Elias Jabre
Docteur en philosophie, Chercheur au LLCP (Paris 8), Psychanalyste
Membre du comité éditorial de la revue Chimères (fondée par Deleuze et Guattari) et de la revue Iter.
Supervisors: Guillaume Sibertin-Blanc and Jérôme Lèbre
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Books by Elias Jabre
L'ouvrage est accessible gratuitement en PDF à l'adresse :
https://pum.umontreal.ca/catalogue/plus_dune_loi_la_guerre_des_noms
Une version abrégée de cet article devait être présentée au Colloque interdisciplinaire "Deleuze face à la norme" prévu à Amiens le 19-20 mars 2020. Ce colloque s'inscrit dans le thème de recherche sur la Mutation des normes du Centre de recherche juridique Pothier de l'Université d'Orléans et de l'axe de recherche Technique(s) et histoire de la norme du Centre de Droit Privé et de Sciences Criminelles de l'Université d’Amiens (org. : Jacqueline Guittard, Emeric Nicolas, Cyril Sintez). Cette version a été publiée en mai 2023 dans un ouvrage collectif aux éditions Mare & Martin.
La loi est-elle juste ? Quelle différence entre justice et loi ? Comment penser les normes en tenant compte d'une force au-delà de la représentation ? Entre le duo Gilles Deleuze-Félix Guattari et Jacques Derrida, cette discussion eut lieu entre les lignes, et leurs travaux sur Kafka illustrent leur différend. Quand Deleuze-Guattari récusent une loi formelle et transcendante pour lui substituer une justice immanente, Derrida formalise la loi sous forme d'aporie. Si les premiers se coupent en partie de l'ordre juridico-politique et s'embarrassent des contradictions d'une loi qui fait retour, le second ouvre à penser la normativité à plus d'une loi, la justice étant également l'autre nom de la déconstruction.
Réflexion sur l'héritage de Freud et l'impensé de la psychanalyse en tant qu'institution à travers la problématique de la pulsion de pouvoir.
Papers by Elias Jabre
"Tout ce que j’aurai élaboré de façon plus ou moins cryptée aura eu pour but d’interrompre comme de propager la guerre. Interrompre comme propager le Liban comme expérience de cohabitation (im)possible."
L'ouvrage est accessible gratuitement en PDF à l'adresse :
https://pum.umontreal.ca/catalogue/plus_dune_loi_la_guerre_des_noms
Article issu d'une intervention au colloque de l'Université d'Aix-en-Provence "Derrida 2021 : biopolitique et déconstruction" (Organisateurs F. Manzari & S. Lojkine) et paru dans la revue du Cielam - MaLiCe.
Cet article propose un parallèle entre la biopolitique de Foucault, telle qu’elle apparaît dans La Volonté de savoir (1976) et le séminaire de Derrida La vie la mort (1975-76). Dans les deux textes, la question de la vie et celle du pouvoir sont liées. Derrida suit notamment les spéculations de Freud au-delà du principe de plaisir en thématisant une pulsion de pouvoir à partir du jeu du fort-da. L’enjeu de cette lecture de Derrida se révèle concerner Foucault dans un texte postérieur, « Au-delà du principe de pouvoir » (1986), repris ensuite dans « Être juste avec Freud, L'histoire de la folie à l'âge de la psychanalyse ». Derrida analyse comment Foucault joue au fort-da avec le nom de Freud pour situer la psychanalyse dans une histoire, quand le jeu du fort-da pensé par Freud déborde cette histoire. De la sorte, Derrida donne à penser la question des seuils, ce qu'il met en scène également à travers une autre problématisation de la biopolitique dans la première partie de son séminaire La bête et le souverain (2001-2002).
L'ouvrage est accessible gratuitement en PDF à l'adresse :
https://pum.umontreal.ca/catalogue/plus_dune_loi_la_guerre_des_noms
Belief and Politics: From the Privilege of Politics on Law to the Mystical Foundation of Authority.
This article analyses the legal and political extensions of Deleuze-Guattari and Derrida's approaches to law. If the former de-legitimizes the law in favour of an immanent abstract machine, the latter formalizes the law in the form of aporia. We approach the question of jurisprudence and law from Deleuze's interpretation of Foucault's strategy to which he applies the logic of disjunctive synthesis. We point out that its elaborations do not take into account the rupture that lies at the heart of the law related to the mystical foundation of authority. This brings us to the question of belief as addressed by schizoanalysis, which opposes the desire to interest, the belief of a processual unconscious to the unbelief of capital with its images. We then stress the need to substitute a strategy that takes into account the double bind that plays in the impossible relationship between belief and unbelief, pointing out that denial is the fundamental political problem that Derrida exposed.
