Les Nations Unies ont l’intention d’offrir l’aide nécessaire au peuple syrien, rassure l'envoyé de l'ONU
Les Nations Unies ont l’intention de fournir toute l’assistance nécessaire au peuple syrien, a indiqué lundi l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, après une rencontre avec les autorités de facto à Damas.
Geir Pedersen, est arrivé dimanche à Damas, où il a rencontré le chef du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), à la tête de la coalition ayant renversé le pouvoir de Bachar Al-Assad.
Il s’est également entretenu avec le Premier ministre du gouvernement intérimaire, Mohammed al-Bashir. Il a présenté les résultats de la réunion internationale d’Aqaba sur la Syrie du 14 décembre 2024,
Dans le cadre de ses efforts diplomatiques, M. Pedersen a souligné la nécessité d’une « transition politique crédible et inclusive, contrôlée et dirigée par les Syriens ». Selon l’ONU, celle-ci doit être fondée sur les principes de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité des Nations Unies. Et l’Envoyé spécial a été informé des défis et des priorités de Damas.
Changements immenses
Dimanche déjà, Geir Pedersen a relevé que le « changement auquel nous assistons maintenant après la chute du régime Assad est tout simplement immense ». « Bien sûr, ce changement en lui-même crée de grands espoirs, mais nous savons tous qu’il y a encore de nombreux défis à relever », a-t-il insisté, relevant que les choses doivent être faites « correctement dès le début ».
Une façon de rappeler les fondamentaux défendus par l’ONU, notamment la mise en place d’un processus politique qui englobe tous les Syriens. « Ce processus doit évidemment être mené par les Syriens eux-mêmes, c’est une responsabilité syrienne avec l’aide et l’assistance que nous espérons », a dit M. Pedersen.
Lundi, il s’est rendu à la prison de Saidnaya, où il a rencontré des mères de personnes disparues, des personnes récemment libérées de la prison, ainsi que des avocats qui s’occupent de ces dossiers.
« L’Envoyé spécial et son équipe restent profondément engagés à soutenir les familles et les survivants, ainsi que le travail des organisations spécialisées de l’ONU qui se concentrent sur la recherche de la vérité, la reddition des comptes et les poursuites », a dit le porte-parole du Secrétaire général à New York.
M. Pedersen a également rencontré lundi une délégation de la Commission syrienne de négociations (SNC), dont des représentants militaires qui ont pris part aux récentes opérations militaires en Syrie.
Le chef de l'humanitaire de l'ONU, Tom Fletcher, était également en Syrie lundi. À Damas, il a rencontré les autorités de transition. Il doit aussi se rendre au Liban, en Türkiye et en Jordanie.
Le PAM entend venir en aide à 2,8 millions de personnes
De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) note que la situation en Syrie reste fluide et « pleine d’incertitudes ». Les besoins humanitaires prolongés et émergents, dont beaucoup ne sont pas satisfaits, posent des défis à la transition.
Plus d’un million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays depuis le 27 novembre. Ce chiffre pourrait encore augmenter dans les semaines à venir. Simultanément, des rapports suggèrent que des centaines de milliers de réfugiés syriens dans les pays voisins envisagent de retourner en Syrie.
« Après près de 14 ans de conflit, l’instabilité renouvelée exacerbe une crise humanitaire déjà critique, caractérisée par des déplacements internes et externes massifs, un effondrement économique, des vies et des moyens de subsistance brisés, et des niveaux d’assistance en baisse », a détaillé le PAM.
D’autant qu’avant les événements du 27 novembre, l’insécurité alimentaire en Syrie atteignait déjà des niveaux alarmants, avec 3 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave et 12,4 millions de personnes supplémentaires en situation d’insécurité alimentaire ou risquant de tomber dans l’insécurité alimentaire.
Face à ces besoins croissants, le PAM a rapidement étendu depuis le début de la crise son aide alimentaire et nutritionnelle régulière. Celle-ci soutient 700.000 personnes par mois, pour inclure 96.000 personnes supplémentaires nouvellement déplacées à travers la Syrie.
Le PAM se prépare à fournir une aide alimentaire à 2,8 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire dans les mois à venir. Pour rendre possible cette expansion cruciale et garantir que l’aide parvienne à tous ceux qui en ont besoin en Syrie, le PAM a besoin d’urgence d’un financement flexible de 250 millions de dollars.
Préserver les preuves des crimes
De son côté, la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie a appelé toutes les parties au conflit en Syrie à protéger les civils, traiter ceux qui ont déposé les armes avec humanité et préserver les preuves des crimes.
Alors que le gouvernement intérimaire consolide son contrôle et que le conflit fait rage dans le nord de la Syrie, la Commission a souligné que toutes les parties doivent se conformer pleinement à leurs obligations en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire.
« Le gouvernement intérimaire de Damas ainsi que les autres parties au conflit syrien devraient veiller à ce que leurs forces respectent leurs engagements déclarés de prévenir la violence et de protéger les civils, en particulier les communautés les plus vulnérables », a déclaré Paulo Sérgio Pinheiro, président de la Commission, dans un communiqué de presse.
La Commission a enquêté et rendu compte des disparitions et des violations des droits humains dans les centres de détention syriens depuis 2011. Elle a constaté que l’ancien gouvernement a commis des crimes contre l’humanité d’extermination, de meurtre, de viol ou d’autres formes de violence sexuelle, de torture, d’emprisonnement, de disparition forcée et d’autres actes inhumains. Des crimes de guerre ont également été commis.
Découvrir la vérité
La Commission d'enquête souligne l’importance cruciale de préserver toutes les preuves et les scènes de crime, y compris les sites de fosses communes, pour la documentation et l’analyse médico-légales. Le gouvernement intérimaire devrait veiller à ce que tous les dossiers d’arrestation et de détention soient protégés et conservés sur les lieux où ils ont été trouvés d’une manière qui garantisse leur utilité dans les futurs processus de reddition des comptes.
« Pour tous les Syriens qui ne trouvent pas leurs proches parmi les libérés, ces preuves peuvent être leur meilleur espoir de découvrir la vérité sur leurs proches disparus - aux côtés des témoignages de leurs codétenus qui ont survécu aux souffrances les plus atroces et qui viennent d'être libérés », a souligné la commissaire Lynn Welchman. « Ils ont droit à la vérité, et les preuves ne doivent pas être détruites ou altérées ».
À la lumière de la déclaration d'intention de tenir les auteurs de ces crimes responsables, la Commission réitère que de tels procès doivent être publics, transparents et menés dans le plein respect du droit à un procès équitable.
« Les Syriens méritent justice après près de 14 ans de guerre brutale... Les auteurs doivent être traduits en justice, en particulier les plus responsables, et les Syriens doivent être à l'avant-garde de la réponse en matière de justice et de reddition de comptes. La communauté internationale doit être prête à les soutenir », a affirmé la commissaire Hanny Megally.