Communicate Ur 11
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Marchés gouro
Éditorial
du vivrier
Au contraire, ayant pris conscience de
leur rôle dans le développement éco-
nomique de la Côte d’Ivoire, elles ont
éprouvé le besoin de pérenniser leurs
activités. Les marchés gouro occupent
donc une place de choix dans l’appro-
visionnement des foyers abidjanais en
vivriers. Pendant la crise postélectora-
le, par exemple, si la population a pu se
nourrir, c’est grâce à ces femmes.
Elles bravent au quotidien les tracas-
O
series routières, l’état défectueux des n les appelle communément marchés Gouro. tionalités sont présentes dans ces marchés.
routes, parfois au péril de leur vie. Il Car ce sont les femmes de l’ethnie gouro qui Les marchés gouro sont aujourd’hui une véritable
serait, par conséquent, incongru de ne ont commencé à exercer dans le domaine, ap- institution. Chaque quartier a son marché gouro. Et
pas respecter ces dames qui travaillent provisionnant les villes de vivriers. Aujourd’hui, les il n’est pas exagéré d’affirmer que ce sont ces femmes
dans le secteur du vivrier. Mais en réa- commerçantes de différentes ethnies et de toutes na- qui nourrissent nos villes.
lité, combien sont les personnes qui, à
table, réalisent que c’est grâce à la bra-
voure de ces femmes qu’elles se nour-
rissent ?
Cependant, ces marchés présentent à
certains niveaux des faiblesses. Il s’agit
de leur mode de gestion et d’organi-
sation. En effet, les marchés gouro de
Treichville, Cocody, Yopougon et Ad-
jamé sont gérés par des coopératives.
Ces entités semblent repliées sur elles-
mêmes. Quelle collaboration concrète
entretiennent-elles ? Elles semblent
évoluer en rangs dispersés. Pourtant,
elles travaillent pour la même cause :
nourrir la population abidjanaise. Et
ont les mêmes problèmes d’approvi-
sionnement, d’entretien, de sécurité
etc.
Ces marchés gouro ne gagneraient-ils
pas à entreprendre ensemble ? Cer-
tainement qu’ensemble, ils auront de
meilleures stratégies d’approvisionne-
ment. Ensemble, ils bénéficieront de
bonnes politiques de financements. Ils
pourraient ensemble être plus forts et
dynamiques. De plus, face aux auto-
rités, ces femmes pourraient parler
d’une même voix et se faire entendre.
Ce qui leur permettra d’améliorer leur
statut et sortir de l’informel. Pourquoi
pas ! Sous la présidence de Me Affoussiata BAMBA-LAMINE
Ministre de la Communication
Anzata OUATTARA,
10ème édition des J’Com, les 1er et 2 Juillet 2013
Antoine BASSA et Daniel PALE
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LE COMMUNICATEUR No 11 / Juin 2013
Reportage 2
Boubacar SISSOKO
L
’approvisionnement en vivres par camion. Les agents des Eaux et coupeurs de route. Mme Kamboué (Collaboration : Aman KASSI,
des marchés gouro relève d’un Forêts et des autres groupes de Frci, Delphine raconte : « Une dizaine Adjara BAMBA,
parcours du combattant. Les en poste à l’entrée de Bonon, nous d’hommes armés a mobilisé notre Boris BAWA,
femmes qui assurent cette activité extorquent tour à tour 1000 FCfa camion de transport le 9 janvier Alain Bi TRA,
rencontrent d’énormes difficultés. par camion avant de nous laisser dernier entre Toupa et Tabou. Le Seydou OUATTARA,
Très tôt ce lundi, nous sommes passer», accuse Mme Irié Lou. chauffeur et son apprenti ont réussi Nicaise N’TAPKÉ)
au marché gouro d’Adjamé. Une di- Après la collecte, d’autres défis
zaine de camions de dix tonnes sont attendent ces femmes avant l’ache-
stationnés en file indienne. Ils vien- minement des produits à Abidjan.
nent de Bonon et de Sinfra. Chacun,
ployant sous le poids des bananes,
Les transporteurs leur louent le
camion de dix tonnes entre 250
000 FCfa et 350 000 FCfa selon les
Adjamé : le carrefour!
