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Biotics and abiotics factors responsible of the Tunisian Cork oak forest deterioration
NSIBI R1; SOUAYAH N2; KHOUJA L.M2; KHALDI A. & BOUZID S.3
Abstract: The by-products of the cork oak are used in several industries as raw material for the
manufacture of insulating material and of chipboards. Its wood of good calorific quality and its acorns
are very appreciated by the population and by pet and wild animals. Moreover, the forest of Cork oak
plays very important economic and ecological social roles. However, it is an established fact, that today
the Tunisian cork oak forest reduces continually under the effects of numerous factors of deterioration,
such as: unlawful clearing, excessive pastoralism, acorns gathering and repetitive forest fires. This has
for effect an impoverishment of the forest, the lack of natural regeneration and the physiological
exhaustion of old trees. The aim of the present study is to analyse the factors responsible of the forest
regression and to evaluate that one by comparison of phytosociological maps draw up at different
periods. The Tunisian Cork Oak forest loosed 57 000 ha during the 1934-2003 period, that is to say 825
ha/yr and 39% of its area. The population being particulary aggressive towards the forest environment,
it turns out that drastic measures must been taken for ensuring its protection and its regeneration. For
making up the lost ground it's important to increase the areas of reafforestation and to use techniques
of vegetative propagation by cuttings taken on trees of high quality. On the other hand, it will be use-
ful, in the future, to integrate the socio-economical function of the forest in a lasting environmental
development.
Key words: Cork Oak Forest - Deterioration factors - Floristic and genetic impoverishment
Résumé: Le chêne liège (Quercus suber), espèce spontanée en Tunisie, a une valeur économique
importante. Son écorce (le liège) est utilisée comme matière première pour la fabrication des bouchons
et des agglomérés; son bois est de bonne qualité calorifique et ses glands sont très appréciés par les
animaux domestiques et sauvages. Par ailleurs, la forêt de chêne liège joue un rôle social et écologique
très important. Cependant, la suberaie s'amenuise continuellement sous les effets de multiples facteurs
de dégradation. Celle-ci se traduit par un déséquilibre de structure des peuplements, l'absence notoire
de régénération naturelle par semis et l'épuisement physiologique des vieux arbres réduisant ainsi leur
longévité et leur faculté de rejeter. L'état actuel des peuplements de chêne liège est principalement la
conséquence de défrichements illicites, de pâturages excessifs, d'incendies répétés, de ramassage
systématique des glands et de coupes délictueuses. L'objectif de la présente étude vise à analyser les
facteurs directement responsables de la dégradation et leurs conséquences sur le milieu ambiant ainsi
que d'évaluer ce taux de dégradation, à travers les changements survenus dans les peuplements durant
une période de 69 ans (1934 - 2003). Les méthodes utilisées consistent à suivre l'évolution de la
régression spatiale de la suberaie par comparaison de cartes topographiques sur lesquelles sont
délimités les peuplements du chêne liège. Le couvert végétal ayant fortement régressé au cours du
temps, les nouvelles limites de la suberaie sont portées sur des cartes récentes où sont indiquées avec
précision les surfaces des peuplements actuels, sur base d'inventaires périodiques officiels. Cela
permet d'évaluer les pertes spatiales des forêts. Durant la période, 1934 - 2003, la suberaie Tunisienne
a subi une forte régression spatiale de l'ordre de 57 000 ha représentant une perte globale de 39% soit
une réduction annuelle du couvert végétal de 825 ha (1.45%). L'analyse du contentieux forestier a mon-
tré le comportement hostile de la population usagère vis-à-vis des ressources subéricoles. Les délits les
plus importants rencontrés sur le terrain sont les défrichements, les incendies, les constructions et le
pâturage qui représentent 97% du total des constats effectués. Il s'avère nécessaire d'adopter des
mesures urgentes pour freiner la dégradation afin de sauvegarder le patrimoine subéricole tunisien ;
par conséquent, il convient d'instaurer un aménagement agro-sylvo-pastoral intégré visant à assurer un
équilibre écologique, socio-économique et environnemental durable.
MATERIEL ET METHODES
Matériel
Méthodes
RESULTATS ET DISCUSSION
Les défrichements sur les pentes et les sols superficiels provoquent la stérilisation sans
profit pour personne de vastes étendues auparavant boisées. Pour éviter les empiètements des
usagers de la forêt de Chêne liège, il conviendrait de délimiter l'ensemble des réquisitions
forestières pendantes. Il serait également préférable de vérifier les délimitations afin de les
rendre à nouveau bien évidentes. Cela permettrait aussi de comptabiliser facilement les
nouveaux délits commis dans le domaine subéricole. Les terrains privés cultivés à l'intérieur
et à la périphérie de la suberaie doivent également être bornés pour limiter au maximum les
infractions et apurer, une fois pour toutes, la situation foncière du domaine forestier.
