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Université des Comores

Faculté des Sciences et Techniques

Semestre 1

Cours de Biologie Cellulaire

Dr. Azali Ahamada Himidi


&
Dr. Soidrou Said Hassane

Année académique : 2019/2020


Université des Comores Unité de Biologie Cellulaire
Faculté des Sciences et Techniques Cours Semestre 1 : SV1/STE1

Introduction à la Biologie cellulaire

Tous les êtres vivants sont constitués d’unités invisibles à l’œil nu : les cellules. Cette notion
est relativement récente par rapport à l’histoire de la Biologie, car elle repose sur la mise au
point d’outils d’observation performants : les microscopes. La biologie cellulaire est la
discipline de la biologie qui étudie les cellules et leurs organites, les processus vitaux qui s’y
déroulent ainsi que les mécanismes permettant leur survie.
L’ensemble du monde vivant est constitué d’êtres unicellulaires et pluricellulaires. Les
organismes unicellulaires ne comportent qu’une cellule, celle-ci doit donc assurer toutes les
fonctions vitales (se nourrir, proliférer, etc.). Bien qu’a priori autonome, cette cellule dépend
tout de même d’autres cellules. Il peut donc exister une interdépendance cellulaire, même
pour les êtres unicellulaires.
Les organismes pluricellulaires, plus évolués et plus complexes, comportent plusieurs cellules
interdépendantes. Chacune d’entre elles, bien qu’ayant le même matériel génétique, se
spécialise et se différencie, formant des tissus, des organes et des systèmes qui accomplissent
les fonctions nécessaires à la vie de l’organisme.

1. La théorie cellulaire

La découverte de l’organisation cellulaire de tous les êtres vivants est étroitement liée aux
progrès des instruments d’optique. Le microscope composé, constitué de deux lentilles, a été
mis au point à la fin du XVI siècle. Son utilisation a permis à HOOKE de décrire (1665) pour la
première fois l’organisation alvéolaire de fins copeaux de liège : il propose le mot « cellule »
(du latin cellula : petite chambre).
À partir de leurs observations du matériel vivant Matthias Jakob Schleiden et Theodor
Schwann vont énoncer pour la première fois, entre 1838 et 1839, le terme de cellules vivantes
et ainsi émettre le premier axiome de la théorie cellulaire : « tous les organismes sont faits de
petites unités : les cellules ». D’autres axiomes vont suivre. Ainsi en 1855, Virchow, un médecin
allemand, annonce le second axiome de cette théorie basée sur le principe de la division
cellulaire, « toute cellule provient d’une autre cellule préexistante ».
Par la suite la cellule sera considérée comme une unité vivante, l’unité de base du vivant
individualisée grâce à la membrane plasmique. Le dernier axiome émis concerne l’ADN,
l’information nécessaire au fonctionnement et à la reproduction de la cellule. L’ADN peut être
sous forme libre (procaryotes) ou stocké dans une structure particulière : les chromosomes,
réunis dans le noyau (eucaryotes).
En définitif, la cellule représente l’unité structurale et fonctionnelle commune à l’organisation
de tous les êtres vivants. Et comme dit François Jacob, « avec la cellule, la biologie a trouvé
son atome ».

2. Plan d’organisation de la cellule

Sur le plan strictement structural, l’ensemble des êtres vivants actuels se répartit en deux
grands groupes fondamentalement différents dans leur structure interne et leur organisation
générale :

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- Les procaryotes (du latin pro, « avant » et du grec caryon, « noyau ») sont des êtres
vivants unicellulaires dont la structure cellulaire ne comporte pas de noyau. Ces
cellules sont de très petite taille et ne présentent pas ou peu de compartimentation
au sein de leur cytoplasme. Le matériel génétique est formé d’une unique molécule
d’ADN double-brin circulaire, et se trouve libre dans l’hyaloplasme. Les procaryotes ne
possèdent que très rarement des organites.

- Les Eucaryotes, ou cellules à vrai noyau, ont une organisation complexe et de


nombreux organites. Ces cellules sont beaucoup plus volumineuses et présentent un
cytoplasme hautement structuré, contenant une grande diversité d’organites tels que
: le noyau, les mitochondries, le réticulum endoplasmique… Le matériel génétique est
enfermé dans un noyau entouré d’une enveloppe nucléaire. Ils constituent un très
large groupe d’organismes, uni ou pluricellulaires.

Tableau 1 : Principales différences entre les cellules procaryotes et eucaryotes

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Chapitre 1 : Les membranes biologiques


Généralités
Le rôle fondamental des membranes est d’assurer une compartimentation métabolique et
chimique en permettant le maintien de compositions et de concentrations différentes dans
les espaces qu’elles délimitent. Cependant, celles-ci ne peuvent constituer des barrières
absolues car la vie des cellules et le fonctionnement de leurs organites nécessitent des
échanges continuels et contrôlés de matière, d’énergie et d’information. Ces deux propriétés,
qui semblent antinomiques, sont en fait dues à l’assemblage des deux types de constituants
majeurs de toutes les membranes biologiques : les lipides et les protéines.
La connaissance de la composition chimique globale des membranes est ancienne tandis que
celle de son architecture détaillée et du fonctionnement des diverses familles de protéines qui
les constituent est relativement récente. La mise au point des techniques de fractionnement
cellulaire, le renouvellement des approches cytologiques permettant de visualiser des
surfaces, et la puissance de méthodes analytiques telles que l’électrophorèse ont permis, en
quelques dizaines d’années, de se faire une idée très précise de l’organisation fonctionnelle
des membranes.
Deux propriétés essentielles caractérisent les membranes : l’asymétrie, c’est-à-dire le fait que
leurs deux faces ne sont jamais identiques d’une part, et la fluidité, liée à une organisation
relativement lâche, non covalente, des différents composants membranaires, d’autre part.
Cette dernière autorise une grande mobilité moléculaire, condition sine qua non d’un nombre
important de fonctions.

1. Composition et structure des membranes

Toutes les membranes biologiques sont organisées de la même façon, qu’il s’agisse de la
membrane cytoplasmique propre à chaque cellule ou des membranes internes
caractéristiques des Eucaryotes (organites). Elles contiennent, dans des proportions variables,
trois types de molécules : des lipides, des protéines et des glucides. L’analyse chimique de ces
structures a montré qu’elles contenaient une proportion importante de lipides (entre 40 et
50% de la masse), associés à des protéines et des glucides.

Figure 1 : Répartition des composants de la membrane plasmique

1.1. Les lipides membranaires

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Les lipides sont les composants majoritaires de la membrane plasmique et de l’ensemble des
membranes biologiques. Ce sont des molécules amphiphiles, c’est à-dire présentant deux
domaines ayant des propriétés physico-chimiques opposées dans la molécule : un domaine
hydrophile et un domaine hydrophobe, constitué de deux acides gras. Cette propriété est
capitale, car elle permet l’autoassemblage en une bicouche : deux feuillets lipidiques accolés
par leurs domaines hydrophobes. Les membranes cellulaires contiennent trois types de lipides
membranaires : les phospholipides (essentiellement des glycérophospholipides), le
cholestérol et les glycolipides.

1.1.1. Les phospholipides

Ce sont des molécules complexes contenant, outre C, H et O, du phosphore et éventuellement


de l’azote. L’alcool, qui est lié à un ou deux acides gras, est soit le glycérol, soit un alcool aminé
à chaîne grasse : la sphingosine. On parle donc, selon le cas, de glycérophospholipide ou de
sphingophospholipide :

- Les glycérophospholipides

Les glycérophospholipides représentent la classe majeure des lipides présents dans la


bicouche de la membrane plasmique. Ils sont constitués de 2 acides gras, du glycérol, de
l’acide phosphorique et d’une molécule supplémentaire liée à ce dernier (alcool : choline,
éthanolamine ou un acide aminé : sérine). C’est cette dernière molécule qui confère son
identité au lipide en question. Les trois fonctions alcool du glycérol sont estérifiées par les
deux acides gras et l’acide phosphorique, constituant ainsi l’acide phosphatidique.
Les glycérophospholipides assurent la fluidité membranaire nécessaire à de nombreuses
fonctions cellulaires liées à la membrane plasmique telles que la communication, le transport,
les mouvements ainsi que l’adhésion.

- Les sphingophospholipides

La composition de base des sphingophospholipides est très différente de celle des molécules
précédentes mais la structure finale obtenue s’en rapproche étonnamment. Elle comprend
une molécule de sphingosine (alcool aminé à longue chaîne grasse), une molécule d’acide
gras, une molécule d’acide phosphorique, et une molécule supplémentaire (de même nature
que celles vues plus haut et liée de la même façon à l’acide phosphorique).
L’encombrement et les propriétés physicochimiques de ces molécules sont identiques à ceux
des glycérophospholipides vus plus haut. La sphingomyéline, qui contient de la choline, est un
représentant typique de cette catégorie. On la trouve en abondance dans le système nerveux :
c’est le composant de la gaine de myéline de l’axone des neurones. Les sphingolipides ont
essentiellement un rôle dans la transmission du signal et la reconnaissance intercellulaire.

1.1.2. Les glycolipides

Leur organisation rappelle celle des lipides précédents, à la différence près qu’ils ne possèdent
pas d’acide phosphorique. Ils sont construits à partir du glycérol (glycéroglycolipides) ou du
sphingosine (sphingoglycolipides), mais la troisième fonction alcool du premier ou la fonction

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alcool terminale du second est directement estérifiée par un sucre ou un dérivé de sucre qui
constituent le groupement polaire «de tête ». L’identité de ces molécules est conférée par
cette partie glucidique qui varie en fonction de la nature et du nombre des motifs osidiques.
Les plus simples contiennent un seul ose. On distingue les glycolipides neutres (porteurs
d’oses seuls : glucose ou galactose) et ceux qui sont électriquement chargés (porteurs en
particulier d’acide sialique ou acide N-acétylneuraminique).
Chez les Bactéries ou les Végétaux, on ne trouve que des glycolipides neutres à glycérol, tandis
que ceux à sphingosine sont très abondants chez les Animaux, en particulier dans les cellules
nerveuses. On distingue les cérébrosides qui ne contiennent qu’un seul ose et les gangliosides
qui contiennent une chaîne glucidique formée entre autres par plusieurs résidus d’acide N-
acétyl-neuraminique (NANA) ou acide sialique. Le galactocérébroside (neutre), contenant du
galactose comme seul motif osidique est presque exclusivement trouvé dans la gaine de
myéline entourant les axones des Vertébrés. Tandis que les gangliosides (chargés), qui portent
des chaînes plus ou moins ramifiées riches en acide sialique, sont abondants dans la
membrane plasmique des cellules du système nerveux, où l’on en a identifié plusieurs dizaines
d’espèces différentes.

1.1.3. Le cholestérol

Ce composé est typique des cellules animales. Il est totalement absent des membranes
bactériennes et végétales. Chez ces dernières, il est cependant remplacé par des stérols de
nature différente. Sa formule montre un volumineux noyau hydrophobe constitué de quatre
cycles (hydrocarbure tétracyclique) portant une chaîne carbonée latérale ramifiée de huit
carbones, elle-même hydrophobe. À l’opposé de cette chaîne, on trouve un groupement
alcool (le seul motif hydrophile de la molécule). L’ensemble forme une sorte d’ellipsoïde aplati
et rigide présentant un caractère bipolaire amphiphile, typique des lipides. La teneur en
cholestérol de la membrane varie en fonction de l’état physiologique de l’organisme, elle peut
atteindre 25% de la totalité des lipides membranaires. Il régule la fluidité de la membrane en
la rigidifiant à haute température et en la fluidifiant à basse température.

1.2. Les protéines membranaires

Le terme protéines membranaires englobe la totalité des protéines qui entrent dans la
constitution des membranes. La diversité des membranes cellulaires et la spécificité de leurs
fonctions, au moins chez les Eucaryotes, sont essentiellement liées à celles des protéines qui
y sont associées. Elles y jouent des rôles de récepteurs et de transporteurs, des rôles de
reconnaissance et d’adhérence entre cellules, d’accrochage aux cellules voisines ou à la
matrice extracellulaire, de capture d’énergie physique (la lumière), ou tout simplement de
catalyse enzymatique… Ce qui implique que la quantité et la nature de ces protéines sont
extrêmement variables. Elles représentent environ 60% de la masse total de la membrane
dont la plupart sont des glycoprotéines. Leur classification repose sur la façon dont elles sont
disposées dans la membrane.

1.3. Composants glucidiques des membranes

L’analyse chimique de très nombreuses membranes cellulaires montre la présence constante,


bien qu’en quantité très variable, de molécules de nature glucidique. En fait, celles-ci

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n’existent pas à l’état libre mais comme des constituants partiels, des résidus osidiques
linéaires ou ramifiés, des glycoprotéines et des glycolipides.
Toutefois, la plus grande partie de la masse des glucides membranaires est liée aux protéines.
Les protéines de ce type sont dites glycosylées et se répartissent, en fonction de la masse
relative de ces motifs, en glycoprotéines ou en protéoglycanes.
Une particularité, est que tous les motifs glucidiques sont tournés d’un même côté de la
membrane, contribuant à une forte asymétrie de sa structure. Pour la membrane
cytoplasmique, tous ces résidus sont tournés vers l’extérieur de la cellule et constituent le cell
coat (glycocalix), un feutrage filamenteux d’épaisseur variable selon le type cellulaire étudié.

2. Architecture moléculaire des membranes : le modèle en mosaïque fluide

Ce modèle reposant sur différents types d’expériences dont le but est de localiser les
protéines dans l’édifice membranaire, a été proposé en 1972 par Singer et Nicolson. Le terme
de mosaïque fluide est souvent employé pour décrire à la fois la composition et le
comportement dynamique des membranes biologiques. Sa composition est très hétérogène
à la fois dans l'espace et le temps. Ainsi, l'existence de protéines intégrales (membranaires),
de lipides différents (une différence de composition entre le feuillet interne et externe est
aussi observée), de sucres complexes, existant 'presque' indépendamment les uns des autres,
explique la dénomination de mosaïque.

Figure 2 : Modèle en mosaïque fluide de la membrane

Les protéines peuvent être disposées de diverses façon par rapport à la membrane : au contact
de celle-ci, enchâssées dans une demi membrane ou traversant la membrane de part en part.
Elles participent à la polarisation membranaire. Une protéine située sur la face externe de la
cellule le restera toujours, de même qu'une protéine intracellulaire. Pour les protéines qui
traversent la membrane (les protéines intra membranaires), les parties extracellulaires et
intracellulaires seront toujours les mêmes d'un exemplaire à l'autre de la molécule. Selon leur
disposition au niveau de la membrane, on distingue :

a. Les protéines intrinsèques ou intégrées

Les protéines dites intrinsèques ou intégrales contractent des liens forts et stables, bien que
non covalents, avec les lipides. Elles traversent la bicouche et peuvent présenter des domaines

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dépassant, de façon importante, de part et d’autre de celle-ci : elles sont alors


transmembranaires.
Dans certains cas, seul un domaine dépasse significativement d’un côté ou de l’autre : elles
sont dites intrinsèques externes ou internes, suivant leur disposition (par rapport à la cellule
ou à la lumière d’un organite). Certaines de ces protéines sont accrochées à la bicouche par
un dispositif d’ancrage particulier.

 Protéines transmembranaires

Les protéines transmembranaires sont des protéines solidement maintenues dans la


membrane. Elles sont amphiphiles. Elles possèdent donc des régions hydrophobes qui sont
intramembranaires et qui interagissent avec les chaînes hydrophobes des molécules lipidiques
et des régions hydrophiles qui sont les segments transmembranaires et qui sont exposés à
l’eau des deux côtés de la membrane. Ces protéines sont habituellement composées de
chaînes polypeptidiques en hélice α. Généralement l’extrémité N-terminale est du côté
extracellulaire et l’extrémité C-terminale du côté intracellulaire. Elles peuvent être à un seul
domaine transmembranaire, elles ne traversent la bicouche lipidique qu’une seule fois. C’est
le cas de la glycophorine A principale protéine de la membrane plasmique des érythrocytes.
Elles peuvent également être à multidomaines transmembranaires, elles traversent plusieurs
fois la bicouche lipidique. C’est le cas de la protéine bande 3 qui traverse 14 fois la bicouche
lipidique. Elle est plus abondante de la membrane du globule rouge.

 Protéines ancrées à la membrane

Ces protéines sont associées à des lipides membranaires par liaison covalente. Il existe des
protéines liées au feuillet interne de la membrane soit par l’intermédiaire d’un acide gras, ce
sont les protéines acylées ou par l’intermédiaire d’un alcool gras, ce sont les protéines
prénylées. Dans les deux cas, la protéine est liée de façon covalente avec l’acide ou l’alcool
gras et ce dernier fait des interactions hydrophobes avec les lipides membranaires du feuillet
interne (ex : les protéines G).
Il existe également des protéines ancrées dans le feuillet externe par l’intermédiaire du
phosphatidylinositol. Ces protéines sont dites glypiées ou ancrées par le GPI (Glycosyl
Phosphatidyl Inositol). La liaison entre le phosphatidylinositol et la protéine est covalente et
les acides gras du phosphatidylinositol font des interactions hydrophobes avec les lipides
membranaires du feuillet externe de la membrane.

b. Les protéines extrinsèques ou périphériques

Les protéines périphériques sont hydrophiles et ne pénètrent pas dans l’intérieur hydrophobe
de la bicouche lipidique. Elles sont liées par des forces de faible énergie (liaisons hydrogènes
ou ioniques), soit aux extrémités hydrophiles des phospholipides, soit aux extrémités
hydrophiles des protéines transmembranaires.
Elles peuvent se situer soit sur la face cytosolique (côté intracellulaire) soit sur la face
extracellulaire. Ces protéines se détachent de la membrane (et donc se purifient) par simple
modification du pH ou de la force ionique. Les protéines extrinsèques extracellulaires peuvent
être glycosylées.

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Figure 3 : Les différents types de protéines et leur disposition dans la membranaire

2.1.1. Caractéristiques du modèle

Deux caractéristiques principales peuvent être dégagées des observations et des expériences
concernant la membrane plasmique.

a. La membrane est asymétrique

L’asymétrie de la membrane concerne à la fois les lipides et les protéines. Ainsi la composition
en lipides est différente dans les deux couches qui constituent la membrane (Figure 11), on
parle ainsi d’asymétrie membranaire ou de polarité de structure des membranes. Seul le
cholestérol et quelques rares lipides se trouvent en quantités équivalentes dans chacune
d’elles. La composition en acides gras influe aussi sur le caractère asymétrique des membranes
biologiques. Le degré de saturation différent de ces derniers dans les deux monocouches
entraîne une fluidité variable. On rappelle enfin que les glycolipides se rencontrent
uniquement dans les monocouches non hyaloplasmiques. Une conséquence prévisible de
cette différence de composition chimique est que les deux faces d’une membrane n’ont pas
la même charge électrique car les molécules supplémentaires ne sont pas toutes ionisables de
la même façon : l’inositol est neutre, la sérine est amphotère, la choline ou l’éthanolamine
sont chargées positivement et l’acide sialique des glycolipides est chargé négativement.

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Figure 4 : Diagrammes montrant la différence de composition en phospholipides des deux faces de la


bicouche, pour deux types de membranes de cellules eucaryotiques
(1) Membrane cytoplasmique d’érythrocyte. (2) Membrane de microsomes de foie de rat.

L’asymétrie inhérente aux protéines est une caractéristique fondamentale des membranes
biologiques ; toutes leurs propriétés physiologiques reposent sur elle. L’asymétrie due aux
protéines tient au fait que ces molécules ont une organisation et une orientation bien précise
dans la bicouche lipidique, cette dernière étant fixée une fois pour toutes lors de leur mise en
place en son sein.
L’asymétrie liée aux glucides est un phénomène « secondaire », en ce sens qu’il n’est qu’un
des aspects de celle liée aux deux autres catégories de molécules auxquelles ils sont associés
(les glycoprotéines et les glycolipides). L’étude de la membrane cytoplasmique, où elle est
particulièrement marquée, nous fournira une illustration claire de cette polarité de structure.

b. La membrane est fluide

Les membranes sont, par nature des milieux anisotropes, c’est-à-dire qu’elles ne présentent
pas les mêmes caractéristiques dans toutes les directions de l’espace. On peut à leur sujet
parler de fluidité. Cette fluidité traduit la possibilité, manifestée par leurs différents
constituants, de bouger sur place ou de se déplacer, parfois sur de relativement grandes
distances. Cette propriété est une condition nécessaire pour de nombreuses activités
cellulaires. Elle est fonction de plusieurs paramètres, propres à la membrane elle-même, mais
aussi à certaines conditions extérieures. Diverses méthodes, biophysiques et biologiques,

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démontrent la fluidité des membranes à travers, en particulier, la possibilité de diffusion


latérale des lipides et des protéines ainsi que d’une couche à l’autre (flip-flop).
En effet après ajout de deux anticorps (humain et de souris) à la culture de cellule hybride,
c’est-à-dire après fusion, on observe dans un premier temps des hybrides dont les
fluorescences vertes et rouges sont reparties par secteurs. Si on laisse incuber les cellules on
s’aperçoit que les fluorescences se sont mélangées.
Au vu de ces résultats deux hypothèses peuvent être avancées :
- Soit il y a eu redistribution des antigènes de surfaces
- Soit il y a eu synthèse de nouveaux antigènes pendant l’incubation
Pour trancher entre les deux hypothèses, la même expérience est effectuée en bloquant la
synthèse des protéines par la cyclohexemide. On obtient le même résultat, ce qui confirme
qu’il s’agit d’une diffusion des protéines à l’intérieur de la bicouche lipidique. D’où la fluidité
des membranes. Cette fluidité de la température (elle est bloquée au-dessous de 15° c), de
la composition lipidique de la membrane, en particulier du degré de saturation des lipides
(plus ils sont insaturés plus la membrane est fluide) et de la présence du cholestérol.

3. Les transports membranaires

Le transport membranaire est le passage d’une molécule ou d’un ion à travers une membrane
plasmique.
Les transports perméatifs sont des transports transmembranaires qui n’impliquent pas de
modifications morphologiques visibles en microscopie électronique de la membrane
plasmique. Ils se déroulent à l’échelle moléculaire sans intervention du cytosquelette, sans
vésicule de transport et concernent les molécules non polaires de faible poids moléculaire ou
des molécules dont le passage dépend de la présence de protéines transmembranaires
spécialisées dans le transport spécifique de substances.

Ces transports regroupent les transports passifs, qui dépendent de l’énergie fournie par le
gradient de concentration de la substance à transporter, et les transports actifs dépendant
des pompes qui consomment de l’énergie.

3.1. Les transports passifs

En biologie, un transport passif désigne le passage d’un ion ou d’une molécule à travers une
membrane sans apport d’énergie d’origine cellulaire. Le transport passif peut se réaliser selon
différentes modalités.

3.1.1. La diffusion simple

La diffusion simple est le passage transmembranaire des molécules de la région où elles sont
le plus concentrées vers celle où elles sont le moins concentrées, c’est à dire dans le sens du
gradient de concentration, sans dépense d’énergie d’origine cellulaire et sans l’intervention
de protéines de transport.

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Figure 5 : Diffusion simple d’une molécule à travers la bicouche lipidique.

Les caractéristiques de ce transport sont :


- Un déplacement dans le sens du gradient de concentration de la substance
transportée, et donc sans dépense d’énergie d’origine cellulaire.

- Une absence de saturation, la vitesse de diffusion dépend uniquement de la différence


de concentration (gradient de concentration, ou électrochimique pour des ions) ;

- Une absence de spécificité et de régulation ;

- Une certaine lenteur : les molécules doivent se dissoudre dans la double couche de
phospholipides avant de passer de l’autre côté.

Conditions nécessaires à la diffusion simple :

- Faible masse et volume moléculaires : seules les petites molécules de faible masse
moléculaire peuvent traverser la membrane.
- L’absence de polarité : la molécule doit donc être hydrophobe (apolaire ou lipophile)
comme les stéroïdes, les gaz (oxygène, dioxyde de carbone, oxyde d’azote), si elle est
hydrophile (polaire), être suffisamment petite (en pratique : éthanol, méthanol,
urée...).
- Gradient de concentration : le déplacement de la molécule repose sur la différence de
concentration d’une part et d’autre de la membrane.

3.1.2. La diffusion facilitée

La diffusion facilitée est le passage transmembranaire de molécules, dans le sens du gradient


de concentration, sans dépense d’énergie d’origine cellulaire, grâce à des transporteurs
membranaires spécifiques. Les ions et les petites molécules polaires sont transportés à travers
la membrane par un complexe de protéines qui forme des canaux ioniques. Les molécules de
taille plus importante (oses, acides aminés, certaines vitamines...) traversent la membrane
grâce à des transporteurs, les perméases. Les caractéristiques de ce transport sont :

- Un déplacement dans le sens du gradient de concentration de la substance


transportée, et donc sans dépense d’énergie d’origine cellulaire.

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- La présence de protéines de transport (canaux ioniques, perméases) ;


- Une spécificité rigoureuse ;
- Une régulation grâce à la capacité des transporteurs de se fermer ;
- Une grande rapidité.

3.1.2.1. Les perméases

Les perméases sont des protéines transmembranaires qui assurent la diffusion facilitée.
Propriétés :
- Les perméases sont spécifiques aux molécules transportées ;
- Ils sont saturables, ils ne peuvent assurer le passage que d’un nombre donné de
molécules par seconde ;
- Ils fonctionnent sans dépense d’énergie d’origine cellulaire ;
- Ils transportent les molécules dans un sens ou dans l’autre en fonction du gradient de
concentration.
Classification :

L’ensemble de ces protéines se distingue selon le nombre et le sens des molécules


transportées. Elles se subdivisent en trois catégories :
- Uniport : les protéines de type uniport (ou uniporteurs) transportent une molécule ou
un ion dans une direction.
- Symport : les protéines de type symport (ou symporteurs) transportent deux
substances de nature différente dans la même direction.
- Antiport : les protéines de type antiport (ou antiporteurs) transportent deux
substances de nature différente dans des directions opposées.

a. Les GLUT

Les GLUT (Glucose Transporters, ou transporteurs de glucose) sont des perméases formées de
12 hélices alpha s’insérant dans la bicouche lipidique constituante de la membrane, qui
transportent le glucose. Chez les mammifères, le transport de glucose est assuré en fonction
du type cellulaire, par l’un des 5 transporteurs de ce type connus actuellement.

- GLUT1 : Le transporteur GLUT1 est ubiquitaire (s’exprime sur la paroi de la plupart des
cellules) et assure le transport basal du D-glucose dans l’ensemble des cellules de
l’organisme.

- GLUT2 : Le transporteur GLUT2 est exprimé dans les hépatocytes, les cellules bêta du
pancréas endocrine, le pôle basal des cellules de l’intestin et des reins. C’est le principal
transporteur assurant le transfert du glucose entre le foie et le sang.

- GLUT4: Le transporteur GLUT4 est spécifiquement exprimé dans les muscles


squelettiques et le tissu adipeux. Il permet d’augmenter de façon importante et
rapidement l’utilisation de glucose de ces tissus en réponse à l’insuline.
Leur fonctionnement est contrôlé par des hormones (vasopressine chez les mammifères) et
peut être inhibé par certains produits toxiques (mercure par exemple).

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Figure 6 : Transport du glucose par des GLUT1

b. Les aquaporines

Les aquaporines (AQP) sont des perméases formées de 4 monomères et de 6 hélices alpha
s’insérant dans la bicouche lipidique constituante de la membrane. Elles permettent aux
molécules d’eau de traverser la membrane beaucoup plus rapidement que par simple
diffusion à travers la bicouche lipidique. En 2009, environ 500 aquaporines ont été
découvertes aussi bien dans le règne végétal qu’animal, dont 131 chez l’Homme. Elles ont une
spécificité d’expression tissullaire sauf pour AQP1 qui est ubiquitaire.

3.1.2.2. Les canaux ioniques

À l’inverse des protéines transporteuses, les canaux ioniques forment un pore au travers la
membrane qui, lors de son ouverture (contrôlée), permet, de manière sélective, aux ions
ayant une taille et une charge appropriée de traverser librement la bicouche lipidique. Le canal
est une protéine transmembranaire constituée d’un ensemble de sous-unités.
L’ouverture ou la fermeture de ces canaux obéit à deux types de mécanismes :

- Les canaux voltage-dépendants : Les canaux ioniques voltage-dépendants (canaux


Na+; K+; Ca 2+ et Cl-) sont des canaux dont l’ouverture dépend du potentiel de
membrane.

- Les canaux ligand-dépendants : Les canaux ligand-dépendants ou chimio-dépendants


sont des canaux protéiques (récepteurs canaux) dont l’ouverture dépend de la fixation
d’un ligand sur une ou plusieurs de leurs sous-unités, porteuse(s) d’un site récepteur
spécifique. Ces canaux ioniques existent dans toutes les cellules, mais particulièrement
dans les cellules excitables. Les canaux ioniques ligand-dépendants des neurones en
sont un exemple.

3.2. Les transports perméatifs actifs

En biologie, le transport actif désigne le passage d’un ion ou d’une molécule à travers une
membrane contre son gradient de concentration. Si le processus utilise de l’énergie chimique
produit par exemple, par l’hydrolyse de l’adénosine triphosphate (ATP), on le nomme
transport actif primaire. Le Transport actif secondaire implique l’utilisation d’un gradient
électrochimique.

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3.2.1. Transport actif primaire

Le transport actif primaire, aussi appelé transport actif direct, utilise de l’énergie fournie pour
transporter des molécules à travers la membrane. La plupart des enzymes qui réalise de genre
de transport sont des ATPase transmembranaires.

- Pompe sodium / potassium

La pompe sodium/potassium ou Na+ /K+ -ATPase est une protéine enzymatique dont l’activité
utilise l’énergie issue de la dégradation de l’ATP en ADP et phosphore inorganique pour
échanger les ions sodium (Na+) issus du milieu intracellulaire avec les ions potassium K+ issus
du milieu extracellulaire, donc contre leur gradient de concentration, dans un rapport précis
(3Na+= 2K+).

Structure : Il s’agit d’un tétramère formé de deux chaînes α et de deux chaînes β on écrit aussi
α2β2.
La grosse sous-unité α contient, sur sa face intracellulaire, un site de fixation pour les ions K+
et un site d’hydrolyse pour l’ATP ; et sur sa face extracellulaire, un site de fixation pour les ions
Na+.

Figure 7 : Structure schématique de la pompe Na+/K+ ATPase

Fonction : Cette pompe joue un rôle dans le maintien du potentiel de repos des cellules
nerveuses, musculaires et cardiaques. Elle est également responsable du rétablissement de
l’équilibre initial après un potentiel d’action.

Fonctionnement :

- Trois ions Na+ se fixent sur la face interne de la protéine, qui est ouverte vers l’intérieur
de la cellule. Les sites de fixation des ions K + sont fermés.
- L’ATP phosphoryle le domaine protéique tourné vers l’hyaloplasme. Un changement
de conformation de la protéine a lieu, qui s’ouvre vers l’extérieur.
- Les trois ions Na+ préalablement fixés sont en conséquence exposés à l’extérieur, où
ils sont libérés. Ce phénomène fait alors s’ouvrir deux sites de fixation des ions K+.
- Deux ions K+ se fixent à leur tour, ce qui a pour conséquence la déphosphorylation de
la protéine (Pi : phosphate inorganique), et la fermeture des sites Na+.
- Un nouveau changement de conformation, conduisant à un « basculement » en sens
inverse, ouvre la protéine vers l’intérieur.
- Les ions K+ sont exposés à l’intérieur où ils sont libérés ; les sites de fixation des ions
Na+ réapparaissent. Le cycle recommence avec une nouvelle fixation des ions Na+ et
une phosphorylation par l’ATP.

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Figure 8 : Modèle schématique illustrant le fonctionnement de la pompe Na+/K+ ATPase.

3.2.2. Transport actif secondaire

Le transport actif secondaire, contrairement au transport actif primaire, n’utilise pas l’énergie
qui lui est directement fournie comme lors de l’hydrolyse de l’ATP, à la place, c’est la
différence de potentiel électrochimique qui est utilisée. Un type de soluté se déplace en
fonction d’un gradient électrochimique permettant ainsi à un soluté d’un autre type de se
déplacer en allant à l’encontre de son gradient de concentration. Les deux principales formes
sont le symport et l’antiport.

- Antiport

Échangeur Na+/Ca2+ : L’échangeur Na+/Ca2+ est utilisé par plusieurs cellules, notamment les
cellules cardiaques pour retirer le calcium cytoplasmique, il permet de faire sortir un ion
calcium en faisant entrer 3 ions sodium.

- Symport

Les symports utilisent un gradient électrochimique de solutés, les deux espèces transportées
le sont dans le même sens, sachant que l’un l’est dans le sens de son gradient de concentration
et l’autre dans le sens opposé à son gradient de concentration.

Transporteur sodium-glucose : Les co-transporteurs glucose sodium dépendant (SGLUT) sont


une famille de transporteur de glucose retrouvés dans la membrane plasmique du pôle apical
des entérocytes (SGLUT1) et des épithéliums rénaux (SGLUT2). Ces protéines utilisent
l’énergie créée par le gradient de sodium pour transporter le glucose à travers la membrane
apicale contre le gradient de glucose. Ainsi, ces co-transporteurs sont un exemple de transport
actif secondaire symport. Le ratio de transport des SGLUT1 est de deux ions de sodium pour
une molécule de glucose. Quant aux SGLUT2, il est d’un ion de sodium pour une molécule de
glucose.

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Figure 9 : Schéma illustrant le transport du glucose intestinal à travers un entérocyte

4. Les transports cytosoliques

Les transports cytosoliques sont des transports qui impliquent des déformations et
modifications morphologiques visibles en microscopie électronique de la membrane
plasmique. Ils se déroulent à l’échelle cellulaire avec l’intervention du cytosquelette, la
consommation d’énergie et l’utilisation de vésicules de transport appartenant au système
endomembranaire. Ils concernent les molécules de poids moléculaire élevé, voir des
particules de grande taille (virales, bactériennes, etc.).
Ils sont classés en deux grands groupes : l’endocytose et l’exocytose.

4.1. L’endocytose

Du grec endon (à l’intérieur) et kytos (enveloppe), l’endocytose désigne le processus par


lequel les cellules retiennent une fraction du volume extracellulaire contenant des molécules
voire de particules à l’intérieur d’un compartiment membranaire intracellulaire. L’endocytose,
qui joue un rôle dans diverses fonctions physiologiques, est un phénomène « actif »,
consommateur d’énergie. Selon :
- Le volume endocyté ;
- La présence ou non d’un revêtement protéique sur la face cytosolique des vésicules
endocytées ;
- La nature chimique des éléments internalisés.

On distingue trois types d’endocytose : la pinocytose, la phagocytose et l’endocytose par


récepteurs.

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4.1.1. Pinocytose

La pinocytose, du grec pinein, « boire », est la capture et l’absorption, par la cellule de


macromolécules et de solutés dans de petites vésicules lisses, non recouvertes (diamètre
d’environ 100nm). Comme tous les solutés dissous dans les gouttelettes sont englobés sans
discrimination, la pinocytose ne constitue pas une forme de transport spécifique. Il n’y a pas
d’intervention de récepteurs membranaires contrairement à l’endocytose à récepteurs que
nous verrons par la suite.

Déroulement de la pinocytose :

- Piégeage des particules ;


- Pincement de la membrane plasmique ;
- Formation d’une vésicule lisse qui, en fusionnant avec d’autres vésicules formera un
endosome précoce.

La pinocytose se déroule en permanence dans la plupart des cellules eucaryotes. La surface


membranaire reste constante : l’apport de membrane, par les vésicules sécrétoires au cours
de l’exocytose, compense, en effet, la perte occasionnée par la pinocytose.

Figure 10 : Schéma illustrant le phénomène de pinocytose par vésicules lisses

4.1.2. Phagocytose

Chez l’homme, la phagocytose est une forme d’endocytose caractéristique des cellules
spécialisées du système immunitaire appelées phagocytes professionnels (macrophages et
certains leucocytes). Elle correspond à la capture, l’ingestion et la destruction, dans une
vacuole spécialisée, phagosome (diamètre d’environ 250nm), des microorganismes, des
cellules apoptotiques et des débris cellulaires. Fonction immunitaire de base non spécifique,
elle sert de point de départ à la réaction immunitaire globale spécifique.
Chez les protozoaires, comme l’amibe, la phagocytose assure uniquement leur nutrition en
capturant les nutriments.

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Déroulement de la phagocytose

Il est habituellement découpé en trois phases : adhésion, ingestion, et digestion - cette


dernière étape n’étant pas systématique.
Adhésion : adhésion de la particule à la membrane plasmique grâce à des récepeurs
spécifiques : région fonctionnelle des anticorps, composants du complément,
oligosaccharides de surface présents chez certains micro-organismes ou encore un signal
apoptotique ;
Ingestion :
- Formation de voiles hyaloplasmiques (pseudopodes), entourant la particule
phagocytée, par déformation du cytosquelette ;
– Séquestration de la particule et formation du phagosome ;

Digestion : la digestion est consécutive à l’accolement et à la fusion des lysosomes avec la


membrane du phagosome constituant ainsi un phagolysosome duquel les divers enzymes vont
se déverser et, selon leur spécificité, s’attaquer aux divers constituants de la particule ou du
micro-organisme.

Figure 11 : Schéma illustrant le phénomène de phagocytose

4.1.3. Endocytose par récepteurs

L’endocytose à récepteurs est une forme d’endocytose hautement spécifique, très sélective,
caractérisée par la formation de vésicules à manteau, se déroulant au niveau de régions
spécifiques de la membrane plasmique contenant des protéines transmembranaires, servant
de récepteurs et recouvertes sur leurs faces internes ou cytosoliques par des protéines
formant un revêtement. Selon la nature du revêtement on parlera d’endocytose par
récepteurs dépendante de la clathrine ou d’endocytose par récepteurs indépendante de la
clathrine.

a. Endocytose par récepteurs dépendante de la clathrine

L’endocytose par récepteurs dépendante de la clathrine est la principale voie d’endocytose


pour la majorité des cellules, c’est un mode de collecte sélectif et efficace de macromolécules

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même si elles sont présentes à des concentrations relativement faibles dans le liquide
extracellulaire. Ce processus conduit à la formation de vésicules recouvertes de clathrine.
Ce type d’endocytose intervient lors :
– De l’internalisation du complexe hormone polypeptidique-récepteur pour l’arrêt de la
réponse ;
– Le transport des anticorps de la mère vers son bébé au cours de la lactation ;
- Le transport du cholestérol contenu dans les LDL vers les différents types cellulaires
pour le renouvellement des membranes.

b. Endocytose par récepteurs indépendante de la clathrine

L’endocytose par récepteurs indépendante de la clathrine a lieu au niveau des microdomaines


lipidiques (rafts) (voir sous-section Références rafts). La cavéoline est une protéine en forme
d’épingle à cheveux qui se lie au cholestérol dans les microdomaines, la dépression qu’elle
entraine est dite cavéole, après pincement elle donne naissance à des vésicules mesurant 50
à 100 nm de diamètre.
Chez l’homme, ce type d’endocytose est parfois détourné par des bactéries ou des virus afin
d’infecter les cellules de l’organisme.

Figure 12 : Schéma représentant les étapes du transport des LDL dans une cellule cible

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4.2. Exocytose

Toutes les cellules eucaryotiques ont la faculté de sécréter divers composés dans le milieu
extérieur. Ceux-ci ont plusieurs destinées : ils restent étroitement accrochés à la membrane
plasmique (glycocalyx), ils constituent une matrice extracellulaire emplissant les espaces libres
entre les cellules, ils sont émis dans le milieu intérieur (hormones) ou dans le tractus digestif
(enzymes), etc.
L’exocytose désigne le mécanisme d’excrétion de ces composés.
On distingue classiquement deux grandes voies :
- L’exocytose constitutive : par laquelle certaines protéines sécrétées ou
membranaires, ainsi que des phospholipides, sont continuelle- ment acheminés vers
la membrane plasmique, au moyen de petites vésicules ;
- L’exocytose induite : dans laquelle des vésicules de stockage sont mises en œuvre ;
celles-ci ne fusionnent avec la membrane que lorsque la cellule a reçu un signal
extracellulaire bien précis.

5. Les spécialisations de la membrane plasmique

Les spécialisations de la membrane plasmique sont des différenciations de cette membrane


et du cytoplasme superficiel, qui permettent à la cellule d’assurer une ou plusieurs fonctions
précises notamment l’adhérence des cellules entre elles et le milieu (matrice extracellulaire
pour assurer la cohésion des tissus. Ainsi que les échanges entre la cellule et son
environnement.

5.1. Les différenciations apicales

La partie apicale constitue une zone d’interaction entre les protéines membranaires et le
cytosquelette, il y a notamment des structures appelées des microvillosités au sein desquelles
on a des microfilaments d’actine (un des trois composants du cytosquelette) associés à des
protéines servant aux échanges entre la cellule et le milieu extracellulaire.
Ex : les cellules épithéliales du système intestinal ont à leur surface des microvillosités
permettant l'absorption des aliments. La zone apicale de ces cellules correspond à la lumière
de l’intestin.

Les microvillosités

Les microvillosités sont des extensions cytoplasmiques cylindriques d’environ 1 μm de


longueur et de 0.1 μm de diamètre. Elles sont recouvertes de glycocalyx et sont soutenues
grâce à des faisceaux de microfilaments d’actine et des protéines du cytosquelette, dont la
villine et la fimbrine qui réunissent les microfilaments en faisceaux et la myosine I qui attache
ces faisceaux à la face interne de la membrane de la villosité.
Ils recouvrent toute la surface libre du pôle apical de certaines cellules épithéliales et
constituent notamment le plateau strié des entérocytes et la bordure en brosse des tubes
contournés du rein.

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Leur rôle est d’augmenter considérablement la surface de contact de la membrane plasmique


avec les nutriments et accroitre donc leur absorption.
Pour ce qui est du plateau strié, les microvillosités recouvrent toute la surface libre du pôle
apical des entérocytes. Leur identité de forme, de longueur, de diamètre, d’espacement et de
direction font qu’au microscope optique elles apparaissent sous forme de plateaux striés.
Les microvillosités des bordures en brosse diffèrent des précédentes par leurs plus grandes
longueurs et leur espacement plus irrégulier.

a b c
Figure 13 : Les types de microvillosités ;
a : Plateau strié ; b : Bordure en brosse ; c : ultrastructure d’une microvillosité

5.2. Les différenciations basales

Le pôle basal d’une cellule épithéliale repose sur une lame basale continue. La membrane
plasmique présente à ce niveau deux types de différenciations : des invaginations (ou replis)
particulièrement développés et les hémidesmosomes qui attachent la cellule à la lame basale.

Les invaginations de la membrane plasmique basale :

Dans la majorité des épithéliums, la membrane plasmique du pôle basal de la cellule est
linéaire (parallèle à la lame basale) et non spécialisée.
Toutefois, les cellules épithéliales impliquées dans les échanges hydrominéraux actifs (tube
contourné du rein, par exemple) présentent du côté basal des invaginations profondes qui
divisent le cytoplasme en compartiments où sont logés les récepteurs des hormones
contrôlant ces échanges et de nombreuses mitochondries qui fournissent l’énergie
nécessaire.

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Figure 14 : Invaginations de la membrane plasmique basale

5.3. Les jonctions cellulaires

Les jonctions intercellulaires sont des régions spécialisées de la membrane plasmique qui,
outre l’adhérence, assurent en fonction de leur structure soit l’étanchéité de l’espace
intercellulaire ou l’ancrage des cellules et ce grâce à un complexe protéique. Selon l’espace
intercellulaire on peut distinguer :

- Jonctions occlusives (occludens) : ce sont des jonctions étanches, l’espace


intercellulaire est presque nul, il est imperméable.

- Jonctions d’ancrage (adherens) : elles attachent les cellules entre elles ou avec la lame
basale, l’espace intercellulaire est large.

- Jonctions communicantes (gap) : elles assurent le passage de molécules informatives


d’un certain poids moléculaire. L’espace intercellulaire est réduit.

Les jonctions cellulaires diffèrent non seulement par leurs structures et leurs fonctions mais
également par leur forme. On distingue ainsi :

- La zonula : il s’agit d’une jonction sous forme de ceinture qui encercle complètement
la cellule.

- La macula : c’est une jonction circulaire.

- La fascia : c’est une jonction plus ou moins étendue, à contours irréguliers.

5.3.1. Les jonctions serrées (zonula occludens)

Les jonctions serrées (étanches, occlusives, tight junctions ou encore zonula occludens) sont
des régions spécialisées de la membrane plasmique qui ceinture la cellule à l’apex. Les feuillets
externes des membranes plasmiques appartenant à deux cellules voisines établissent un

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contact si étroit (sans toutefois fusionner) qu’ils rendent l’espace intercellulaire étanche et
empêchent le passage de toute substance. Ce type de jonction caractérise les cellules
endothéliales, les cellules épithéliales polarisées comme les entérocytes, etc.
Au MET la jonction apparaît comme une structure en 5 feuillets (les 2 feuillets externes de
chacune des membranes forment un seul feuillet médian). Les protéines qui constituent les
brins de scellement sont les claudines et occludines.
Elles ont pour rôle de déterminer la polarité des cellules épithéliales en séparant le domaine
apical du domaine latéro-basal. Elles empêchent aussi le libre passage des molécules de la
lumière vers l’espace intercellulaire.

Figure 15 : Structure d’une jonction serrée

5.3.2. Les jonctions d’ancrage

- Les desmosomes de ceinture (zonula adherens)

Les desmosomes de ceinture (jonctions adhérentes, ceinture d’adhérence ou zonula


adherens) sont localisés en dessous de la jonction serrée. Ils font complètement le tour de la
partie apicale de la cellule, assurant ainsi une excellente adhérence entre les cellules.
Au MET le desmosome de ceinture apparaît comme une structure en 7 feuillets (les 3 feuillets
de chacune des membranes et l’espace intercellulaire).
L’espace intercellulaire contient des molécules de cadhérine et du calcuim. Le domaine
cytosolique des cadhérines est lié aux β et γ-caténines, elles-mêmes fixées à l’α-caténine qui
vient se fixer aux filaments d’actine du cytosquelette.

Figure 16 : Structure d’un desmosome de ceinture

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- Les desmosomes ponctuels (macula adherens)

Les desmosomes du type macula adherens, se retrouvent presque exclusivement dans les
cellules épithéliales, en dessous de la jonction serrée et des desmosomes de ceinture, où ils
se disposent à des intervalles plus ou moins réguliers.
Au MET le desmosome ponctuel apparaît comme une structure en 7 feuillets. Ces jonctions
sont caractérisées par des plaques cytoplasmiques denses de protéines dans lesquelles
s’insèrent les filaments intermédiaires (également appelés filaments de cytokératine ou
tonofilaments) des deux cellules adjacentes. L’espace intercellulaire est divisé en deux par une
ligne médiane dense, il contient des cadhérines (d’un type différent que celui des
desmosomes de ceinture). Les cadhérines sont liées aux filaments intermédiaires grâce aux
desmoglobines et aux desmoplakines contenues dans les deux plaques cytoplasmiques. Ces
desmosomes augmentent la résistance des tissus soumis à des forces mécaniques en
répartissant les tensions à travers l’ensemble de la ou des couches cellulaires.

Figure 17 : Structure d’un desmosome ponctuel

La succession des trois jonctions précédentes (zonula occludens, zonula adherens, macula
adherens) forment ce que l’on appelle un complexe jonctionnel.

5.3.3. Les jonctions communicantes

Les jonctions communicantes (jonctions lacunaires ou gap junction) sont des régions
spécialisées des membranes de deux cellules adjacentes, qui se caractérisent essentiellement
par la présence de connexons (canaux transmembranaires qui font communiquer les
compartiments cytoplasmiques de deux cellules) et un espace intercellulaire réduit mais
perméable. Elles assurent le transfert de molécules informatives. La fascia est un ensemble de
ces jonctions communicantes. Au MET la jonction communicante apparaît comme une
structure en 7 feuillets.
Les connexons sont constitués par l’association de six molécules de connexine (figure 18).
Chaque connexon s’apparie avec un connexon situé dans la membrane de la cellule voisine
formant ainsi un canal qui traverse la bicouche lipidique et permet le passage de l’eau, de
quelques ions, de l’ATP, de l’AMPc...

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Figure 18 : Structure d’une jonction communicante

5.3.4. Les hémidesmosomes

Un hémidesmosome est un type de jonction qui unit le pôle basal des cellules épithéliales à la
lame basale. Il est formé d’une seule plaque cytoplasmique reliée aux filaments intermédiaires
du côté extracellulaire et aux intégrines du côté extracellulaire.

Figure 19 : Structure d’un hémidesmosome

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Chapitre 2 : Les Systèmes de conversion de


l’énergie dans la cellule
Introduction

L’ensemble des activités cellulaires, qu’elles soient métaboliques, osmotiques ou mécaniques,


consomment de l’énergie, dont la fourniture est une condition sine qua non de la vie. Toutes les cellules
utilisent la même énergie chimique, sous la forme de molécules d’ATP.
Les biochimistes ont évalué les besoins énergétiques quotidiens chez l’Homme à plusieurs dizaines de
kilogrammes de ce composé ; cette estimation montre clairement que l’ATP ne peut faire l’objet d’un
stockage dans l’organisme, mais qu’il doit sans cesse être renouvelé. Bien que la glycolyse produise de
l’ATP de façon ubiquitaire dans les cellules, l’essentiel de la production énergétique chez les Eucaryotes
est lié à la présence d’organites spécialisés : les mitochondries et les chloroplastes. Elle se fait à travers
deux voies principales :
- La respiration cellulaire ;
- Et la photosynthèse.
Les mitochondries et les chloroplastes présentent des caractéristiques structurales et fonctionnelles
communes. Porteurs d’une information génétique propre et d’une machinerie assurant son expression
autonome, ils se situent à l’écart du vaste flux membranaire qui traverse les cellules eucaryotiques.
Bien que cette information génétique soit réduite, sa seule existence implique des modalités très
particulières de leur biogenèse : ces organites ont une même origine évolutive. Ils descendent en effet
d’ancêtres procaryotiques ayant été « annexés et domestiqués » par les précurseurs des cellules
eucaryotiques modernes : C’est la théorie endosymbiotique.
Cette théorie indique que ces organites dérivent de cellules procaryotiques qui auraient été capturées
par phagocytose, puis asservies par une cellule-hôte ancestrale, elle-même bâtie sur le plan
procaryotique. Plusieurs ressemblances structurales, biochimiques et génétiques qui rapprochent les
mitochondries des Eubactéries ont été signalées :

- Existence d’une double membrane, comme chez les Bactéries Gram-négatives, et de


constituants membranaires typiques : la porine, dans la membrane externe, et le
diphosphatidyl-glycérol dans la membrane interne ;
- Organisation similaire des systèmes énergétiques générateurs d’ATP : transporteurs
membranaires d’électrons et ATP synthétases, fabrication d’un gradient de protons
transmembranaires
- Présence d’un matériel génétique, sous la forme d’une molécule d’ADN circulaire, dont
l’organisation des gènes (ordre et séquences nucléotidiques) est en général semblable à celle
des Eubactéries, bien qu’il existe des introns dans certains gènes mitochondriaux d’Eucaryotes,
en particulier chez les Champignons ;
- Existence d’une machinerie de synthèse des protéines (ribosomes) voisine de celle des
Bactéries et présentant la même sensibilité aux antibiotiques.

Les phylogénies moléculaires basées en particulier sur l’analyse des séquences des gènes
ribosomiques, prouvent que toutes les mitochondries ont une même origine et sont proches des
Protéobactéries actuelles. C’est dans ce vaste groupe de Bactéries Gram négatives, souvent aérobies,
que l’on trouve les genres Rhizobium ou Agrobacterium, les Bactéries pourpres sulfureuses ou non, les
Bactéries dénitrifiantes, etc.
Toutes les observations faites pour les mitochondries sont aussi valables pour les chloroplastes. De
façon encore plus claire que pour les premières, les données structurales, biochimiques et surtout
moléculaires démontrent que les plastes de tous les organismes photosynthétiques eucaryotiques

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dérivent des Cyanobactéries. L’événement endosymbiotique initial s’est produit après celui qui est à
l’origine des mitochondries. Il a eu des conséquences considérables à l’échelle planétaire, car il confère
à la cellule-hôte le caractère d’autotrophie totale, celle-ci pouvant désormais survivre à partir des seuls
éléments minéraux du milieu. Le nouveau type cellulaire ainsi créé, réunissant les avantages liés au
statut eucaryotique et ceux liés à l’autotrophie, a pu conquérir la Terre, coloniser tous les biotopes et
devenir un producteur primaire très important.

Endocytose d'une bactérie par une cellule eucaryote ancestrale générerait un organite avec deux membranes, la membrane
externe provenant de la membrane plasmique eucaryote et l'enveloppe intérieure de la membrane bactérienne. La sous-
unité F1 de l'ATP synthase, localisée à la face cytosolique de la membrane bactérienne, serait alors face à la matrice des
mitochondries en évolution (à gauche) ou chloroplaste (à droite). Bourgeonnement de vésicules de la membrane du
chloroplaste intérieure, comme cela se produit au cours du développement des chloroplastes dans les usines modernes,
généreraient les vésicules thylakoïdes avec la sous-unité F1 restant sur la face cytosolique, face à stroma des chloroplastes.

Le cytosol

Généralités
Le cytoplasme de la cellule eucaryote est subdivisé en deux groupes de compartiments. Le premier
comprend 3 types d’organites délimités par une membrane d’enveloppe :
- Ceux constituants le système endomembranaire, dont fait partie l’enveloppe nucléaire,
- Les mitochondries,
- Les peroxysomes.

Le deuxième est constitué par le cytosol qui occupe le volume restant, laissé libre par les organites. Le
nucléoplasme peut être considéré comme une région du cytosol, spécialisée dans le métabolisme des
acides nucléiques. Il est à la fois isolé du cytosol par l’enveloppe nucléaire, mais aussi en relation avec
lui, par l’intermédiaire des pores nucléaires.
Très riche en eau (85%), le cytosol est le surnageant restant après sédimentation de tout le matériel
membranaire et particulaire. Grace aux milliers d’enzymes qu’il contient, le cytosol est le siège de
nombreuses réactions chimiques, dont l’ensemble constitue le métabolisme, et au cours desquelles
des molécules organiques ou métabolites sont modifiées. Le métabolisme associe les voies de synthèse
de molécules organiques (anabolisme) et leurs voies de dégradation (catabolisme). Le cytosol est un
carrefour métabolique, à l’interface avec les compartiments membranaires de la cellule.

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I. Le glucose 6 P carrefour de plusieurs voies métaboliques


Les glucides constituent le nutriment énergétique par excellence. Leur synthèse et leur dégradation se
font par des voies métaboliques qui partent toutes d’un carrefour commun : le glucose-6- phosphate
dont la dégradation permet la formation des liaisons riches trouvées dans l’ATP, qui seront utilisées à
tous les niveaux du métabolisme et des activités cellulaires. Certains des composés intermédiaires
formés au cours de ces dégradations sont également des composés intermédiaires utilisés pour la
synthèse d’autres constituants : lipides, protéines ou acides nucléiques. La glycolyse et la voie des
hexoses-monophosphates constituent le cœur du catabolisme, mais ces voies assurent aussi d’autres
fonctions importantes ; elles fournissent en particulier des métabolites intermédiaires qui participent
à l’élaboration des constituants macromoléculaires des cellules (anabolisme).

Les 3 voies métaboliques dont le glucose- 6- phosphate est le carrefour obligatoire

1. La glycolyse : voie universelle de production d’ATP dans la cellule

La glycolyse est une voie pratiquement universelle dans le monde vivant ; elle consiste en une série de
réactions qui convertissent une molécule de glucose (C6H12O6) en deux molécules d’acide pyruvique
(CH3 CO COOH), avec production simultanée d’ATP. Toutes ces réactions se produisent en dix étapes
biochimiques dans le cytoplasme des cellules procaryotiques ou eucaryotiques. Cette séquence de
réactions, dont tous les intermédiaires sont des composés phosphorylés, comprend deux grandes
périodes.

La première (trois étapes) comprend des réactions de phosphorylation du glucose, après


consommation d’ATP dont la réaction initiale correspond au transfert d’un groupement phosphate sur
le carbone 6 du glucose, réaction catalysée par une phosphorylase, l’hexokinase. Elle se termine par le
clivage, par une aldolase, du fructose 1-6 diphosphate en deux trioses-phosphate : le glycéraldéhyde
3-P et le dihydroxyacétone-P. Les deux trioses s’isomérisent aisément si bien qu’à l’équilibre, les deux
sucres ne sont pas en proportions équimoléculaires : il y a 96% de dihydroxyacétone et 4% de
glycéraldéhyde. Seul ce dernier est utilisé pour la suite de la glycolyse. Le deuxième conduit à la
formation de liaisons à haut potentiel énergétique, puisque deux molécules d’ATP sont synthétisées à
partir de chaque triose-phosphate obtenu dans la phase précédente.
La première réaction de la deuxième phase est une étape cruciale d’oxydoréduction mettant en jeu le
transporteur d’électrons nommé NAD+ (réduit en NADH) et du phosphate inorganique, et permettant
l’obtention du 1-3 bisphosphoglycérate (oxydation phosphorylante). Ce dernier est une molécule «
riche en énergie » permettant la phosphorylation de l’ADP en ATP. Un deuxième composé riche en
énergie, formé dans la glycolyse, est le phosphoénolpyruvate, qui est lui aussi utilisé pour la formation
d’une molécule d’ATP. Ces deux réactions spécifiques de la glycolyse sont fondamentalement
différentes de celles qui sont à l’origine de l’ATP dans les mitochondries, en aérobiose. On parle ici de
phosphorylation au niveau du substrat, pour traduire l’idée que ce sont des mécanismes enzymatiques
banals qui sont en jeu, c’est-à-dire ne nécessitant pas de structures cellulaires particulières, ni
d’oxygène libre.

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Les différentes étapes de la glycolyse


On distingue deux grandes périodes au sein de cette voie de dégradation du glucose. La première correspond à des
étapes de phosphorylation des sucres, tandis que la seconde conduit à la production d’ATP.

2. Devenir du NADH cytosolique

Le NADH produit lors de la glycolyse ne peut pas traverser l’enveloppe mitochondrial et reste donc
dans le cytosol. Cependant, il doit céder ses électrons pour retourner à son état oxydé. Il cède donc
ses électrons à des navettes qui les apportent à la mitochondrie. Ces navettes sont : la navette malate-
aspartate et la navette glycérol- phosphate.

- La navette malate- aspartate cède les électrons au NADH matriciel, qui les apporte au
complexe I de la chaine respiratoire, générant 3 molécules d’ATP par paire d’électrons. La
navette est en fait constituée par deux perméases différentes (de type antiport), l’une
malate/α-cetoglutarate, l’autre aspartate/glutamate. Cette voie est utilisée dans les
mitochondries des cellules du foie, du rein et du muscle cardiaque.

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- La navette glycérol-phosphate transmet les électrons du glycérol-phosphate (par


l’intermédiaire d’une enzyme, la glycérol-3-phosphate déshydrogénase mitochondriale
insérée dans la face externe de de la membrane interne de cet organite) à l’ubiquinone,
localisée à l’intérieur de la membrane interne. Cette voie est utilisée dans les mitochondries
des neurones du cerveau et des cellules du muscle squelettiques.

Malate et glycérol-phosphate traverse de façon passive la membrane externe grâce aux porines. Selon
le type de navette impliquée, ces électrons traversent (malate-aspartate) ou non (glycérol- phosphate)
la membrane interne, puis sont ensuite intégrés à deux niveaux différents dans la chaine respiratoire
de la mitochondrie.

3. Devenir du pyruvate

Le devenir du pyruvate dépend de la présence ou non de l’oxygène. Dans les cellules en anaérobioses,
les molécules de pyruvates restent dans le cytosol où elles sont converties :
- En éthanol, lors de la fermentation alcoolique chez la levure,
- En acide lactique, lors de la fermentation lactique dans les cellules musculaires striées.

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Lors de sa formation pendant la glycolyse, une molécule de NAD est réduite (en acceptant 2 électrons)
en NADH, H+. En absence d’O2, les 2 électrons sont transférés du NADH, H+ vers une autre molécule
acceptrice pour régénérer le NAD susceptible d’être à nouveau utiliser dans la glycolyse. Chez les
champignons, l’accepteur d’électrons est l’acétaldéhyde. Le produit issu de cette réaction est
l’éthanol : c’est la fermentation alcoolique. Dans les cellules musculaires, en absence d’O2 l’acide
pyruvique est directement réduit en acide lactique.

Dans la plupart des cellules, le pyruvate entre rapidement dans les mitochondries où il est
complètement oxydé en CO2 et H2O. En présence d’O2 le pyruvate est déshydrogéné et décarboxylé
par un complexe multienzymatique volumineux, la pyruvate déshydrogénase, ce qui permet la
formation de NAD réduit, et d’un groupement acétyle (CH3-COO-) qui est transféré sur un transporteur
particulier, le coenzyme A (CoA). L’acétyle CoA ainsi formé va entrer dans le cycle de Krebs.

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La mitochondrie

Généralités

Les mitochondries se rencontrent dans toutes les cellules eucaryotes, animales et végétales. Elles ont
été découvertes à la fin du XIXème siècle par Altmann. En 1890, Altmann découvre, dans le cytoplasme,
des granulations et des filaments : probablement très intuitifs, qu’il dénomma bioblastes (du grec bio :
vie et blastos : germe). Benda, en 1902, reconnait la présence de ces éléments dans les cellules
eucaryotes, et leur donne le nom de mitochondrie (du grec mitos : filament et chondria : granule).
L’organisation générale des mitochondries telle que nous la connaissons aujourd’hui, a été mise en
évidence grâce à la microscopie électronique par Palade (1952) et Sjöstrand (1953). En 1959,
Chèvremont découvre la présence de molécules d’ADN dont la structure est fondamentalement
différente et indépendante de l’ADN nucléaire. Ce qui explique pourquoi les mitochondries
synthétisent certaines de leurs protéines. Cependant, elles sont dépendantes de la cellule hôte, dont
l’ADN nucléaire code pour une majeure partie de leurs protéines. Inversement, les cellules hôtes sont
également dépendantes des mitochondries qui leur fournissent une grande partie de l’ATP.
L’ensemble des mitochondries d’une cellule constitue le chondriome. Le chondriome est dynamique
car les mitochondries peuvent :

- Se déplacer (associées aux éléments du cytosquelette, notamment les microtubules),


- Se déformer,
- Se diviser par scissiparité,
- Et fusionner entre elles.

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La cellule peut donc réguler le nombre de ses mitochondries en fonction de son activité métabolique.
Dans les cellules hépatiques, elles sont particulièrement nombreuses. Leur nombre varie entre 1500
et 2000, occupant presque le quart de la cellule (soit 20 % du volume cellulaire). Dans le cytoplasme,
elles sont associées aux réserves énergétiques (glycogènes et triglycérides) et localisées à proximité
des lieux de consommation d’ATP (ex : dans les spermatozoïdes, elles sont solidement enroulées
autour du flagelle). Elle transforme l’énergie libérée par le catabolisme des divers nutriments, en ATP,
par phosphorylation de l’ADP, réaction au cours de laquelle elle produit du H2O et du CO2. Elle produit
la plus grande partie de l’énergie nécessaire au déroulement normal des diverses fonctions cellulaires.
La mitochondrie intervient, en liaison avec le REL, dans la synthèse des stéroïdes et des phospholipides.

I. Morphologie et ultrastructure

1. Aspect morphologique

Après une coloration adéquate (vitale, au nitrobleu de tétrazolium, ou bien après fixation, au bleu de
toluidine, par exemple), ces organites apparaissent sous forme de granules plus ou moins allongés :
globulaires (de 0,5 à 1 µm de diamètre), ou filamenteux, jusqu’à 10 µm de long. Généralement répartis
dans l’ensemble de l’hyaloplasme, ils présentent parfois des regroupements (dans certains ovocytes)
ou une localisation préférentielle, en relation avec des besoins énergétiques évidents. La
microcinématographie en contraste de phase montre que le compartiment mitochondrial (le
chondriome), est très dynamique (mouvements, fragmentation, fusion des organites) et il est donc
parfois difficile de définir clairement « l’entité mitochondriale ».
L’examen, sur cellules vivante des mitochondries en microscopie de contraste de phase ou après
coloration au vert Janus ou par la rhodamine (microscopie en fluorescence) a montré que la forme des
mitochondries varie en fonction de la position qu’elles occupent dans la cellule. Ainsi dans les
entérocytes les mitochondries se disposent à chacun des pôles cellulaires : au pôle apical ils prennent
un aspect filamenteux, et au pôle basal, un aspect granuleux.
Leur taille varie également. Dans la plupart des cellules, elles prennent la forme de petits bâtonnets
de 0.5 à 1µm de diamètre, pouvant atteindre une longueur maximale de 7µm. Toutefois la taille et
aussi bien le nombre, dépendent de l’activité de la cellule. Dans une cellule sécrétoire très active, la
taille varie au cours du cycle. Ainsi, elle peut passer d’une taille assez fine (0.2µm) à une taille plus
épaisse (2µm au maximum).

Divers types de mitochondries


(a) cellules musculaires ; (b) cellules sécrétrices d’hormones stéroïdiennes (cortico-surrénale de rat) ; (c) cellules de Champignons.
Clichés Labos. BG, MVE et Labo. BC4 (R. Charret), Orsay

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2. Ultrastructure

La structure est la même quelle que soit la taille de l’organite. La mitochondrie est limitée par deux
membranes, représentant environ 40 % des membranes cellulaires dans un hépatocyte. Elles sont
séparées par un espace intermembranaire de 10 nm d’épaisseur : c’est l’enveloppe. La membrane
externe, de 7 à 8 nm, est lisse. La membrane interne est légèrement plus mince (6 nm), ce qui témoigne
d’une différence de composition chimique importante par rapport à la membrane externe. Elle est
beaucoup plus longue que l’externe (5 fois plus, dans un hépatocyte), et dessine à l’intérieur de
l’organite des replis ou crêtes, dont le nombre et l’importance varient selon les cellules. Cette
membrane est recouverte sur sa face interne par des particules globulaires de 8nm de diamètre,
pédicellées, les ATP-synthases.
Ces deux membranes délimitent deux compartiments d’importance et d’organisation différente :

- Le compartiment intermembranaire (ou chambre externe) ne présente pas de différenciation


particulière, il est d’épaisseur généralement constante et on n’y décèle aucune forme
d’organisation particulière ;
- La matrice (ou chambre interne) apparaît très dense en microscopie électronique. On y
observe divers éléments figurés :

o Des filaments denses, pelotonnés, associés à la membrane interne, constitués par de


l’ADN et des protéines que l’on nomme, par analogie avec les structures rencontrées
chez les bactéries, des nucléoïdes ;
o Des granules de 15 à 20 nm, les ribosomes mitochondriaux ou mitoribosomes ;
o Des granules denses plus ou moins volumineux.

2.1. La membrane externe

La membrane mitochondriale a une structure trilamellaire : elle est constituée par 60% de protéine et
40% de lipides. Elle contient :

- Des porines (30kDa), protéines porteuses non glycosylées, constituées par des sous-unités
regroupées autour d’un pore. Elles assurent le passage, par transport passif, de molécules
cytosoliques dont le Poids Moléculaire (PM) est inférieur ou égale à 10 kDa. La composition

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chimique de l’espace intermembranaire est d’ailleurs voisine de celle du cytosol. Ces porines
comprennent des canaux anioniques voltages –dépendants (VDAC : voltage-dependant anion
chanel) qui furent découvertes chez la Levure. Ils sont constitués d’une petite protéine
particulièrement abondante dans toutes les cellules eucaryotes : cette protéine forme un pore
dont l’ouverture dépend du voltage lorsqu’elle est incorporée dans la double couche lipidique.
VDAC est aussi le site de liaison de l’hexokinase et de la glycérol kinase, ce qui pourrait avoir
une activité métabolique régulatrice. Chez l’Homme, il existe des homologues, HVDAC 1 et 2
(Human voltage-dependant anion chanel) ;

- Des récepteurs d’importation Tom 37, 70, 20, 22 et 5 (Translocase of the outer membrane ;
translocase de la membrane externe), capables de reconnaitre les séquences d’adressages des
protéines cytosoliques destinées aux mitochondries (reconnaissance par exemple, des ADN et
ARN polymérases mitochondriales qui sont d’origine cytosolique) ;

- Des appareils de translocation des protéines à destination mitochondriales ou complexe


d’importation synthétisés par le cytoplasme (Tom 40 qui constitue un canal transmembranaire
associé à trois petites protéines, Tom 5, 6, 7). Ces protéines sont aussi désignées par les sigles
Mas 70p et Mas 20p (mitochondrial assemly ; assemblage mitochondrial) chez la Levure
Saccharomyces cerevisiae, MOM72 ou MOM19 (Mitochondrial outer membrane ; membrane
externe de la mitochondrie) chez Neurospora crassa. Au moment de l’importation d’une
protéine, ces complexes s’associent temporairement au complexe d’importation Tim
(translocase of the inner membrane ; translocase de la membrane interne) de la membrane
interne. Les membranes interne et externe sont alors temporairement accolées.

- Des complexes d’importation du cholestérol nécessaires à la synthèse des stéroïdes qui se


déroule en partie dans la mitochondrie ;

- La protéine Bcl-2 (ou ses homologues), dont la surexpression bloque l’apoptose. Cette
molécule codée par un proto-oncogène est insérée dans la membrane externe, avec
l’extrémité amino-terminale située dans le cytoplasme. Cette insertion n’est pas modifiée par
un traitement préalable par trypsine, ce qui implique qu’elle ne dépend pas de molécule
sensible à l’action de la protéase. Bcl-2 s’associe aussi à la membrane externe du noyau, et
plus faiblement avec la face externe du RE.

- Une ou plusieurs protéines de la membrane externe pouvant établir, avec l’actine, des
liaisons ATP-dépendantes. La digestion par la protéase des protéines de la membrane externe
ou la saturation expérimentale des sites de liaison de l’actine F avec des sous-fragments S1 de
myosine squelettique bloque cette liaison.

2.2. La membrane interne

L’organisation moléculaire de la membrane interne diffère complètement de celle de la membrane


externe. Elle contient 80% de protéines et 20% de lipides.

