Criminalité transnationale organisée : « Il est temps de s’unir pour lutter contre ce fléau »
À l’occasion de la première Journée internationale pour la prévention et la lutte contre toutes les formes de criminalité transnationale organisée, vendredi, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a appelé à des efforts mondiaux unifiés pour contrer ces menaces omniprésentes.
Proclamée par l’Assemblée générale en mars 2024, cette journée rend hommage aux victimes du crime organisé, notamment aux membres des forces de l’ordre et du personnel judiciaire qui ont perdu la vie en cherchant à obtenir justice.
Le thème cette année, Le crime organisé vole, corrompt et tue. Il est temps de nous unir pour le combattre, souligne l’urgence d’une action collective.
S’adressant à ONU Info, Candice Welsch, Représentante régionale de l’ONUDC pour la région andine et les régions les plus au sud de l’Amérique du Sud, a souligné la nature mondiale de la menace : « Presque toute la criminalité organisée est transnationale, elle ne se déroule pas dans un seul pays, mais traverse souvent les frontières au sein des régions et même au-delà ».
« Par conséquent, la célébration de cette journée par l’ONU vise à stimuler l’action des gouvernements, du secteur privé, de la société civile et du public », a-t-elle déclaré.
Pilier de la coopération internationale
La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, adoptée en 2000 et ratifiée par 192 États, constitue la pierre angulaire des efforts de l’ONUDC pour combattre et, à terme, éliminer le fléau de la criminalité transnationale organisée.
« Nous travaillons dur pour renforcer la coopération entre les pays afin qu’ils puissent partager des informations et des renseignements entre les forces de police, ou pour que les agences frontalières et les procureurs puissent mener des opérations conjointes », a expliqué Mme Welsch.
Les efforts de l’ONUDC comprennent le renforcement des capacités locales, nationales et internationales pour mieux comprendre et combattre ces défis.
Cocaïne, déforestation, impact sur les communautés
Dans la région andine, la Colombie et l’Équateur sont confrontés à des défis importants liés aux groupes criminels transnationaux. La culture de la coca en Colombie a atteint 253.000 hectares en 2023, produisant environ 2.664 tonnes de cocaïne en 2022, selon les données de l’ONUDC.
Cependant, le problème ne se limite pas au trafic de drogue. L’exploitation minière illégale, la déforestation et le trafic d’espèces sauvages – en particulier dans les îles Galápagos – sont également en hausse.
Ces activités perturbent la sécurité des communautés, exacerbent la violence des gangs et contribuent à des taux d’homicides élevés, ce qui a un impact sur les communautés autochtones et les jeunes qui sont confrontés à des risques de recrutement. Les flux migratoires à travers la région rendent également les populations fragiles vulnérables à la traite des êtres humains et à d’autres abus.
Pour relever ces défis, l’ONUDC soutient des programmes de développement alternatif pour les agriculteurs qui dépendent de la culture de la coca. Ces initiatives favorisent les cultures légales telles que le café, le cacao, la vanille et le sacha inchi, une plante amazonienne riche en nutriments.
« Ce que nous essayons de faire avec les programmes de développement alternatif, c’est d’offrir à ces communautés des moyens d’évoluer vers des économies légales et un avenir plus sûr », a déclaré Mme Welsch.
Résurgence de l’opium en Afghanistan
En Afghanistan, malgré l’interdiction imposée par les talibans en 2022, qui a initialement réduit la culture de l’opium de 95 %, l’année 2024 a vu une résurgence de 19 % provoquée par les difficultés économiques et la hausse des prix.
Depuis 2016, l’ONUDC a aidé plus de 85.000 ménages par le biais d’initiatives de développement alternatif, telles que des projets d’élevage de volaille qui assurent à la fois la sécurité alimentaire et la génération de revenus aux familles touchées par la drogue.
Asie du Sud-Est : l’économie de la drogue du Triangle d’or
Le Myanmar a dépassé l’Afghanistan en tant que premier producteur mondial d’opium, avec une production en hausse de 36 % en 2023.
Le pays est également le premier producteur mondial de méthamphétamine, qui est devenue la drogue dominante selon les données de l’ONUDC, les saisies ayant quadruplé entre 2013 et 2022.
De plus, les groupes criminels du Triangle d’or – Myanmar, République démocratique populaire lao et Thaïlande – se sont lancés dans les escroqueries en ligne, le trafic d’espèces sauvages, le blanchiment d’argent et la traite d’êtres humains.
En réponse, l’ONU a encouragé la coopération régionale en créant environ 120 bureaux de liaison aux frontières pour faciliter le partage de renseignements et l’action coordonnée.
« La collaboration sur les questions de sécurité peut être difficile pour les États, mais l’ONU joue un rôle crucial dans la promotion du dialogue », a déclaré Jeremy Douglas, ancien Représentant régional de l’ONUDC pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique et désormais chef de cabinet et conseiller stratégique de la Directrice exécutive.
Crise mondiale de la drogue
L’impact de la criminalité transnationale s’étend bien au-delà des pays producteurs.
De nouvelles drogues synthétiques sont en hausse, notamment en Amérique du Nord, qui fait face à une crise du fentanyl, ainsi que dans certaines régions d’Asie et d’Afrique.
Les pays d’Europe occidentale et centrale, en particulier ceux qui ont une côte sur la mer du Nord, sont également confrontés à des défis considérables, leurs ports devenant des points d’entrée majeurs pour la cocaïne.
Au Sahel, le trafic illicite d’or et de carburant porte atteinte à la gouvernance et à la sécurité et complique le développement durable, privant la nation de revenus essentiels.
Les crimes contre les espèces sauvages, la contrebande d’or et la fraude organisée ne sont que quelques exemples de la façon dont ces crimes convergent, exploitant des écosystèmes fragiles et des communautés vulnérables dans le monde entier.
L’ONUDC reste néanmoins déterminé à soutenir les efforts mondiaux.
Une approche centrée sur les personnes
« Malgré ces défis, il y a de l’espoir », a déclaré Mme Welsch.
Elle a souligné l’importance des campagnes de sensibilisation du public ciblant les jeunes et des programmes communautaires impliquant les parents et les enseignants, ainsi que la nécessité de veiller à ce que toute personne ayant besoin d’un traitement pour toxicomanie puisse y avoir accès.
« La seule façon de surmonter les problèmes mondiaux est de galvaniser l’action internationale. C’est pourquoi l’ONUDC s’associe à ses partenaires pour contribuer à assurer notre avenir commun », a-t-elle conclu.