attend avec impatience son tour de
M
déchargement. Mme Irié Lou Ré- saisons. Les chauffeurs, à leur tour,
fixent le coût du transport soit à 60 arché Gouro d’Adjamé.
becca est venue de Bonon avec l’un Awa. «Nos poissons viennent du
000FCfa, soit à 65 000 FCFA. A en C’est ici que la plupart des
des camions. Elle est la représentan- Mali, précisément de la ville de
croire M. Koné Ibrahim, chauffeur, Abidjanais viennent faire
te d’un groupe de femmes de ladite Mopti. Nous vendons le kilogramme
cette hausse du coût du transport leur provision de la semaine, voire
localité. Selon elle, le convoyage des aux détaillantes à 4000 F», expli-
est due au coût élevé du carburant. du mois.
vivriers sur Abidjan est un processus quent-ils.
Les femmes sont également obli- Accéder au marché gouro d’Adjamé
éprouvant. Dans ce bazar, les détaillantes sont
gées de se munir d’un laisser-pas- est un véritable casse-tête. Le désor-
Tout commence avec la collecte les plus nombreuses. C’est à elles
ser à hauteur de 25 000 FCFA par dre y est notoire.
des produits. Il faut, dans un pre- qu’appartient la majorité des étals
camion, auprès des responsables Les allées sont étroites, les mar-
mier temps, trouver des camions de marchandises.
Frci de Bonon. Elles reçoivent un chandises étalées partout réduisent
de petits tonnages. Cela, pour aller Le marché Gouro d’Adjamé Roxy est
macaron qui, placé sur le pare-brise le passage et rendent ainsi la circu-
chercher les bananes à Blaisekro, une idée de feue NANTI Lou Rosalie
du véhicule, les dispense d’autres lation difficile.
Kouakro et GondoKouadiokro, des qui décide en 1972 de réunir ses
taxes sur le chargement. Il est généralement bondé de mon-
campements aux alentours de Bo- sœurs en coopérative. Plus tard, elle
Mais, le calvaire n’est pas pour de. Clients, vendeurs et porteurs se
non. Les pistes de ces hameaux sont acquiert un espace près de Roxy qui
autant terminé. «Les Frci et les bousculent.
difficilement praticables, d’où la devient le marché gouro d’Adjamé
gendarmes en poste à N’zianouan Ce marché est un carrefour des
rareté des véhicules. Les chauffeurs Roxy. Depuis, c’est la coopérative
et Elibou, aux entrées et sorties de produits vivriers de diverses régions
qui acceptent de les y conduire sont COMAGOA-ROXY qui gère cet es-
Bouaflé et Yamoussokro, nous font de Côte d’Ivoire. On y trouve des tu-
inflexibles sur le coût de la location. pace.
payer 1000 ou 2000 FCFA», précise bercules, des céréales, des légumes,
Ils exigent 30 000 FCFA ou 40 000 Quant au marché gouro ZAMBLE
Koné Ibrahim, chauffeur. Mme Irié des fruits, des graines et même de la
FCFA pour un voyage. Ce prix peut Lou Madeleine, il a été créé vers
Lou Rebecca précise : « Très sou- viande et du poisson.
même doubler lors de la campagne 1988. Il est actuellement géré par la
vent, les chauffeurs rechignent à Vendeuse de gombo depuis 16 ans,
café-cacao. Alors que le chargement coopérative commerciale des pro-
payer ces sommes. Cela donne alors Mme TRA Solange affirme : «Nous
d’un camion de dix tonnes nécessite duits vivriers (COCOPROVI).
lieu à de très longues discussions, ce prenons les paniers de gombo à
facilement six voyages. Tout cela
qui retarde beaucoup notre arrivée Dabou et à Songon avec les culti-
doit se faire en deux ou trois jours.
à Abidjan. Quelquefois, nous per- vateurs burkinabé. Quant aux sacs
Au-delà, une quantité importante Dramane D. SORO
dons deux à trois jours sur la route. de gombo, ils viennent de N’douci.
de bananes pourrit.
Tout ceci est acheminé sur le mar- (Collaboration: KONE Katy,
Elles sont aussi confrontées aux Ce qui occasionne la perte d’une
quantité énorme de bananes». ché par camion». Clothide MANZAN,
tracasseries des forces de l’ordre.
