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DOCUMENTS DE TRAVAIL
ABSTRACT : While the oil section, prime-mover of the Gabonese economy, reaches
a critical step of its evolution; uranium and maganese fields are growing slimmer year
after year, and while the country is facing a very delicate crisis, the Gabonese
authorities, as most of developing countries, consider that the success of the economic
stimulation depends on private national or foreign investment. In this way, state
progressively let the productive sector free, privatising state owned companies, and
promoting private enterprise. These reforms requires a change in the habits and of the
economic actions implemented by the government and most of all the capacity to
develop the entrepreneurship function in a population accustomed to the incomes
coming from the oil rent.
SOMMAIRE
INTRODUCTION 4
I- MODELE DE DEVELOPPEMENT EN 4
MANQUE D' ENTREPRENEURS
I-1 : Une économie fondée sur la rente 4
I-2 : Quelques caractéristiques d' entreprise privée 7
I-3 : Qui sont les créateurs d' entreprise 8
I-4 : Les contraintes liées à la création des PME locales 9
CONCLUSION 18
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE 20
INTRODUCTION
Il ne s'agit pas d'un hasard. En fait, nous sommes face à un constat : l'Etat providence que les
autorités gabonaises ont pensé construire a été un échec. Le gouvernement (s'appuyant sur la
rente) en se faisant investisseur, gestionnaire d'une partie du secteur productif et pourvoyeur
principal d' emploi, a dispersé son énergie et est devenu inefficace dans l'accomplissement de
ses tâches propres.
Ce modèle de politique économique n'a pas suscité le décollage de son économie à l'instar
des Nouveaux pays Industriels Asiatiques. L'absence d'un secteur privé fort serait la
principale cause du mal-développement du pays. C' est de sa capacité de création de véritables
entreprises que dépend sa croissance future.
Aux côtés des aspects descriptifs de l'économie, des finances et notamment de la faiblesse des
investissements privés nationaux, cette étude comprend de réflexions sur le modèle
économique gabonais lui-même hérité de la colonisation et perverti par le système politique
monolithique adopté dès 1968. Elle montre la nécessité de l'Etat à s'impliquer, dans
l'économie, incite les collectivités locales, syndicats, associations professionnelles… à
prendre part largement dans les débats économiques.
En dépit d'une abondance de richesse naturelle et d'une faible population (1 014 976
habitants), le Gabon traverse une crise économique particulièrement délicate depuis quelques
années, ayant pour origine la variation incessante du prix du pétrole, du bois, du manganèse et
de l'uranium. La baisse brutale des revenus pétroliers, conjuguée avec la crise des marchés du
bois et du manganèse ainsi que la fermeture des mines d’uranium en 1998 ont affecté
lourdement sa balance des paiements et ont provoqué un déficit budgétaire qui s’est accentué
au cours de l’année 2000.
L’activité pétrolière occupe une place prépondérante dans l’économie nationale laquelle est de
ce fait très dépendante accuse une constante régression et provoque un effet de cascade sur les
autres secteurs.
En 1998, le Gabon a été classé comme pays en récession (50e derrière Djiboutie). Sa
croissance au cours de cette année a été de –7%. Le résultat évident de cette situation est que
le pays a manqué de résoudre les arriérés sur sa dette bilatérale. Par ce fait, la Banque
Africaine de Développement (BAD), la Banque Mondiale, le Club de Paris et celui de
Londres, puis l'Agence Française de Développement avaient d'ailleurs arrêté leur coopération
financière. La rigueur observée dans la gestion budgétaire depuis 1999 semble atténuer cette
position.
C’est ainsi que lorsque le cours du pétrole est en hausse, le gouvernement va avoir tendance à
appliquer une expansion rapide des inverstissements publics et accroître démesurément le
budget de fonctionnement. Il entreprend de grands projets nécessitant de gros moyens
ficanciers couverts par la rente pétrolière et les prêts extérieures. Cette rente adjacente
engendre un taux d’accumulation et d’enrichissement de toute l’économie dont vont dépendre
80 à 90% des Gabonais . Le pouvoir d’achat étant très élevé, environ 4000$ en 1998 par tête
d’habitant est fonction des salaires distribués, trois fois supérieurs à ceux des pays voisins.
Ceci a résulté à une incitation à l’exode rural et à l’immigration des travailleurs des pays
limitrophes, et par voie de conséquence, à un développement du secteur informel.
