Carnet de Lecture D'andromaque

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 19

BIOGRAPHIE DE Jean RACINE

Jean Racine est un dramaturge français du XVIIe siècle. Il est connu pour ses tragédies qui
restent les grands modèles du théâtre classique de son époque.

Jean Racine naît le 22 décembre 1639 à la Ferté-Milon, petite bourgade du Valois. Il mourra
le 21 avril 1699 à Paris.
A trois ans, l’enfant devient orphelin. Il est recueilli par ses grands-parents. De confession
janséniste, ils transmettent à leur petit-fils une éducation baignée de cette pensée chrétienne.
NB : Les jansénistes prônaient une pensée dérivée de Saint Augustin et théorisée par Jansen
dans un ouvrage, l’Augustinus. Pour eux l’homme est faillible. Il ne peut être sauvé que par la
grâce de Dieu, une grâce qui n’est pas accordée à tous, mais à des élus. C’est la
prédestination. Il n’y a pas d’espoir d’élévation, quoi que l’on fasse, on a la grâce ou on ne l’a
pas. Les jansénistes étaient en opposition  avec les jésuites.
Jean Racine rentre très tôt aux Petites Ecoles de Port-Royal, un couvent Janséniste.
Sous la pression des opposants, les écoles jansénistes sont fermées par ordre royal. Racine
poursuit son éducation auprès de brillants pédagogues. Cependant le théâtre n’est pas encore
dans ses projets car, pour les jansénistes qui ont fondé la base de son éducation, la pratique
théâtrale « empoissonne les âmes » et n’est donc pas digne d’un homme pieux.

A 20 ans, Jean Racine découvre la vie mondaine auprès de son cousin Nicolas Vitart. Il
fréquente des littéraires, prend goût pour la poésie et le théâtre. Il compose des poèmes de
circonstance et se livre à quelques essais en tragédie mais ils sont refusés. Son goût pour le
théâtre le met en mauvais terme avec sa famille, ses amis et maîtres jansénistes.
En 1663, Jean Racine se lie d’amitié avec Boileau. C’est cette même année qu’il écrit la
Thébaïde. Molière accepte de la mettre en scène en 1664 et assure le succès du jeune
dramaturge. C’est à cette occasion que la rupture avec les jansénistes et la plus marquée. Sa
tante lui écrit la chose suivante : « J’ai appris avec douleur que vous fréquentiez plus que
jamais des gens dont le nom est abominable à toutes les personnes qui ont tant soit peu de
piété, et avec raison, puisqu’on leur interdit l’entrée de l’Église et la communion des fidèles,
même à la mort ».

Racine poursuit dans la voie de l’écriture dramatique. Ses pièces mêlent les thèmes
mythologiques et historiques dans un cadre le plus souvent antique. La passion apparaît
comme la force fatale qui détruit celui qui en est possédé, entraînant dans sa chute son
entourage, son univers. Ce sont ces passions qui sont moteurs de l’action et provoque la
terreur et la pitié chez le spectateur afin de le purger de ces mêmes passions. C’est l’action de
catharsis décrite par Aristote dans la Poétique. Racine prend souvent les rivalités amoureuses
comme thème de tragédie car l’amour est une passion violente. Cette rivalité se double
souvent d’une rivalité politique mais Racine la laisse au second plan. C’est dans cette veine
qu’il écrit : Alexandre le Grand, Andromaque, Britannicus, Bérénice, Bazajet, Mithridate,
Iphigénie, Phèdre.
Après Phèdre l’auteur change de cap. Il se marie, renoue avec les jansénistes et la piété.
Madame de Maintenon lui demande d’écrire une tragédie biblique d’inspiration religieuse
dont les destinataires seront les élèves de la Maison Royale de Saint-Louis, un pensionnat
pour jeunes filles. Racine écrit Esther. Il renouvellera l’expérience en écrivant Athalie.
BIBLIOGRAPHIE DE Jean RACINE