En plus des tracasseries des En outre, certains grossistes reçoi- Adamé KAMAGATE
« Les Frci postées sur la piste entre
forces de l’ordre, les femmes sont vent leurs marchandises de l’exté-
Bonon et ses campements nous
confrontées au phénomène des rieur du pays. C’est le cas de
soutirent 5000 FCFA par voyage et
Diarra Seydou et sa sœur Traoré
LE COMMUNICATEUR No 11 / Juin 2013
3 Reportage
S
itué à Angré Djibi dans la ce bazar. Cocovico n’est pas un mar- ne sont pas encore équipées. Ce et des lieux de vente des produits
commune de Cocody sur un ché de gros, mais plutôt de détail. . sont entre autres, un bureau de vivriers.
espace d’environ 2 hectares, le Il règne une ambiance chaleureuse police pour assurer la sécurité des Ce marché a vu le jour en 2008 grâ-
marché de la coopérative des com- agrémentée des cris des commer- biens et des personnes, un dortoir ce à un financement de 1,5 milliard
merçants des produits vivriers de çants qui interpellent la clientèle. « permettant aux femmes d’y passer de FCFA octroyé par OIKOCREDIT,
Cocody (COCOVICO) est dirigé par Ici, ce n’est pas comme à Adjamé. la nuit, une garderie pour accueillir une structure financière. Ainsi,
Mme Botti Lou Rosalie. Il se particu- On achète au détail et c’est plus les enfants et un centre de santé qui Mme Botti Lou Rosalie voit son rève
larise par son caractère moderne. cher», fait remarquer Mme Yeboua devra comprendre trois spécialités: de construire un marché moderne
Partout dans le halle, le bitume Sabine, une cliente. pédiatrie, médecine générale et se réaliser.
ne laisse aucune possibilité à la Soucieux du bien-être de ses usa- gynécologie. Fatoumata DIALLO
boue de s’installer. Une barrière de gers, Cocovico s’est doté d’infras- Mme Botti Lou Rosalie envisage de (Collaboration : Maferima DOSSO,
sécurité laisse apparaître des allées tructures modernes. Il s’agit d’une créer une cité Cocovico pour loger Sylvère KOUADIO,
larges et bien tracées. Sous l’espace salle de conférences servant de ca- les membres de la coopérative. Blanche OUATTARA,
couvert, règne l’ordre. Bananes dre aux réunions, un bureau admi- Cependant, bien qu’il soit moderne, Chris DIOMANDE,
plantains, fruits et légumes, vian- nistratif, d’un centre d’alphabétisa- le halle de Cocovico pèche quelque Andre N’GORAN KOFFI)
de, poisson frais sont, parmi tant tion équipé en matériel didactique. peu par une hygiène approximative
d’autres, les produits vendus dans D’autres infrastructures construites à cause de la proximité des toilettes
S
itué au rond-point de la Sipo- sont installées à même le sol pour la Urbaine. Une mesure générale prise du vivrier. Les denrées telles que la
rex, le marché gouro de Yo- plupart. D’autres sont assises sous par ledit ministère pour libérer les banane plantain, l’igname, l’avocat,
pougon s’étend de la gare UTB des parasols ou se protègent contre espaces publics illégalement occu- le piment et l’aubergine... y sont
au carrefour du Lycée technique. le soleil à l’aide d’un simple pa- pés. Il faut préciser que l’UCOVY est quotidiennement déversées. Elles
Sous des lignes de haute tension, il gne. De la boue, des flaques d’eau. dirigée par Mme Bamba Mabaty, proviennent de plusieurs contrées
occupe environ trois hectares. Des fruits et de la banane plantain présidente de COMARVY. du pays comme Sinfra, Duékoué,
Autrefois établi à la place Ficgayo, pourris jonchent le sol çà et là. Les La mairie n’intervient pas dans la Lakota, Abengourou, Niakaraman-
ce marché s’est vu octroyer l’espace produits vivriers sont exposés à la gestion du marché. Les taxes préle- dougou, etc.
de la Siporex en 1999 par la mairie. chaleur et à l’humidité. «Nous ne vées entrent directement dans les Espérons qu’il sera trouvé un site
«Pour construire un marché moder- pouvons pas moderniser le marché caisses des coopératives. Les com- définitif où un marché moderne
ne, la mairie nous a déplacés sur un parce que nous courons le risque merçantes s’en servent pour entrete- sera construit pour le confort des
espace inoccupé. Alors que celui-ci d’être déguerpis du jour au lende- nir le site, assurer la sécurité, payer commerçantes et des clients.
