Glandier
Glandier
Glandier
Présenté par :
Sabine GLANDIER
Ingénieur ISIM
Lieu de stage :
CEMAGREF – Antony
Accompagnant professionnel :
Mr. Jacques MERY
Référent pédagogique :
Mr. Jean CARRE
En premier lieu, je remercie Monsieur MERY pour m’avoir donné l’opportunité de travailler
sur ce sujet, au sein de l’équipe DEAN du CEMAGREF et pour ses conseils tout au long de
la réalisation de ce mémoire.
Enfin, j’adresse toute ma sympathie à l’équipe DEAN et aux nombreux autres stagiaires du
CEMAGREF, pour l’ambiance chaleureuse et accueillante qu’ils y font régner.
Les déchets ménagers et assimilés comprennent les déchets municipaux et les déchets non
dangereux. En 1998, près de 50 % des déchets ménagers sont partis en centre de stockage,
35 % ont été incinérés, 8 % ont été recyclés et 7% ont permis une valorisation organique.
L’élimination des déchets ménagers par stockage est conséquente et devrait l’être encore
quelques années : l’échéance du 1ier juillet 2002, qui obligeait ces centres à ne recevoir que
des déchets ultimes n’a pas été respectée. Malheureusement ces centres de stockage sont
généralement mal perçus par la population et leur implantation devient de plus en plus
difficile.
L’objectif de ce travail est d’étudier l’impact sanitaire, lié aux rejets liquides de ces centres,
appelés lixiviats, qui s’infiltrent vers les ressources en eau souterraine. Un synthèse
bibliographique des données qualitatives concernant les lixiviats a permis d’isoler 47
substances organiques et inorganiques toxiques. Parmi elles, 12 ont été retenus pour
l’évaluation des risques : l’arsenic, le benzène, le chlorure de vinyle, le chrome, le nickel, le
cadmium, le plomb, le trichloréthylène, le tétrachloroéthylène, le tétrachlorure de carbone, le
toluène et le zinc. Pour la modélisation du transfert dans le sol, le logiciel MISP a été utilisé,
trois cas de figure ont été envisagés : le cas d’un centre de stockage répondant à la
réglementation (présence d’une géomembrane, d’un mètre d’argile à 10-9 m/s, puis de 5 m à
10-6 m/s), un centre de stockage sans géomembrane mais bénéficiant d’un contexte
géologique favorable, et un cas réel, implanté dans un contexte géologique sensible. Les
phénomènes de dégradation dans le sol ou de diminution de la source de pollution n’ont pas
été retenus. Seuls les effets de dilution et de dispersion ont été pris en compte. L’exposition
se fait par l’intermédiaire d’une nappe, qui se situe sous le centre de stockage de déchets.
L’évaluation des risques montre que seul le troisième cas de figure présente des risques
sanitaires pour les riverains, notamment si un captage en alimentation en eau potable est
proche du centre de stockage (500 à 1000 m). L’usage d’un puit personnel, situé à 200 m
d’un centre de stockage est déconseillé si ce dernier ne répond pas aux exigences de la
réglementation. Toutefois, une campagne de mesures sur le terrain serait souhaitable, afin
de confirmer ces résultats et de mieux estimer les niveaux d’exposition des riverains.
Ce rapport permet de valider les progrès et améliorations apportés par la réglementation
dans la conception des centres de stockage, qui sont plus sûrs et efficaces pour protéger
l’environnement et la santé humaine. Il attire l’attention sur les risques que peuvent présenter
les anciens sites, qui s’élève encore à 6000 en France. Enfin, un élément semble être plus
préoccupant que les autres, il s’agit du chlorure de vinyle, des mesures spécifiques
concernant l’élimination des plastiques pourraient être envisagées.
Health risk from exposure to groundwater contaminated with leak of leachate from
municipal waste landfill
Currently in France, half of the local solid waste go to landfills. Even if some recent laws
have been adopted to manage landfill waste, people still worry about landfill impact on their
health. This survey aims at acessing health risks due to leachate, that contaminate
groundwater. According to a bibliographical synthesis, forty seven toxic components were
detected in leachate. Twelve of them were selected for the risk assessment, because of their
toxicity, their mobility in the soil : arsenic, benzene, chromium, vinyl chloride, nickel,
cadmium, lead, trichloroethylene, tetrachloroethylene, carbon tetrachloride, toluene and zinc.
A study of these cases is made to modelize the transfert of polluants into soil : a virtual
modern site with leachate collection and composite liner which is required by the french
legislation of 1997, a site without liner but with a geological context favourable, and a real
site, without any barriers against contamination.
In each case, population exposures to polluant was due to grounwater, situated under the
landfill. Sources of water were public and private wells. Environmental level of polluants in
groundwater were determinated with the model MISP.
This survey shows that the health risk are not negligible for the residents of landfills which
don’t respect the law’s requirements. Morover, measures to reduce amount of vinyl chloride
should be taken, because associated risks are high (> 10-6 for cancer risk, > 1 for hazard
ratios). However, the result of this study must be completed and validated by metrogical
measures.
INTRODUCTION……………………………………………………………………………………...1
CONCLUSION…….…………………………………………………………………………………46
BIBLIOGRAPHIE…….……………………………………………………………………………...47
SITES INTERNET…….………………………………………...…………………………………...50
ANNEXES…….………………………………………………………………………………………51
Premier juillet 2002 : cette échéance devait marquer la fin des décharges d’ordures
ménagères. Elle n’a pas été respectée. En effet, la loi de 1992 donnait alors dix ans aux
collectivités territoriales pour atteindre deux buts principaux : réduire la production d'ordures
ménagères et de déchets industriels ; limiter les mises en décharge aux seuls déchets
ultimes, c'est-à-dire à ceux ayant fait l'objet d'un tri et ne pouvant être valorisés "dans les
conditions écologiques et économiques du moment". La date butoir est là et le bilan s'avère
plus que mitigé. Les Français produisent de plus en plus d'ordures ménagères : 26 millions
de tonnes par an. Ils ont dépassé, avec le siècle, la barre symbolique d'un kilo par jour et par
personne. Même si le nombre de décharges a sensiblement diminué, la quantité de déchets
ménagers et assimilés mis en décharge a peu évolué et reste de l’ordre de 50 % du total des
déchets, le reste étant éliminé par incinération ou compostage. Les décharges semblent
donc avoir encore, un rôle significatif à jouer pour les années à venir. Les nouvelles
décharges doivent répondre aux exigences techniques de l’arrêté du 9 septembre 1997.
Mais il existe encore de nombreuses décharges qui ne répondent pas à ces prescriptions : il
s’agit d’une part des anciennes décharges en cours d’extension, qui doivent se mettre en
conformité avec la réglementation, ce qui n’est pas toujours évident, le contexte
hydrogéologique n’étant pas toujours favorable ; et d’autre part des décharges brutes et
dépôts sauvages, où sont jetées les ordures, sans la moindre considération pour la
réglementation, et qui sont encore plus de 6000 en France d’après le rapport de l’inspection
générale de l’environnement. Ces dernières sont vouées à disparaître.
La réglementation tente de sécuriser au maximum les centres de stockage de déchets, en se
préoccupant des lixiviats et du biogaz, afin d’en finir avec la mauvaise image donnée par les
décharges. Mais les riverains s’interrogent fréquemment sur les effets de ces installations
sur leur santé et l’ouverture de nouveaux sites ou les extensions de décharges sont de plus
en plus difficiles à obtenir.
L’objectif de ce travail est d’évaluer les risques sanitaires liés aux fuites de lixiviats de ces
centres de stockage. Nous avons choisi d’étudier trois cas de figure, en relation avec le
contexte actuel français : un centre de stockage répondant aux exigences de la
réglementation, un centre de stockage ne disposant pas de géomembrane mais d’une
barrière passive, et enfin le cas réel d’une ancienne décharge ne répondant pas à la
réglementation. Cette étude semi-générique a été menée de la façon suivante : après avoir
cerné la problématique des fuites de lixiviats, des substances toxiques présentes dans les
lixiviats ont été sélectionnées et suivies dans leur transfert dans le sol jusqu’à atteindre un
aquifère. De là, la démarche d’évaluation des risques a été déroulée.
A l’heure actuelle, les déchets entrants sur les sites de stockage sont bien identifiés.
L’arrêté du 31/12/2001 propose dans une annexe une liste de déchets admissibles et une
liste de déchets interdits. Les substances chimiques non identifiées et/ou nouvelles viennent
compléter la liste des déchets interdits par l’arrêté du 9/09/1997.