2.2.1. Les crêtes mitochondriales

La membrane interne dessine des replis, les crêtes mitochondriales. La membrane interne s’invagine
soit en replis de forme sacculaire, soit en tubes qui pénètrent profondément dans la matrice
mitochondriale.
La structure des crêtes varie avec l’activité et les fonctions de la cellule à laquelle elles appartiennent.
Elles ont :

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- Soit la forme de bouteilles aplaties, de flasques dont le « goulot » ou pédicule serait plus étroit
que la crête elle-même ;
- Soit la forme de saccules dont les parois se poursuivent, sans portion rétrécie, avec la
membrane interne (contrairement au cas précédent, le compartiment intérieur de la crête
communique largement, et non par orifice, avec l’espace intermembranaire),
- Soit la forme de tubules.

Les mitochondries à haute activité cellulaire, ont des crêtes lamellaires très nombreuses, celles des
cellules sécrétrices de stéroïdes sont tubulaires. Les mitochondries des cellules mixtes qui sécrètent à
la fois des stéroïdes et des protéines, comme les hépatocytes, ont à la fois des crêtes lamellaires et
tubulaires.

2.2.2. Composition protéique

Une soixantaine de protéines, dont des hydrophobes en majorité, constitue la membrane interne. Ce
sont :
- Des cotransporteurs spécifiques (protéines porteuses) : comme la membrane interne est
imperméable à tout soluté, tout passage à travers cette membrane se fait par l’intermédiaire
de protéines porteuses qui assurent le transport actif du pyruvate, des acides gras, des ions
PO43-, et du Ca ++ ; l’énergie utilisée par ces cotransports est fournie par le transport des protons
dans le sens du gradient de concentration ;
- Des antiports : ils transloquent l’ADP dans le sens cytosol→ matrice, tandis que l’ATP traverse
la membrane dans le sens inverse : matrice→ cytosol ;
- Les enzymes de la β-oxydation des acides gras ;
- Les protéines de la chaine respiratoire ;
- Des complexes d’importation (Tim) de la membrane interne ;
- L’ATP synthase (F0/F1- ATPase, H+- ATPase) qui produit l’ATP par phosphorylation de l’ADP.

2.2.3. Composition lipidique

La quantité de cholestérol est faible et représente 1/53e de la totalité des lipides. Par contre cette
membrane renferme une classe de phospholipides particuliers : les cardiolipines (comme les
membranes bactériennes). Les cardiolipines (diphosphatidylglycérol) représentent 20 % des lipides de
la membrane interne et sont responsables de son imperméabilité aux ions (notamment aux protons).
Ce sont les cardiolipines qui permettent aux lipides cytosoliques de pénétrer dans la matrice pour y
subir la β-oxydation.

2.3. L’espace intermembranaire

Cet espace particulièrement étroit contient toutes les molécules que les porines de la membrane
externe peuvent laisser passer. De plus, il est particulièrement riche en protons, qui proviennent du
fonctionnement des complexes I, II et III de la chaine respiratoire. Ces protons jouent un rôle important
dans la phosphorylation de l’ADP.
L’espace intermembranaire contient également, la caspase-2, la caspase-3, AIF (Apoptosis Inducing
Factor), ainsi que le cytochrome c, qui sont des composants clefs impliqués dans la mort cellulaire. Ces
molécules sont libérées par des facteurs apoptotiques.

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2.4. La matrice mitochondriale

En microscopie électronique elle apparait comme une substance finement granuleuse, très
concentrée. On peut aussi y distinguer des structures figurées de taille importante. Ces inclusions sont
les suivantes :

- De nombreux granules opaques aux électrons, de 15 nm de diamètre : les mitoribosomes. Ils


interviennent dans la synthèse protéique mitochondriale se réalisant à partir du matériel
génétique local. Ils se distinguent des ribosomes cytoplasmiques par leur composition en ARN
et en protéines, par leur taille réduite et leur sensibilité à certains antibiotiques qui inhibent
leurs synthèses protéiques ; en ce sens, ils sont structurellement et fonctionnellement proches
des ribosomes des procaryotes ;
- Des granules de grande taille, qui représentent des réserves lipoprotéiques, accumulées par
les cellules dans certaines conditions physiologiques ;
- Des cristaux protéiques de forme géométrique, avec un réseau très régulier, et envahissant
parfois complètement la matrice ; ils traduisent l’accumulation d’un nombre limité de
protéines ;
- Des granulations denses, irrégulières de 50 nm de diamètre (accumulation des cations : Ca2+
ou Mg2+). La mitochondrie est l’organite qui stocke la plus grande quantité de calcium.
- Des molécules d’ADN mitochondrial circulaire, des molécules d’ARN mitochondrial, des ARN
de transfert ;

La matrice renferme également de nombreux systèmes enzymatiques impliqués dans :

- La réplication, la transcription et la traduction de l’ADN mitochondrial ;


- La β-oxydation des acides gras (hélice de Lynen), produisant de l’acétyl coenzyme A
- L’oxydation de l’acide pyruvique, produisant aussi de l’Acétyl-CoA,
- Le cycle de l’acide citrique et ses métabolites,
- La synthèse de l’hème, constituant de l’hémoglobine des hématies, de la myoglobine des
cellules musculaires et de certains constituants de la chaîne respiratoire.

II. Fonctions des mitochondries

1. La respiration cellulaire, principale fonction des mitochondries

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Dans les mitochondries se déroulent diverses réactions biochimiques cataboliques qui libèrent
d’importantes quantités d’énergie stockées sous la forme d’ATP. Cette ATP est obtenue par
phosphorylation oxydative d’un métabolite intermédiaire : l’acétyl Coenzyme A (obtenu par
décarboxylation du pyruvate d’une part et β-oxydation des acides gras d’autre part) grâce au
fonctionnement de la chaîne respiratoire de la membrane interne.

1.1. La β-oxydation des acides gras ou hélice de Lynen : une autre source d’acétyl Coenzyme A

Les acides gras saturés, dont la molécule comporte un nombre pair de carbones, subissent des
oxydations successives au niveau des carbones β, chaque oxydation détachant un morceau à deux
carbones qui constitue un radical acétyle. La β-oxydation se déroule dans la matrice mitochondriale.
Dans le cytoplasme, les acides gras sont activés en présence d’ATP.
Au cours d’une première étape, l’ATP réagit avec l’acide gras pour former un Acyl-AMP avec libération
de pyrophosphate. Une deuxième étape permet la formation d’un Acyl-coenzyme A, un thio-ester
formé à partir de la réaction de l’Acyl-AMP avec le coenzyme A-SH. Cette réaction est catalysée par
l’acyl-coenzyme A-synthétase.
L’acide gras ainsi obtenu, CH3-(CH2)n-CO~S-CoA, pour traverser la membrane interne, doit être couplé
à la carnitine (présente dans l’espace intermembranaire) qui sert de transporteur vers la matrice. Les
acylcarnitines ainsi formées pénètrent dans la matrice, où elles se dissocient en Acyl-CoA et en
carnitine. La carnitine retourne dans l’espace intermembranaire où elle va transporter un autre acyl-
CoA vers la matrice.
Au cours de quatre réactions successives se produit le départ d’un acétyl-CoA et de quatre atomes
d’hydrogène. Il reste alors un acide gras comportant deux carbones de moins et qui, se trouvant déjà
combiné au coenzyme A, peut immédiatement subir une nouvelle β-oxydation, qui regroupe une
succession de réactions enzymatiques :

- Déshydrogénation sous l’action d’une acyl-CoA-déshydrogénase, qui forme une double liaison
α-β ;
- Formation d’un dérivé L-β-hydroxylé, par action de l’enoyl-CoA hydratase (crotonase) ;
- Formation d’un dérivé β-cétonique, par action de la L-β-hydroxyacyl-CoA-déshydrogénase ;
- Détachement d’un fragment bicarboné sous forme d’Acétyl-CoA par la β-cétothialase.

La succession des β-oxydations est représentée en une hélice, Hélice de Lynen, dont chaque spire
correspond au départ d’un acétyl-CoA et de quatre atomes d’hydrogène. Les hydrogènes sont captés
par des accepteurs, deux par la FAD et deux par NAD. Le transport de ces hydrogènes jusqu’à l’oxygène
permet la régénération de deux molécules d’ATP, à partir de la FADH2 et de trois ATP, à partir de la
NADH2, soit au total cinq ATP régénérés par molécule d’acétyl-CoA produite par β-oxydation.

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1.2. Oxydation de l’acétyl-CoA : cycle de Krebs

L’acétyl-CoA est oxydé au niveau des mitochondries au cours d’un cycle de réactions dont la succession
et l’enchainement ont été mis en évidence en 1938 par Krebs.
Ce cycle, qui se déroule dans la matrice mitochondriale, transforme les radicaux acétyl en CO2, atomes
d’hydrogène et électrons. Il se déroule suivant une séquence bien organisée de réactions
enzymatiques, avec l’acide oxaloacétique comme substrat initial et terminal. L’acétyl-CoA cède son
radical acétyl à l’acide oxaloacétique : ainsi commence une succession de réaction d’oxydation, qui
transforme chaque radical acétyl en deux molécules de CO2, 8 atomes d’hydrogène et 8 électrons.
Les atomes d’hydrogènes et les électrons libérés réduisent NAD et FAD, deux coenzymes agissant
comme agents de transfert.

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Étapes du cycle de Krebs

En prenant en compte tout le pouvoir réducteur produit au cours de la glycolyse et du cycle de Krebs,
et sachant que chaque molécule de NADH réoxydé conduit théoriquement à la synthèse de trois
molécules d’ATP et que chaque molécule de FADH2 permet seulement la synthèse de deux ATP, on
calcule que 38 ATP sont synthétisés, au maximum, par molécule de glucose.
Sachant qu’un ATP représente une énergie libre de 30,5 kJ.mol–1, on calcule que 1160 kJ.mol–1
utilisables ont été extraits à partir des 2 873 potentiellement contenus dans une mole de glucose ; ceci
représente un rendement théorique de conversion de 38 %. Cette remarquable efficacité des machines
biologiques tient au fractionnement du processus de combustion des aliments en multiples étapes,
nécessitant plusieurs intermédiaires, mais dégageant chacune de petites quantités d’énergie utilisable.

1.2.1. La chaine respiratoire

Les électrons libérés par le catabolisme sont cédés au NAD ou au FAD, puis aux quatre complexes de
la chaine respiratoire. Le transport des électrons libère une énergie qui permet l’exportation des
électrons dans la chambre externe.
Les transporteurs d’électrons sont des cytochromes, protéines à groupement porphyrinique voisin de
l’hème de l’hémoglobine ; les cytochromes renferment un atome de fer, leur passage de l’état réduit
à l’état oxydé est lié au changement de valence du métal. Divers cytochromes ont été isolés à partir
des mitochondries, on les désigne par les lettres a, b et c. Les cytochromes a et b sont insolubles dans
l’eau et ils ne sont actifs que s’ils sont associés à des phospholipides, le cytochrome c est par contre
très soluble dans l’eau. La succession des oxydo-réductions permet ainsi le transport de l’hydrogène
enlevé au substrat jusqu’à l’oxygène. Le transport des électrons et des protons met en jeu des
protéines et nucléotides. Certains de ces nucléotides sont des coenzymes de déshydrogénases comme
la NADH-déshydrogénase et la succinate-déshydrogénase. L’ubiquinone ou coenzyme Q fait
également partie de cet ensemble de transporteurs.
La chaîne respiratoire est constituée de quatre complexes membranaires transporteurs d’électrons.
On distingue :

- Le complexe I ou la NADH déshydrogénase, oxyde le NADH2 et réduit l’ubiquinone en


ubiquinol. C’est une pompe à protons qui permet le passage de protons depuis la matrice vers
l’espace intermembranaire.

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- Le complexe II ou Succinate déshydrogénase, oxyde le FADH2, réduit l’ubiquinone en


ubiquinol, mais n’est pas une pompe à protons.
- Le complexe III ou cytochrome c réductase (ou cytochrome b-c1), oxyde l’ubiquinol en
ubiquinone, réduit le cytochrome c. C’est aussi une pompe à protons qui permet le passage
de protons depuis la matrice vers l’espace intermembranaire.
- Le complexe IV ou cytochrome c oxydase, oxyde le cytochrome c, réduit l’accepteur final de la
chaine respiratoire (O2) en H2O. C’est également une pompe à protons qui permet le passage
de protons depuis la matrice vers l’espace intermembranaire.

Transport des électrons par les complexes de la chaîne respiratoire, établissement du gradient électrochimique de
protons à travers la membrane interne

1.2.2. Génération d’un gradient électrochimique

Les complexes I, III et IV ont deux propriétés importantes :

- Ils sont transmembranaires ;

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- Ils assurent un transport de protons (H+) d’une face à l’autre de la membrane interne.

En transportant les électrons, ces complexes prélèvent des protons dans la matrice et les expulsent
dans l’espace intermembranaire. Ce flux de protons engendre :

- Un gradient de pH (∆pH) à travers la membrane mitochondriale interne : le pH de l’espace


intermembranaire est plus faible que celui de la matrice car les protons sont moins concentrés
dans cette dernière ;
- Un gradient de voltage (∆V) à travers la membrane interne : sa face matricielle est négative
(-) et sa face intermembranaire est positive (+).

Le ∆pH et le ∆V forment ensemble un gradient électrochimique de protons. Ce gradient est une forme
de stockage d’énergie qui peut être recueillie pour effectuer un travail utile lorsque les ions refluent
librement au travers de la membrane interne selon leur gradient électrochimique.
Ce gradient électrochimique permet :

- La production d’ATP par l’ATP-synthase

Le gradient électrochimique de protons permet la synthèse d’ATP par l’ATP-synthase au cours d’un
processus appelé phosphorylation oxydative. L’ATP-synthase est une enzyme de la membrane interne
créant une voie hydrophile au travers de cette dernière et permettant le retour des protons dans la
matrice selon leur gradient électrochimique. Ce flux de protons est utilisé pour actionner la réaction
énergétiquement défavorable qui synthétise de l’ATP à partir d’ADP et de phosphate inorganique (ADP
+ Pi → ATP).
L’ATP-synthase, aussi appelée F0F1 ATPase, est une protéine à multiples sous-unités et composée d’une
tête matricielle (F1 ATPase) et d’un transporteur transmembranaire (F0). Le facteur F0 de couplage est
enchâssé dans la membrane par de fortes liaisons hydrophobes. Seul un détergent puissant peut les
séparer de la membrane. Le complexe F1 forme une protubérance sphérique sur la face interne des
crêtes mitochondriales. Les techniques de coloration négative mettent rapidement en évidence cette
protéine globulaire constituée par 3 sous –unités α et 3 sous-unités β disposées en couronne et une
sous-unité γ située au centre.
Lors de la phosphorylation oxydative, on considère que l’oxydation de :

- FADH2 par la chaîne respiratoire permet la synthèse de 2 ATP grâce à l’ATP synthase,
- NADH2 par la chaîne respiratoire permet la synthèse de 3 ATP grâce à l’ATP synthase.

- Le transport actif de métabolites à travers la membrane interne

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Certains métabolites, comme le pyruvate ou le phosphate inorganique, sont co-transportés à travers


la membrane avec des protons lorsque ces derniers retournent dans la matrice selon leur gradient
électrochimique. Il s’agit de transports actifs secondaires à travers des perméases.
La différence de voltage à travers la membrane interne actionne le système d’antiport ATP/ADP (ATP
translocase) qui permet d’expulser l’ATP (porteur de 4 charges négatives) de la matrice et de la
réapprovisionner en ADP (porteur de 3 charges négatives).

Exemples de transport actif nécessitant le gradient électrochimique de H+ à travers la membrane mitochondriale interne.

2. Les autres fonctions de la mitochondrie

2.1. Synthèse des lipides

2.1.1. Synthèse des hormones stéroïdes

Les molécules de cholestérol nécessaires à la synthèse des stéroïdes pénètrent dans la matrice, par
l’intermédiaire des complexes transporteurs situés au niveau des accolements transitoires des
membranes interne et externe.
Des molécules de cytochrome P450, situées dans la membrane (leur site actif plonge dans la matrice),
transforment le cholestérol en prégnénolone. Celui-ci gagne le REL qui le transforme soit en
œstrogène, progestérone, androgène ou en un métabolite intermédiaire qui retourne vers la matrice
mitochondriale pour y être transformé en cortisol ou en aldostérone.

2.1.2. Synthèse des phospholipides

Des lipides des mitochondries proviennent d’échangent au cours de contact avec le RE. Une fraction
membranaire MAM (Mitochondrial-associated membrane) ressemblant à celui du RE, a été isolée en
même temps que les mitochondries d’un foie de rat. MAM est impliquée dans le transfert des
phospholipides entre ces deux organites. Elle agit comme un pont entre le RE et la mitochondrie. La
synthèse de la phosphatidylsérine (PS) se déroule dans la partie cytosolique de la membrane du REL,
puis transloquée jusqu’à son site de décarboxylation situé sur les membranes mitochondriales. Il en
est de même pour la phosphatidylcholine (PC). Par contre, la phosphatidyléthanolamine de la
mitochondrie quitte la membrane mitochondriale pour gagner son site de méthylation sur le RE.

2.2. Rôle de la mitochondrie dans synthèse de l’hème


L’hème est l’un des éléments de certains constituants de la chaine respiratoire (cytochrome C,
cytochrome oxydase, …). Elle entre aussi dans la constitution de l’hémoglobine des hématies et de la
myoglobine des cellules musculaires. Une enzyme de la membrane interne, Cox 10, ajoute un

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groupement farnésyl à l’un des précurseurs de l’hème. Des mutations de cette enzyme sont
responsable d’un déficit en cytochrome c oxydase qui se traduit par une encéphalopathie et une
tubulopathie rénale chez les enfants atteints.
La biosynthèse de l’hème commence dans la mitochondrie (à partir d’un dérivé d’un métabolite du
cycle de l’acide citrique), se poursuit dans le cytosol et se termine dans la matrice mitochondriale (site
d’incorporation de l’atome de fer).
Le fer est un composant essentiel de nombreuses hémoprotéines de la mitochondrie (cytochrome c,
cytochrome P450, les centres fer- soufre). Le contenu en fer de la mitochondrie résulte d’un équilibre
entre les entrées et les sorties de ce métal (via une perméase de la famille ABC). Deux maladies
génétiques humaines, qui se traduisent par l’accumulation de fer dans les mitochondries, ont des
conséquences neurologiques (ataxie). Elles sont causées par une mutation dans deux gènes nucléaires,
l’un codant pour la frataxine, l’autre pour la perméase ABC, deux protéines impliquées dans la sortie
du fer de la mitochondrie. Une hormone peptidique d’origine hépatique, l’hépcidine, inhibe la capture
du fer dans les cellules intestinales. Elle jouerait pour le fer un rôle comparable à celui de l’insuline
pour le glucose.

2.3. Rôle de la mitochondrie dans la défense contre les agents infectieux

Le cytosol peut contenir des ARN viraux qui y ont pénétré après endocytose ou après fusion de
l’enveloppe virale avec la membrane plasmique. Le cytosol contient aussi des ARN transcrits par des
génomes viraux ou bactériens après infection cellulaire.
Ces ARN sont détectés par les protéines cytosoliques, dont la protéine RIG 1 (Retinoic acide Inducible
Gene 1, une protéine avec un domaine hélicase) qui active la protéine MAVS (Mitochondia Anti-Viral
Signaling) ancrée dans la membrane externe de la mitochondrie. MAVS induit l’activation du facteur
de transcription NF-kB en provoquant la phosphorylation de I-kB. Ces phénomènes sont les premières
étapes de l’immunité innée.
Dans le nucléoplasme, NF-kB stimule la transcription des gènes codant pour des protéines pro-
inflammatoire et à activité antivirale (interféron, interleukines…), qui sécrétées par le milieu
extracellulaire recrutent les cellules immunocompétentes de l’immunité adaptative.

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2.4. Rôle de la mitochondrie dans le déclenchement et la régulation de la mort cellulaire

La mort cellulaire qu’elle soit physiologique (apoptose) ou accidentelle est la conséquence d’une
ouverture des mégacanaux qui rendent la membrane interne perméable à des molécules de faible
poids moléculaire (<15 kDa). Les conséquences en sont multiples :
- Libération dans le cytosol de protons qui acidifient le cytosol (le PH passe de 7.4 à 7),
- Libération de molécules apoptogènes, les procaspases et les facteurs qui activent les caspases
(ions Ca2+, cytochrome C). Certaines de ces caspases activent des endonucléases nucléaires
conduisant à la fragmentation de l’ADN qui est l’une des caractéristiques du phénomène
d’apoptose.
La mort cellulaire peut être déclenchée par des signaux extracellulaires (absence de facteurs de
croissance, infection virale, …) ou intracellulaire (anomalies de l’ADN).

III. Biogenèse des mitochondries

1. Le génome des mitochondries

L’ADN mitochondrial est différent de l’ADN nucléaire. Il est circulaire comme l’ADN bactérien. Il
contient chez l’Homme 16600 paires de bases. Chaque mitochondrie possède plusieurs copies de cet
ADN circulaire (5 à 10 selon les espèces). Le code génétique mitochondrial est différent du code
génétique universel qui est celui de l’ADN nucléaire des eucaryotes. Dans les mitochondries humaines
par exemple, le codon UGA est celui du Tryptophane et non pas le codon stop comme c’est le cas pour
le génome nucléaire. L’existence de l’ADN mitochondrial et sa forme circulaire sont également des
arguments en faveur de la théorie endosymbiotique. Le génome mitochondrial est monoparental,
transmis par la mère. Il est le support de l’hérédité dite cytoplasmique et est qualifiée de non
mendélienne, ce qui lui distingue du génome nucléaire. Les mitochondries du spermatozoïde sont
détruites par autophagie dans le cytosol de l’œuf après fécondation.
Le génome mitochondrial contrôle la synthèse de l’ensemble des acides nucléiques de la mitochondrie
et d’une partie très minoritaire des protéines nécessaires à la mitochondrie :
- Des ARN ribosomaux propres aux mitochondries (au nombre de 2) ;
- Des ARN de transfert, eux aussi propres à la mitochondrie (plus de 20) ;
- Des ARN messagers codant pour 13 protéines mitochondriales (certaines sous-unités de la
chaine respiratoire et de l’ATP synthase) ;
- Des micros ARN dont la fonction est encore inconnue. Certains sont codés par son propre
génome, d’autres codés par le génome nucléaire et importés dans la matrice mitochondriale.

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Le génome mitochondrial est aussi transcrit en ARN non codant, sens et antisens, qui jouerait un rôle
dans le contrôle de la prolifération cellulaire. Certains de ces ARN non codant sont sous exprimés dans
les cellules cancéreuses ou sous l’effet d’oncoprotéines virales celles produites par le papilloma virus
responsable du cancer du col de l’utérus.
Les autres protéines mitochondriales (1000 à 1800 environ) sont donc codées par le génome nucléaire,
synthétisées dans le cytosol, puis importées dans la mitochondrie.
Le génome nucléaire code pour des protéines contrôlant la réplication, la réparation comme la
transcription de l’ADNmt (ARN polymérase, une ADN polymérase, des facteurs de régulation de la
transcription de l’ADNmt). Le génome mitochondrial code également pour des protéines matricielles.
Certaines s’associent avec des protéines synthétisées sous le contrôle du génome mitochondrial
(complexes de la chaine respiratoire, ATP synthase…).

