays du Sahel, cette valeur ayant peu évolué sur les 50
et al., 2009). Des cultures permanentes ont été mises dernières années (Gazull et al., 2014).
en place dans toutes les zones tropicales. Les produits
issus de ces plantations, qu’il s’agisse de canne à sucre, Développement des infrastructures et du secteur
d’huile de palme, d’hévéa, de coton ou de soja sont minier. Le développement des infrastructures englobe
destinés principalement au marché agro-industriel l’urbanisation, les réseaux de transport, de communi-
ainsi que dans une plus faible mesure à la production cation, de production et de conduction d’énergie ainsi
d’agro-carburants (Polet, 2011). que le secteur minier.
Depuis la crise financière et alimentaire de L’expansion des villes produit un impact direct
2007-2008, les acquisitions de grandes surfaces de sur les forêts de par la déforestation périurbaine pour
terres arables dans les pays du Sud sont devenues l’expansion de la zone urbaine (Mertens et al., 1997),
une préoccupation importante des institutions mais aussi un impact indirect par l’augmentation des
internationales, de la société civile ainsi que de la besoins en bois de feu et en produits agricoles pour
presse mondiale (Cotula et al., 2009 ; Karsenty et al., alimenter la population urbaine (Mather et al., 1998 ;
2012). Ce phénomène de « néocolonialisme agraire » Marien, 2009 ; Vermeulen et al., 2011).
engendre une pression forte sur les espaces forestiers Si les impacts directs des infrastructures routières
qui est difficile à quantifier. En effet, ces espaces ne sur le couvert forestier sont assez faibles, les impacts
sont pas considérés comme des terres arables et leur indirects et induits constituent eux une menace
conversion n’est pas toujours prise en compte. importante en modifiant la dynamique économique
de la zone nouvellement accessible (Megevand et al.,
Extraction du bois. Le bois d’œuvre est surtout 2013). De nombreuses études rapportent l’impact
exploité de façon dévastatrice en Amérique du Sud et du développement de routes ou du chemin de fer sur
en Asie du Sud-Est (Hosonuma et al., 2012). D’après la migration des populations en forêts, la chasse et
Fleury (2000), les forêts tropicales auraient été l’exploitation forestière illégale (Garcia et al., 2014 ;
exploitées pour leur bois précieux puis pour leur bois Laurance et al., 2014). L’ouverture de routes en forêt
d’œuvre et enfin pour la production de pâte à papier, tropicale permet le désenclavement et le transport des
mais l’exploitation aurait été différente sur les trois produits de l’agriculture et des produits issus de la forêt
continents du fait de la répartition des essences : « En comme le bois, les fruits, le gibier, mais est à l’origine
Afrique, on dénombre un grand nombre d’essences de perte ou de fragmentation des habitats et d’une
avec une densité spécifique faible, les arbres sont donc dégradation environnementale souvent irréversible
difficiles à localiser et à extraire. A contrario, en Asie, (Garcia et al., 2014 ; Laurance et al., 2014).
Causes de la déforestation dans le bassin du Congo 187

En 1970, le programme d’intégration nationale est liée au revenu par habitant suivant une courbe en
élaboré par le régime brésilien avait pour objet la U inversé. En effet, les revenus nationaux sont dans un
construction de routes en Amazonie brésilienne afin premier temps basés sur les revenus issus des ressources
de désenclaver la zone et de favoriser l’exploitation du environnementales exploitées de manière extractive
territoire pour permettre le développement économique (chasse, pêche, cueillette, exploitation forestière et
et social et assurer la souveraineté du pays (Demaze, minière) ou transformées par l’agriculture. Ces activités
2008). Théry (1997) décrit l’évolution du réseau routier reposant sur l’exploitation des ressources naturelles
en Amazonie comme suit : « les routes nationales peuvent constituent le secteur économique dit « primaire ».