 La Thébaïde (Tragédie) en 1664


 Alexandre le Grand (Tragédie) en 1665
 Andromaque (Tragédie) en 1667
 Les Plaideurs (Comédie) en 1668
 Britannicus (Tragédie) en 1669
 Bérénice (Tragédie) en 1670
 Bajazet (Tragédie) en 1672
 Mithridate (Tragédie) en 1672
 Iphigénie (Tragédie) en 1674
 Phèdre (Tragédie) en 1677
 Esther (Tragédi) en 1689
 Athalie (Tragédie) en 1691
RESUME

Pendant la guerre de Troie, Achille a tué Hector. Andromaque, la femme d’Hector et


Astyanax, son fils, sont faits prisonniers par Pyrrhus, le fils d’Achille. Pyrrhus tombe
amoureux de sa captive alors qu’il doit se marier avec Hermione, la fille de Ménélas et
Hélène. L’arrivée d’Oreste à la cour de Pyrrhus est l’élément déclencheur de l’intrigue.

• Acte 1
Ambassadeur des Grecs en Épire, Oreste vient exiger du roi Pyrrhus qu’il lui livre Astyanax,
le fils d’Hector et d’Andromaque. Les Grecs, redoutant qu’un jour il ne venge son père,
veulent le tuer. Oreste retrouve son ami Pylade et lui confie qu’il a accepté cette mission pour
revoir Hermione dont il est épris, malgré les constants refus de la jeune femme. Il pense
qu’elle acceptera cependant de partir avec lui étant donné qu’elle est dédaignée par Pyrrhus,
qui est épris de sa prisonnière.
Pyrrhus exprime à Oreste son refus de livrer Astyanax aux Grecs, même si cela doit
déclencher une guerre. Il utilise ce refus pour faire pression sur Andromaque, espérant ainsi
l’amadouer et la voir céder à son amour, au moins par reconnaissance. Or, Andromaque
continue à se refuser à lui, fidèle à la mémoire d’Hector. Pyrrhus menace alors de livrer
Astyanax.

• Acte 2
Oreste parle à Hermione qui accepte de partir avec lui si Pyrrhus refuse de livrer Astyanax, ce
qui rend Oreste très heureux. Mais son bonheur est de courte durée : Pyrrhus annonce à
Oreste qu’il a décidé d’épouser Hermione et de livrer Astyanax.

• Acte 3
Oreste, furieux, décide d’enlever Hermione avant le mariage. Andromaque, de son côté, fait
pression sur Hermione pour qu’elle convainque Pyrrhus de ne pas livrer son fils. Hermione
refuse. Andromaque adresse alors la même demande à Pyrrhus, qui accepte de garder l’enfant
si elle l’épouse.

• Acte 4
Désespérée mais voulant sauver son fils, Andromaque accepte de se marier avec Pyrrhus,
mais elle confie à Céphise qu’elle se donnera la mort aussitôt mariée. Hermione, apprenant la
nouvelle du mariage, demande à Oreste de tuer Pyrrhus. Oreste, épouvanté, prie une
nouvelle fois Hermione de partir avec lui ; elle refuse de nouveau. Oreste finit par accepter de
tuer Pyrrhus et choisit de commettre le meurtre pendant la cérémonie de mariage.

• Acte 5
Oreste a accompli la funeste mission. Pyrrhus est mort ; Hermione, folle de désespoir se
donne la mort sur le corps de Pyrrhus. Oreste perd la raison. Andromaque veut venger
l’homme qu’elle vient d’épouser : les Grecs Oreste et Pylade fuient l’Épire.
ANALYSE

« Andromaque » est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine (1639-1699). Elle
est représentée pour la première fois au château du Louvre le 17 novembre 1667.

Fondée sur la légende de la princesse troyenne Andromaque, la pièce peut se résumer en une
phrase : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector,
qui est mort. Pyrrhus (nom romain de Néoptolème, fils d’Achille), ayant réduit en esclavage
Andromaque et son fils Astyanax après la guerre de Troie, tombe amoureux d’elle.
Seulement, il doit épouser Hermione, fille de Ménélas et Hélène de Sparte, qui est convoitée
par Oreste, neveu de Ménélas… L’action, qui se déroule dans une salle du palais de Pyrrhus,
commence par l’arrivée d’Oreste. Celui-ci va peu à peu amener cette chaîne amoureuse à sens
unique à se disloquer.

