Enjeux-Transition-Ecologique_Ch8
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Enjeux-Transition-Ecologique_Ch8
8.1. M
anifestations du changement climatique
en France et ailleurs dans le monde – S. Szopa
Selon le rapport spécial du GIEC sur les conséquences d'un réchauffement à
1,5° C, la température moyenne à la surface du globe a augmenté d'environ 1° C en
France depuis 1850. En France, Météo France rapporte une hausse de la température
moyenne observée de 1,7 °C depuis 1900. La décennie 2010-2019 a été plus chaude de
0,19 °C que la décennie 2000-2009, elle-même plus chaude de 0,47 °C que la décennie
1951-1990 (Fig. 8.1). La température moyenne s’est ainsi élevée de 0,66 °C entre 1951
et 2019. Les cinq dernières années sont les plus chaudes jamais observées depuis
1850 et, avec un écart de +2,3 °C par rapport à la moyenne 1951-1990, l’année 2020 a
été en France métropolitaine l’année la plus chaude depuis 1900.
222 Enjeux de la transition écologique
Les précipitations ont évolué différemment d’une région à l’autre. Ainsi, sur
la période 1959-2009, on constate généralement une hausse des précipitations
annuelles dans la moitié nord et une baisse dans la moitié sud. Une tendance à plus
de pluie au printemps et en automne sur toute la France et une baisse des cumuls
sur les régions proches de la Méditerranée malgré une intensification des pluies
extrêmes dans les régions méditerranéennes françaises.
68.
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/ONERC_Brochure_impacts_en_France_PDF_
WEB.pdf
Impacts des changements climatiques 223
Figure 8.2 : Intensité des événements pluvieux extrêmes méditerranéens de 1961 à 2017 par rapport à
une moyenne sur une période de référence de 1961 à 1990 69.
d’entre eux, des politiques mondiales d’atténuation des émissions de gaz à effet de
serre mises en place dans les décennies à venir. C’est moins le cas pour les risques
liés à la montée des eaux océaniques, car cette variable répond de manière décalée
dans le temps aux perturbations climatiques.
On note également que les territoires d’outre-mer vont, de par leur situation
géographique, être affectés par des risques différents de ceux de la métropole. Pour
les territoires situés dans les régions tropicales et régulièrement frappés par des
cyclones tropicaux, aucune tendance certaine ne s’est dégagée quant à une augmen-
tation de leur nombre au cours des dernières décennies (ONERC basé sur GIEC, 2014).
En revanche, il est quasiment certain que l’intensité et la fréquence des cyclones
les plus forts ont augmenté depuis 1970 dans le bassin Atlantique Nord, dans lequel
se situent les Antilles. Pour ce qui concerne l’avenir, il subsiste encore de grandes
incertitudes sur l’évolution à attendre des cyclones tropicaux, même pour les scéna-
rios avec les plus fortes concentrations de gaz à effet de serre. Il est probable que
d’ici la fin du XXIe siècle, le nombre de cyclones soit diminuera, soit ne changera pas,
tandis que la force maximum des vents et les quantités de pluie associées devraient
augmenter. Autrement dit, les cyclones risquent d’être plus dangereux (GIEC, 2014).
Figure 8.3 : Carte des impacts liés au changement climatique déjà visibles et à venir en 2050. Source :
Météo France 71.
71.
https://www.ecologie.gouv.fr/observatoire-national-sur-effets-du-rechauffement-climatique-
onerc
Impacts des changements climatiques 225
Figure 8.4 : Projection des changements de température moyenne (en haut) et de précipitations
moyennes (en bas) pour un réchauffement moyen planétaire de 1,5 °C (à gauche) et 2 °C (au milieu)
en prenant pour référence la période préindustrielle (1861-1880). Les zones hachurées représentent
les zones où plus de deux tiers des modèles (au moins 18 sur 26) s’accordent sur le signe du change-
ment et sont donc les zones où les résultats sont considérés comme robustes. Source : SR1.5 IPCC,
Chapitre 3 72.
Certaines zones vont subir des changements plus importants que d’autres.