être très ramifiées et s’enfoncer sur des dizaines de L’exploitation des ressources a pour conséquence
kilomètres de la route asphaltée, élargissant le couloir de une dégradation environnementale proportionnelle
défrichement accessible aux colons et la zone impactée à la croissance économique. Dans un second temps,
par l’infrastructure routière ; ces routes sont ensuite l’économie nationale n’étant plus basée sur le secteur
prolongées en pistes érigées par les exploitants forestiers primaire, les pressions sur l’environnement diminuent
et les agriculteurs pionniers afin d’exploiter de nouvelles dans le pays.
zones forestières et de les convertir en terres agricoles. » D’après Carr et al. (2005), le facteur économique
En Thaïlande, le programme de construction de le plus puissant pour expliquer la déforestation serait
routes a aussi commencé dans les années 1970 afin la demande, qu’il s’agisse de demandes pour les
d’aider l’armée à sécuriser le nord du pays contre les nécessités de base (fibres vestimentaires, nourriture,
atteintes communistes (Cropper et al., 1999). L’ouverture bois de construction) ou de demandes plus superficielles
des routes a permis à une population rurale croissante de (demandes en bois tropicaux ou en fruits exotiques).
s’établir en forêt et d’y développer une agriculture de Ces demandes s’expriment sur des marchés locaux
subsistance. ou globaux et influenceront la conversion de forêts en
Les impacts du secteur minier sur le couvert forestier zones agricoles ainsi que l’intensification des cultures.
peuvent être de deux types : DeFries et al. (2010) montrent sur base d’images
– les impacts directs de l’extraction minière qui incluent satellites que, à l’échelle nationale, la déforestation est
la pollution ainsi qu’une dégradation de l’habitat corrélée à la production de produits agricoles destinés
naturel par l’élimination du substrat sur des surfaces à la consommation urbaine ainsi qu’à l’exportation
allant de moins d’un hectare à des dizaines d’hectares internationale. Selon Geist et al. (2002), la déforestation
en fonction du minerai recherché. Cet impact est axée sur les capitaux se réfère aux investissements
irréversible sans action de réhabilitation (Kabulu et al., publics et privés pour développer les frontières
2008 ; Edwards et al., 2014) ; politiques, économiques ou pour des raisons sociales.
– les impacts indirects qui concernent la construction Carr (2004) postule par ailleurs que l’augmentation de
d’infrastructures de transport et de production la densité de population entraine un raccourcissement
d’énergie et l’afflux de population dans des zones des temps de jachère et que seule une intensification
jusque-là peu peuplées avec comme conséquences le de l’agriculture entrainée par l’augmentation de
défrichement pour l’agriculture vivrière, la chasse pour l’économie de marché occasionnerait une diminution
la consommation locale ainsi que l’utilisation de bois de la pression sur le couvert forestier.
d’œuvre et de feu (Brashares et al., 2004 ; Megevand
et al., 2013). Facteurs institutionnels. Il s’agit essentiellement de
mesures politiques, prises indépendamment ou par
2.2. Facteurs sous-jacents l’approbation d’un plan global, prônant la déforestation
comme stratégie de développement (République
Les processus économiques, institutionnels, tech- du Cameroun, 2009) mais aussi de sécurisation des
nologiques ou démographiques caractérisent les con- frontières ou de redistribution des terres. On peut citer
textes régionaux et locaux et expliquent en grande partie comme exemples la promotion de la colonisation du
les différences observées entre les régions (Mather et al., terrain ou encore le transport ou les subsides octroyés
1998 ; Geist et al., 2002). Ils étayent les facteurs directs pour des activités axées sur la terre. Des illustrations
de déforestation et complexifient les relations entre ces de ce type de mesures sont données par Théry (1997)
facteurs. ou Demaze (2008) concernant les décisions politiques
visant à la mise en place des routes désenclavant la
Facteurs économiques. D’après Geist et al. (2002), les forêt amazonienne avec pour objectif sa colonisation
facteurs économiques seraient les facteurs sous-jacents par des agriculteurs. Le régime foncier (insécurité
les plus importants pour expliquer la déforestation des de la propriété, non-respect des droits coutumiers) et
milieux tropicaux. les incuries politiques (corruption ou problèmes de
Plusieurs analyses rassemblées par Ewers (2006) management) sont d’autres moteurs de la déforestation.
démontrent que la déforestation à une échelle nationale On peut par exemple citer la colonisation forestière
188 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2016 20(2), 183-194 Gillet P., Vermeulen C., Feintrenie L. et al.

