GeotechniqueII Cours5 2018 2019

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 69

Filière Génie Civil

GC2 2018-2019

Géotechnique II

Chapitre 5:
Les murs de soutènement

Khamlichi Abdellatif

1
Plan
• Introduction
• Les types de murs de soutènement
• Dimensionnement des ouvrages de soutènement
• Modélisation des ouvrages de soutènement
• Justification de la stabilité
• Combinaisons d’actions selon les Eurocodes
• Stabilité interne
• Stabilité d’ensemble
• Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS
• Stabilité au glissement: ELU
• Stabilité au renversement: ELU et ELS
• Récapitulation des coefficients de sécurité
• Rôle de l'eau: stabilité à court terme et stabilité à long terme
• Calcul des efforts de poussée-butée
• Pré-dimensionnement d’un mur cantilever (voile)

2
1 Introduction

Les murs de soutènement servent à retenir le sol lorsque les besoins


d’espace sont importants, en milieu urbain notamment, ou lorsque le terrain est
escarpé.

La pente que suppose la construction d’un talus occasionne généralement


une perte d’espace, que le mur vertical permet de récupérer.

Le mur peut également servir de butée pour des pentes naturelles instables.

3
1 Introduction

La réalisation d’un mur de soutènement s’accompagne de la mise en place de


remblais derrière l'ouvrage ou par extraction des terres devant celui-ci.

Il existe de nombreux types d'ouvrages de soutènement, qui ont été conçus


pour répondre aux situations les plus diverses. Ils se distinguent principalement
par :
- leur morphologie;
- leur mode de fonctionnement;
- les matériaux qui les constituent;
- leur mode d'exécution;
- leur domaine d'emploi privilégié (urbain, montagneux, aquatique,...).

Tous ces ouvrages ont en commun la force de poussée exercée par le massif
de sol retenu.

4
1 Introduction

Si l’on excepte les techniques de soutènement de type « terre armée » ou


parois ancrées, on peut classer les ouvrages de soutènements en deux
catégories :

- Les ouvrages rigides, pour lesquels la surface en contact avec le terrain est
indéformable. Les contraintes sont dictées par les déplacements. Les murs de
soutènement classiques sont les ouvrages les plus courants de cette catégorie.
La poussée est reprise par le poids de l'ouvrage (murs poids) ou par
encastrement de l'ouvrage dans le sol (murs en béton armé). Dans ce dernier
cas, le poids des terres participe à la stabilité de l'ouvrage par l'intermédiaire de
la semelle.

- Les ouvrages souples, pour lesquels la surface de contact est déformable :


Les contraintes dépendent non seulement des déplacements de l’écran de
soutènement mais aussi de ses déformations propres (interaction sol/structure).
L’ouvrage type représentatif de cette catégorie est le rideau de palplanches.
Pour ce type de soutènement, la poussée est reprise soit par encastrement de
l'ouvrage dans le sol, soit à l'aide d'ancrages.

5
2 Les types de murs de soutènement

En considérant les murs rigides, Il existe quatre types principaux de murs de


soutènement:
- le mur poids;
- le mur cantilever;
- le mur à contreforts;
- le mur à caissons.

6
2 Les types de murs de soutènement: le mur poids

Le mur poids est le plus ancien est le plus simple à construire. Il ne comporte
pas d’armature en acier. Sa stabilité est assurée par son poids et sa largeur

7
2 Les types de murs de soutènement : le mur poids

Mur poids en pierre sèche

Dimensionnement et caractéristiques techniques :


– épaisseur minimale à la base 60 cm ;
– épaisseur maximale à la base 75 cm ;
– hauteur maxi 1.35 m ; 8
2 Les types de murs de soutènement : le mur poids

Mur poids en gabions

9
2 Les types de murs de soutènement : le mur cantilever

Le mur cantilever est appuyé sur une large semelle filante. Ce mur en porte-
à-faux est relativement mince et nécessite une armature en acier. Sa stabilité
est assurée par la semelle chargée de sol du coté amont ainsi que par son
propre poids. Le sol s’appuyant sur le mur du côté aval de même que la butée
optionnelle placée sous la semelle s’opposant aux force de glissement.