appartenait à un particulier . De là, main», justifie Bamba Yacouba. les déchargeurs, les collecteurs et
nous avons été déguerpis pour être Par ailleurs, ce marché est com- les gérants. Toutefois, chaque or- Losséni BAKAYOKO
installés sur cette zone de la Com- posé de dix coopératives fédérées en gane reverse un droit d’occupation Collaboration :
pagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) Union des Coopératives du Vivrier du domaine public (ODP) à la mai- Fatoumata KANOUTE,
en attendant un endroit définitif «, de Yopougon (UCOVY) depuis fin rie. «Nos coopératives fonctionnent Séphora TAHI N.,
explique Bamba Yacouba, gérant de novembre 2012. Une coopérative comme une société», affirme M. Mama Fatou DIOMANDE,
la Coopérative des Marchés Vivriers équivaut à un marché autonome. Botti Francis, gérant de la coopéra- Hénoc DA KIN-HION,
de Yopougon (COMARVY). L’union a vu le jour suite à une tive Yékla. Rolande BEKETCHE,
Le marché gouro de Yopougon menace de déguerpissement envisa- Grossistes et détaillantes, ces Etienne SORO K.
est à ciel ouvert. Des vendeuses y gée par le ministère de la Salubrité coopératives sont de véritables nids
No 11 / Juin 2013 LE COMMUNICATEUR
Reportage 4
M
Lou Rosalie regardait les femmes M. TRA Bi Voh.
transporter leurs marchandises NANTI Lou Rosalie a eu plusieurs me BOTTY Lou Rosalie est seulement un marché couvert mais
sur la tête et faire du porte-à-porte prix dont la Coupe nationale de un modèle de détermina- il comporte des infrastructures
pour les écouler. C’est ainsi qu’en l’excellence : Prix de la Meilleure tion et de persévérance. sociales.
1970, elle décide de créer un espace femme entrepreneur édition 1997. Lorsqu’elle a eu l’idée de construire La bravoure de Mme BOTTI Lou
pour que les femmes puissent venir un marché, elle a décidé de faire Rosalie et surtout son dynamisme
s’approvisionner. Mme TRA Bi qui Ermance ZIRIGNON mieux que ce qui existait. C’est-à-di- dans le secteur du vivrier en Côte
(Collaboration : re créer un marché moderne respec- d’Ivoire et dans la sous-région lui
était avec NANTI Lou Rosalie à ses Caresse PORQUET) tant à la fois les normes d’hygiène ont valu plusieurs distinctions.
et de sécurité. Chevalier du mérite de la Républi-
I
de distribution, de conservation et de Losséni BAKAYOKO, Séphora TAHI N., N’dri EHOUMAN Thomas, Mama F. DIOMANDE,
RIÉ Lou Colette a débuté par la transformation des produits vivriers. Rolande BEKETCHE, Etienne SORO K., Etienne SORO K., Ermance ZIRIGNON,
vente du poisson frais à Treichville Caresse PORQUET, Arlette ASSOH, Anicette DANHO, Raoul KACOU, Adjara BAMBA
Elle rêve d’un secteur vivrier auto- Relecteurs: Dr YAO Rémi, Celestin P. TANO, André HOUSSOU Y.
du côté de la baie lagunaire. nome, qui ne serait assujetti à aucune Supervision : GOMET-KONATÉ Scheinfora
C’était dans les années 90. Elle faisait contrainte comme c’est le cas actuel- Encadrement : Charles DIAGNE, Rosine DIODAN, Christian MIGAN, Mathieu EKRA,
partie de la coopérative de ZAM- lement. Pour ce faire, elle a mis sur
Yves SAY, Adja TIEMELE
Webmaster: GBA N. Elisée
BLÉ Lou Irié Thérèse. Elle décide pied un projet dénommé « Le retour Infographie: KOUAKOU-KOUAKOU
plus tard de créer la Coopérative de du panier de la ménagère », destiné Impression : Société Nouvelle de Presse et d’Edition de Côte d’Ivoire SNPECI
Siège : Bd de l’Université, Bp V 205 Abidjan - Tel: 22 44 86 66. Fax : 22 44 84 33
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