Les déchets admis sont répartis en deux catégories. Les déchets de la catégorie D ont un
comportement fortement évolutif en cas de stockage, les lixiviats sont chargés et du biogaz
est produit. Le caractère polluant de ces déchets peut être réduit. Les déchets de la
catégorie E ont un comportement peu évolutif, leur capacité de dégradation biologique est
faible, et leur caractère polluant modéré.
Les centres de stockage de déchets ménagers et assimilés reçoivent les déchets issus de
l'activité domestique des ménages, qui représentent 22 millions de tonnes en France, soit en
moyenne 365 kg / habitant / an et les déchets non ménagers, collectés dans les mêmes
conditions que les déchets ménagers.
Les déchets dangereux des déchets ménagers ne sont pas admis dans les centres de
stockage de déchets ménagers et assimilés, ils sont collectés spécifiquement pour être si
possible revalorisés.
Ces déchets dangereux peuvent être :
- Explosifs ou corrosifs quand il s’agit d’acides,
- Toxiques ou irritants quand ils proviennent d’ammoniaque ou de résines,
- Facilement inflammables.
Les déchets ménagers dangereux sont très divers et représentent moins de 1% des ordures
ménagères, les huiles de vidanges étant non comprises. Ils comprennent essentiellement :
- des piles et accumulateurs usagés,
- des déchets de peinture, décapants et solvants,
- des huiles de vidange,
- des produits phytosanitaires.
Cas particulier des piles et des batteries, sources de métaux lourds :.
Concernant l’utilisation des piles et accumulateurs par les ménages, le décret du 12 mai
1999 impose aux distributeurs, détaillants ou grossistes, de ces produits, de reprendre
gratuitement les piles ou accumulateurs usagés. Les fabricants, importateurs, etc.,
concernés sont, quant à eux, tenus de récupérer et d’éliminer les piles et accumulateurs en
Sur les sites de stockage actuels, la zone à exploiter est divisée en casiers, eux même le
plus souvent subdivisés en alvéoles. La réalisation de ces casiers permet de restreindre les
risques de nuisances, de pollution des eaux souterraines et superficielles à des entités
spatiales réduites. Chaque casier est une entité hydrauliquement indépendante.
Les matériaux d’étanchéité sont de deux types : les géomembranes et les argiles, qui
constituent ensemble les étanchéités composites.
Les argiles sont situées à l’aval hydraulique direct de la géomembrane. Dans l’hypothèse
d’une fuite, ce matériau sera sollicité. Elles constituent la barrière de sécurité passive, qui
doit être constituée d’une couche de perméabilité à 1.10-9 m/s sur une épaisseur minimale
d’un mètre, reposant sur une couche de perméabilité à 1.10- 6 m/s sur au moins cinq mètres.
Si le contexte géologique du site ne répond pas à ces prescriptions, des mesures
compensatoires doivent être prises.
Afin de garantir un transfert minimum vers le milieu environnant, l’argile est compactée lors
de sa mise en place. Les minéraux argileux présentent un pouvoir d’arrêt important par
rapport à de nombreux polluants compte tenu de leur structure cristalline. La rétention peut
se faire par échange ou par adsorption. La rétention d’un polluant est fonction de sa nature,
Selon le petit Robert, la lixiviation est « le passage lent d’un solvant à travers une couche de
substance pulvérisée pour extraire les constituants solubles ». Ici, le solvant est l’eau,
provenant des précipitations et des déchets eux mêmes, qui mobilise les constituants
solubles de la masse de déchets. La composition des lixiviats est donc fonction de l’accès de
l’eau aux déchets, de la nature des déchets et de la solubilité des constituants des déchets.
La mobilisation des éléments se fait par une mise en solution et par un entraînement
mécanique (particules en suspension, colloïdes, …). Elle dépend de la solubilité des
éléments, qui est fonction du pH.
Les métaux lourds sont apportés par les plastiques (Cd), les piles et les batteries (Hg, Zn,
Mn, Ni, Pb), les ferrailles(l’acier galvanisé est très abondant) (Pb), le caoutchouc (Zn), le cuir
(Cr), des verres (Cr), du textile (Cu, Zn), des papiers, cartons (Pb, Cu, Cr) [2]. Les
substances organiques ont pour origine les peintures, les solvants, les produits d’entretiens
et la dégradation de la matière organique des déchets.
Les auteurs s’accordent sur le fait que ce sont les réactions de biodégradation de la matière
organique des déchets qui ont le plus d’influence sur la composition des lixiviats. Ces
Cette composition peut évoluer d’une part par épuisement du potentiel polluant lixiviable des
déchets, et d’autre part lors de son transfert dans le sol.
Belevi et Al. [7] se sont intéressés au potentiel lixiviable des déchets. En considérant que ce
potentiel n’est pas infini, Ils proposent un modèle pour estimer le comportement à long terme
des éléments (métalliques ou non) constituants les lixiviats. Pour estimer la quantité
Des phénomènes d’atténuation du lixiviat dans le sol existent : la filtration mécanique qui agit
sur les particules en suspension, la précipitation et la co-précipitation pour les métaux lourds,
l’adsorption qui dépend de la capacité d’échange cationique du sol, la dilution et la
dispersion, l’activité microbiologique qui utilisent certains composants du lixiviat, la
volatilisation pour les composés à forte tension de vapeur. Comme nous l’avons précisé
précédemment, l’argile joue un rôle important en terme de rétention.
L’adsorption correspond à un transfert de masse depuis la phase liquide vers la phase
solide. Elle est représentée par un coefficient de partage liquide-solide, généralement noté
Kd. Ce partage dépend de la spéciation des espèces et de la compétition entre elles pour les
sites d’adsorption. L’adsorption est supposée instantanée et réversible.
Il existe également des phénomènes de précipitation au niveau du réseau de drainage, au
dessus de la géomembrane.
Ces phénomènes ne seront pas pris en compte par la suite, ils ne sont donc cités ici que
pour mémoire. Il en résulte que les concentrations prises en compte dans notre évaluation
des risques sont majorées. S’il s’avère que le risque sanitaire est négligeable, il le sera
Avant toute chose, il est nécessaire de rappeler que seuls les composants majeurs des
lixiviats sont connus. Un tableau récapitulatif des valeurs de concentrations rencontrées pour
différents paramètres est présenté en annexe 2. Certaines études ne précisent pas la nature
des déchets stockés. Des déchets industriels ont pu être mélangés avec des déchets
ménagers, notamment dans les centres de stockage américains.
Compte tenu du nombre restreint de valeurs de concentrations d’éléments présents dans les
lixiviats, dont l’origine est exclusivement liée à la présence de déchets ménagers et
assimilés, la synthèse retient des valeurs où un mélange a pu être fait. Ces substances
peuvent se retrouver dans les ordures ménagères mais en plus petites quantités que dans
les déchets d’origine industrielle. Ce choix s’inscrit parfaitement dans le cadre de l’approche
maximaliste qui a été retenue pour cette étude.
Toutefois, afin de ne pas retenir des valeurs trop élevées, aberrantes par rapport aux autres
(exemple : As = 1600 mg/l), dans la mesure où l’on s’intéresse aux centres de stockage de
déchets ménagers, une critique des valeurs a été faite et certains maximums n’ont pas été
retenus. Ces valeurs peuvent avoir également comme origine des interférences analytiques
ou un déversement accidentel. Le tableau 3 présente les valeurs maximales qui ont été
retenues à la place de celles qui paraissaient incohérentes, issues de la synthèse
bibliographique.
Ä la cohérence de cette valeur par rapport aux autres valeurs : par exemple, si
toutes les valeurs de la littérature sont de l’ordre de grandeur de 10 -3 et qu’il n’y
en a qu’une à 10- 1, cette dernière ne sera pas retenue,
Ä la nature du centre de stockage dont elle est issue. Les valeurs issues des
centres de stockage où un mélange avec les déchets industriels n’a pas eu lieu
aura plus de poids que les autres valeurs.
Il s’agit de sélectionner les éléments à inclure dans l’évaluation des risques, à partir de
l’ensemble des données recueillies précédemment. Cette étape est décisive car elle amène
à considérer ou à exclure des molécules pouvant avoir un impact sanitaire. Ce choix sélectif
a pour conséquence que la caractérisation du risque qui en découle ne peut être une
estimation du risque réel global encouru. Pour toutes ces raisons, cette sélection doit être
explicite et reposer sur des critères clairs, pour assurer la transparence de la démarche.
Avant de présenter le crible qui a été mis en œuvre dans ce rapport, une présentation de
méthodologies qui ont été utilisées pour sélectionner des substances est réalisée.