2. Fusion et fragmentation des mitochondries

La fusion des mitochondries se déroule en deux étapes successives :


- La fusion des membranes externes qui fait intervenir deux protéines G monomériques insérées
dans la membrane externe, les mutofusines MFN 1 et 2, et des protéines associées (MNF-
binding proteins).
- La fusion des membranes externes est suivie par celle des membranes internes. Une autre
protéine G monomérique, OPA1 (Optic Atrophy 1) dont le site actif est localisé dans l’espace
intermembranaire, est indispensable.
La fragmentation des mitochondries ou fission fait intervenir quant à elle des protéines de la
membrane externe :
- Une protéine G monomérique cytosolique Drp 1 (Dynamin-Related Protein 1) de la famille des
dynamines, recrutée dans le cytosol et interagissant avec la membrane externe ;
- et les protéines Fis 1 et GDAP 1.
Les régions du réseau où se produit la fragmentation sont entourées par une citerne du RE qui étrangle
le réseau avant le recrutement de Drp 1.
Alors que l’on ne connaissait pas la ou les protéines responsables de la fragmentation de la membrane
interne, la protéine TMEM 11 a été découverte en 2011.

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3. Importation des protéines cytosoliques

Les protéines importées possèdent dans leur séquence un signal d’adressage à la mitochondrie. Deux
sortes de signaux d’adressage à la mitochondrie sont connues :

- Un signal clivable, localisé à l’extrémité N-terminale. La protéine à transporter est donc


synthétisée sous la forme d’un précurseur et le signal sera clivé dans la matrice mitochondriale
par des peptidases spécifiques, après l’importation de la protéine. Ce clivage représente une
étape de maturation de la protéine.
- Un signal localisé dans le reste de la séquence de la protéine. Il n’est pas clivé après
importation.
Après leur synthèse et au cours de leur transport cytosolique, les protéines mitochondriales sont prises
en charge par des Hsp 70 et des protéines co-chaperons.

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3.1. Destination finale des protéines importées

Selon leur destination finale, les protéines importées par la mitochondrie doivent traverser l’une ou
les deux membranes mitochondriales. Chacune de celles-ci possède des complexes d’importation
(Tom pour la membrane externe et Tim pour la membrane interne) associant plusieurs sous-unités et
qui se rapprochent au moment de l’importation au niveau des zones d’accolement temporaire des
deux membranes.
Les protéines de la membrane externe traversent Tom et glissent dans le plan de la membrane. Le
complexe SAM (Sorting Assemby Machinery) facilite leur adressage et leur insertion correcte dans la
membrane externe. Celles de l’espace intermembranaire traversent totalement le complexe Tom.
Les protéines de la membrane interne, la traversent au travers du complexe Tim :
- Leur signal d’adressage N-terminal est clivé par des protéases de la superfamille AAA insérées
dans la membrane interne dont le site actif est situé dans la matrice ;
- Les protéines glissent ensuite dans le plan de la membrane et s’associent éventuellement avec
leurs partenaires synthétisées dans la mitochondrie.
Les protéines de la matrice traversent totalement la membrane interne via le complexe Tim :

- Leur signal d’adressage N-terminal est également clivé par des protéases de la superfamille
AAA (ATPase Associated with different cellular Activities) insérées dans la membrane interne
ou soluble dans la matrice. Les protéases de la membrane interne sont classées en i-protéase
(site actif dans l’espace intermembranaire) et m-protéases (site actif dans la matrice). Une de
ces m-protéases, la paraplégine, est indispensable à l’importation et à la maturation des
protéines des ribosomes mitochondriaux. Elle est mutée dans une forme héréditaire de
paraplégie.
- La protéine clivée est prise en charge par des chaperons (Hsp 90, 60, 10) lui permettant
d’acquérir sa conformation tridimensionnelle et la rendant fonctionnelle.
Dans les deux cas, une protéine Hsp 70 de la matrice tire sur la protéine qui traverse le complexe Tim.
La différence de potentielle entre les deux faces de la membrane est aussi indispensable à
l’importation des protéines.

4. Insertion des protéines issues du génome mitochondrial dans la membrane interne

Le ribosome mitochondrial se fixe, à la face matricielle de la membrane interne, à une protéine, la


translocase, codée par le génome nucléaire, importée dans la membrane et ayant perdu par clivage
son signal d’adressage. Cette translocase fonctionne un peu à la manière de la membrane du RE.
Contrairement à la translocase du RE, celle de la mitochondrie est composée d’une seule protéine, Oxa
1L, codée par le génome nucléaire et importée à la mitochondrie après clivage de son signal
d’adressage N-terminal.
La protéine en cours de synthèse par le ribosome mitochondrial traverse la membrane interne et y est
insérée progressivement. Elle s’associe ensuite avec les protéines codées par le génome nucléaire et
importées dans la membrane interne pour constituer les complexes de la chaine respiratoire et l’ATP
synthase.

5. Renouvellement et mort des mitochondries

L’utilisation de précurseurs radioactifs suggère que le taux de renouvellement des protéines


mitochondriales est de 10 à 15% par jour.
Les protéines mitochondriales sont détruites par deux types d’enzymes :
- Des protéases matricielles ou insérées dans la membrane interne. Certains de ces protéines
interviennent aussi dans la maturation des protéines importées. Les peptides produits sont
exportés dans le cytosol par un mécanisme inconnu.

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- Le système ubiquitine-protéasome : des protéines des deux membranes (mitofusine, porine,


Miro 1 et 2 pour la membrane externe et UCP pour la membrane interne) sont ubiquitinylées
avant leur hydrolyse par le protéasome. Les enzymes responsables de l’uboquitinylation sont
soit des enzymes insérées dans la membrane externe, soit des enzymes cytosoliques recrutées
à la membrane externe par la protéine PINK 1, comme la protéine PARKIN, dans des
mitochondries altérées dans lesquelles la différence de potentielle de la membrane interne
est nulle. L’hydrolyse par le protéasome des protéines Miro 1 et 2 entraine l’arrêt du transport
mitochondrial dans la cellule.
Les mitochondries altérées sont détruites après autophagie dans le compartiment lysosomal. La
fragmentation permet de séparer du réseau mitochondrial les régions non fonctionnelles où la
différence de potentielle de la membrane interne est nulle. L’ubiquitinylation de protéines de la
membrane externe est le signal qui déclenche la fixation aux lipides membranaires des protéines
ATG, LC3, puis la séquestration de la mitochondrie dans la vacuole autophagique. Dans les
hépatocytes la durée de vie des mitochondries a été estimée à 10 jours. Cette durée peut être
modifiée en réponse, par exemple, à des signaux d’origine extracellulaire.

Les chloroplastes

Généralités

Les chloroplastes appartiennent à une famille d’organites cytoplasmiques qui n’existent que dans les
cellules végétales qu’on appelle plastes. Ces organites accumulent des substances qu’ils ont parfois
synthétisées eux- mêmes. Selon la nature de la substance accumulée (amidon, lipides ou protéines),
on parle d’amyloplaste, d’oléoplaste ou de protéoplaste. Quand ils sont incolores, on les appelle des
leucoplastes. D’autres plastes sont colorés par des pigments, ce sont les chromoplastes. Les plus
important parmi ceux-ci sont les chloroplastes qui renferment un pigment vert : la chlorophylle. C’est
en effet au niveau des chloroplastes qu’a lieu la photosynthèse, mécanisme qui permet aux végétaux
verts d’effectuer la conversion de l’énergie lumineuse, émise par le soleil, en énergie chimique.
Les chloroplastes présentent l’avantage de synthétiser des glucides à partir de dioxyde de carbone et
d’eau, en utilisant l’énergie solaire comme source d’énergie. Ils confèrent aux végétaux un rôle
fondamental dans la biosphère, celui d’être capables d’élaborer des molécules organiques à partir
d’éléments minéraux : les végétaux sont autotrophes ; ce sont des producteurs primaires.

I. Morphologie et ultrastructure

1. Aspect morphologique

La forme et l’organisation des chloroplastes sont très variées chez les algues, mais relativement
constantes chez les végétaux supérieurs (des mousses aux angiospermes). Chez celles-ci, les
chloroplastes apparaissent comme des organites de couleur verte et de forme ovoïde ou lenticulaire.
Mesurant 5 à 10 µm de long et 1 à 2 µm d’épaisseur, ils sont très nombreux dans la cellule. Ils
constituent le compartiment le plus volumineux de la cellule : le plastidome. Ils présentent une
organisation interne granulaire. En moyenne on en compte une cinquantaine de chloroplastes par
cellule, mais chez certaines algues vertes filamenteuses ou unicellulaires il n’en existe qu’un ou deux.
Chez la Spirogyre par exemple, chaque cellule renferme deux chloroplastes en spiralé, chez Zygnema,

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les deux chloroplastes présents dans chaque cellule ont une forme étoilée ; chez les chlorelles, algues
vertes unicellulaire, le chloroplaste unique a l’aspect d’une coupe entourant le noyau.

2. Ultrastructure

Leur ultrastructure a une organisation très voisine, dans son principe, de celle des mitochondries. Ils
sont entourés par une enveloppe constituée de deux membranes à contour régulier : une externe et
une interne, de 6nm d’épaisseur, délimitant un espace intermembranaire étroit d’épaisseur
généralement constante de 10 à 15 nm.
A l’intérieur de cette enveloppe se trouve un stroma dense dans lequel on observe plusieurs sortes
d’inclusions : des nucléoïdes, généralement associés à la membrane interne ou au système lamellaire
interne, des ribosomes, des globules denses, vraisemblablement lipidiques, les globules plastidiaux,
et, parfois un ou plusieurs grains d’amidon.
L’élément le plus marquant, visible dans le stroma, est un système membranaire interne, limitant des
sacs clos, les thylakoïdes. Ces thylakoïdes, totalement indépendants de la membrane interne, se
répartissent en deux catégories : les uns discoïdes, empilés comme des pièces de monnaie, forment le
grana (un granum), ce sont les thylakoïdes granaires ; les autres beaucoup plus long circulent dans le
stroma sous forme de nappes très étendues, reliant les différentes granas, ce sont les thylakoïdes
intergranaires ou stromatiques.
L’examen de coupes sériées a révélé deux éléments importants jouant un rôle fondamental dans le
fonctionnement des chloroplastes : les cavités de tous les thylakoïdes sont en communication, il y a
donc un compartiment intrathylakoïde unique. Ce compartiment indépendant de l’enveloppe est
appelé lumen.
Dans le chloroplaste il y a en conséquence trois compartiments séparés par des membranes : l’espace
intermembranaire, le stroma, le lumen des thylakoïdes.
Dans la zone où les thylakoïdes sont en contact avec le stroma, on observe des particules pédonculées,
très comparables à celles rencontrées sur la membrane mitochondriale interne, ce sont là aussi des
ATP-synthases.

Ultrastructure d’un chloroplaste de cellule de Végétal supérieur


Noter les lamelles thylakoïdiennes, les empilements des saccules granaires, la présence d’un grain d’amidon (zone claire)
et de granules osmiophiles (lipides) dans le stroma. Cliché J. Orcival (Orsay).

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2.1. Les membranes externe et interne, l’espace intermembranaire

Les deux membranes interne et externe, se distinguent des autres membranes cellulaires par leur
teneur élevée en galactolipides. Des différences de composition chimique existent entre elles, mais
c’est principalement sur le plan fonctionnel qu’elles diffèrent.
La membrane externe est très perméable aux molécules de faible poids moléculaire, alors que l’interne
régule les échanges cytoplasme-stroma ; c’est elle qui contient les très nombreux transporteurs
nécessaires.

2.2. La membrane des thylakoïdes

Les thylakoïdes sont constitués par des membranes de 8.5 nm d’épaisseur, contenant 40% de lipides,
50% de protéines et 10% de pigments.
Les lipides, dont les plus abondants sont des galactolipides, se caractérisent par une très forte teneur
en acides gras insaturés, notamment en acide linoléique, ce qui va conférer une très grande fluidité à
cette membrane ; les particules intégrées se déplaceront très aisément dans le plan d’étalement du
thylakoïde.
Les protéines sont diverses. Certaines sont associées aux pigments avec lesquels elles forment de
volumineux complexes ; d’autres sont des ATP-synthases dont l’organisation moléculaire est très
comparable à celle des particules recouvrant la membrane mitochondriale interne ; d’autres enfin sont
des transporteurs ou associés à des transporteurs d’électrons et des protons.
Les transporteurs peuvent, comme dans la mitochondrie, être répartis en deux catégories :

- Des transporteurs d’électrons et de protons, ce sont les quinones, formant le pool de


plastoquinones ;
- Des transporteurs d’électrons seuls parmi lesquels on distingue des cytochromes (f, b6), des
protéines fer-soufre, la ferrédoxine (un type particulier de protéine fer-soufre), la
plastocyanine, une protéine contenant du cuivre.

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2.3. Le stroma

C’est la substance fondamentale du plaste. C’est un milieu réactionnel extrêmement complexe où l’on
trouve les très nombreuses enzymes impliquées dans les synthèses des glucides est autres
métabolites, des ions, des molécules organiques résultant de l’activité photosynthétique. Il apparait
donc extrêmement dense en microscopie électronique.
On y rencontre également des nucléoïdes, des ribosomes et les différentes enzymes et ARN impliquées
dans la synthèse des protéines. Il y a donc, comme chez la mitochondrie, duplication, transcription et
traduction. Son ADN circulaire n’est pas associé à des histones. Il existe plusieurs nucléoïdes par
chloroplaste ; ils sont accolés à la membrane interne ou à celle des thylakoïdes. Cet ADN code pour les
ARN ribosomaux, les ARNt et des protéines des plastes. Les plastoribosomes, comme les ribosomes
mitochondriaux, sont plus petits que ceux du cytoplasme et ressemblent beaucoup aux ribosomes
bactériens. Les enzymes intervenant dans la duplication, la transcription et la traduction sont, là aussi,
de type procaryote.
L’ADN chloroplastique code pour environ 80 protéines. Or, on connait plus de 200 polypeptides
différents dans un chloroplaste ; le reste est donc importé du cytosol. Une situation comparable à celle
observée dans la mitochondrie : il y a coopération entre les génomes nucléaire et plastidial, les plastes
sont eux aussi, des organites semi-autonomes. Certains complexes enzymatiques du stroma sont
également constitués par l’assemblage de sous-unités codées dans le noyau et d’autres codées par les
nucléoïdes.

II. Rôle des chloroplastes dans la photosynthèse

1. Découverte du processus

Une étape importante dans la compréhension des mécanismes biochimiques de la photosynthèse fut
accomplie grâce à HILL, en 1939. Il montra le rôle de la lumière dans le transport des électrons et ouvrit
ainsi la voie aux recherches modernes dans ce domaine. Il prouva que des chloroplastes isolés assurent
un dégagement d’O2 s’ils sont éclairés en présence d’un accepteur convenable d’électrons, comme le
ferricyanure (réduit en ferrocyanure) ou des colorants organiques : les réactifs de Hill. Cette expérience
simple est très importante car :

- Elle prouve que l’O2 dégagé vient de l’eau, car il n’y a pas besoin de CO2 dans le phénomène :
c’est la photolyse de l’eau ;
- Elle montre que les réactions liées à la lumière peuvent être découplées de la réduction du
CO2, car il n’y a pas formation de sucres, dans ce cas ;
- Elle révèle que les chloroplastes peuvent transformer l’énergie de la lumière et la transférer à
des composés organiques sous forme de pouvoir réducteur. Ceci se fait contre un fort gradient
de potentiel chimique car l’O2 est le plus puissant accepteur d’hydrogène ou d’électrons
connu.

L’équation générale de la photosynthèse peut donc se simplifier, dans un premier temps, en mettant
en évidence l’origine et le devenir des électrons, de la façon suivante :

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Dans cette réaction, A est un accepteur d’électron et AH2 est sa forme réduite. La réaction de Hill est
une simple étape initiale : l’accepteur terminal des électrons excités par la lumière absorbée est, bien
sûr, le CO2, et il faut imaginer que les chloroplastes contiennent des transporteurs capables
d’acheminer les électrons depuis l’eau jusqu’au CO2. Il fut montré en 1951 que le NADP était capable
de se réduire, dans les mêmes conditions qu’un réactif de Hill, en association avec la production d’O2.
Le NADPH, tout comme le NADH, est un puissant réducteur capable de céder ses électrons à de
nombreux substrats et de les réduire. La photosynthèse consiste donc globalement en une «lyse » de
l’eau, et l’O2 dégagé est en fait un déchet de ce métabolisme.

2. Les mécanismes fondamentaux de la photosynthèse

L’effet primaire de la lumière est de faire fonctionner une chaîne de transporteurs d’électrons
spécifique : la chaîne photosynthétique, qui est à l’origine à la fois de l’énergie chimique (ATP) et du
pouvoir réducteur (NADPH +H+).

2.1. Réaction lumineuse et obscure

Le processus photosynthétique repose sur des mécanismes complexes au sein desquels on distingue
classiquement deux phases principales :

- Celle directement liée à la capture de l’énergie lumineuse puis à sa transformation en énergie


et en substrats chimiques (ATP et NADPH). Cette phase, purement chloroplastique, est
appelée phase lumineuse (ou claire) : ce sont des réactions dans lesquelles un électron activé
par la lumière solaire quitte la chlorophylle et se déplace le long d’une chaîne d’oxydation
banale ;
- Celle consistant à fixer le CO2 et à le réduire grâce aux composés précédents, pour en faire de
la matière organique. Ces phénomènes ne nécessitent pas la présence de la lumière et
constituent la phase obscure (ou sombre), qui commence dans le stroma de l’organite mais se
poursuit dans l’hyaloplasme de la cellule.

2.2. Les pigments et leurs propriétés

La première étape de la photosynthèse est la capture de l’énergie lumineuse (les photons) grâce à des
pigments colorés. Ces molécules sont des photorécepteurs très efficaces car elles contiennent toutes
un réseau continu de simples et doubles liaisons alternées (conjuguées) dans leur formule. Toutes les
cellules photosynthétiques possèdent un ou plusieurs de ces pigments. Il s’agit des pigments
chlorophylliens (verts), des caroténoïdes (jaunes, rouges, pourpres) et des phycobilines (bleues ou
rouges).

- Les chlorophylles sont des pigments verts représentant jusqu’à 10 % de la masse des
thylakoïdes. Au point de vue chimique, ce sont des tetrapyrroles fermé (porphyrine) où chacun
des noyaux pyrrole est uni par des liaisons de coordinence à un atome de magnésium central.
Deux chlorophylles sont présentes chez les végétaux supérieurs, la chlorophylle a et la
chlorophylle b. Les deux molécules portent une très longue chaîne carbonée hydrophobe (20
carbones) orientée perpendiculairement au plan des noyaux pyrrole, elle permet l’insertion de
la molécule dans la membrane. Ces chlorophylles se distinguent l’une de l’autre par un seul

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groupement chimique, le groupement CH3 de la chlorophylle a et remplacé par un groupement


CHO dans la chlorophylle b.

- Les caroténoïdes des plastes des végétaux supérieurs sont des pigments de couleur jaune ou
orangée extraits des tissus végétaux par les solvants organiques. Ce sont de longues molécules
poly-isoprénoïdes symétriques possédant des doubles et des simples liaisons alternées ; elles
sont ainsi capables de capter efficacement l’énergie lumineuse. Ils représentent jusqu’à 2% de
la masse des thylakoïdes et se répartissent en deux catégories :

o Les carotènes : carbures d’hydrogène dont le plus représenté dans les feuilles des
végétaux est le β- carotène ;
o Et les xanthophylles : dérivés oxydés des carotènes, portant des fonctions alcool,
cétone, … la plus abondante dans les feuilles des végétaux supérieurs est la lutéine.

Chez les Algues rouges et les Cyanobactéries, on rencontre les phycobilines, qui sont des
pigments tétrapyrroliques linéaires. Comme tous les pigments photosynthétiques, ils sont
associés à des protéines pour former des complexes appelés phycobiliprotéines.

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Ces pigments sont très abondants chez certains organismes, au point de cacher les
chlorophylles ; ils participent activement à la capture de la lumière. Ils doivent cependant
transférer leur énergie d’excitation à une molécule finale de chlorophylle pour que la
photosynthèse ait lieu. Leur rôle physiologique consiste à élargir la gamme des longueurs
d’ondes utilisables de la lumière, puisque leurs pics d’absorption diffèrent de ceux des
chlorophylles et les complètent.

2.3. Excitation des pigments par la lumière

Le processus de conversion de l’énergie commence lorsqu’un photon excite une molécule de


chlorophylle ; à cause de son énergie, ce photon déplace un électron d’une orbite atomique saturée
dont le niveau d’énergie est E0 vers une autre, plus externe et insaturée dont le niveau d’énergie, plus
important, est En. Cette molécule excitée est une forme instable qui a naturellement tendance à
retourner à son état initial non excité de diverses manières. On distingue trois cas :
- Emission de chaleur et/ou de fluorescence ;

- Transfert de l’énergie de vibration de la molécule excitée, par résonance, à une molécule


voisine : chlorophylle ou caroténoïde (ceci implique une grande proximité des molécules).
Dans ces deux cas l’électron excité réintègre sa position initiale sur sa molécule de départ ;

- Transfert net de l’électron excité et énergétique à une molécule voisine qui sert d’accepteur.
C’est typiquement une réaction d’oxydoréduction, et donc un mécanisme très différent des
précédents.

Le problème crucial rencontré dans ce processus est celui de la durée des événements : le retour de
l’électron sur son orbitale initiale est très rapide (de l’ordre de 4.10-9 seconde). Au sein des membranes
des thylakoïdes les pigments sont en contact très étroit les uns avec les autres et associés à des
protéines qui les stabilisent, de sorte que la durée des états de transition électronique est
sensiblement allongée. Dans ces conditions, les électrons excités sont susceptibles d’être capturés par
un accepteur stable et l’oxydoréduction est réalisable. Dans les chloroplastes, les différents pigments
photosynthétiques sont associés à des protéines membranaires et forment des complexes
multiprotéiques de grande taille. Ces derniers constituent des unités photosynthétiques appelées

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photosystèmes, qui comportent essentiellement deux parties, l’une, volumineuse, qui capte la lumière
: l’antenne collectrice, et l’autre qui assure la réaction d’échange des électrons et de conversion
photochimique : le centre réactionnel.

- L’antenne collectrice :

Au sein de l’antenne, les photons sont collectés par des centaines de molécules de chlorophylle
canalisant leur énergie d’activation en quelques points où se fait la transformation de l’énergie
lumineuse en énergie chimique (centres réactionnels). Les chlorophylles ne sont pas les seuls pigments
intervenant dans la collecte : les pigments accessoires sont aussi sollicités, grâce aux transferts
d’énergie de molécule à molécule. Les règles de ces transferts sont les suivantes :

- Les molécules doivent être très proches (1 à 7nm) et présenter l’une par rapport à l’autre une
orientation convenable,

- Des molécules de nature différente transfèrent l’énergie selon un ordre bien précis (en
cascade), dicté par le fait que l’énergie émise par l’émetteur doit être supérieure à celle
nécessaire au passage du récepteur de l’état normal à l’état excité.

Ces transferts ne peuvent donc s’effectuer que des pigments absorbant les plus faibles longueurs
d’ondes (les plus énergétiques) vers les pigments absorbant les plus grandes. Dans tous les cas, la
chlorophylle a se situerait à la base à cause de son spectre d’absorption étendu vers les grandes
longueurs d’ondes (700 nm) c’est-à-dire vers les faibles énergies d’excitation.

- Le centre réactionnel :

Dans chaque centre réactionnel, une ou deux molécules de chlorophylle a, chimiquement identiques
aux autres molécules de l’antenne, sont dans un environnement protéique tel qu’elles seront les seules
à perdre effectivement un électron de haute énergie qui sera capté par un accepteur. Il y a ainsi
création d’un trou positif dans la molécule de chlorophylle, qui devra être comblé grâce à la capture
d’un électron fourni par un donneur approprié. Dans ce système, la chlorophylle doit donc
obligatoirement être « encadrée » par un accepteur et un donneur d’électrons. Il existe deux types de

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photosystèmes chez les plantes vertes : le photosystème I (à centre réactionnel dit P700) et le
photosystème II (dit P680), qui absorbent des longueurs d’ondes spécifiques.

