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Commission de la condition de la femme: les jeunes se mobilisent face à la féminisation de la pauvreté | Couverture des réunions & communiqués de presse

En cours au Siège de l'ONU

SOIXANTE-HUITIÈME SESSION,
9E SÉANCE PLÉNIÈRE, APRÈS-MIDI
FEM/2234

Commission de la condition de la femme: les jeunes se mobilisent face à la féminisation de la pauvreté

La Commission de la condition de la femme a invité, cet après-midi, cinq représentants de la jeunesse à apporter leurs perspectives pour permettre aux femmes et aux jeunes de sortir de la pauvreté et aux sociétés de parvenir à l’égalité des genres. 

Le message fort qui est ressorti est que les jeunes demandent à être entendus, pris en compte et associés à la prise de décisions à tous les niveaux.  Cela passe à la fois par le respect de leurs droits humains et par leur représentation au sein des enceintes nationales, régionales et multilatérales. 

Cet échange a eu lieu dans le cadre d’un dialogue interactif organisé autour du thème prioritaire de cette soixante-huitième session, à savoir « Accélérer la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles en s’attaquant à la pauvreté et en renforçant les institutions et le financement dans une perspective d’égalité entre les hommes et les femmes ». 

À l’entame de ce dialogue interactif, Mme Harshita Umesh, médecin à l’hôpital Victoria, à Bangalore en Inde, a confié son espoir malgré la situation critique actuelle.  « En tant que médecin, j’ai été aux premières loges des manquements dans nos systèmes de santé. »  Disant s’exprimer au nom des femmes pauvres et vulnérables, et de toutes celles qui ne peuvent se faire soigner, elle a déploré que la question du genre ne soit pas suffisamment prise en compte dans les systèmes de protection sociale.  Ces systèmes ne sont d’ailleurs pas suffisamment connus des premières intéressées, a-t-elle constaté. 

Dans ce droit fil, Mme Anzhelika Bielova, fondatrice de l’ONG Voice of Romni, a souligné l’ampleur des discriminations frappant les Roms.  Afin d’y remédier, elle a appelé à travailler avec les leaders communautaires roms, avant d’insister sur le manque de financement.  Les organisations de femmes roms ne sont pas suffisamment intégrées au mouvement féministe, a-t-elle également déploré, signalant par ailleurs que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché une catastrophe humanitaire dont souffre également la communauté rom. 

De son côté, Mme Melike Bal, de l’Association des femmes handicapées (ENG-KAD), du Réseau européen pour la vie autonome (ENIL) et de l’Association européenne des étudiants en droit (ELSA), a rappelé que 16% de la population mondiale a un handicap, « ce qui fait de nous la plus importante minorité mondiale ».  De plus, le caractère intersectionnel du genre et du handicap fait que les femmes handicapées sont les plus discriminées, a-t-elle ajouté avant d’attirer l’attention sur le sort des femmes handicapées après le récent tremblement de terre qui a frappé la Türkiye.  Dans les hôpitaux, elles se sont senties comme des citoyennes de seconde zone, a-t-elle déploré. 

Notant pour sa part que les premières victimes à Gaza sont des femmes, M. Yassine Jrad, de Youth Gender advocate auprès d’ONU-Femmes Tunisie, a souligné que la première chose à faire pour les protéger est de mettre un terme au génocide à Gaza.  Il a détaillé les avancées enregistrées en Tunisie s’agissant des droits des femmes, notamment grâce à l’adoption d’une loi organique sur ce sujet, avant de plaider pour des cours d’éducation sexuelle afin de combattre les préjugés de genre.  « En tant qu’homme, la seule manière qui m’a permis de prendre conscience de mes privilèges a été de lire des autrices féministes », a-t-il par ailleurs témoigné, en évoquant Simone de Beauvoir. 

