Conseil de sécurité: les souffrances des Palestiniens et des Israéliens mises en avant pour appeler à une solution qui exclut la colonisation et la violence
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Le Conseil de sécurité a tenu, ce matin, sa séance d’information mensuelle sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, au cours de laquelle les thèmes du cessez-le-feu, de la libération des otages et de la colonisation persistante des territoires palestiniens ont été abordés. Malgré les récents développements dans la région qui suscitent un peu d’espoir -changement de régime en Syrie et cessez-le-feu entre Israël et le Liban-, les délégations ont exprimé leurs vives préoccupations face à l’ampleur de la crise actuelle. La délégation des États-Unis, qui préside ce mois-ci le Conseil, avait invité à la séance Mme Shira Efron, Directrice de recherche à l’Israel Policy Forum, et M. Michael Levy, frère d’un otage aux mains du Hamas, qui se sont exprimés après l’exposé du Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, M. Khaled Khiari.
Ce dernier a insisté sur la nécessité pour le Hamas de libérer immédiatement et sans condition la centaine d’otages encore détenus. Il existe des motifs raisonnables de croire qu’ils sont soumis continuellement à des violences et abus sexuels, a-t-il dit, rappelant que tout otage en captivité doit être traité avec humanité, en étant notamment autorisé à recevoir des visites et de l’aide de la Croix-Rouge. Pour autant, il a qualifié d’« injustifiable » la poursuite du châtiment collectif infligé par Israël à l’encontre du peuple palestinien. Le bombardement incessant de Gaza par les forces israéliennes, le grand nombre de victimes civiles, la destruction généralisée des quartiers palestiniens et la détérioration de la situation humanitaire sont « horribles », a-t-il décrit, rappelant que depuis l’attaque du 7 octobre 2023, plus de 45 000 Palestiniens ont été tués, contre 1 700 israéliens et étrangers dans l’attaque du Hamas ce jour-là.
Rappel des souffrances des deux côtés
Un témoignage très personnel a été donné par M. Levy, qui s’est présenté comme « frère, fils, être humain et personne dont la vie a été brisée par une perte et un désespoir inimaginables ». Venu devant le Conseil pour lui rappeler son devoir, il a parlé avec émotion de son frère, Or Levy, pris en otage depuis 439 jours, et de sa belle-sœur assassinée le 7 octobre. Interpellant les membres, il leur a demandé de prouver que le droit international a un sens, que les droits humains ne sont pas que des mots, mais des principes qu’ils doivent protéger. « C’est votre moment d’agir, de montrer l’exemple, de montrer au monde que ce Conseil a le courage de défendre ce qui est juste et d’envoyer un message retentissant: que la terreur ne l’emportera jamais. »
Comme en écho, la délégation de l’Algérie a rappelé que les Palestiniens, eux aussi, vivent dans « l’angoisse et le désespoir », car « à Gaza, personne ne vit, tout le monde attend de mourir ». Israël commet un génocide à Gaza, comme le démontrent de récents rapports, dont celui d’Amnesty International, a-t-il rappelé, estimant que la question est de savoir comment la communauté internationale réagira face à ce génocide.
L’observateur de l’État de Palestine l’a rejoint, affirmant que depuis plus d’un an « un châtiment collectif de masse sans précédent » s’abat contre son peuple. Or, seul un cessez-le-feu permettrait aux familles palestiniennes et israéliennes d’être réunies, « dans la vie et non dans la mort », a-t-il dit, avant de regretter le veto opposé par les États-Unis, il y a quelques semaines, sur un autre projet de résolution présenté par les 10 membres élus du Conseil de sécurité qui appelait à un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent.
Ces 10 membres ont d’ailleurs exprimé aujourd’hui leur détermination, en dépit des progrès lents et parcellaires, à appuyer les efforts visant un cessez-le-feu à Gaza, la libération des otages et une augmentation de l’aide humanitaire. La déléguée des États-Unis leur a rétorqué que « donner à une organisation comme le Hamas le droit de bénéficier d’un cessez-le-feu sans condition n’est pas le meilleur moyen de ramener une paix durable ». Cela ne permettra pas de mettre un terme aux souffrances et aux cycles de violences que subissent Israéliens et Palestiniens, a-t-elle argué.