permettant la consolidation du pays au Brésil (Demaze, manque d’infrastructures ont permis de protéger le
2008) ou en Indonésie (Levang, 1997) ou encore la couvert forestier de cette région du monde pendant une
politique de conversion des forêts en terres arables longue période (Megevand et al., 2013). D’après Ernst
afin de promouvoir la croissance économique, la et al. (2013), le taux annuel de déforestation est passé
modernisation agricole et l’élévation du niveau de vie de 0,13 % dans la période 1990 à 2000 à 0,26 % dans
(Lambin et al., 2001). la période 2000 à 2005. Cette augmentation est aussi
Les facteurs culturels ou socio-politiques sont observée pour la reforestation relatant une relative
souvent négligés. Toutefois, ils conditionnent les stabilité du taux de déforestation net dans le bassin du
formations politiques et économiques de par l’attitude Congo mais aussi la complexité de la dynamique du
et le comportement de la sphère publique peu ou pas changement du couvert forestier. Pour illustrer ce qui
concernée par l’environnement forestier. On peut citer se passe dans cette région, nous nous pencherons sur
l’évolution de la perception publique de la forêt, passant deux pays-clés du bassin du Congo : le Cameroun et
d’une perception utilitaire en termes de terres agricoles le Gabon, choisis comme expliqué en préambule pour
potentielles ou de bois de feu à un environnement utile leur position respective sur la courbe de transition
en tant que tel pour les activités récréatives (Colson forestière. Tous les pays du bassin du Congo présentent
et al., 2009). un programme d’émergence économique à des horizons
différents. Grâce à ces plans d’émergence, édictés par
Facteurs technologiques. D’après Carr et al. (2005), les gouvernements nationaux, nous tenterons aussi de
les avancées technologiques permettent à la fois prédire l’évolution probable de la déforestation dans
de procéder à des prélèvements massifs mais aussi ces deux pays.
plus sélectifs des ressources. La déforestation liée à Le Cameroun présente la densité de population
l’utilisation d’équipements lourds a entrainé le déclin la plus élevée des six pays constituant le bassin du
drastique des forêts asiatiques. En Amérique latine, Congo1 (45 habitants.km-2) et le taux de croissance
malgré l’exode rural, les grands propriétaires terriens de la population y était de 2,7 % en 2008 (Tchatchou
intensifient de façon considérable leur production. et al., 2015). Cette population est majoritairement
Par contre en Europe, l’exode rural lié à l’avènement concentrée dans les centres urbains. L’augmentation
des nouvelles technologies agricoles lors de la de la pression démographique entraine une demande
révolution industrielle a permis une intensification accrue en produits agricoles et en bois de feu prélevés
de la production sur les terres non urbanisées les plus au détriment du couvert forestier.