La suberaie d'étude est occupée par un important bétail, constitué par une multitude
de petits troupeaux difficilement contrôlables (Tableau4). Par conséquent, ces troupeaux ne
peuvent être séparés des milieux dans lesquels et par lesquels ils vivent. Ces troupeaux sans
limitation du nombre de têtes, fréquentent pendant plus de 8 mois /an des parcours sous
forêt.
Tableau4:Recensement du cheptel pâturant dans la subéraie:
Tabarka
Ain
Draham
Tabarka
Ain
Draham
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La suberaie tunisienne soumise à une intense pression ne cesse de se dégrader. La relation
proposée par LE HOUEROU (1962) pour le calcul des taux de surpâturage est :
Les pratiques pastorales actuelles et le volume du cheptel font que le couvert végétal
se dégrade de façon croissante et inquiétante dans la subéraie. Cette dégradation constitue
une grande préoccupation pour les responsables de la conservation et du développement de
patrimoine naturel.
Le calcul de charge nécessite la connaissance préalable de la durée d'exploitation et des
besoins de l'espèce animale à introduire. On estime que la consommation quotidienne d'une
unité ovine ou caprine est de 1.46 unité fourragère (c'est-à-dire qu'un hectare de forêt de chêne
liège peut supporter une unité ovine ou caprine pendant 8 mois ; ce qui donne: 1,46 Unité
Fourragère x 240 jours=350 UF) alors que l'unité bovine est de 4 UF.
Un hectare de forêt de chêne liège fournit une production fourragère moyenne de 350
UF/an (EL HAMROUNI, 1992). La durée de pâturage en forêt étant fixée à 8 mois (240 jours
de parcours sous forêt) les besoins fourragers de l'unité gros bétail seront, par conséquent, de
240 jours x 4=960 UF et le nombre d'hectares nécessaires pour supporter une unité bovine
pendant 240 j de pacage de 960 UF/ 350 UF = 2,74 hectares. La charge à adopter sera la charge
d'équilibre qui est, par définition, la charge maximale que peut supporter, en moyenne, un
pâturage sans que sa flore ne se dégrade.
L'agent forestier local est appelé à identifier le cheptel pâturant dans chaque série
sylvo-pastorale et à faire appliquer la charge pastorale pour éviter la dégradation du couvert
végétal. Cependant, pour les forêts très étendues un système de rotation interne pourrait être
instauré.
En parallèle du parcours naturel, il convient de créer à l'aval de chaque série forestière
un périmètre pastoral pour soulager les parcelles de chêne liège à régénérer par suite de
l'impact des animaux domestiques.
L'application de ce système de parcours permettra d'alléger la charge du bétail sur les
parcours naturels, évitera la dégradation du couvert végétal et accroîtra la productivité du
cheptel.
Il serait également souhaitable de réaliser une mise en défens pour une durée
suffisante à la remise en état des forêts de chêne liège dégradées.
Il est évident que les arbres seront d'autant plus exposés qu'ils se trouveront
environnés d'une végétation plus fournie pouvant produire un foyer plus ardent. Si le sol n'est
couvert que d'herbes ou d'un faible sous bois seulement, ils auront moins à craindre.
Dans la région étudiée, la superficie moyenne incendiée au cours des ces trois périodes est de
644ha. La densité moyenne d'arbres adultes brûlés/ha est de 295. Après le premier passage de
l'incendie, le nombre d'arbres adultes anéantis par le feu varie de 34 à 42 % ( 38%)
correspondant à 112 sujets/ha. Le nombre d'arbres endommagés par le feu est fonction de la
densité du couvert végétal, de l'âge du liège après la récolte, de la vitesse de propagation de
l'incendie et de l'intervalle de temps entre deux passages successifs d'incendies sur le même
peuplement. Le nombre total détruit par le feu est de 72192 arbres adultes équivalant à une
superficie de (72192/295) 244,7ha de chêne liège.
Après le second passage du feu sur les parcelles incendiées en 1994 pendant une
période égale à 6 ans (1994-2000), le taux moyen de destruction d'arbres a été de 47%. Plus
l'intervalle entre deux passages successifs de feu sur la même zone est court plus les
dommages causés sont importants. En outre, des incendies déclarés dans le même
peuplement favorisent alors l'apparition d'une cistaie dense marquant ainsi un stade de
dégradation avancé de la suberaie. En effet BOUDY (1952) a évalué la mortalité au cours de
premier passage sur un peuplement de Chêne liège atteint par le feu à 40% du matériel
incendié. Pour NAOUFEL et al (2005), les dommages subis par les peuplements du chêne liège
au cours de premier passage d'incendie seraient de 50%.
En Tunisie, le feu demeure le fléau le plus redoutable auquel est exposé le Chêne liège.
L'aménagement harmonieux des suberaies peut aider à résoudre les principaux problèmes
d'incendies et freiner la dégradation de l'environnement. Le forestier peut intervenir sur le
combustible en pratiquant l'extraction des espèces les plus inflammables du maquis, en
cloisonnant les massifs et en réduisant les densités des peuplements. Le rôle de la sylviculture
est aussi essentiel : les forêts de Chêne liège aménagées, surveillées et rationnellement
exploitées sont les plus résistantes aux feux.
