La Psychothrapie Emdr

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La psychothérapie

EMDR
Stéphanie REQUET-CATINEAN
Psychologue clinicienne
Thérapeute certifiée EMDR Europe
EMDR : approche psychothérapeutique

 EYE
 MOVEMENT
 DESENSITIZATION
 REPROCESSING

 Le traitement de l’information par les mouvements oculaires

 Thérapie découverte en 1987 par Francine SHAPIRO, psychologue


américaine
L’EMDR : Une thérapie intégrative

 Approche holistique : la thérapie s’intéresse à l’ensemble de la personne


(dimension cognitive, émotionnelle, corporelle, comportementale,
relationnelle…)
 L’EMDR s’inspire de différents courants thérapeutiques :
 Comme la psychanalyse, la psychothérapie EMDR fait appel aux
techniques d’association libre
 Comme dans les TCC, le travail d’exposition et de restructuration cognitive
est important
 Hypnose : comme outil de stabilisation et de visualisation
 Neurosciences : notion de mémoire de travail, plasticité neuronale
L’EMDR respecte les lois de fonctionnement du cerveau
 La thérapie EMDR est aujourd’hui mondialement reconnue par la
communauté scientifique pour son efficacité,
 Elle est officiellement recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS)
pour le traitement de l’état de stress post traumatique (ainsi que les TCC)
Modèle du traitement adaptatif de
l’information (TAI)

 Postulat de base de la thérapie EMDR


 Le psychisme aurait la capacité de métaboliser la majorité des vécus
traumatiques. Lorsque le système ne fonctionne pas correctement,
l’information reste en suspens dans le psychisme influençant les pensées, les
émotions, les sensations, à travers des réseaux mnésiques dysfonctionnels.
 Ce modèle considère la plupart des pathologies psychiques comme la
conséquences des expériences plus ou moins traumatiques vécues dans les
1ères années de la vie
 La thérapie EMDR réactive le système naturel de traitement adaptatif de
l’information, cela permet de démêler les nœuds existants en métabolisant
l’information traumatique dysfonctionnelle
A qui s’adresse la thérapie EMDR ?

 La thérapie EMDR s’adresse à toute personne (enfant, adolescent, adulte)


souffrant de perturbations émotionnelles liées à des traumatismes
 Traumatismes avec un grand « T » : violences physiques et psychologiques,
agressions sexuelles, accidents graves, décès, maladies, incendies,
catastrophes naturelles, attentats…
 Traumatismes avec un petit « t » ou événements de vie difficile : séparation,
difficultés professionnelles ou relationnelles, deuils….
 Lorsque les vécus traumatiques ne sont pas intégrés ils deviennent source de
perturbations émotionnelles
 Les perturbations émotionnelles s’expriment sous différentes formes : irritabilité,
anxiété, cauchemars, états dépressifs, addictions, somatisations…
 Les perturbations émotionnelles apparaissent lorsque le cerveau est
submergé par un choc traumatique et qu’il ne parvient pas à digérer
l’information comme il le fait habituellement.
 La thérapie EMDR permet de débloquer les mécanismes naturels du
traitement de l’information, et ainsi le traumatisme peut être retraité
même de nombreuses années après.
 la thérapie EMDR permet de remettre en route un système de guérison
naturel, consistant à traiter les expériences vécues afin de les ranger dans
la partie cérébrale adaptée, comme le fait naturellement le cerveau
pendant la nuit
 La Stimulation Bilatérale Alternée (SBA): mouvements oculaires,
tapotements, stimulations tactiles ou auditives, n’est qu’un des nombreux
éléments de la thérapie EMDR.
 Il s’agit d’un traitement intégrant 8 phases distinctes
 Approche en 3 temps : passé, présent, futur
 Différents protocoles et procédures en fonction des troubles de la
personne
Les différents protocoles

 Protocole standard
 Protocole pour les phobies
 Protocole pour les TOCS
 Protocole pour les empreintes précoces
 Protocole pour les douleurs chroniques
 Protocole en groupe
 Protocole pour les addictions
 Protocole pour les événements récents : on va cibler séparément chaque
aspect de l’événement traumatisant
 Pour les enfants : le protocole standard va être adapté en fonction du
niveau de développement de l’enfant. Place des parents importante
Le stress post traumatique
différentes appellations

 Etat de Stress Post Traumatique ESPT


 Syndrome de Stress Post Traumatique SSPT
 Post Traumatic Stress Disorder PTSD
 Trouble de Stress Post Traumatique TSPT (DSM 5)
Le Trouble de Stress Post Traumatique