adaptées et l’abandon des terres les moins productives D’après de Wasseige et al. (2014), la forêt couvrait
à la recolonisation forestière (Mather et al., 1998). Ces plus de 88 % du territoire gabonais en 2010. Le taux
avancées technologiques fonctionnent donc à double de déforestation net est de 0,34 % pour la période
sens et sont liées aux autres facteurs. allant de 1990 à 2000. Elle était principalement liée
à l’exploitation forestière et à l’ouverture des routes
Facteurs démographiques. L’augmentation de la ainsi qu’à la conversion de terres forestières en
population résultant d’une natalité élevée et d’une cultures, prairies ou savanes. La période 2000-2010
baisse de la mortalité peut être suffisante pour entrainer est caractérisée par un taux de déforestation observé de
l’expansion de l’espace agricole et une déforestation 0,09 % (pas significativement différent de zéro). D’après
à l’échelle nationale (Myers, 1994). Dans certains Ernst et al. (2013), la diminution de la déforestation
contextes, la croissance naturelle de la population nette est liée à l’augmentation de la reforestation
reste faible et seule l’arrivée d’une population exogène brute plutôt qu’à la diminution de la déforestation
peut déclencher un processus de déforestation (Geist brute. Les principales explications du ralentissement
et al., 2002). L’exode rural complexifie ces tendances de la déforestation nette sont la combinaison de la
en influençant la main-d’œuvre disponible dans les faible densité de population, de la faible dynamique
zones rurales et en concentrant la demande dans les agricole et de l’obligation des exploitants forestiers
zones péri-urbaines (Rudel et al., 2009 ; DeFries et al., à réaliser des plans d’aménagement ainsi que la
2010). Ainsi, les facteurs démographiques ont une création des 13 parcs nationaux en 2002 à la suite du
influence variable sur la déforestation et sont fortement sommet de la terre de Johannesburg. Toutes ces raisons
dépendants du contexte (Carr et al., 2005 ; Mena et al., entraineraient une recolonisation par la forêt des zones
2006). agricoles abandonnées ainsi que des routes forestières
inutilisées (Desclée et al., 2014). Mais il est possible
également que la différence entre les deux périodes ne
3. BASSIN DU CONGO
1
Qui sont la République Démocratique du Congo, la
En ce qui concerne le bassin du Congo, la faible République Centrafricaine, le Cameroun, la République du
pression démographique, la difficulté d’accès et le Congo, le Gabon et la Guinée Équatoriale.
Causes de la déforestation dans le bassin du Congo 189

soit tout simplement pas significative et que le Gabon plantations et une réallocation des forces vives vers
constitue donc depuis deux décennies un pays à très l’agriculture itinérante, provoquant de la sorte une
faible déforestation. déforestation plus importante. Le plan d’émergence
prévoit d’augmenter les rendements et les superficies
3.1. Facteurs directs de la déforestation agricoles de 30 %. Ceci passera par la promotion des
grandes exploitations, l’incitation au regroupement en
Expansion de l’agriculture. D’après Hosonuma coopératives agricoles ainsi que l’appui à l’installation
et al. (2012), l’expansion de l’agriculture serait des jeunes.
responsable des trois-quarts de la déforestation en La part du secteur agricole dans l’économie
Afrique répartie à parts égales entre l’agriculture gabonaise est importante, mais subit depuis 2000 une
de subsistance pratiquée pour alimenter le marché faible et constante diminution au profit de l’exploitation
local et l’agriculture industrielle. Cette dernière peut du pétrole et du bois. Malgré cela et par manque
être divisée en plantations agro-forestières sous forêt d’amélioration de la technologie et des techniques
(principalement de cacaoyers et caféiers), considérées agricoles, la production agricole se fait au détriment
comme une cause de dégradation forestière, tandis que des forêts (Tchatchou et al., 2015).
les plantations monospécifiques consécutives à une
conversion des forêts (principalement hévéa, palmiers Extraction du bois. Dans les forêts du bassin du Congo,
à huile, bananier plantain et théier) sont considérées l’exploitation du bois d’œuvre ne constitue pas une
comme des facteurs de déforestation (De Wachter, cause de déforestation directe, même si dans certaines
1997). En Afrique, le développement de plantations zones la phase de récolte du bois d’œuvre précède le
agro-industrielles a commencé sous la colonisation. changement d’affectation de la zone (Karsenty et al.,
Lors des indépendances, ces grandes surfaces d’hévéa, 2012). La mise en place de l’exploitation du bois
de coton ou de canne à sucre ont été le plus souvent d’œuvre dans la région selon des pratiques à faible
nationalisées avant d’être en partie privatisées dans impact implique le respect d’un plan d’aménagement
les années 1980 à 1990 (Megevand et al., 2013). de la zone exploitée et une exportation très faible de
Les instabilités politiques et commerciales ainsi que grumes (0,5 à 2 pieds.ha-1, soit 5 à 15 m³.ha-1 suivant
le manque d’infrastructures ont ensuite limité les une rotation de 25 ans). Doucet et al. (2007) estiment
investissements étrangers engendrant un abandon que dans le sud-est du Cameroun, cette technique
partiel de ces grandes plantations permettant la a permis le maintien du couvert forestier et une
recolonisation forestière. Les investissements ont repris dégradation limitée de la forêt. D’après Malhi et al.