L’USEPA (1992) [18] a retenu, parmi 100 composés retrouvés dans les lixiviats de
décharges américaines, 8 composés qui peuvent présenter un danger pour la santé
humaine. Il s’agit de l’antimoine, l’arsenic, le chlorure de méthylène, le chlorure de vinyle, le
fer, le phénol, le tétrachlorure de carbone, le 1.1.2.2-tétrachloroéthane.
Rappelons que les décharges américaines ont pu recevoir des déchets d’origine industriels.
De ce fait, cette sélection ne répond pas à notre cadre d’étude.
En revanche, les travaux d’Assmuth (1992) [17] nous intéressent directement puisqu’ils ont
porté sur les effluents liquides de 43 décharges. L’étude porte plutôt sur les métaux lourds,
dont il donne une liste, où les métaux sont classés par ordre de quantité décroissante dans
les lixiviats : Zn (90 ìg/l), Co, Cu, Cr, Ni, Pb, Cd, Hg (<0.05 ìg/l). Il note la grande variabilité
de ces concentrations entre sites et au sein d’un même site au cours du temps. Il constate le
peu de différences entre les concentrations en COV relevées sur les sites de stockage de
déchets industriels et celles mesurées sur les décharges de déchets ménagers. Ces critères
de sélection reposent sur des indices de risques sanitaires et environnementaux. Les
substances ayant le plus fort indice, basé sur la distribution de la concentration dans les
Nuesslein et al. (1994) [16] en Allemagne, ont adopté une stratégie proche de celle de
l’ATSDR, et se sont occupés des sols pollués. L’ATSDR est l’organisme qui a en charge les
problèmes de sols pollués aux Etats-Unis. La nature des polluants de ces sols est différente
de celle apportée par les lixiviats, ce qui rend cette étude plus éloignée du contexte des
centres de stockage. Ils ont combiné dans leurs critères de sélection les données
toxicologiques et les données concernant le potentiel de transfert du polluants vers les eaux.
La tête de classement de leur liste est à peu près similaire à celle de l’ATSDR. A noter la
présence en plus du fluor, du brome et du phénol.
L’ADEME (1996) [19] préconise de retenir pour évaluer l’impact des lixiviats sur les eaux les
éléments suivants : l’argent, le cadmium, le chrome, le cuivre, le fer, le mercure, le nickel, le
plomb, le zinc, le benzène, le toluène, le xylène, les phénols, les pesticides, les solvants, les
acides gras volatils et les coliformes totaux. Cette étude n’est pas destinée à l’évaluation des
risques sanitaires : elle semble mieux adaptée pour une évaluation de l’impact
environnemental.
Cette sélection considère des molécules non dangereuses pour la santé, tels que les acides
gras volatils et l’argent. De plus, ce guide concerne les anciennes décharges : en effet, il
n’est pas nécessaire de retenir les pesticides dans la mesures où les décharges accepteront
de moins en moins les déchets fermentescibles (dont font partis les déchets verts, support
de pesticides) depuis le premier juillet 2002. En effet, le Ministère de l’Ecologie et du
Développement Durable souhaite développer le traitement biologique de la matière
fermentescible, notamment par compostage, afin de réduire les quantités de déchets qui
partent à l’incinération ou au stockage. Toutefois, il subsiste le problème des emballages
ayant contenu des pesticides, détenus par les ménages.
Manca et al. (1997) [15] ont retenu des polluants traceurs des centres de stockage des
ordures ménagères. En appliquant la démarche d’évaluation des risques, ils ont obtenu des
excès de risque et des ratios de danger, qui pour certaines substances sont supérieurs aux
seuils qu’ils s’étaient fixés (0.1 pour les QD et 10-6 pour les excès de risque). Les voies
d’exposition sont les suivantes : l’ingestion de sol ou de produits du jardin contaminés par le
dépôt de particules, l’inhalation de particules, le contact cutané par le biais du sol contaminé.
L’exposition est calculée au temps t = 20 ans, au moment du maximum d’émission du centre
de stockage. Les calculs de risque sont réalisés pour des cibles qui se situent en limite de
Force est de constater que les critères de sélection sont nombreux et que les résultats des
différentes études varient. Chaque critère est justifiable, dans un contexte donné. Les
paragraphes suivants décrivent la méthode qui a été définie pour la sélection des éléments
dangereux dans ce rapport.
Les effets des substances sur la santé sont de plusieurs types : effets aigus, sub-chroniques,
chroniques ; effets locaux systémiques ; effets cancérigènes ; effets tératogènes et effets sur
la reproduction.
Afin de connaître la toxicité des différents éléments, les bases de données toxicologiques
suivantes ont été consultées : IRIS (USEPA), ATSDR, IARC (OMS), HEALTH CANADA,
TERA. Elles présentent les valeurs toxicologiques pour les effets cancérogènes et non
cancérogènes, pour des expositions chroniques. Seule la base de l’ATSDR propose des
valeurs pour des expositions subchroniques ou aiguës. La signification des valeurs
toxicologiques est développée dans la partie 3, destinée à l’évaluation des risques sanitaires.
Il ne s’agit pas ici de retenir seulement les substances cancérigènes ou les plus toxiques. Le
choix des polluants doit se faire certes en fonction de leur toxicité, mais aussi en tenant
compte de la quantité émise, des relations dose-effets, de la voie d’exposition et de leur
comportement dans l’environnement. Il peut être également considéré la tendance de
l’élément : va-t-il être de plus en plus présent dans les centres de stockage ou au contraire
sa quantité va-t-elle diminuer ? Un élément peut aussi être choisi afin de répondre à une
préoccupation de la population (dioxine, pesticides, ...).
Dans la liste d’éléments présents dans les lixiviats, établie grâce à une revue de la littérature,
47 éléments sont reconnus toxiques, cancérigènes ou non, à des doses très variables, par
ingestion et/ou inhalation. Ces substances figurent dans le tableau 4.
Les substances organiques peuvent être présentes dans les lixiviats d’ordures ménagères
mais en petite quantité.
Dans le tableau 5 figure un terme « facteur » qui permet d’estimer l’éloignement de la valeur
source par rapport à la valeur toxicologique de référence (VTR). En effet, les concentrations
de certaines substances sont déjà inférieures à leur VTR (exemple : le formaldéhyde, par
voie d’ingestion). Si elles ne sont pas cancérigènes, elles sont éliminées dès cette étape
(exemple : le trichlorofluorométhane).
Afin de quantifier cet écart entre la concentration source et la VTR, la concentration a été
divisée par la VTR. Nous retenons le logarithme arrondi de cette valeur pour que la
comparaison entre les valeurs ainsi obtenues soit plus parlante : ce nombre est ce que nous
appelons le facteur par rapport à la VTR. Prenons l’exemple du chlorure de vinyle, la valeur
de sa concentration est de 5.57 mg/l et il a comme valeur toxicologique de référence pour
l’ingestion : 0.0003 mg/kg/jr. Le calcul de la dose ingérée à partir de la concentration dans le
milieu sera explicitée dans le paragraphe 3.2 concernant l’exposition. Etant donné que
toutes les concentrations seront modifiées de la même façon, nous ne réaliserons pas ici ces
calculs de doses, le facteur reste donc valable pour comparer les substances entre elles.
Facteur = log (5.57/0.0003) = 3
Une valeur inférieure à 1 traduit le fait que la concentration est déjà inférieure à la valeur
seuil. En revanche, lorsque la valeur du facteur est supérieure à 1, la concentration est
supérieure à la valeur seuil. On en déduit que plus le facteur est élevé, plus la substance
présente des risques d’avoir un impact sur la santé.
L’exposition aux polluants peut se faire soit par ingestion, soit par inhalation, soit des deux
façons, d’où la présence de VTR pour l’exposition par ingestion, désignée par VTR I et de
VTR pour l’exposition par inhalation, signalée par VTR H dans le tableau 5.
Il est fait mention également du rang de la substance dans la liste de produits prioritaires,
établie par l’ATSDR. En effet, l’agence gère une liste de sites prioritaires, vis-à-vis de risques
potentiels pour l’environnement et la santé. A partir des données métrologiques provenant
de ces sites, l’agence élabore une liste de produits prioritaires, la « CERCLA list of priority
hazardous substances ». Cette liste a pour objectif de hiérarchiser les substances
rencontrées sur ces sites en terme de priorités sanitaires. CERCLA classe par ordre
d’importance décroissant les molécules. Ce classement repose sur l’établissement, pour
chaque substance, d’un score composé de trois critères : la fréquence de présence de la
substance dans les sites, la dangerosité/toxicité de la substance et le potentiel d’exposition.
Le classement comprend 275 substances, la dernière mise à jour date de 2001, elle est
réalisée tous les 2 ans.
L’intérêt de cette liste pour notre étude est d’avoir les deux critères, dangerosité et potentiel
d’exposition, hiérarchisés pour de nombreuses substances présentes dans les lixiviats. En
revanche, la liste de l’ATSDR dépasse le cadre de notre étude puisqu’elle concerne les
produits présents dans tous les centres de stockage, dont ceux qui s’occupent des déchets
dangereux, et des sites industriels. La fréquence d’apparition des molécules n’est plus la
même que pour un centre de stockage de déchets ménagers et assimilés. Les indications de
classement de cette liste seront donc utilisées avec prudence.
Tableau n°6 : Liste des substances retenues pour l’évaluation des risques
CATEGORIE ELEMENT
Cancérigène Arsenic
benzène
Chlorure de vinyle
Chrome
Nickel
Cancérigène probable Cadmium
Plomb
Tétrachlorure de carbone
Trichloroéthylène
Tétrachloroéthylène
Toxique par ingestion et inhalation Toluène
Toxique par ingestion ou inhalation Zinc
Les défaillances des géomembranes sont admises depuis plusieurs années, si bien que
certaines réglementations étrangères imposent un double système de collecte de lixiviats,
d’autres exigent une note technique dans l’étude d’impact, qui montre l’existence de
conditions suffisantes d’atténuation des impacts sur les eaux souterraines. En France, afin
de compenser les défauts dans les géomembranes, une barrière passive est exigée. Les
mécanismes entraînant l’apparition des défauts sont recherchés, les défauts sont repérés
afin de diminuer leur nombre, en améliorant la mise en place des géomembranes, et dans le
but de connaître le débit de fuite qui en résulte.
L’annexe 4 présente les différents facteurs qui peuvent être à l’origine d’une défaillance,
appelée par la suite, défaut de la géomembrane.
La densité des défauts est fonction de nombreux paramètres. Une tendance à la diminution
de la densité de défauts avec la taille du site a pu être observée, qui peut être expliquée par
les raisons suivantes (Collucci et Lavagnolo 1995) :
Ä la proportion de points singuliers (coins, jonctions avec des éléments extérieurs,
bas des pentes) est plus importante pour les petites installations que pour les
grandes ;
Ä une plus grande proportion des soudures est réalisée manuellement sur les
petites installations ;
Ä les plans d’assurance qualité sont plus fréquents et meilleurs pour les grandes
installations ;
Ä la circulation d’engins est moins importante pour les grandes installations.
La localisation des défauts est fonction de l’état d’avancement du site : pour les
géomembranes non recouvertes, les défauts sont situés dans les soudures alors que pour
les géomembranes recouvertes, la tendance est inversée, la majorité de défauts affecte la
nappe de géomembrane, avec un pourcentage de 81,5%.
Nathalie Touze Foltz (2001) [20] conclut à une densité moyenne de 12 défauts à l’hectare
après mise en place de la couche granulaire drainante, si aucune réparation n’est effectuée.
Les expérimentations de Fukuoka (1985) et Brown et al. (1987) ont toutes deux mis en
évidence le mécanisme de fuite suivant : le liquide, qui traverse le défaut dans la
géomembrane, s’écoule latéralement dans l’espace situé entre le sol (argile à 10-9 m/s) et la
géomembrane, appelé interface, tout en s’infiltrant dans le sol [21]. Ce type d’écoulement
entre le sol et la géomembrane a été observé dans tous les cas, que l’espace entre ces deux
éléments de l’étanchéité composite soit ou non occupé par un géotextile. Ainsi, le liquide
s’infiltre dans le sol sur une surface beaucoup plus importante que la seule surface du défaut
dans la géomembrane. Néanmoins, cet étalement présente l’avantage d’offrir un volume plus
important pour la filtration des polluants au niveau de l’argile.
Une façon d’estimer les débits liés aux fuites a été de relever les débits dans le réseau de
drainage secondaire d’étanchéités doubles de centres de stockage de déchets. Les résultats
de ces différentes études montrent que ces débits peuvent atteindre 1000 l ha -1j-1 soit 0.1
mm/jr. Or l’intégralité de ces débits ne peut pas être systématiquement attribuée aux défauts
de la géomembrane de l’étanchéité composite primaire. Les eaux de construction (eaux
météoriques) et de consolidation (eau interstitielle à l’argile, libérée lors du tassement)
semblent être les contributions les plus importantes aux débits dans les réseaux de drainage
secondaire. Ces débits s’observent en général au cours de la première année suivant le
début du remplissage par les déchets, puis une diminution progressive s’amorce, qui est
bien en relation avec l’expulsion de l’eau de construction et de consolidation. Bonaparte et
Gross (1993), donnent l’exemple d’une alvéole de CSD pour laquelle le débit moyen était de
230 l ha-1 j-1 douze mois après la construction, de 150 l ha- 1j-1 après 13 à 18 mois, et de 20 l
ha-1j-1, 26 à 30 mois après la construction. Pour la majorité des sites, les débits deviennent
inférieurs à 30 l ha- 1j-1, soit 3,5.10-11 m/s après une période de temps significative
(Bonaparte et Gross, 1993).
avec : Cqo le facteur de contact égal à 0,21 USI dans le cas de bonnes conditions de contact
et 1,15 USI dans le cas de mauvaises conditions de contact,
Ks : conductivité hydraulique du sol sous jacent, en m/s,
hw : hauteur de lixiviat au dessus de la géomembrane, en m,
Ä Résultats
Ces 2 équations sont complémentaires, elles correspondent à des conditions de contact
différentes. Au vu des définitions assez vagues de ces conditions de contact, on ne sait pas
quelle est la condition qui se rapproche le plus de la réalité pour un fond de casier de CSD,
d’autant plus que ces conditions varient d’un site à l’autre, en fonction notamment des
précautions prises lors de la pose de la géomembrane, de la nature de la géomembrane, du
compactage de l’argile.
Ces équations ont été utilisées pour des hauteurs de lixiviat égales aux exigences de la
réglementation (h w = 0,3 m) mais aussi pour des hauteurs plus élevées ( h w = 3 m) car on
peut supposer qu’il y ait une surcharge, du fait du colmatage éventuel de la couche drainante
à plus ou moins long terme pour certaines couches. Concernant la surface de défaut à
prendre en compte, nous avons considéré les deux valeurs proposées et observées par
Giroud et Bonaparte (1989), qui sont présentées au paragraphe 1.3.1.
Tableau n°7 : Tableau récapitulatif des valeurs des vitesses de fuite en fonction des
conditions de contact
Surface défaut (m²) Charge hydraulique (m) Débit par défaut (m3/s) Vitesse (m/s)
Contact parfait (Foose et al.)
3,1*10-6 0,3 5,17E-12 2,47E-14
10-4 0,3 2,95E-11 1,4E-13
3,1*10-6 3 1.59E-11 7.61E-14
10-4 3 9E-11 4,32E-13
Bonnes conditions de contact (Giroud et al.)
3,1*10-6 0,3 4,37E-09 2,1E-11
-4
10 0,3 6,19E-09 2,97E-11
-6
3,1*10 3 3.47E-08 1.67E-10
-4
10 3 4.92E-08 2.36E-10
Mauvaises conditions de contact (Giroud et al.)
3,1*10-6 0.3 2,39E-08 1,15E-10
10-4 0.3 3,39E-08 1,63E-10
3,1*10-6 3 1.9E-07 9.13E-10
-4
10 3 2.69E-07 1.29E-09
On constate que plus le contact est mauvais, plus le débit de fuite est important. Par
exemple, on observe un facteur 1000 entre le débit calculé pour un contact parfait et celui
pour de bonnes conditions de contact, en prenant la même surface de défaut (S= 3,1.10-6
m/s) et la même hauteur de lixiviat (0,3 m).
De même, plus la hauteur de lixiviat est élevée, plus le débit est fort.
Le choix de la surface du défaut a une incidence lorsqu’on considère un contact parfait
puisqu’il existe environ un facteur 6 entre les débits calculés avec la plus petite surface et
ceux calculés avec la plus grande surface. Son influence est moindre pour les deux autres
conditions de contact (facteur égal à 1,4).
Il a été choisi d’utiliser un modèle analytique, MISP, plutôt qu’un modèle numérique. En effet,
le but est de réaliser une analyse simplifiée du transport dans le sol, qui s’inscrit dans une
approche maximaliste, permettant d’estimer le risque sanitaire. De plus, Guyonnet (1997)
[27] montre que les différences de modélisation entre MISP et un modèle numérique sont
faibles.
MISP est un modèle analytique du BRGM qui calcule l’impact d’une source de pollution
située au-dessus d’une nappe. Son intérêt par rapport aux autres modèles existants est qu’il
Ä La conductivité hydraulique
Elle intervient dans le flux advectif. Elle est très variable (12 ordres de grandeur) selon le
type de sol ou de roche. On retiendra la valeur de 10-9 m/s pour l’argile, 10-5 m/s pour les
calcaires et de 10-4 m/s pour les sables.
Ä Le coefficient de dispersion
La diffusion moléculaire est liée à l’agitation moléculaire (mouvement brownien) qui envoie
les particules de soluté dans toutes les directions de l’espace. Dans un milieu constitué
uniquement d’eau, le flux diffusif est proportionnel au coefficient de diffusion moléculaire
dans l’eau pure, Do. Dans un milieu poreux, on introduit un facteur multiplicatif du coefficient
de diffusion, le facteur de tortuosité, t. Ce facteur permet de prendre en considération les
particules solides du milieu poreux qui empêchent une partie du mouvement brownien.
Le coefficient moléculaire de diffusion dans l’eau des espèces ioniques peut être estimé à
partir de l’équation de Nernst-Einstein :
ui * R * ∆
D0 = (n°5)
Zi *F
où ui est la mobilité de l’ion, R la constante gazeuse universel, Ä la température, Zi la charge
de l’ion et F la constante de Faraday.
Les valeurs recueillies dans la littérature sont résumées dans le tableau suivant :
L’influence de ce paramètre a été testé sur MISP : étant donné que dans la gamme de
variations des valeurs indiquées ci-dessus, les variations de concentrations sont très faibles,
nous retiendrons les valeurs suivantes pour ce paramètre :
v Do des ions inorganiques : 10-9 m²/s à 20 °C [26]
v Do des polluants organiques : 10-9 m²/s à 20 °C, sauf pour le chlorure de vinyle
dont le Do est inférieur : il est égal à 1,2.10-10 m²/s [28]
v T = 0,1 pour les matériaux argileux, T = 0,7 pour les sables et les calcaires.
Les centres de stockage ont pour dimensions 200 * 200 m, soit 4 ha, sauf pour le cas 3 dont
on connaît la superficie qui est de 15 ha. Cette valeur correspond à la totalité du site, dont
fait partie la zone exploitée. Afin de pouvoir comparer les trois cas, nous retiendrons les
dimensions 200 * 200 m pour le cas 3.
L’aquifère, pour les deux premiers cas, se situe juste après la dernière couche d’argile. Nous
faisons l’hypothèse qu’il n’existe pas de zone non saturée, d’une part parce que le flux de
polluants est constant et continu et d’autre part pour simplifier les calculs. Les
caractéristiques de l’aquifère sont les suivantes :
- K = 10-4 m/s,
- Gradient hydraulique = 0,5 %,
- Porosité = 0,3,
- Tortuosité = 0,7,
- Epaisseur = 30 m.
D’après ces données, on peut calculer le flux de Darcy, q :
r ∂H
q = K* = 5.10 − 7 m / s (n°6)
∂Z
Pour le cas 3, le fond du CSD se trouve sur le toit d’un niveau perméable (cote NGF = 52 m),
il s’agit du calcaire grossier du Lutétien moyen et se situe juste au dessus de la nappe de
l’Eocène inférieur (cote NGF = 50 m), dont l’écoulement se fait vers la rivière, qui se situe à
moins de 500m au nord-est de la décharge (cf coupe géologique en annexe 5). Son débit est
de l’ordre de 20 à 50 m 3/h, soit compris entre 5,5.10-3 et 1,4.10-2 m 3/s. La vitesse
La composition des lixiviats est donnée en annexe 2. On considère qu’elle n’évolue plus, et
que l’émission de lixiviat est constante. Si les risques s’avéraient importants, il serait plus
réaliste de considérer la décroissance de la source. Cette approche pose le problème de la
définition du temps à partir duquel on peut considérer que le potentiel polluant des déchets
est épuisé, et à quelle vitesse se fait cette décroissance.
Pour les cas 1 où une géomembrane existe, la vitesse de fuite est prise égale à
- 2,47.10-14 m/s dans le scénario A
- 1,15.10-10 m/s dans le scénario B
Ces deux vitesses correspondent à des conditions de contact différentes, à une surface de
défaut de 3,1.10-6 m², et une hauteur de lixiviat de 0,3 m. Le scénario B présente un niveau
d’exposition plus élevé, du fait de la présence d’une interface entre la géomembrane et la
couche d’argile, et de mauvaises conditions de contact.
Pour les cas 2 et 3, le débit est pris égal au potentiel de production de lixiviats bruts. En
France, ce potentiel est compris entre 117 m3/ha/mois et 266 m3/ha/mois, soit compris entre
6,8.10-9 m/s et 1.10-8 m/s, d’après une étude Inter-Agence de l’Eau [2]. La valeur minimale
correspond à un site à fond imperméable et le maximum à un site non couvert. Ces valeurs
ne sont pas tout à fait adaptées à notre cas de figure, puisque le fond de notre décharge est
perméable dans le cas 3 et que notre site est recouvert. De plus, ce sont des débits
mesurés, on ne connaît ni la pluviométrie locale, ni le potentiel d’eau de ruissellement, ni la
charge de lixiviat sous les déchets. A défaut de disposer d’autres données sur le sujet, nous
retiendrons :
• la valeur moyenne de ces deux valeurs soit 220 m3/ha/mois, qui correspond à
8,5.10-9 m/s pour le cas 3,
• la borne inférieure pour le cas 2, soit 6,8.10-9 m/s en considérant que 6 m de
matériau argileux à 10-6 m/s en fond de site offre une perméabilité plus réduite.
Le tableau suivant résume les choix qui ont été faits précédemment :
La vitesse d’infiltration dans le sol peut être calculée à l’aide de la loi de Darcy :
∂H
K *−
V= ∂Z (n°7)
ω
Avec K, la conductivité du sol, en m/s,
∂H
, le gradient hydraulique dans le sol,
∂Z
ù, la porosité cinématique.
Ceci est valable temporairement lorsque l’apport est suffisant, le sol est alors limitant. Dans
notre cas, l’apport en lixiviat est faible, et c’est lui qui est limitant et déterminant pour la
vitesse d’infiltration, et non le sol. Les vitesses d’infiltration au sens de Darcy prises en
compte dans le modèle sont donc celles présentées dans le tableau n°8.
Concernant la mobilité des éléments dans le sol, et les mécanismes d’atténuation qui
interviennent, Bagchi (1987) [30] précise que l’arsenic, le cadmium et le nickel ont une
mobilité modérée dans un environnement argileux mais supérieure à celle du chrome, du
plomb et du zinc. Pour les éléments organiques, le tétrachloroéthylène est le plus retardé
(Kd = 17.3 cm3/g), viennent ensuite le trichloroéthylène (Kd = 8.3 cm3/g), le tétrachlorure de
carbone (Kd = 0.42 cm3/g) et le benzène (Kd = 0.34 cm3/g) [28].
Dans notre modélisation, nous ne considérons que la dilution et la dispersion comme
mécanismes d’atténuation. Ce choix est majorant puisque la rétention dans le milieu n’est
pas prise en compte.
Le but de notre étude est de déterminer s’il existe ou non un impact sanitaire lié aux lixiviats
des CSD. Il convient de se placer dans des conditions de transfert majorantes : si le risque
est nul dans ces conditions, il est inutile d’affiner la modélisation du transfert dans le sol.
L’US EPA [18] a constaté que pour 15 % des décharges, il existait un puits à 300 m et que
pour 25 % des décharges, le puits était à 500 m.
Réglementairement, la zone d’exploitation de la décharge doit être à plus de 200 m de la
limite de propriété du site (article 9 de l’arrêté du 9 septembre 1997). Si l’on considère un cas
extrême, on peut envisager qu’un particulier possède un puits à 200 m de la source.
Concernant les captages d’alimentation en eau potable (AEP), on se place à 500 m pour le
scénario extrême et à 1000 m pour une situation moins pénalisante.
Les deux types de captage (public et privé) se situent à l’aval de la source.
Afin de comparer les trois cas et de se placer dans des conditions réalistes et optimales pour
la modélisation, nous avons réalisé une étude de sensibilité de certains paramètres du
modèle. La concentration initiale prise en compte dans les calculs est égale à 1 mg/l.
