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L'aggravation du risque d'inondation en Tunisie : éléments de réflexion

Article  in  Physio-Géo · January 2014


DOI: 10.4000/physio-geo.3953

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1 author:

Noômène Fehri
Université de la Manouba
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Physio-Géo
Volume 8  (2014)
Varia 2014

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Noômène Fehri
L'aggravation du risque d'inondation
en Tunisie : éléments de réflexion
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Référence électronique
Noômène Fehri, « L'aggravation du risque d'inondation en Tunisie : éléments de réflexion », Physio-Géo
[En ligne], Volume 8 | 2014, mis en ligne le 21 March 2014, Consulté le 25 March 2014. URL : http://physio-
geo.revues.org/3953 ; DOI : 10.4000/physio-geo.3953

Éditeur : Martin, Claude


http://physio-geo.revues.org
http://www.revues.org

Document accessible en ligne sur : http://physio-geo.revues.org/3953


Ce document est le fac-similé de l'édition papier.
Tous droits réservés
Physio-Géo - Géographie Physique et Environnement, 2014, volume VIII 149

L'AGGRAVATION DU RISQUE D'INONDATION EN


TUNISIE : ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION

Noômène FEHRI (1)

(1) : Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba, UR Biogéographie, Climatologie Appliquée
et Dynamique Érosive (BiCADE), Campus Universitaire de La Manouba, 2010 LA MANOUBA,
TUNISIE. Courriel : fehri_n@yahoo.fr

RÉSUMÉ : En Tunisie, le phénomène inondation est ancien. À travers l'histoire, on compte par
dizaines le nombre de fois où des régions ont été touchées. Les événements les mieux décrits et les
mieux connus, pour la plupart encore dans la mémoire des gens, sont ceux enregistrés depuis le début
du siècle passé et notamment après les années 1950. Les inondations de 1969 (tout le pays, et
notamment le centre et le Nord), 1973 (moyenne et basse Medjerda), 1982 (Sfax), 1990 (Région de
Sidi Bouzid), 1995 (Tataouine), 2003 (Grand-Tunis), 2007 (Sabbalet Ben Ammar), 2009 (Redayef)…
sont autant d'épisodes qui marqueront pour longtemps les chroniques hydrologiques du pays.
Les extrêmes pluviométriques sont-ils de plus en plus récurrents, ce qui expliquerait les gros
dommages provoqués par les inondations depuis cinq ou six décennies ? Difficile de trancher sur cette
interrogation, d'autant plus que dans la majorité des cas, on ne dispose pas de chroniques suffisamment
longues pour déceler d'éventuelles ruptures de stationnarité dans les séries pluviométriques. Devant
l'incertitude scientifique qui plane sur la question des changements climatiques d'une manière
générale, et tout particulièrement au sujet de leur impact sur les tendances pluviométriques, un élément
apparaît néanmoins certain : les changements hydrologiques inhérents à une urbanisation qui se fait à
outrance et aux diverses actions d'aménagement, parfois imprudentes, ne cessent d'augmenter la
vulnérabilité de nos villes et de nos espaces face au risque d'inondation.
MOTS-CLÉS : inondations, pluies extrêmes, tendances pluviométriques, urbanisation, aménagement,
changements hydrologiques, Tunisie.

ABSTRACT : Flooding in Tunisia is an old phenomenon. Throughout history, regions have been
affected tens of times. The events that are best described, best known, and which most still impact
people's memories, are those recorded since the beginning of the last century and especially after the
1950s. The floods of 1969 (the whole country especially the Centre and the North), 1973 (medium and
low Medjerda), 1982 (Sfax), 1990 (Region of Sidi Bouzid), 1995 (Tataouine), 2003 (Grand Tunis),
2007 (Sabbalet Ben Ammar), 2009 (Redayef)... are all episodes that have marked for a long time the
hydrological chronicles of the country.
Are rainfall extremes becoming more recurrent to explain the high price we pay due to flooding that
occurred in last five or six decades? It is hard to decide on this question especially since in most cases
we do not have enough long chronicles to detect possible stationarity ruptures in rainfall series. In the
face of scientific uncertainty about the issue of climate change in general and on the question of their
impact on rainfall patterns in particular, one thing is sure, however, the inherent hydrological changes
to urbanization which is done excessively and various management actions that are sometimes
impudent are increasing the vulnerability of our cities and our spaces in front of the flood risk.
KEY-WORDS : floods, extreme rainfall, rainfall patterns, urbanization, management, hydrological
changes, Tunisia.
150

I - INTRODUCTION

Hormis quelques rares exceptions, en particulier en Grèce, l'étude des chroniques


pluviométriques relatives à de nombreuses stations climatiques méditerranéennes, n'a pas
permis de déceler des tendances générales significatives dans les totaux pluviométriques
(C. NORRANT, 2004).

Pourtant, un peu partout, des réflexions prospectives sur les changements climatiques ont
déjà été engagées. C'est ainsi qu'en Tunisie, une Stratégie Nationale d'Adaptation de l'Agri-
culture Tunisienne et des Écosystèmes aux Changements Climatiques, ainsi qu'une étude sur
la Protection des Écosystèmes et l'Adaptation aux Changements Climatiques, ont été élabo-
rées. Les projections climatiques faites dans le cadre de ces études prévoient une élévation des
températures qui s'accompagnerait d'une baisse des précipitations qui atteindrait 30 % dans
le Nord du pays à l'horizon 2050. Le tout serait assorti d'une augmentation de la fréquence
et de l'intensité des extrêmes. On devrait alors s'attendre à des phases de forte sécheresse
alternant avec des épisodes moins secs où l'on observerait des événements pluviométriques de
forte intensité probablement encore plus récurrents. En conséquence, et c'est ce qu'il faut
retenir dans le cadre de cette étude, il faudrait envisager des inondations probablement plus
fréquentes aussi.

On notera néanmoins que ces hypothèses sont sujettes à des controverses. Deux critiques
majeures sont souvent adressées aux modèles prospectifs. D'une part, ce sont des modèles
globaux, qui s'appliquent généralement à une échelle planétaire ou zonale, alors que les
phénomènes climatiques revêtent le plus souvent un caractère local. D'autre part, dans la
plupart des cas, on ne dispose pas de séries d'observations suffisamment longues permettant
de démontrer avec certitude l'impact du changement climatique, entre autres sur l'aléa pluvio-
métrique, premier responsable des inondations.

L'inventaire des inondations ayant entrainé des dégâts matériels et/ou humains en Tunisie
laisse voir une nette aggravation du risque hydrologique et ce notamment depuis le milieu du
siècle passé. Au cours des cinq dernières décennies, elles auraient causé près de 800 morts et
des pertes matérielles qui se chiffreraient en centaines de millions de dinars tunisiens. On est
amené à s'interroger sur la cause d'une telle aggravation de ce risque ?

Face au doute scientifique autour des tendances des pluies extrêmes (composante aléa du
risque d'inondation), nous considérons judicieux d'étudier les changements hydrologiques et
l'augmentation des enjeux en zones inondables (composante vulnérabilité) ; aspects moins
incertains et qui permettent de disposer d'éléments d'explication à cette recrudescence des
inondations dévastatrices et à maintes reprises meurtrières. Parmi les changements hydrolo-
giques générateurs d'inondations, deux aspects majeurs seront développés (en faisant réfé-
rence à la fois à des travaux personnels et à des recherches bibliographiques), à savoir :
- la diminution de la débitance des cours d'eau, notamment après la construction de grands
barrages (cas de la Medjerda) ;
- l'impact de l'urbanisation sur le ruissellement et les écoulements, à travers l'examen de
quelques exemples pris notamment dans le Grand Tunis.
151

II - LES INONDATIONS EN TUNISIE : UN PHÉNOMÈNE ANCIEN,


EN NETTE RECRUDESCENCE ET QUI CAUSE DE GROS
DOMMAGES

1 ) Aperçu sur l'importance des pertes humaines et matérielles

En Tunisie, le phénomène inondation est loin d'être un phénomène récent. À ce propos,


A. SAADAOUI (1982) rapporte que plusieurs textes anciens font état d'inondations plus ou
moins graves ayant touché par exemple les villes de Gabès et de Kairouan durant les époques
médiévale et moderne (Tab. I).