En outre, le recépage des arbres de Chêne liège incendiés, à raz-terre, constitue une
technique opportuniste pour stimuler le développement des rejets de souche et régénérer la
forêt. Plusieurs études ont été menées pour analyser l'effet de la coupe après incendie sur la
croissance des espèces végétales, la branchaison, la reproduction et la germination
(NEGRO-ORTIZ et GORCHOV, 2000; REYES et CASAL, 2001; NAOUFEL et al, 2005).
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La plantation est la technique de rajeunissement la plus adoptée dans la région subéricole.
Les superficies reboisées en chêne liège au cours de la période 1991-2001 sont mentionnées
dans le tableau 7.
Tableau7:Répartition des périmètres plantés en chêne liège par unité administrative (situation:1991-2001).
La superficie annuelle boisée en chêne liège est de l'ordre de 78ha/an alors que la perte
annuelle du couvert végétal de l'essence étudiée est de 244,7 ha. Celle-ci représente plus de
trois fois la surface annuelle boisée.
Pour pouvoir récupérer les surfaces déboisées, il convient que les repeuplements et les
reboisements visent à protéger l'environnement et à reconstituer la biodiversité profondément
affectée par suite de longs processus de dégradation de la subéraie durant les siècles écoulés.
Pour compenser les superficies subéricoles exploitées par les usagers, il est souhaitable
d'augmenter les surfaces annuelles à reboiser et introduire les techniques de multiplication
végétative par boutures (rameaux et racines) prélevées sur des arbres phénotypiquement
performants. Ces techniques ont donné des résultats probants ; leur optimisation permettrait
de renouveler progressivement la subéraie vieillissante par un matériel présentant des
caractéristiques génétiques avantageuses (NSIBI, 2005).
Le climat et la nature du sol sont aussi des facteurs déterminants dans le
développement des suberaies.
La Kroumirie est la région la plus arrosée de la Tunisie: 1013mm/an à Tabarka et
1584mm/an à Ain Draham (moyennes calculées sur une période de 80 ans). On y a observé
une succession de périodes humides et des périodes plus sèches et plus chaudes. Le déficit
pluviométrique enregistré à Tabarka est de l'ordre de 231 mm alors que l'excédent est de 413
mm à Ain Draham (tableau 8).
On peut souligner le fait que les pluies sont très mal réparties tout au long de l'année,
l'hiver étant la saison la plus pluvieuse avec 45% de la moyenne annuelle (avec un maximum
au mois de janvier) alors que 3% du total des pluies tombent en été (avec un minimum au
mois d'août). A cette mauvaise répartition pluviale, s'ajoutent les fluctuations périodiques
interannuelles importantes.
La répartition pluviométrique, dans la région subéricole étudiée, met en évidence
l'existence d'un bilan mensuel déficitaire pendant les trois saisons à Tabarka et pendant la
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Tableau 8:Répartition saisonnière des précipitations.
saison estivale seulement à Aïn Draham. Globalement, la durée de la période sèche est de 4
mois au cours desquels on a constaté un début de dépérissement des extrémités supérieures
des cimes. Il apparaît donc que la dégradation des peuplements du chêne liège est tributaire
des fluctuations climatiques qui constituent l'un des facteurs déclenchants de ce phénomène.
Nous avons pu également observer que la survie d'un certain nombre d'arbres est
d'autant plus difficile que le sol est superficiel, plus rocheux et plus pentu. Un sol, avec des
affleurements rocheux importants, ne peut pas être très hospitalier au Chêne liège. De même,
un sol très compact ne permet pas la germination des glands ainsi que l'installation et la survie
des plantules. Par ailleurs, la sécheresse intervient en réduisant la quantité d'eau contenue
dans les horizons superficiels du sol. Les racines des plantules s'y enfoncent difficilement et
sèchent pendant les premiers étés de leur existence.
La dessiccation progressive de l'horizon supérieur du sol d'un côté et la faible
profondeur atteinte par le système radiculaire de l'autre constituent les principaux paramètres
provoquant l'affaiblissement des plants et des arbres de Chêne liège.
Les sols superficiels situés sur les pentes fortes (25 à 35%), à faible capacité de rétention d'eau,
accentuent encore l'évolution régressive des peuplements de Chêne liège.
Enfin, la suberaie abrite aussi une faune diversifiée d'animaux sauvages, d'oiseaux et
d'insectes de tous ordres et de toutes tailles. A cette multiplicité de déprédateurs s'ajoute la
concurrence vitale entre les individus de chêne liège pouvant engendrer des phénomènes de
dépérissement progressif (graphique 1). En effet, dans les peuplements denses, chaque indi-
vidu, dès sa naissance et durant toute sa vie, se trouve en concurrence avec ses voisins ; seuls
les arbres dominants finiront par subsister.
CONCLUSION
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