Organisation schématique d’un photosystème


L’antenne collectrice est constituée d’un grand nombre de sous-unités formées de complexes de protéines et de pigments divers,
capables de capturer des photons, tandis que le centre réactionnel est formé d’un nombre réduit de complexes contenant de la
chlorophylle a. C’est dans ce dernier qu’a lieu, par exemple, la réaction d’oxydoréduction fondamentale (photolyse de l’eau).

2.4. Les photosystèmes : transfert des électrons de l’eau au NADPH et genèse du pouvoir
réducteur

Les photosystèmes (PS) sont des complexes multiprotéiques des membranes thylakoïdiennes dans
lesquelles ils sont plus ou moins enchâssés, en tant que complexes transmembranaires. Au sein de ces
édifices, le rôle des protéines est de maintenir une géométrie optimale des différents pigments, afin
d’assurer un transfert d’énergie maximum entre donneurs et accepteurs dans les centres réactionnels.
Les deux PS des Végétaux supérieurs contiennent à la fois de la chlorophylle a et de la chlorophylle b,
mais le rapport a/b est plus élevé dans le PS I que dans le PS II ; les pigments accessoires y sont en
quantité variable selon les organismes. Outre les pigments et les protéines de l’antenne, d’autres
molécules, comme les transporteurs d’électrons, entrent dans la constitution des photosystèmes. Les
centres réactionnels ne contiennent qu’une ou deux molécules de chlorophylle a située dans un
environnement unique. Les deux photosystèmes n’ont pas la même fonction : le PS I (P700) absorbe des
grandes longueurs d’onde et réduit le NADP, tandis que le PS II (absorption à 680 nm et au-dessous)
prélève les électrons de l’eau et est responsable de la production d’O2. Puisque des électrons seront
finalement récupérés par le NADP, et sachant qu’ils proviennent, en dernière analyse, de l’eau, il faut
expliquer le lien existant entre ces électrons et ceux que les molécules de chlorophylle sont capables
de capter et de transférer sous l’action de la lumière. En fait, les deux photosystèmes interagissent et
interviennent séquentiellement dans la photosynthèse.

2.4.1. Le photosystème I

À la suite du transfert d’un quantum d’énergie provenant des pigments excités de l’antenne, la
chlorophylle a du centre réactionnel P700 est-elle même excitée. Celle-ci cède très rapidement un
électron à un accepteur membranaire, qui est une petite protéine à centre Fe-S appelée ferrédoxine
liée. Le potentiel d’oxydoréduction de cette protéine (– 0,6 volt) en fait un réducteur nettement plus

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puissant que le NADPH. Comme le potentiel de P700 est lui-même de +0,4 volt, il faut fournir une grande
quantité d’énergie aux électrons pour les faire passer d’un potentiel Red./Ox. de +0,4 à –0,6 volt, ce
qui est contraire à leur «tendance naturelle ». Cette énergie est en fait fournie par la lumière. Le
résultat de cette opération est la perte nette d’un électron par P700, qui doit rapidement en récupérer
un avant de pouvoir fonctionner à nouveau. La ferrédoxine liée réduite cède son électron à une
molécule de ferrédoxine soluble oxydée, localisée dans le stroma, laquelle sera réduite à son tour et
permettra, grâce à une enzyme nommée ferrédoxine/NADP+ réductase, la formation de NADPH.

2.4.2. Le photosystème II

Le principe de son fonctionnement est le même que celui du PS I ; le centre P680 qui le caractérise est
lui aussi activé par la lumière, et son potentiel Red./Ox. (+ 0,8 volt) est au même niveau que celui du
couple 2H+ +O--↔ H2O. La perte d’un électron de P680 sous l’action de la lumière permet la réduction
d’un accepteur qui est une plastoquinone (molécule voisine du CoQ mitochondrial). Cette perte
d’électrons crée donc une forme oxydante forte de P680 qui est capable elle-même d’oxyder l’eau, c’est-
à-dire de lui arracher ses électrons (et des H+), pour se régénérer en se réduisant. C’est la photolyse de
l’eau : H2O → 2H+ + 2e + 1/2 O2 ; l’enzyme catalysant la décomposition de l’eau contient un groupe
d’atomes de manganèse et lie deux molécules d’eau (pour conduire au dégagement d’une molécule
d’O2), ce qui implique la mobilisation de 4e en une seule fois.

2.4.3. Genèse du pouvoir réducteur

Les deux photosystèmes fonctionnent de façon séquentielle : ils sont reliés l’un à l’autre par une série
de transporteurs d’électrons permettant à la plastoquinone réduite de céder spontanément ses
électrons au PS I qui se trouve lui-même à l’état oxydé sous l’action de la lumière. Ce flux se réalise
spontanément puisque les électrons s’écoulent naturellement des E°’ négatifs vers les E°’ positifs. Les
transporteurs mis en jeu sont, dans l’ordre :

- Une plastoquinone liée au PS II (Q) ;

- Une plastoquinone libre et mobile dans la membrane (PQ) ;

- Un gros complexe transmembranaire constitué d’une protéine à centre Fe/S, d’un cytochrome
de la famille b et d’un cytochrome de la famille c (qui contrairement au cytochrome c
mitochondrial est ici une protéine membranaire intrinsèque) ;

- Une protéine nommée plastocyanine (PC), qui est une protéine à cuivre dont le métal oscille
entre deux états : Cu2+ et Cu+ ; cette molécule, localisée dans la cavité des thylakoïdes, cède
directement son électron au PS I oxydé et ainsi le réduit. Le trajet complet des électrons le long
de la chaîne, à travers les trois complexes protéiques et les transporteurs intermédiaires, est
décrit de la façon suivante :

Le flux unidirectionnel d’électrons va globalement à contre-courant du sens « normal » car il est en fait
mu par la lumière, qui agit au niveau de deux propulseurs énergétiques, ou « catapultes », qui sont
constitués par les deux photosystèmes. Ce système est appelé : transport photosynthétique
d’électrons non cyclique. Ces phénomènes sont représentés dans un schéma classique dit schéma en
Z. L’échelle des potentiels d’oxydoréduction permet de suivre les trajets spontanés (descendants) ou
non spontanés (montants) des électrons depuis l’eau jusqu’au NADPH et de comprendre comment on
a pu la remonter de +0,80 volt jusqu’à -0,32 volt.

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Circulation des électrons le long de la chaîne photosynthétique


Cette représentation, dite schéma « en Z», prend en compte les aspects énergétiques du transport (échelle des E°’ en volts) ; elle montre
bien comment l’énergie des photons, capturée par les deux photosystèmes, sert à conférer aux électrons une énergie d’activation
considérable, en deux étapes successives. La photophosphorylation cyclique, qui ne produit pas de NADPH, emprunte la voie indiquée
en pointillés.

2.5. Réalisation du gradient de protons et synthèse d’ATP

La production du pouvoir réducteur (NADPH), sous l’action de la lumière n’est pas la seule finalité de
la chaîne photosynthétique d’électrons. Les chloroplastes sont capables de phosphoryler de l’ADP en
ATP, en présence de Pi, sous l’effet de la lumière. Ce phénomène constitue une façon efficace de
stocker l’énergie lumineuse, au même titre que ce qui se produit dans les mitochondries lorsqu’elles
oxydent les substrats organiques : c’est la phosphorylation photosynthétique ou
photophosphorylation.
Dès 1966, on a montré l’importance d’un gradient transmembranaire de protons dans la synthèse de
l’ATP. Des chloroplastes, à l’obscurité, peuvent fabriquer de l’ATP lorsqu’une différence de pH
artificielle est imposée de part et d’autre de la membrane thylakoïdienne. Le principe de l’expérience
est le suivant : on laisse incuber à l’obscurité des sacs thylakoïdiens purifiés dans un milieu tamponné
à pH acide (pH 4), jusqu’à ce que le pH de leur contenu s’équilibre avec celui du milieu ; on les transfère
ensuite rapidement dans un milieu à pH légèrement basique (pH 8), en même temps qu’on ajoute de
l’ADP et du Pi. On constate alors qu’une brusque et brève synthèse d’ATP accompagne le rééquilibrage
des pH entre sacs thylakoïdiens et milieu : la disparition de l’important gradient de pH artificiel est
directement responsable de cette synthèse. Cette expérience constitue une preuve directe de la
théorie chimiosmotique développée par P. MITCHELL.

2.5.1. Phosphorylation non cyclique

La force proton-motrice résultant du gradient de protons est responsable aussi bien de la


phosphorylation oxydative mitochondriale que de la photophosphorylation chloroplastique. Dans ce
dernier cas, la disposition des photosystèmes I et II, ainsi que celle des transporteurs d’électrons qui
interviennent entre eux, est telle que des protons sont prélevés dans le stroma et propulsés dans le
sac thylakoïdien, lors d’une étape de transfert d’électrons suffisamment énergétique. Le complexe «

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protéine Fe-S/cyt.b/cyt.f » est ici responsable du pompage des protons à travers la membrane; de plus,
la photolyse de l’eau produit des H+ restant dans la cavité (seuls les électrons sont transportés) et
contribue aussi largement à l’acidification de ce compartiment.
Les ATP synthétases présentes dans les sacs thylakoïdiens sont orientées de telle façon que les têtes
F1 sont tournées vers l’extérieur des sacs. De même que dans les mitochondries, la particule F0 joue le
rôle d’un canal à travers lequel les protons réintègrent leur milieu d’origine, c’est-à-dire le stroma. Il
existe néanmoins une différence avec les mécanismes se déroulant au sein des mitochondries ; dans
ces dernières, les têtes F1 sont tournées vers l’intérieur du sac constitué par la membrane interne (vers
la matrice) et c’est l’espace intermembranaire qui s’acidifie. Dans les chloroplastes, elles sont tournées
vers l’extérieur des sacs thylakoïdiens (vers le stroma) et c’est la cavité de ces derniers qui s’acidifie
lorsque le gradient est formé. Dans les deux cas, cependant, l’ATP est synthétisée dans un espace où
il est métaboliquement utile : la matrice mitochondriale ou le stroma chloroplastique. Un sac
thylakoïdien est donc l’équivalent structural et fonctionnel d’une crête mitochondriale qui se serait
détachée de la membrane interne, et refermée sur elle-même. Il faut signaler ici que tout l’ATP
fabriqué dans les chloroplastes est utilisée sur place pour la synthèse des sucres, et qu’il n’est pas
exporté, à la différence de ce qui se passe pour les mitochondries.
La synthèse d’ATP qui vient d’être décrite est associée à la photolyse de l’eau et à la production de
NADPH, le flux des électrons étant continu de l’un à l’autre, le long de la chaîne, à travers les deux
photosystèmes : c’est la raison pour laquelle on parle de photophosphorylation non cyclique. Grâce à
la technique de cryofracture et cryodécapage, les complexes protéiques mis en œuvre dans ces
processus apparaissent comme des protubérances caractéristiques à la surface des membranes
thylakoïdiennes ou granaires. Leur localisation au sein de ces membranes est la suivante :

- Les ATP synthétases sont réparties à la surface de toutes les membranes, à l’exception de celles
qui participent aux accolements, dans les grana ;

- Les complexes Fe-S/cyt.b/cyt.f sont uniformément répartis sur toutes les membranes
granaires et intergranaires;

- Le PS I est localisé à 80 % dans les membranes intergranaires et granaires non accolées, tandis
que le PS II est localisé à 85 % dans les membranes accolées des grana.

Cette disposition non homogène des complexes, en particulier celle des PS I et II qui échangent des
électrons, pose le problème du transfert de ces derniers de l’un à l’autre. On a montré que ce sont en
fait les transporteurs mobiles intermédiaires : plastoquinone et plastocyanine, qui se déplacent dans
l’épaisseur ou à la surface de la bicouche lipidique de la membrane, et qui assurent les transports
d’électrons à longue distance. Ceci implique une grande fluidité membranaire, qui est permise grâce à
une forte proportion en galactolipides insaturés.

1.1.1. Phosphorylation cyclique

À côté du processus non cyclique, il existe un mécanisme de synthèse d’ATP ne mettant pas en jeu la
photolyse de l’eau et le photosystème II, et n’aboutissant pas ainsi à la formation de pouvoir réducteur
: il s’agit de la photophosphorylation cyclique. Lorsque la quantité de NADP est insuffisante et qu’il n’y
a pas d’accepteur terminal d’électrons, un court-circuit se met en place, qui renvoie les électrons
excités du PS I à lui-même, à travers une série de transporteurs empruntant partiellement la voie
normale entre PS I et PS II. Le gradient de protons est entretenu et la synthèse d’ATP reste possible,
mais comme le PS I se régénère lui-même, avec ses propres électrons, il n’est pas fait appel au PS II et
à l’eau ; il n’y a donc pas de dégagement d’O2 et de production de NADPH. Les électrons tournent en
circuit fermé et la lumière, agissant sur le centre réactionnel P700 du PS I, est le moteur de cette machine
à fabriquer de l’ATP seul.

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Organisation de la membrane thylakoïdienne des chloroplastes des Végétaux supérieurs


Les photosystèmes I et II, ainsi qu’un gros complexe d’oxydoréduction membranaire (dit complexe b6-f), participent à la capture de la
lumière et à la création du gradient de protons qui est exploité par l’ATP synthétase pour fabriquer l’ATP. La plastocyanine (PC) et la
ferrédoxine (Fd) sont des protéines mobiles transportant des électrons ; la plastoquinone (Q) est un transporteur d’hydrogène.

1.2. Réduction du CO2 et cycle de Calvin-Benson

Pendant la phase lumineuse, une énergie physique (les photons) est transformée en une forme
d’énergie biologique (l’ATP) et en une molécule organique réduite : le NADPH. Ces deux molécules
seront utilisées lors d’une deuxième catégorie de réactions qui n’ont pas directement besoin de
lumière (phase sombre) en présence du CO2 pour la synthèse de sucres. Cette phase n’est pas
indépendante de la phase lumineuse, et les deux types de métabolisme ont en fait lieu simultanément
dans les chloroplastes illuminés.

1.2.1. Fixation du CO2 et formation du 3-phosphoglycérate

En 1945, M. C ALVIN et son équipe ont réussi à élucider les réactions biochimiques conduisant à la
réduction du CO2, et à déterminer son accepteur organique initial.
La première molécule identifiée fut l’acide 3 phosphoglycérique, molécule déjà rencontrée dans la
glycolyse ; l’hypothèse initiale fut donc simplement qu’un composé à deux carbones constituait la
molécule acceptrice du CO2 atmosphérique. Il s’est avéré que c’était en fait une molécule en C5 qui
fixait le CO2 ; il s’agit du ribulose 1,5-bisphosphate, qui est un dérivé phosphorylé du ribulose-
phosphate (molécule appartenant aussi à la voie des hexoses-monophosphates). La réaction mise en
jeu conduit à une molécule en C6 qui est hydrolysée en deux molécules d’acide phosphoglycérique,
une seule des deux étant marquée au niveau de son carboxyle.
L’enzyme catalysant cette réaction capitale, spécifique des organismes photosynthétiques, est la
ribulose 1,5-bisphosphate carboxylase ou RUBISCO (CO pour « carboxylase/oxygénase »). Cette
molécule géante (10 nm de diamètre) a une masse moléculaire de 555 kDa ; elle est constituée de huit
petites (15 kDa) et huit grosses sous-unités (55 kDa) qui sont codées par des génomes différents, l’un
localisé dans le noyau cellulaire, l’autre dans l’organite lui-même. Cette enzyme est très concentrée
dans le stroma des chloroplastes et représente jusqu’à 50 % des protéines cellulaires totales ; elle
constitue la protéine la plus abondante dans la biosphère. Elle a la particularité d’être lente (d’où peut-

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être son abondance) car elle transforme seulement trois molécules de substrat par seconde, au lieu
des 103 au minimum, pour une enzyme habituelle.

Fixation du CO2 sur le ribulose 1,5-bisphosphate


Cette réaction, catalysée par la RUBISCO, produit deux molécules d’acide 3-phosphoglycérique. Ce composé est le premier obtenu au
cours de la photosynthèse chez les plantes en C3

1.2.2. Utilisation du 3-phosphoglycérate et synthèse des hexoses

L’acide 3-phosphoglycérique est à la source de toutes les molécules organiques générées par la
photosynthèse. Il permet de fabriquer des sucres en C6 en utilisant en fait la voie de la gluconéogenèse.
C’est ici qu’interviennent les deux molécules fabriquées pendant la phase claire de la photosynthèse,
l’ATP et le NADPH. Deux réactions qui les impliquent sont obligatoirement mises en jeu pour remonter
vers le fructose 6-phosphate : un ATP et un NADPH sont consommés par triose, à ce niveau, pour
donner du glycéraldéhyde 3-phosphate. Si le principe de la fixation du CO2 est très simple, en revanche
la question qui reste posée est celle de la nécessaire régénération de la molécule acceptrice du CO2
dans la phase sombre : le ribulose 1,5-bisphosphate.
Il s’agit en fait de reconstituer des molécules en C5 à partir de molécules généralement en C3 ou en
C6. Ceci se réalise grâce à une série d’interconversions de molécules voisine de celle de la voie des
hexoses-monophosphates ; cet ensemble de réactions, qui se déroule dans le stroma des
chloroplastes, constitue le cycle de Calvin-Benson.
Celui-ci implique l’utilisation de 12 ATP et 12 NADPH (pour la fixation du CO2 dans 12 trioses), et de six
ATP supplémentaires pour phosphoryler les six pentoses-phosphates et les régénérer en six pentoses-
bisphosphates. Le bilan net de ce cycle complexe est l’incorporation de six molécules de CO2 (au cours
de six tours de cycle) pour donner une molécule organique en C6. Ces molécules en C6 sont utilisées
pour la fabrication de réserves glucidiques sous forme de saccharose (sucrose) ou amidon.
Si l’on admet que deux photons sont captés simultanément par chaque photosystème pour propulser
les deux électrons nécessaires à la formation de 1NADPH (soit quatre photons en tout), on peut
calculer le bilan énergétique de l’acte photosynthétique. Une molécule de glucose demande, pour sa
synthèse, la fabrication de 12 NADPH et de 18 ATP, soit la consommation de 48 photons. Connaissant
le contenu énergétique d’un photon de longueur d’onde moyenne de 600 nm, et l’énergie potentielle
contenue dans une molécule de glucose, on calcule un rendement de 30 %.
Le premier ose fabriqué par le cycle de Calvin est un triose : le glycéraldéhyde 3-P. Ce composé
hydrosoluble ne peut pas s’accumuler dans le stroma du chloroplaste, car l’augmentation de sa
concentration y provoquerait rapidement une élévation importante de la pression osmotique interne.
Deux solutions sont possibles :
- Soit les trioses phosphates sont exportés hors de l’organite, en empruntant un transporteur
spécifique de la membrane interne ;

- Soit il y a synthèse, au sein du stroma, d’une macromolécule de stockage : l’amidon, qui ne


change pas l’osmolarité du contenu du plaste.

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II. Autres fonctions des chloroplastes

2.1. Synthèse des acides aminés

Une des fonctions majeures des chloroplastes est la réduction des nitrates et des sulfates, qu’ils
transforment en acides aminés, avec l’aide des produits carbonés de la respiration ou de la
photosynthèse. La majeure partie des Végétaux utilise des précurseurs minéraux de l’azote et du
soufre (NO3–, NO2–, NH4+ et SO42–), qu’ils prélèvent dans la solution du sol ou l’eau. Les enzymes mises
en jeu sont localisées soit sur la membrane externe de l’enveloppe des plastes (nitrate réductase), soit
dans le stroma (nitrite réductase), soit sur les membranes thylakoïdiennes (réduction du soufre). Dans
le cas de l’azote, après fixation du NH4+ sur la glutamine, diverses transaminations sont mises en jeu
au sein du stroma, qui produisent de l’alanine, de la sérine, de l’acide aspartique, etc. ; de même, la
réduction de SO42– y donne de la cystéine et de la méthionine. Toutes ces réactions consomment de
l’ATP, du NADPH et des chaînons carbonés fabriqués sur place ou importés.

2.2. Synthèse des acides gras et des phospholipides

Un autre type important de synthèses a lieu dans ces organites : celle des acides gras et de nombreux
phospholipides. On a montré que la synthèse de tous les acides gras et de tous les phospholipides
cellulaires, ainsi que les glycolipides spécifiques aux thylakoïdes, a lieu au sein des chloroplastes ; la
désaturation des premiers, en revanche, met en œuvre des systèmes enzymatiques membranaires
extérieurs. La synthèse et l’accumulation de lipides dans les oléoplastes, à partir d’acétyl-CoA relèvent
de ce même métabolisme ; les leucoplastes fabriquent, quant à eux, des précurseurs isopréniques
nécessaires à la synthèse des essences et des résines. Ce métabolisme s’oppose radicalement à celui
des mitochondries, qui doivent importer tous leurs phospholipides membranaires constitutifs, à
l’exception du diphosphatidyl-glycérol, fabriqué sur place ; la phosphatidylcholine et la
phosphatidylsérine y sont importées du réticulum lisse au moyen de protéines échangeuses
particulières.

III. Le génome des chloroplastes

Tout comme l’ADN mitochondrial, l’ADN chloroplastique est également circulaire. Il contient environ
150000 paires de bases. Chaque chloroplaste possède 50 à 100 copies de cet ADN circulaire selon les
espèces. Ce génome contrôle la synthèse de l’ensemble des acides nucléiques du chloroplaste et d’une
partie très minoritaire des protéines nécessaires à l’organite. Il code pour environ 80 protéines. Il
contient peu de gènes :
- ARN ribosomal (rRNA) ;
- ARN transfert (tRNA) pour la traduction plastidiale ;
- Gènes pour le ribosome chloroplastique ;
- 4 gènes codant des sous unités de l’ARN polymérase ;
- Un gène pour la sous unité grande de la RUBISCO ;
- 9 gènes pour les photosystèmes I et II ;
- 6 gènes pour l’ATP synthase.

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Chapitre 3 : Cytosquelette
Introduction
Le terme cytosquelette regroupe un ensemble de polymères fibreux et de protéines associées,
cytosoliques et nucléaires, constituant des structures stables, mais responsables aussi de phénomènes
dynamiques mettant en jeu des protéines motrices spécialisées et les phénomènes de polymérisation
dépolymérisation. Les polymères fibreux sont de 3 types selon la nature de leurs monomères :

- Les microfilaments (MF), de diamètre 5-8 nm, constitués d’actine ;


- Les filaments intermédiaires (FI), ainsi dénommés parce que leur diamètre (8 – 10 nm) est
intermédiaire entre celui des microfilaments d’actine et celui des microtubules ;
- Les microtubules (MT), avec 25 nm de diamètre, constitués de tubulines.

Ces polymères sont formés par deux types de protéines selon leur forme :

- Des protéines globulaires sont les monomères des microfilaments d’actines et des
microtubules (Figure 1)
- Des protéines fibreuses, comportant un long domaine central où les aminoacides sont
organisés en hélice α, s’associent pour former les filaments intermédiaires.

Figure 1 : Les éléments constitutif du cytosquelette

Les protéines associées interagissent avec les monomères comme avec les polymères (tableau 9/I).
Avec les monomères, elles peuvent les séquestrer dans le cytosol et empêcher leur polymérisation ou
au contraire, les activer et favoriser leur polymérisation. D’autres types de protéines associées
interagissent avec les polymères avec pour conséquences leur stabilisation et/ou l’établissement de
liaisons entre polymères, leur dégradation ou leur clivage, des phénomènes moteurs (mouvements
intracellulaires ou de la membrane plasmique, contraction…), l’interaction avec le(s) domaine(s)
cytosoliques des protéines de la membrane plasmique ou de la membrane d’enveloppe d’organites.

