2 EAF2 Ma Boheme Questions Correction

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Texte 2 : « Ma Bohème » (fantaisie) : questions

Vers 1 à 8 (2 quatrains) :

1. Comment le poète évoque-t-il son vagabondage, son errance ?

Ce sonnet autobiographique présente l’errance de Rimbaud, poète vagabond et fugueur. Le premier


hémistiche (« Je m’en allais ») indique l’errance géographique, à l’aide d’un imparfait et inscrit la
marche dans un mouvement qui n’a ni début ni fin. Pas de but, d’objectif : le verbe « aller » est
employé sans complément, se suffit à lui-même.
La répétition du verbe au vers 3 (« J’allais sous le ciel ») accentue cette impression de liberté infinie,
et décrit le poète dans une solitude complète, loin de toute ville, de tout être vivant.
La langue et la versification irrégulière rendent compte de cette flânerie. Les alexandrins sont
disloqués, comme au vers 4 où une suite de monosyllabes désarticulent le trimètre (« Oh ! là ! là ! »).
Le découpage rythmique se fait chaotique à l’image de l’avancée du jeune homme sur les sentiers.

2. Comment le poète se présente-t-il ?

La pauvreté du jeune homme, autre aspect de la vie de bohème, est mise en scène dès le premier vers.
Mais, paradoxalement, sa pauvreté n’est pas source de malheur car le poète ne semble pas en souffrir.
Tous les éléments vestimentaires décrits se caractérisent par leur dénuement : les poches sont
«crevées », le paletot « idéal » – et il faut comprendre ici qu’il est si usé qu’il ne reste que l’idée d’un
manteau –, la culotte a « un large trou », et enfin, les souliers sont « blessés », c’est-à-dire troués
également.

3. À quoi le poète emploie-t-il son temps durant ce voyage ?

Le poète place son vagabondage sous le signe de la « Muse » (v. 3). À l’image de la poésie romantique,
le poète errant invoque l’inspiration venue du ciel. La Muse est apostrophée et personnifiée comme
une divinité qui guide le poète. Conformément à la tradition romantique, Rimbaud devient ici le vassal
poétique d’une Muse qui règne en maîtresse sur son inspiration.

4. En quoi le vers 4 marque-t-il une rupture ?

L’omniprésence de réalités triviales, voire antipoétiques comme les « poches » ou le « paletot »


correspond bien au sous-titre « fantaisie ». Mais ces objets sont associés à un élan lyrique inattendu :
les trois interjections dans les vers 3 et 4 « Oh ! Là ! Là ! », l’adresse à la « Muse ! », ou encore
l’hyperbole « Que d’amours splendides j’ai rêvées ! » dont le féminin pluriel pour les amours renvoie à
l'amour courtois.
Avec beaucoup d’humour, Rimbaud tourne aussi en dérision la grandiloquence de la poésie romantique
amoureuse. Cette antithèse est, encore une fois, ironique. Les mots à la rime sont systématiquement
antithétiques : « crevées » fait écho à « rêvées », « idéal » à « féal ». L’ironie est renforcée encore
par la familiarité de l’adresse à la Muse et l’anachronisme volontaire qui fait du poète le « féal »
médiéval de la « Muse » antique.

5. Comment l’image du « Petit-Poucet rêveur » est-elle amenée et filée ?


Le second quatrain poursuit le récit de cette fugue en pleine nature. Le poète s’identifie à la figure du
Petit-Poucet. Cependant, au lieu de semer des cailloux sur son chemin, le pantalon troué du poète sème
des « rimes », comme le souligne avec force le rejet au début du vers 7.