10
2 Les types de murs de soutènement : le mur cantilever

Voile

Talon Patin

Semelle

Mur cantilever: désignation des éléments du mur

11
2 Les types de murs de soutènement : le mur cantilever

Poussée

Moment Sol
poussée
Moment Poids
poids

Le poids du remblais, s'appliquant sur le talon, crée un moment (moment poids


en vert) qui s'oppose au moment basculant dû à l'effort de poussée (moment
poussée en rouge): c'est le principe du mur Cantilever.

12
2 Les types de murs de soutènement : le mur cantilever

Mur cantilever préfabriqué

13
2 Les types de murs de soutènement : le mur cantilever

Sans talon Sans patin

Mur cantilever préfabriqué

14
2 Les types de murs de soutènement : mur à contreforts

Le mur à contreforts ressemble au mur cantilever à l’exception des contreforts


qui permettent de réduire son épaisseur. Les contreforts sont placés à
intervalles réguliers, l’espacement idéal correspondant à la demi-hauteur du
mur. La stabilité du mur à contreforts est assurée par le poids du sol sur la
semelle et le poids du mur sur lui-même.

15
2 Les types de murs de soutènement : mur à contreforts

Contrefort
Voile

Semelle

Mur à contreforts

16
2 Les types de murs de soutènement : mur à contreforts

Renforts en traction Renforts en compression

Mur à contreforts: orientation des contreforts

17
2 Les types de murs de soutènement : mur à caissons

Le mur à caissons est constitué par un ensemble de boîtes alignées


superposées ou non. Chaque boîte ou caisson est remplie de sol, de pierres ou
d’un autre matériau de poids volumique élevé. La stabilité du mur est assurée
par la largueur des caissons et le poids du matériau de remplissage.

Mur à caissons

18
2 Les types de murs de soutènement : mur à caissons

Mur à caissons avec boîtes alignées et non superposées

19
3 Dimensionnement des ouvrages de soutènement

Le dimensionnement d'un ouvrage de soutènement consiste à déterminer


les éléments géométriques et structuraux afin qu'il soit stable sous l'action
des forces qui lui sont appliquées et notamment de la poussée des terres
qu'il retient.

Les méthodes de dimensionnement classiques reposent sur des calculs à


la rupture avec prise en compte de coefficients de sécurité.

Dans la suite de ce cours, on s’intéresse aux ouvrages « rigides » (murs poids,


murs en béton armé) et on fait référence aux prescriptions de l’Eurocode 7.

Dans le cas des parois souples (rideaux de palplanches, parois moulées,...),


le dimensionnement de l'ouvrage se fait par un calcul en déformation: interaction
sol/structure.

20
3 Dimensionnement des ouvrages de soutènement

Les forces agissant sur le mur sont:

● le poids propre du mur dont le point d’application est le centre de gravité de celui-ci;
● la résultante des forces de poussée des terres;
● la résultante des forces de butée côté aval;
● la réaction du sol d’assise.

A ces forces peuvent également s’ajouter:

● les résultantes des forces hydrostatiques sur les parements amont et aval et sous
la semelle en cas de présence d’une nappe au repos;
● les résultantes des forces d’écoulement en cas de présence d’une nappe en
mouvement;
● des forces concentrées en certains points (tirants d’ancrage par exemple).

21
4 Modélisation des ouvrages de soutènement: mur poids

Les murs poids résistent à la poussée des terres par leur poids. La structure est
considérée comme rigide indéformable.

22
4 Modélisation des ouvrages de soutènement: mur cantilever
La poussée des terres s'applique à travers une ligne de glissement qui délimite
avec l’ouvrage une zone du sol (ABO) dite « coin mort ». Cette zone n'entre pas
en déplacement et participe à la résistance du mur par le poids qu'elle exerce sur
la semelle du mur.