dans les années 2000 grâce à une certaine stabilisation (2013), cette faible densité d’exploitation combinée
politique et au développement des axes routiers et des à la déficience du réseau routier ainsi qu’à la faible
ports (Megevand et al., 2013). densité de population ne provoquent pas les conditions
Dans le bassin du Congo, les investisseurs sont de critiques pour la déforestation.
nos jours issus des anciennes puissances coloniales L’exploitation du bois de feu constitue par contre
européennes et de multinationales asiatiques une menace importante. Malgré une densité de
(Feintrenie, 2014). Au total, plus d’1 500 000 ha de terres population faible et une ressource naturelle abondante,
agro-industrielles auraient été concédées dans le bassin les prélèvements effectués en bois-énergie dans les
du Congo. Des procédures nationales ont été mises en pays du bassin du Congo seraient bien plus importants
place pour limiter le risque d’accaparement des terres que les prélèvements issus de l’exploitation forestière
et assurer le respect de normes environnementales (FAO, 2005). L’augmentation démographique rapide
et sociales, comme l’exigence d’études d’impact liée à l’urbanisation non contrôlée et à la dépendance
environnemental ou d’enquêtes publiques de vacance de près de 90 % de la population au bois-énergie
des terres avant l’allocation des terres. Néanmoins, entraine une déforestation massive dans des rayons de
l’impact social est peu pris en compte dans ces plus en plus vastes autour de certains centres urbains.
procédures obligatoires, et en particulier l’accord des Par exemple, en République Démocratique du Congo,
populations directement touchées par les projets n’est l’exploitation de cette source d’énergie est informelle
pas exigé des États (Feintrenie, 2014). et a lieu dans les reliquats de forêts galeries entourant
Comme pour l’ensemble de la zone tropicale, les les villes. Plusieurs projets ont vu le jour afin de mettre
principales causes de la déforestation au Cameroun en place des plantations d’essences à croissance rapide
seraient liées à l’agriculture : l’agriculture itinérante permettant de produire du charbon et du bois de feu
sur brûlis ainsi que l’agriculture de rente (Dkamela, et de diminuer ainsi la pression sur la forêt naturelle
2011). D’après Mertens et al. (2000), la crise (Marien et al., 2013), mais ils restent anecdotiques par
économique de 1986 a provoqué une diminution des rapport à la demande.
subsides alloués à la production cacaoyère et caféière Au Cameroun, malgré la faible influence de
entrainant un désintérêt des producteurs pour ces l’exploitation forestière industrielle sur le couvert
190 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2016 20(2), 183-194 Gillet P., Vermeulen C., Feintrenie L. et al.

forestier (Desclée et al., 2014), cette dernière a évolué de barrages hydroélectriques. La déforestation
en dents de scie allant de 2,3 millions de m³.an-1 encourue par la construction de l’ouvrage ainsi que par
jusqu’à 3,5 millions de m³ au cours des 20 dernières la superficie inondée pourrait être (au moins en partie)
années (de Wasseige et al., 2014). L’évolution de contrebalancée par la réduction de la demande en bois
l’exploitation du bois énergie est quant à elle difficile énergie en milieux urbains (Tchatchou et al., 2015). Le
à chiffrer. Schure et al. (2012) estiment toutefois la Gabon souhaite désenclaver les régions et moderniser
production de combustible à 79 % de la production les transports, ce qui pourrait entrainer la déforestation
de bois rond en 2009, ce qui permet d’alimenter d’environ 4 000 ha, soit 5 % de la déforestation nette
82,6 % de la population en bois-combustible comme prévue par le plan de développement (Desclée et al.,
première source d’énergie. Le plan d’émergence 2014 ; Tchatchou et al., 2015).
prône l’exploitation durable des forêts ainsi que la Le sous-sol africain renfermerait près de 30 % des
transformation du bois sur place avant exportation ressources minérales mondiales (Taylor et al., 2009).