Face à cette situation désastreuse, et devant l’impératif qui s’impose au pays, c’est-à-dire se
préoccuper de l’après pétrole, le gouvernement gabonais a entrepris certaines réformes :
- Assainir les fiances publiques pour améliorer le solde primaire de ses budgets ;
- Privatiser les entreprises publiques en vue de les rendre plus compétitives et favoriser
leur accès à un plus grand nombre d’individus.
Ces réformes commencent à porter des fruits dans certains domaines. En fait, la croissance
prévisionnelle pour 2000 s’élevait à 4% (le taux de croissance réel hors pétrole était de –2%)
contre 5.7% en 1999 et -8% en 1998 parallèlement à une maîtrise de l’inflation. Le déficit
primaire du budget qui s’élevait à 6.3% en 1998 s’est amélioré et a permis d’enregistrer un
excédent primaire de 7.2% du P.I.B en 1999. On prévoyait pour 2000 un excédent de 10.5%
du P.I.B. et 12.7% pour 2001. Le FMI a estimé le taux d’inflation à 2.5% pour 1999. Ce taux
était faible début 2000. Par ailleurs ce déficit de la balance courante qui était de 15.4% en
1998 a été ramené à 2% en 1999 à la suite de l’amélioration des exportations. Après une
diminution des créances de l’Etat, les avoirs extérieurs nets et le taux de couverture extérieure
de la monnaie se sont également améliorés. Certaines entreprises publiques privatisées
réalisent des profits, à l’exemple de la Société d’Electricité et d’Eau du Gabon (S.E.E.G.). Le
point noir reste cependant sur la promotion des entreprises privées nationales. En fait, le
nombre d’entreprises agréées au régime PME atteint à peine 400 depuis 1980. Une entreprise
sur deux ayant obtenu un agrément du ministère du commerce ne serait pas fonctionnelle ou
se retrouve dans le secteur informel.
Avant de décliner les différentes mesures envisagées par l'Etat visant à aménager un espace
structurel et institutionnel nécessaire à la création des entreprises ou à leur développement
rappelons d'abord que, le Gabon est un petit pays certes mais davantage par la petite taille de
sa population que par l'étendue de son territoire. Il est aussi par la contribution insignifiante
des nationaux à la production nationale, quel qu'en soit le secteur, et à l'effort général du pays
hors Etat gabonais.
Le premier grand recensement des entreprises exerçant sur le territoire national a été organisé
par le Ministère des PME-PMI en 1985 avec le concours du Bureau International du Travail
(BIT). Ce sont 10555 entreprises qui ont été dénombrées, dont 8677 non structurées et 1868
structurées. Selon la même source, plus d’une entreprise sur deux présentes actuellement sur
le territoire national a été créée après1980. En 1995, on a dénombré 15000 entreprises dont
400 PME agréées au régime particulier*, soit une progression de 4.21% par an. La majorité
des entreprises est donc de création récente.
- La trop forte présence des étrangers dans l’activité économique du pays : les Gabonais ne
possèdent que 5.2% du capital des entreprises installées dans le pays, et, seulement 15% de
ces entreprises leur appartiennent ;
- La prédominance des entreprises de grandes tailles filiales des firmes étrangères, qui
monopolisent en fait l’essentielle de l’activité ;
- La très grande faiblesse des fonds propres de ces entreprises et l’engouement à peine
perceptible des structures de financement (ou insuffisance de ces structures) appropriées ;
Il comporte à titre principal la loi n° 1/81 du 8 Juin 1981 portant mesures administratives et
financières propres à promouvoir la petite et moyenne entreprise et ses textes d’application.
La loi 1/81 du 8 juin 1981 permet donc de répondre en partie aux préoccupations qui ont été
évoquées ci-dessus. Elle a été modifiée successivement par ordonnance n° 26/83 du 16 Juillet
1984 et par la loi n° 11/84 du 12 Juillet 1984. Elle a pour objet d’instituer les mesures
administratives et financières propres à promouvoir les petites et moyennes entreprises
gabonaises. Ses modalités d’application sont fixées par le décret n° 01029/PR du 25 Juillet
1984.
Elle définit la petite et moyenne entreprise gabonaise comme étant l’entreprise où la société
dont le capital est détenu à 51% au moins par des Gabonais et dont la direction effective est
assurée par une personne physique gabonaise.
Elle institue un régime particulier accordé par voie d’agrément aux PME nouvelles ou
anciennes qui bénéficient ainsi de plusieurs avantages et doivent respecter certaines
obligations.