Pour les trois cas étudiés, on observe qu’au bout d’un certain temps un plateau de
concentration est atteint (cf figure n°2 : les résultats pour les deux scénarios du cas 1 étant
similaires, nous avons choisi de ne représenter que le scénario B afin de ne pas surcharger
le graphique). Pour le cas 3, ce plateau de concentration est atteint beaucoup plus vite, car
Le graphique qui suit donne une bonne indication de la tendance des résultats chiffrés qui
seront présentés dans le paragraphe 2.5 : à t = 150 ans, les concentrations calculées pour le
cas 1 et 2 sont nettement plus faibles que celles calculées pour le cas 3.
Remarque : la concentration pour le cas 3 devient inférieure à celle calculée pour le cas 2 à
partir d’environ t = 300 ans. Ceci est dû à la vitesse de l’eau dans l’aquifère, qui est plus
élevée dans le cas 3, et qui permet une meilleure dilution de la concentration. Une analyse
plus fine de l’influence de la vitesse de l’eau dans l’aquifère sur les concentrations est
détaillée en annexe 6.
8.00E-02
Concentration (mg/l)
Cas 1
6.00E-02
Cas 2
Cas 3
4.00E-02
2.00E-02
0.00E+00
100 300 500 700 900 1100 1300 1500
Temps (an)
Figure n°2 : Evolution des concentrations pour les trois cas d’étude à 200 m de la source.
Le logiciel MISP permet de calculer des concentrations à une distance verticale, latérale et
horizontale de la source.
Pour le positionnement horizontal par rapport à la source, prenons à titre d’exemple, les
résultats pour le cas 2, sachant que pour les deux autres cas, les observations sont
identiques :
Cas 2 : Evolution de la concentration en fonction du temps
pour différentes distances à la source
1.00E-01
Concentration (mg/l)
8.00E-02
6.00E-02 D=200 m
D=500 m
4.00E-02 D=1000m
2.00E-02
0.00E+00
0 2000 4000 6000 8000 10000
Temps (an)
Le plateau de concentration est atteint plus vite lorsqu’on est proche de la source.
La différence de concentration est importante selon l’emplacement du captage : plus on
s’éloigne de a source et plus la concentration est faible. Cette différence s’atténue avec le
temps : à t = 400 ans, il existe un facteur 105 entre la concentration observée à d = 200 m et
celle calculée à d = 1000 m. Au niveau du plateau des concentrations, ce facteur est plus
faible, il est de l’ordre de 3,5. L’emplacement des captages a donc une grande influence sur
les concentrations étant donné que nous nous plaçons à t = 150 ans.
Un exemple de fichier d’entrée pour le logiciel MISP ainsi qu’un exemple de fichier de sortie
des résultats sont présentés en annexe 8.
Une grande partie des informations qui suivent est issue des fiches de données
toxicologiques et environnementales des substances dangereuses établies par l’INERIS,
consultables sur leur site internet. Certains éléments sont encore en cours d’étude
(trichloroéthylène, arsenic, chrome, …). Les autres informations proviennent soit de
l’ATSDR, soit du Ministère de l’Environnement de l’Ontario.
Tableau n°12 : Principales voies d’exposition aux contaminants et leurs organes cibles.
La relation dose-réponse, spécifique d’une voie d’exposition, établit un lien entre la dose de
substance mise en contact avec l’organisme et l’occurrence d’un effet toxique jugé critique.
Cette fonction est synthétisée par une entité numérique, appelée valeur toxicologique de
référence (VTR). Deux catégories de relation dose-réponse sont considérées en évaluation
des risques, selon le mécanisme de survenue des effets toxiques.
Ce sont des effets non cancérigènes, non mutagènes, non génotoxiques, dont la gravité est
proportionnelle à la dose. Les effets ne surviennent que si une certaine dose est atteinte et
dépasse les capacités de détoxication, de réparation de l’organisme. Pour une exposition
Il s’agit pour l’essentiel des effets cancérigènes génotoxiques, pour lesquels la fréquence
mais non la gravité, est proportionnelle à la dose. Ces effets réputés sans seuils pourraient
apparaître quelque soit la dose reçue par l’organisme.
La VTR est un excès de risque unitaire (ERU) de cancer. Elle est spécifique d’une voie
d’exposition et d’un effet. L’ERU est la probabilité supplémentaire, par rapport à un sujet
non-exposé, qu’un individu contracte un cancer s’il est exposé toute sa vie à une unité de
dose du composé chimique cancérigène. Pour la voie orale (et cutanée), l’ERU est l’inverse
d’une dose et s’exprime en (mg/kg.j)-1. EIle fournit la probabilité individuelle, théorique, de
contracter un cancer pour une exposition vie-entière égale à 1 mg/kg.j de produit toxique.
Pour la voie respiratoire, l’ERU est l’inverse d’une concentration dans l’air, exprimée en
(µg/m3)-1.
Les cases non renseignées signifient que le polluant n’a pas d ‘effet toxique par cette voie
d’exposition, ou que cette valeur n’a pas pu être mis en évidence, ou qu’il manque des
informations pour en déduire une valeur toxicologique pour l’homme (*).
Un polluant peut exercer sa toxicité sur un organisme par trois voies d’exposition :
l’ingestion, l’inhalation, le contact cutané. L’effet toxique résulte de l’exposition par une ou
3.2.2.1 L’ingestion
3.2.2.2 L’inhalation
L’exposition des populations par le vecteur aérien est également possible. Des propriétés
physico-chimiques permettent aux polluants de se disperser dans l’air et d’atteindre des
individus. L’inhalation peut avoir lieu lors d’une douche, lors de l’utilisation de l’eau du puits
du particulier.
Afin de calculer la dose inhalée, il faut connaître d’une part le débit ventilatoire d’un individu
et d’autre part la concentration dans l’air à laquelle il est exposé.
Le débit ventilatoire est estimé à 20 m 3/jr, soit pour un adulte de 70 kg à 0.28 m 3/kg/jr.
Le calcul de la concentration dans l’air pour chaque polluant suppose de connaître la
constante de Henry de chacun pour calculer la quantité volatilisée, la ventilation de la salle
de bain ou la vitesse du vent pour estimer la dispersion des polluants, la durée de
l’exposition, etc.
Il va avoir lieu lors des bains ou des douches, ou lors de l’arrosage du jardin. La surface
cutanée d’un adulte est de 2,6.10-2 m²/kg et de 3,8.10-2 m²/kg pour un enfant. Il n’existe pas
de VTR spécifique pour la voie cutanée. Nous ne pourrons pas calculer de risque pour cette
voie d’exposition.
Tableau n°15 : tableau récapitulatif des voies d’exposition par le vecteur eau.
VECTEUR INGESTION INHALATION CONTACT CUTANE
Eau du Ingestion directe par la consommation Inhalation pendant Contact cutané
d’eau les douches, bains pendant
robinet
les douches, bains
Eau du Ingestion indirecte par la consommation Inhalation lors Contact cutané lors de
de légumes et fruits irrigués par l’eau, de l’arrosage l‘arrosage
puits
Ingestion de volailles, poissons et œufs,
ayant consommés de l’eau contaminée
Pour caractériser le risque lié à ces effets, il faut calculer un quotient de danger (QD) égal au
rapport de la dose moyenne journalière sur la VTR, pour la voie d’exposition considérée.
Cette valeur numérique n’est pas un risque mais donne une indication qualitative : un rapport
inférieur à 1 signifie que la population exposée est théoriquement hors de danger, alors
Pour les effets cancérigènes et mutagènes, l’évaluation des risques est quantitative. La
probabilité d’occurrence du cancer pour la vie entière des sujets exposés qui vient s’ajouter
au risque de base non lié à cette exposition, est appelée excès de risque individuel (ERI) :
elle est calculée en multipliant, pour chaque voie, l’ERU avec la dose journalière totale « vie
entière ».
Les risques en rapport avec une exposition simultanée à plusieurs produits cancérigènes
peuvent être additionnés par l’usage de facteur d’équivalence toxique, quand ils
appartiennent au même groupe chimique.
3.4 RESULTATS
Avant d’appliquer la démarche d’évaluation des risques à nos trois cas d’étude, des
observations doivent être faites concernant les valeurs obtenues dans l’aquifère.