A
P

W
B O

R 23
4 Modélisation des ouvrages de soutènement: mur cantilever
Le calcul d'un mur cantilever suppose l’existence d’un coin mort de sol qui fait partie
intégrante du mur. On détermine alors la force de poussée qui s'exerce sur l'interface
entre le sol et le coin mort.
Deux modèles de coin mort sont utilisés selon la position de la ligne de glissement.
Deux surfaces de glissement passant par l’arête B du talon apparaissent en poussée
active. Pour simplifier, il est admis que ces surfaces de glissement sont planes. Leurs
traces sur le plan sont les deux droites: ∆ et ∆ '

π
−ϕ
2

π ϕ β−ξ sin β
θ= + + sin ξ =
4 2 2 sin ϕ 24
4 Modélisation des ouvrages de soutènement: mur cantilever
Dans le premier modèle la ligne de glissement coupe le talus en un point C.

Le domaine AO’BC est considéré comme solidaire du mur. La méthode rigoureuse


consiste à calculer la poussée sur un écran fictif BC en considérant des valeurs du
coefficient de poussée données par les tables de Caquot-Kérisel.

25
4 Modélisation des ouvrages de soutènement: mur cantilever
Dans le deuxième modèle, la droite ∆ coupe la face interne du mur.

Sur la partie inférieure BC, les considérations précédentes s’appliquent.


Quant à la partie CA, l’angle δ est pris égal à 2ϕ/3.

26
4 Modélisation des ouvrages de soutènement: mur cantilever
Il est d’usage d’admettre pour les murs en T et les murs à redans en béton d’écran
vertical le modèle simplifié suivant où l’on prend pour l’inclinaison de la poussée
- δγ = β , pour les effets du poids du remblai ;
- et δq = Max(β; ϕ’/3) , pour les effets du chargement q au-dessus du remblai.

Ecran fictif

27
4 Modélisation des ouvrages de soutènement: remarques

La méthode qui consiste à prendre en compte un écran fictif à partir des plans de
glissement est applicable pour la vérification de la stabilité externe.

Pour le calcul de la résistance interne d’un mur de soutènement, il est d’usage de


considérer que les poussées s’appliquent directement sur le parement du mur avec
un angle d’inclinaison δ sur la normale, δ est choisi en fonction de la rugosité de ce
parement, ou du tassement relatif possible entre le mur et les terres en amont.

Les méthodes de détermination de la poussée ne doivent pas être contradictoires


à l’Eurocode 7 et ses normes d’application.

28
4 Modélisation des ouvrages de soutènement

Pour chaque combinaison d’actions, les efforts exercés par la fondation sur le sol
(contraintes effectives) peuvent être calculés dans un repère direct XAY ayant pour
origine l’arête avant du mur.

RH

RV

R V ≤ 0, R H < 0, M < 0
R = R 2V + R 2H = R V cos δ + R H sin δ , δ = tan −1 ( R H / R V ) , d= M /R
29
4 Modélisation des ouvrages de soutènement

Pour toutes les justifications, excepté l’état-limite ultime de glissement, la fondation


du mur est modélisée par un segment AB de largeur b et d’inclinaison α.

b b b b

30
4 Modélisation des ouvrages de soutènement

Pour la justification vis-à-vis de l’état limite ultime de glissement, la fondation du mur


est modélisée par un segment AB de largeur bg et d’inclinaison αg.

Pour les murs en T renversé avec bêche, la largeur bg et l’angle αg sont précisés
sur la figure suivante:

bg
31
5 Justification de la stabilité

Pour qu’un mur de soutènement soit stable, il ne doit ni glisser ni se renverser sous
l’effet des forces latérales.

Certaines de ces forces sont des forces de renversement, comme la poussée active;
d’autres sont des forces stabilisatrices, comme le poids propre du mur ou la poussée
passive s’exerçant du côté aval du mur.

Plusieurs modes de rupture doivent être envisagés. La vérification doit être conduite
pour chacun d'entre eux.

Parmi les modes de rupture possibles, on distingue:

- La stabilité interne (rupture des éléments constitutifs de l'ouvrage sous l'action


des forces extérieures, voir cours béton armé)

- La stabilité externe (renversement, instabilité d'ensemble, poinçonnement,


glissement).

32
5 Justification de la stabilité
L’Eurocode 7 identifie les mécanismes de ruine ou les désordres susceptibles
d’affecter les ouvrages courants couverts par la norme (NF P94-281), en sites
hors d’eau.