L’entreprise individuelle reste importante. Plus de 60% des entreprises privées se présentent
sous la forme juridique entreprise individuelle. Soient 29% en tant que sociétés anonymes
(SA) et 11% comme sociétés à responsabilité limitée (SARL).
Le capital social entièrement étranger est très élevé. Le capital entièrement gabonais intervient
à concurrence de 2.93% des entreprises privées contre 97.07% pour le capital entièrement
étranger. Il est cependant difficile de déterminer la part du capital privé mixte étranger-
gabonais, en raison du caractère ambigü des accords de partenariat. Certains hauts
fonctionnaires et les hommes politiques entreprennent sous couvert des expatriés.
L'étude de François Mbeng Ekorozok* sur l origine sociale des créateurs d entreprises a
révélé que 38% des créateurs gabonais seraient des agents de l'Etat ; 46% sont des salariés d
entreprises et 16% sont des personnes qui recherchent un emploi et, généralement sans
revenus.
Cette étude montre aussi que l exercice d une double activité est souvent nécessaire puisque
le salariat est la principale source de revenus du Gabonais. Il constitue aussi une solide
garantie auprès des établissements bancaires.
Rappelons que le secteur informel est constitué des petites et moyennes entreprises, des
grandes entreprises et des micro-entreprises qui ne respectent pas (volontairement ou
involontairement) le cadre institutionnel et réglementaire établi pour la création des
entreprises. Elles enfreignent à la loi. Ce secteur est donc en train de mettre en concurrence
<< déloyale>> les entreprises (publiques et privées) qui dormaient jusque là sur des
monopoles de fait ou alors étaient protégées par des avantages de toutes sortes. D’où par
exemple le cas d’un directeur d’une entreprise publique chargée de la production du sucre en
morceaux qui constatait avec amertume en 1997 la présence du sucre étranger sur le marché
gabonais, or selon lui, sa production était protégée par un décret présidentiel.
La promotion des Gabonais à l’initiative privée se heurte à des obstacles spécifiques : des
obstacles financiers; des obstacles administratifs ; des obstacles liés à la nature du marché ;
des obstacles liés à la personne du promoteur.
- Les promoteurs gabonais rencontrent en premier lieu le problème lié au manque de fonds
propres et à l’insuffisance de l’épargne. Les banques exigent des entrepreneurs un apport
personnel minimum de 20% du coût de l’investissement. Ce taux passe à 29% pour les prêts
refinancés à la Banque Centrale. Ce qui selon les banques est une façon de responsabiliser le
promoteur et le pousser ainsi à assurer une part du risque lié à l’investissement. Cependant, le
niveau de la contribution dépasse largement la capacité d’autofinancement des promoteurs
locaux, notamment pour les projets agricoles et industriels à fort investissement. D’autre part,
le taux de remboursement des crédits est très élevé. En effet, les banques locales appliquent à
leurs clients notamment les P.M.E. un taux de remboursement des emprunts anormalement
élevé. Ce taux atteint pour certains projets 30%, au lieu de la fourchette 16.5%-18% autorisée.
Les garanties exigées sont elles aussi dissuasives. Pour les crédits octroyés sur la base des
hypothèques dont l’évaluation est du reste à la discrétion de la banque qui exige jusqu’à 120%
de garantie du prêt. Or il s’avère que 24% des promoteurs gabonais possèdent un terrain (bâti
ou non) avec titre foncier. De même la caution solidaire joue faiblement à cause du manque
d’enthousiasme des promoteurs locaux pour l’entreprise associative. En outre, ces institutions
bancaires estiment aussi que les trois quarts des projets P.M.E. ne reposent sur aucune étude
sérieuse. Les études de marché sont mal conduites quand elles ne sont pas simplement
inexistantes. L’étude technique est souvent sommaire et ne fait pas apparaître la faisabilité du
projet. Ainsi, faute d’étude de marché sérieuse les comptes prévisionnels présentent des
chiffres approximatifs et par conséquent non fiables ; le promoteur ignore sa part de marché
potentiel et ses prix ne tiennent pas compte des prix du marché. Les projets sont en définitive
présentés par des hommes peu aptes à garantir la création et la réussite des entreprises.
Il faut également souligner que les petites et moyennes entreprises, en particulier celles
exerçant dans les secteurs primaire et secondaire, produisent à des coûts élevés. Cette
situation tient aux coûts des facteurs très élevés sur place. Il s’agit d’une part des prix
prohibitifs des équipements et des matières premières (souvent importés), du prix très élevé
des autres consommations intermédiaires.
L’administration gabonaise fait preuve d’une certaine inertie quant à l’application des
réformes. Pour ce qui concerne précisément les PME. La difficulté se situe au niveau des
formalités. Il existe plusieurs interlocuteurs pour l’obtention d’un seul document. Le circuit de
légalisation d’une entreprise implique au mois six administrations différentes. Ainsi, le délais
minimum pour remplir toutes les formalités administratives de création d’une PME est de six
mois, surtout lorsque le promoteur négocie le bénéfice du régime particulier.
Le marché gabonais est dominé par quelques grands groupes occidentaux (tels que OPTORG,
CFAO, SCOA…. Qui détenaient par exemple 50% du secteur commercial en 1986) et la
présence des autres étrangers notamment Syro-libanais et Ouest-africains qui occupent le
commerce de détail et exploitent la forêt et la faune. Par ailleurs, les grands groupes
concentrent les activités qu’ils refusent de céder en sous-traitance aux P.M.E. (maintenance,
entretien, restauration…). Ils les jugent inorganisées, peu expérimentées et incapables de
prestations de qualités. A cela, s’ajoutent les difficultés d’obtenir de l’Etat, des avances de
trésorerie sur les marchés publics et l’impératif de préfinancer les travaux.
Dans le contexte gabonais, cette définition ne trouve pas sa traduction. La manne pétrolière a
endormi le dynamisme des populations. Le promoteur local dont l’épargne est généralement
faible se lance souvent au hasard dans la création d’entreprise avec des mobiles négatifs c’est-
à-dire sans être demandé si le métier ou le secteur choisi correspond à ses capacités et s’il
dispose des atouts nécessaires pour réussir (une formation suffisante en technique de
production, comptabilité, gestion de la trésorerie et des stocks, gestion commerciale …) d’où
naissent leurs échecs et la méfiance des banques.
Cette charte consacre une nouvelle définition du rôle de l’Etat agissant en partenariat avec le
secteur privé. Elle énonce les objectifs et les mécanismes mis en œuvre pour favoriser
l’investissement, l’expansion des entreprises et des activités individuelles sans discrimination
selon l’origine de l’investisseur entrepreneur ou le secteur d’activité dans lequel il opère.
Dans certains secteurs d’activité, notamment ceux liés à l’exploitation et à la transformation
des ressources naturelles des codes spécifiques viennent compléter la présente charte des
investissements au regard des dispositions techniques et financières particulières adoptées
pour ces secteurs.
Le cadre institutionnel, les textes législatifs et réglementaires ont été adaptés pour atteindre
l’objectif de modernisation, de simplification et de clarté devant faciliter l’activité
économique et assurer sa régulation de façon transparente et équitable. Aux principes
généraux et droits fondamentaux, sont adjoints ; les dispositions de garantie des
investissements, le rôle de l’Etat en matière économique et financière, la facilitation et
promotion des investissements, les principes de la fiscalité des investissements et des
entreprises et l’organisation du système financier.
Au nombre de ces mesures, on peut également noter l’adoption d’un projet de loi sur la
concurrence en 1996, la révision du code de travail et l’instauration d’une juridiction
spécialisée dans le règlement des conflits du travail ; la ratification du traité de l’ OHADA
(Organisation pour l Harmonisation du Droit des Affaires), l’élaboration de nouveaux codes
de la forêt, du pétrole et des mines, le redressement de la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité
Sociale), la création du Tribunal de commerce, la promulgation d’un nouveau code de sécurité
sociale, la réforme des procédures foncières pour accélérer la production des titres de
propriétés et permettre l’émergence d’un marché hypothécaire et la mise en place d’un
marché financier susceptible de mobiliser l’épargne intérieure, enfin le Centre Gabonais du
Commerce Extérieur (CGCE) a été restructuré.
Cependant, ce scénario semble habituel et n'a jusque là pas fourni les résultats escomptés. La
promotion du secteur privé local repose sur une volonté affirmée des autorités locales mais
aussi, sur le comportement des partenaires étrangers. Avec la
libéralisation actuelle de l’économie et l’échec de l’Etat providence, le gouvernement a
décidé de se désengager progressivement du secteur productif en vue de favoriser
l’émergence de l’économie de marché c’est-à-dire le jeu de l’offre et de la demande. Cette
nouvelle orientation économique appelle à une redéfinition du rôle de l'Etat. En fait,
contrairement à ce qui est prôné par les institutions de Breton Woods (que les pays de l’
OCDE ne respectent pas d’ailleurs), l’Etat Gabonais ne peut se permettre de circonscrire ses
missions à la défense du territoire et à la sécurité des citoyens, au maintien de la stabilité
intérieure ou encore aux domaines de la santé ou du social. Il lui revient aussi de dresser les
grandes orientations économiques du pays, et favoriser à travers des choix stratégiques
judicieux, l’utilisation optimale des sources internes de croissance. Depuis quelques années, et
notamment avec la privatisation qui frappe les entreprises publiques et le désengorgement de
la fonction publique, le secteur privé s’affirme incontestablement comme l’une de ces sources
potentielles et son développement appelle de la part des pouvoirs publics, un changement réel
d’attitude, mais surtout de mentalité.
Il est certes difficile dans un pays à lourd héritage dirigiste où la redistribution a été le mode
de gestion et la clef du pouvoir, de faire une place à un nouvel interlocuteur. Cependant, le
contexte l’y oblige. En fait, les attentes du secteur privé se font de plus en plus nombreuses et
pressantes. Il est souhaitable que l’Etat contribue davantage à l’amélioration de
l’environnement des affaires jugé actuellement défavorable. Le poids de la fiscalité, le coût
des facteurs de production, la lourdeur des procédures administratives, la faiblesse du cadre
juridico-réglementaire et l ‘inadaptation du système éducatif. A cet effet, que peut faire l’ Etat
pour réussir cette transition ?
Il est inutile d’aligner une batterie de mesures mal expliquées et qui ne répondraient que
partiellement aux préoccupations des promoteurs, comme c’est le cas aujourd’hui. De
surcroît, lorsque ces mesures sont énoncées, elles ne trouvent pas la traduction sur le terrain. Il
conviendrait dans un premier temps, d’être à l’écoute des préoccupations des acteurs privés,
en multipliant échanges formels et informels. A cet égard, les diverses rencontres organisées
par exemple entre la confédération du patronat gabonais (C. P. G. ) et l’Etat en 1998 ou la
réflexion sur << Gabon 2025>>, ou encore la grande foire des PME gabonaises organisées en
1999 devraient progressivement rapprocher les différentes positions et instaurer la confiance
nécessaire. Il est par exemple reproché à l’Etat de n’avoir pas su créer un climat d’affaires
incitatif et se livrer à de véritables opérations de prédation fiscale, sans pouvoir justifier
l’usage des recettes, ou de faire supporter certaines charges qui lui incombent aux entreprises
étrangères (construction des écoles, centres de soins…). Quant à l’entrepreneur privé local,
c’est un « débrouillard » qui n’inspire pas confiance aux banques. L’administration ne le
prend pas souvent au sérieux et, ses requêtes sont encore trop souvent accueillies avec
méfiance.
Cette concertation n’aurait de sens que si les aspirations du secteur privé sont intégrées dans
la politique économique dès l’étape de sa conception. Il est sans intérêt de l’entendre après
adoption des lois et règlements, comme c’est le cas actuellement. « Le rôle de l’ Etat devrait
osciller, d’une part, entre le souci d’octroyer au secteur privé une liberté et un champs
d’action plus étendu en vue de favoriser son expansion et, d’autre part, la nécessité
d’intervenir dans les domaines où son action est stricto sensu déterminante. Il devrait par
exemple encourager le secteur privé à saisir les opportunités dans les nouveaux domaines
d’activité >>. C’est en fait cette démarche qui a permis à la Corée du Sud de développer
rapidement son appareil industriel.
Si la concertation entre secteur public et secteur privé doit prévaloir dans la prise de décisions
stratégiques, leur application est un préalable à la réussite des plans arrêtés.
Au Gabon, les constatations ont été faites, et, le dialogue entre partenaires public et privé
semble sain depuis quelques années. Le problème reste posé sur la concrétisation des mesures
énoncées par l’Etat. Le gouvernement se contente encore trop aujourd’hui des discours
politiques alors que la société civile aspire à des changements véritables. L Etat devrait donc s
attacher à conduire à terme les mesures arrêtées.
Dans le cadre des réformes en cours par exemple, un nouveau cadre institutionnel a été
aménagé en vue de s’aligner sur les nouvelles dispositions de la réforme fiscalo-douanière, à
alléger la fiscalité et à promouvoir le partenariat avec l’étranger. Ce cadre est très alléchant et
serait susceptible d’attirer de nouveaux Investissements Directs à l'Etranger. Cependant, il est
moins question de manipuler tel ou tel autre paramètre fiscal pour attirer les opérateurs
étrangers, mais c’est l’application des textes qui est le plus important. Il convient à ce sujet de
réformer la fonction publique afin de la rendre plus opérationnelle. Il ne sert à rien de
renforcer les mesures juridiques comme c’est le cas aujourd’hui. Les textes existent et les
magistrats sont généralement bien formés. Il faut s’assurer de leur honnêteté, en accordant
une totale indépendance à la justice par rapport au pouvoir politique. Les fonctionnaires
doivent être au service de la nation au lieu de trop souvent travailler pour eux-mêmes. Pour
lutter contre la corruption bureaucratique, il conviendrait, comme le préconise Susan ROSE-
ACKERMAN* que « les administrations rendent compte au public : celui-ci doit être en
mesure d’analyser leurs décisions techniques et leurs appréciations en matière de choix
politique. Le public et les divers groupes d’opinion ont besoin de savoir ce que fait le
gouvernement et doivent disposer de procédures permettant de porter plainte en tenant les
fonctionnaires pour responsables de leurs actes. Une administration soumise à un tel contrôle
public est non seulement légitime sur le plan démocratique, elle est également moins exposée
à la corruption et au trafic d’influence ».
Les travaux de « Gabon 2025 » ont conclu au fait que, le Gabon ne peut se développer ni
par l’agriculture ni par l’industrie. Il convient de ce fait de favoriser l’émergence d’un secteur
de services de pointe. Une telle idée est réfutable dans la mesure où elle repose sur une vieille
conception prétendant que les micro-pays n’avaient aucune chance de développement, en
particulier de développement industriel. Ce qui les reléguait donc au rang des gros
consommateurs, en quelque sorte des déversoirs de produits manufacturés. Une étude de
Pierre JUDET à ce sujet, montre quelques exemples de petits pays qui ont réussi leur
industrialisation : Singapour, ville-Etat où les habitants sont mieux logés en Asie,
contrairement à tous les pronostics négatifs formulés au moment de son indépendance, a
rejoint le groupe des pays les plus avancés . En Méditerranée, Chypre (700. 000 habitants) et
Malte (300. 000 habitants) sont en train de devenir des pays industrialisés et développés.
Quant à Maurice, île située dans l’océan Indien et peuplée d’un million d’habitants, sa
croissance industrielle au cours de ces dernières années a été telle qu’elle a permis de liquider
le chômage qui est passé de 22% de la population active en 1982 à 1.5% en 1992 alors que le
PIB par tête atteignait 6000 $ en 1993. A Maurice, la poursuite de la croissance est
actuellement fondée sur l’intensification et la diversification des activités industrielles ainsi
que de services.
L’échec de l’industrialisation gabonaise n’est pas lié à l’étroitesse du marché (les produits
étrangers ne trouveraient pas de débouchés), ni même aux choix stratégiques initiaux. La
situation actuelle repose sur deux points. D’une part, l’Etat s’est fortement impliqué dans
l’activité économique mais en déviant les objectifs fixés et en excluant aussi le secteur privé
local. D’autre part, la stratégie industrielle du Gabon n'a pas prévu la construction d’un
secteur de biens d’équipements dont son industrie a besoin. De ce fait, les entreprises
industrielles produisent à des coûts élevés en raison de l’acquisition des équipements souvent
importés à des prix prohibitifs.
Cela revient à ce que Rosenberg disait à propos des pays sous-développés. Il soutient ce-ci :
« Les pays sous-développés sont doublement handicapés : de faibles taux de formation du
capital maintiennent à un niveau bas le ratio capital-travail et, par conséquent, de faibles
niveaux de productivité du travail. En outre, l’incapacité à construire un secteur
d’équipements développé signifie une incapacité à fournir la base de compétences techniques
permettant d’économiser le capital et signifie donc un renforcement de l’état de retard
technique ».
En somme, le Gabon pourra rapidement enregistrer une croissance et maîtriser les techniques
non grâce à des conditions extérieures favorables ou à un marché intérieur important, mais
plutôt par sa capacité à mobiliser ses ressources sur des objectifs précis, au nom d’une
stratégie longue de développement économique.
