La Marque Jaune
La Marque Jaune
La Marque Jaune
Pays Belgique
La Marque jaune est traduit dans près d'une dizaine de Langue
Français
langues. L'aventure, adaptée en feuilleton originale
radiophonique, en dessin animé et en jeu vidéo, a fait Éditeur Les Éditions du Lombard
l'objet de plusieurs projets de films. Sa couverture Première Du 5 août 1953 au
emblématique a inspiré de nombreux dessinateurs et publication 10 novembre 1954 dans
subi de nombreux détournements. Elle est notamment Le Journal de Tintin
reproduite sur une fresque dédiée à la série dans le
Nombre de
parcours BD de Bruxelles. 66 planches
pages
Le Mystère de la L'Énigme de
Grande Pyramide l'Atlantide
Capturé, Mortimer se voit révéler toute l'histoire par Septimus. Blake et Kendall finissent par
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retrouver sa trace grâce au conducteur du taxi qui l'avait conduit à Limehouse Dock . La police
investit la maison de Septimus et s'attaque à la porte blindée qui mène au laboratoire secret du
professeur. Dans le même temps, au sein de ce dernier, Olrik est brusquement libéré de l'influence
de Septimus par une formule prononcée par Mortimer. Il se retourne alors contre son maître et
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l'anéantit avec sa propre machine . Au moment où il s'apprête à faire connaître le même sort à
Mortimer, les hommes du Yard font leur entrée et le mettent en fuite. Les prisonniers sont libérés
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et la Couronne impériale est finalement retrouvée alors que débute le jour de Noël .
Personnages
Comme dans les deux précédentes aventures, Edgar P. Jacobs met en scène les trois personnages
principaux de la série dans La Marque jaune : le capitaine Francis Blake et son ami le professeur
Philip Mortimer doivent affronter leur rival de toujours, le colonel Olrik, réduit au rôle de cobaye
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du Dr Septimus, psychiatre au Psychiatric Institute . Un autre personnage récurrent de la série
est intégré au récit dans un rôle très secondaire : Ahmed Nasir, qui fait sa dernière apparition sous
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la plume de Jacobs, joue ici le rôle d'un simple domestique .
Lieux
British Museum
Tour
de
Piccadilly Fleet Street Londres
Park Lane
10 Downing Street
Création de l'œuvre
Au moment de commencer l'écriture de La Marque jaune, Edgar P. Jacobs est, avec ses aventures
de Blake et Mortimer, un des piliers du magazine Le Journal de Tintin, l'un des principaux
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hebdomadaires pour la jeunesse, édité en Belgique et en France . Le premier volet de la série, Le
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Secret de l'Espadon, dont la publication commence en septembre 1946 , rencontre un succès
b 2, 3
immédiat, et devient le premier album de bande dessinée édité par Le Lombard en 1950 .
Par ailleurs, Mouchart dresse un parallèle entre Jacques Van Melkebeke et le personnage du
Dr Septimus : tout comme le savant signe son livre The Mega Wave sous un pseudonyme, Van
Melkebeke, un temps inquiété pour ses travaux sous l'occupation allemande, est mis à l'index après
la guerre et réduit à un travail de l'ombre, influençant bon nombre de dessinateurs sans que sa
participation soit révélée au grand jour. Cette dédicace, dans laquelle Mortimer reconnaît l'écriture
de Septimus et parvient à résoudre l'intrigue, apparaît comme « un miroir tendu à la relation entre
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Jacobs et Van Melkebeke, où ce dernier avance masqué, tout comme le savant fou dans le récit » .
Travail de documentation
Décors extérieurs
Edgar P. Jacobs en profite pour mener un vaste travail de repérage et de documentation. Il passe
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ses journées à arpenter les rues de la ville . De fait, l'aspect très réaliste des décors du récit est dû
au fait qu'à son retour à Bruxelles, le dessinateur travaille à partir de croquis et de photographies
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qu'il a lui-même pris sur le terrain .
La courte durée de son séjour ne permet pas au dessinateur de se rendre sur tous les lieux de
l'intrigue. Par conséquent, Jacobs rapporte un exemplaire du Picture Book of London dans lequel il
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puise de nombreux éléments pour réaliser les décors extérieurs de son aventure . Il s'inspire
également de son environnement immédiat. Ainsi, le dessin de la ruelle observée par Mortimer à
travers une lucarne du Centaur Club, dans la cinquième planche, ressemble à la vue par la fenêtre
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d'une taverne située près de la Grand-Place de Bruxelles . De même, une partie des décors de
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Limehouse Dock est réalisée à partir de photographies des docks du port de Bruxelles , ce qui
n'empêche pas le dessinateur de représenter brillamment l'état d'abandon de ces quais,
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conséquence de la crise qui résulte de l'accession de l'Inde à l'indépendance .
Décors intérieurs
Recherches scientifiques
Jacobs s'appuie sur des revues de vulgarisation pour mieux comprendre et documenter ces
théories. Un numéro de Science pour tous lui permet d'élaborer les générateurs et l'éclateur qui
réduit Septimus en fumée, tandis que le no 429 de juin 1953 du magazine Science et Vie, consacré à
l'exploration électrique des mécanismes du cerveau, lui fournit une abondante documentation
b 5, c 4, 8
pour dessiner le télécéphaloscope qui permet au savant de contrôler le cerveau d'autrui .
Par ailleurs, Edgar P. Jacobs est encouragé dans sa démarche par les déclarations de plusieurs
médecins, comme les docteurs Tow et Hugh Cairns (en) qui affirmaient que la question de la
modification de la personnalité avait largement dépassé le stade de l'hypothèse dans les camps des
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États totalitaires .