Tableau I - Principales inondations survenues en Tunisie durant les époques médiévale,


et moderne.
Année Ville ou région Ampleur de l'événement et dégâts
861 Kairouan Destruction du pont de Kairouan.
Constructions détruites, propriétés endom-
921 Kairouan et sa plaine, Rakkada
magées.
953 Kairouan -
988 Mansoura -
1020 Ifriquia -
1325 Gabès et sa région -
Plusieurs régions du pays dont Grandes pertes en vie humaines et dégâts
1612
Djerba matériels importants à Djerba.
1726 Région de Tozeur Destruction de plusieurs habitations.
Dégâts affectant surtout les récoltes céréa-
1761 Nord-Ouest du pays
lières.
- : pas d'information.

La comparaison du tableau I avec les informations recueillies depuis 1900 (Tab. II)
semble indiquer qu'à travers les temps historiques, la fréquence des inondations aurait aug-
mentée et que les dégâts engendrés par celles-ci seraient devenus de plus en plus lourds.
Néanmoins il faut prendre ce constat avec beaucoup de prudence. Si l'inventaire des inonda-
tions en Tunisie depuis les années 1900 est assez exhaustif, ce n'est certainement pas le cas
pour les périodes antérieures. Les rares événements anciens mentionnés par les historiens ou
les chroniqueurs concernent essentiellement Kairouan, capitale médiévale, et ses environs.
Autant dire qu'il y a sans doute d'autres inondations qui demeurent méconnues, car plus on
remonte dans le temps plus il est difficile de répertorier les catastrophes, notamment les plus
mineures.

Mais, à ne considérer que l'époque contemporaine, une chose nous paraît beaucoup moins
incertaine, c'est la recrudescence des inondations et l'augmentation de leur coût à partir des
années 1950-1960. Le tableau II fait état de trois grandes inondations au cours de la première
moitié du XXème siècle, contre une quinzaine depuis les années 1950.

Les pertes humaines et matérielles seraient en nette hausse. Rappelons qu'à l'échelle
mondiale aussi, les inondations provoquent des dégâts de plus en plus colossaux. D'après le
152

Tableau II - Principales inondations enregistrées en Tunisie à partir de 1900.


Année Principales Villes/régions touchées Ampleur de l'événement / Dégâts
1902 La plupart des régions du pays
Importants dégâts matériels touchant en parti-
Novembre 1931 Nord-Est et Sahel méridional culier l'infrastructure routière (A. OUESLATI,
1999).
Débordement de sabkhet Kalbia et coupure de la
1932 Tunisie centrale GP1 à la hauteur de Sidi Bouali (A. OUESLATI,
1999).
Moknine 830 familles sinistrées (A. OUESLATI, 1999).
Mahdia 124 familles sinistrées (A. OUESLATI, 1999).
Côte orientale de
1958 El-Jem et
Moknine à Sfax 50 familles sinistrées (A. OUESLATI, 1999).
Ksour Essef
Sfax 280 familles sinistrées (A. OUESLATI, 1999).
4000 sans abri et des dégâts matériels estimés à
1959 Sahel, Kairouan, Gabès plus de deux millions de dinars (A. OUESLATI,
1999).
Région de Gabès, région des oasis
Novembre 1962 50 morts et 7000 sans abri (A. OUESLATI, 1999).
surtout Tozeur, Nafta
300000 personnes sinistrées et plus de 542 morts ;
L'ensemble du pays, en particulier la
Automne 1969 énormes dégâts matériels estimés à l'époque entre
Tunisie centrale
30 et 35 millions de dinars (J. PONCET, 1970).
Nord du pays, en particulier le bassin 100 morts + énormes dégâts matériels
Mars 1973
versant de la Medjerda (R. PASKOFF, 1985).
Destruction de 890 logements, effondrement de 57
Mars 1979 Région de Médenine habitations troglodytes, pertes de 7600 têtes ovines
et caprines… (J. BONVALLOT, 1979).
Près de 1000 logements complètement détruits +
Octobre 1982 Ville de Sfax
8500 logements endommagés (A. DAOUD, 1992).
60 morts, perte de 7800 têtes de bétail rien qu'à
Sidi Bouzid. Dégâts matériels très lourds estimés à
plus de 90 millions de dinars tunisiens : 58 % des
Janvier 1990 Tunisie centrale et méridionale
puits de surfaces endommagés, 14000 logements
détruits… (A. HAMZA, 1993 ; H. HMERCHA,
2010).
20 morts + dégâts matériels estimés à plus de six
Septembre 1995 Tataouine millions de dinars tunisiens (A. BOUJARRA et
H. KTITA, 2009).
1170 personnes sinistrées et des dégâts matériels
Mai 2000 Plaine de Jendouba évalués à plus de 3 millions de dinars tunisiens
(L. AHMAR, 2005).
Récoltes (toutes spéculations confondues)
Janvier -février Nord du pays : moyenne et basse endommagées à 85 %. Dégâts matériels estimés à
2003 Medjerda, Grand Tunis environs 20 millions de dinars tunisiens
(L. LAHMAR, 2005).
4 morts + 2500 personnes sans abri + Dégâts
Septembre 2003 Grand Tunis
matériels (Y. ENNESSER et al., 2011).
Grand Tunis, en particulier le secteur 16 morts + dégâts matériels considérables
Octobre 2007
de Sabbalet Ben Ammar (N. FERHI et al., 2009).
17 morts et 8 blessés + importants dégâts matériels
Septembre 2009 Redayef
(Presse nationale du 24/09/2009).
3 morts + énormes pertes dans le secteur agricole
Nord du pays, notamment le
Fin septembre qui sont estimées à environ 30 millions de dinars
Zaghouanais et la basse vallée de la
2011 tunisiens + infrastructure routière soumise à rude
Medjerda
épreuve surtout dans le gouvernorat de Zaghouan.
153

Département des Affaires Humanitaires (DHA) des Nations Unies, 339 millions de personnes
en ont été victimes entre 1900 et 1980. De 1970 à 1981, elles ont constitué plus du tiers de
l'ensemble des événements catastrophiques recensés (J.L. BALLAIS et al., 2011).

Malgré la rareté et le caractère souvent fragmentaire des informations relatives aux dégâts
humains et matériels provoqués par les inondations, celles que nous avons pu réunir dans le
tableau II sont préoccupantes. En effet, au cours des quatre dernières décennies, les fortes
pluies ont été particulièrement dévastatrices et meurtrières.

2 ) Les conséquences morphodynamiques des inondations

Aux pertes humaines et matérielles engendrées par les inondations, s'ajoutent les ravages
occasionnés aux sols. Bien que très difficiles à chiffrer, ils sont, à l'évidence, très élevés. Cela
est d'autant plus vrai que l'érosion d'un sol constitue souvent une perte irréversible. Toutes les
études consacrées à l'érosion hydrique en Tunisie s'accordent sur le fait que les grands
épisodes pluviométriques et hydrologiques, que l'on qualifie souvent "d'exceptionnels", ont un
impact majeur sur les rythmes et les bilans de l'érosion. Ainsi J. PONCET (1970), qui a vécu
les inondations de l'automne 1969, souligne-t-il que "hydrologues, climatologues, géomor-
phologues et autres spécialistes ont plus appris en trois semaines qu'en plusieurs dizaines
d'années d'observation sur les problèmes de l'écoulement superficiel, de l'évolution des crues,
de la formation des lits et du dépôt solide…". C'est dire que de telles inondations provoquent
une nette accélération des processus d'érosion hydrique, voire dans certains cas une défigu-
ration complète des paysages. Cela se traduit essentiellement par :
1/ Un décapage des horizons supérieurs fertiles du sol : À ce propos, A. BOUSNINA et
A. OUESLATI (1991) rapportent que dans certains secteurs de la plaine de Sidi Bouzid, le
décapage observé suite aux inondations de janvier 1990 a dépassé 70 cm. L'ampleur de ce
phénomène explique en bonne partie l'abondance des matières solides charriées par les oueds
lors des événements hydrologiques exceptionnels. Ainsi, lors des inondations de mars 1973,
l'apport solide de l'oued Medjerda vers la basse vallée a atteint 100 millions de tonnes en cinq
jours, soit l'équivalent de son apport moyen en cinq ans (L. HENIA et al., 2008). En janvier
1990, le volume des sédiments transités par l'oued El-H'tab (Tunisie centrale) à sa sortie du
djebel Kharroub (Khanguet Ezzazia) a été estimé à 355010 m3 pour un bassin versant de
2200 km2 (A. HAMZA, 1993), ce qui représente une dégradation spécifique d'environ
161 m3/km2 (1,61 m3/ha).
2/ Une recrudescence de l'entaille linéaire et une accélération du phénomène de ravinement :
À titre d'exemple, lors des inondations de 1969, l'oued Elben, dans les Basses Steppes tuni-
siennes, s'est localement encaissé de plus de quatre mètres (J.L. BALLAIS, 1973). Au sud-
ouest de la ville de Sfax, le Tarfaoui a creusé son lit d'environ deux mètres sur une longueur
de six kilomètres entre Markez Chaâl et Borj La Gare (N. FEHRI, 2007). En outre, lors de ces
événements, de nombreuses ravines se forment et ne cessent ensuite d'évoluer par érosion
régressive, constituant dans des cas extrêmes, mais hélas assez courants, de véritables paysa-
ges de bad-lands.
3/ Un remarquable élargissement des lits des oueds : En 1969, l'oued Elben, déjà cité, s'est
aménagé un nouveau lit, large de 400 m, à une quinzaine de kilomètres au nord-est de la ville
de Mezzouna (J.L. BALLAIS, 1973). Près du quartier El-Malga, à environ 500 m de la
confluence avec la Medjerda, l'oued Mellègue s'est élargi d'une vingtaine de mètres suite aux
crues de 2000 et 2003.
154

4/ D'importants phénomènes de dépôt : Les énormes volumes de sédiments mobilisés lors des
inondations s'accumulent surtout dans les zones où la pente diminue pente, ainsi que dans les
secteurs évasés. En zones rurales, ces atterrissements sont les bienvenus sur les terrains non
cultivés, car ils sont souvent riches en éléments fertilisants et offrent donc de meilleurs
rendements dans le cas d'une exploitation ultérieure. En revanche, sur les champs cultivés et
en particulier dans les périmètres irrigués, ils sont souvent mal accueillis, car ils ensevelissent
les cultures et peuvent endommager les équipements d'irrigation. Dans le secteur de Swais-
siya, près de la confluence entre les oueds Mellègue et Medjerda, plusieurs dizaines d'hectares
de blé ont été complètement recouverts par une couche d'alluvions fines, épaisse parfois de
plus d'un mètre, à la suite des inondations de mai 2000 et de janvier 2003 (L. LAHMAR,
2005).

Il va sans dire que les sédiments charriés par les écoulements lors de ces grandes crues
constituent aussi une véritable menace pour les ouvrages de rétention (barrages, lacs colli-
naires) construits sur les cours d'eau (Photo 1). En fait, ils participent activement à leur
colmatage, réduisant ainsi leur durée de vie. En 2002, les grands barrages tunisiens étaient
globalement privés de 22 % de leur capacité initiale, une perte qui s'explique en grande partie
par la fréquence des fortes crues (L. HENIA et al., 2008).

Retenue colmatée
Digue

Déversoir

Photo 1 - Le lac collinaire "Sbayhia 2", dans le Zaghouanais, totalement colmaté


seulement quelques années après sa mise en service, suite aux pluies de l'automne 1995.
[cliché : N. FEHRI, septembre 2010]

En ville, ces sédiments peuvent s'avérer très néfastes ; cas de la ville de Meknassy dont
certaines rues ont été enfouies sous une couche d'alluvions épaisse de plusieurs décimètres
lors des inondations des 21 et 22 janvier 1990 (A. HAMZA et al., 1991).
155

III - … ET L'ALÉA PLUVIOMÉTRIQUE DANS TOUT ÇA ?

La réponse n'est pas aussi simple qu'on pourrait le penser. Sans prétendre être exhaustif,
nous essaierons, dans ce qui suit, d'apporter quelques éléments de réflexion.

1 ) L'évolution des précipitations depuis la fin du XIXème siècle : absence de tendances


significatives

Pour l'étude de l'évolution des précipitations en Tunisie, on va se baser sur les données de
la station de Tunis-Manoubia. En service depuis 1887, elle est la plus ancienne du pays. Il
s'agit d'une station côtière, de basse altitude, où la moyenne annuelle (de septembre à août) est
de l'ordre de 456 mm sur la période 1887-2005. L'hiver y est la saison la plus pluvieuse et
totalise 40 % du cumul annuel moyen. L'automne vient en deuxième position (31 % du total
annuel moyen), mais il est connu pour ses fortes averses. Viennent ensuite, en ordre décrois-
sant, le printemps (23,6 %), puis l'été qui est sec.

a. La tendance des précipitations annuelles moyennes


La tendance sur le long terme, c'est-à-dire à une échelle séculaire, montre une très légère
augmentation des précipitations, mais qui n'est pas significative (le coefficient de détermi-
nation est de 0,011). Par ailleurs, ces précipitations se caractérisent par leur importante
variabilité interannuelle (Fig. 1). En considérant les données par périodes de trente ans, les
précipitations annuelles moyennes atteignent leur maximum de 1952-53 à 1981-82
(502,0 mm) et leur minimum de 1895-96 à 1924-25 (407,6 mm). La décade la plus pluvieuse
va de 1949-50 à 1958-59. Elle présente une moyenne annuelle de l'ordre de 553 mm, alors
que la valeur pour la décade la plus sèche, 1941-42 à 1950-51, est de 351 mm seulement.

b. Les tendances saisonnières


Les précipitations saisonnières à la station de Tunis-Manoubia sont présentées sur les
figures 2 à 4 (automne, hiver et printemps).
À l'image des précipitations annuelles, celles qui s'abattent en automne (de septembre à
novembre) n'enregistrent pas de tendance significative (Fig. 2), si ce n'est une très légère
augmentation, mais qui reste statistiquement insignifiante (coefficient de détermination de
0,033).
En Tunisie, la majorité des inondations ont eu lieu au cours de cette saison. En effet, les
pluies automnales prennent souvent un caractère orageux et se distinguent par de fortes inten-
sités.
Pour l'hiver (décembre à février) et le printemps (mars à mai), les évolutions ne sont pas
plus significatives (Fig. 3 et 4). Les précipitations paraissent stables en hiver et semblent
diminuer au printemps, mais les coefficients de détermination sont très faibles.
En somme, l'étude de l'évolution des précipitations à la station de Tunis-Manoubia à
partir de la fin du XIXème siècle met en évidence l'absence de tendances significatives. Ce
constat rejoint les résultats relativement récents obtenus par une équipe de climatologues de
l'UMR ESPACE (Université de Provence) et en particulier ceux obtenus par C. NORRANT
dans sa thèse (2003) sur les tendances pluviométriques dans le bassin méditerranéen au cours
de la deuxième moitié du XXème siècle (1950-2000). Dans l'ensemble, conclut-elle, "l'absence
de tendance et les tendances non significatives prédominent largement au pas de temps
156

900
2
r = 0,0117
800

700
P (mm)

600

500

400

300

200
1986-87
1890-91
1894-95
1898-99
1902-03
1906-07
1910-11
1914-15
1918-19
1922-23
1926-27
1930-31
1934-35
1938-39
1942-43
1946-47
1950-51
1954-55
1958-59
1962-63
1966-67
1970-71
1974-75
1978-79
1982-83
1986-87
1990-91
1994-95
1998-99
2002-03
Total annuel (mm) Moyenne mobile 10 ans Moyenne mobile 30 ans
 
Figure 1 - Évolution des précipitations annuelles à la station
de Tunis-Manoubia entre 1887-88 et 2006-07.
Source des données brutes : Direction Générale des Ressources en Eau.