C’est le cas des zones littorales ou des zones plates et de basse altitude, en Asie
notamment, qui vont être particulièrement impactées par l’élévation du niveau marin
favorisant des inondations. Or, plus de 50 % de la population mondiale vit à moins de
100 km des côtes. Les îles sont aussi, à l’évidence, fortement menacées par la montée
des eaux avec, d’ores et déjà, des migrations liées à cette montée des eaux 73.
72.
https://www.ipcc.ch/sr15/chapter/chapter-3/
73.
http://storymaps.esri.com/stories/2017/climate-migrants/index.html
226 Enjeux de la transition écologique
• Le réchauffement climatique, avec ses hivers plus doux et ses printemps plus
chauds, a avancé la reprise d’activité des êtres vivants au printemps. Dans
nos jardins, nous voyons les bourgeons sortir plus tôt qu’il y a dix ans par
exemple, et les plantes fleurir plus tôt. Dans le monde agricole, les activités
démarrent plus tôt : le maïs, par exemple, était semé mi-mai dans les années
1970, alors qu’on le sème mi-avril aujourd’hui, voire plus tôt.
Mais les hivers trop doux peuvent aussi avoir des effets néfastes. Certaines
plantes ont besoin d’un certain nombre de jours de froid pendant l’hiver, c’est ce
qu’on appelle la dormance qui correspond à un état d’inactivité physiologique qui
permet à ces plantes de survivre à l’hiver sous nos latitudes. Un manque de froid
hivernal peut provoquer un retard dans la reprise d’activité de la végétation. C’est
ce que l’on voit déjà pour certains arbres fruitiers, par exemple, les pommiers dans
certaines régions de France où la levée de dormance se fait aujourd’hui ~15 jours
plus tard qu’en 1960.
Impacts des changements climatiques 227
Figure 8.5 : Influence du réchauffement climatique sur la végétation (Source : Nathalie de Noblet-
Ducoudré). Verdissement de la planète (Source : Boston University / Ranga Myneni).
• C’est ce qui explique pourquoi la date des vendanges est de plus en plus
précoce. Une vigne, qui se récoltait pendant la 2e quinzaine de septembre en
1960, se récolte aujourd’hui au mois d’août !
Nous pourrions parler plus en détail des effets de la température sur les végé-
taux mais cela serait trop long. Ce qu’il nous faut retenir ici :
• il peut y avoir contradiction entre une levée de dormance plus tardive à cause
des hivers doux, et une floraison plus précoce à cause de printemps plus
chauds.
228 Enjeux de la transition écologique
Figure 8.6: Évolution des cycles saisonniers avec le changement climatique. Source : Nathalie de
Noblet-Ducoudré.
• Et enfin, les étés chauds sont plus fréquents et plus extrêmes. Or, les plantes
comme les animaux, comme nous, peuvent souffrir de températures trop
chaudes qui peuvent conduire au flétrissement pour la végétation et à des
pertes de rendement très importantes en agriculture.
• les cycles saisonniers sont souvent plus contrastés avec, en France par
exemple, des hivers plus pluvieux et des étés plus secs. La sécheresse esti-
vale est un problème pour la croissance des plantes ;
• les événements pluvieux sont plus intenses. Une pluie trop intense peut fragi-
liser les plantes par un impact trop fort ou conduire à des inondations qui
risquent de faire pourrir les jeunes pousses.
Dans les régions où les précipitations ne changent pas beaucoup, le sol s’assèche
car l’évapotranspiration augmente en réponse au réchauffement climatique. Cela
peut être problématique pour la croissance des plantes si les sols contiennent moins
d’eau.
Figure 8.7 : Évolution attendue des précipitations dans la France métropolitaine pour les 4 saisons,
selon le scénario climatique le plus pessimiste (RCP8.5). Des hivers un peu plus humides (DJF :
décembre, janvier, février), surtout dans le nord. Des étés beaucoup plus secs (JJA : juin, juillet, août),
surtout dans le sud. Des changements un peu moins prononcés au printemps (MAM : mars, avril, mai) et
en automne (SON : septembre, octobre, novembre). Source : [1].
Dans la section 7.4 de cet ouvrage, nous avions montré que la végétation impac-
tait le climat, dû au fait qu’elle échangeait, entre autres, du CO2 et de la vapeur
d’eau avec l’atmosphère. Ici, nous montrons que, si la végétation joue un rôle impor-
tant sur le climat, celui-ci perturbe significativement, en retour, son évolution
suivant les saisons. Par exemple, dans les régions plutôt froides en zone boréale, si
le réchauffement climatique conduit au développement des arbres, alors ces arbres
vont amplifier le réchauffement initial. À la fin, le climat de ces régions sera différent
sous l’effet combiné des émissions de gaz à effet de serre ET de la réponse de la
végétation.
8.3. A
cidification des océans et impacts
sur les écosystèmes marins – L. Bopp
L’océan a un rôle clé dans le système climatique (voir section 7.1.1). Ce rôle est
particulièrement important dans le cas du changement climatique anthropique –
et ceci pour deux raisons majeures. L’océan absorbe la très grande majorité de
230 Enjeux de la transition écologique
l’énergie en excès dans le système climatique, énergie qui est engendrée par l’aug-
mentation des gaz à effet de serre. Mais l’océan absorbe aussi une part impor-
tante de nos émissions de carbone. En absorbant chaleur et carbone, l’océan
nous fait gagner du temps et nous évite une catastrophe climatique encore plus
grande.
8.3.1. A
ugmentation de la concentration de l’atmosphère
en CO2 et acidification des océans
Pour rappel, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de près
de 50 % depuis la révolution industrielle en raison des émissions produites par les
activités humaines. Chaque année, l’océan absorbe près de 25 % de ces émissions
anthropiques, ralentissant ainsi la vitesse à laquelle le CO2 augmente dans l’atmos-
phère et perturbe le climat. Mais cette absorption n’est pas sans conséquence.
On peut même dire que c’est une bien mauvaise nouvelle pour de nombreux
organismes marins, car l’absorption de CO2 est responsable de l’acidification de
l’océan.
Une fois dissous dans l’eau de mer, le CO2 forme un acide faible, l’acide carbo-
nique de formule H2CO3, qui va pouvoir se dissocier en libérant des protons (H+). En
conséquence, plus l’océan absorbe de CO2, plus la concentration de H+ augmente.
C’est exactement ce que l’on mesure avec le pH (ou potentiel hydrogène) – attention
quand le pH baisse, vous avez de l’eau de plus en plus acide et qui contient de plus en
plus d’ions H+. Attention également, l’échelle de pH est une échelle logarithmique – à
une baisse d’une unité pH correspond une multiplication par 10 des concentrations
d’ions H+ dans le milieu étudié.
Figure 8.8 : Corrélation entre la diminution du pH de l’océan (en surface et moyenne profondeur)
et l’augmentation de la pression partielle de CO2 mesurée dans l’eau de surface et dans l’air humide
environnant. Études et mesures effectuées à la station d’ALOHA d’Hawaï. Source : Figure 1 de la
référence [2].
Comme on peut s’en douter, si nous continuons à émettre du CO2 au cours des
prochaines années, l’acidification de l’océan se poursuivra. C’est ce que confirment
les modèles climatiques, quel que soit le scénario d’émission de CO2, que l’on ne
fasse rien pour réduire cette émission (« business as usual ») ou que l’on parvienne à
faire baisser ces émissions d’ici la fin du XXIe siècle.
232 Enjeux de la transition écologique
À partir de 2050, cependant, les deux scénarios divergent pour aboutir à deux
situations très contrastées en fin de siècle. Dans le cas où les émissions de CO2
continuent à croître, la température de surface augmente de plusieurs degrés et
le pH baisse de 0,4 unité pH en 2100. C’est une modification très importante de la
chimie de l’eau de mer, qui correspond à une augmentation de la concentration des
ions H+ de 100 à 150 % à la fin du XXIe siècle. Les conséquences pour la vie marine
pourraient être dramatiques. Dans le cas où nous maîtrisons nos émissions de
carbone, la baisse du pH est bien moindre. Nous limitons non seulement le change-
ment climatique et le réchauffement de notre planète, mais aussi l’acidification de
l’océan.
8.3.2. C
onséquences de l’acidification
sur les organismes marins
Alors, pourquoi devons-nous nous inquiéter de cette acidification ? Les orga-
nismes marins les plus menacés sont, sans doute, les espèces calcifiantes, celles qui
fabriquent des squelettes, des tests ou des coquilles en calcaire ou carbonate de
calcium.
La figure 8.9 représente ainsi des exemples d’organismes menacés tels que les
coraux tropicaux d’eaux chaudes, les coraux profonds d’eaux froides, les oursins, les
bivalves qui incluent notamment les espèces utiles à l’homme comme les moules ou
les huîtres, des organismes microscopiques, comme des foraminifères ou des algues
également microscopiques au nom barbare de coccolithophoridés.
Figure 8.9 : Organismes marins calcifiant. Sources : @Istock (coraux tropicaux, ascidies,coccolithopho-
ridés). Wikimedia Commons (foraminifères, bivalves, oursins).
Impacts des changements climatiques 233
Même si cela peut paraître contre-intuitif, plus l’océan contient de carbone, plus
il est difficile pour ces organismes de se calcifier, c’est-à-dire plus il est difficile de
synthétiser leurs coquilles ou leurs squelettes. Le paradoxe est que la calcification
consiste justement à précipiter un ion calcium avec un ion carbonate qui contient du
carbone.
En fait, quand le CO2 en excès se dissout dans l’eau de mer, il réagit avec de l’eau
et des ions carbonates pour donner des ions hydrogénocarbonates HCO3-. Plus
l’océan absorbe de CO2, plus la concentration d’ions carbonates diminue. Il y a donc
de moins en moins d’ions carbonate disponibles pour la calcification. Cette diminu-
tion des ions carbonates est une autre manifestation de ce que l’on appelle l’acidifi-
cation de l’océan.
Figure 8.10 : Zones océaniques déficitaires en oxygène (moins de 2 mg/l), identifiées près des côtes
(points rouges) ou en plein océan (points bleus). Source : GO2NE working group. Data from World Ocean
Atlas 2013 and provided by R.J. Diaz.
Enfin, pour compléter le tableau des menaces qui pèsent sur les écosystèmes
marins, il faut aussi tenir compte de pollutions, comme la pollution plastique, ou de la
surpêche qui a déjà conduit à la disparition d’espèces marines dans certaines zones
océaniques (voir section 5.3.1).
8.3.4. D
es solutions pour lutter contre l’acidification
des océans ?
Quelles solutions faut-il adopter, en particulier, pour lutter contre l’acidification
des océans ? Certaines solutions pourraient être qualifiées de pis-aller ou même de
fuite en avant ! Des industriels ostréicoles de la côte Ouest des États-Unis, face à la
baisse des rendements en lien, semble-t-il, avec l’acidification des eaux, se sont ainsi
déplacés dans d’autres régions du monde, comme à Hawaii, où l’acidité naturelle de
l’eau de mer est moins élevée.
Bien évidemment, la seule vraie solution à grande échelle consiste à limiter, puis
réduire fortement nos émissions de CO2, ce qui permettrait d’atténuer à la fois le
changement climatique et l’acidification de l’eau de mer.
Impacts des changements climatiques 235
Cette situation est résumée sur la figure 8.11 qui provient d'une méthodologie que
les épidémiologistes et les statisticiens appellent l’approche des séries temporelles.
Elle consiste à mettre en relation les températures pendant une ou plusieurs jour-
nées successives dans une ville donnée avec la mortalité dans la même ville le jour
même, le lendemain et dans les quelques jours qui suivent, en corrigeant éventuel-
lement l’effet de facteurs dits de confusion. Ce sont donc uniquement des effets à
court terme de la température que l’on peut ainsi mettre en évidence.
Figure 8.11 : Courbe typique en « U » d’évolution de la mortalité toutes causes confondues en fonction
de la température journalière. Source : D’après les résultats de [3].
236 Enjeux de la transition écologique
Figure 8.12 : Relations température-mortalité pour différentes villes d’Europe. Source : European
Environment Agency (EEA), 2019. Voir aussi [4].