Ce qu’il faut, selon les États-Unis, c’est parler d’une même voix et exiger du Hamas qu’il libère les otages de sorte que l’on puisse appliquer l’accord de cessez-le-feu qui est sur la table et mettre un terme aux souffrances des otages venus d’une douzaine d’États Membres et à celles de la population palestinienne. « Les Israéliens ont besoin d’entendre une condamnation sans équivoque du Hamas et de ses actions par l’ONU », a appuyé la représentante d’Israel Policy Forum. Celle-ci a d’ailleurs invité à réparer la « relation cassée » entre l’ONU et Israël, sachant que du point de vue israélien, il existe un sentiment de longue date de partialité de l’ONU.
Appels à ne pas poursuivre la colonisation
Les délégations se sont également inquiétées de la poursuite de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés, dans le contexte où des autorités israéliennes annoncent vouloir annexer de nouveaux territoires palestiniens, notamment Gaza. M. Khiari a été clair: « toute tentative d’établir des colonies à Gaza doit être fermement rejetée ». Ce serait non seulement contraire au droit international, mais cela mettrait aussi en péril la solution des deux États, ont également mis en garde de nombreuses délégations. L’Algérie a appelé le Conseil de sécurité à fermement s’y opposer et à ne laisser aucune violation du droit international rester impunie.
Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont également mis en garde Israël contre toute annexion supplémentaire. La politique de colonisation est un obstacle majeur à une paix juste et durable fondée sur la solution des deux États; elle constitue également un facteur de tensions et de violences sur le terrain, a fait remarquer la délégation de la France. Celle du Royaume-Uni a tranché: le nord de Gaza ne doit pas être coupé du sud; il ne doit pas y avoir de transfert forcé des habitants de Gaza depuis ou à l’intérieur de la bande de Gaza; il ne doit pas y avoir de réduction du territoire de la bande de Gaza.
La résolution 2334 (2016) du 23 décembre 2016, qui exigeait d’Israël « qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est », a été invoquée fort à propos au cours de la discussion. L’observateur de la Palestine a rappelé qu’il y a huit ans, le Conseil avait adopté ce texte pour faire cesser l’accaparement des terres et ouvrir la voie à la fin de l’occupation israélienne et à l’instauration d’une paix juste.
« Malheureusement, Israël a persisté dans la poursuite de son programme colonial », a-t-il regretté. Il a même relevé qu’Israël accuse d’antisémitisme tous ceux qui tentent de soutenir les droits et la vie des Palestiniens, y compris les Nations Unies, la Cour international de Justice (CIJ), la Cour pénale internationale (CPI) et presque tous les États du monde, et les organisations non gouvernementales les plus renommées du monde, les personnalités publiques et les voix morales de notre époque.
Des initiatives qui ouvrent la voie?
L’observateur s’est tout de même félicité du lancement de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution des deux États et de la décision de l’Assemblée générale d’organiser une conférence internationale de haut niveau, en juin 2025, sur la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies relatives au règlement pacifique de la question de Palestine et à la solution des deux États. Sur cette lancée, la France -qui a réaffirmé son attachement indéfectible à la sécurité d’Israël et à l’édification d’un État viable, souverain et contigu pour les Palestiniens- a annoncé qu’elle coprésiderait en juin prochain, aux côtés de l’Arabie saoudite, une conférence internationale sur la mise en œuvre de la solution des deux États.
Cela n’a pas empêché Mme Efron de relever que le langage d’une solution à deux États, fréquemment employé par les acteurs internationaux, de même que le recours à des slogans, n’avait pas permis jusqu’à présent d’instaurer la confiance ou de s’attaquer à la dynamique structurelle du conflit. Elle a assuré que malgré les voix extrémistes, la plupart des Israéliens ne veulent pas contrôler les Palestiniens à perpétuité. Pour elle, il faut « une approche graduelle », fondée sur des objectifs clairs et assortis d’assurances.