450
2
r = 0,0335
400

350

300
P (mm)

250

200

150

100

50

0
1986-87
1890-91
1894-95
1898-99
1902-03
1906-07
1910-11
1914-15
1918-19
1922-23
1926-27
1930-31
1934-35
1938-39
1942-43
1946-47
1950-51
1954-55
1958-59
1962-63
1966-67
1970-71
1974-75
1978-79
1982-83
1986-87
1990-91
1994-95
1998-99
2002-03

Figure 2 - Évolution des précipitations automnales à la station


de Tunis-Manoubia entre 1887-88 et 2005-06.
Source des données brutes : Direction Générale des Ressources en Eau.
P (mm) P (mm)

0
50
100
150
200
250
300
0
50
100
150
200
250
300
350
400

1986-87 1986-87
1890-91 1890-91
1894-95 1894-95
1898-99 1898-99
1902-03 1902-03
1906-07 1906-07
1910-11 1910-11
1914-15 1914-15
1918-19 1918-19
1922-23 1922-23
1926-27 1926-27
1930-31 1930-31
1934-35 1934-35
1938-39 1938-39
1942-43 1942-43
1946-47 1946-47
1950-51 1950-51
1954-55 1954-55
1958-59 1958-59
1962-63 1962-63
2

1966-67 1966-67
1970-71 1970-71

2
1974-75 1974-75
de Tunis-Manoubia entre 1887-88 et 2005-06.

de Tunis-Manoubia entre 1887-88 et 2005-06.


1978-79 1978-79
r = 0,0008

1982-83 1982-83

r = 0,0035
1986-87 1986-87
1990-91 1990-91
Figure 3 - Évolution des précipitations hivernales à la station

Source des données brutes : Direction Générale des Ressources en Eau.


Source des données brutes : Direction Générale des Ressources en Eau.

Figure 4 - Évolution des précipitations printanières à la station


1994-95 1994-95
1998-99 1998-99
2002-03 2002-03
157
158

mensuel, et par conséquent aussi aux pas de temps saisonnier et annuel. Les tendances signifi-
catives représentent des exceptions mensuelles isolées dans un contexte de non significativité.
Elles ne revêtent une réelle importance que dans une seule région, la Grèce".
En Tunisie, le constat fait pour la station de Tunis-Manoubia, vaut pour d'autres régions.
À titre d'exemple, L. HENIA et Z. HLAOUI (2011) ont cherché à déterminer la tendance
évolutive des précipitations aux échelles annuelle, saisonnière et mensuelle dans les plaines et
les bassins intra-telliens. Ils se sont aperçus que les séries de données portant sur l'ensemble
du XXème siècle, pas plus que celles portant sur les dernières décennies, n'indiquent une
tendance significative, ni à la hausse, ni à la baisse. Il en irait de même pour l'évolution des
maxima pluviométriques, ajoutent-ils.

c. Stationnarité ou rupture des pluies extrêmes ?


Sur la rive nord de la Méditerranée, les travaux de L. NEPPEL et al. (2003) sur les pluies
journalières maximales en Languedoc-Roussillon ont permis de conclure à leur caractère
aléatoire. En effet, ces auteurs ont démontré qu'il n'existe pas de rupture de stationnarité. Ils
ont également attiré l'attention sur le fait que la densité plus faible du réseau de pluviomètres
dans la première moitié du XXème siècle, entraîne une sous-estimation de la fréquence des
épisodes extrêmes au cours de cette période. En conséquence, l'influence du changement
climatique sur les événements extrêmes n'est pas avérée.
En Tunisie centrale, les travaux d'A. KINGUMBI et al. (2001) ont mis en évidence une
baisse relativement significative des précipitations entre 1976 et 1989, sans pour autant
marquer une rupture de stationnarité des séries. Toutefois, il est important de rappeler qu'au
cours de la dernière décennie, certaines régions du pays, notamment le Grand Tunis, ont été
touchées par des épisodes pluviométriques d'une occurrence très rare. À ce propos, il suffit de
rappeler les caractéristiques des pluies des 16, 17 et 24 septembre 2003. La journée du 17
septembre a totalisé 194 mm à la station de Tunis-Carthage, ce qui constitue un record (pour
cette station ouverte en 1950, le précédent record était de 133,5 mm, hauteur enregistrée le 3
novembre 1975).
En termes d'intensités horaires, ces épisodes pluvieux sont également très exceptionnels
et atteignent des valeurs largement supérieures aux intensités horaires centennales observées à
la station de Tunis-Carthage (Tab. III).
Les intensités centennales sont largement dépassées pour les durées de deux heures et plus
dans le cas de l'épisode du 16 au 18 septembre, et dès la demi-heure dans celui du 24
septembre (Tab. III).
L'épisode du milieu de l'après-midi du 13 octobre 2007, au cours duquel on a enregistré
un pic de 184 mm en quelques heures à la Goulette (soit trois fois et demie la moyenne
pluviométrique d'octobre), pourrait également être donné en exemple (N. FEHRI et al., 2009).
Une question cruciale s'impose, à laquelle nos collègues climatologues devront répondre :
sommes-nous encore dans une logique aléatoire ou avons-nous désormais affaire à des
événements marquant une rupture de stationnarité dans les séries pluviométriques ?

2 ) Difficile de prédire l'impact du réchauffement climatique sur les précipitations

En Tunisie, les projections climatiques effectuées dans le cadre de la Stratégie Nationale


d'Adaptation de l'Agriculture Tunisienne et des Écosystèmes aux Changements Climatiques
(SNAAEC) se basent sur le Modèle HadCM3 (Modèle de circulation générale couplé
159

Tableau III - Caractéristiques et place des épisodes pluviométriques de septembre 2003


dans la chronique 1950-2004 de la station de Tunis-Carthage (d'après Y. ZAHAR, in
H. KROUMI, 2009).
Durées (heures et dixièmes d'heure)
0,25 0,50 1,00 1,5 2 3 6 12 18 24
16-17-18/09/03 H (mm) 12,0 21,0 34,6 51,0 60,6 82,6 123,5 166,3 173,5 194,0
24/09/2003 H (mm) 34,0 57,0 82,0 96,9 98,2 99,0 99,0 101,0 101,0 101,0
16-17-18/09/03 I (mm/h) 48,0 42,0 34,6 34,0 30,3 27,5 20,6 13,9 9,6 8,1
24/09/2003 I (mm/h) 136,0 114,0 82,0 64,6 49,1 33,0 16,5 8,4 5,6 4,2
I100
1950-2004 150,4 85,2 48,3 34,6 27,3 19,6 11,1 6,3 4,5 3,6
(mm/h)
I / I100 pour les
0,32 0,49 0,72 0,98 1,11 1,40 1,85 2,20 2,14 2,27
16, 17 et 18/09/2003
I / I100 pour le
0,90 1,34 1,70 1,87 1,80 1,68 1,49 1,34 1,24 1,18
24/09/2003
H : hauteur d'eau précipitée pendant le temps considéré. I : intensité moyenne de la pluie pendant le
temps considéré. I100 : intensité centennale (loi de GUMBEL).

atmosphère-océan). Les variations des températures et des précipitations sont données par
rapport à la période de référence 1961-1990.

D'après ces études, l'augmentation de la température annuelle moyenne atteindrait 1,1°C


à l'horizon 2030 et 2,1°C en 2050 (MARH et GTZ, 2006 ; MEDD, 2007).

Il n'en demeure pas moins que l'impact de ce réchauffement sur les autres éléments du
climat, et en particulier sur les précipitations, reste sujet à controverse. À ce jour, la question
est loin d'être tranchée.

Les précipitations annuelles moyennes connaitraient une diminution de l'ordre de 5 %


dans le Nord de la Tunisie et de 10 % dans le Sud à l'horizon 2030 ; en 2050, la diminution
atteindrait 11 % dans le Nord et 29 % dans le Sud. Ces projections prévoient également une
augmentation des extrêmes pluviométriques. C'est-à-dire que l'on devrait s'attendre à des
périodes de sécheresse probablement plus récurrentes et plus longues, alternant avec des
phases plus humides marquées par des pluies qui tendraient à être plus intenses et pourraient
donc provoquer des inondations plus fréquentes.