Concernant les murs de soutènement, ce sont:

- la ruine par défaut de capacité portante du sol de fondation, qui se traduit par un
poinçonnement du sol support ou une rotation excessive du mur avec renversement;

- la ruine par glissement du mur sur sa base, causée par une insuffisance de résistance
mobilisable à l'interface entre la base du mur et le terrain;

- la ruine liée à une instabilité générale du site, le mur peut périr dans ce cas par
déformation inacceptable consécutive à un grand glissement le long d’une ligne de
rupture extérieure au mur;

- la ruine par rupture interne du mur, due à une insuffisance de la résistance structurale
des éléments qui le constituent (voile, semelle ou leur jonction).

33
5 Justification de la stabilité

Différents ELU sont à considérer pour les murs de soutènement. Aucun de ces états
limites ne doit être atteint au cours de la construction du mur et de sa durée d'utilisation
prévue.

Les ELU comprennent:

- la perte d'équilibre de la structure ou du terrain (EQU);

- la rupture interne ou la déformation excessive de la structure ou d'éléments de


structure (STR), tels que les semelles et les voiles;

- la rupture ou déformation excessive du terrain (GEO);

- le soulèvement global de la structure ou du terrain provoqué par la pression de


l'eau (poussée d'Archimède) ou par d'autres actions verticales (UPL);

- le soulèvement local du terrain, érosion interne ou érosion régressive du terrain,


sous l'effet des gradients hydrauliques (HYD).

34
5 Justification de la stabilité

Selon l'Eurocode 7, la justification de la stabilité externe du mur consiste à vérifier,


pour les différentes combinaisons d’actions, les 5 critères définis par la norme
d'application nationale sur la justification des murs de soutènement (NF P94-281):

• Aux états-limites ultimes (ELU):


- état-limite de mobilisation de la capacité portante;
- état-limite de glissement;
- état-limite de renversement par limitation de l'excentrement.

• Aux états-limites de service (ELS):


- état-limite de mobilisation de la capacité portante;
- état-limite de décompression du sol par limitation de l'excentrement.

35
5 Justification de la stabilité

Les actions sont classées conformément aux Eurocodes qui distinguent:


- les actions permanentes (G) ;
- les actions variables (Q) ;
- les actions accidentelles (A).

Les situations de projet à considérer pour définir les situations de calcul doivent être
sélectionnées et classées en distinguant :
- les situations de projet durables;
- les situations de projet transitoires;
- les situations de projet accidentelles;
- les situations de projet sismiques.

36
6 Combinaisons d’actions selon les Eurocodes

Facteurs partiels de majoration des charges

Dans les combinaisons «Gmax» et «Qmax», on considère que le poids des terres
présente un caractère défavorable.
Dans les combinaisons «Gmin» et «Qmin», on considère que le poids des terres
présente un caractère favorable vis-à-vis de la stabilité.
37
6 Combinaisons d’actions selon les Eurocodes

Wq q

Wqa Ws
Wm P ( Ws , q )
Wsa

Pa ( Wsa , q a )
Wwa , P ( Wwa ) Ww , P ( Ww )

Pw,arch
Aval Amont

Désignation des charges appliquées sur le mur

38
6 Combinaisons d’actions selon les Eurocodes

Les facteurs partiels sont appliqués aux actions - ou à leurs effets - et aux
résistances du terrain. Par ailleurs, les mêmes combinaisons d'actions sont
utilisées pour justifier aux ELU aussi bien la résistance de la structure (STR)
que celle du terrain de fondation (GEO).

Une sollicitation de calcul prend la forme générale suivante:

     
S  γ gm Wm + γ gs Ws + ∑ γ qwi Wqi + γ p P  γ gs Ws ; ∑ γ qwi q i  + γ gw  ∑ ( Wwi + P(Wwi ) )  
 i  i   i  

surcharges Poids et pression


Poids propre
du mur de l’eau
Poussée
Poids propre des terres
des sols
39
6 Combinaisons d’actions selon les Eurocodes

Les 4 combinaisons à considérer à l’ELU sont:

Combinaison Gmax (combinaison fondamentale de type permanent):


   
G max = S 1.35Wm + 1.35Ws + (1.0;1.2)  ∑ ( Wwi + P( Wwi ) )  + 1.0P (1.35Ws ) 
  i  
Combinaison Qmax (combinaison fondamentale):

   
Q max = S 1.35Wm + 1.35Ws + (1.0;1.2)  ∑ ( Wwi + P( Wwi ) )  + 1.35Wq1 + 1.0P (1.35Ws ;1.35q1 ) 
  i  

Le chargement q1 doit être défini de telle sorte que Wq1 soit maximal, c’est-à-dire,
pour les murs en T renversé, de telle sorte que les charges de talus soient placées
le plus près possible du voile.