dans la continuité des règles édictées par les sociétés Malgré cette richesse, la production minière africaine
forestières certifiées et les mesures politiques représentait moins de 8 % du marché mondial en 2012
gabonaises (Desclée et al., 2014). (Feintrenie, 2013). D’après cet auteur, les prospections
Avant le boom pétrolier des années 1970, minérales en Afrique centrale ont cependant mis en
l’économie du Gabon reposait essentiellement sur le lumière certaines des plus grandes réserves de fer,
secteur forestier. Actuellement, le secteur pétrolier de cobalt, de nickel, de chrome mais aussi d’or et de
représente 46 % du PIB ainsi que 84 % des recettes diamants au monde. Une augmentation de la production
d’exportations, tandis que le secteur forestier est prévue en réponse à la demande mondiale en
représente environ 2 % du PIB gabonais (Tchatchou métaux et pierres précieuses. Dans ce contexte, le
et al., 2015). gouvernement camerounais entend promouvoir
l’exploitation minière. L’exploitation minière prévue
Développement des infrastructures et du secteur par certains plans d’émergence est accompagnée de
minier. Le bassin du Congo est une des régions les grands projets d’infrastructure comme des routes ou des
moins bien desservies au monde du fait de la faible chemins de fer pour l’évacuation du minerai assortis de
pénétrabilité de l’environnement forestier et de la barrages hydroélectriques pour l’approvisionnement
présence de nombreux cours d’eau. Cette absence énergétique des chantiers d’extraction (République
d’infrastructures convenables a passivement « protégé » du Cameroun, 2009 ; République du Gabon, 2012).
les forêts naturelles (Megevand et al., 2013). Les D’après Tchatchou et al. (2015), les permis miniers
gouvernements voient cependant aujourd’hui comme entrent en compétition avec les surfaces forestières ;
une nécessité, dans une perspective de croissance l’exploitation minière pourrait ainsi être à l’origine de
économique mais aussi de contrôle stratégique, de la destruction directe de plus de 940 000 ha de forêt au
développer les infrastructures routières et ferroviaires Cameroun.
afin de diminuer les entraves aux marchés qu’ils soient
nationaux ou internationaux. En effet, la mauvaise 3.2. Facteurs sous-jacents
qualité des infrastructures de transport est un obstacle
à la croissance économique en augmentant les couts Facteurs économiques. L’économie des pays du
ainsi que les temps de transport. La construction bassin du Congo repose principalement sur le secteur
et l’extension de ces réseaux seront accompagnés primaire, qu’il s’agisse de l’exploitation du pétrole
d’impacts négatifs sur le couvert forestier. Le au Gabon, en Guinée Équatoriale et en République
programme de développement économique du du Congo ou de l’agriculture, de la foresterie, de la
Cameroun (République du Cameroun, 2009) se fonde chasse et de la pêche au Cameroun, en République
entre autres sur le développement des infrastructures. Centrafricaine et en République Démocratique du
Ce dernier ne prévoit pas l’ouverture de nouvelles Congo (African Development Bank Group, 2015).
routes mais l’amélioration de la qualité du réseau Comme expliqué dans les plans d’émergence de ces
routier existant ainsi que la construction d’un chemin de pays, la valorisation économique des ressources
fer. L’objectif est de désenclaver la plupart des régions naturelles est au cœur de la volonté de développement
du pays où les populations pratiquent actuellement une exprimée par les gouvernements (GRIP, 2014).
agriculture de subsistance. L’accessibilité nouvelle des Cette valorisation passe par l’exploitation forestière,
marchés urbains et des voies d’exportation conduira à minière et agricole afin d’optimiser le développement
l’augmentation de l’ouverture de surfaces cultivables économique à court terme.
sur la forêt. Afin de réduire la dépendance de la
population au bois énergie, le gouvernement entend Facteurs institutionnels. Les régulations de la
faciliter l’accès à des sources d’énergie alternatives. propriété foncière apparues après les indépendances
Ainsi, le plan de développement prévoit la construction respectives sont ineffectives, les répartitions ayant été
Causes de la déforestation dans le bassin du Congo 191

faites de manière arbitraire sans prendre en compte les d’étude sur la courbe de transition forestière (Mather,
droits coutumiers engendrant des conflits importants. 1992 ; Angelsen, 2008). Le Cameroun, dont l’économie
L’État est la plupart du temps consacré gestionnaire repose sur des activités essentiellement extractrices,
exclusif des terres (Nguema Ondo Obiang et al., 2011). se positionne dans la phase décroissante de la courbe
De plus, la corruption est souvent de mise et permet de transition forestière sous l’effet combiné des
l’acquisition de grandes surfaces par des sociétés de causes directes et des facteurs sous-jacents comme
plantation ou d’exploitation ou encore des élites du l’augmentation de la densité de population mais aussi
pays aux dépens des droits coutumiers des populations la conversion de la forêt pour d’autres affectations des
locales. Plusieurs exemples ont transparu dans la presse terres (telles que l’agriculture ou les infrastructures).
internationale, dont le plus médiatisé reste le projet Le Gabon, bien que présentant un taux de déforestation
d’huile de palme de l’entreprise américaine Heracles. très faible, se situe lui aussi dans la phase descendante
Cet investisseur, présentant sa plantation comme de la courbe de transition forestière. Les activités
une initiative de développement, a pour projet la économiques sont principalement liées aux activités
création d’une plantation de 73 000 ha au sud-ouest du extractrices. Notons que dans les perspectives de
Cameroun. La mise en place passerait par l’exploitation développement, le gouvernement entend développer le
de 3 milliards de m3 de bois ainsi que par la violation secteur industriel par la valorisation des hydrocarbures,
du droit camerounais en termes d’exploitation illégale du gaz, du potentiel minier. Cette évolution entrainerait
et de non-respect des droits coutumiers des populations le pays dans une phase de déforestation plus intense.
locales (Oakland Institute et al., 2013). L’étude de la transition forestière exprime
l’évolution de l’écosystème forestier. Toutefois, on
Facteurs démographiques. Le bassin du Congo peut difficilement dissocier cet écosystème des enjeux
présente une densité de population faible variant de 5 sociaux qui lui sont associés. La notion de socio-éco-
à 45 habitants.km-2 en fonction des pays, assortie d’un système défini comme un groupe d’acteurs particulier
accroissement annuel de 2 à 4 % (Tchatchou et al., ayant un impact sur un groupe de ressources particu-
2015). Cette population majoritairement rurale migre lier et affecté d’un ensemble particulier d’institutions
vers les centres urbains à la recherche d’emplois et de (Janssen et al., 2007) permet d’analyser en même
conditions de vie plus confortables. Étant donné cette temps l’écosystème forestier et les acteurs qui s’y inté-
faible densité, seuls les cas d’augmentation brusque ressent. On identifie le point de basculement du socio-
de la densité de population par des mouvements écosystème forestier comme étant le point critique dans
migratoires en lien avec des conflits ou l’émergence de une situation en évolution qui la fait basculer vers un
sociétés extractives ou agro-industrielles auront un effet développement irréversible (Repenning et al., 2001).
significatif sur le couvert forestier (Geist et al., 2002). Dans le cas d’un socio-écosystème forestier, il peut
Toutefois, comme expliqué précédemment, la croissance s’agir du passage d’une phase d’intense déforestation
démographique des centres urbains et l’augmentation à une phase de stabilisation du couvert forestier, voire
de la demande en produits agricoles et bois de feu qui de reboisement.
en découle entrainent une déforestation à faible échelle. La modélisation permet d’appréhender une réalité
Le plan d’émergence camerounais n’annonce pas simplifiée et d’élaborer des scénarios d’évolution
de stratégie spécifique de l’État concernant l’évolution des socio-écosystèmes. Ainsi, Mosnier et al. (2014)
démographique. Or, si la croissance démographique se ont modélisé l’évolution du couvert forestier dans
poursuit, la population camerounaise doublera entre le bassin du Congo sur base de scénarios de causes
2010 et 2035. Comme démontré par DeFries et al. potentielles de la déforestation pour 2030. Le
(2010), cette augmentation de la population majori- développement et l’amélioration des infrastructures de
tairement urbaine provoquera une augmentation de la transport diminueraient les couts de production, ce qui
demande en production de vivres et en bois, ainsi que augmenterait la compétitivité du bassin du Congo sur
le développement des infrastructures, ce qui aura un les marchés internationaux. D’autre part, la diminution
impact sur la forêt. Le Gabon, par contre, présente une des couts de production permettrait l’augmentation de
densité de population très faible (4,8 habitants.km-2 en la compétitivité des produits locaux sur les marchés
2012) et majoritairement concentrée en zone urbaine, nationaux au détriment des produits d’importation.