 Trouble anxieux sévère à la suite d’un expérience vécue comme traumatisante


 Situation ou l’intégrité psychique et/ou physique d’une personne ou de son
entourage a été menacée ou atteinte
 Les capacités d’adaptation de la personne pour faire face sont débordées
 La réaction immédiate a l’événement est la peur intense (effroi), sentiment
d’impuissance, sentiment d’horreur
Les symptômes du TPST

 Intrusion : réminiscences, flash back, cauchemars


 Evitement : l’individu évite situation lui rappelant l’événement, met à
distance les déclencheurs, perturbations émotionnelles, amnésie
 Hyperstimulation : hypervigilance, insomnie, impression constante de
danger
 Trauma simple :
 Événement traumatique accidentel
 Chez l’adulte
 Trouble de Stress Post Traumatique

 Trauma complexe :
 Traumatisation sévère et répétée
 Dans l’enfance
 Pendant les années de développement
 Etat de Stress Post Traumatique Complexe
Trauma complexe

 Troubles de l’affect (hypersensibilité ou désaffectivation)


Tentatives infructueuses pour contrôler les affects : addictions,
comportements à risques, conduites suicidaires, automutilation…
 Troubles de la relation à l’autre (compulsion de répétition du trauma)
 Perturbation dans la relation avec soi même (faible estime de soi,
sentiment chronique de honte et de culpabilité)
 Difficultés avec l’évocation des souvenirs traumatiques
 Somatisation
 Symptômes dissociatifs : amnésie, dépersonnalisation, trouble dissociatif de
l’identité
8 phases de la thérapie EMDR
protocole standard

 Phase 1 : Histoire du patient


 Phase 2 : Préparation
 Phase 3 : Evaluation
 Phase 4 : Désensibilisation
 Phase 5 : Installation
 Phase 6 : Scanner corporel
 Phase 7 : Clôture
 Phase 8 : Réévaluation
Phase 1 : histoire du patient

 Anamnèse
 Evaluation (trauma simple, traumas complexes…)
 Plan de ciblage (sur une problématique spécifique)
 Passé : expériences du passé en rapport avec la problématique actuelle
 Déclencheurs actuels : situations du présent
 Futur désiré : résultats et buts de traitement désirés
Phase 2 : préparation

 Exercices de stabilisation émotionnelle :

 Lieu sûr
 Contenant
 Pleine conscience
 Respiration
Fenêtre de tolérance (Ogden et Minton)
Hyper-activation Augmentation sensations et
Sympathique vigilance
Danger Amplification des émotions
Tensions muscles, tremblements
Agitation, pensée désorganisée
Symptômes intrusifs (reviviscence)
Fenêtre de tolérance
Zone optimale d’activation
Parasympathique ventral Processus thérapeutique
Sécurité engagement social

Hypo-activation Engourdissement des sensations,


Parasympathique dorsal émotions et pensées
Menace vitale Mouvements réduits
Dépersonnalisation
Risque de dissociation
Symptômes d’évitement

Les exercices de stabilisation visent à rester dans la


fenêtre de tolérance et à l’élargir de plus en plus
Phase 3 : Evaluation

Choix d’une cible : souvenir, événement, déclencheurs, situation…


 Image
 Cognition négative
 Cognition positive
 Validité de la cognition positive (VOC) échelle de 1 à 7
 Emotions
 Mesure du SUD : échelle de 0 à 10 pour évaluer la perturbation
 Sensation corporelle
Cas clinique : Laura
trauma simple ESPT

Femme de 40 ans : Accident de voiture


Fracture du sternum, cauchemars, angoissée à l’idée de sortir de chez elle, crises
d’angoisse au volant
Cible : l’accident
 Image : Eblouie par la voiture qui me fonce dessus
 Cognition Négative : Je vais mourir
 Cognition Positive : je vais bien
 VOC : 3
 Emotion : peur, colère
 SUD= 8
 Sensation : oppression dans la poitrine
Phase 4 : désensibilisation

 Objectif : traitement de la cible (souvenir, situation) jusqu’à obtenir une


solution appropriée
 On demande au patient de se centrer sur : l’image, la cognition négative,
et la sensation et on fait les stimulations bilatérales alternées.
 On demande un feedback bref après chaque série de SBA
 On continue les séries de SBA jusqu’à apaisement, contenu neutre puis on
revient à la situation initiale
 SBA jusqu’à SUD = 0
Phase 5 : Installation