Le représentant de la Fédération de Russie a, à son tour, commenté la situation actuelle: « on a l’impression qu’Israël considère que la pleine garantie de sa propre sécurité passe par la création d’un désert autour de lui, qui sera pris pour cible par les chars, les drones et les avions de chasse israéliens ». Qui plus est, c’est à partir d’une position de force et d’intimidation que Jérusalem envisage de négocier avec les Palestiniens, les Libanais et les Syriens, a-t-il déclaré. Israël compte sur le fait que Washington le « couvrira » toujours et lui fournira le soutien diplomatique et militaire nécessaire, a encore observé le délégué russe avant de mettre en garde que les conflits ne se résolvent pas de cette manière. « Si les gens sont amenés jusqu’à un état où ils n’ont plus rien à perdre, il ne faut pas s’étonner que les idées radicales deviennent si populaires au sein de la population. »
Montré du doigt pour sa politique coloniale, le représentant d’Israël s’est voulu pourtant rassurant après s’être félicité de la chute du régime Assad en Syrie: Israël n’ambitionne pas d’occuper quelque région ou territoire de la Syrie, ni de créer un empire. « Israël est un défenseur de son peuple, de ses frontières et de son droit à vivre en paix. Ses actions ne sont que des actions défensives. » Il n’a pas manqué de pointer du doigt l’Iran et ses ambitions nucléaires qui exigent une action du Conseil de sécurité. Il a réclamé des « sanctions très dures » contre ce pays et prévenu le Conseil: « Si vous n’agissez pas, si vous restez cois, si vous n’êtes pas décisifs, alors vous êtes complices ».
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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Exposés
M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a déclaré que depuis le 7 octobre 2023, plus de 45 000 Palestiniens ont été tués à Gaza selon le Ministère de la santé, contre plus de 1 700 Israéliens et ressortissants étrangers lors de l’attaque du Hamas en provenance de Gaza selon des sources israéliennes. Récemment, du 14 au 15 décembre, quatre frappes meurtrières israéliennes ont visé des écoles abritant des déplacés, dans les villes de Gaza, Beït Hanoun et Khan Younès, dont une frappe aérienne visant une école de l’UNRWA à Mawassi, Khan Younès, faisant 20 morts - les Forces de défense israéliennes ont déclaré qu’elles visaient les militants du Hamas. Plus de 250 Palestiniens ont été tués dans de telles frappes à Gaza au cours de la semaine dernière, selon le Ministère de la santé de Gaza.
De graves affrontements ont également eu lieu entre des groupes armés palestiniens en Cisjordanie occupée et les forces de sécurité palestiniennes, notamment dans le camp de Jénine à la suite d’une opération d’arrestation de Palestiniens et de la saisie de véhicules de l’Autorité palestinienne. Cette opération a duré plusieurs jours: les forces de sécurité palestiniennes ont tué un jeune de 19 ans non armé et arrêté de nombreux militants du Hamas et du Jihad islamique palestinien, tandis que les affrontements ont causé des dégâts importants au camp de réfugiés.
Concernant la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), M. Khiari a insisté pour que tous les otages encore détenus par le Hamas soient libérés immédiatement et sans condition. Il existe des motifs raisonnables de croire que les otages sont soumis continuellement à des violences et abus sexuels, a-t-il dit en exprimant sa consternation. En captivité, les otages doivent être traités avec humanité et autorisés à recevoir des visites et de l’aide de la Croix-Rouge, a-t-il rappelé. En ce qui concerne la situation à Gaza, il a rappelé qu’un cessez-le-feu est attendu depuis longtemps. « La poursuite du châtiment collectif à l’encontre du peuple palestinien est injustifiable. » Le bombardement incessant de Gaza par les forces israéliennes, le grand nombre de victimes civiles, la destruction généralisée des quartiers palestiniens et la détérioration de la situation humanitaire sont « horribles », a-t-il décrit.
M. Khiari a aussi assuré que l’ONU est en contact permanent avec toutes les parties prenantes pour parvenir à la libération des otages et au cessez-le-feu, se tenant prête à soutenir la mise en œuvre d’un accord. Il a salué les efforts qui se poursuivent, notamment de la part de l’Égypte, du Qatar et des États-Unis, pour surmonter les obstacles importants et parvenir à un accord. Dans le même temps, il a dit resté profondément alarmé par l’expansion incessante des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, qui alimente les tensions, entrave l’accès des Palestiniens à leurs terres et menace la viabilité d’un futur État palestinien indépendant, démocratique, contigu et souverain. De plus, toute tentative d’établir des colonies à Gaza doit être fermement rejetée. Il ne doit y avoir aucune tentative de réduire ou d’annexer le territoire de Gaza en tout ou en partie, a-t-il mis en garde.
Concluant, il a assuré que l’ONU reste déterminée à aider les Palestiniens et les Israéliens à mettre fin à l’occupation et à résoudre le conflit conformément au droit international, aux résolutions pertinentes de l’ONU et aux accords bilatéraux en vue de la réalisation de la vision de deux États –Israël et un État palestinien indépendant, démocratique, contigu, viable et souverain dont Gaza fait partie intégrante– vivant côte à côte dans la paix et la sécurité à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, sur la base des lignes d’avant 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États.