Dans Résistances - de la psychanalyse, Derrida analyse à travers sa lecture de Freud la compulsion de répétition en tant qu’elle est cette irréductible résistance de l’inconscient qui rend l’analyse infinie. Il introduit la notion de restance qui tient de cette logique aporétique par laquelle la psychanalyse n’a de sens qu’à délier les résistances, bien qu’elle rencontre toujours une non-résistance qui résiste. Il montre alors que la psychanalyse entretient un lien privilégié avec la pulsion de mort. Par cette lecture de la résistance, la psychanalyse se transformerait et transformerait le champ politique par une autre formalisation des bords, à la frontière avec la déconstruction.
La pharmacie de Platon de Derrida, un Anti-Œdipe avant l’Anti-Œdipe de Deleuze-Guattari.
S’il y a la même dénonciation du phallogocentrisme chez Deleuze-Guattari et chez Derrida (vérité du phallus transcendant, la loi du père portée par la voix), la mise en cause de l’écriture par les auteurs de L’Anti-Œdipe ne serait pas sans similitude avec celle que Derrida relève dans le projet d’Artaud et son théâtre de la cruauté sur lequel s’appuient les deux philosophes pour lever le « mur de la représentation ».
Talks by Elias Jabre
L'ouvrage est accessible gratuitement en PDF à l'adresse :
https://pum.umontreal.ca/catalogue/plus_dune_loi_la_guerre_des_noms
Intervention à la journée d'étude "Psychanalyse et déconstruction. Vers une éthique de l'impossible" du 15 octobre 2022, à l'Université Paul Valéry (Montpellier).
Par la guerre des noms, je cherche à réfléchir aux noms qui s’imposent sur le marché économico-politico-médiatique et aux réseaux qu’ils tissent entre eux en créant des jeux de domination qui traversent et portent ceux qui les investissent. Où se font les investissements, dans ou pour quels noms, selon quelles configurations, qui les investit ou en est investi, au nom de quoi ?
La logique du nom propre et de la guerre des noms permet d’éclairer une économie qui mise sur un certain classement/glas-cement des noms qui s’impose autour d’un type d’alliance lié à un régime de domination en relation avec le christianisme : ce que Derrida nomme la mondialatinisation, comme je le thématise ici en puisant dans le séminaire "Le parjure, le pardon". Autrement dit, un héritage occidental chrétien qui, derrière le pacte social, fétichise le nom du père à travers la communauté des frères, et une économie en cours de déconstruction, comme permet de le penser la notion fétichisme généralisé.
L'ouvrage est accessible gratuitement en PDF à l'adresse :
https://pum.umontreal.ca/catalogue/plus_dune_loi_la_guerre_des_noms
Intervention le 7 octobre 2021 au Colloque « Plus d’une discipline : actualité de La vie la mort » donnée à Paris 8 et organisée par LTD :
"Je me suis intéressé dans ce séminaire à la notion de double dans l'usage qu'en fait Derrida, notamment à travers le jeu du fort-da, pour déconstruire les positions de Freud et Heidegger dans une scène d'affrontement entre des champs de savoir, des noms propres, et des institutions. Dans les deux cas, Freud et Heidegger essayent de limiter le jeu du fort-da en posant une limite, quand ils font des allers retours des deux côtés de cette limite, frayant au-delà de leur propre position, en se doublant l'un comme l'autre. Heidegger fait un pas au-delà de la philosophie quand il parle en son nom, et Freud un pas au-delà de la psychanalyse qu'il aura institué en son nom. Avant de décrire le jeu de Freud et Heidegger, je rappelle, comme Derrida nous l'enseigne avec Nietzsche, ou comme Nietzsche l'enseigne avec Derrida, que l'écriture se déroule dans un récit entre soi et soi, entre deux je, un double je, où même en écrivant mon propre texte, je contresigne en renvoyant à une autre signature. Or, à ne pas penser ce double je entre signature et contresignature, je joue encore en croyant pouvoir fonder une position à partir de ma signature que je rapporte à la puissance unifiante de mon nom, alors que je suis doublé par un mouvement plus puissant qui déstabilise la limite que je défends."
A priori, on peut se demander la raison pour laquelle penser l'abolition de la peine de mort à partir de la déconstruction, alors même que l'abolition progresse grâce à un autre argumentaire fondé sur le droit à la vie. Dans cet article, je souligne l'importance du séminaire de Derrida sur La peine de mort où la déconstruction trouve un point de jonction direct avec le droit, et je suis comment le philosophe analyse la façon dont le discours abolitionniste se propage, tout en réfléchissant à l'inscription de ses propres élaborations dans le champ juridico-politique.
Entre Otobiographies et Politiques de l'amitié :
"Cette responsabilité supérieure nous appellerait peut-être à développer de nouveaux dispositifs qui tiennent compte de ce jeu de la pulsion de pouvoir, et à décaper les textes les plus aveugles, notamment lorsqu’ils défendent des positions nationalistes ou des intérêts, par exemple capitalistiques, qui reposent sur des fables de légitimité au nom de la liberté, du bien commun ou de la raison. D’autant que ces fables à l’origene de nos pactes ne cachent plus leur absence de fondements, s’enferrant dans des contradictions qui les déconstruisent, leurs principes n’ayant pas été suffisamment poussés par une raison hyperbolique, qui amènerait à repenser l’ordre juridico-politique de fond en comble à partir d’apories"
(ce texte est une version longue de celui qui a été lu).
Deleuze et Guattari décrivent les ratages des machines désirantes quand Derrida s’installe dans des machines d’écriture pour qu’elles ratent. Qu’il s’agisse de Derrida ou Deleuze-Guattari, on resterait pris dans les rouages de la machine, mais la démarche derridienne ferait un pas au-delà, ne s’appuyant plus sur une intentionnalité, où il s’agirait de soutenir une position dans un texte engagé dans une charge anti-dialecticienne. L’engagement y serait d’un autre ordre dans le sens où le lecteur s’expose, laissant place à l’écoute de l’autre. Une écoute où on laisse l’autre advenir plutôt que de l’enjoindre à (se) produire.
http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1622
"Nous partirons d’abord de la langue de Freud lorsqu’il spécule Au-delà du principe de plaisir, ce texte que Derrida comme Deleuze relisent de près à travers leurs propres idiomes en transformant des concepts issus de la psychanalyse. Les deux philosophes y travaillent une problématique commune, la pulsion de pouvoir, qui tient une place au cœur de leurs pensées qui ouvrent l’une comme l’autre la psychanalyse au champ politique et le bouleverseraient, s’il fallait en tenir compte. Autre problème de langue et de traduction, autrement dit, de résistance qui nous occupe."
Il propose une mise en scène à plusieurs voix d'"Otobiographies, l’enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre", une conférence donnée en 1976 à l’Université de Virginie par Jacques Derrida.
"Ce qui me reste tout d’abord d’Otobiographies, O-T-O, c’est l’image d’une oreille, disproportionnée du reste du corps. Une oreille comme une énorme machine de liaison. « Comment l’étudiant est-il relié chez vous à l’université ? », demande l’étudiant étranger. Et le philosophe, de répondre : « par l’oreille, c’est un auditoire »."
L'ouvrage est accessible gratuitement en PDF à l'adresse :
https://pum.umontreal.ca/catalogue/plus_dune_loi_la_guerre_des_noms
Une version abrégée de cet article devait être présentée au Colloque interdisciplinaire "Deleuze face à la norme" prévu à Amiens le 19-20 mars 2020. Ce colloque s'inscrit dans le thème de recherche sur la Mutation des normes du Centre de recherche juridique Pothier de l'Université d'Orléans et de l'axe de recherche Technique(s) et histoire de la norme du Centre de Droit Privé et de Sciences Criminelles de l'Université d’Amiens (org. : Jacqueline Guittard, Emeric Nicolas, Cyril Sintez). Cette version a été publiée en mai 2023 dans un ouvrage collectif aux éditions Mare & Martin.
La loi est-elle juste ? Quelle différence entre justice et loi ? Comment penser les normes en tenant compte d'une force au-delà de la représentation ? Entre le duo Gilles Deleuze-Félix Guattari et Jacques Derrida, cette discussion eut lieu entre les lignes, et leurs travaux sur Kafka illustrent leur différend. Quand Deleuze-Guattari récusent une loi formelle et transcendante pour lui substituer une justice immanente, Derrida formalise la loi sous forme d'aporie. Si les premiers se coupent en partie de l'ordre juridico-politique et s'embarrassent des contradictions d'une loi qui fait retour, le second ouvre à penser la normativité à plus d'une loi, la justice étant également l'autre nom de la déconstruction.
Réflexion sur l'héritage de Freud et l'impensé de la psychanalyse en tant qu'institution à travers la problématique de la pulsion de pouvoir.
"Tout ce que j’aurai élaboré de façon plus ou moins cryptée aura eu pour but d’interrompre comme de propager la guerre. Interrompre comme propager le Liban comme expérience de cohabitation (im)possible."
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Article issu d'une intervention au colloque de l'Université d'Aix-en-Provence "Derrida 2021 : biopolitique et déconstruction" (Organisateurs F. Manzari & S. Lojkine) et paru dans la revue du Cielam - MaLiCe.
Cet article propose un parallèle entre la biopolitique de Foucault, telle qu’elle apparaît dans La Volonté de savoir (1976) et le séminaire de Derrida La vie la mort (1975-76). Dans les deux textes, la question de la vie et celle du pouvoir sont liées. Derrida suit notamment les spéculations de Freud au-delà du principe de plaisir en thématisant une pulsion de pouvoir à partir du jeu du fort-da. L’enjeu de cette lecture de Derrida se révèle concerner Foucault dans un texte postérieur, « Au-delà du principe de pouvoir » (1986), repris ensuite dans « Être juste avec Freud, L'histoire de la folie à l'âge de la psychanalyse ». Derrida analyse comment Foucault joue au fort-da avec le nom de Freud pour situer la psychanalyse dans une histoire, quand le jeu du fort-da pensé par Freud déborde cette histoire. De la sorte, Derrida donne à penser la question des seuils, ce qu'il met en scène également à travers une autre problématisation de la biopolitique dans la première partie de son séminaire La bête et le souverain (2001-2002).
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Belief and Politics: From the Privilege of Politics on Law to the Mystical Foundation of Authority.
This article analyses the legal and political extensions of Deleuze-Guattari and Derrida's approaches to law. If the former de-legitimizes the law in favour of an immanent abstract machine, the latter formalizes the law in the form of aporia. We approach the question of jurisprudence and law from Deleuze's interpretation of Foucault's strategy to which he applies the logic of disjunctive synthesis. We point out that its elaborations do not take into account the rupture that lies at the heart of the law related to the mystical foundation of authority. This brings us to the question of belief as addressed by schizoanalysis, which opposes the desire to interest, the belief of a processual unconscious to the unbelief of capital with its images. We then stress the need to substitute a strategy that takes into account the double bind that plays in the impossible relationship between belief and unbelief, pointing out that denial is the fundamental political problem that Derrida exposed.
Dans Résistances - de la psychanalyse, Derrida analyse à travers sa lecture de Freud la compulsion de répétition en tant qu’elle est cette irréductible résistance de l’inconscient qui rend l’analyse infinie. Il introduit la notion de restance qui tient de cette logique aporétique par laquelle la psychanalyse n’a de sens qu’à délier les résistances, bien qu’elle rencontre toujours une non-résistance qui résiste. Il montre alors que la psychanalyse entretient un lien privilégié avec la pulsion de mort. Par cette lecture de la résistance, la psychanalyse se transformerait et transformerait le champ politique par une autre formalisation des bords, à la frontière avec la déconstruction.
La pharmacie de Platon de Derrida, un Anti-Œdipe avant l’Anti-Œdipe de Deleuze-Guattari.
S’il y a la même dénonciation du phallogocentrisme chez Deleuze-Guattari et chez Derrida (vérité du phallus transcendant, la loi du père portée par la voix), la mise en cause de l’écriture par les auteurs de L’Anti-Œdipe ne serait pas sans similitude avec celle que Derrida relève dans le projet d’Artaud et son théâtre de la cruauté sur lequel s’appuient les deux philosophes pour lever le « mur de la représentation ».
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Intervention à la journée d'étude "Psychanalyse et déconstruction. Vers une éthique de l'impossible" du 15 octobre 2022, à l'Université Paul Valéry (Montpellier).
Par la guerre des noms, je cherche à réfléchir aux noms qui s’imposent sur le marché économico-politico-médiatique et aux réseaux qu’ils tissent entre eux en créant des jeux de domination qui traversent et portent ceux qui les investissent. Où se font les investissements, dans ou pour quels noms, selon quelles configurations, qui les investit ou en est investi, au nom de quoi ?
La logique du nom propre et de la guerre des noms permet d’éclairer une économie qui mise sur un certain classement/glas-cement des noms qui s’impose autour d’un type d’alliance lié à un régime de domination en relation avec le christianisme : ce que Derrida nomme la mondialatinisation, comme je le thématise ici en puisant dans le séminaire "Le parjure, le pardon". Autrement dit, un héritage occidental chrétien qui, derrière le pacte social, fétichise le nom du père à travers la communauté des frères, et une économie en cours de déconstruction, comme permet de le penser la notion fétichisme généralisé.
L'ouvrage est accessible gratuitement en PDF à l'adresse :
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Intervention le 7 octobre 2021 au Colloque « Plus d’une discipline : actualité de La vie la mort » donnée à Paris 8 et organisée par LTD :
"Je me suis intéressé dans ce séminaire à la notion de double dans l'usage qu'en fait Derrida, notamment à travers le jeu du fort-da, pour déconstruire les positions de Freud et Heidegger dans une scène d'affrontement entre des champs de savoir, des noms propres, et des institutions. Dans les deux cas, Freud et Heidegger essayent de limiter le jeu du fort-da en posant une limite, quand ils font des allers retours des deux côtés de cette limite, frayant au-delà de leur propre position, en se doublant l'un comme l'autre. Heidegger fait un pas au-delà de la philosophie quand il parle en son nom, et Freud un pas au-delà de la psychanalyse qu'il aura institué en son nom. Avant de décrire le jeu de Freud et Heidegger, je rappelle, comme Derrida nous l'enseigne avec Nietzsche, ou comme Nietzsche l'enseigne avec Derrida, que l'écriture se déroule dans un récit entre soi et soi, entre deux je, un double je, où même en écrivant mon propre texte, je contresigne en renvoyant à une autre signature. Or, à ne pas penser ce double je entre signature et contresignature, je joue encore en croyant pouvoir fonder une position à partir de ma signature que je rapporte à la puissance unifiante de mon nom, alors que je suis doublé par un mouvement plus puissant qui déstabilise la limite que je défends."
A priori, on peut se demander la raison pour laquelle penser l'abolition de la peine de mort à partir de la déconstruction, alors même que l'abolition progresse grâce à un autre argumentaire fondé sur le droit à la vie. Dans cet article, je souligne l'importance du séminaire de Derrida sur La peine de mort où la déconstruction trouve un point de jonction direct avec le droit, et je suis comment le philosophe analyse la façon dont le discours abolitionniste se propage, tout en réfléchissant à l'inscription de ses propres élaborations dans le champ juridico-politique.
Entre Otobiographies et Politiques de l'amitié :
"Cette responsabilité supérieure nous appellerait peut-être à développer de nouveaux dispositifs qui tiennent compte de ce jeu de la pulsion de pouvoir, et à décaper les textes les plus aveugles, notamment lorsqu’ils défendent des positions nationalistes ou des intérêts, par exemple capitalistiques, qui reposent sur des fables de légitimité au nom de la liberté, du bien commun ou de la raison. D’autant que ces fables à l’origene de nos pactes ne cachent plus leur absence de fondements, s’enferrant dans des contradictions qui les déconstruisent, leurs principes n’ayant pas été suffisamment poussés par une raison hyperbolique, qui amènerait à repenser l’ordre juridico-politique de fond en comble à partir d’apories"
(ce texte est une version longue de celui qui a été lu).
Deleuze et Guattari décrivent les ratages des machines désirantes quand Derrida s’installe dans des machines d’écriture pour qu’elles ratent. Qu’il s’agisse de Derrida ou Deleuze-Guattari, on resterait pris dans les rouages de la machine, mais la démarche derridienne ferait un pas au-delà, ne s’appuyant plus sur une intentionnalité, où il s’agirait de soutenir une position dans un texte engagé dans une charge anti-dialecticienne. L’engagement y serait d’un autre ordre dans le sens où le lecteur s’expose, laissant place à l’écoute de l’autre. Une écoute où on laisse l’autre advenir plutôt que de l’enjoindre à (se) produire.
http://www.llcp.univ-paris8.fr/spip.php?article1622
"Nous partirons d’abord de la langue de Freud lorsqu’il spécule Au-delà du principe de plaisir, ce texte que Derrida comme Deleuze relisent de près à travers leurs propres idiomes en transformant des concepts issus de la psychanalyse. Les deux philosophes y travaillent une problématique commune, la pulsion de pouvoir, qui tient une place au cœur de leurs pensées qui ouvrent l’une comme l’autre la psychanalyse au champ politique et le bouleverseraient, s’il fallait en tenir compte. Autre problème de langue et de traduction, autrement dit, de résistance qui nous occupe."
Il propose une mise en scène à plusieurs voix d'"Otobiographies, l’enseignement de Nietzsche et la politique du nom propre", une conférence donnée en 1976 à l’Université de Virginie par Jacques Derrida.
"Ce qui me reste tout d’abord d’Otobiographies, O-T-O, c’est l’image d’une oreille, disproportionnée du reste du corps. Une oreille comme une énorme machine de liaison. « Comment l’étudiant est-il relié chez vous à l’université ? », demande l’étudiant étranger. Et le philosophe, de répondre : « par l’oreille, c’est un auditoire »."
De leur propre pulsion de pouvoir.
Ils vivraient dans le déni.
Ils résisteraient eux-mêmes à cette révolution qu’est la psychanalyse.
Ils la confisqueraient en la trahissant.
Les psychanalystes ne voudraient rien savoir de la pulsion de pouvoir, n’en tiendraient pas compte, la limiteraient à une pulsion d’emprise applicable à un cadre thérapeutique restreint, la traitant comme toute autre pulsion sans y voir le jeu prédominant d’une pulsion qui s’assujettirait les autres pulsions.
Mais de quoi s’agit-il, disent les psychanalystes, entre l’agacement et le sarcasme, quelle est cette étrange obsession dont vous nous rabattez les oreilles ?
Pulsion de pouvoir : mouvement d’un ensemble qui se lie à lui-même, la rétroaction lui donnant consistance, alors qu’il tend à lier, se lier, se relier toujours plus fort.
Plutôt qu’une menace, la déconstruction offrirait de remodeler un champ en profonde crise à partir de son reste d’inanalysé : sa propre pulsion de pouvoir décrite par Derrida autour de l’héritage de Freud (reconduit par Lacan). De la sorte, pousser la psychanalyse à déborder de sa pratique en cabinet, l’étendre au champ politique, à un dehors qu’elle aura toujours refusé de prendre en considération au prétexte de mettre à l’abri les personnes en souffrance afin qu’elles produisent leurs propres énoncés.
Face aux discours multiples où la norme sert de référent, la psychanalyse serait amenée à reconsidérer les concepts qui la restreignent à une vocation au soin, où elle se cantonne à n’avoir pour objet que ce qu’on nommerait le champ pathologique. En réinventant ses concepts en dehors de ce cadre lui-même normatif, elle enrichirait une langue pour ouvrir à une autre politique, une politique des singularités, appelée également dans de nombreux textes d’autres philosophes contemporains tels que Jean-Luc Nancy. Cette politique serait une alternative à des pouvoirs qui cherchent à capturer des sujets dans des coordonnées homogènes au nom de croyances désormais déconstruites, et même décomposées.
Quels seraient les usages légitimes de l’inconscient ?
En premier lieu, la pulsion de pouvoir interviendrait dans notre problématique en tant qu'impensé de la psychanalyse, et non en tant que notion. Elle s'appliquerait à ce champ en tant que machine quasi-transcendantale qui travaillerait dans tout ensemble, si l'on suit la définition de Derrida, et donc bien entendu dans celui-là. Son effet consisterait à renforcer un groupe, par exemple, par l'essentialisation des déterminations qui le constituent en l'attachant à des modes de jouir et des pratiques, qu'il s'agisse de la psychanalyse oedipienne ou de toute autre formation. Sous cet angle, la pulsion de pouvoir ne serait pas thématisée par la psychanalyse en vue d'une justification de la prétendue universalité du modèle oedipien, mais au contraire, la pulsion de pouvoir donnerait consistance à la psychanalyse par l'essentialisation de ce modèle, où elle resterait dupe de cette pulsion.
Pourtant, si la psychanalyse ne la nomme pas explicitement, nous constatons que la pulsion de pouvoir serait prise en considération, lorsque Freud évoque les forces de liaison d'Eros. Serait-elle finalement thématisée sous un autre nom, contrairement à ce qu'avancerait notre première hypothèse ? Mais il se pourrait bien que la psychanalyse reconduise en même temps un impensé qui l'empêcherait d'en tenir réellement compte, ce qui la ferait demeurer sous son emprise.
L'Anti-OEdipe n'aurait-il pas été écrit pour lui faire ce procès ?
Pourrait-on traduire les concepts de la psychanalyse et de L’Anti-Œdipe sous l’angle de la pulsion de pouvoir pour éclairer ces enjeux ? Le dualisme freudien serait-il à l’origene du mal ?