Références culturelles
La littérature
Plus largement, ce récit, comme les autres conçus par Jacobs, est nourri des romans de merveilleux
scientifique, un genre très en vogue au début du xxe siècle dont l'auteur découvre quelques
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exemples dans les magazines qu'il affectionne comme Je sais tout et Lectures pour tous . Cette
littérature d'imagination scientifique regorge de personnages de savants fous aux inventions
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prodigieuses, comme peut l'être le Dr Septimus avec son télécéphaloscope .
Mais l'auteur puise également dans des lectures plus récentes. Jacques Van Melkebeke lui conseille
la lecture d'un roman de Curt Siodmak, écrivain berlinois exilé à New York, Le Cerveau du nabab,
dont la traduction française paraît en 1949 et qui développe le thème de la manipulation des
cerveaux. Plusieurs scènes de ce roman se retrouvent dans le récit didactique que propose le
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Dr Septimus à Mortimer à la fin de l'album . De même, par sa structure et son suspense, le rituel
d'élimination de La Marque jaune rappelle celui des Dix Petits Nègres, le roman policier d'Agatha
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Christie .
Sur un autre plan, en situant le lieu de rendez-vous entre le capitaine Blake et la Marque jaune
dans le quartier de Limehouse, Edgar P. Jacobs s'inscrit dans une tradition littéraire qui fait de ce
quartier de l'East End londonien « le lieu du crime exotique et ingénieux », à commencer par les
romans de l'écrivain britannique Sax Rohmer mettant en scène le docteur Fu Manchu, ou bien les
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œuvres du romancier belge Jean Ray consacrées aux aventures de l'inspecteur Harry Dickson .
Le cinéma
Les références cinématographiques sont nombreuses dans
l'album, en particulier celles tirées du cinéma expressionniste
allemand des années 1920, que Jacobs et Van Melkebeke
appréciaient beaucoup et dont l'esthétique et l'atmosphère
b 6, c 6
fantastique ont inspiré plusieurs générations d'artistes .
Ce conflit opposant le maître à sa créature évoque le cas de Victor Frankenstein, tel qu'il apparaît
dans les deux films du réalisateur anglais James Whale, Frankenstein (en 1931) et surtout La
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Fiancée de Frankenstein (en 1935) . Dans ce dernier film, le savant est secondé par un être
maléfique, le Dr Septimus Pretorius, interprété par l'acteur Ernest Thesiger, et qui inspire ainsi le
b 6, 8
nom du personnage de Jacobs . L'hypnose pratiquée par le docteur au moyen d'un disque
tournant évoque quant à elle une scène du film La Femme en vert, réalisé par Roy William Neill en
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1945 . Septimus rappelle également le personnage du docteur Mabuse, créé par l'écrivain
luxembourgeois Norbert Jacques et mis en scène par Fritz Lang dans le film Docteur Mabuse le
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joueur en 1922. De même que Mabuse, Septimus menace l'ordre moral et politique de son pays .
Publications
En français
Cette même année, le directeur commercial de la maison d'édition demande à Edgar P. Jacobs de
recomposer son album pour le ramener de 66 à 62 planches, ce qui contraindrait le dessinateur à
reprendre entièrement certaines pages de la fin du récit. Finalement, ce nouveau projet de
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découpage est abandonné et l'album conserve sa pagination initiale . Il est réédité et réimprimé
plus d'une dizaine de fois entre 1959 et 1987, aux Éditions du Lombard pour la Belgique et aux
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éditions Dargaud pour la France .
En novembre 2012, les Éditions Blake et Mortimer font paraître l'aventure telle qu'elle fut publiée
à l'origine dans le magazine Tintin, dans un tirage limité à 5 000 exemplaires. L'album, qui
possède la couverture censurée et refusée par Hergé, est accompagné d'un cahier de 28 pages
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comprenant des croquis, dessins, études et storyboards de la main d'Edgar P. Jacobs . En
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novembre 2017, Dargaud fait paraître l'intégrale des six premiers albums de Blake et Mortimer
20, 21
dans la collection « Niffle » en noir et blanc .
Traductions
La Marque jaune fait l'objet de plusieurs traductions. Les éditions Blake et Mortimer en proposent
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une version en néerlandais sous le titre Het gele teken (Le Signe jaune) , tandis que les éditions
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Carlsen Comics diffusent l'album en allemand, sous le titre Das Gelbe M (Le M jaune) , ainsi
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qu'en danois, sous le titre Det gule mærke . En anglais, The Yellow M (Le M jaune) est publié aux
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éditions Cinebook . L'album est également édité en espagnol sous le titre La Marca Amarilla, aux
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éditions Norma Editorial , en finnois sous le titre Keltainen merkki, aux éditions Semic , en
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italien sous le titre Il Marchio Giallo, aux éditions Alessandro Editore , et en portugais sous le
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titre A Marca Amarela, un album publié par plusieurs éditeurs .
Censure
a 31 33
a 31, 33
qui montre la danseuse Violetta Elvin en tutu, assise sur une malle . Le détail, pourtant
insignifiant dans l'espace de la case, est inacceptable pour le comité de censure français, qui juge ce
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contenu érotique et en demande la modification .
Analyse
Le chef-d'œuvre de Jacobs ?