Pour les risques liés à l’utilisation du puits chez un particulier, c’est-à-dire pour les
concentrations calculées à une distance de 200 m par rapport à la source, on constate que
ces valeurs sont déjà faibles et qu’elles sont toutes (sauf pour le chlorure de vinyle pour le
cas 2) inférieures aux seuils de qualité de l’eau destinée à la consommation humaine, quand
ces valeurs existent (absence de valeurs françaises pour le zinc et le toluène). Si ces eaux
sont propres à la consommation humaine, elles sont d’autant plus acceptables pour
l’irrigation des jardins ou l’abreuvement des animaux. Le calcul de risque pour l’exposition
par l’ingestion de légumes ou de volailles contaminées n’a plus lieu d’être réalisé, de même
pour l’exposition par inhalation et par contact cutané.
*Pour le toluène et le tétrachlorure de carbone, les valeurs guides pour les eaux de
consommation sont fournies par l’OMS (1994). Ces éléments ne font pas l’objet d’une valeur
limite dans le décret du 20 décembre 2001 relative aux eaux destinées à la consommation
humaine.
**Valeur également donnée par l’OMS : elle correspond au seuil à partir duquel les
consommateurs vont se plaindre du goût ou de l’apparence de l’eau de boisson.
Tableau n°17 : Comparaison des normes pour l’eau potable avec les concentrations des
différents éléments, aux différentes distances par rapport à la source, pour le cas 3.
C initiale CAS 3 Normes eau
mg/l D=200 m D=500m D=1000m potable (mg/l)
Arsenic 0.13 1.04E-03 5.05E-04 1.54E-04 1.00E-02
Benzène 1.63 1.27E-02 6.19E-03 1.89E-03 1.00E-03
Chlorure de vinyle 5.57 4.34E-02 2.12E-02 6.46E-03 5.00E-04
Chrome 0.10 7.80E-04 3.80E-04 1.16E-04 5.00E-02
Nickel 13.00 1.01E-01 4.94E-02 1.51E-02 2.00E-02
Cadmium 0.40 3.12E-03 1.52E-03 4.64E-04 5.00E-03
Plomb 5.00 3.90E-02 1.90E-02 5.80E-03 1.00E-02
Trichloroéthylène 0.40 3.12E-03 1.52E-03 4.64E-04 1.00E-02
Tétrachloroéthylène 0.7 5.46E-03 2.66E-03 8.12E-04 ensemble
Tétrachlorure de carbone 0.99 7.76E-03 3.78E-03 1.15E-03 2.00E-03
Toluène 18.00 1.40E-01 6.84E-02 2.09E-02 7.00E-01
Zinc 1000.00 7.80E+00 3.80E+00 1.16E+00 3.00E+00
• Par ingestion
Ä Si le captage est à 500 m
HOMME ENFANT
Quotient de danger Excès de risque Quotient de danger
-5
Arsenic 0,054 2,43.10 0,074
-5
Benzène _ 1,09.10 _
-4
Chlorure de vinyle 34 4,88.10 46,6
Chrome 0,004 _ 0,006
Nickel 0,200 _ 0,270
Cadmium 0,243 _ 0,334
Plomb 0,174 _ 0,239
Trichloroéthylène _ _ _
Tétrachloroéthylène 0,008 _ 0,012
-5
Tétrachlorure de carbone 0,170 1,6.10 0,238
Toluène 0,011 _ 0,015
Zinc 0,405 _ 0,405
Le seul quotient de danger supérieur à 1 est celui du chlorure de vinyle. Les quotients de
danger proche de 1 sont ceux du nickel, le cadmium, le plomb, le tétrachlorure de carbone et
le zinc. Les excès de risque pour l’arsenic, le benzène, le chlorure de vinyle et le
tétrachlorure de carbone sont supérieurs à 10 -6. Les quotients de danger sont supérieurs
pour l’enfant, ce qui est logique puisque leur poids corporel est inférieur à celui des adultes.
Le chlorure de vinyle est l’élément qui présente le plus de risque, aussi bien au niveau des
effets systémiques que des effets cancérigènes.
Tableau n°19 : Quotient de danger et excès de risque des différents, pour le cas 3, lorsque le
captage AEP est à 1000 m de la source.
HOMME ENFANT
Quotient de danger Excès de risque Quotient de danger
-5
Arsenic 0,027 1,21.10 0,037
-6
Benzène _ 5,45.10 _
-4
Chlorure de vinyle 16,90 2,44.10 23,30
Chrome 0,002 _ 0,0028
Nickel 0,099 _ 0,136
Cadmium 0,122 _ 0 ,167
Plomb 0,087 _ 0,12
Trichloroéthylène _ _ _
Tétrachloroéthylène 0,003 _ 0,0036
-6
Tétrachlorure de carbone 0,053 4,8.10 0,072
Toluène 0,005 _ 0,0075
Zinc 0,203 _ 0,203
Le quotient de danger pour le chlorure de vinyle reste supérieur à 1. Les autres quotients de
dangers proches de 1 sont ceux du zinc et du cadmium. Les excès de risque, quant à eux,
restent élevés pour l’arsenic et le chlorure de vinyle.
• Par inhalation
Le risque par inhalation suppose de connaître la fréquence de douche des individus, la
dimension des salles de bains, la ventilation de la pièce afin d’estimer la concentration de
Le puits étant placé à 200 m de la source, les concentrations des polluants sont élevées.
L’utilisation de ce puits suppose une exposition aux polluants par la consommation de
légumes, fruits contaminés par irrigation, par la consommation de volailles, poissons, œufs
contaminés, par l’inhalation et par le contact cutané avec les polluants pendant l’arrosage.
Ces expositions sont très complexes à estimer car elles sont fonction de caractéristiques
propres à chaque polluant, à chaque aliment, et nécessite une connaissance de l’activité
humaine assez précise : durée de l’arrosage et sa fréquence, volume d’eau utilisé, qui est
lui-même fonction de la taille du potager. Aborder cette exposition de façon théorique
amènerait à poser de nombreuses hypothèses pour ces données, une enquête est là encore
préférable pour appréhender ces expositions et pourrait faire l’objet d’un travail
complémentaire à celui-ci.
Concernant les centres de stockage répondant aux exigences de l’arrêté de 1997, les
risques sanitaires liés aux fuites de lixiviats n’ont pas pu être mis en évidence dans cette
étude. En effet, les concentrations des éléments choisis étaient nuls, et ce quel que soit la
distance par rapport à la source étudiée.
Pour les centres de stockage sans géomembrane mais présentant 6 m d’argile à 10 -6 m/s
(cas 2), le risque sanitaire peut résider uniquement dans l’usage d’un puits à proximité d’un
centre de stockage. Le seul élément qui semble être à surveiller, est le chlorure de vinyle.
En revanche pour l’ancien site de stockage des déchets (cas 3), les résultats pour
l’exposition par ingestion d’eau du robinet sont préoccupants (quotient de danger > 1 ou
proches de 1, pour 6 substances sur 10, et quatre excès de risque > 10 -6), lorsque le captage
est situé à 500 m. Ces résultats s’améliorent légèrement lorsqu’il se situe à 1000 m. Cette
voie d’exposition est la plus directe. Etant donné les résultats, on peut s’attendre à un risque
sanitaire plus élevé, lié à la prise en compte des autres voies d’exposition. Pour connaître ce
risque, un travail supplémentaire de recueil de données de terrain et bibliographique serait
nécessaire. Toutefois, ces résultats sont à nuancer, du fait des nombreuses hypothèses qui
ont été faites, et qui sont discutées dans le paragraphe suivant.
Une discussion des résultats est indispensable : en effet, l’évaluation des risques sanitaires
repose sur une série d’hypothèses, qui doivent être énoncées de façon transparente. Selon
les choix adoptés, les résultats finaux de l’étude peuvent être divergents.
Lors de la synthèse bibliographique, nous avons travaillé sur des données assez anciennes
(exemple : 1971) et dont l’origine n’était pas très sûre : peut-on estimer que ces données
sont représentatives de la composition des lixiviats actuels ? Par manque de données plus
récentes et d’informations ne concernant que les lixiviats issus de déchets ménagers, nous
avons dû considérer toutes les données, même celles dont l’origine était moins certaine. De
ce fait, certaines concentrations ont pu être majorées, malgré la révision des maximum que
nous avons réalisé. Afin d’améliorer la représentativité des lixiviats actuels, une veille des
études concernant ce sujet pourrait être entreprise.
De plus, avec les valeurs collectées dans la littérature, les conditions de prélèvement,
d’analyse, les conditions de la décharge sont rarement renseignées.
Parmi les 47 éléments toxiques présents dans les lixiviats, nous en avons retenu 12, en
fonction de leur représentativité dans les lixiviats (fréquence, concentration, toxicité).