Il serait tentant de voir un lien entre « Andromaque » de Racine et « Andromaque »


d’Euripide, grand tragique de l’Antiquité. Toutefois, Racine s’est en vérité inspiré de passages
de « L’Iliade » d’Homère, et surtout de « L’Énéide » de Virgile, pour composer le personnage
d’Andromaque. Il se permet toutefois certaines libertés : ainsi, Astyanax, fils d’Andromaque
et d’Hector, a été réduit à l’esclavage par Pyrrhus chez Racine, alors que dans la légende, il a
été précipité du haut des murailles de Troie lors de la prise de la ville.

Troisième tragédie de Racine, « Andromaque » est également celle qui lui donne accès à la
gloire. La première représentation est un grand succès auprès de la cour du Roi. Depuis, la
notoriété de la pièce n’a jamais fléchi : elle demeure l’une des tragédies les plus jouées à la
Comédie-Française. Certains critiques voient la pièce comme un tournant dans l’histoire de la
tragédie française : c’est la première à être une tragédie simplement humaine analysant les
passions, en particulier l’amour. « Andromaque » est une œuvre majeure de Jean Racine.
PERSONNAGES

Andromaque : princesse troyenne, veuve d'Hector et mère d'Astyanax. Pour sauver son fils
de la mort, elle lui substitue un autre enfant qui est tué à sa place, lors de la prise de Troie.
Elle est ensuite donnée comme part du butin à Pyrrhus qui tombe amoureux d'elle. Mais elle
refuse ses avances jusqu'à ce qu'il la menace de livrer son fils aux Grecs si elle ne l'épouse
pas. Elle l'épouse finalement mais reste fidèle à Hector et garde sa dignité.

Astyanax : fils d'Hector et d'Andromaque. Il est l'héritier de l'empire de Troie et le prisonnier


de Pyrrhus.

Oreste : fils d'Agamemnon et de Clytemnestre. Il est amoureux d'Hermione et vient à la fois


pour la convaincre de le suivre et pour demander Andromaque et son fils pour les livrer aux
grecs. Il est prêt à tout pour récupérer l'amour d'Hermione et il a un côté manipulateur. Il est
aussi maudit par la famille des Atrides

Hermione : fille unique de Ménélas et d'Hélène, orgueilleuse et jalouse d'Andromaque. Elle


est d'abord fiancée à Oreste mais promise par son père à Pyrrhus dont elle est amoureuse. Elle
est humiliée par le dédain et la félonie de Pyrrhus qu'elle aime naïvement. La violence de sa
colère, à la mesure de son dépit, l'amène à manipuler Oreste pour arriver à ses fins.

Pyrrhus : fils d'Achille et roi d'Epire, il est aussi l'assassin de la famille d'Andromaque. Il
doit épouser Hermione, mais il est amoureux d'Andromaque et l'épousera par la suite. Violent,
il meurt assassiné par Oreste qui exécute la volonté d'Hermione.

Pylade : ami et confident d'Oreste

Cléone : confidente d'Hermione

Céphise : confidente d'Andromaque

Phœnix : gouverneur d'Achille, puis de Pyrrhus


THEMES

Les grands thèmes d'Andromaque :

L'amour et la haine : ces deux thèmes sont profondément liés chez Racine. L'amour est
passion, mais aussi souffrance. Chacun aime qui ne l'aime pas : Oreste aime Hermione ; celle-
ci aime Pyrrhus et ce dernier aime Andromaque. Mais celle-ci ne peut pas répondre à son
amour, parce que son mari a été tué par le père de Pyrrhus, Achille. Les personnages sont
frustrés car ils ne peuvent pas être aimés en retour. Chez Hermione, l'amour est intimement lié
à l'amour propre. Cela entraîne du dépit, de la jalousie et de la haine qui la détruit ainsi que
son entourage : Oreste tue Pyrrhus. Le seul amour « pur » est l'amour maternel que porte
Andromaque à Astyanax.

La fidélité : elle est représentée par Andromaque qui reste fidèle à son défunt mari. Cette
fidélité entre en conflit avec le désir de sauver son fils. Elle est en effet déchirée entre son
amour pour Hector et la menace de Pyrrhus qui veut tuer son fils si elle ne l'épouse pas.

