L'ONU appelle à placer les jeunes femmes au cœur des efforts de paix et de sécurité
La paix est en péril dans le monde entier et les voies de dialogue diplomatique se réduisent, mais les jeunes femmes qui militent pour la paix démontrent qu'un monde meilleur est possible, a déclaré mardi une haute responsable de l'ONU au Conseil de sécurité.
Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, s’exprimait lors d’un débat sur l’investissement dans le pouvoir transformateur du leadership intergénérationnel dans le cadre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité. Elle a exhorté les membres du Conseil à « ouvrir les portes à la prochaine génération ».
« Investir dans le programme pour les femmes, la paix et la sécurité n’est pas une option ; c’est une nécessité pour prévenir les conflits et parvenir à une paix durable et inclusive », a-t-elle déclaré.
« Contre le statu quo »
Mme DiCarlo a cité Malala Yousafzai, championne de l’éducation des filles du Pakistan et plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix de tous les temps, la militante climatique suédoise Greta Thunberg et Ilwad Elman de la Somalie qui œuvre à la réhabilitation des enfants soldats et à la lutte contre l’extrémisme violent, comme exemples de jeunes femmes qui réclament un monde de justice et de paix.
« Ces leaders remarquables nous rappellent que la transformation nécessite de contrer le statu quo », a-t-elle dit.
À cet égard, elle a fait référence à la note d’orientation du Secrétaire général de l’ONU sur un nouvel agenda pour la paix qui appelle au démantèlement des systèmes patriarcaux bien ancrés qui perpétuent les inégalités et l’exclusion.
Réimaginer les structures de pouvoir
« Cela souligne le besoin urgent de réimaginer les structures de pouvoir mondiales et de placer les femmes et les filles – en particulier les jeunes femmes – au centre de nos efforts pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et de l’insécurité », a affirmé Mme DiCarlo. « Si nous ne nous libérons pas des normes patriarcales, la véritable paix et la sécurité inclusive resteront hors de portée ».
En outre, le Pacte pour l’avenir récemment adopté souligne l’importance de veiller à ce que le leadership et la participation des femmes soient intégrés dans tous les aspects de la prévention des conflits et du maintien de la paix, a-t-elle ajouté.
Mme DiCarlo a mis en avant trois domaines clés pour faire progresser le leadership intergénérationnel : faciliter les dialogues, favoriser les processus de paix inclusifs et investir dans le leadership des jeunes femmes.
Favoriser le dialogue et l’inclusion
Elle a déclaré que les dialogues intergénérationnels sont des opportunités essentielles pour instaurer la confiance et exprimer des aspirations communes.
Elle a cité l’exemple du Tchad, où le Fonds pour la consolidation de la paix des Nations Unies a soutenu des plateformes de dialogue locales qui ont réuni des associations de jeunes et des autorités traditionnelles. Cela a finalement renforcé la cohésion sociale et réduit les tensions et les conflits intercommunautaires dans les régions de Nya Pendé et de Barh Sara.
Mme DiCarlo a également souligné la nécessité de faire progresser les processus de paix inclusifs qui accordent la priorité à divers groupes de femmes, y compris les jeunes femmes, et promeuvent leur leadership et leurs droits à tous les niveaux. Dans le même temps, elle a reconnu « le paysage de la médiation aujourd’hui diversifié et en évolution ».
Promouvoir la paix de la base au sommet
La haute responsable onusienne a rappelé que lors du débat public annuel du Conseil sur les femmes, la paix et la sécurité, le Secrétaire général a lancé une initiative qui invite les médiateurs issus de différents horizons de la société à se joindre à l’ONU pour prendre des mesures concrètes afin de garantir la participation des femmes aux processus de paix.
En outre, elle a noté que l’ONU soutient activement les efforts multidimensionnels qui favorisent la paix de la base au sommet, en mettant l’accent sur le leadership des jeunes femmes.
Elle a récemment pu le constater en Colombie, où la Mission de l’ONU chargée de vérifier l’accord de paix de 2016 soutient les femmes et les hommes de tous les milieux et de tous les âges, en s’attaquant à la stigmatisation des anciens combattants dans les zones de réintégration.
« Troisièmement, nos investissements doivent être alignés sur nos priorités. Des ressources importantes et durables sont essentielles pour soutenir les jeunes femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix et garantir l’épanouissement de leurs efforts », a-t-elle déclaré.
Construire à partir de la base
Par exemple, grâce à une initiative du Fonds pour la consolidation de la paix en Somalie, des jeunes hommes et femmes ont travaillé ensemble à la gestion et à la restauration des canaux d’eau au-delà des frontières claniques, surmontant ainsi les griefs historiques et atténuant les conflits interclaniques provoqués par la pénurie de ressources.
Mme DiCarlo a déclaré qu’à l’approche du 25e anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, ainsi que du 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, « nous devons ouvrir des portes à la prochaine génération ».
« Ensemble, nous devons cultiver le leadership à partir de la base, en plaçant les jeunes femmes et les droits des femmes au cœur de nos efforts », a-t-elle conclu.
Appel du Soudan
Le Conseil de sécurité a également entendu Tahani Abbas, une défenseure des droits humains origenaire du Soudan, où des forces militaires rivales sont engagées dans une guerre brutale depuis avril 2023.
Elle a déclaré que les femmes sont en première ligne de la réponse aux conflits, créant des « réseaux de résistance » tels que des salles d’intervention d’urgence qui fournissent des services médicaux, des garderies, des cuisines communes et plus encore.
Elle a insisté sur le fait que le soutien aux femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix avant, pendant et après les crises porte ses fruits.
« Lorsque la guerre a éclaté au Soudan, nous avons constaté que les femmes qui avaient participé aux processus de désescalade et de dialogue au niveau local avant la guerre avaient utilisé leurs compétences et leurs capacités pour servir de médiatrices, négocier et gérer les tensions et les conflits dans leurs communautés pendant la guerre », a-t-elle souligné.
Mme Abbas a appelé le Conseil à continuer de soutenir les femmes « qui luttent chaque jour pour la paix et la sécurité », affirmant que « même si cela peut être difficile sur le plan logistique et politique, les décisions prises au sein des Nations Unies auront un impact direct sur la vie de la population soudanaise et des femmes qui œuvrent à la paix dans le monde entier ».