On rappelle que pour l’action de l’eau, la pondération est toujours la même pour
le poids et la poussée.

40
6 Combinaisons d’actions selon les Eurocodes

Combinaison Gmin (combinaison fondamentale de type permanent):


   
G min = S 1.0Wm + 1.0Ws + (1.0;1.2)  ∑ ( Wwi + P(Wwi ) )  + 1.35P (1.0Ws ) 
  i  

Combinaison Qmin (combinaison fondamentale):

   
Q min = S 1.0Wm + 1.0Ws + (1.0;1.2)  ∑ ( Wwi + P(Wwi ) )  + 1.0Wq 2 + 1.35P (1.0 Ws ;1.0q 2 ) 
  i  

Le chargement q2 doit être défini de telle sorte que Wq2 soit minimal, c’est-à-dire,
pour les murs en T renversé, de telle sorte que les charges de talus soient placées
au-delà de l’écran fictif vertical.

L'annexe nationale (français) de l'EC0-A2 a retenu le coefficient 1.35 pour les actions
de poussée des charges permanentes et celles des charges d'exploitation
pour les culées et les murs attenant les culées dans ce calcul contrairement
à l'Eurocode qui stipule respectivement 1.35 et 1.5.

41
6 Combinaisons d’actions selon les Eurocodes

Les 3 combinaisons à considérer à l’ELS sont:

Combinaison Gmax=Gmin (combinaison fondamentale de type permanent):

   
G max = G max = S  Wm + Ws +  ∑ ( Wwi + P(Wwi ) )  + P ( Ws ) 
  i  

Combinaison Qmax (combinaison fondamentale):

   
Q max = S  Wm + Ws +  ∑ ( Wwi + P( Wwi ) )  + Wq1 + P ( Ws ; q1 ) 
  i  

Combinaison Qmin (combinaison fondamentale):

   
Q min = S  Wm + Ws +  ∑ ( Wwi + P(Wwi ) )  + P ( Ws ;q 2 ) 
  i  

42
7 Stabilité d’ensemble
Il s'agit de la stabilité d'ensemble de l'ouvrage relative à une zone plus étendue de
part et d'autre de celui-ci, et susceptible d'entrer en mouvement en l'absence
même de toute défaillance de la structure considérée. Celle-ci est, toutefois, la
cause initiatrice de ce mouvement d'ensemble, en raison des travaux de déblai ou
de remblai qu'impose sa construction.

Cette étude relève du domaine de la stabilité des pentes: GEO.

43
8 Stabilité interne

Cisaillement Flexion

L'étude de la stabilité interne est propre à chaque type d'ouvrage. C'est la


résistance propre de la structure, qu'il y a lieu de vérifier vis-à-vis des efforts
(et déplacements) qui la sollicitent.
Dans le cas des murs poids, cette étude relève des calculs classiques de béton.
Pour les murs en béton armé (ou murs cantilever), la stabilité interne se vérifie
par un calcul de béton armé (Eurocode 2).
44
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS
La stabilité au poinçonnement consiste à vérifier que l'on se trouve suffisamment
loin des conditions de rupture du sol de fondation.
Dans son principe, sa justification consiste à vérifier que la contrainte normale
appliquée au sol de fondation reste inférieure à une fraction de la contrainte de
rupture du sol.
Cette justification relève du calcul des fondations: GEO.