La folie : Dans Andromaque, tous les personnages souffrent et ont des comportements
pathologiques : Hermione a des accès de fureur sanguinaire ; Oreste va jusqu'à tuer Pyrrhus et
sombre dans la folie totale en apprenant le suicide d'Hermione : (Lire Acte V, scène 1,
Hermione, seule.)

La mort et la fatalité : les personnages de Racine ne sont pas maîtres de leur destin. Ils
rejettent parfois comme Oreste toute responsabilité sur les Dieux : elle est présente tout au
long de la tragédie. Elle sert de décor : mort d'Hector et massacre des Troyens. Elle constitue
aussi l'action : Oreste vient demander la mort d'Astyanax et Andromaque souhaite se suicider
pour sauver son fils. Enfin, le dénouement est marqué par le meurtre de Pyrrhus et le suicide
d'Hermione.

COMMENTAIRES LITTERAIRES DE TEXTES


Racine, Andromaque - Acte III, Scène 8
Texte étudié : ‹‹ Dois-je les oublier… Allons sur son tombeau consulter mon époux. ››

Introduction

Le texte que nous allons étudier est extrait de la tragédie de Racine, Andromaque. Elle a été
créée le 17 novembre 1667. L’action d’Andromaque se situe après la légendaire guerre de
Troie remportée par les Grecs : Pyrrhus, fils d’Achille annonce à Andromaque qu’elle peut
encore sauver son fils, Astyanax. Pyrrhus lui pose un ultimatum. Dans cette scène (Acte III,
scène 8), Andromaque s’adresse à sa confidente, Céphise. Elle lui dit qu’elle ne peut pas
épouser Pyrrhus car elle est toujours hantée par la mémoire de son mari, Hector, champion
des Troyens.
En quoi cette scène recentre l’intrigue sur Andromaque ? Nous verrons dans un premier temps
le dilemme auquel est confrontée la veuve d’Hector puis nous étudierons la présence du
registre épique et tragique.

I. Une intrigue recentrée sur Andromaque

Andromaque est déchirée entre deux exigences : elle est partagée entre sa fidélité à la
mémoire de son mari et son désir de sauver son fils. Céphise, la confidente d’Andromaque
tente de convaincre Andromaque d’épouser Pyrrhus, pour cela, elle utilise un argument
décisif : « Hé bien ! Allons donc voir votre fils on n’attend plus que vous » (vers 1012-1013).
Céphise est donc un personnage important dans ce passage car elle permet à Andromaque de
se rappeler des conséquences de son choix. Céphise agit donc comme une sorte de déclic car
elle aide Andromaque à prendre conscience que la vie de son fils est en danger, elle retrouve
en quelque sorte une part de lucidité car la tirade qui suit (vers 1014-1038) n’est pas focalisée
que sur Hector, elle parle de son fils et du danger qui le menace contrairement à la tirade
précédente (vers 992-1011) où elle faisait preuve d’un aveuglement.
Andromaque garde en mémoire plusieurs images du passé, ce qui rend le dilemme encore plus
violent. Elle se remémore la mort de son mari ainsi que ces adieux (vers 992-994 et vers
1018-1028). Ces souvenirs nous montrent qu’Andromaque, malgré la mort d’Hector est très
attachée à lui et qu’elle ne peut pas le trahir en épousant Pyrrhus. De plus, à la fin de la tirade
(vers 1029-1036), Andromaque s’adresse successivement à plusieurs personnages, Pyrrhus : «
Roi barbare » (vers 1029) et « le cruel » (vers 1034) ainsi que son fils « mon fils » (vers
1033). Ces deux personnages traduisent le déchirement intérieur d’Andromaque car ce sont
eux les objets de son tourment, c’est entre eux qu’elle doit faire un choix.
Dans ce passage, le dilemme est donc exposé, ce qui permet au lecteur de comprendre les
craintes d’Andromaque. Ici, se trouve le ressort de l’action.

II. La présence des registres tragique et épique

Le registre tragique et épique est souvent présent dans cette scène. Andromaque revit
intensément la guerre de Troie (vers 992-1011) : l’évocation de la mort d’Hector (vers 993-
994 : chant XXIV de l’Iliade, Achille, vainqueur traine le cadavre d’Hector autour de Troie)
et le sacrilège que commet Pyrrhus (vers 995-996 : Chant II de l’Eneide, Pyrrhus tue Priam au
pied de l’autel où chaque famille célèbre le culte des dieux domestiques).

