Cours 06 - Déforestation

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 27

UFR Sciences et Technologies Alimentaires

ESE1313 : Environnement et sécurité en entreprise

1ESE1313 : Environnement

La déforestation

Dr Salif BA
Chef de la DREEC de Kaolack

Année académique 2020-2021


Qu’est-ce que la déforestation ?

La déforestation est le phénomène de réduction des surfaces de forêt.


On parle de déforestation lorsque des surfaces de forêt sont
définitivement perdues (ou au moins perdues sur le long terme) au
profit d’autres usages comme l’agriculture, l’urbanisation ou les
activités minières.

Les forêts couvrent aujourd’hui quatre milliards d’hectares, soit 30 %


de la surface terrestre. Mais c’est une richesse écologique menacée
car chaque année, 13 millions d’hectares de forêts disparaissent.
Quelles sont les causes de la déforestation?
Dans le monde, la déforestation est causée par de multiples facteurs,
certains humains et d’autres naturels.

Parmi les facteurs naturels on trouve notamment:


 les incendies de forêt: Ils peuvent être utilisés pour déboiser et
fertiliser les sols afin de planter des espèces commerciales, comme le
palmier à huile, ou parfois être directement allumés pour nettoyer les
parcelles à planter. En plus de détruire forêts et biodiversité, ces feux
rejettent des quantités faramineuses de CO2 dans l’atmosphère.

 les maladies pouvant affecter les arbres ou les parasites.

Mais ce sont surtout les activités humaines qui sont responsables de la


déforestation au niveau mondial. D’après la FAO, près de 80% de la
déforestation mondiale est causée par l’agriculture, les 20% restants
se répartissant entre la construction d’infrastructures (routes, barrages)
d’abord, puis les activités minières et enfin l’urbanisation.
Les quelques causes majeures de la déforestation mondiale sont :

 L’agriculture qui représente 80% de la déforestation. Il peut s’agir


soit de l’agriculture commerciale ou industrielle (grandes cultures et
élevage) qui représenterait 45 à 50% de la déforestation, soit de
l’agriculture de subsistance (agriculture paysanne locale notamment
dans les pays en développement) qui représenterait 30 à 35% de la
déforestation mondiale.

 L’élevage serait la cause d’environ 14% de la déforestation au


niveau mondial.
 La construction d’infrastructures représenterait environ 8 % de
la déforestation.

 Les activités minières seraient responsables d’environ 6 % de la


perte forestière.

 Et l’urbanisation autour de 5 %.

Contrairement à ce que l’on entend souvent, les industries forestières


ne sont donc pas parmi les grands responsables de la déforestation. En
effet, les entreprises de l’industrie forestière exploitent le plus souvent
des surfaces de forêt de culture, c’est-à-dire des forêts qui sont
régulièrement replantées afin d’être exploitées de façon durables.
Quelles sont les conséquences de la déforestation?

La déforestation a de nombreuses conséquences sur les écosystèmes


naturels et cela pose de sérieux problèmes de résilience.

Conséquences de la déforestation sur la biodiversité:

La conséquence la plus connue de la déforestation est la menace de la


biodiversité.

En effet, la forêt est un habitat très dense en biodiversité mondiale,


certaines forêts étant même de véritables hub de biodiversité parmi les
plus riches du monde.

Qu’il s’agisse de mammifères, d’oiseaux ou encore d’insectes,


d’amphibiens ou de végétaux, la forêt abrite des espèces parfois rares,
souvent fragiles.
En détruisant ces milieux naturels, les activités humaines menacent
donc l’existence de ces espèces et cela peut avoir des conséquences
importantes sur les équilibres naturels.

Ainsi, dans certaines régions d’Afrique, les grands singes comme les
gorilles argentés sont en voie de disparition à cause de la réduction
progressive de leur habitat naturel, notamment à cause de la
déforestation.

Conséquences de la déforestation sur les sols:

La déforestation fragilise aussi les sols. En effet, la présence d’une


forêt sur un sol tend à rendre ce sol plus riche en matière organique,
mais aussi plus résistant aux intempéries ou à l’érosion.

De ce fait, lorsqu’un espace forestier et détruit, le sol se fragilise peu à


peu et rend l’écosystème plus vulnérable aux catastrophes naturelles
comme les glissements de terrain ou les inondations.
Conséquences de la déforestation sur le changement climatique:

La déforestation a aussi un impact très fort sur le changement


climatique. En effet, les arbres stockent du CO2 tout au long de leur
vie.

En détruisant ces arbres, on réduit donc la capacité de l’écosystème


mondial à stocker du CO2. Moins d’arbres, c’est moins de CO2
absorbé et donc plus d’effet de serre.