45
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS

P P P

Distribution des contraintes sous une fondation rigide soumise à un effort centré:
(a) Sol sableux, (b) Sol argileux, (c) Hypothèse d’un diagramme linéaire

46
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS

P P P

q max q max q min


q max
P
q max = q moy = P Pe
A q max = + 3c
P= q max
A H 2
A = b ×1 P Pe
q min = − q max = P
2
A H 3c
b2 P
H = ×1 q moy =
P q moy =
6 A 3c

Diagramme des pressions excentriques sous le mur:


47
(a) Effort centré, (b) Effort légèrement excentré, (c) Effort très excentré
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS

 P Pe 1 e  H b
q =
 max A H+ ≥ 0 +
 A H ≥ 0  e ≥ − = −
A 6
 ⇒ ⇒
q = P − Pe ≥ 0  1 − e ≥ 0 e ≤ H = b
 min A H  A H  A 6

b b
− ≤e≤
6 6

P e

b b

6 6
48
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS

Conformément à l’Eurocode 7, la réaction du sol est calculée en supposant que


la pression q est uniforme et constante sous la partie comprimée.

P / A

q moy = ou
P /(3c)

Eurocode 7
Fascicule 62 titre V modifié
NF P94-281-NF P 94-261
(Annexe Q)

49
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS

La vérification au poinçonnent (ou ELU de la capacité portante) se fait en appliquant


le critère de limitation de la charge transmise au terrain:

Vd − R 0 ≤ R v;d (Eq 9.2.1.1 NF P94-281)

-Vd:est la valeur de calcul de la charge verticale transmise par le mur de soutènement


au terrain. C’est-à-dire l’ensemble des charges verticales transmises par le mur
de soutènement au terrain: charges appliquées sur le mur, poids du mur, poids
du bloc de sol monolithique ainsi que le poids des sols éventuellement situés
entre la fondation du mur et le terrain aval après travaux.

-Rv;d est la valeur de calcul de la résistance nette du terrain sous la fondation du mur.

-R0 est la valeur du poids de volume du sol constitué du volume de la fondation sous
le terrain après les travaux et des sols compris entre la fondation et le terrain après
travaux, soit: R0 = Lplot b q0 où Lplot est la longueur du plot considéré, b largeur de
la semelle et q0 la contrainte totale verticale que l'on obtiendrait à la fin des travaux
à la base du mur en l'absence de celui-ci.
50
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS

q 0 = γy1

q 0 = γ sat y 2 + γ (y1 − y 2 )
y 2 < y1

q 0 = γ sat y1 + γ w (y 2 − y1 )
y 2 > y1

51
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS
Rv;d est déterminée à partir des relations suivantes:

R v;k A′q net


R v;d = et R v;k =
γ R;v γ R;d

(Eq 9.2.1.3 NF P94-281) (Eq 9.2.1.4 NF P94-281)

A' est la valeur de la surface effective de la semelle, voir diapositive suivante


γR;d est le coefficient de modèle associé à la méthode de calcul de la portance,
il vaut 1,0 lorsque la portance est estimée à partir des données pressiométriques
ou pénétrométriques,
Rv;k est la valeur caractéristique de la résistance nette du terrain sous le mur
γR;v est la valeur du facteur partiel sur la portance suivant la situation de calcul
et l'état limite considéré, sa valeur est donnée dans le tableau suivant:

52
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS

A′ = beff L plot

L'Annexe Q de la norme NF P 94-261 – Fondations superficielles, traite


uniquement le cas d'un diagramme de pression rectangulaire pour lequel:
 2e 
beff = b comp = b 1 − 
 b 
avec "e" l'excentrement de la résultante.
b d
e= −
2 cos(δ − α)
b/2
b/2

d= M /R

53
9 Stabilité au poinçonnement: ELU et ELS

qnet est la valeur de la contrainte associée à la résistance nette du terrain sous


la fondation du mur de soutènement calculée à partir de la donnée d'entrée
"contrainte de rupture du sol de fondation" q'u par la relation: qnet = q'u iδ.
La valeur de q'u peut provenir d'une estimation par méthode pressiométrique
ou pénétrométrique (cf. les annexes de la norme NF P 94-261).

 δ 
2
δ  3δ   D 
1 −  −  2 −  exp  − e  si δ < 45°
 90  90  90   b 
iδ =  2
 δ   δ   De 
1 − −
 90   90  1 − exp − b  si δ ≥ 45°
     

De désigne la hauteur d’encastrement équivalente; distance entre la


surface libre des terres aval et la base de la semelle.