Jeune femme autochtone du Brésil, Mme Samara Vatxun Crendoa a dénoncé l’accaparement des terres autochtones au Brésil et l’isolement des peuples autochtones.  Nous subissons un racisme et une violence endémiques, a-t-elle dit, en insistant sur les défis de santé mentale pour les jeunes.  « Je connais deux jeunes autochtones qui se sont suicidés. »  Les peuples premiers du Brésil doivent être reconnus, a-t-elle insisté.  « Nous nous battons tous les jours contre le mal que l’on peut voir et le mal que l’on ne peut pas voir. » 

Donnant le coup d’envoi au dialogue interactif, le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse, M. Felipe Paullier, a mis l’accent sur l’importance de l’association et de la participation des jeunes à la prise de décisions intergouvernementales, notant que 2024 est une année électorale dans pas moins de 60 pays.  « La participation des jeunes et l’égalité des genres sont deux faces d’une même monnaie qui doivent se renforcer mutuellement », a-t-il estimé. 

Les intervenants qui ont suivi, et qui comptaient de nombreux représentants de la jeunesse et d’ONG, ont mis l’accent sur tout un ensemble de problématiques, notamment l’accès à une éducation de qualité, y compris en milieu rural, l’accès à la santé génésique et sexuelle et l’accès aux financements et aux ressources pour l’entrepreneuriat.  Face aux difficultés d’accès des femmes aux financements, ils ont appelé à promouvoir des financements souples qui ne sont pas pré-affectés, tout en veillant à soutenir les communautés vulnérables afin de privilégier l’équité pour tous. 

Déplorant la domination d’hommes hétérosexuels âgés, la représentante de la jeunesse du Japon a indiqué que dans son pays, la moyenne d’âge du Gouvernement est de 60 ans dont 10% seulement sont des femmes.  Dès lors, comment peut-il défendre les intérêts et comprendre les besoins et attentes des jeunes et des femmes?  Il faut, a-t-elle estimé, repenser la représentation comme un catalyseur du changement afin que les femmes, les jeunes, et les minorités soient entendus et leurs droits promus et protégés. 

Les violences sexistes et sexuelles ont souvent été invoquées comme barrières à l’autonomisation économique des femmes dans la mesure où ce type de violence empêche les femmes et les filles d’accéder sur un pied d’égalité au marché du travail, et donc d’avoir un revenu, comme l’ont fait valoir plusieurs délégations à l’instar de l’Irlande.  Face aux reculs observés dans les droits des personnes LGBTQI, elle a également appelé à protéger les droits de toutes les femmes, y compris les femmes trans et non binaire. 

L’éducation de qualité est un outil incontournable pour l’autonomisation des femmes et des jeunes, mais aussi pour lutter contre les stéréotypes sexistes structurels et promouvoir la tolérance, y compris envers les jeunes LGBTQI, trans et non binaires, ont fait valoir certains intervenants.  Le clivage entre milieu rural et milieu urbain, et son impact sur la pauvreté des femmes et des filles dans les campagnes, a également été mis en avant, notamment par les représentantes de la jeunesse des Philippines et de la République dominicaine.

L’éducation étant le moyen idoine pour lutter contre la pauvreté, le représentant de la jeunesse du Danemark a tiré la sonnette d’alarme en citant une statistique de l’UNICEF selon laquelle pas moins de 129 millions de filles dans le monde sont déscolarisées.  Il faut remédier à cela, a-t-il exigé.  Pour sa part, le Qatar a misé sur la promotion des jeunes à travers l’éduction, y compris un programme de bourses universitaires. 

Le représentant de l’Union européenne a soulevé une question « que les hommes n’ont jamais à se poser », celle de savoir à quoi doivent renoncer les femmes pour pouvoir se permettre d’acheter des produits d’hygiène menstruelle.  Arguant qu’il devrait s’agir d’un droit humain pour toutes les femmes car il en va de leur dignité mais aussi de leurs opportunités d’emploi et de leurs études, le représentant a estimé que ces produits devraient être couverts par la protection sociale.  Au Canada, il existe désormais un fonds social pour financer la distribution gratuite des produits d’hygiène menstruelle dans les banques alimentaires, les foyers pour femmes et les toilettes de tous les bâtiments publics, s’est félicitée la représentante de la jeunesse canadienne. 

Le représentant du Kenya a évoqué pour sa part la création d’un fonds pour la discrimination positive, dont l’objectif est de permettre aux femmes et aux filles d’accéder aux financements et à l’éducation.  À l’instar du Burundi et du Mali, il a mis en exergue l’importance des investissements durables dans la santé, pour les femmes et les jeunes. 

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, vendredi 15 mars, à partir de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.








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