Mme SHIRA EFRON, Directrice de recherche à l’Israel Policy Forum, a déclaré que le conflit israélo-palestinien est une tragédie pour les Juifs et les Arabes, et que les blessures de cette guerre mettront des années à guérir. Elle a appelé à transformer ce moment de profonde tragédie en un processus diplomatique audacieux qui conduise à la paix, à la sécurité et à la prospérité pour les populations de toute la région.
Alors que les acteurs internationaux invoquent fréquemment le langage d’une solution à deux États, le recours à de simples slogans n’a pas permis d’instaurer la confiance ou de s’attaquer à la dynamique structurelle du conflit, a-t-elle constaté. Afin de faire de la solution des deux États une réalité, elle a appelé à une stratégie cohérente, inclusive et réalisable qui dépasse les idées reçues pour mettre fin à la guerre, stabiliser Gaza et modifier la situation en Cisjordanie. Les acteurs régionaux doivent tirer parti du potentiel de normalisation avec Israël pour renforcer les acteurs pragmatiques tout en contrant les fauteurs de troubles. Selon elle, le contexte actuel exige de « passer des platitudes à la planification », avec une feuille de route coordonnée qui traite de la sécurité et de la gouvernance, apporte des gains tangibles à court terme et jette les bases d’une vision à long terme.
Alors que la communauté internationale ne voit qu’une seule voie viable pour sortir de ce bourbier –la mise en place d’une administration palestinienne transitoire sans le Hamas à Gaza, dans le but de rétablir à terme la pleine gouvernance de l’Autorité palestinienne une fois qu’elle aura été réformée et renforcée– Mme Efron a relevé que le Gouvernement israélien a jusqu’à présent opposé son veto à l’implication de l’Autorité, exacerbant ainsi le risque d’une occupation israélienne totale de Gaza ou d’une résurgence du Hamas, voire des deux à la fois. Pourtant, malgré les voix extrémistes, la plupart des Israéliens ne veulent pas contrôler les Palestiniens à perpétuité, a affirmé Mme Efron. Pour atténuer la résistance israélienne, elle a conseillé d’adopter une approche graduelle, fondée sur des objectifs clairs et assortis d’assurances. Les capacités existantes de l’Autorité palestinienne à Gaza peuvent être mobilisées pour l’effort humanitaire, a-t-elle aussi suggéré.
En outre, le consentement à un rôle significatif de l’Autorité à Gaza devrait être explicitement mis à profit pour promouvoir une véritable réforme de l’Autorité avec des objectifs clairs, une feuille de route définie et des indicateurs de performance clefs, a souligné l’intervenante. Concrètement, l’Autorité palestinienne devrait démontrer qu’elle peut faire partie de la solution en créant un environnement propice au secteur privé, grâce à la transparence financière, en renforçant l’indépendance de la justice, et en réorganisant le secteur de la sécurité. L’intervenante a également appelé l’Autorité à s’attaquer à l’incitation, à réformer l’éducation et à travailler à la mise en place d’un horizon électoral crédible qui permette la participation politique des dirigeants de la prochaine génération.
Sans ces réformes, a-t-elle prédit, Israël continuera à retenir les recettes fiscales de l’Autorité, les restrictions américaines sur l’aide seront maintenues et les États de la région refuseront d’investir dans l’économie et l’infrastructure palestiniennes, aggravant ainsi la crise budgétaire et de crédibilité de l’Autorité et mettant en péril la stabilité en Cisjordanie et à Gaza.
Soulignant en outre qu’il est dans l’intérêt à long terme d’Israël de permettre à l’Autorité palestinienne de réussir, elle a enjoint à l’État hébreux d’alléger la pression financière sur l’Autorité; de lui accorder l’espace opérationnel nécessaire pour gouverner et sécuriser efficacement le territoire sous sa juridiction, de geler l’expansion des colonies dans les zones qui compromettent la séparation territoriale, et de prendre des mesures décisives pour mettre un terme à la violence des colons.
Le leadership des États-Unis, les garanties de sécurité et la normalisation israélo-arabe peuvent et doivent jouer un rôle clef dans la mise en œuvre de ces mesures, a-t-elle insisté. « Il n’y a pas de solution rapide à ces problèmes de longue date, et la situation sur le terrain ne peut pas attendre la synchronisation de toutes les horloges », a reconnu l’intervenante pour laquelle l’ONU aura un rôle de premier plan à jouer. Mais pour cela, il faudra réparer la relation entre l’ONU et Israël qui s’est détériorée à un niveau sans précédent.