L’organisation et les fonctions du cytosquelette sont contrôlé par des protéines chaperons, des
protéines G et leurs partenaires. Chacun des trois types de polymères interagit avec les deux autres,
comme certaines leurs protéines associées. Ces éléments peuvent être localisés dans :

- Le cytosol, site exclusif de leur production ;


- Le nucléoplasme, qui comporte en particulier une famille spécifique de FI, les lamines ;
- A la périphérie de la cellule, dans le cytosol sous la membrane plasmique et en interaction
étroite avec elle : c’est le cortex cellulaire.

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Tableau 1 : Protéines interagissant avec les monomères et/ ou les polymères du cytosquelette

I. Les microfilaments
Il s’agit de fines fibres de 7 nm d’épaisseur, que l’on trouve dans le hyaloplasme de toutes les cellules
eucaryotes, et qui se présentent le plus souvent sous la forme de faisceaux serrés. Chaque
microfilament ne dépasse généralement pas 2 à 3 µm de long, mais les faisceaux eux-mêmes
atteignent 10 à 20 µm. Ces derniers sont souvent localisés dans la zone corticale des cellules, en
particulier celle en contact avec le substrat, quand il s’agit de cellules animales en culture. Certains
types de cellules spécialisées contiennent des microfilaments en abondance, en particulier les fibres
musculaires. De nombreuses structures cellulaires, apparemment hétéroclites, contiennent aussi des
microfilaments. Chez les Animaux, on peut citer: les microvillosités des cellules absorbantes, les
stéréocils des cellules sensorielles auditives, le filament acrosomial des spermatozoïdes, les jonctions
intercellulaires des cellules épithéliales nommées ceintures d’adhérence, l’anneau contractile
apparaissant à la fin de la division et permettant la séparation des cellules-filles, les divers
prolongements cellulaires, appelés lamellipodes ou spicules, des cellules mobiles ou des cônes de
croissance des axones en culture, etc.

1. Structure des microfilaments

Le constituant élémentaire des microfilaments est une protéine globulaire nommée actine de 42 kDa
(375 acides aminés), très abondante dans les muscles striés, en particulier dans les filaments fins.
Chaque molécule d’actine G est liée à du calcium Ca2+ qui stabilise sa conformation globulaire et à une
molécule d’ATP liée de façon non covalente. Trois classes d’actine sont actuellement connues. L’actine
α, présente essentiellement dans les fibres musculaires striées et dans les cellules musculaires lisses,
l’actine β et l’actine γ présentent dans les cellules non musculaires. Dans toutes les cellules (y compris
les hématies), l’actine existe sous deux formes :

- La forme globulaire ou actine G qui est une forme de stockage


- La forme filamenteuse ou actine F qui provient de la polymérisation de l’actine G

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Figure 2 : Structure de l’actine G

1.1. Autoassemblage des microfilaments et propriétés dynamiques


L’actine purifiée en solution est spontanément capable de s’associer pour former de longs filaments
de plusieurs centaines de monomères : l’actine F ou filamenteuse. C’est la polymérisation des
microfilaments. Celle-ci consiste en l’association de monomères d’actine G en un filament hélicoïdal,
correspondant à une hélice simple de monomères. Cette polymérisation se fait habituellement aux
dépens d’énergie contenue dans l’ATP. Les microfilaments sont structuralement polarisés et possèdent
une extrémité dite (+) et une extrémité dite (–). Les paramètres qui conditionnent l’autoassemblage in
vitro sont:

- la concentration en monomère : au-delà d’un seuil critique, l’assemblage a lieu à partir de la


solution, en deçà les microfilaments constitués se dépolymérisent ;
- la présence d’un nucléotide triphosphate : l’ATP, qui se fixe sur les monomères et est ici
responsable des propriétés différentes des deux extrémités par rapport aux vitesses
d’assemblage et de désassemblage du filament.

1.2. Etapes de la polymérisation

La polymérisation s’amorce par une phase de nucléation. L’ARP 2/3 (Actin Related Proteins 2 and 3)
sert de point de départ. Elle favorise la formation d’une amorce constituée de trimères d’actine G
(appelés noyaux). L’actine G s’assemble en filaments à partir des noyaux préformés. Cette étape rapide
est souvent appelée phase de polymérisation.
À l’extrémité (+), la vitesse de croissance de l’actine est habituellement de 5 à 10 fois plus élevée qu'à
celles de l’autre extrémité (–). En outre, les monomères associés à l’ATP (ATP-actine), présents en
majorité dans les cellules vivantes, ont plus tendance à polymériser que ceux associés à l’ADP (ADP-
actine).
L’actine associée à un filament a tendance à hydrolyser son ATP. Cette propriété est, avec la polarité
du filament, à l’origine du phénomène dit de « tapis roulant » ou vis sans fin observé dans les conditions
acellulaires. En effet, l’extrémité (+) va avoir tendance à capter en très grande majorité de l’ATP-actine,
favorisant par conséquent la polymérisation à cette extrémité. En revanche, l’extrémité (–) étant moins
active, l’actine du filament qui en est proche a passé plus de temps sous forme filamentaire, et est
majoritairement sous forme d’ADP-actine. Par conséquent, à l’extrémité (–) l’équilibre est déplacé vers
la dépolymérisation. L’apport d’énergie nécessaire pour maintenir cet état hors équilibre se fait dans
le milieu liquide environnant, où l’ADP-actine est régénérée en ATP-actine.

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Figure 3 : Polymérisation et dépolymérisation des microfilament d’actine

1.3. Protéines de liaison de l’actine ou ABP

On peut les classer en 8 groupes différents. Elles contrôlent leur polymérisation et leur
dépolymérisation, leur stabilisation, leur organisation en faisceaux, leur organisation en réseaux, leur
interaction avec des protéines membranaires, leur destruction ou leur fragmentation.
Les protéines de liaison de l’actine ou ABP (Actin binding protein) sont des protéines qui, en s’associant
à l’actine G ou aux microfilaments, contrôlent leur polymérisation et leur dépolymérisation. Elles
constituent des assemblages temporaires de type musculaire pour les fonctions motrices et, en
association avec les microfilaments, elles constituent un cytosquelette cortical qui contrôle la forme
des cellules. En fonction du rôle joué par les microfilaments dans la cellule, l’actine s’associe à des
protéines de liaison différentes.

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Figure 4 : Les protéines associées à l’actine

2. Types d’organisations des MF et ABP dans les cellules

Les MF et leurs protéines associées présentent plusieurs types d’organisation dans les cellules. Le
cortex cellulaire, les systèmes contractiles des cellules non musculaires, les systèmes contractiles des
cellules musculaires, les microvillosités…

2.1. Le cortex cellulaire

Il participe aux mouvements localisés de domaines de la membrane plasmique, aux phénomènes


d’endo- et d’exocytose, et le déplacement des cellules. Situé sous la membrane plasmique, le cortex
cellulaire est constitué de différents modes d’organisations des MF et de leurs protéines
associées (figure 9/5 et 9/9) :
- Des MF en faisceaux larges contractiles, les « fibres de stress », ancrées sur les contacts focaux ;
- Des MF en faisceaux serrés, dans de fins prolongements cytoplasmiques, par exemples les
microvillosités, les Tunnelling NanoTubes (TNT), reliant entre eux le cytosol de deux cellules ;
- Un réseau lâche de MF non orientés ;

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- Des MF en réseau radiaire, ancrés dans la membrane plasmique (via des protéines
spécialisées) par leur extrémité « + ». Cette organisation spéciale est observée dans le cytosol
antérieur de la cellule, selon la direction de son déplacement.

Figure 5 : Types d’organisation des MF dans le cortex d’une cellule se déplaçant sur un support de culture

2.1.1. Rôle du cortex cellulaire dans les phénomènes d’endo- et d’exocytose

Le cortex cellulaire intervient dans les déformations de la membrane plasmique lors des phénomènes
d’endocytose ou de phagocytose, puis dans le déplacement des vésicules (figure 9/10).
Les déformations de la membrane plasmique et la constitution de la vésicule d’endocytose sont liées
aux modifications du cortex cellulaire, avec participation des MF d’actine et de myosines, à la
polymérisation éventuelle du revêtement de clarthrine, à l’intervention éventuelle de la dynamine.
Après la dépolymérisation du revêtement de clarthrine s’il était présent, la membrane d’enveloppe de
la vésicule d’endocytose (phagocytose) recrute le complexe ARP2/3 qui stimule la polymérisation de
l’actine et son organisation en une queue (« la queue de la comète »). Le phénomène de
polymérisation/ dépolymérisation propulse la vésicule qui s’éloigne de la membrane plasmique.
Aucune myosine ne participe à ce déplacement. Ce même mécanisme de déplacement cytosolique est
utilisé par des bactéries intracellulaires (Listeria, Shigella, Rickettsia) ou par certains virus enveloppés
(Vaccine). A distance de la membrane plasmique, le transport de la vésicule vers le centre cellulaire et
les endosomes est ensuite assuré par les MT et MAP motrices de la famille des dynéines.

Figure 6 : Eloignement d’une vésicule d’endocytose de la membrane plasmique par polymérisation de MF

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Lors du phénomène d’exocytose, le cortex cellulaire constitue une barrière interdisant le contact entre
la membrane d’enveloppe de la vésicule de sécrétion et la membrane plasmique ainsi que leur fusion.
En effet les microfilaments contrôlent la viscosité du cytoplasme en s’organisant en réseaux. C’est la
réticulation. La réticulation des MF par la filamine fige le cytoplasme et le transforme en une substance
semi-solide, un gel. Certaines protéines comme la gelsoline en présence de calcium (et la villine dans
certaines conditions), détruisent localement les MF d’actine pour que la vésicule d’exocytose puisse
s’approcher de la membrane plasmique. La gelsoline, en se fixant en un point quelconque du
microfilament ou en coiffant son extrémité positive fragmente les MF et rompt les ponts créés par les
facteurs de gélation, transforme un gel cytoplasmique en un sol.
Cette approche fait intervenir une myosine « courte » et des MF d’actine radiaire dont l’extrémité « + »
est ancrée au domaine cytosolique de protéines de la membrane plasmique.

Figure 7 : Exocytose : fluidification du cytosquelette cortical et mouvement de la vésicule

2.1.2. Déplacement orienté des cellules

Endocytose de membrane plasmique à l’arrière et exocytose participent au déplacement orienté des


cellules (figure 9/12). Des vésicules de membrane plasmique sont endocytées à l’arrière de la cellule.
Les MF du cortex cellulaire sont dépolymérisés. Les vésicules et les monomères d’actine sont
transportés de l’arrière vers l’avant. Les vésicules de membrane sont exocytées à l’avant. Les faisceaux
de MF d’actine se polymérisent à leur extrémité « + » au contact de la membrane plasmique et la
poussent vers l’avant (dans la direction du mouvement).

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Figure 8 : Mouvement cellulaire et flux des monomères d’actine

2.1.3. MF dans la structure des microvillosités

Les faisceaux serrés maintiennent la structure des microvillosités. Une extrémité de ces faisceaux
s’ancre dans une substance dense située au sommet de la microvillosité, probablement une myosine
V, tandis que l’autre s’insère dans le réseau de spectrine qui chemine dans le pôle apical sous les
microvillosités. Les parties latérales de chaque faisceau sont reliées à la face interne de la membrane
de la microvillosité par des molécules de myosine I. Ces faisceaux serrés maintiennent la structure des
microvillosités.
Ces faisceaux sont dépourvus de tropomyosine et d’α-actinine. Des molécules, la villine et la fimbrine
unissent les microfilaments. La villine, en présence d’un faible taux de calcium, polymérise les
microfilaments d’actine dans les microvillosités et les unit en faisceaux. La fimbrine, protéine de liaison
de l’actine, se lie fortement sur les microfilaments d’actine à raison d’une molécule par 10 monomères
d’actine, et unit en faisceaux particulièrement résistants.
Des molécules d’une ATPase filamenteuse activée par l’actine, formée par un complexe calmoduline-
protéine appartenant à la classe des myosines I, réunissent le faisceau des microfilaments d’actine à
la face interne de la membrane de la microvillosité.

Figure 9 : Structure d’une microvillosité

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2.2. MF dans le déplacement des organites et la contraction musculaire

2.2.1. Rôle des microfilaments et de la myosine I dans le déplacement des organites

Les MF et la myosine I assurent les déplacements des organites. La myosine I, qui possède une seule
tête et une queue, est responsable des mouvements de déplacement le long des microfilaments
d’actines. La myosine se fixe par sa queue sur l’organite à transporter et par sa tête sur un
microfilament qui est ancré sur la membrane plasmique. La migration s’effectue de l’extrémité
négative à l’extrémité positive du MF, c’est-à-dire en direction de la membrane plasmique.
La myosine I est également responsable des mouvements de glissement des MF les uns par rapport
aux autres. La myosine I se lie, par sa queue, à un MF fixé à la membrane (MF guide) et par sa tête à
un MF libre : elle provoque un déplacement, par glissement, du MF libre en direction de l’extrémité
positive du MF guide.
L’hydrolyse de l’ATP par des molécules de myosine I provoque la fixation de la tête de la myosine I sur
le MF, tandis que la phosphorylation de l’ADP provoque le détachement.

2.2.2. Appareil contractile des cellules musculaires squelettique et cardiaque

Structure

L’association stable et répétitive d’actine, de myosine et d’autres protéines associées, constitue


l’appareil contractile des cellules musculaires squelettique et cardiaque. Le sarcomère est l’unité
contractile de ces cellules (figure 9/13). Il comporte :
- Un disque sombre central
- Encadré par deux demi disques clairs de part et d’autre
- Les deux limites du sarcomère sont les disques (ou stries) Z.

Figure 10 : Le sarcomère : unité contractile des cellules musculaires squelettique et cardiaque

La juxtaposition des sarcomères explique la striation périodique de ces cellules, visible en microscopie
optique et électronique. Le sarcomère résulte de l’assemblage hautement organisé d’actine, de
myosine II et de plusieurs autres protéines associées :

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- Le disque Z comporte de l’α-actinine sur laquelle sont ancrées les extrémités « + » des MF
d’actine.
- Les demi-disques clairs sont constitués de MF d’actine.
- Le disque sombre central est constitué par la juxtaposition de filaments de bipolaires de
myosine II, qui représentent un point fixe : des protéines accessoires (titine,…) relient en effet
à la strie Z les filament bipolaires de myosine. Une autre protéine, la nébuline, est ancrée dans
les stries Z et contacte les têtes de myosine.

Mécanisme de contraction

La contraction du sarcomère résulte du glissement des MF d’actine par rapport au filament bipolaire
de myosine. Ce dernier est immobile et de longueur constante. Les têtes des myosines II présentent
un mouvement de balancier autour d’un point fixe, leur domaine d’insertion avec la queue. Le seul
mouvement possible est le glissement des MF d’actine dans le sens extrémité « + » vers extrémité « -
». Ce glissement nécessite l’hydrolyse de l’ATP par les têtes de myosine. La longueur du sarcomère
diminue (figure 9/14).

Figure 11 : Contraction musculaire : raccourcissement du sarcomère par glissement des MF sur le filament bipolaire de
Myosine

Une augmentation brutale de la concentration en Ca++ est le facteur déclenchant de la contraction


musculaire (figure 9/15). Le calcium est stocké dans des citernes du réticulum endoplasmique de la
fibre musculaire, appelé aussi réticulum sarcoplasmique. Il est libéré brutalement dans le cytosol par
un canal de libération, le récepteur de la ryanodine, dont l’ouverture déclenchée par les canaux Ca++
potentiel-dépendants localisés dans la membrane plasmique des tubules traverses ou tubules T.
La membrane des tubules T est en continuité avec la membrane plasmique musculaire ou sarcolemme.
Ce dispositif permet l’arrivée du potentiel d’action musculaire dans la profondeur de la cellule
musculaire squelettique au contact des myofibrilles de l’appareil contractile et du réticulum
sarcoplasmique. L’emplacement des tubules T est différent dans la cellule musculaire squelettique et
cardiaque : face à strie Z (cœur), à la jonction entre les disques sombres central et clair (muscle
squelettique).
Le rôle des ions Ca++ est de libérer l’actine, engagé dans des liaisons avec des protéines accessoires (la
tropomyosine et la troponine) ce qui permet la fixation des têtes de myosine à la surface des MF
d’actine. Les mouvements limités de balancier des têtes de myosine II autorisent leur fixation à des

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molécules d’actine successives (en direction de l’extrémité « + » du MF), puis leur détachement (après
hydrolyse de l’ATP). La conséquence de ces phénomènes est le glissement des MF d’actine (de leur
extrémité « + » vers l’extrémité «-»), puisque le filament bipolaire de myosine II est immobilisé dans
le sarcomère et que sa longueur reste constante.

Figure 12 : Le calcium libère les sites de fixation des têtes de myosine portés par les MF d’actine

2.2.3. Appareil contractile des cellules musculaires lisses

Il est organisé de manière moins systématique que celui des autres cellules musculaires. Ces
cellules ne présentent pas de striation périodique, d’où leur nom, et constituent en particulier
la musculature du tube digestif, de l’utérus et des vaisseaux sanguins (figure 9/16).

Figure 13 : Appareil contractile des cellules musculaire lisse

Les faisceaux contractiles d’actine et de myosine sont tendus entre des points d’ancrage dans la
membrane plasmique par des faisceaux de filaments intermédiaires de desmine. Une augmentation
de la concentration en Ca++ est le point de départ de la contraction. Une cascade de réactions a conduit
à la phosphorylation de la myosine II qui autorise les interactions des têtes de myosine avec l’actine.
Un radical libre gazeux, le monoxyde d’azote ou NO, active une guanylate cyclase cytosolique et

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provoque l’augmentation de la concentration en GMP cyclique, lequel inhibe la contraction de la


cellule musculaire lisse.

3. Interactions des MF avec des CAM, des SAM et la matrice extracellulaire ou la lame
basale

3.1. Jonction serrée et jonction intermédiaire avec les cadhérines

Jonction serré et jonction intermédiaire associent des CAM de la superfamille des cadhérines (ou des
protéines transmembranaires spécifiques), des MF d’actine et des protéines associées (figure 9/17).
Des protéines G monomériques de la famille Rho contrôlent l’organisation des jonctions.

Figure 14 : Zone d’interaction entre les CAM, la membrane cytoplasmique et le cytosquelette d’actine

3.2. Les contacts focaux avec les intégrines

Les points de contacts focaux (plaques d’adhésion, plaques d’adhérence) sont des zones d’adhérence
de la membrane plasmique au substrat. Ils contiennent des SAM (Substrate Adhesion molecule ou
molécule d’adhésion au substrat) parmi lesquelles on peut citer les intégrines. Les intégrines sont une
famille de glycoprotéines hétérodimériques transmembranaires, capables de se lier et de reconnaitre
de nombreux composants de la matrice extracellulaire et des lames basales.

Figure 15 : Interactions entre les molécules de la matrice extracellulaire, les intégrines et le cytosquelette
d’actine

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La mise en jeu des intégrines provoque une réorganisation des MF d’actine par l’intermédiaire
de la kinase FAK (Focal Adhesion Kinase) et de protéine G monomérique. Les MF se disposent
en faisceaux large et parallèles (avec intervention de l’α-actinine). Plusieurs protéines
spécifiques relient entre eux les extrémités « + » des MF et les intégrines. Les molécules
d’intégrines s’attachent par leur extrémité extracellulaire à leur ligand, la fibronectine, synthétisée,
par exemple, par le fibroblaste. Leur extrémité intracellulaire s’associe à la taline qui s’unit par
l’intermédiaire de la vinculine, à la protéine de formation de la calotte et à l’α-actinine. La mise en
place de plusieurs faisceaux de MF à disposition parallèle et leur fixation aux intégrines
conduit à l’agrégation de ces dernières : les contacts focaux sont les domaines de la membrane
plasmique où les intégrines sont agrégées par leur liaison aux faisceaux de MF. La mise en jeu
des intégrines a aussi d’autres conséquences métaboliques (phosphorylation…), ces SAM
jouent le rôle de mécanorécepteurs.
Les interactions membrane/actine dans les contacts focaux interviennent dans :
- L’ancrage des cellules au substrat ;
- La régulation de la locomotion cellulaire : par exemple, les fibroblastes en cours de migration
s’attachent au substrat par les points de contacts focaux qui permettent aux filaments
d’actines de tirer sur le substrat et de développer la force nécessaire pour la rétraction de
l’extrémité postérieure ;
- Le contrôle de la forme cellulaire ;
- La stabilisation des attachements à d’autres cellules ;
- Les réponses cytoplasmiques aux facteurs de croissances et aux autres stimuli.

3.3. Interactions entre cortex cellulaire et lame basale

La dystrophine et une filamine assurent des interactions entre les MF d’actine du cortex cellulaire et
la lame basale entourant les cellules musculaires squelettique et cardiaque (figure 9/19). La
dystrophine est une très longue molécule (PM= 427 kDa). Son extrémité N- terminale se fixe aux MF
d’actine du cortex cellulaire, l’autre extrémité se fixe à un dimère de glycoprotéine : le complexe
dystroglycan dont la sous unité β est transmembranaire et la sous unité α est extracellulaire. Ce
complexe est le récepteur pour la laminine de la lame basale musculaire.
Une filamine (spécifique des cellules musculaires) interagit avec des intégrines, le complexe
sarcoglycan, et des MF d’actine du cortex cellulaire. Les 4 sous unités du complexe sarcoglycan (α et
δ) sont des glycoprotéines transmembranaires qui stabilisent le complexe dystroglycan.
La dystrophine et plusieurs protéines mises en jeu dans les interactions entre les sarcomères, le
cytosquelette cortical musculaire, le sarcolemme et la matrice extracellulaire sont impliquées dans
plusieurs pathologies humaines.

Figure 16 : La dystrophine de la cellule musculaire squelettique


Remarque :

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Le cytosquelette cortical des globules rouges présente une protéine de la même famille que la
dystrophine, la spectrine. Elle interagit avec des protéines membranaires et le cytosquelette cortical
d’actine, ce qui confère au globule rouge sa forme biconcave caractéristique. Des mutations de la
spectrine entrainent des anomalies de la forme des hématies. D’autres cellules (neurones cellules,
épithéliales…) possèdent des molécules apparentées à la dystrophine et à la spectrine.
La spectrine, la myosine II et l’actine sont associées aux membranes d’enveloppe du système
endomembranaire. Elles pourraient contribuer au maintien de la forme de ces compartiments.

II. Les filaments intermédiaires


Les filaments intermédiaires (FI ou If : intermediate filaments) sont des molécules fibrillaires stables
d’un diamètre de 8 à 10 nm, intermédiaire entre celui de l’actine et celui des microtubules, qui existent
dans le nucléoplasme et le cytoplasme de toutes les cellules animales. Ils n’existent pas chez les
eucaryotes unicellulaires. Ce sont les éléments du cytosquelette les plus stables et les plus permanents.
Ils ne sont pas impliqués directement dans les mouvements cellulaires mais interviennent dans le
maintien de la morphologie cellulaire, dans la résistance au stress mécanique et dans le maintien d’une
cohésion entre les cellules.
Dans les cellules épithéliales, ils se disposent autour du noyau, qu’ils entourent à la manière d’une
corbeille, et sous la membrane plasmique. Ils s’insèrent sur des protéines intramembranaires par
l’intermédiaire de protéines extrinsèques cytoplasmiques. Ils s’étendent depuis la région périnucléaire
jusqu’à la périphérie cellulaire. Ils se fixent également sur les plaques cytoplasmiques des desmosomes
(IFs de cytokératine) et jouent un rôle mécanique en renforçant sa solidité.
Dans les axones des cellules nerveuses, ils forment une sorte d’armature. Dans les cellules musculaires
striées squelettiques, les IFs (desmine) unissent la face interne de la membrane aux myofibrilles et
interviennent dans la transmission développées au cours de la contraction ou de la relaxation.
Dans le noyau, des IFs, les filaments de lamine localisés contre la membrane interne de l’enveloppe
nucléaire, constituent le nucléosquelette.

