Le HCR appelle à intensifier les efforts pour mettre fin à l’apatridie alors que la campagne #IBelong touche à sa fin
Près d’un million de personnes sont toujours privées de nationalité en Afrique, a indiqué lundi l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), qui appelle à une intensification des efforts pour mettre fin à l’apatridie alors que la campagne #IBelong touche à sa fin.
L’apatridie continue d’exclure les individus de la pleine participation à la société, créant des défis durables dans l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi et à la protection.
À l’occasion des dix ans de la campagne #IBelong [j'appartiens], le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) souligne l’urgence d’éliminer l’apatridie en Afrique de l’Ouest et Centrale, où des millions de personnes restent sans identité légale ni accès aux droits fondamentaux.
« La campagne #IBelong a montré que le progrès est possible. Maintenant, nous devons redoubler d’efforts, en reconnaissant que chaque personne laissée sans nationalité représente un échec dans la réalisation des droits humains fondamentaux », a déclaré dans un communiqué, Abdouraouf Gnon-Konde, Directeur du Bureau régional du HCR pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Des barrières juridiques dans les pays touchés par les conflits
Malgré les efforts qui ont permis d’ouvrir des voies vers la nationalité et de réformer des lois discriminatoires, l’apatridie demeure une réalité pour plus de 931.000 personnes rien qu’en Afrique de l’Ouest. Des millions d’autres, en particulier dans des pays touchés par les conflits comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, sont exposés à des risques accrus en raison de barrières juridiques, sociales et historiques complexes.
Aux côtés des gouvernements nationaux, d’organisations régionales et de la société civile, la campagne #IBelong a permis des avancées cruciales pour mettre fin à l’apatridie. Par le biais d’un plaidoyer ciblé, de réformes politiques et d’une coopération renforcée, la campagne a favorisé la reconnaissance juridique des personnes apatrides, l’accès élargi à l’enregistrement des naissances et soutenu les cadres juridiques permettant aux personnes de revendiquer une nationalité.
En Côte d’Ivoire, au Nigéria, au Bénin et au Sénégal, de nouveaux dispositifs de détermination de l’apatridie ont permis à des milliers de personnes d’obtenir une protection légale et d’accéder à des droits essentiels. L’élimination de la discrimination de genre dans les lois sur la nationalité au Libéria, en Sierra Leone et au Bénin, permettant aux femmes de transmettre leur nationalité à leurs enfants, représente un pas puissant vers l’égalité et la justice pour les générations futures.
Des plans d’action nationaux pour lutter contre l’apatridie
Cependant, la route reste semée d’obstacles. Douze pays ont mis en place des plans d’action nationaux pour lutter contre l’apatridie, mais des barrières demeurent dans la mise en œuvre de ces politiques au niveau local. Bien que des cadres régionaux, comme la Loi Modèle sur l’Apatridie développée par la CEDEAO et la CEEAC, offrent un modèle d’action, un engagement pour un changement concret reste essentiel.
Tout en saluant l’engagement des pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale à s’attaquer à l’apatridie, le HCR appelle les gouvernements, les organisations régionales et les alliés internationaux à accroître leurs efforts et leurs ressources pour garantir le droit de chacun à une nationalité. L’apatridie reste une problématique qui peut être résolue.
A noter qu’en octobre dernier, le chef du HCR, Filippo Grandi, a annoncé le lancement de l’Alliance mondiale pour mettre fin à l’apatridie, une nouvelle initiative visant à galvaniser les efforts mondiaux et à prolonger la dynamique de #IBelong.
Cette Alliance, dirigée par un Comité consultatif de 15 membres composé d’États, d’agences des Nations Unies, de la société civile et d’organisations dirigées par des apatrides, encouragera une action collaborative pour combler les lacunes juridiques et systémiques qui perpétuent l’apatridie.