La veuve d’Hector fait beaucoup de répétitions, elle répète les termes « oublier », « nuit », «
cette nuit éternelle » (vers 998), « cette nuit cruelle » (vers 993). Les anaphores sont aussi
présentes : « dois-je » (vers 992, 993, 995), « songe » (vers 997, 1003), « voilà » (vers 1006,
1007). Elle utilise beaucoup de formules d’insistance, ce qui permet d’amplifier l’expression
de son état moral, c'est-à-dire son angoisse. Elle souhaite prouver à sa confidente qu’elle ne
peut pas épouser Pyrrhus car il a fait trop de mal à sa famille, Hector, Priam (père d’Hector) et
ses frères : « Non, je ne serai point complice de ses crimes » (vers 1009). Elle donne de
bonnes raisons.

Pyrrhus dans sa tirade est associé au feu, au sang, et au carnage : « dans la flamme » (vers
1004), « et de sang … échauffent le carnage » (vers 1002), « nos palais brûlants » (vers 1000)
et « horreurs » (vers 1005). Andromaque a une vision de Pyrrhus assez péjorative. Le champ
lexical de la mort est aussi présent : « funérailles » (vers 993), « morts » (vers 1001) et «
mourants » (vers 1003). Andromaque fait donc allusion dans cette tirade à des scènes
particulièrement violentes, cruelles et sanglantes.

Le second souvenir qui vient à l’esprit d’Andromaque est la scène des adieux, il est donc
différent du premier souvenir car ici on retrouve le lexique de la souffrance. On remarque
aussi des interjections : « Ah ! » (Vers 1014), « Hé bien » (vers 1042) et « Hélas » (vers 1018,
1044) ce qui permet d’exprimer la plainte et le regret qu’éprouve Andromaque. Les types de
phrases aussi sont importants car les phrases interrogatives et exclamatives témoignent des
hésitations d’Andromaque. Andromaque rapporte directement les paroles d’Hector (vers
1021-1026 : évocation d’une scène de l’Iliade, les adieux d’Hector à sa femme) cela nous
montre la douleur qu’elle peut ressentir mais surtout elle nous explique les dernières volontés
d’Hector (vers 1026 et 1023). De plus, les termes « gage » et « trépas » sont aussi énoncés
(vers 1017 et 1023), Astyanax est donc un gage.

A partir du vers 1037, le profond désarroi d’Andromaque se ressent dans ses paroles,
notamment dans les phrases interrogatives (vers 1040, 1041, 1044), les interruptions avec les
points de suspension (vers 1039, vers 1042), les répétitions d’ « Allons » (vers 1037 et 1047)
mais aussi les interjections : « O » (vers 1045-1047). On peut donc ressentir son impuissance
ainsi que sa souffrance, Andromaque ne sait pas qu’elle décision prendre. Les interruptions
nous montrent qu’elle n’est pas sûre d’elle et l’interjection nous montre son désespoir. Le
personnage suscite aussi la crainte et la pitié.
Conclusion

L’intrigue est donc recentrée sur Andromaque car elle nous expose son dilemme. On
découvre le personnage complexe d’Andromaque grâce à ses sentiments, elle est animée par
la peur, la souffrance et le désarroi. Andromaque éprouve « une nostalgie douloureuse » à
l’évocation des adieux de son mari. Les émotions d’Andromaque sont comprises grâce à
toutes sortes de procédés et de figures de style qui sont présents tout au long de la tirade. Les
registres tragiques et épiques sont très importants. Bien que ce soit Andromaque qui ait le plus
de répliques, sa confidente est tout aussi importante. On pourrait faire un rapprochement avec
Le Cid de Corneille notamment à cause de la présence d’un dilemme.
ADAPTATION

MISE EN SCENE :