Quoi qu'il en soit, nous ne sommes pas en mesure de juger si ces projections sont fiables
ou pas, question qui dépasse notre domaine de compétence. Nous ne voulons pas non plus
attiser un débat, qui n'est peut-être pas fondamentalement inutile, mais qui tourne très vite à la
polémique, surtout dès qu'il est politisé.

Néanmoins nous pensons que sagesse est de se dire que les échéances de 2030 et 2050
sont assez proches. Que faire alors si, d'ici là, ces prévisions s'avéraient exactes ? Principe
de précaution oblige, on gagnerait à engager, le plus tôt possible, une réflexion prospec-
tive sérieuse visant à rechercher, dès maintenant, des solutions économiques, techniques et
législatives permettant de faire face et/ou de s'adapter aux différentes situations auxquelles
160

nous serions confrontés dans le cas où cette péjoration climatique viendrait à se concrétiser
dans les deux à quatre prochaines décennies.

3 ) Qu'en est-il de l'évolution des crues annuelles maximales ?

L'absence de tendances significatives dans l'augmentation des précipitations semble être


confortée par un constat identique en ce qui concerne l'évolution des crues. D'une manière
générale, il semblerait qu'au cours des trois à quatre dernières décennies au moins, les débits
annuels maximaux mesurés dans des stations hydrométriques tunisiennes n'ont pas connu
d'augmentation notable. Bien au contraire, ils tendraient plutôt à diminuer légèrement comme
le montrent, par exemple, les données de la Medjerda à Bousalem (Fig. 5), dans le Nord Ouest
de la Tunisie, de l'oued Miliane à Tuburbo Majus (Fig. 6), au nord de Fahs, dans le Nord-Est,
et de l'oued El-Htab à Khanguet Zazia (Fig. 7), à l'ouest de Sidi Bouzid, dans le centre du
pays.

Cette légère diminution des débits maximaux irait à l'encontre de l'hypothèse d'une
augmentation des précipitations au cours des dernières décennies et confirmerait plutôt leur
stabilité.

Mais, il est à signaler qu'en dépit du fait qu'elle soit statistiquement non significative,
cette légère tendance à la baisse peut s'expliquer par au moins deux facteurs :
- Tout d'abord, le caractère exceptionnel des crues enregistrées au début des séries hydromé-
triques traitées, notamment au cours de l'automne 1969 au centre du pays et de l'hiver 1973
dans le Nord. Le retour à des conditions plus habituelles au cours des années suivantes se
traduit statistiquement par une tendance baissière.
- Cette tendance pourrait être également la conséquence de l'écrêtement et du laminage des
crues en relation avec la construction de barrages, notamment après les années 1970. Cela
est surtout valable pour l'oued Medjerda (Fig. 5). En 2007, la Tunisie disposait de 28 grands
barrages opérationnels, dont 22 construits après 1970.

IV - UN ASPECT EST EN REVANCHE MOINS INCERTAIN : LES


CHANGEMENTS HYDROLOGIQUES

En l'absence d'un consensus scientifique général concernant les changements climatiques


et leurs impacts sur les tendances pluviométriques, une chose est sûre : l'extension et la
densification du tissu urbain ont provoqué une incontestable augmentation des rendements
hydrologiques des bassins versants. Par conséquent, il est désormais indispensable d'ajuster
les dimensions des ouvrages de maîtrise des eaux pluviales urbaines en fonction de cette
nouvelle donne.

Nous estimons, donc, qu'à défaut d'avoir indubitablement démontré l'impact du réchauf-
fement climatique sur les précipitations et, plus exactement, à défaut d'avoir prouvé que
celles-ci sont en train de changer de régime dans le sens d'une augmentation de volume et/ou
d'intensité, nous avons au moins la certitude que les changements hydrologiques survenus
suite à l'action de l'homme au cours des quatre à six dernières décennies, constituent un fait
avéré.
161

3000 2800

2500

Figure 5 - Valeurs maximales

Débit max (m /s)


2000

3
annuelles des débits instantanés de la
Medjerda à la station de Bousalem – 1500
Tunisie du Nord (1967-2003). 987 1020
1000 847 837
Source des données brutes : Direction 2
721
598 568
Générale des Ressources en Eau. r = 0,012
500

01/01/68

01/01/71

01/01/74

01/01/77

01/01/80

01/01/83

01/01/86

01/01/89

01/01/92

01/01/95

01/01/98

01/01/01
1000
905
900

800

Figure 6 - Valeurs maximales 700


Débit max (m /s)
3

annuelles des débits instantanés de 600

l'oued Miliane à la station de 500

Tuburbo Majus – Tunisie du Nord 400

(1967-2003). 300 228 2


r = 0,162
200 157
Source des données brutes : Direction 109 106
79,8
100 51,1
Générale des Ressources en Eau.
0
01/09/1969

01/09/1972

01/09/1975

01/09/1978

01/09/1981

01/09/1984

01/09/1987

01/09/1990

01/09/1993

01/09/1996

01/09/1999

01/09/2002

800
690
700

600
Figure 7 - Valeurs maximales
Débit max (m /s)

482
annuelles des débits instantanés de 500
3

446
l'oued El-Thab à la station de 400
Khanguet Zazia – Tunisie centrale 300
(1967-2003). 181 171 2
200 r = 0,104
Source des données brutes : Direction
100
Générale des Ressources en Eau.
0
01/09/67

01/09/70

01/09/73

01/09/76

01/09/79

01/09/82

01/09/85

01/09/88

01/09/91

01/09/94

01/09/97

01/09/00
162

1 ) Augmentation du risque d'inondation suite à la diminution de la débitance des cours


d'eau : cas de l'oued Medjerda

Le bassin versant de l'oued Medjerda, le plus important cours d'eau de la Tunisie, cons-
titue le château d'eau du pays. Il fournit à lui seul en moyenne un milliard de m3 par an, soit
37 % des flux annuels moyens en eau de surface de tout le pays (estimés à 2,7 milliards de
m3). Afin de mobiliser cet important potentiel hydrique, plusieurs barrages ont été érigés sur
la Medjerda et ses affluents, depuis l'époque coloniale pour les plus anciens. Dans l'ordre
chronologique de leur construction, les plus importants sont : Béni M'tir (1954), Nebeur
(1955), Lakhmès (1966), Kasseb (1969), Bou Hertma (1976), Sidi Salem (1982) et Siliana
(1990).

De tous ces barrages, celui de Sidi Salem est le plus imposant. Il est construit sur le cours
principal de l'oued Medjerda à l'ouest de Medjez El-Bab. Sa capacité de stockage à la cote
normale, après les deux rehaussements successifs en 1997 et 1999, est d'environ 750 millions
de m3. Outre l'alimentation en eau potable, l'irrigation et la production d'hydroélectricité, cet
ouvrage est conçu pour protéger la basse vallée de la Medjerda contre les inondations, en
exerçant le laminage des débits de pointe, notamment lors des plus fortes crues. De fait, le
barrage a permis de diviser le débit de pointe de crue centennal par trois. À la station de
Slouguia, ce dernier est passé de 3300 m3/s avant la construction du barrage à 1100 m3/s
après son entrée en service (Y. ZAHAR et Z. BENZARTI, 2008).

Mais, revers de la médaille, la mise en service de ce barrage a provoqué une nette pertur-
bation du régime hydrologique de l'oued Medjerda. Les crues maximales étant laminées, le
curage du lit n'est plus assuré. Les lâchers d'eau turbide, auxquels on procède de temps à
autre, via la vanne de vidange de fond, pour dévaser la retenue (dans laquelle se déposent en
moyenne 4,8 millions de m3 par an), ont un effet qui reste bien insuffisant pour chasser les
sédiments terrigènes jusqu'à la mer. Cela est d'autant plus vrai que la basse vallée de la
Medjerda, surtout dans sa partie deltaïque, est caractérisée par une pente très faible, ce qui
constitue un facteur défavorable à l'écoulement rapide des eaux. De ce fait, le lit du cours
d'eau, en aval du barrage, connaît depuis trois décennies un processus d'exhaussement, qui se
traduit par une diminution de la section mouillée et une réduction de la débitance.

Signalons aussi que l'écrêtement des fortes crues par les barrages a favorisé le dévelop-
pement d'une ripisylve dense de part et d'autre du lit mineur (Photo 2). Cette végétation freine
l'écoulement près des berges en hautes eaux, ce qui réduit la capacité de transit, augmente le
risque d'inondation et favorise le piégeage des éléments transportés.

Par ailleurs, plusieurs ponts font obstacle à l'écoulement (Jendouba, Bousalem, Medjez
El-Bab, Djedeïda…) et aggravent la situation (Photo 3).

Y. ZAHAR et Z. BENZARTI (2008) ont démontré l'évolution des conditions d'écoulement


en comparant les aires d'extension des eaux observées au maximum des crues de mars 1973 et
de janvier-février 2003 (Fig. 8). Si la crue de mars 1973 a revêtu un caractère exceptionnel
(débit instantané de pointe de 3500 m3/s, le 29 mars, à Medjez El-Bab), les débits sont restés
beaucoup plus faibles en 2003 (750 m3/s à la même station, le 17 janvier). Pourtant l'épisode
de 2003 a provoqué des inondations importantes (Photo 4), avec des superficies inondées
assez peu différentes de celles relevées en 1973.
163

Photo 2 - Développement de la ripisylve dans le lit de la Medjerda, un facteur qui


contribue à la diminution de sa débitance (Garâat El-Mouatiss – Medjez El-Bab).
[Cliché : N. FEHRI, mai 2013]

Photo 3 - Exhaussement du lit de la Medjerda par aggradation derrière le pont


mouradite de Medjez El-Bab. [cliché : N. FEHRI, octobre 2011]
164

Medjez El-Bab
GP5
vers Tunis

Zones inondées en janvier-février 2003


(débit de pointe : 750 m3/s)

Zones inondées en mars 1973


(débit de pointe : 3 500 m3/s)

Slouguia
0 1 km

GP5
vers Le Kef

Figure 8 - Zones inondées par la Medjerda dans le secteur de Medjez El-Bab en mars
1973 et en janvier-février 2003 (d'après Y. ZAHAR et Z. BENZARTI, 2008).

Le fond du lit de la Medjerda subissant un rehaussement du fait de l'accumulation de


sédiments, en particulier dans la basse plaine, la diminution de la débitance qui en résulte, se
traduit par des débordements qui touchent des étendues de plus en plus larges. C'est la raison
pour laquelle les inondations de janvier-février 2003 ont eu une ampleur comparable à celle
des inondations de 1973, avec des débits de pointe bien moindres.

Le même phénomène s'observe aussi plus à l'amont, sur le cours moyen de la Medjerda,
dans la plaine de Jendouba-Bou Salem. Au niveau de la station hydrométrique de Jendouba,
les profils transversaux levés en mars 1973 et en août 2000 montrent une diminution de la
section mouillée de 17 % à la cote 8,5 m (N. BALTI, 2003, in L. LAHMAR, 2005).

À Bou Salem, la cote 9 m correspondait en 1973 à un débit de l'ordre de 2960 m3/s.


Après l'installation des grands barrages de Béni M'tir, Nebeur et Bou Hertma sur les
principaux affluents de la Medjerda en amont de la station, cette cote est atteinte pour un débit
avoisinant 1000 m3/s seulement (Tab. IV).
165

Photo 4 - Débordement de la Medjerda à la hauteur du pont mouradite de Medjez El-


Bab en janvier 2003. [cliché : B. TRABELSI, avec l'aimable autorisation de l'auteur]

Tableau IV - Diminution de la débitance de la Medjerda à la cote 9 m aux stations


hydrométriques de Jendouba et Bou Salem (L. LAHMAR, 2005).
Débit (en m3/s) à la cote 9 m
Année
Jendouba Bou Salem
1973 600 2960
2000 260 1340
2003 227 977

Une évolution identique a été mise en évidence à la hauteur de la station hydrométrique


de Slouguia où l'on enregistre un net engraissement du profil transversal. En effet, à la cote
10 m, la section mouillée est passée de 560 m2 en 1996 à 470 m2 en 2003, soit une réduction
de 16 % en moins de 10 ans (N. AZIZI, 2008).

Cette diminution de la débitance explique en bonne partie la recrudescence des


débordements de la Medjerda et l'ampleur des dégâts occasionnés. Contentons-nous de
rappeler qu'en septembre-octobre 2011, les inondations qui ont touché la région de Djedeïda
(notamment le secteur de Henna), dans la basse vallée de la Medjerda, ont provoqué des
pertes pour l'agriculture évaluées à 30 millions de dinars par le Ministère de l'Agriculture et
des Ressources Hydrauliques.

2 ) Rapport entre urbanisation et inondation : les inondations urbaines

L'impact de l'urbanisation sur les processus hydrologiques n'est plus à démontrer. Cet
impact se traduit par une augmentation des coefficients de ruissellement inhérente à l'accrois-
sement des surfaces imperméables et par une modification de l'écoulement des eaux.
166

a. Impact de l'imperméabilisation des terrains sur le ruissellement


Tout au long du XXème siècle, la plupart des grandes villes tunisiennes ont connu, un
remarquable accroissement démographique qui a été impulsé par les grandes vagues d'exode
rural que le pays a connues durant les premières décennies de l'indépendance. Le Grand-Tunis
(Tunis, Ariana, Ben Arous et La Manouba) est l'agglomération la plus touchée par ce phé-
nomène. Sa population est passée de 193555 habitants en 1921, à 561116 habitants à l'aube
de l'indépendance en 1956, puis à 900247 habitants en 1975. Elle est d'environ 2400000
habitants aujourd'hui. Parallèlement à cet accroissement démographique, l'espace urbain de
l'agglomération s'est élargi : 3387 ha en 1957 ; 9500 ha en 1975 ; 23460 ha en 2002. D'après
l'Agence d'Urbanisme du Grand Tunis (AUGT), il s'étendrait sur environ 28000 ha actuelle-
ment (S. CHARIF et P. CARREGA, 2012).
Il va sans dire que l'extension et la densification du tissu urbain impliquent une utilisation
accrue de revêtements imperméables pour la construction des toitures, des trottoirs, des par-
kings et des voies de circulation. Cette imperméabilisation concerne également bon nombre
de surfaces non bâties où les sols sont fortement compactés par le piétinement et/ou le
passage de véhicules (rues et trottoirs laissés sans revêtement).
Plusieurs petits bassins versants, aujourd'hui presque entièrement envahis par l'urbani-
sation, connaissent une augmentation des surfaces imperméabilisées. Tel est le cas du bassin
drainé par les oueds El Ghrich et El Greb (petit bassin au nord de la ville de Tunis, vaste
d'environ 25 km2) où leur part est passée de 5,7 % en 1950 à 70,5 % en 2007. Ce phénomène
entraîne une augmentation des volumes d'eau ruisselés. Pour le même bassin, nous avons
estimé, par une approche empirique, que la valeur globale du coefficient de ruissellement (en
surface sur les versants) s'est élevée de 50 % au milieu du siècle dernier à 75 % en 2007
(N. FEHRI, 2011).
De même, on peut évoquer l'exemple du bassin versant de Sabkhet Essijoumi situé à
l'ouest de Tunis. Entièrement rural au milieu du XXème siècle, ce bassin est actuellement
presque à moitié urbanisé et abrite une population estimée à environ un million d'habitants
sur un impluvium vaste de 20700 hectares (A. MAJBRI, 2010). Les conséquences de cette
évolution sur l'hydrologie de la Sebkha sont récapitulées dans le tableau V. Au milieu du
siècle passé, la sebkha accusait un déficit hydrique annuel moyen estimé à 16 millions de m3
(F. AYACHE et al., 2006). Ce déficit se traduisait par un assèchement total qui se produisait en
moyenne à la mi-juin. Or, depuis presque deux décennies, son bilan hydrique est devenu
excédentaire, l'augmentation des coefficients de ruissellement liée à l'urbanisation ayant sensi-
blement gonflé les apports d'eau dans la dépression. Quelques mois après les inondations de
septembre 2003, la sebkha a été dotée de trois stations de pompage sur ses bordures est, sud-
est et sud. Elles évacuent les eaux en dehors du bassin versant, notamment vers le port de
Tunis et vers la basse vallée de l'oued Miliane. Ensemble, elles assurent un débit total de
l'ordre de 4,5 m3/s (W. CHOUARI, 2013). Aujourd'hui, sans ces stations de pompage et avec
une pluviométrie annuelle proche de la moyenne (450 mm), la sebkha ne s'assècherait plus
complètement. On prévoit une confirmation de cette tendance avec l'extension et la densifi-
cation du tissu urbain (Tab. V).
Mentionnons aussi que la bordure de la sebkha n'a cessé d'être empiétée par remblaie-
ment au profit des infrastructures (voies périphériques…) et d'un certain nombre de quartiers
populaires tels que Hay Hlal, Mellassine et Sidi H'cin. On estime qu'entre le milieu et la fin du
XXème siècle, la sebkha et sa ceinture halophile avaient perdu près de 500 hectares de leur
superficie initiale (A.M. GAMMAR et M. CHAOUECH, 2003). On comprend alors encore
mieux pourquoi les débordements de ce plan d'eau semblent devenir plus récurrents, causant
167

Tableau V - Évolution et scenarii d'évolution du bilan hydrique sommaire de la sebkha


Essijoumi (d'après F. AYACHE et al., 2006).
Milieu du Fin du Scénario Scénario
XXème siècle : XXème siècle : I: II :
bassin totale- bassin à bassin à bassin à
ment rural 40 % urbain 60 % urbain 80 % urbain
Évolution surfacique de la sebkha et de son impluvium (ha)
Sebkha et sa ceinture halophile 2800 2300 2000 2000
Impluvium total 20200 20700 21000 21000
Impluvium rural 20200 12420 8400 4200
Impluvium urbain 0 8280 12600 16800
L'eau sur le bassin versant (mm)
Pluviométrie moyenne 450 500 500 500
Évapotranspiration potentielle 1262 1262 1262 1262
Lame d'eau écoulée dans la partie
30 55 55 55
rurale
Lame écoulée dans la partie urbaine
60 110 110 110
(2 fois la lame rurale)
Les apports d'eau dans la sebkha (millions de m3)
Apports des pluies directes 12,6 10,35 9 9
Apport de la nappe phréatique 0 2 2 2
Apport du ruissellement rural 6,06 6,83 4,62 2,31
Apport du ruissellement urbain 0 9,11 13,86 18,48
Apports des déversements 0 1 1 1
3
Éléments du bilan hydrique de la sebkha (millions de m )
Total des apports 18,66 29,29 30,48 32,79
Pertes par évaporation 35,34 29,03 25,24 25,24
Bilan hydrique de la sebkha
-16,68 +0,26 +5,24 +7,55
(millions de m3)
Date moyenne d'assèchement total Mi-juin Non Non Non
Nappe résiduelle moyenne (mm) Non 11 262 378
Non : pas d'assèchement total ou pas de nappe résiduelle.

des inondations aux conséquences parfois graves. C'est surtout le cas dans le quartier bas de
Sidi H'cine, sinistré suite aux épisodes pluviométriques du 16 au 18 et du 24 septembre 2003.

b. Impact de l'urbanisation sur les écoulements


Outre l'imperméabilisation des sols et l'augmentation des coefficients de ruissellement,
l'urbanisation entraîne souvent une nette augmentation des vitesses d'écoulement et une
réduction des temps de réponse.
L'augmentation des vitesses d'écoulement est due essentiellement à l'artificialisation du
réseau hydrographique naturel, parfois sinueux et présentant une pente faible, et sa substitu-
tion par un réseau d'évacuation des eaux pluviales au tracé rectiligne (construction de canaux,
endiguement…). On obtient alors un réseau plus court ayant une pente plus forte.
Les effets conjugués de l'imperméabilisation des versants et des aménagements pour
l'évacuation des eaux pluviales se traduisent par une nette réduction du temps de concentra-
tion des crues, qui peut être considérable, de 5 à 15 fois (M. DESBORDES, 1989), et par
168

l'accroissement des débits de pointe. Dès 1978, E.J. RIODIAN et al. font état d'augmentations
très significatives des débits de pointe, pouvant atteindre un facteur 10, dans des bassins
versants largement imperméabilisés (in C. COSANDEY et M. ROBINSON, 2000). Les obser-
vations faites lors des inondations qui ont touché le Grand Tunis au cours des années 2000,
notamment celles de septembre 2003 et d'octobre 2007, vont dans ce sens. Tous les récits
relatifs à ces événements insistent, en effet, sur la rapidité de la montée des eaux et la violence
des écoulements (W. CHOUARI, 2006 ; N. FEHRI et al., 2007, 2009 ; etc.).
Par ailleurs, cette nouvelle situation caractérisée par une importante augmentation des
quantités d'eau écoulées en milieu urbain a révélé un autre problème : les anciens réseaux
d'évacuation des eaux pluviales datant des années 1960 et 1970, conçus pour des événements
d'une récurrence décennale à vingtennale, sont devenus sous-dimensionnés et incapables
d'évacuer les eaux de ruissellement (N. FEHRI, 2011).

c. Des écoulements perturbés par des obstacles de plus en plus nombreux


L'extension des villes s'accompagne toujours de la construction d'infrastructures impor-
tantes (autoroutes, routes périphériques, rues, voies ferrées, ponts…). Dans les secteurs plats,
ces ouvrages sont généralement surélevés de quelques mètres au-dessus des terrains envi-
ronnants et peuvent modifier les écoulements (N. FEHRI et S. MATHLOUTHI, 2012). Dans
d'autres cas, certaines villes ont cherché à se doter d'ouvrages de protection contre les inon-
dations. La construction de digues est une pratique courante, mais pas toujours totalement
efficace.
Lorsque ces aménagements sont perpendiculaires à la pente topographique, ils bloquent
les écoulements, lesquels s'accumulent derrière eux et peuvent inonder les secteurs situés en
amont. Les communes de Hammam-Lif et Hammam-Chatt (banlieue sud de Tunis) consti-
tuent des exemples de ce type de situation. Elles se sont développées sur une plaine littorale
dont la largeur n'excède guère un kilomètre. Cette plaine est bordée du côté ouest par l'extré-
mité nord-est de la dorsale tunisienne (djebel Bougarnine) et du côté est par le Golfe de Tunis.
Les terrains y sont en grande partie imperméabilisés par l'urbanisation et génèrent beaucoup
de ruissellement. De plus, cette plaine est traversée par deux axes de communication parmi les
plus importants du pays, la GP1 et la voie ferrée qui relient la capitale au Sud du pays. La
route et la voie ferrée situées en contrebas de la montagne, présentent un tracé parallèle au
trait de côte et font barrage aux écoulements en provenance des versants orientaux de Bougar-
nine. Elles provoquent ainsi des débordements fréquents qui, à maintes reprises, ont envahi
les zones bâties et paralysé la circulation. (Fig. 9 et Photos 5).
Dans le même ordre d'idée, certains ouvrages de protection, comme les digues, sont
souvent perçus comme étant un moyen sûr pour lutter contre les inondations. Mais on oublie
souvent qu'elles ont pour conséquence la réduction des lits des cours d'eau qui sont empiétés
par l'urbanisation. Se croyant, souvent à tort, protégés contre les débordements, les gens sont
de plus en plus nombreux à s'installer dans les zones d'expansion des crues. La digue érigée
après les inondations de 1969 pour protéger Kairouan contre les crues des oueds Zroud et
Marguellil n'a-t-elle pas favorisé l'étalement de la ville vers l'ouest dans des zones qui restent
inondables ? Le même phénomène s'observe à Sidi Bouzid où la "Digue des anglais", qui
barre l'oued El-Fekka pour l'obliger à contourner la ville, a encouragé les habitants à s'installer
en aval de cet ouvrage, dans un espace qu'eux-mêmes appellent "Oued El-Mayït" (bras mort).
Lors des inondations de janvier 1990, cette digue s'est rompue et "le cours d'eau était fier de
reconquérir son cours naturel ; oued El Maïyt était en train de retrouver la vie" (A. OUES-
LATI, 1999). Malheureusement, ce n'est qu'à l'occasion des grands événements pluvio-
hydrologiques que les habitants concernés se rendent compte de l'ampleur du danger encouru.
169

(%)

Figure 9 - Rôle de l'urbanisation et des aménagements routiers et ferroviaires dans


l'aggravation du risque d'inondation dans la banlieue sud de Tunis (N. FEHRI, 2013).

GP1

GP1

Photos 5 - Inondations à Hammam-Chatt suite à la rétention des écoulements par la


bande gazonnée parallèle à la nationale GP1 et par la clôture longeant la voie ferrée.
[clichés : N. FEHRI, le 14 octobre 2012]

Lorsqu'elles sont parallèles au sens de l'écoulement, les routes et les rues peuvent fonc-
tionner comme de véritables canaux, généralement rectilignes, avec des pentes longitudinales
variables et qui présentent toujours une faible rugosité. Par conséquent, les écoulements qui
les empruntent peuvent atteindre des hauteurs et des vitesses aux effets dévastateurs. Les
dégâts qui sont alors enregistrés touchent surtout les véhicules qui sont facilement emportés
par les flots du fait de leur grande flottabilité.
170

Les exemples illustrant ce cas de figure ne manquent pas. Certes, les inondations catas-
trophiques du 13 octobre 2007 qui ont fait 16 morts dans le secteur de Sabbalet Ben Ammar,
sont dues avant tout à la montée rapide des eaux de l'oued Kammoun suite aux fortes pluies
orageuses qui se sont abattues sur tout le Grand Tunis dans le milieu de l'après-midi (93 mm à
la station de Tunis-Carthage ; 135,5 mm à La Manoubia ; et un record de 184 mm à la
Goulette). Mais cet événement tragique est dû également aux aménagements réalisés dans le
secteur, qui ont manifestement modifié les conditions d'écoulement du cours d'eau. En effet,
depuis la construction de l'autoroute reliant Tunis et Bizerte (A3), celui-ci présente une
section considérablement réduite, coincé qu'il se trouve maintenant entre le talus naturel, en
rive gauche, et l'autoroute, en rive droite, dont le remblai se comporte comme une véritable
digue (Photo 6).

Autoroute de Bizerte (A3)

GP8 Oued Kammoun

Photo 6 – Principaux éléments du paysage dans le secteur de Sabbalet Ben Ammar où


ont eu lieu les inondations meurtrières du 13 octobre 2007. [cliché : N. FEHRI, décembre 2007]
À noter l'importante réduction de la section de l'oued Kammoun suite à la construction de l'A3.

Or, pour un même débit, le rétrécissement de la section mouillée provoque la montée des
eaux et l'accélération de la vitesse, ce qui rend donc les écoulements plus violents. Les
automobilistes en provenance de la région de Bizerte qui ont eu le malheur de se trouver sur
la nationale GP8 (construite dans le lit majeur, sur la rive gauche au pied du talus naturel), ont
été surpris par la montée soudaine et violente des eaux. La plupart des victimes ont été
emportées par les flots dans leur voiture. Certaines ont été retrouvées plusieurs kilomètres en
aval, dans la plaine deltaïque de la Medjerda (N. FEHRI et al., 2009).
171

V - CONCLUSION

Les inondations qui ont à maintes reprises concerné la Tunisie, surtout au cours des cinq
dernières décennies, ont amené à chaque fois les médias et l'opinion publique à poser la
question des responsabilités. Certains vivent ces événements comme une fatalité, d'autres
pensent que les inondations et les dégâts humains et/ou matériels qu'elles engendrent peuvent
être évités.

La relation entre ces événements extrêmes et le changement climatique est souvent mise
en avant, notamment depuis les inondations de 2003 et 2007 dans le Grand Tunis et de 2009 à
Redayef. Or, en dehors du débat scientifique que l'on peut avoir sur cette question, cette
hypothèse apparaît comme une facilité à bien des égards. Elle permet, en effet, aux décideurs
de se décharger de toute responsabilité en mettant les catastrophes sur le compte de la fatalité
climatique. Après chaque grande inondation, il y a eu et il y aura toujours un délégué, un
gouverneur, un haut fonctionnaire ou même un ministre qui ressortira les vieux poncifs
devenus habituels en la matière.

Cette hypothèse est d'autant plus dérangeante que l'analyse des chroniques pluviométri-
ques des dernières décennies ne semble pas révéler de tendances claires et significatives, ni à
la hausse, ni à la baisse, des épisodes extrêmes. Certes, il n'est pas question de négliger le rôle
majeur de l'aléa pluviométrique dans ces événements, qui sont responsables de dommages
matériels et surtout humains de plus en plus considérables. Mais nous pensons que l'évolution
récente de l'occupation des sols, caractérisée essentiellement par l'extension rapide des
espaces urbains, constitue vraisemblablement la cause principale de la récurrence accrue des
inondations catastrophiques.

Le problème vient du fait qu'aujourd'hui en Tunisie, et notamment dans les grandes villes,
une population très nombreuse vit dans des zones inondables, avec des enjeux économiques et
des contraintes sociologiques considérables. Ainsi les solutions, théoriquement simples, sont-
elles devenues en pratique, pour l'essentiel, chimériques. La marge de manœuvre laissée aux
acteurs concernés par le risque inondation est, en effet, très limitée. Il n'en demeure pas moins
qu'un certain nombre de points doivent être améliorés. L'action doit être construite sur la base
de notre capacité de résilience, notion chère à A. DAUPHINÉ (2005), c'est-à-dire notre capacité
plus ou moins grande et rapide à assimiler les changements hydrologiques induits par nos
propres actions. À cet effet, il est clair qu'un grand effort reste encore à faire en matière de
prévision et surtout d'alerte. Les progrès réalisés dans le domaine de la prévision hydro-
météorologique, ainsi que dans le domaine des télécommunications (stations télétransmises,
internet, téléphonie mobile…), devraient permettre une meilleure circulation, en temps réel,
des informations, d'abord entre les services de l'autorité publique concernés (la Météorologie
Nationale, la Protection Civile, la Garde Nationale…), puis entre ces services et la population.
La catastrophe du 13 octobre 2007 à Sabbelet Ben Ammar n'aurait-elle pas pu être évitée
simplement si l'on avait conseillé ou imposé à temps aux automobilistes venant de la région
de Bizerte vers Tunis de prendre l'autoroute A3 au lieu de la nationale GP8 ?

En zones dangereuses, des plans d'évacuation doivent être prévus, avec interdiction de
toute nouvelle forme d'installation. En zones susceptibles d'être plus légèrement inondées, les
habitations, les locaux et les infrastructures doivent respecter un certain nombre de mesures
d'adaptation. Bien entendu, cela suppose que l'on dispose au préalable de documents cartogra-
phiques des zones inondables à grande échelle. Il est grand temps que nos communes concer-
nées par le risque inondation se dotent systématiquement d'un Plan de Prévention du Risque
172

Inondation (PPRI), à l'image de leurs homologues d'autres pays, dont la France. À cet égard,
la méthode hydrogéomorphologique, d'un coût relativement faible, a permis des avancées
considérables (J.L. BALLAIS et al., 2011). En Tunisie, si elle n'en est malheureusement qu'à
ses balbutiements et constitue un champ de recherche appliquée à promouvoir, des travaux
sont déjà en cours, par exemple pour la ville de Medjez El-Bab.

Remerciements : Je tiens à remercier les deux réviseurs de l'article, ils se reconnaîtront...,


ainsi que les collègues Alain MARRE et Claude MARTIN, pour leurs remarques à la fois
pertinentes et constructives.

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Article reçu le 26 août 2013.


Accepté après révision le 14 mars 2014.
Mis en ligne le 21 mars 2014.

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