54
10 Stabilité au glissement: ELU

Cette justification consiste à vérifier que l'ouvrage ne glisse pas sur sa base.

La nature du matériau en contact avec le sol aura une influence sur le


glissement par l'intermédiaire de l'angle de frottement sol-mur.

B B

55
10 Stabilité au glissement: ELU

Le critère de justification au non glissement consiste à vérifier que la composante


Hd suivant la direction de glissement de la résultante R des sollicitations sur le sol
de fondation est inférieure à la résistance due au frottement du sol de fondation
sur la semelle et à la cohésion. L'inégalité à vérifier est la suivante:

H d ≤ R h;d + R p;d (Eq 9.3.1.1 NF P94-281)

Hd est la valeur de calcul de la charge tangentielle à la base de la fondation


définie de la manière suivante:

( )
H d = R sin δ − α g = R H cos α g − R V sin α g

RH

RV

56
10 Stabilité au glissement: ELU

Rp;d est la valeur de calcul de la résistance frontale ou tangentielle de la fondation


à l'effet de Hd. Ici, Rp;d n'est pas pris en compte, étant donné l'incertitude liée
à la pérennité de l'épaisseur de terrain permettant que les déplacements nécessaires
à la mobilisation de cette résistance soient compatibles avec ceux de la structure
portée. Cette hypothèse est défavorable.

Rh;d est la valeur de calcul de la résistance au glissement de la fondation sur


le terrain. Cette résistance se détermine en fonction des conditions drainées
ou non drainées.

57
10 Stabilité au glissement: ELU
En conditions non drainées :

 A′c u;k 
R h;d = min  ;0.4Vd  (Eq 9.3.1.3 NF P94-281)
 γ R;h γ R;d 

γR;h est le facteur partiel pour la résistance au glissement de la base. Il vaut 1.1.

γR;d est le coefficient de modèle lié à l'estimation de la résistance ultime au


glissement. Il vaut 0.9.

A' est la valeur de la surface effective de la semelle déterminée selon l'Annexe Q


de la norme NF P 94-261 – Fondations superficielles.

cu;k est la valeur caractéristique de la cohésion non drainée de terrain d'assise


de la base du mur.

Vd est la valeur de calcul de la charge totale verticale transmise par le mur


au terrain (notée RV sur la diapositive 29). 58
10 Stabilité au glissement: ELU
En conditions drainées:

Vd tan δa;k
R h;d = (Eq 9.3.1.4 NF P94-281)
γ R;h γ R;d

γR;h est le facteur partiel pour la résistance au glissement de la base. Il vaut 1.1.

Vd est la valeur de calcul de la charge totale verticale transmise par le mur au


terrain (notée RV sur la diapositive 29).

γR;d est le coefficient de modèle lié à l'estimation de la résistance ultime au


glissement. Il vaut 0.9.

δa;k est la valeur caractéristique de l'angle de frottement à l'interface entre la base


du mur de soutènement et le terrain. La valeur de δa;k est entrée dans les données.

Pour les fondations coulées en place δa;k peut être pris égal à ϕcrit et pour
les fondations préfabriquées lisses à 2ϕcrit/3 , avec ϕcrit l'angle de frottement
interne du sol de fondation. 59
11 Stabilité au renversement
Cette justification est basée sur une hypothèse de rupture possible du mur par
renversement de celui-ci autour de l'arête inférieure aval de sa fondation.
La justification consiste à considérer:
● Les moments résistants qui sont induits par l'action du poids propre de l'ouvrage
ou éventuellement celle du volume de sol qui charge sa fondation ainsi que
l'action de la butée (souvent la participation de cette dernière à la résistance au
renversement est négligée par sécurité).
● Les moments moteur qui sont induits par la poussée des terres éventuellement
l'action de l'eau si celle-ci est retenue par l'ouvrage.

60
11 Stabilité au renversement: ELU
Pour les justifications vis-à-vis de cet état limite, la semelle est caractérisée par sa
largeur b et l'excentrement "e" de la résultante des charges.
Le critère de justification vis-à-vis de l'état limite ultime (situation durables,
transitoires et accidentelles) de limitation de l'excentrement consiste à vérifier
l'inégalité suivante :

2e 1
1− ≥ (Eq 9.2.2 NF P94-281)
b γ exc

avec γexc qui vaut 15.