Par ailleurs, le développement d’un secteur de services notamment de services aux entreprises
suppose l’existence d’un réseau important d entreprises. Il faudrait tout d’abord rappeler que
l’industrie gabonaise est composée en grande partie des entreprises publiques qui font l’objet
de privatisations aujourd’hui et des filiales des grandes firmes étrangères. Avant d’envisager
de s’attaquer aux marchés extérieurs notamment au niveau de la sous-région, il faudrait que le
pays ait d’abord un réseau solide d’entreprises de production. La stratégie de l’Etat doit viser
à encourager les Gabonais à investir dans l’industrie.
Il est d’ailleurs surprenant de constater que, les programmes de privatisation n’aient pas mis
en œuvre les mesures préconisées dans la nouvelle charte d’investissements. En effet, l’Etat
aurait pu inviter les entreprises publiques engagées dans le processus de privatisation
d'encourager leurs cadres à reprendre les activités externalisées. Par exemple, l’essaimage
(qui est toute forme d’appui, d’encadrement ou d’accompagnement que l’entreprise apporte à
son salarié ayant un projet de création ou de reprise d’entreprise en vue d’éviter l’échec) en
est un des moyens susceptibles de mener à la création et à pérenniser une entreprise. Cette
démarche aurait permis aux cadres et techniciens de s’associer dans le but de continuer les
activités cédées par leurs entreprises (ces entreprises publiques sont passées en majorité sous
le contrôle des grandes firmes étrangères).
L'appui à la création des entreprises n'est pas une fin en soi : cet appui doit se référer à des
objectifs clairement formulés en termes de développement économique et social, selon que
l'on recherche à :
• Inciter en amont les personnes qui le peuvent à formuler des projets de création,
• Accroître le nombre de créations pour densifier le tissu économique,
• Infléchir le portefeuille d activités nationales
• Constituer ou renforcer des pôles d excellence,
• Permettre un meilleur équilibre spatial,
• Contribuer à résoudre le problème de l emploi qu'il s agisse du chômage des jeunes
ou de l emploi en milieu rural.
• Mettre en place une démarche exemplaire même si son impact direct est réduit…
On conçoit que les moyens à mettre en œuvre seront différents. Bien évidemment, il est
possible de combiner ces différents objectifs, mais des priorités doivent être fixées.
2-3-7 : La Protection
L'entreprise qui débute, avec peu de moyens dans un environnement économique fragile
n'a aucune chance de réussir si on ne la protège pas, ne serait-ce que pendant les quelques
années de son démarrage, contre les agressions extérieures d entreprises beaucoup plus
solides venues d'Europe, d'Asie ou d'ailleurs. Il faudrait laisser aux jeunes entreprises de
transformation, de production, le temps d'acquérir les moyens qui leur permettront de lutter à
armes égales avec leurs concurrents des autres continents. A cet effet l'Etat doit limiter par des
mesures de protection les importations des biens produits sur place.
De ce fait, que le créateur d'entreprise ait un petit ou un grand projet, il est nécessaire qu'il s
entoure de conseils et trouve quelqu'un de confiance à qui parler. D'abord pour compenser ses
faiblesses ou ses manques, ensuite vaincre la solitude. L'insuffisance des structures
d'encadrement actuel maintient les promoteurs dans cette situation. L'Etat devrait dans ce
sens, renforcer le dispositif existant. Dans la même optique, il conviendrait de décentraliser
ces services dans les provinces, pour mieux lutter contre l'informel.
Au delà de ces conseils, le promoteur gabonais est souvent démuni et démarre de ce fait son
entreprise avec des mobiles négatifs. A cet effet, l Etat devrait pouvoir aider celui qui
manifeste la volonté de créer son propre emploi et certainement ceux des autres et dont la
situation sociale empêche de s'engager. Les aides donnent aux créateurs un soutien financier,
un conseil, des connaissances et de la logistique. Ces aides encore limitées, peuvent être
financières, fiscales ou sociales. Elles seront définies en fonction du type de projet et de la
zone d'installation. L'Etat, comme les collectivités locales doivent mettre en place des
dispositifs de financement qui permettront aux promoteurs généralement jeunes ou sans
emplois de créer avec profit leurs entreprises, la contrepartie étant la dynamisation du tissu
économique local, la création des emplois, le versement des impôts et la réduction du
chômage.
Les collectivités locales doivent jouer un rôle non négligeable dans le processus de création
d'entreprises en milieu rural. Elles peuvent intervenir pour promouvoir l esprit d'entreprise
dans leur localité, en vue d'initier des projets pour les soutenir en phase de réalisation et pour
enfin les pérenniser en phase d'activité.
* En fait, le système politique monopartiste mis en place au Gabon dès 1968 n a pas favorisé
la décentralisation. Les institutions ont donné un rôle constitutionnel au Parti Démocratique
Gabonais (parti unique), c'est-à-dire à une hiérarchie de cadres qui coordonnaient et guidaient
l action de l'Etat aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique. L'Etat, comme le
parti, appliquaient le centralisme démocratique, qui permettait au système de fonctionner de
ce qui a été convenu d appeler le Comité Central du parti, au peuple. La centralisation des
activités à Libreville est la caractéristique des institutions et de la vie économique. (On avait
affaire à une organisation tendant vers ce qui à l époque s appelait Soviet-suprême).
Les collectivités locales peuvent également intervenir pour initier un esprit local d entreprise
et pour encourager tous les entrepreneurs, créateurs potentiels à concrétiser leurs idées-
projets.
.
2-5 : Les Associations Professionnelles et Organismes Consulaires
La formation des entrepreneurs dans laquelle l'Etat s'est engagé devrait être au cœur des
filières à l'école de commerce de Port-gentil, dans les grandes écoles, les Instituts et à
l'université. Il s'agit de donner aux étudiants le goût du risque, le goût du travail en équipe, la
capacité de créer des réseaux…bref, les qualités d'un entrepreneur.
Cependant, l 'effort de formation préalable n'est pas suffisant. Une fois l'entreprise créée, son
ou ses responsables devront bénéficier de conseils et d assistance, en particulier dans les
premières années. A cet effet, le dispositif d'appui que nous avons proposé revêt une
importance capitale ; et devra être accessible à un plus grand nombre d'entreprise de taille
modeste. Les collectivités locales, les associations doivent jouer un rôle très important à ce
niveau.
Il faut toutefois souligner que l'initiative entrepreneuriale reste aussi bloquée par la présence
trop importante des firmes étrangères ayant des sources coloniales. Ces entreprises installées
dans le pays depuis la colonisation, n'ont pas joué véritablement un rôle économique. Par
surcroît, elles influencent aussi les décisions politiques. Ce qui empêche une vraie émulation
du secteur privé que l'on retrouve dans une économie de marché.
CONCLUSION
Au terme de ce tour d'horizon sur la question entrepreneuriale (qui mérite d ailleurs d être
complété), on peut dire que le Gabon a conservé la structure économique des pays en voie de
développement, dominée par des firmes multinationales, l exploitation des ressources
naturelles et des grandes entreprises publiques (dont les capitaux viennent d'être cédés aux
opérateurs étrangers sous couvert des privatisations). Ce modèle économique d'après la
seconde guerre mondiale semble ne pas avoir atteint les objectifs visés. En fait
l'interventionnisme honni de l'Etat n'a favorisé ni la mise en œuvre d'un processus
d'accumulation d'envergure ni l'adoption des techniques modernes de production, ni la
dotation du pays en infrastructures ni même l 'amélioration des conditions de vie (santé,
éducation, habitat moderne famine, formation, recherche …).
Aujourd'hui, plus que jamais, cette structure économique est contrainte de se diversifier
encourageant la création de structures plus souples à même de renforcer le tissu productif et
favoriser l'emploi. Tel est d'ailleurs l'enjeu que se sont fixés les autorités gabonaises, en
adoptant une politique de promotion des PME-PMI, voulant par la même occasion faire
participer le plus grand nombre au développement du pays, à la création des richesses, au
partage du revenu, lutter contre la pauvreté et l exclusion. Dans cette optique, un certain
nombre de dispositions a été arrêté pour favoriser la promotion du secteur privé, notamment
local. Elles prévoient des mesures sectorielles qui encadrent les activités dans chaque
domaine.
Il demeure cependant que ces orientations de l'Etat sont souvent demeurées au stade de
projets.
BONGO O. (1984) Un Homme, un Pays ; le Gabon, les Nouvelles éditions africaines, Dakar.
COURRIAR ACP-UE
1994 le secteur privé en Afrique n°146 Juillet-Août
1997 Reportage sur le Gabon ; dossier développer le secteur privé n° 165 Sept-Oct.
LEJAEL F (2000) Le Gabon, Marchés Tropicaux, 21 Juillet ; OHADA l'échéance du 1er Déc.
En difficulté n° 2823 , 1999.
MOTO OSSU (1989) cadre institutionnel pour promouvoir la PME gabonaise, Revue
Economie et Finance M.P.E.A.T Libreville.