 Objectif : contrôler la validité de la cognition positive et augmenter ses


effets positifs en renforçant le lien avec le souvenir ciblé
 Lier la cognition positive et la cible pour évaluer la VOC
 Lier la cognition positive et la cible et ajouter les SBA
 Installer jusqu’à VOC = 7
Phase 6 : scanner corporel

 Objectif : vérifier que les réactions physiques sont congruentes avec le


souvenir et la cognition positive
 Associer le souvenir avec la cognition positive et passer en revue tout le
corps de la tête au pied pour voir s’il y a encore des sensations négatives
 S’il reste des sensations négatives faire de nouvelles séries de SBA jusqu’à
apaisement

 « C’est le corps qui donne le score »


Van Der Kolk « le corps n’oublie rien »
Phase 7 : clôture

 Objectif : s’assurer de la stabilité du patient à la fin de la séance


 Débriefer sur la séance, s’orienter sur le positif
 Si la séance est inachevée : nécessité de stabiliser le patient (lieu sûr,
contenant…)
Phase 8 : réévaluation

 Evaluer les changements chez le patient suite à la séance de retraitement


 Réévaluer la cible (séance complète ou incomplète)
 Continuer le traitement de la cible ou retraiter d’autres cibles du plan de
ciblage
Cas clinique : Laura

5 séances :
 1 séance de stabilisation
 2 séances de désensibilisation
 1 séance désensibilisation et installation
SUD = 0 VOC = 7 =Je suis en sécurité
 1 séance réévaluation : Ne fait plus de cauchemars, peut conduire sans
angoisse, ne repense plus à son accident, n’a plus de douleur dans la
poitrine

EMDR et addictions

Trauma et addictions

 Comorbidité : addiction et TSPT


 75% des vétérans du Vietnam sont dépendants de l’alcool
 Les patients avec ESPT sont significativement plus souvent dépendants de
substances que les patients sans ESPT
 25% des patientes hospitalisées pour abus de substances ont subi des violences
sexuelles dans l’enfance
 43% de patients dépendants hospitalisés souffrent d’ESPT

 Quand on a une addiction le risque d’être traumatisé augmente


 Quand il y a un trauma dans l’enfance, le risque de devenir addict augmente
L’économie psychique de l’addiction

Selon Joyce Mc Dougall :

 Le concept d’addiction n’implique pas le désir de s’intoxiquer, de


se faire du mal

 Tentative auto-thérapeutique de suppression de la douleur

 Survie psychique

 Tentative de régulation d’un conflit interne


L’objet addictif est ambigu

 Originellement il est vécu comme un bon objet, refuge rapide mais bref
contre le déplaisir, la douleur psychique

 Si l’addicté est enchaîné à son objet d’addiction ce n’est pas le fait


d’un but originel mais le résultat d’une lutte inégale du sujet avec une
partie de lui-même
L’addiction : pathologie de l’agir

 Dans l’addiction, la sensorialité et l’agir se substituent aux émotions et à


l’activité de penser

 L’acte, le faire, est le seul moyen pour le sujet de ressentir sa continuité à


être

 La consommation de substances permet de colmater des failles


narcissiques du sujet, de contenir les affects inélaborables
Sens de l’agir addictif

 La conduite addictive vise la décharge rapide de toute tension


psychique que la source soit intérieure ou extérieure
 Les affects sont éjectés hors de la psyché à travers des passages à
l’acte permanent.
 Le produit vient combler le vide affectif et l’ennui
La relation mère-nourrisson

 La nature des relations mère-enfant peut être décisive concernant


certains modes de fonctionnement psychique

 Fusion mère-bébé : dans l’état de dépendance absolue à sa mère,


le bébé a tendance à se conformer totalement à ce qu’elle projette
sur lui

 Si la relation n’est pas satisfaisante cela peut entraîner chez l’enfant


la crainte de développer ses propres ressources psychiques pour
atténuer ses tensions affectives
Les interrelations précoces

Pathologie addictive = défaillance dans l’accordage affectif


primaire, défaut du lien primordial

accordage = partage affectif entre la mère et le bébé

L’addiction est une pathologie du lien à l’autre


 Dans son histoire personnelle et familiale, le sujet n’a pas trouvé sa sécurité
intérieure de base

 L’addiction s’inscrit dans une histoire traumatique précoce

 La genèse d’une potentielle conduite addictive se fait en 2 temps :