Un spectateur qui se rend au théâtre pour voir une tragédie classique ressent très souvent de
l’appréhension quand il connait la densité et l’opacité d’un tel texte : il craint de ne pas tout
comprendre, d’être perdu au bout de la première scène ou du premier acte ; il juge la langue
de Racine trop ardue, les personnages trop complexes et redoute des situations éloignées des
codes qui sont les siens.
Adapter Andromaque de Jean Racine est une vraie gageure, car cela sous-entend de rendre
accessible un texte dense et profond, mais sans jamais en trahir le sens et la portée.
Nous avons donc décortiqué et étiré la pièce dans toutes ses limites pour en faire un spectacle
destiné à tous les publics. Le spectateur est invité à (re-)découvrir et à (ré-) entendre cette
tragédie avec la promesse qu’il ne sera jamais assommé, ni dérouté, ni égaré par la difficulté
de la langue.

Entrer dans l’alexandrin


L’adaptation du texte s’articule essentiellement autour des deux premiers actes, afin d’inviter
le spectateur à entrer progressivement dans les situations qui vont donner naissance à la
tragédie.

De la distanciation à la catharsis.

Dès les premiers mots, les comédiens, en véritables guides de tragédie, exposent au public le
contexte historique et amoureux précédant le début de l’histoire : les rapports entre les
personnages, leurs passions, leurs dilemmes, leurs devoirs. Le spectateur accède par la suite
aux alexandrins ; il est donc préparé à recevoir une langue tournoyante qu’il n’est pas habitué
à entendre.

Aux actes I et II, les guides n’hésitent pas à s’immiscer dans le cours de l’histoire, à esquisser
chaque personnage, jaugeant l’attention du public et précisant les enjeux de la pièce. Les
comédiens usent de nombreux stratagèmes pour permettre au public de percevoir et de
comprendre les tenants et les aboutissants de chaque situation.
À l’acte III, une rupture se produit : les protagonistes s’éloignent de plus en plus de la réalité
tant ils sont rattrapés par leur passion dévorante. La tragédie peut se nouer. Cette rupture
marque également le jeu des acteurs qui abordent alors le texte d’une façon différente : ils
deviennent l’incarnation de chaque personnage. Désormais averti, le public assiste au drame
et suit le chemin tout tracé jusqu’à la folie finale.

Un spectacle mobile

La scénographie est très épurée : un tapis de jeu symbolise une allée du palais où vont se
nouer les intrigues, et le public est installé de part et d’autre de cet espace.

Les interprètes se servent d’accessoires et de tissus pour illustrer le début de la pièce : ainsi
Oreste, Hermione, Andromaque et Pyrrhus sont représentés dans l’espace de jeu et
caractérisés par divers objets (seaux, tissus, ballons) sur lesquels sont inscrits leur nom. Les
acteurs déplacent ces «personnages-objets » en fonction de leur implication dans l’histoire.
Petit à petit, l’utilisation de parures plus élaborées permet d’incarner tour à tour chaque
protagoniste. La musique et les lumières empruntent elles aussi progressivement le chemin de
la tragédie.
RESUME PERSONNEL

Après la prise de Troie, Andromaque, veuve d’Hector, et son fils Astyanax sont échus en
partage à Pyrrhus, roi d’Épire. Celui-ci, déjà fiancé avec Hermione, fille de Ménélas, diffère
de jour en jour son mariage parce qu’il est épris de sa captive. Mais Pyrrhus n’a pas compté
avec la haine des Grecs contre la race d’Hector. Irrités d’apprendre que le roi d’Épire songe à
épouser Andromaque, ils envoient Oreste auprès de lui pour le sommer de leur livrer le jeune
Astyanax qu’Andromaque a dérobé à la mort en lui substituant un autre enfant. Oreste, qui
aime Hermione malgré les dédains dont elle a payé son amour, a accepté cette mission dans
l’espoir de vaincre sa résistance. Pyrrhus refuse d’accéder à la demande des Grecs mais, irrité
du refus qu’Andromaque oppose à ses vœux pour rester fidèle au souvenir de son époux, il la
menace de livrer Astyanax à ses mortels ennemis. C’est en vain que la veuve d’Hector le
supplie en pleurant en faveur de son fils et lui reproche sa cruelle rigueur. Pyrrhus reste
inflexible. Andromaque se dévouera donc, mais pour rester fidèle à la mémoire d’Hector, elle
est décidée à mourir après la cérémonie nuptiale. À la nouvelle du mariage de Pyrrhus avec sa
captive, la fureur d’Hermione ne connait plus de bornes. Elle ordonne à Oreste d’immoler
Pyrrhus devant l’autel et lui promet de l’épouser à ce prix. Oreste y consent et assassine
Pyrrhus ; mais à peine Hermione a-t-elle appris la consommation du crime, qu’épouvantée,
elle repousse le meurtrier avec horreur, l’accable de malédictions et court se tuer sur le
cadavre de celui qu’elle aimait. Oreste éperdu, se sent en proie à son tour à toutes les furies
vengeresses.