Cette aventure suscite l'admiration des propres collègues d'Edgar P. Jacobs, comme l'explique le
dessinateur Albert Weinberg : « Ce qui nous frappait tous dans cette histoire, c'est qu'elle n'avait
rien à voir avec ce qui paraissait alors dans la presse pour enfants. C'était très éloigné des histoires
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d'Hergé, qui restent bien innocentes en comparaison de ce récit angoissant . » Dès sa parution
dans le magazine Tintin, La Marque jaune rencontre un succès considérable, au point que de
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jeunes lecteurs s'amusent alors à dessiner à reproduire le symbole sur les murs de leur ville . Plus
généralement, La Marque jaune est reconnue comme un chef-d'œuvre de la bande dessinée, et non
seulement de son auteur : en 2012, l'album est placé au quatrième rang du classement des 50 BD
35, 37
essentielles établi par la revue Lire . La Marque jaune reçoit majoritairement des
commentaires favorables sur les réseaux sociaux dédiés à la culture. Ainsi, en octobre 2023,
l'album reçoit la note moyenne de 7,7/10 sur SensCritique, sur une base d'environ 5 100 votes
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d'internautes , tandis qu'il obtient une note moyenne de 4,14/5 sur Babelio, calculée à partir de
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746 notes .
De fait, La Marque jaune s'inscrit dans la continuité des précédents récits. Mais plus encore,
l'album sert de « mètre étalon » aux suivants. Le critique de bande dessinée Nicolas Tellop
constate que, depuis la reprise de la série en 1996 avec L'Affaire Francis Blake, première aventure
éditée depuis la mort de Jacobs, La Marque jaune est le canevas à partir duquel les autres auteurs
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peuvent continuer à faire vivre Blake et Mortimer, en dépit de la pluralité des thèmes abordés .
Troisième aventure écrite par Edgar P. Jacobs, La Marque jaune est en effet celle où l'auteur
introduit de nombreux éléments narratifs et graphiques qui seront repris dans les albums suivants,
c 9
y compris par les nouveaux auteurs de la série . Au début du récit, Blake et Mortimer se
retrouvent au Centaur Club, un de « ces lieux de code et d'une initiation propre à un groupe », dont
« l'aura feutrée irradie d'un fantasme typiquement britannique » et qui devient le lieu de rendez-
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vous habituel des deux amis lorsqu'ils séjournent à Londres . C'est aussi dans La Marque jaune
que le code vestimentaire des deux héros se fige : cravate et uniforme militaire pour Blake, veste en
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tweed beige ou vert et nœud papillon pour Mortimer .
Par ailleurs, l'intrigue est résolue en partie par les révélations de Septimus sur son passé, à la
manière d'un flashback. Ce procédé est utilisé régulièrement dans les autres albums de la série, de
même qu'un certain nombre d'ingrédients narratifs : la course-poursuite de La Marque jaune est
reprise dans L'Affaire Francis Blake, l'usage du masque porté par le méchant, qui s'inscrit dans la
tradition du roman-feuilleton, est repris dans Le Serment des cinq Lords, le laboratoire secret de
Septimus évoque ceux du professeur Miloch dans SOS Météores et Le Piège diabolique ou celui du
Dr Zong dans L'Étrange Rendez-vous, et la descente de Mortimer dans les égouts est comparable à
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celle de Blake dans ceux de Moscou dans La Machination Voronov .
Style graphique
Jean-Paul Dubois souligne également « l'expressivité exacerbée » des personnages mis en scène
par Jacobs, influencée directement par le passé de comédien du dessinateur, duquel il retient
« l'importance du geste et de l'expression du visage, qu'il devait rendre suffisamment clairs pour
qu'ils soient perceptibles même par le spectateur du dernier rang ». Pour Jean-Paul Dubois, « il en
résulte une certaine emphase dans les positions des personnages, et une utilisation percutante de
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certains gros plans », à l'image de la vignette plaçant le lecteur sous l'effet hypnotique du regard
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du Dr Septimus .
Traitement de la couleur
Dans ce récit enfermé dans la pénombre et la nuit, Edgar P. Jacobs transcrit le célèbre brouillard
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londonien par de fines hachures qui atténuent les couleurs . Pour Benoît Mouchart et François
Rivière, le fait que la ville de Londres soit presque toujours représentée de nuit dans l'album
témoigne de la volonté du dessinateur de mettre en place une ambiance morbide : « [D]ans des
ambiances savamment colorées, prenantes, et toujours propices à l'apparition du mystère, Jacobs
réussit à révéler la part d'inquiétude qui suinte des décors policés de son Londres de carte
b 13
postale . » Dès les premières planches, une atmosphère étouffante se met en place et, dans la
nuit londonienne, l'étrange fait irruption au sein du réel. Pour les deux écrivains, cette scène
introductive n'est pas seulement un « hommage sarcastique » au proche couronnement
b 14
d'Élisabeth II, mais aussi au « génie du clair-obscur d'Arthur Rackham » . Le critique de bande
dessinée Nicolas Tellop considère que ces trois premières planches contiennent « toute la magie de
Jacobs » : « La scène se déroule à l'époque contemporaine, et pourtant l'architecture moyenâgeuse
du décor la renvoie à une intemporalité gothique, qui brasse dans un même geste l'imaginaire
c 10
historique des romans de Walter Scott et les récits à énigmes d'Edgar Wallace ».
Cette ambiance nocturne permet au dessinateur de faire montre de toute sa maîtrise des jeux de
lumière, en s'inspirant largement des éclairages du cinéma expressionniste. La poursuite de la
Marque jaune dans les docks londoniens donne lieu à une profusion de rais de lumière qui
rappellent ceux éclairant Mortimer au sommet de la pyramide dans le premier tome du Secret de
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l'Espadon . Frédéric Soumois relève l'utilisation constante du rouge pour exprimer la menace et
l'angoisse. Ainsi, dans la scène d'ouverture, le rouge est utilisé comme une lueur dans la nuit, de
même que dans la cabine du conducteur de l'express qui emmène Blake et le Dr Septimus loin de
Londres, ou à travers les braises rougeoyantes qui éclairent le salon de l'appartement de Blake et
Mortimer. De la même manière, le laboratoire souterrain de Septimus est représenté avec des
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murs rougeâtres .
Par ailleurs, Jacobs dessine pour la première fois des images totalement monochromes, ce qui
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constitue à l'époque une innovation dans la bande dessinée . Il utilise également la règle du
contraste pour ses récitatifs de couleur : là où les séquences de nuit sont majoritairement bleues,
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les récitatifs sont bordeaux .
Sylvie Freyermuth, qui propose une lecture sémiolinguistique de l'espace dans les aventures de
Blake et Mortimer, constate que « des régularités d'organisation spatiale qui passent par un
parallélisme entre les vignettes, une identité ou une symétrie des positions des personnages » se
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dégagent de l'œuvre du dessinateur . D'après son analyse, Jacobs use d'une « stratification de
l'espace plus ou moins sophistiquée selon les aventures » qui repose « sur une forme contrastive
binaire repérable dans la même vignette, d'une vignette à l'autre, dans l'organisation de la planche
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et la totalité de l'album » . D'une manière générale, toutes les représentations des personnages en
position haute témoignent de leur supériorité, et inversement. Ainsi la Marque jaune est
constamment représentée en position dominante par rapport aux policiers qui la traquent, un effet
parfois accentué par un cadrage du dessin en contre-plongée. Une position haute dans l'image
signifie alors tout autant le pouvoir que le danger. Dès son apparition dans les premières planches
de l'album, la créature maléfique apparaît en position de surplomb des gardiens de la Tour de
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Londres désemparés et réduits à une situation d'infériorité . À son tour, Olrik est représenté à
plusieurs reprises à genoux sous le fouet du Dr Septimus, mais quand il se rebelle et se libère de
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son asservissement, la position s'inverse .
Le récit de l'humiliation subie par Septimus au moment du scandale du livre The Mega Wave offre
un autre exemple de stratification de l'espace : le juge Calvin, qui condamne les théories de
Septimus, est représenté dans la partie supérieure de la vignette, surplombant la salle d'audience
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du tribunal, le doigt pointé vers le ciel, sentencieux . Dans la vignette qui suit, Septimus
embarque pour le Soudan et gravit la passerelle du paquebot dans un mouvement ascendant qui
marque la première étape de sa vengeance et « représente bien la conquête du pouvoir que nourrit
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sa rancœur imprescriptible » .
Dans l'avant-dernière case de cette planche, la Marque jaune lâche une courte exclamation en
s'arrêtant sous l'effigie d'un pharaon. Pierre Fresnault-Deruelle insiste sur l'effet « saisissant » qui
se dégage de cette illustration, comme si le personnage et la statue échangeaient leur rôle, une
impression renforcée par le sourire porté par le masque du pharaon. Dans la dernière vignette, seul
le masque est représenté de profil et entouré d'une mystérieuse aura. Cette conclusion augmente
encore la tension de la planche tout en stimulant l'attente du lecteur, pressé de connaître la suite
9
des évènements .
Style narratif
Comme de nombreux spécialistes de l'œuvre d'Edgar P. Jacobs, François Rivière évoque l'influence
de l'opéra, la grande passion du dessinateur, dans la construction de ses récits : « Comme dans la
musique, [Jacobs] travaille toujours à partir d'une introduction pour ensuite donner forme à
plusieurs mouvements. Or, dans ses albums, le premier mouvement est toujours très beau, et celui
de La Marque jaune est éblouissant. Quand on dit qu'il a été marqué par l'opéra, ce n'est vraiment
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pas une légende . »
À la manière des romans de H. G. Wells, le récit de La Marque jaune s'ouvre in medias res : la
créature a déjà perpétré plusieurs forfaits sensationnels qui sont évoqués par la presse au
lendemain du vol à la Tour de Londres. Ces crimes ne sont pas montrés au lecteur et l'auteur lui
laisse le soin de les imaginer. Jacobs use abondamment de l'ellipse dans cette aventure, de sorte
qu'il « affirme par l'exemple combien la bande dessinée porte en elle-même une imagination
beaucoup plus puissante que les seules images qu'elle déroule », selon l'analyse de Benoît
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Mouchart et François Rivière . À tout moment, Jacobs offre au lecteur la possibilité de combler
b 15
par sa propre imagination ce qui n'est ni raconté, ni montré, mais seulement suggéré .
Contrairement aux deux premiers albums, qui s'étalent sur plus d'une centaine de planches, La
Marque jaune adopte une pagination plus conventionnelle qui impose à l'auteur un rythme plus
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soutenu, sans aucun temps mort, et d'une densité incomparable . François Rivière ne reconnaît
qu'un seul « écueil » dans cette aventure, le dénouement précipité de la dernière planche, faisant
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que « le récit se termine en queue de poisson » . Ce dernier épisode vaut à Jacobs de nombreuses
critiques qui regrettent une intrigue trop rapidement close, mais l'auteur l'explique par la
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contrainte d'une pagination fixe imposée par l'éditeur . Jacques Van Melkebeke, qui conseille
Jacobs tout au long de la rédaction, considère que cette fin précipitée est due au trop nombreuses
digressions que l'auteur n'a su éviter dans les séquences précédentes, comme il le lui reproche dans
une lettre : « J'espère du moins que tu admets que c'est à la même charmante faculté que nous
devons de devoir comprimer à ce point les dernières planches, puisque tu t'es obstiné à délayer
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certains épisodes secondaires . » Selon Pierre Fresnault-Deruelle, la tension permanente culmine
dans la séquence de l'intrusion de la Marque jaune dans l'appartement de Blake et Mortimer, qu'il
rapproche, par son intensité, de celle du rêve de la momie Inca dans Les Sept Boules de cristal de
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Hergé .
Pour Benoît Mouchart et François Rivière, « La Marque jaune s'inscrit dans une mythologie
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d'autant plus trouble qu'elle reste toujours suggérée plutôt que montrée au lecteur » . La
créature qui terrorise la ville de Londres reste longtemps insaisissable, et la seule preuve de son
existence réside dans la fameuse Marque jaune tracée à la craie, ce « génial symbole graphique »
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qui retarde sans cesse l'apparition du monstre tout en stimulant l'imagination du lecteur . De
même, « les avertissements répétés, à travers les insolentes missives envoyées aux héros ou à la
presse, appuient ce sentiment d'attente que renforce l'incidence médiatique des forfaits de la
Marque jaune : journaux, radio et télévision relaient tous en effet l'affaire avec un goût du
b 16
sensationnalisme qui amplifie encore […] l'attention du lecteur » . Quand la créature se
manifeste enfin et s'introduit dans l'appartement de Blake et Mortimer, son apparente invincibilité
est immédiatement remise en cause par l'inspecteur Kendall, un personnage cartésien : le fait qu'il
suspecte que les deux héros ont pu être abusés par l'obscurité et leur imagination fertile « ne fait
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que réaffirmer la part interprétative laissée au lecteur » . De ce fait, le symbole de la Marque
jaune agit à la manière d'un MacGuffin dans cette aventure, dans le sens où il sert de prétexte au
scénario sans que la raison pour laquelle le criminel signe ses méfaits par ce symbole ne soit
c8
dévoilée au cours du récit .
Le livre du Dr Wade, The Mega Wave, occupe une place centrale dans
l'intrigue car c'est à partir de la dédicace inscrite sur sa première page
que Mortimer et Blake découvrent tour à tour l'identité du
manipulateur de la Marque jaune : Benoît Mouchart et François
Rivière estiment que cette mise en abyme trouve son origine dans les
premières pages de L'Île du docteur Moreau, le roman de H.G. Wells,
au moment où le narrateur se remémore la couverture d'un livre écrit
par le docteur Moreau, bientôt contraint à l'exil en raison de ses
b 18
opinions et de la brutale franchise avec laquelle il les exprime .
Pour ce dernier, il n'est d'ailleurs pas anodin que le poste de commande du laboratoire secret du
Dr Septimus soit dissimulé derrière sa bibliothèque, ce qui renforce d'autant plus le rôle essentiel
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de l'écrit dans cette aventure .
Par ailleurs, Edgar P. Jacobs intègre comme à son habitude de nombreux récitatifs dans ses
planches. D'une part, ces textes informent le lecteur sur les circonstances de l'action en cours,
d'autre part leur utilisation permet de créer une soudure essentielle entre deux images dont
l'enchaînement pourrait s'avérer incompréhensible. Pour Benoît Mouchart et François Rivière,
leur lecture empêche aussi le regard de sauter trop rapidement d'une case à l'autre : les récitatifs
apparaissent donc comme « une invitation lancée au lecteur afin qu'il puisse mieux détailler et
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savourer la composition complexe de chaque dessin » . Par ailleurs, Jacobs insère de fausses
coupures de presse dans ses vignettes, un procédé fréquemment utilisé par Hergé dans Les
Aventures de Tintin et qui permet une certaine économie de la narration en apportant des
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éclaircissements ou en faisant le bilan de l'action tout en évitant de longues scènes d'exposition .
Edgar P. Jacobs définit lui-même son album comme « une sorte de réaction instinctive contre la
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tendance anti-individualiste et la mise en condition systématique de la personne » . La Marque
jaune aborde ainsi le thème de la manipulation des cerveaux, de même que les conséquences
engendrées quand l'Homme tombe sous le contrôle et la domination d'un autre et ne répond plus
qu'à ses pulsions. Pour Benoît Mouchart et François Rivière, ces deux thèmes « fascinent tant par
leur résonance avec le lavage de cerveau entrepris sous le Troisième Reich que par leurs
implications dans la société de consommation qui commence à se développer au lendemain de la
b 20
Seconde Guerre mondiale » . Ils soulignent d'ailleurs que ces thèmes narratifs sont repris
quelques années plus tard, et de façon humoristique, par Greg et Franquin dans Z comme Zorglub
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et L'Ombre du Z, deux albums de la série Spirou et Fantasio .
L'œuvre de Jacobs peut, dans une certaine mesure, être qualifiée de visionnaire sur le plan
scientifique. Comme le dessinateur le rappelle lui-même dans ses Mémoires, la réalité finit par
rejoindre la fiction dans les années qui suivent la publication de son récit. Le magazine Science et
Vie révèle en 1956 qu'un ingénieur électronicien du nom de Schafer expose à la Conférence
nationale électronique de Chicago l'éventualité de transformer l'homme en un robot, par le biais
d'électrodes judicieusement placées dans le cerveau. Par ailleurs, des scientifiques soviétiques
mettent au point en 1958 une main bioélectrique mue par les influx du cerveau, tandis que le
magazine Match mentionne en 1965 l'usage aux États-Unis de l'électricité organique pour la
commande de membres artificiels, tels qu'un bras autodirigé reproduisant tous les mouvements
d'un vrai bras. Enfin, les scientifiques Guillemin et Schelly, qui mènent des travaux sur les
hormones hypothalamiques, révèlent en 1978 l'existence de neurohormones, ce qui fait dire à un
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membre du comité Nobel « qu'ils [ont] établi un lien entre l'âme et le corps ».
Benoît Mouchart, qui rappelle que Jacobs et Van Melkebeke « ont eu une jeunesse de gothiques
avant l'heure », considère que la modernité scientifique à l'œuvre dans ce récit s'y intègre par un
prisme magique, les savants reproduisant les mêmes archétypes que ceux de la sorcellerie. Dans
cette aventure, l'auteur et son ami « charrient tout un ésotérisme du signe qui veut dire autre chose
que ce qu'il est censé signifier : une menace effroyable alors que ce n'est, à la base, qu'un
c2
graffiti » .
Par ailleurs, François Rivière et Benoît Mouchart voient dans la figure de la Marque jaune, qui
élève ses crimes au rang d'un art, une variation moderne des légendes urbaines qui terrorisent les
foules depuis la médiatisation des crimes de Jack l'Éventreur à la fin du xixe siècle, à la manière de
b 21
Fantômas, Judex ou Belphégor .
Le professeur Pierre Masson constate d'ailleurs que dans La Marque jaune, Edgar P. Jacobs utilise
le thème narratif de la malédiction et de l'élimination successive. Ce procédé, mis en avant par la
romancière Agatha Christie dans Dix Petits Nègres, est également repris par Hergé dans le
diptyque formé par Les Sept Boules de cristal et Le Temple du Soleil, dans lequel sept savants
européens sont tour à tour frappés d'une mystérieuse léthargie après avoir violé une sépulture
inca, et par Jacques Martin dans La Griffe noire, où cinq généraux romains sont l'objet d'une
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vengeance .
Erreurs et incohérences
c 11
La Marque Jaune présente une logique temporelle hasardeuse . L'histoire est censée se dérouler
après Le Mystère de la Grande Pyramide, comme le rappelle le résumé de la vie d'Olrik proposé
par le Dr Septimus à Mortimer et comme l'indique le comportement du malfaiteur dans
l'appartement des deux héros. Le Mystère de la Grande Pyramide est censé lui-même se dérouler
après Le Secret de l'Espadon ainsi que cela est rappelé dans la première page de l'album lors de la
conversation entre Mortimer et Nasir dans l'avion qui les amène au Caire. Or, Septimus raconte à
Mortimer avoir recueilli Olrik amnésique et errant dans le désert à la suite des évènements de la
Grande Pyramide, puis être rentré à Londres avec lui alors que la guerre éclatait. Une note placée
sous la vignette indique qu'il s'agit de la troisième Guerre mondiale décrite dans Le Secret de
l'Espadon, ce qui semble totalement incohérent dans la mesure où Olrik, dans cette aventure
c 11
initiale, joue un rôle essentiel en tant que colonel dans l'armée du tyran Basam Damdu .
L'album présente une autre incohérence temporelle. L'histoire, qui se déroule au mois de
décembre 1953, s'achève le jour de Noël. L'enlèvement de Leslie Macomber se déroule le
18 décembre, cependant le calendrier présent dans son bureau au Daily Mail affiche la date du
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7 décembre . Par ailleurs, Edar P. Jacobs s'appuie sur un numéro du magazine Science et Vie
51
pour reproduire une voiture radio de la police française . L'image représente l'inspecteur Kendall
communiquant au micro à côté de son chauffeur, assis à sa gauche. Si la reproduction est fidèle,
elle est pourtant incohérente car au Royaume-Uni, les volants des voitures sont positionnés à
a 35
droite .
Postérité
Suites
En 1996, Gilles Chaillet reprend la séquence d'ouverture de La Marque jaune à la Tour de Londres
58
dans le quatorzième volet de sa série Vasco, intitulé Sortilèges . En 2007, Philippe Geluck
59
parodie la couverture de l'album pour celle de son 14e album La Marque du Chat . La couverture
de La Marque jaune est également reprise dans deux albums
de la bande dessinée flamande De Kiekeboes, sur la couverture
de Paniek in Stripland de Tom Bouden, ainsi que dans des
caricatures politiques et sociales réalisées par Johan De
60
Moor .
Autres références
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En 2000, Eddy Mitchell en reprend les éléments pour l'affiche de sa tournée à travers la France .
La couverture de La Marque jaune est aussi celle choisie pour rendre hommage à la série Blake et
Mortimer dans le cadre du parcours BD de Bruxelles. Cette fresque, une réalisation des artistes
Georges Oreopoulos et David Vandegeerde du studio Art Mural, connaît cependant une histoire
mouvementée : en 1997, elle est peinte à l'angle de la rue d'Anderlecht et de la rue du Petit-
Rempart, puis déplacée en 2005 sur le pignon de la biscuiterie de la Maison Dandoy, rue du
66
Houblon . En 2019, une construction nouvelle occulte la fresque qui est une nouvelle fois
67, 68
déplacée. Elle est recréée en septembre 2021 par l'atelier 30 dans la rue du Temple .
En 2013, Georges Oreopoulos et David Vandegeerde reproduisent le même décor sur un mur de la
cour intérieure de la nouvelle librairie Bulle au Mans, spécialisée dans la bande dessinée. À cette
69, 70, 71
occasion, la libraire adopte un nouveau logo inspiré de La Marque jaune .
La société Hasbro annonce la sortie en 2023 d'une édition spéciale de son célèbre Monopoly
consacrée à Blake et Mortimer. Sur le plateau, les quatre gares sont remplacées par des véhicules
emblématiques de la bande dessinée, tandis que les cases portent les noms des albums de la série.
C'est le graphique de la couverture de La Marque jaune qui est choisi pour être reproduit sur la
72
boîte de jeu .
Dans un autre registre, la précision du détail qui anime Edgar P. Jacobs a probablement permis de
sauver la vie d'un touriste canadien en voyage à Londres. En 1973, ce dernier adresse au
dessinateur une lettre dans laquelle il explique qu'après s'être empoisonné en consommant du
jambon avarié, il a pu composer par téléphone le numéro d'urgence britannique, le 999, dont il
c8
s'est souvenu à la suite de la lecture de La Marque jaune . En effet, ce numéro est composé par
32
32
un employé du Daily Mail dans une des cases de l'album pour avertir la police . Pour Jacobs, ce
témoignage « démontre avec force l'importance du détail dans une bande dessinée et les
c8
conséquences imprévisibles qui peuvent en dépendre » .
Adaptations
Dans les années 1950, La Marque jaune est adaptée en feuilleton radiophonique repris par la suite
c 10
en disque 33 tours, en cassette audio et en CD . Jean Maurel est le narrateur de l'aventure,
tandis que Jean Topart et Yves Brainville prêtent leur voix à Blake et Mortimer, Maurice
Jacquemont au Dr Septimus et Pierre Marteville à l'inspecteur-chef Kendall. Le vinyle de La
Marque jaune est le premier titre de la collection « Le Disque d'aventure » pour les éditions
Festival. Cet enregistrement, réalisé par Jean Maurel avec le soutien de Maurice Chevit, est
73, 74, 75, h 9
récompensé du Grand prix de l'Académie Charles-Cros en 1956 .
En 1988, une adaptation en jeu vidéo d'action-aventure est commercialisée par le développeur et
éditeur français Cobrasoft. Le jeu, composé de cinq niveaux, est disponible sur ordinateur
76, 77
(Thomson TO8, Amstrad CPC et Atari ST) .
En 1997, l'aventure est adaptée en dessin animé par Éric Rondeaux dans la série d'animation Blake
et Mortimer. L'épisode est diffusé pour la première fois à la télévision le 26 avril 1997 avec Michel
Papineschi doublant le professeur Mortimer, Robert Guilmard le capitaine Blake et Mario Santini
78
le colonel Olrik .
La Marque jaune figure parmi les trois aventures adaptées dans le livre-jeu Escape Game Blake et
Mortimer, le troisième tome de la collection de livres-jeux en temps limité des Éditions Mango,
79
paru en 2017 .
Dans les années 1990, le producteur français Charles Gassot récupère les droits de La Marque
jaune et travaille sur un nouveau projet d'adaptation avec Alain Corneau, qui finit par abandonner
le projet. Au début de l'année 2000, Charles Gassot contacte alors le réalisateur James Huth pour
c 13
le lui confier . Ce dernier s'associe à Sonja Shillito pour la rédaction du scénario et le
storyboard. Après avoir envisagé de proposer le rôle de Mortimer à Philip Seymour Hoffman et
celui de Blake à Hugh Jackman, la production prévoit que les deux héros soient joués
80
respectivement par Hugh Bonneville et Rufus Sewell . James Huth, qui veut mettre en scène une
80, c 13
femme aux côtés des deux héros, écrit un rôle de scientifique à l'actrice chinoise Gong Li . Le
réalisateur effectue de nombreux repérages, notamment au cœur de la Tour de Londres, et obtient
c 13
l'autorisation de filmer plusieurs scènes dans la centrale électrique de Battersea . Le tournage,
au budget de 35 millions d'euros, doit débuter en février 2003 pour une sortie en salles en
81
octobre 2004 . Faute de trouver un studio suffisamment grand, le projet prend du retard et le
producteur Charles Gassot se consacre finalement au tournage d'une autre adaptation
c 13
cinématographique de bande dessinée, Immortel, ad vitam de Enki Bilal . L'adaptation de La
Marque jaune est définitivement abandonnée quand James Huth prend les commandes de la
82
réalisation de Brice de Nice en 2004 .
En juin 2008, un troisième projet d'adaptation voit le jour avec l'Espagnol Álex de la Iglesia à la
réalisation. Kenneth Branagh, David Thewlis et John Malkovich doivent camper respectivement
83
les rôles de Blake, Mortimer et Olrik . Un an plus tard, en 2009, c'est au tour de Kiefer
84
Sutherland et Hugh Laurie d'être annoncés dans les deux rôles principaux . Mais le réalisateur
85, 86
peine à rassembler les fonds nécessaires et en 2013 le projet est définitivement abandonné .
Notes et références
Notes
a. Vol qui fut précédé, comme l'annonce le numéro du Daily Mail visible planche 4, de plusieurs
autres méfaits : raid contre la Banque d'Angleterre ; vol d'une peinture de Thomas
Gainsborough dans la National Gallery ; enlèvement de la dague d'Aménopolis III, de la
collection Stockmann ; dépôt d'une fausse bombe dans le Cabinet Room du 10 Downing
Street ; disparition du traité secret anglo-iranien du coffre du Foreign and Commonwealth
Office. Voir La Marque jaune, planche 4.
b. Le Secret de l'Espadon, Le Mystère de la Grande Pyramide et La Marque jaune.
c. Ou peut-être la quinzième.
d. Agrémentée d'une projection de diapositives tirées de leurs albums. Suscitant un vif intérêt, son
texte fut publié dans Les Feuillets psychiatriques (vol.XI, fasc. 3, 1978).
Références
Renvois à l'album :
1. La Marque jaune, planches 1-3.
2. La Marque jaune, planche 5.
3. La Marque jaune, planche 6.
4. La Marque jaune, planches 7-19.
5. La Marque jaune, planches 20, 31.
6. La Marque jaune, planches 34-35.
7. La Marque jaune, planches 42-47.
8. La Marque jaune, planches 60-61.
9. La Marque jaune, planches 63-65.
10. La Marque jaune, planches 65-66.
11. La Marque jaune, planche 6, case 11.
12. La Marque jaune, planche 5, case 6.
13. La Marque jaune, planche 6, case 9.
14. La Marque jaune, planche 6, case 10.
15. La Marque jaune, planche 29, case 5.
16. La Marque jaune, planche 42, case 1.
17. La Marque jaune, planche 20, case 2.
18. La Marque jaune, planche 50.
19. La Marque jaune, planche 4, case 1.
20. La Marque jaune, planche 4, case 5.
21. La Marque jaune, planche 6, case 15.
22. La Marque jaune, planche 8, case 12.
23. La Marque jaune, planche 10, case 2.
24. La Marque jaune, planche 21, cases 4 à 10.
25. La Marque jaune, planches 32 à 39.
26. La Marque jaune, planche 55.
27. La Marque jaune, planche 7, case 1.
28. La Marque jaune, planche 7, case 11.
29. La Marque jaune, planche 12, case 2.
30. La Marque jaune, planche 14.
31. La Marque jaune, planche 18.
32. La Marque jaune, planche 59.
33. La Marque jaune, planche 23.
34. La Marque jaune, planche 10, case 5.
35. La Marque jaune, planches 32-34.
Benoît Mouchart et François Rivière, Edgar P. Jacobs, un pacte avec Blake et Mortimer,
2021 :
1. Mouchart et Rivière 2021, p. 105-112.
2. Mouchart et Rivière 2021, p. 162.
3. Mouchart et Rivière 2021, p. 164-169.
4. Mouchart et Rivière 2021, p. 173-175.
5. Mouchart et Rivière 2021, p. 178-179.
6. Mouchart et Rivière 2021, p. 175-178.
7. Mouchart et Rivière 2021, p. 179.
8. Mouchart et Rivière 2021, p. 183.
9. Mouchart et Rivière 2021, p. 193-194.
10. Mouchart et Rivière 2021, p. 195-196.
11. Mouchart et Rivière 2021, p. 176.
12. Mouchart et Rivière 2021, p. 187-188.
13. Mouchart et Rivière 2021, p. 182.
14. Mouchart et Rivière 2021, p. 184-185.
15. Mouchart et Rivière 2021, p. 186-187.
16. Mouchart et Rivière 2021, p. 185.
17. Mouchart et Rivière 2021, p. 186.
18. Mouchart et Rivière 2021, p. 181-182.
19. Mouchart et Rivière 2021, p. 187.
20. Mouchart et Rivière 2021, p. 184.
21. Mouchart et Rivière 2021, p. 179-180.
22. Mouchart et Rivière 2021, p. 337-345.
La Marque jaune, Le chef-d'œuvre de Blake et Mortimer, Les Cahiers de la BD, 2020 :
1. Nicolas Tellop, « Entretien avec François Rivière », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de
Blake et Mortimer, 2020, p. 40-43.
2. Nicolas Tellop, « Entretien avec Benoît Mouchart », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de
Blake et Mortimer, 2020, p. 6-10.
3. Antoinette de Lornière, « Un univers urbain décalqué », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 30-35.
4. Fleur Hopkins, « Jacobs et le merveilleux scientifique », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 22-29.
5. Xavier Mauméjean, « Les vrais bas-fonds de Londres », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 36-37.
6. Antoinette de Lornière, « Le cinéma intérieur de La Marque jaune », dans La Marque Jaune, le
chef-d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 13-21.
7. Antoinette de Lornière, « Un opéra en trois actes », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de
Blake et Mortimer, 2020, p. 11.
8. Vincent Bernière, « Les petits secrets de la Marque jaune », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 112-123.
9. Nicolas Tellop, « Tout était déjà dans La Marque jaune », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 99-105.
10. Nicolas Tellop, « Les 12 travaux d'Edgar P. Jacobs », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre
de Blake et Mortimer, 2020, p. 46-67.
11. « Problème de chronologie », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de Blake et Mortimer,
2020, p. 71.
12. « Un premier bout d'essai et une dispute », dans La Marque Jaune, le chef-d'œuvre de Blake et
Mortimer, 2020, p. 111.
13. Nicolas Tellop, « James Huth raconte sa Marque jaune », dans La Marque Jaune, le chef-
d'œuvre de Blake et Mortimer, 2020, p. 108-111.
Voir aussi
Bibliographie
Ouvrages généraux
Vincent Bernière (rédacteur en chef) et al., Blake et Mortimer face aux grands mystères de
l'humanité : Histoire, mythes, civilisations…, Beaux Arts Magazine, juin 2015, 144 p.
(ISBN 9791020401854). .
Collectif, Les personnages de Blake et Mortimer dans l'histoire : Les événements qui ont
inspiré l'œuvre d'Edgar P. Jacobs, Paris, Historia, Le Point, juillet 2014, 112 p.
(ISBN 979-10-90956-25-4). .
Collectif, Blake et Mortimer : Deux aventuriers dans l'histoire, Geo, octobre 2020, 128 p.
(ISBN 978-2-8104-2948-6). .
Collectif, Les voyages de Blake et Mortimer : Deux aventuriers à travers le monde, Prisma,
coll. « Geo », novembre 2022, 144 p. (ISBN 978-2-8104-3733-7). .
Geert De Weyer, La Belgique dessinée, Anvers, Ballon Media, coll. « Dragonetti », 2015,
352 p. (ISBN 9789462102200). .
Benoît Mouchart et François Rivière, Edgar P. Jacobs : Un pacte avec Blake et Mortimer,
Bruxelles/impr. en Bulgarie, Les Impressions nouvelles, 2021, 384 p.
(ISBN 978-2-87449-890-9). .
Article connexe
Blake et Mortimer
L'Onde Septimus, suite
Le Cri du Moloch, suite
La Fiancée du Dr Septimus
Liens externes
La Marque jaune (https://www.dargaud.com/bd/blake-mortimer/blake-mortimer/blake-mortime
r-tome-6-la-marque-jaune-bda5102080) sur le site des éditions Dargaud.