1. Composition moléculaire

Les microfilaments intermédiaires sont formés de dimères de protéines fibreuses enroulés en hélices
torsadées.
Ces dimères s’associent de manière antiparallèle pour former des tétramères. Les tétramères se
mettent bout à bout et constituent un protofilament. Huit protofilaments s’associent et forme un
filament intermédiaire dont la section est composée de 32 monomères.

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Figure 17 :
2. Classification

Les protéines qui composent les filaments intermédiaires diffèrent d’un type cellulaire à un autre. Ces
protéines sont classées en 4 familles ou 4 types.

2.1. Le type I

Il regroupe les kératines. On distingue les kératines acides qui regroupe 16 isoformes et les kératines
neutres et basiques qui regroupe 13 isoformes.

- Les cytokératines (tonofilaments) :

Les filaments de cytokératines sont des protéines fibrillaires élaborées par les kératinocytes situés au
niveau des cellules épithéliales et épidermiques (desmosomes et hémidesmosomes) et présent dans
le cytoplasme de ces cellules (par opposition aux kératines devenus extracellulaire comme les ongles
ou les cheveux).
Ils constituent, dans les kératinocytes, des faisceaux dont les extrémités sont ancrées dans les plaques
denses desmosomales. Les cytokératines diffèrent en fonction du degré d’évolution du kératinocyte.
Dans les cellules épidermiques, les IF de cytokératines réunissent les desmosomes les uns avec les
autres. Ils augmentent ainsi la résistance et la solidité de ces cellules épithéliales. Il en est de même
dans d’autres cellules épithéliales comme les entérocytes.
En effet les IF de cytokératines s’insèrent sur des molécules de plakoglobine qui s’associent en une
plaque dense voisine et parallèle à la membrane plasmique. Les molécules de plakoglobine s’accolent
à leur tour à des cadhérines desmosomales transmembranaires, dont les extrémités entrent en contact
avec les molécules de cadhérine des cellules voisines.

2.2. Le type II

Il comprend la vimentine, la desmine, la protéine acide fibrillaire de la névroglie et la périphérine.


- La vimentine :

Caractéristique des cellules d’origine mésenchymateuse, elle est principalement localisée :

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o Dans les cellules mésenchymateuses qui recouvrent, à la manière d’un épithélium, les
séreuses pleurales, péricardique et péritonéales ;
o Dans les cellules endothéliales vasculaires ;
o Dans les fibroblastes, les fibrocytes, les chondrocytes,…

Au cours de la mitose les filaments de vimentine s’associent aux vésicules mitotiques qui transportent
la lamine B. Elle sert de site temporaire d’arrimage pour les vésicules de la membrane nucléaire
interne. Dans les adipocytes, les filaments de vimentine forment une sorte de cage autour de la graisse,
ce qui évite aux différentes gouttelettes lipidiques de s’agglutiner. Les IF de vimentine maintiendraient
donc en place le noyau et l’ensemble des autres organites cellulaires.

- La desmine

Située au niveau des muscles lisses et striés, elle relie les myofilaments entre eux, à la membrane
plasmique et aux jonctions neuromusculaires. Dans les fibres musculaires squelettiques adultes, les
filaments de desmine unissent les stries Z voisines les unes aux autres et à la membrane plasmique de
sorte que les disques A et les disques I des différentes myofibrilles soient situés au même niveau.

- La périphérine

Elle est caractéristique des neurones au cours du développement embryonnaire et de leur


régénération. Elle n’est pas classée avec les neurofilaments car elle présente de nombreuses
homologies structurales avec les IF de classe II. Elle existe dans les tissus adultes mais en très faible
quantité.
Au cours du développement embryonnaire, elle est localisée dans les neurones des systèmes nerveux
centrale et périphérique mais cependant très abondante dans les cellules nerveuses en contact avec
les tissus périphériques. Chez l’adulte, sa synthèse est accrue dans les neurones en cours de
régénération.
Le NGF (Nerve Growth Factor) active la périphérine. Au même titre que l’actine et la tubuline, la
périphérine est indispensable à la régénérescence des neurones. Elle pourrait jouer un rôle dans la
reconnaissance du chemin axonal.

2.3. Le type III, les neurofilaments

Les neurofilaments sont des filaments intermédiaires localisées dans les neurones, qui s’associent à
des microtubules de l’axone. Ils représentent 25% des protéines de l’axone et interviennent, avec les
neurotubules, dans les transports intra-axonaux (flux axonal). Ils interviennent dans la rigidité et la
résistance des axones et également dans le transport axonal de molécules depuis le péricaryon jusqu’à
l’extrémité de l’axone. Ils déterminent le diamètre de l’axone.

2.4. Le type IV, les lamines nucléaires

Ce sont des filaments intermédiaires qui constituent le cytosquelette du noyau. Il existe quatre
isoformes : les lamines de type A (lamines A et C) et les lamines de type B (lamines B1 et B2).
Ces microfilaments dessinent un réseau tridimensionnel qui recouvre complètement la face interne de
la membrane nucléaire, à l’exception des pores. Ils maintiennent la forme du noyau et servent
d’ancrage aux extrémités monocatenaires des molécules d’ADN (lamines A et C). La lamine B ne
possède aucune affinité avec les nucléotides. Pendant la prophase, lors de la mitose, la
déphosphorylation des résidus tyrosine des lamines provoque leur dépolymérisation et la
fragmentation de l’enveloppe nucléaire.

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Pendant la mitose, les lamines A et C se fixent sur des sites de liaisons spécifiques des chromosomes
mitotiques. Cette fixation permettra aux lamines d’intervenir au moment de la reconstruction du
noyau et en particulier de l’enveloppe nucléaire.

III. Les microtubules

Les microtubules sont des structures tubulaires cylindriques creuses et rigides en général rectilignes.
Constitutives du cytosquelette, ils ont un diamètre d’environ 25 nm, une épaisseur de 5 nm et une
longueur variable du fait de leur dynamique (liée à leur fonction au sein de la cellule et à leur
dynamique). Ils sont présents dans toutes les cellules eucaryotes, quel que soit le stade du cycle
cellulaire, à l’exception des érythrocytes. Ils sont très particulièrement nombreux dans les neurones
du cerveau où ils représentent environ 20% des protéines solubles. Ils apparaissent typiquement sous
forme de «rails », en coupe longitudinale, et sous forme circulaire, en coupe transversale.
Ils se disposent radialement autour du MTOC (microtubule organizing center : centre d’organisation
des microtubules) ou centrosome.
On distingue deux type de microtubules :

- Les microtubules labiles : ils sont très difficiles à conserver et sont souvent détruits par les
agents de fixation chimique ou par les basses températures. On les trouve dans le cortex des
cellules, aux pôles des cellules en division, autour des centrioles dans les cellules animales.

- Les microtubules stables : ils sont beaucoup plus faciles à conserver. Ce sont des édifices
compliqués dont les plus typiques constituent les centrioles et l’axonème des cils et des
flagelles.

1. Organisation moléculaire

Les MTs d’un diamètre externe uniforme, possèdent une paroi dense épaisse de 5nm et une cavité
axiale plus claire de 14nm de large. Leur longueur atteint plusieurs microns : ils ne se ramifient pas. Il
s’agit d’un tube dont la paroi est constituée de 13 protofilaments (chaque protofilament est constitué
d’un assemblage orienté de dimères de tubuline : tubuline αet β) de 5nm de diamètre, parallèles et
ayant la même polarité, associés latéralement les uns aux autres et consistant en une alternance de
tubulines α et β. Ces dimères de tubuline possèdent des sites de fixation de GTP. Le site de GTP de la
tubuline α est situé profondément dans la molécule, il ne peut être échangé. En revanche, le site de
GTP de la tubuline β permet un échange lent avec le GDP.
Les microtubules prennent naissance au voisinage du centrosome, plus précisément dans le matériel
péricentriolaire, appelé aussi centre organisateur des microtubules (COMT ou MTOC). Il s’agit d’une
matrice protéique composée essentiellement d’un isoforme de la tubuline : la tubuline γ.

1.1. Les tubulines

Les tubulines α et β existent sous forme monomérique dans toutes les cellules eucaryotes. Leur
concentration atteint 10 à 20% dans les cellules nerveuses. Les tubulines sont une famille de molécules
hétérogènes, on en dénombre d’ailleurs six formes de tubuline α et de tubuline β chez les mammifères.
Cette hétérogénéité s’accroit avec la différenciation : elle atteint son maximum dans les MTs des
neurones.
Les tubulines α et β s’associent en dimères (oligomères) d’un poids moléculaire de 110 à 120kDa.
L’association linéaire des dimères de tubuline aboutit à la formation des protofilaments. Chaque
protofilament représente un polymère de haut poids moléculaire d’oligomère de tubuline.

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Figure 18 : Structure d’un dimère de tubuline

1.2. Polymérisation et dépolymérisation des microtubules

Dans les conditions physiologiques, la polymérisation et la dépolymérisation intéressent


simultanément les deux extrémités d’un MT.
La polymérisation se produit à partir des hétérodimères αβ de tubuline en présence de GTP et de Mg2+ ;
elle concerne les deux extrémités du microtubule : α à l’extrémité négative et β du côté positif. La
sous-unité β de l’hétérodimère porte un site d’échange de GTP. La polymérisation des dimères de
tubulines entre eux est un processus spontané qui se produit dès lors que la tubuline β est chargé de
GTP. Cette polymérisation est beaucoup plus rapide à l’extrémité positive qu’à l’extrémité négative, si
bien que l’extrémité positive du MT s’allonge trois à quatre fois plus vite que l’extrémité négative.
Le pool de tubuline dans le cytoplasme conditionne la vitesse de polymérisation des MTs. Au début de
la phase d’élongation, la vitesse de polymérisation plus élevée que la vitesse de dépolymérisation
permet l’allongement des MTs. Au fur et à mesure que le pool de tubuline perd ses molécules libres,
la vitesse d’élongation décroit jusqu’à ce qu’elle soit égale à la vitesse de dissociation. La
polymérisation ne consomme pas toutes les molécules de tubuline libre : le plus souvent 50% de la
quantité totale de tubuline est utilisé pour la formation des MTs.
L’hydrolyse du GTP en GDP par la tubuline β a lieu peu après la polymérisation ; la tubuline α, en
revanche n’a pas d’activité GTPasique et est toujours associée au GTP. Au cours de la croissance rapide,
l’addition de tubuline est plus rapide que l’hydrolyse du GTP par la tubuline β. Cela provoque la
formation d’une coiffe aux extrémités du MT qui stabilise et prolonge la durée de la phase de
croissance. En revanche sur toute sa longueur, le MT est constitué de tubuline β-GDP et de tubuline α-
GTP. L’hydrolyse du GTP change la conformation des sous-unités et affaiblit les liaisons dans le
polymère.
Les molécules de tubuline possèdent non seulement des sites de liaison pour le GTP mais aussi pour
des inhibiteurs de la polymérisation. La fixation de la colchicine ou de la vinblastine provoque un
raccourcissement, puis une disparition des microtubules par défaut de polymérisation (c’est pour cette
raison qu’elle inhibe la division cellulaire au stade de la métaphase).
Le taxol, par contre, stabilise les microtubules polymérisés et inhibe la dépolymérisation des
microtubules.

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Figure 19 : Dynamique des microtubules

1.3. Les types de microtubules

1.3.1. Microtubules labiles

Les MTs labiles sont caractérisés par une instabilité dynamique. Celle-ci se définit par le comportement
des MTs qui subissent, en permanence et très rapidement, des phases de polymérisation et de
dépolymérisation. Le réarrangement est permanent : ils croissent ou se dépolymérisent rapidement.
Les alcaloïdes, comme la colchicine, la vinblastine, la vincristine induisent leur disparition par
dépolymérisation.
Les MTs labiles sont généralement des MTs libres. Dans les cellules eucaryotes, ils rayonnent à partir
du centrosome en direction de la périphérie cellulaire : ils convergent depuis le cortex cellulaire vers
l’appareil de Golgi qui occupe une position presque centrale. Ils constituent la manchette des
spermatides et sont présents dans les prolongements des cellules nerveuses (neurotubules). Dans la
cellule en mitose, ils forment les asters et ils se disposent en fuseau, le fuseau mitotique.

1.3.2. Microtubules stables

Les microtubules stables se polymérisent jusqu’à atteindre une certaine taille, la dynamique de
polymérisation et de dépolymérisation est ensuite bloquée par des protéines stabilisatrices.
Ces microtubules résistent à tous les fixateurs, aux alcaloïdes cités précédemment, à des températures
basses (inférieure à 4°c). Ils s’intègrent dans des structures complexes comme les centrioles, l’axonème
des cils et des flagelles.

1.4. Protéines associées aux microtubules, les MAPs

Les MAPs (Microtubule Associated Protein) sont des protéines interagissant avec les microtubules. La
labilité et la stabilité s’expliquent par la nature des MAPs. Les MAPs, qui regroupent les MAPs
structurales et les MAPs motrices, sont des protéines s’associant avec les tubulines α et β. Les
structurales constituent, avec les tubulines, des associations spécifiques très fortes qui stabilisent les
MTs et organisent leur assemblage. Les MAPs motrices interviennent dans le déplacement d’organites.

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Figure 20 : Les protéines associées aux microtubules (MAP)

Les MAPs motrices

Des expériences réalisées sur les axones géants de calmar ont permis d’isoler deux protéines motrices,
la kinésine et dynéine. Ces protéines existent également chez les vertébrés supérieurs. Elles
interviennent dans des déplacements orientés.
La kinésine assure des transports, en direction du pôle positif (mouvements antérogrades), d’organites
ou de grains de sécrétion.
La dynéine est responsable des mouvements rétrogrades (en direction du pôle négatif).
Dynéine et kinésine sont des ATPases qui utilisent l’énergie de l’ATP. Dans la mesure où ces protéines
se lient spécifiquement aux MTs, elles sont classées dans les MAPs. La nexine, qui intervient dans la
stabilisation des MTs dans les cils vibratiles, est également classée dans les MAPs.

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D’un point de vu structural, la kinésine et la dynéine sont très voisines. Ce sont des complexes
composés de deux chaines lourdes identiques et de plusieurs chaines légères. Chaque chaine lourde
possède une région comportant une ou plusieurs têtes globulaires, qui attachent la protéine aux MTs.
La kinésine et la dynéine cytoplasmiques sont des molécules à deux têtes (la molécule de dynéine
ciliaire en a trois). L’extrémité globulaire de la kinésine, ou de la dynéine, se fixe sur les molécules de
tubuline, alors que les deux chaines légères se lient aux organites ou à la membrane des vésicules.

Figure 21 : Mécanisme de déplacement de la kinésine à la surface du microtubule par saut d’une sous-unité β à la suivante

2. Fonction des microtubules

Les MTs interviennent dans :


- Les mouvements des chromosomes au cours de la mitose et de la méiose ;
- L’intégrité de l’appareil de Golgi ;
- Le transport de substances ou de matériel intracellulaire ;
- Les mouvements du milieu extracellulaire ;
- Le déplacement des cellules ;
- La morphogénèse de la cellule ;
- Maintien de la structure de la membrane plasmique ;
- Transport dirigé des ARNm dans le cytoplasme ; ….

2.1. Microtubules et transports intracellulaires

Les vacuoles de pinocytose ou les phagosomes, immédiatement après leur individualisation, se lient
aux MTs par l’intermédiaire de CLIP170, une protéine cytoplasmique de liaison qui associe les vésicules
aux MTs. Les dynéines relaieront ensuite CLIP170 et assureront le transport en direction de l’extrémité
négative des microtubules. Les éléments transportés s’accumulent ainsi dans des régions voisines de
l’appareil de Golgi et des lysosomes.
Le transport vésiculaire et canaliculaire à la base des flux membranaires utilise les MT et les MAP
motrices :
- Les vésicules d’endocytoses, les phagosomes sont transportés le long des MT vers leur (-), avec
intervention des dynéines. Ce phénomène conduit à la concentration du matériel endocyté
dans l’aire golgien et les endosomes- lysosomes.
- Le matériel transporté par le flux membranaire vectoriel et permanent utilise successivement
les 2 types de MAP motrices :
o Une dynéine du RE à l’Appareil de Golgi
o Une kinésine du Golgi vers la membrane plasmique

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- Le flux membranaire entre l’Appareil et le RE (flux rétrograde de sens opposé au flux


membranaire vectoriel permanent) fait intervenir des MT et une kinésine.
- Les drogues susceptibles de perturber le métabolisme des MT bloquent également tous ces
transports.

Figure 22 : Les MT et les MAP motrices contribuent à la polarité des fonctions cellulaires et à l’orientation des mouvements
liés aux flux membranaire

2.2. Le centrosome

Le centrosome est localisé près du noyau dans l’aire golgienne. L’extrémité (-) des MT est
dirigée vers lui. Il est constitué de deux centrioles, disposés perpendiculairement l’un à l’autre
et entouré par une matrice de MAP. Cette matrice contient près d’une centaine de protéine
dont la tubuline γ, des Chaperons contrôlant la polymérisation et la dépolymérisation des MT,
et deux protéines, Lis 1 et doublecortine (Dcx), impliquées dans le déplacement orienté de
cellules, en particulier des neurones au cours de leur migration embryonnaire.
Chaque centriole est constitué par 9 triplet de MT. Le plus interne de chaque triplet (MT A)
est complet (13 protofilaments). Il est relié au centre de la structure centriolaire par une lame
protéique en rayon de roue. Les MT distaux (B et C) sont incomplets. Le MT C est relié au MT
A du triplet voisin par des liaisons transversales.
Dans les cellules qui vont se diviser, la duplication du centrosome commence à la phase G1 et
se termine en phase G2. Chacun des centrosomes néoformés rejoint ensuite un des 2 pôles
de la cellule au début de la mitose et sert de site de nucléation pour les MT du fuseau
mitotique. Au cours de la mitose, les deux centrosomes sont associés à des protéines de la
matrice nucléaire. Elles participent à la stabilisation des MT du fuseau mitotique.

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Figure 23 : Localisation et organisation du centrosome

2.3. Les dérivés centriolaires : Cils et Flagelles

Cils et Flagelles sont des expansions de la membrane cytoplasmique contenant un squelette organisé
de MT et de MAP appelé axonème. Ils sont caractéristiques des cellules douées de mouvement. Ils
sont considérés comme des dérivés centriolaires car il existe une similitude structurale entre les
corpuscules basaux (structure comparable au centriole) des cils et des flagelles et les centrioles.

2.3.1. Structure

Trois types de cils sont présents à la surface de la cellule :


- Le cil de type 9+2 comporte 9 doublets de MT périphériques (le MT le plus interne A est
complet avec 13 protofilaments ; Le MT externe B est incomplet avec 9 protofilaments) et 2
doublets centraux reliés entre eux. L’extrémité (-) de ces MT est située dans le corpuscule basal
du Cil. L’extrémité (+) de ces MT est au contact de la membrane plasmique, du sommet du cil
(ou de l’extrémité du flagelle). Une même cellule peut présenter un très grand nombre de cils
de type 9+2, comme les cellules cylindriques de l’épithélium bronchique.
- Le cil de type 9+0, dépourvu des 2 MT centraux est dénommé cil primaire. On le retrouve à
l’état unique à la surface de nombreuses cellules : neurone, cellule thyroïdienne, cellule
épithéliale du tubule rénale….
- On distingue deux types de cils primaires : ceux qui possèdent la dynéine ciliaire et qui sont
donc mobiles (comme ceux présent à la surface des cellules neurectodermiques de l’embryon.
Et ceux qui ne possèdent pas de dynéine, qui sont donc immobiles.
La dynéine ciliaire est responsable du glissement des doublets de de MT périphériques les uns par
rapport aux autres, et donc des mouvements des cils de type 9+2 (et des flagelles) ou du cil primaire
9+0 qui en est pourvu. L’hydrolyse de l’ATP par les têtes de chaque bras de la dynéine provoque le
déplacement vers l’extrémité (-) des MT, c’est-à-dire vers la base du cil. Ce qui provoque la courbure
du cil. Plusieurs autres types de MAP relient entre eux les 9 doublets de MT périphériques et les 2
centraux s’ils sont présent.

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Figure 24 : Les 3 types de cils

2.3.2. Rôles des cils et flagelles :

Les mouvements des cils et des flagelles permettent le déplacement de cellules mobiles ou
celui du milieu péricellulaire au contact des cellules fixées.
Les battements synchrones des cils 9+2 recouvrant l’épithélium bronchique mobilisent le
milieu liquidien bronchique. Ils assurent le transport de ce milieu, et des particules qui y sont
piégées, de l’arbre bronchique distal vers la trachée, facilitant ainsi l’élimination de particules
inhalées. La fumée du tabac diminue la mobilité ciliaire. L’exposition prolongée à la fumée
entraîne aussi des modifications de la structure des cils, ce qui altère leur fonction de
mobilisation de la muqueuse bronchique.
Les flagelles sont des cils de type 9+2 très long qui assurent la mobilité des cellules isolées
comme les spermatozoïdes.
Le cil primaire mobile de chaque cellule du Nœud de Hensen est responsable de
l’établissement de la polarité droite- gauche de l’embryon à un stade précoce. Le
déplacement synchrone de ces cils assure le déplacement régulier de droite à gauche du
milieu extracellulaire et des molécules de signalisation qu’il véhicule (figure 25). Les cils
mobiles ou non agissent aussi comme mécano- récepteurs. C’est le cas des cellules tubulaires
rénales.

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Figure 25 : Deux exemples du cil primaire 9+0

2.4. Transport axonal et Maintien de la polarité cellulaire

Dans les cellules nerveuses, les synthèses protéiques et la biogenèse des organites se produisent dans
le péricaryon. Les axones contiennent de très nombreux MTs. La kinésine, en collaboration avec les
MTs, assure le transport des organites dans le sens antérograde (péricaryon vers la terminaison
synaptique de l’axone) et la dynéine assure le transport rétrograde (extrémité de l’axone vers le
péricaryon). Ces deux molécules interviennent aussi dans le transport des vacuoles et des organites
dans tous les autres types cellulaires. Les alcaloïdes capables de dépolymériser les microtubules,
interrompent les deux types de transport.

La polarité cellulaire est à la fois structurale et fonctionnelle. Elle implique que certaines activités de la
cellule sont localisées à l’un des pôles cellulaires. Elle est évidente dans les cellules épithéliales dont
l’une des faces est en rapport avec une cavité, une autre avec la lame basale, et les deux latérales avec
les cellules voisines. La dépolymérisation des MTs des entérocytes induit la différenciation du plateau
strié apical et l’apparition d’un plateau strié basal. Dans des fibroblastes en culture, la polarité cellulaire
est indiquée par le pôle où s’effectuent les mouvements de la membrane ondulante (mouvements
directionnels). La pinocytose est habituellement localisée dans cette région. Traités par la colchicine,
les fibroblastes prennent une forme polygonale et les mouvements directionnels sont remplacés par
des mouvements amiboïdes au hasard. La perte de cette polarité inhibe le chimiotactisme des
leucocytes, ce qui explique la diminution du nombre des phagocytes pénétrant dans les articulations
des goutteux traités par la colchicine, et donc la diminution des réactions inflammatoires.

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