L’excentrement est calculé d’après la formule de la diapositive 53:

b d M
e= − ; d=
2 cos(δ − α) R

61
11 Stabilité au renversement: ELS
Le critère de justification vis-à-vis de l'état limite de service (ELS) consiste à
limiter l'excentrement par la condition suivante :

2e 1
1− ≥ (Eq 9.2.2 NF P94-281)
b γ exc

avec γexc qui vaut 2.

L’excentrement est calculé d’après la formule de la diapositive 53:

b d M
e= − ; d=
2 cos(δ − α) R

62
12 Récapitulation des coefficients de sécurité

Poinçonnement

Renversement

63
13 Rôle de l'eau: stabilité à court terme et stabilité à long terme

La présence d'eau dans le sol conduit à envisager deux types de comportement :

- le comportement à court terme (non drainé)


- et le comportement à long terme (drainé).

En présence d'eau, la vérification de la stabilité des ouvrages de soutènement doit


donc nécessairement être conduite à la fois à court terme et à long terme.

Plus généralement, la présence d'eau derrière un ouvrage de soutènement, qu'il


s'agisse d'eau d'infiltration ou d'une véritable nappe, est pratiquement toujours
une situation défavorable. Les pressions hydrostatiques exercées sur la structure
sont généralement très pénalisantes vis-à-vis du dimensionnement et presque
toujours cause de désordres lorsqu'elles n'ont pas été appréciées correctement.

64
13 Rôle de l'eau : stabilité à court terme et stabilité à long terme
Pour s'affranchir de ces difficultés, lorsque cela est possible, un système de
drainage efficace et pérenne est mis en place derrière l'ouvrage. Il permet de
garantir, en particulier, que la situation de « mise en charge » de celui-ci ne
puisse se produire. Ces dispositions sont à prévoir même en l'absence de nappe
derrière l'ouvrage. Dans ce cas, un dispositif constitué simplement de barbacanes
peut suffire.

Barbacanes Drain

65
14 Calcul des efforts de poussée-butée
Il existe plusieurs méthodes pour calculer les efforts de poussée-butée depuis le
travail précurseur de Coulomb*. Les principales ont été présentées dans le cours
de mécanique des sols.
La théorie la plus complète à nos jours est celle de Boussinesq qui considère une
première zone où on a l'équilibre de Rankine se raccordant à une seconde zone
où l’on tient compte des conditions aux limites sur l'écran.

Equilibre de Rankine

Equilibre de Boussinesq

•M. Coulomb, Ingénieur du Roi, sur une application des règles de maximis & minimis
à quelques problèmes de statique, relatifs à l’architecture, 1773. 66
14 Calcul des efforts de poussée-butée
Le tableau suivant donne une comparaison entre les différentes valeurs du
coefficient de la poussée des terres selon la théorie utilisée.

67
14 Calcul des efforts de poussée-butée
D'une manière générale, le calcul de la force de poussée ou de butée doit tenir
compte de l'amplitude et de la direction du mouvement relatif de l'ouvrage par
rapport au sol.

Si Boussinesq avait bien posé le problème, il n'a été résolu qu'en 1948 par
Caquot et Kérisel.

Les résultats sont fournis dans les tables de Caquot- Kérisel et Absi qui donnent
les coefficients de poussée et de butée du sol (pesant) purement frottant: Ka et Kp

68
15 Pré-dimensionnement d’un mur cantilever (voile)

Règle forfaitaire de pré-dimensionnement d’un mur cantilever


courant en béton armé 69

Vous aimerez peut-être aussi

pFad - Phonifier reborn

Pfad - The Proxy pFad of © 2024 Garber Painting. All rights reserved.

Note: This service is not intended for secure transactions such as banking, social media, email, or purchasing. Use at your own risk. We assume no liability whatsoever for broken pages.


Alternative Proxies:

Alternative Proxy

pFad Proxy

pFad v3 Proxy

pFad v4 Proxy