Impacts des changements climatiques 237
Nous nous sommes déplacés d’une ville à l’autre. Restons maintenant dans un lieu
donné et voyons s’il est possible de relier l’augmentation de mortalité aux tempéra-
tures élevées à une classe d’âge particulière ou à telle ou telle pathologie. Les travaux
d’Antonio Gasparrini et ses collègues [5] montrent que si la mortalité est plus élevée,
bien sûr, chez les personnes âgées que chez les personnes jeunes, l’augmentation
de la mortalité aux températures élevées est observée parmi toutes les classes
d’âge : la multiplication du risque de décès aux températures élevées est similaire
aux différents âges de la vie. Ainsi, le problème n’est pas limité aux personnes âgées.
Cela suggère qu’il n’y a pas un mécanisme unique qui peut expliquer un effet lié
aux températures, mais qu’il y a, selon les pathologies, différents mécanismes. Dans
le cas de maladies cardiovasculaires, il est probable que le risque accru de morta-
lité est dû au fait qu’en période chaude, notre cœur travaille plus pour assurer la
thermorégulation du corps, augmenter la transpiration, emmener le sang aux extré-
mités et favoriser la convection. Tout ceci fatigue les gens comme s’ils effectuaient
un exercice d’endurance en permanence, augmentant ainsi le risque d’infarctus.
Pour une autre cause de décès comme le suicide, un mécanisme supposé est que
la température fait varier le niveau de sérotonine dans le corps. La sérotonine est
une hormone impliquée dans le bien-être et un niveau déficitaire en sérotonine
peut entraîner un état dépressif. En conséquence, les variations de sérotonine aux
températures très élevées peuvent augmenter les états dépressifs et, par-là, le
risque de suicide.
238 Enjeux de la transition écologique
Figure 8.13 : Évolution de la distribution annuelle de température prédite pour le climat futur. Avec la
courtoisie des membres du GIEC.
Les épidémiologistes prédisent ainsi que dans les pays d’Europe du Nord, on peut
s’attendre à une diminution de la mortalité liée aux basses températures en hiver et
à une augmentation, dans l’ensemble moins importante ou similaire, de la mortalité
liée aux températures chaudes en été. Ainsi, globalement, l’impact net sur la morta-
lité sur une année est quasi-nul dans le nord de l’Europe, typiquement dans les pays
scandinaves.
Figure 8.14 : Évolution de la mortalité prédite pour 63 villes de l’Europe du Sud de 2010 à 2090. Les
prédictions sont issues de trois modèles climatiques différents : RCP2.6, RCP4.5 et RCP8.5. Les barres
en rose correspondent à l’augmentation de la mortalité associée aux températures plus chaudes en
été, celles en bleu correspondent à la diminution de la mortalité associée aux températures moins
froides en hiver. Les courbes en noir représentent les variations nettes de la mortalité dues au change-
ment de température. Source [8].
L’exercice a été répété dans les différentes régions du globe et démontre que,
notamment en Amérique du Sud, en Amérique centrale, en Asie du Sud-Est, la situa-
tion est similaire à celle de l’Europe du Sud, avec une augmentation de la mortalité
due aux températures extrêmes.
74.
https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies (voir « maladies à trans-
mission vectorielle » sur le site)
240 Enjeux de la transition écologique
Figure 8.16 : Départements où la présence du moustique tigre Aedes albopictus est connue (1er janvier
2021). Source : ministère de la Santé et des Solidarités 75.
75.
https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-
et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-
aedes-albopictus-en-france-metropolitaine
242 Enjeux de la transition écologique
Figure 8.17 : Probabilité de survie des larves de moustiques Aedes en fonction de la température.
Source : E.A. Moredecai et al. [10].
Pour conclure, les effets du changement climatique sur les maladies à transmis-
sion vectorielle sont complexes et impliquent de nombreux déterminants dont la
compréhension demeure encore partielle. Le changement climatique est suscep-
tible de modifier la distribution des maladies à transmission vectorielle et d’entraîner
une augmentation de l’incidence de ces maladies dans des zones aujourd’hui plus
tempérées. Il est donc encore nécessaire d’en mieux comprendre les mécanismes
afin de mieux évaluer les risques associés au changement climatique sur la santé
humaine.
Impacts des changements climatiques 243
Références
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