6. Montrez que le vagabondage du poète prend une dimension cosmique, merveilleuse

Le registre merveilleux, propre aux contes, amorcé par la figure du Petit-Poucet, ouvre la voie à un
univers fantastique et magique: elle est vécue comme un conte de fée. Le poète transforme en fugue
volontaire une exclusion contrainte, celle du conte initial.
La « Grande Ourse » (vers 7) peut évoquer l’ourse de Boucle d’Or, qui elle aussi erre dans la forêt. Le
poète dort à la belle étoile : « Mon auberge était à la Grande-Ourse », v. 7 La Grand ourse est la
constellation de l'étoile polaire, celle qui guide le voyageur et les rois mages dans la bible. Cette étoile
est en fait une planète, Vénus, c'est-à-dire, symboliquement, la déesse de la beauté.

Banni par sa mère, ou par les autres poètes, il se recrée une communauté dans une communion avec la
nature empreinte de merveilleux.

Vers 9 à 11 (tercet 1)

7. Comment l’exaltation de l’adolescent se traduit-elle ?

Le premier tercet dépeint la communion du poète vagabond avec la nature dans laquelle il trouve
refuge. La richesse de l’errance bohémienne est puisée dans la nature, tout comme le poète y puise ce
« vin de vigueur » qui lui redonne des forces.

Le rythme des vers et de la phrase mime cette richesse retrouvée : le « Et » initial lance la phrase,
prend de l’ampleur par l’enjambement qui donne l’impression qu’elle ne se finira pas. L’exaltation du
poète en vient à transfigurer la réalité. Ainsi le poète ne regarde pas les étoiles, mais il les écoute («
je les écoutais, assis au bord des routes », v. 9).

8. Quel rôle la nature joue-t-elle dans son bonheur ?

La nature, bienveillante et protectrice, joue un rôle central dans sa quête du bonheur car elle aiguise
ses sens.
La rosée provoque de multiples sensations (couleur, parfum, goût) qui établissent des correspondances
(synesthésie). On remarquera la position du poète fugueur, « assis au bord des routes » (et non au
milieu), attentif aux signes de la nature : c’est précisément sa marginalité, au sens propre comme au
sens figuré, qui lui permet de rentrer en contact avec la nature.

9. En quoi est-elle nourricière ?

La nature procure également au poète une nourriture spirituelle : « les gouttes de rosée » sont
comparées à « un vin de vigueur » (v. 11). Les « bons soirs de septembre » (v. 10) évoquent le mois des
vendanges quand les fruits arrivent à maturation, tels les rimes du poète, « égrenées »
précédemment, qui donnent à présent naissance à « un vin de vigueur ». Cette communion se trouve
achevée dans le fait de boire les « gouttes de rosée » devenues « vin de vigueur », comme partagées
avec le ciel et ses étoiles.

Vers 12 à 14 (tercet 2)

10. Comment l’errance s’accompagne-t-elle d’une transformation du paysage ?


Rimbaud exprime la joie d’écrire des vers au contact d’une nature qui est progressivement
transfigurée. Elle devient mystérieuse, à la fois menaçante et irréelle, comme le souligne l’expression
« ombres fantastiques ». Cependant, « fantastique » rime ironiquement avec « élastiques ».

11. Analysez l’humour du tercet. Relevez le jeu de mots du dernier hémistiche.

les lacets sont les cordes des « lyres », dans ce même mouvement d’abstraction du réel. On a d’un
côté un mouvement de gymnastique improbable – « un pied près de mon cœur » – et, de l’autre, la
référence à la lyre qui désigne toute la poésie lyrique inspirée d’Orphée. Rimbaud se moque ainsi
ouvertement du lyrisme traditionnel.

Le poète joue probablement sur le double sens du mot « pied » : le terme renvoie à la chaussure du
poète marcheur, mais aussi à la mesure du vers latin qui n’est pas la syllabe, mais le « pied »

On peut voir une personnification des souliers troués, ou encore une hypallage : c’est le poète, qui est
blessé. Et l’on retrouve alors une expression plus simple du lyrisme, celle de la plainte, de la
souffrance du poète qui, pour être mises à distance, n’en sont pas moins réelles et sublimées par la
création poétique.

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