Cette tragédie est le plus touchant modèle de tendresse maternelle et de piété conjugale. Son
succès rappela celui du Cid par l’exagération des éloges comme par la violence des critiques ;
c’est de toutes les tragédies de Racine celle qui produit le plus d’effet au théâtre par l’énergie
et la vérité des passions et une continuelle alternative de crainte et d’espérance, de terreur et
de pitié. Le caractère élevé, calme d’Andromaque forme un heureux contraste avec les
passions violentes dont elle est entourée. Le rôle de Pyrrhus fut vivement attaqué à cause de
ses emportements.
PASSAGES INTERESSANTS

Oreste :
Et vous le haïssez ? Avouez-le, madame,
L'amour n'est pas un feu qu'on referme en une âme :
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;
Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux.
Pyrrhus :
Il faut se croire aimé pour se croire infidèle.
Andromaque :
Chère Cléone, cours : ma vengeance est perdue
S'il ignore en mourrant que c'est moi qui le tue.
HERMIONE ( à Oreste ) :
Et tout ingrat qu'il est, il me sera plus doux
De mourir avec lui, que de vivre avec vous.
Pylade :
Il perd le sentiment. Amis, le temps nous presse ;
Ménageons les moments que ce transport nous laisse.
Sauvons-le. Nos efforts deviendraient impuissants
S'il reprenait ici sa rage avec ses sens.
HERMIONE :
- Où suis-je ? Qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?
Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?
Errante et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! Ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais ?
APPRECIATIONS PERSONNELLES

Voilà un classique du genre théâtral que beaucoup considère comme la meilleure


oeuvre du célèbre Racine. le dramaturge du XVIIe siècle n'a pas son pareil pour mettre
en scène les plus grandes figures féminines de l'histoire, de Bérénice à Iphigénie en
passant par Athalie et bien sûr Andromaque, et comme souvent c'est dans l'Antiquité
qu'il va chercher l'inspiration. Quatre protagonistes pour cette pièce : Oreste, fils
d'Agamemnon et Clytemnestre, fou amoureux de sa cousine Hermione ; cette dernière,
fille de Ménélas et de la belle Hélène, aime pour sa part Pyrrhus, fils d'Achille, qui se
consume pour Andromaque, femme du défunt héros troyen Hector et désormais
uniquement concernée par la sécurité de son fils, Astyanax (ça va vous suivez?).

L'auteur manie les mots comme personne et nous offre une oeuvre bouleversante dans
laquelle l'intensité dramatique ne cesse de croitre au fil des pages jusqu'à son
paroxysme. Les héroïnes de Racine sont magnifiques dans leur douleur, qu'il s'agisse
d'Andromaque se refusant à faire le deuil de son époux, ou d'Hermione, rongée par la
jalousie et son désir de vengeance et que même l'amour d'Oreste ne pourra sauver.
EVALUATION
8 étoiles

Andromaque est une tragédie simple, poétique, faite de feu, de sang et de


larmes, admirable dans sa construction et admirable dans la psychologie des
personnages.
Il est prouvé dans "Andromaque" que les passions humaines suffisent, à elles
seules, à faire un chef-d'oeuvre.
Et puis, il y a le vers. Beau, poétique, lyrique, simple et complexe à la fois, il
soulève ma poitrine d'émotion.
Cette troisième ( quatrième, en comptant "Amasie" ) tragédie de Racine est une
pièce magnifique, alliant la linéarité et la construction rigoureuse d'une tragédie
antique à la magie du vers et à la psychologie, la fine psychologie, qui est propre
à Racine.

8/10

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy