Ohadata D-03-20: Économiques Dans L'espace OHADA Par La Cour Commune de Justice Et D'arbitrage (CCJA)
Ohadata D-03-20: Économiques Dans L'espace OHADA Par La Cour Commune de Justice Et D'arbitrage (CCJA)
Ohadata D-03-20: Économiques Dans L'espace OHADA Par La Cour Commune de Justice Et D'arbitrage (CCJA)
Nous allons voir qu’à travers chacune de ces fonctions, la CCJA s’est
révélée, depuis son installation effective le 4 avril 1997, comme étant une
Institution capable de promouvoir la sécurité juridique et judiciaire dans l’espace
OHADA.
De mon modeste point de vue, l’avis émis par la CCJA à cette occasion
restera pendant longtemps encore la référence incontournable pour toute
personne qui souhaite comprendre la philosophie du droit OHADA.
Etats parties des actes uniformes et institue, par ailleurs, leur suprématie sur les
dispositions de droit interne, antérieures ou postérieures.
Par son avis du 10 avril 2001, la CCJA a clarifié cet article 10 du traité qui
exprime toute la philosophie du droit OHADA.
De la sorte, on dispose d’un droit des affaires identique pour chacun des
pays constituant l’espace OHADA ; ce qui peut contribuer à accélérer
l’intégration économique, qui facilite le développement.
Outre la portée abrogatoire des actes uniformes sur le droit national, l’avis
émis par la CCJA le 10 avril 2001 fournit également une interprétation fort
intéressante de l’article 35 de l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage.
En effet, cet article 35 énonçant que « Le présent acte uniforme tient lieu
de loi relative à l’arbitrage dans tous les Etats parties », la CCJA précise que ce
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texte doit être interprété comme se substituant aux lois nationales existantes en
la matière, sous réserve des dispositions non contraires susceptibles d’exister en
droit interne.
En effet, la première conséquence est que pour ceux des pays qui
n’avaient pas de texte sur l’arbitrage, l’acte uniforme sus-évoqué est dorénavant
la loi relative à l’arbitrage dans ces pays.
Ainsi, grâce à cet avis, on sait que le juge étatique compétent pour
coopérer à l’arbitrage ou contrôler la sentence arbitrale dans ces pays qui
disposaient déjà d’un texte sur l’arbitrage est la juridiction que ledit texte
antérieur désigne, en attendant que les pays en question prennent, comme vient
de le faire le Cameroun, un nouveau texte spécifique pour désigner les
juridictions compétentes visées par l’acte uniforme dont il s’agit.
De son installation en avril 1997 au mois d’Août 2003, 162 pourvois ont
été soumis à la CCJA, qui a rendu 44 arrêts et 7 ordonnances. C’est dire
qu’actuellement environ 100 pourvois sont en instance devant cette juridiction
supranationale et ce chiffre est appelé à évoluer !
Les arrêts de cette dernière ont autorité de chose jugée et force exécutoire
dans chacun des Etats parties.
Par un arrêt rendu en date du 19 juin 2003, la CCJA a tranché l’une des
questions que l’avènement du droit OHADA a fait naître et qui a longtemps
divisé les praticiens du droit. Il s’agit de la question de savoir si les dispositions
relatives à l’exécution des décisions de justice et contenues dans le droit interne
de certains Etats parties ont ou non été abrogées par le droit OHADA.
Supposons à présent que l’on affirme, comme beaucoup l’ont fait avant
l’arrêt rendu le 19 juin 2003 par la CCJA, que du fait de l’avènement du droit
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Le risque serait grand pour les banques et, plus généralement, pour les
opérateurs économiques, de se voir dépouillés de leur fortune si, sur la base de
décisions de justice non définitives, ils ne peuvent pas obtenir la suspension de
l’exécution forcée desdites décisions, au motif que le droit OHADA aurait
abrogé les dispositions nationales réglementant l’exécution provisoire des
décisions de justice.
Il est heureux que, par cet arrêt du 19 juin 2003, la CCJA souligne la
spécificité de ces dispositions nationales réglementant l’exécution provisoire des
décisions de justice et consacre leur caractère complémentaire au droit OHADA.
De sorte que dans la situation que nous avons évoquée à titre d’exemple, la
Banque ou l’opérateur économique condamné à payer de l’argent à quiconque,
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par une décision qu’elle ou il conteste, peut exercer son recours contre ladite
décision et en solliciter voire obtenir la suspension de son exécution, en
attendant que la juridiction supérieure se prononce sur les mérites de son
recours.
Les faits ayant donné à la CCJA l’occasion de rendre son arrêt du 19 juin
2003 étaient les suivants : par une ordonnance en date du 8 août 2001, le juge
des référés de Douala, au Cameroun, avait déclaré la Société Générales des
Banques au Cameroun (SGBC) débitrice d’une société commerciale de la place
dénommée SOCOM Sarl, de diverses sommes d’argent parmi lesquelles des
intérêts de droit pour compter de la date du prononcé du jugement de
condamnation , soit le 15 mai 1993.
Au 8 août 2001, ces intérêts de droit, calculés sur la base d’un taux annuel
de 7,9%, s’élevaient à la somme de 200 024 599 Fcfa, somme que l’ordonnance
de référé du 8 août 2001 condamnait la SGBC à payer, ladite ordonnance de
référé étant assortie de l’exécution provisoire.
En fait, par cet arrêt du 19 juin 2003, la CCJA prend clairement position
par rapport à la question de savoir si les dispositions nationales relatives à
l’exécution provisoire des décisions de justice sont ou non complémentaires au
droit OHADA et répond par l’affirmative.
Cette originalité lui a pourtant valu, à sa conception, les critiques les plus
diverses, d’aucun voyant dans ladite originalité un mélange de genres qui
l’empêcherait de remplir convenablement tant sa fonction juridictionnelle que
celle d’administration des arbitrages.
A travers son arrêt du 19 juin 2003 que nous avons évoqué plus haut, nous
avons vu, s’agissant de sa fonction juridictionnelle, que la CCJA a à son actif
des décisions de justice qui sécurisent réellement les activités économiques dans
l’espace OHADA.
On doit relever, pour s’en féliciter, que pour l’heure, le mélange des
genres redouté par les uns et les autres à la conception de la CCJA ne s’est pas
encore produit, celle-ci assumant normalement aussi bien ses fonctions
juridictionnelles que celles d’administration des arbitrages.
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Ayant ainsi fait la preuve de son utilité, l’OHADA ne méritait-elle pas que
son Conseil des Ministres la dote d’un mécanisme autonome de financement ?