Indiquant que du point de vue israélien, il existe un sentiment de longue date de partialité de l’ONU, aggravé par ce qu’Israël considère comme une réaction insuffisante au 7 octobre et à ses conséquences, et par les preuves des liens entre le personnel de l’UNRWA et le Hamas, elle a affirmé que les Israéliens ont besoin d’entendre une condamnation sans équivoque du Hamas et de ses actions par l’ONU. Et comme les Palestiniens, les Israéliens ont également besoin d’une réaffirmation internationale du droit du peuple juif à l’autodétermination dans un État qui lui soit propre et d’une reconnaissance du lien juif à la terre d’Israël. Aucune des deux parties ne sera partenaire d’un processus politique qui nie la légitimité de ces droits, a-t-elle souligné.
M. MICHAEL LEVY, de la société civile, s’est présenté en tant que « frère, fils, être humain et en tant que personne dont la vie a été brisée par une perte et un désespoir inimaginables ». Il a relaté que son frère, Or Levy, est l’un des 100 otages innocents actuellement détenus par le Hamas à Gaza. « Depuis 439 jours, Or a disparu de notre famille, 439 jours de peur, d’angoisse et d’un silence insupportable qui résonne plus fort que n’importe quel mot. » Le 7 octobre, Or et sa femme Eynav se sont rendus à un festival de musique, à la recherche d’un bref moment de joie, a-t-il raconté en précisant qu’ils sont arrivés 9 minutes seulement avant que l’enfer ne se déchaîne. Des missiles ont volé au-dessus de leurs têtes et ils ont dû courir dans un abri à proximité, pensant qu’ils seraient en sécurité, a expliqué M. Levy.
Poursuivant son récit, il a dit que c’est de cet abri que son frère a appelé leur mère, répétant les mots terrifiants: « Maman, tu ne veux pas savoir ce qui se passe ici ». Il a encore décrit l’assaut sur l’abri par les terroristes du Hamas qui ont lancé des grenades, tiré des balles, assassiné Eynav et kidnappé Or dans les tunnels de Gaza. « Depuis 439 jours, je me réveille chaque matin avec un creux dans l’estomac, me demandant où est mon frère. Je me demande s’il a froid, s’il a faim, s’il a réussi à survivre un autre jour. Chaque instant qu’il reste en captivité est un moment de souffrance insupportable pour lui et pour nous tous qui l’aimons. »
« Je suis ici aujourd’hui, a-t-il poursuivi, pour rappeler à ce Conseil et au monde leur devoir. » Pas seulement en tant que diplomates, mais en tant que personnes, a-t-il précisé, en tant que mères, pères, frères et sœurs et amis. M. Levy a fait valoir que ce n’est pas seulement une question politique, mais aussi une question humaine, une question morale. Il a demandé aux membres du Conseil ce qu’ils feraient si c’était leur enfant, leur frère qui était ainsi détenu. Selon lui, les actions du Hamas ne sont pas seulement une violation flagrante du droit international, mais elles constituent aussi une agression contre l’humanité elle-même. La prise en otage de civils, hommes, femmes et enfants, est une violation des principes que ce Conseil a été créé pour protéger, a-t-il lancé en jugeant « assourdissant » le silence du Conseil. « Votre inaction est étouffante. »
Disant refuser d’accepter ce message et un monde où la vie de son frère peut être utilisée comme monnaie d’échange et être oubliée, il a dit aussi ne pas vouloir croire que le Conseil de sécurité, qui a été créé pour défendre les idéaux les plus élevés de l’humanité, tournera le dos à ceux qui en ont le plus besoin. « C’est votre moment d’agir, de montrer l’exemple, de montrer au monde que ce Conseil a le courage de défendre ce qui est juste et d’envoyer un message retentissant: que la terreur ne l’emportera jamais. »
« Je vous demande de prouver que le droit international a un sens, que les droits humains ne sont pas que des mots, mais des principes pour lesquels vous vous battrez pour les protéger. » M. Levy a souligné que ces 100 vies ne sont pas que des chiffres: ce sont des pères, des mères, des filles, des fils, des frères et des sœurs. Ce sont des personnes que les familles attendent désespérément de prendre à nouveau dans leurs bras, a-t-il visualisé, avant d’exprimer sa plus profonde gratitude à la nation américaine et à toutes les autres nations qui ont soutenu la campagne de libération des otages.