2 EAF2 Ma Boheme Questions Correction
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Vers 1 à 8 (2 quatrains) :
La pauvreté du jeune homme, autre aspect de la vie de bohème, est mise en scène dès le premier vers.
Mais, paradoxalement, sa pauvreté n’est pas source de malheur car le poète ne semble pas en souffrir.
Tous les éléments vestimentaires décrits se caractérisent par leur dénuement : les poches sont
«crevées », le paletot « idéal » – et il faut comprendre ici qu’il est si usé qu’il ne reste que l’idée d’un
manteau –, la culotte a « un large trou », et enfin, les souliers sont « blessés », c’est-à-dire troués
également.
Le poète place son vagabondage sous le signe de la « Muse » (v. 3). À l’image de la poésie romantique,
le poète errant invoque l’inspiration venue du ciel. La Muse est apostrophée et personnifiée comme
une divinité qui guide le poète. Conformément à la tradition romantique, Rimbaud devient ici le vassal
poétique d’une Muse qui règne en maîtresse sur son inspiration.
Le registre merveilleux, propre aux contes, amorcé par la figure du Petit-Poucet, ouvre la voie à un
univers fantastique et magique: elle est vécue comme un conte de fée. Le poète transforme en fugue
volontaire une exclusion contrainte, celle du conte initial.
La « Grande Ourse » (vers 7) peut évoquer l’ourse de Boucle d’Or, qui elle aussi erre dans la forêt. Le
poète dort à la belle étoile : « Mon auberge était à la Grande-Ourse », v. 7 La Grand ourse est la
constellation de l'étoile polaire, celle qui guide le voyageur et les rois mages dans la bible. Cette étoile
est en fait une planète, Vénus, c'est-à-dire, symboliquement, la déesse de la beauté.
Banni par sa mère, ou par les autres poètes, il se recrée une communauté dans une communion avec la
nature empreinte de merveilleux.
Vers 9 à 11 (tercet 1)
Le premier tercet dépeint la communion du poète vagabond avec la nature dans laquelle il trouve
refuge. La richesse de l’errance bohémienne est puisée dans la nature, tout comme le poète y puise ce
« vin de vigueur » qui lui redonne des forces.
Le rythme des vers et de la phrase mime cette richesse retrouvée : le « Et » initial lance la phrase,
prend de l’ampleur par l’enjambement qui donne l’impression qu’elle ne se finira pas. L’exaltation du
poète en vient à transfigurer la réalité. Ainsi le poète ne regarde pas les étoiles, mais il les écoute («
je les écoutais, assis au bord des routes », v. 9).
La nature, bienveillante et protectrice, joue un rôle central dans sa quête du bonheur car elle aiguise
ses sens.
La rosée provoque de multiples sensations (couleur, parfum, goût) qui établissent des correspondances
(synesthésie). On remarquera la position du poète fugueur, « assis au bord des routes » (et non au
milieu), attentif aux signes de la nature : c’est précisément sa marginalité, au sens propre comme au
sens figuré, qui lui permet de rentrer en contact avec la nature.
La nature procure également au poète une nourriture spirituelle : « les gouttes de rosée » sont
comparées à « un vin de vigueur » (v. 11). Les « bons soirs de septembre » (v. 10) évoquent le mois des
vendanges quand les fruits arrivent à maturation, tels les rimes du poète, « égrenées »
précédemment, qui donnent à présent naissance à « un vin de vigueur ». Cette communion se trouve
achevée dans le fait de boire les « gouttes de rosée » devenues « vin de vigueur », comme partagées
avec le ciel et ses étoiles.
Vers 12 à 14 (tercet 2)
les lacets sont les cordes des « lyres », dans ce même mouvement d’abstraction du réel. On a d’un
côté un mouvement de gymnastique improbable – « un pied près de mon cœur » – et, de l’autre, la
référence à la lyre qui désigne toute la poésie lyrique inspirée d’Orphée. Rimbaud se moque ainsi
ouvertement du lyrisme traditionnel.
Le poète joue probablement sur le double sens du mot « pied » : le terme renvoie à la chaussure du
poète marcheur, mais aussi à la mesure du vers latin qui n’est pas la syllabe, mais le « pied »
On peut voir une personnification des souliers troués, ou encore une hypallage : c’est le poète, qui est
blessé. Et l’on retrouve alors une expression plus simple du lyrisme, celle de la plainte, de la
souffrance du poète qui, pour être mises à distance, n’en sont pas moins réelles et sublimées par la
création poétique.