D’autres substances auraient pu être sélectionnées. Il peut exister des substances non
identifiées, présentant un impact sanitaire important mais qui ne sont pas mesurées
actuellement. Les centres de stockage peuvent en effet contenir une variété très importante
de molécules de synthèses ou naturelles, étant donné que les industriels utilisent plus de
70 000 substances synthétiques, et de l’ordre de 1000 nouvelles substances par an. Seules
quelques unes ont fait l’objet d’une étude approfondie sur le plan toxicologique, comportant
une analyse des effets à long terme.
Depuis 1997, la configuration des centres de stockage est réglementée. Nous avons donc
choisi d’étudier ce cas réglementaire, en considérant deux scénarios concernant les fuites de
lixiviats. Mais beaucoup de sites ne répondent pas à ces exigences, notamment les
anciennes décharges. En France, le nombre de décharges brutes et dépôts sauvages est
estimé à plus de 6000, Barthelemy et al . (2002) [36]. Nous avons donc retenu un cas réel.
Ce cas réel n’a pas la prétention d’être représentatif de l’ensemble des anciennes
La durée moyenne entre deux déménagements est de 12 ans, le fait de considérer une
exposition vie-entière (soit 70 ans) tend à surestimer l’exposition et donc les risques.
http://www.tera.org
http://www.epa.gov/iris/
http://www.ineris.fr/recherches/fiches1.htm
http//aida.ineris.fr
http://www.ademe.fr/collectivites/Dechets-new/Mots-chiffres/default.htm
http://www.atsdr.cdc.gov
http://www.who.int/water_sanitation_health/GDWQ/Summary_tables/Sumtab.htm
Phase I :
Elle consiste en une oxydation de la matière organique en CO 2 et en H2O. Le potentiel
d’oxydo-réduction du milieu est élevé. La teneur en oxygène diminue, consommé par les
bactéries aérobies, tandis qu’apparaît simultanément le dioxyde de carbone.
Phase II :
C’est une phase de transition vers l’anaérobiose. Les fermentations (acidogenèse) et
l’acétogénèse débutent, le CO 2 et les acides gras volatils (AGV) s’accumulent, ce qui
entraîne une diminution du pH. La production d’AGV provoque un pic de DCO. La
fermentation fait apparaître une faible quantité d’hydrogène. La concentration en calcium, fer
et métaux lourds augmente dans le lixiviat à cause de la baisse du pH qui facilite la mise en
solution. Les ions NH4+ s’accumulent du fait de la réduction de l’azote protéique et de l’azote
de l’air. La concentration en ions sulfates diminue, ils sont réduits en H2S ou forment des
précipités avec le calcium, le fer, certains métaux lourds.
Phase III :
Les conditions d’anaérobiose sont établies ; le potentiel d’oxydoréduction décroît fortement.
La production de méthane (méthanogénèse) débute en même temps que le dioxyde de
carbone et l’hydrogène commence à être consommés.
La DCO décroît avec la production d’acétate (acétogénèse). Les AGV sont consommés, le
pH augmente, jusqu’à la neutralité. La concentration en ions HCO3 - augmente, ce qui
contribue à une élévation du pouvoir tampon du milieu et du pH. L’augmentation du pH
diminue la solubilité des métaux qui précipitent sous forme de sulfures, ce qui explique la
baisse de leur concentration dans le lixiviat.
Phase IV :
La production de méthane atteint un plateau, qui correspond à une croissance maximale des
bactéries méthanogènes. Le taux de dioxyde de carbone reste constant également. La DCO
continue de décroître tandis que les AGV disparaissent. Le pH et le pouvoir tampon restent
constants. Cette phase stable cesse lorsque l’un des substrats bactériens devient limitant
(exemple : le phosphate).
Phase V :
L’activité bactérienne diminue et la production de dioxyde de carbone et de méthane cesse.
Le potentiel d’oxydoréduction augmente à nouveau avec l’apparition d’oxygène (20%) et
d’azote (80%) dans le milieu. Le mécanisme probable de cette réintroduction est la diffusion
de l’air depuis la surface de l’alvéole. Cette diffusion était inhibée lors des phases
précédentes par le flux vers le haut de méthane et de dioxyde de carbone. Par la suite, la
composition du lixiviat restera stable et ses constituants seront très faiblement
biodégradables.
Le tableau suivant permet de suivre l’évolution de plusieurs paramètres en fonction des
différentes phases décrites précédemment.
Les informations contenues dans ce tableau sont confirmées par de nombreuses études, qui
indiquent toutes la même tendance (Ehrig and Scheelhaase (1993) [3], El Fadel and al.
(2002) [4], L. Liberty and al. [5].)
ND : non déterminé
EFFETS CANCEROGENES
NOAEL : c’est la dose la plus élevée d’une substance à laquelle aucun effet toxique n’est
observée. (OMS, 1990).
LOAEL (lower observed adverse effect level) : c’est la plus faible dose d’une substance qui
provoque des modifications adverses distinctes de celles observées chez des animaux
témoins.
HC = Health Canada
NC = non cancérigène
C = cancérigène
I = Ingestion
H = inhalation
Ä Sollicitations mécaniques
Ä L’exposition solaire
Les contraintes mécaniques ne sont pas les seules causes possibles de la présence de
défauts dans la géomembrane. Ceux-ci peuvent en effet apparaître préalablement à la mise
en place de la couche granulaire drainante, lors de la pose de la géomembrane. Parmi ces
défauts, on trouve le défaut de soudure, soit parce que la soudure a été mal faite, soit parce
qu’elle n’a pas été faite du tout.
On désigne donc sous le terme défaut une non continuité de la géomembrane entraînant un
transfert advectif entre les deux faces de la géomembrane, quelle qu’en soit l’origine
(mécanique ou soudure défectueuse).
A gauche de la photo, on aperçoit la géomembrane plissée sous l’effet du soleil, tandis qu’à
droite l’exploitant met en place un nouveau rouleau de géomembrane, qui ne présente pas
ou peu de plis.
La vitesse de l’eau dans l’aquifère pour le cas 3 est égale à 5.10 -6 m/s. Elles est plus élevée
que pour les deux autres cas, où la vitesse est de 5.10-7 m/s. Afin d’appréhender plus
finement l’influence de ce paramètre, nous avons testé les vitesses suivantes pour le cas 3 :
V = 5.10-7 m/s, 1.10-6 m/s, 3.10-6 m/s et 7.10-6 m/s. Les concentrations sont calculées pour
une distance par rapport à la source égale à 200 m.
On constate que plus la vitesse est élevée et plus le plateau de concentration est atteint
rapidement, de plus, la concentration maximale est plus faible du fait de la dilution. Lorsque
la vitesse de l’eau dans l’aquifère est plus faible, la pollution arrive plus tardivement mais les
concentrations sont plus élevées. L’inversion de comportement semble se situer aux
alentours de 2.10 -6 m/s.
1.00E-01
Concentration (mg/l)
8.00E-02
0.00E+00
100 300 500 700 900
Temps (an)
Conclusion :
Si on s’intéresse à un impact sur une courte durée (200 ans) , il sera préférable d’avoir un
aquifère où la vitesse est faible, ce qui est notre cas puisque nous avons considéré que le
potentiel polluant d’un centre de stockage était limité dans le temps. En revanche pour une
pollution de longue durée, il sera préférable d’avoir une vitesse dans l’aquifère élevée afin
« d’amortir » la concentration maximale, quitte à en res sentir les effets plus tôt.
Comme on peut le constater sur le graphique qui suit, les concentrations sont plus fortes à la
surface de la nappe, et ce quelque soit la distance horizontale par rapport à la source.
Suite à ce constat, nous avons donc choisi de calculer les concentrations de nos différents
polluants à la surface de la nappe (Z = 0 m), sachant qu’un puit qui capterait plus en
profondeur dans l’aquifère permettrait d’avoir des concentrations plus faibles.
La source fait 200 m de large, ainsi sur le graphique qui suit, on observe des concentrations
élevées au niveau des 200 m centraux. Les concentrations diminuent vite dès que l’on
s‘éloigne latéralement du centre de la source. Fort de ce constat, nous avons choisi de
calculer les concentrations sans nous éloigner de ce centre (Y = 0 m), afin d’avoir l’impact
maximum.
Il s’agit des concentrations dans l’aquifère en aval de la zone source, à différents temps. La
distance horizontale par rapport à la source est fixée. MISP fournit également un deuxième
fichier de sortie, contenant les flux à la surface de la nappe sous la zone source.