Les interrelations précoces
L’adolescence
Le système d’attachement

 A partir des interactions avec les figures d’attachement, l’enfant crée des
modèles internes opérants
 Ils sont encodés dans la mémoire implicite et deviennent des stratégies non
conscientes de régulation des émotions et des interactions
 Conditions pour développer un attachement sécure :
 Sécurité/protection : au moins un parent prévisible, constant, répondant de
manière adaptée aux besoins de l’enfant
 Amour/connexion : pouvoir partager l’émotion sans que cela submerge
 Valorisation : être validé dans son vécu, encouragé et valorisé dans
l’autonomisation
 La cohérence narrative des récits autobiographiques d’expériences
d’attachement est un indicateur fort d’attachement sécure chez l’adulte et
chez les enfants
La théorie de l’attachement

 Attachement sécure
 Attachement insécure évitant
 Attachement insécure ambivalent anxieux
 Attachement désorganisé
Typologies de l’attachement

Attachement sécure Attachement insécure évitant


 Réaction modérée à la séparation  Pas de réaction à la séparation/
retrouvailles
 Bonne capacité d’exploration et de
jeu autonome  Détourne le regard, évite le contact
 Confiance en l’adulte en cas de  Pas de réconfort dans les bras
détresse et recherche de proximité
 Pas de recherche d’interaction
 Capacité à recevoir de l’apaisement
 Focalisation sur un jouet, une activité
et à s’auto-réguler
pour s’auto-réguler
Typologies de l’attachement

Attachement insécure Attachement insécure


ambivalent/résistant désorganisé
 Détresse profonde à la séparation  Parent impuissant-abdiquant, effrayé-
effrayant
 Ambivalence aux retrouvailles
 Attachement contradictoire
 Difficilement réconforté  Paradoxe : peur d’être approché/terreur
d’être rejeté
 A du mal à s’auto-réguler
 Incohérence comportementale : l’enfant se
fige ou hurle à la séparation, il peut être
indifférent, avoir des balancements
 Echec des auto-régulations
 Risque important de dissociation
 Trauma = activation du système de défense ET du système d’attachement
: si l’attachement est désorganisé et ne sécurise pas, l’activation du
système de défense risque de persister et d’entrainer un ESPT

 Nécessité de stabiliser le patient pendant la thérapie :


 Intégrité et sécurité dans le présent, capacité à s’autoréguler entre les
séances
 Relation thérapeutique doit être contenante et prédictible
Traiter le trauma ou l’addiction ?

 Prise en charge de l’addiction


 Stabilisation et installation de ressources
 Stabiliser le présent
 EMDR sur la mémoire addictive
 EMDR sur traumas du passé

 Si le trauma poussent la personne à consommer : cibler en 1er les souvenirs


traumatiques
 Décider ce qui est le plus dangereux en terme de rechute :
Le craving lui-même ou alors les émotions liées aux souvenirs traumatiques
Une mémoire addictive

 L’effet biologique du toute drogue a un impact sévère sur le cerveau


(changement durable sur la structure et le fonctionnement
 Comparable au trauma
 Ainsi se forme un souvenir implicite, inadapté

 Le réseau mnésique : presque toutes les drogues activent un réseau de


neurones, le système de récompense du cerveau
 Il existe une mémoire implicite de l’addiction
Mémoire addictive et EMDR

 Cibler les déclencheurs de l’envie irrépressible de substance


 Cibler le souvenir de la rechute
 Cibler le souvenir le plus ancien de l’addiction
 Cibler des aspects positifs de la consommation de substances
Protocole addiction CRAVEX (M. Hase)

Choix d’une cible : envie irrépressible, aspects positifs de l’usage de


substances…
 Image
 Cognition négative
 Cognition positive
 Validité de la cognition positive (VOC) échelle de 1 à 7
 Emotions
 Mesure du LoU (Level of Urge) échelle de 0 à 10 pour évaluer intensité du
désir
 Sensation corporelle
 Etude en Allemagne montre l’efficacité du protocole CRAVEX
 Réduction de l’envie irrépressible de consommer et une meilleure
capacité à rester abstinent à l’alcool

 Effet limité du CRAVEX sur les addictions comportementales


Références :

 Association EMDR France : emdr-france.org

 « Des yeux pour guérir , EMDR, la thérapie pour surmonter l'angoisse, le stress et
les traumatismes » Francine Shapiro 2014
 « Manuel d’EMDR, principes, protocoles, procédures » Francine Shapiro
 « La pratique de la thérapie EMDR » ouvrage collectif sous la direction de Cyril
Tarquinio, 2017
 « Guérir », David Servan Schreiber, 2003

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