seuls 15 % de la population vivent en zone rurale (de Cette augmentation de la demande combinée à la
Wasseige et al., 2014). présence d’infrastructures de transport accroitrait la
déforestation nette. Si les plans d’émergence se réalisent
bien comme le souhaitent ces pays, cette déforestation
4. LA TRANSITION FORESTIÈRE aura certainement lieu. Toutefois, il faut noter que
la modélisation des scénarios d’émergence n’a pas
D’après les éléments développés dans les paragraphes encore été testée. Notons seulement que ces derniers
précédents, nous pouvons maintenant situer nos cas dépendent fortement de la stabilité géopolitique de la
192 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2016 20(2), 183-194 Gillet P., Vermeulen C., Feintrenie L. et al.

sous-région, qui reste à court terme très peu favorable Brashares J. et al., 2004. Bushmeat hunting, wildlife
aux investissements. declines, fish supply in west Africa. Science, 306, 1180-
1183.
Carr D., 2004. Proximate population factors and
5. CONCLUSIONS deforestation in tropical agricultural frontiers. Popul.
Environ., 25(6).
Malgré le taux de déforestation actuellement faible Carr D., Suter L. & Barbieri A., 2005. Population dynamics
recensé dans le bassin du Congo et plus particulièrement and tropical deforestation: state of the debate and
au Cameroun et au Gabon, les politiques d’émergence conceptual challenges. Popul. Environ., 27(1), 89-
projetées par les gouvernements de ces pays sont 113.
susceptibles d’avoir un impact important sur le taux Cochet H., 1993. Agriculture sur brûlis, élevage extensif
de couverture forestière. En effet, ces stratégies de et dégradation de l’environnement en Amérique latine.
développement économique reposent sur la promotion Tiers-Monde, 34(134), 281-303.
de secteurs économiques primaires, basés sur Colson V., Lejeune P. & Rondeux J., 2009. La fonction
l’exploitation des ressources naturelles (agriculture, récréative de la forêt wallonne : évaluation et pistes
foresterie, extraction minière et pétrolière). Une de réflexion pour son intégration optimale dans
mutation des socio-écosystèmes liée à la déforestation l’aménagement intégré des massifs. Forêt wallonne,
est donc attendue en certains points du bassin du Congo 101, 3-17.
et particulièrement au Cameroun. Il serait souhaitable Cotula L., Vermeulen S., Leonard R. & Keeley J., 2009.
que les recherches futures approfondissent l’analyse Land grab of development opportunity? Agricultural
de socio-écosystèmes types représentant les différents investment and international land deals in Africa.
stades de la transition forestière, en particulier dans London: IIED, IFAD; Roma: FAO.
le bassin du Congo, afin de mieux identifier les Cropper M., Griffiths C. & Mani M., 1999. Roads,
facteurs du changement à différentes échelles et leurs population pressures and deforestation in Thailand
interactions. De tels travaux permettront de définir des 1976-1989. Land Econ., 75(1), 58-73.
recommandations quant aux politiques publiques à De Koninck R., 2005. L’Asie du Sud-Est. 2e éd. Paris :
mettre en œuvre pour préserver les biens et services des Armand Colin.
écosystèmes forestiers de la région tout en permettant De Wachter P., 1997. Économie et impact de l’agriculture
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Nous remercions les co-auteurs pour leur contribution. Weyrich.
CoForTips fait partie de l’appel à projets Biodiversa 2012 DeFries R., Rudel Th., Uriarte M. & Hansen M., 2010.
et est co-financé par ERA-Net Biodiversa, avec les bailleurs Deforestation driven by urban population growth
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