De ce fait, on estime que la déforestation est responsable à l’échelle


mondiale de l’équivalent de 11,3% des émissions de CO2 d’origine
anthropique, ce qui en fait l’un des plus gros facteur de
réchauffement climatique à peu près à égalité avec le transport routier
et la consommation énergétique des bâtiments.
La déforestation en Afrique

L’Afrique est également une grande zone de déforestation dans le


monde. En effet, l’Afrique subit une déforestation plus importante que
l’Asie: environ 2 millions d’hectares de forêt disparaissent chaque
année en Afrique. Même si on parle moins de la déforestation africaine
que de la déforestation asiatique, l’Afrique est aujourd’hui
extrêmement menacée par la déforestation.

Les causes de la déforestation en Afrique : l’agriculture locale

A l’inverse de l’Asie ou de l’Amazonie, l’Afrique subit une


déforestation dont les causes essentielles ne sont pas liées à
l’agriculture commerciale. La majorité de la déforestation africaine est
le fait de petits paysans qui produisent une agriculture locale de
subsistance. Elle est suivie de près par le besoin en bois de chauffage
mais des feux de défrichement y ont aussi beaucoup contribué.
Dans les pays en développement, les trois quarts du bois exploité
servent de combustible.

La déforestation expose davantage les sols aux rigueurs du climat: le


lessivage par les pluies non-freinées par la végétation emporte l'humus
et découvre la roche-mère. Faute de racines pour retenir le sol, les
glissements de terrains sont souvent favorisés en bordure de falaise,
etc.

La déforestation cause la destruction d'habitats de milliers d'espèces


animales et végétales, souvent condamnées à disparaître. Elle est aussi
un facteur de fragmentation éco paysagère qui diminue la résilience
écologique des forêts.

Les forêts ont une action importante sur le cycle de l'eau, notamment
avec l'évapotranspiration qui influence la pluviométrie. La
déforestation entraîne des crues, des inondations et des coulées de
boue de plus en plus coûteuses et dévastatrices.
La déforestation au Sénégal

Au Sénégal, la déforestation résulte des actions de déboisement puis


de défrichement, liées à l'extension des terres agricoles, à l'exploitation
des ressources minières du sous-sol, à l'urbanisation, voire à
l'exploitation excessive ou anarchique de certaines essences
forestières. A cet effet, les forêts on en a plus sauf dans le sud et sud-
est du pays (Casamance et Tambacounda)

L'absence de plans de gestion à long terme entraîne la disparition des


forêts: l'exploitation du bois se fait souvent à une vitesse très
supérieure à celle de la régénération naturelle.

C'est ainsi qu'en Casamance l'armée et la gendarmerie appuient les


eaux et forets pour lutter contre le trafic illicite du bois vers les pays
limitrophes (Guinée Bissau, Gambie, etc.) qui a pris de l'ampleur
récemment.
Des solutions pour lutter contre la déforestation

Reconnaitre la forêt

L’un des premiers enjeux de la lutte contre la déforestation est de


faire reconnaître la forêt et son importance écologique.

Il est aussi important de faire connaître sa nature comme ses


contours: Qu’est-ce qu’une forêt ? Quel est le périmètre exact des
forêts actuelles?

Répondre à ces questions permet de donner un statut politique à la


forêt. C’est indispensable car bien souvent les industriels
appréhendent la forêt comme un espace indéterminé, sauvage,
exploitable à merci par le plus fort où le premier arrivé. En
Amazonie, par exemple, il reste des zones géographiques forestières
qui ne sont pas encore cartographiées.
Or, se mettre d’accord sur ce qu’est une forêt, c’est se mettre
d’accord sur ce qu’il faut préserver.

Définir ses contours, c’est permettre de défendre les droits


des populations qui en dépendent pour vivre (par exemple en
mettant en place un contrôle strict des titres de propriété
forestière).

D’un mot, reconnaître la forêt est une première étape


indispensable pour pouvoir édicter ensuite des normes
protectrices.
L’objectif zéro déforestation
Cela signifie par exemple faire pression sur les entreprises
pour qu’elles s’engagent dans des politiques commerciales
qui bannissent toute forme de déforestation de leur chaîne
d'approvisionnement, ou obliger les acteurs de
l’agrobusiness (les planteurs de palmiers à huile par exemple) à
ne pas déboiser de nouvelles surfaces pour leurs activités.

Cela signifie également œuvrer pour faire évoluer les


législations nationales et internationales et fixer de
nouvelles normes protectrices pour les écosystèmes
forestiers, ainsi que pour les populations autochtones ou les
salariés impliqués.
Il est aujourd’hui indispensable que les Etats concernés par
la déforestation, comme l’Indonésie, le Cameroun, la
République démocratique du Congo, le Sénégal ou le
Brésil, mettent en place des législations qui protègent
réellement les forêts, et que ces législations soient suivies
d’effets avec des systèmes de contrôles et de sanctions
appropriés et efficaces.
Reconnaitre les droits des populations locales ou autochtones

Bien souvent, les populations locales et indigènes sont les premières


bénéficiaires de la forêt car elles ont besoin de ses ressources pour
vivre. Elles sont donc en première ligne face aux attaques de
l’agrobusiness, et donc souvent les premières à défendre la forêt.

Les forêts du monde abritent des populations indigènes depuis des


milliers d’années. Selon l'ONU, plus de 1,6 milliard de personnes,
dont plus de 2 000 cultures autochtones, dépendent des forêts pour leur
subsistance quotidienne et leur survie à long terme.

Or les études scientifiques prouvent que quand les droits territoriaux


des peuples indigènes sont respectés, les forêts sont préservées. Hélas,
encore trop souvent, gouvernements et multinationales tentent
d’outrepasser ces droits pour imposer leurs intérêts financiers.
Les Etats concernés doivent respecter les droits des peuples
et communautés autochtones et reconnaitre notamment leurs
droits sur leurs terres ancestrales.

L’un des grands enjeux de la lutte contre la déforestation


consiste ainsi à démarquer les territoires ancestraux des
populations locales afin de les faire reconnaître par le droit
national et international.

Les zones reconnues deviennent ainsi des sanctuaires


forestiers où la nature retrouve ses droits (c’est le cas tout
particulièrement en Amazonie).
A cet égard, il faut veiller à ce que les multinationales et les
gouvernements respectent le consentement préalable, libre
et éclairé (CLIP) des populations locales, ce qui est
malheureusement loin d’être encore le cas.

Ce CLIP confère à une communauté locale le droit de


«donner ou refuser de donner son consentement
relativement à tout projet proposé susceptible d’avoir une
incidence sur les terres et ressources naturelles qu’elle
possède, occupe ou utilise traditionnellement ».
Renforcer la traçabilité du bois

Il est aujourd’hui très difficile de suivre le parcours du bois depuis sa


coupe à son assemblage final en produit de consommation. Les
grumes de bois légales et illégales sont souvent mélangées au niveau
des scieries ou des ports et empruntent des parcours commerciaux très
vastes.

L’un des enjeux actuels est donc de mettre en place des dispositifs
plus ambitieux de traçabilité à l’échelle mondiale afin de pouvoir
identifier et interdire les importations de bois illégal.

C’est le cas de l’Union européenne, qui, en 2013, a mis en place une


réglementation européenne (Le Règlement sur le Bois de l’Union
Européenne - RBUE) qui vise à écarter du marché communautaire le
bois et les produits dérivés issus d’une récolte illégale.
L'originalité du RBUE réside dans le fait que pèse
dorénavant sur les importateurs de bois une obligation de
diligence raisonnée qui exige des importateurs qu'ils
démontrent avoir tout mis en œuvre pour minimiser les
risques d’illégalité.

Le non-respect de cette obligation est sanctionné par une


peine d’amende et d’emprisonnement. Au-delà des enquêtes
administratives des agents, des investigations judiciaires
sont donc possibles et nécessaires.
La diplomatie climatique (REDD/Agenda des solutions)
Les conférences de l’ONU sur le climat (COP) ont engendré
plusieurs initiatives internationales pour lutter contre la
déforestation.

En 2008, le concept de REDD (réduction des émissions liées


à la déforestation et à la destruction des forêts) est lancé
dans l’objectif de lutter contre le réchauffement climatique
provoqué par les émissions de gaz à effet de serre induites
par la dégradation, la destruction et la fragmentation des
forêts.

C’est donc l’ONU qui coordonne cette politique


internationale via le programme UN-REDD.
Elle implique les Etats, les entreprises, les ONG, ainsi que d’autres
agences de l’ONU, comme le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD), et consiste à mettre en place des incitations
financières, via un fonds international de pays donateurs, afin
d’appuyer les politiques et les projets de développement durable visant
à mettre un terme à la déforestation dans les pays pauvres.

Dans le même ordre d’idée, la COP21 a donnée naissance à l'Agenda


des solutions qui regroupe les initiatives proposées par les acteurs
étatiques et non-étatiques (collectivités, entreprises, investisseurs
privés, agriculteurs, société civile...) en faveur d'une économie plus
sobre en carbone.

L’Agenda des solutions comporte un volet ambitieux sur la thématique


des forêts et vise à bannir des marchés, tous les produits liées à la
déforestation.
Conclusion
Les forêts sont indispensables à la planète:

 Elles régulent les équilibres climatiques;

 Elles assainissent l’eau;

 Elles empêchent l’érosion des sols;

Elles abritent une biodiversité exceptionnelle et


subviennent aux besoins alimentaires de nombreux
peuples autochtones.
Elles sont pourtant en train de disparaître à une vitesse
alarmante:

 Trafic de bois illégal,

 Déboisement lié à l’élevage bovin, aux cultures


intensives,

 Destructions liées à des projets d’infrastructures


gigantesques, méga-barrages ou exploitations
minières…
Il est temps de modifier les structures de pouvoir afin
d’aller vers un modèle de société plus respectueux de
l’environnement en privilégiant les circuits courts, les
systèmes de cultures écologiques (comme l’agroforesterie)
et une économie plus modérée, plus humaine.

Il faut sortir d’un modèle productiviste si l’on veut


préserver les ressources essentielles de la planète, comme
les forêts et atteindre l’objectif Zéro Déforestation.

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy